Quatre expositions de graphisme à faire à Chaumont
Exposition "Parade" par Vanina Pinter, scénographie Pernelle Poyet

Quatre expositions de graphisme à faire à Chaumont

La 4ème Biennale internationale du design graphique à Chaumont (52) se poursuit avec quatre expositions majeures. Explorant les facettes d’un graphisme vecteur de propos engagés, elles révèlent un éclectisme réjouissant présenté sous forme (très) pédagogique pour tout public…  A découvrir, jusqu’au 15 juillet 2023.


Avec ses contractions les plus diverses, la 4ème Biennale internationale du design a tenu sa promesse. Celle de formuler des matières à réflexion, actuelles et engagées… La partie contemporaine du bâtiment du Signe et l’ancienne école Ste Marie désaffectée, accueillent des expositions qui ont emprunté des chemins de traverse. « Procès d’intention », par Jean-Michel Gueridan donne le ton. Berçant l’ordre établi, elle parcourt un panorama expérimental, renoue avec tous les médias, parfois délaissés, des recherches menées sur des écritures anciennes jusqu’à l’art graphique numérique. De l’autre « Parade » signée Vanina Pinter historienne et féministe, met en lumière un panel de graphistes françaises. Radical et analytique, « la Fabrique des caractères » du duo d’Atelier Baudelaire, décortique le genre dans l’univers des jeux et jouets pour enfants. Quant à « l’As du crayon » mis en scène par Tony Durand, elle concrétise avec joie et bonne humeur l’œuvre méconnue, pourtant populaire de Joseph Le Gallennec.

Exposition ``Procès d’intention`` par Jean-Michel Gueridan, scénographie Kévin Cadinot avec Romain Petit

Parade, conçue par Vanina Pinter

Dans la continuité de l’exposition Variations épicènes qui a eu lieu au MABA (Maison d’Art Bernard Anthonioz), à Nogent-sur-Marne en 2020, « Parade » présentent des projets conçus par 39 femmes graphistes françaises toutes contemporaines. « Un·e graphiste prend des coups, doit défendre vaille que vaille sa composition pour que celle-ci émerge dans une société du spectacle ultra formatée, où une mécanique marketing a tout intérêt à ce qu’une graphiste pense peu, qu’iel dépense moins. » clame Vanina Pinter.

Exposition ``Parade`` par Vanina Pinter, scénographie Pernelle Poyet

Tous les objets de l’exposition explorent des territoires défrichés, des ambitions et des utopies. Chaque projet contemporain et ponctué d’archives, demande une attention particulière, de prendre le temps (et c’est appréciable) de lire afin comprendre le mécanisme d’une pensée. Les deux entrées de l’exposition, l’une intérieure l’autre extérieure, traduisent bien le propos. Sans pour autant propulser au-devant de la scène une création spécifiquement féminine, « un non-sens », selon la commissaire, ces recherches offrent une belle diversité du graphisme que l’on ne voit pas forcément, imprégné de nouveaux territoires, du livre botanique jusqu’au papier peint panoramique créé pour Arte International.

La fabrique des caractères, par Atelier Baudelaire

L’Atelier Baudelaire décrypte les mécanismes du jeu et du jouet autour de la question des déterminismes du genre. Camille Baudelaire et Olivia Grandperrin, graphistes féministes et mères de famille engagées, ont répertorié de manière scientifique et analytique les formes, les logos, les typographies et les couleurs les plus fréquentes utilisées par la grande distribution et propres aux jeux et tee-shirts pour enfants. Le résultat est un ensemble de data sculptures à la fois graphique et design, qui révèle les dessous de la consommation de masse.

Datasculpture typographique représentant les mots les plus utilisés sur un échantillon d’environ 300 t-shirts pour petites filles et petits garçons. Panneaux didactiques présentant les processus de récupération des données. Tissus teintés dans la masse, Valchromat®, bois, impressions laser © Atelier Baudelaire, 2023

La scénographie très soignée et destinée à être démontable, plonge le spectateur en immersion dans un nuancier de couleurs XXL, une table de jeu modulable et des panneaux textiles comme des kakemono japonais. Le propos dénonce aussi le regard parfois insidieux du marketing, tout en s’appuyant sur de nombreuses études. Le constat des deux graphistes est sans appel ; les jouets de grande consommation contribuent massivement à la stigmatisation des activités et des centres d’intérêts selon le sexe des enfants. Cependant, l’exposition n’est ni sociologique ni scientifique, mais elle porte plutôt un regard tendre et ludique sur cet univers implacable de la grande distribution, et faire peut-être bouger les lignes…

L’as du crayon par Tony Durand

Dans le rétroviseur, l’exposition « l’As du crayon » présente le travail de Joseph Le Callennec. Le paquet de sucre en morceaux Béguin Say, la carte routière Michelin et le fameux jeu des 1000 bornes… Vous les connaissez surement, sans le savoir. Le dessin publicitaire de ces objets du quotidien a été conçu par cet illustrateur méconnu, qui à l’époque ne s’appelait pas encore graphiste. C’est à Tony Durand que l’on doit cette formidable exposition et rétrospective, témoignage du développement de la consommation de l’époque des Trente glorieuses.

Exposition ``l’As du crayon`` par Tony Durand/Fabrique des Signes

Les archives de Joseph Le Callennec, ayant pour la plupart disparues dans l’inondation d’une cave, ce graphiste et scénographe discret s’est attelé à regrouper une quantité phénoménale de boites de jeux, d’illustrations, d’affiches, toutes aussi savoureuses les unes que les autres.  Des années de recherche et de trouvailles auprès des particuliers ou dans des brocantes, lui ont permis de créer une vaste collection, assez complète, redonnant toute la valeur à l’œuvre précieuse, un poil nostalgique, de ce dessinateur. La scénographie est à l’image de la collection, modeste, colorée, qui va droit au but… Les vitrines en bois sont posées à bonne hauteur sur de simples tréteaux ce qui permet en un clin d’œil ou presque de démonter l’exposition, en route pour de nouvelles aventures.

Rédigé par 
Anne Swynghedauw

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Un soutien structurant

Chaque lauréat bénéficie d’une dotation de 18 000 €, financée par la Ville de Paris et le Fonds pour les Ateliers de Paris, en partenariat avec des acteurs clés du secteur : Galeries Lafayette, Francéclat, ADC, ESMOD, entre autres. Aussi, les lauréats du prix Engagement auront un espace dédié lors du salon Maison&Objet tandis que le Prix Révélation se verra offrir un espace pendant la Paris Design Week ainsi qu'une résidence au Campus Desgin et Métiers d'Art. Ils auront également tous un espace lors du  salon Collectible. Enfin, en termes de visibilité, les lauréats pourront compter sur le soutien des différents partenaires médias de l'évènement, dont Intramuros fait notamment partie.

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Banquette Rodin, design Arnaud Lapierre

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© Unox Casa

Un design manifeste au cœur de la maison

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