Design
Pour cette 2e édition du concours Ecole Camondo-Intramuros, les partenaires Adagio, Serge Ferrari et Lafuma Mobilier ont respectivement sélectionné les lauréats Thomas Delagarde, Léna Micheli et Clémentine Doumenc. En attendant de découvrir les parcours de ces trois jeunes créateurs dans le numéro de printemps d’Intramuros, la rédaction fait le point sur chaque «duo». Pour ce dernier volet, le point avec Lafuma Mobilier, qui participait pour la seconde fois au concours.
Basé sur les architectures de Peter Zumthor, le projet de mémoire de fin d’études de Clémentine Doulenc portait sur la création d’un lexique de l’atmosphère. Dans ce travail, la jeune femme analyse « le moyen de créer une atmosphère dans l’espace », en partant toujours du dessin, qui occupe une place aussi importante que l’écrit. « J’ai analysé les lieux à travers le dessin, ce qui m’a permis d’apporter une approche plus sensible ».
Ce lexique de l’atmosphère a séduit Lafuma Mobilier qui retient sa candidature dans le cadre du concours École Camondo-Intramuros. Clémentine Doumenc adapte ainsi son projet d’études à l’ADN la marque : ses premières recherches font ressortir 4 mots de lexique : outdoor, modularité, relation au corps, minimalisme. Elle traduit ensuite ces mots en esquisse de pièce de mobilier. C’est la deuxième recherche qui séduit l’entreprise : en 2021, elle avait proposé au lauréat Thomas Carlier une recherche autour de leurs chaînes de production pour pointer des pistes à explorer pour faire évoluer le process de fabrication autour de nouvelles matières, ou de nouvelles solutions.

Une marque engagée dans le développement durable
Ces recherches appliquées traduisent la réflexion en interne sur le sens donnée à la production. Très engagé, ce fabricant français a rejoint en 2020 les 1500 labellisés Entreprise du patrimoine vivant pour son expertise du travail du tube métallique et de la toile tendue. Une reconnaissance dans la suite logique d’une production sur deux sites locaux ( Anneyron et Lallemand) labellisée en 2014 Origine France. Car l’entreprise maintient autant que possible un sourcing régional (68% des matières premières sont issues de France et 98% d’Europe ), qui rejoint l’exigence en termes de qualité de matériaux.

Lafuma Mobilier engagé dans le développement durable
Parallèlement à cette recherche d’impact environnemental réduit, Lafuma Mobilier mise sur la qualité des matériaux (résistance aux UV, aux intempéries, à l’abrasion…) pour s’engager sur la durabilité. Une démarche inscrite dans l’ADN des fondateurs, comme l’explique Arnaud Du Mesnil, directeur général : la responsabilité est vue comme un engagement de la marque depuis 60 ans, et est soutenue par une forte volonté des salariés, ce qui en fait un ciment pour l’entreprise : « Nous avons vocation à être une marque utile, nous nous sommes faits les porte-parole de cette responsabilité que les “grand-pères” et “arrière-grand-pères” Lafuma avaient dans les gênes ». Rappelons que cette entreprise, à l’origine familiale, date de 1930.
Une belle histoire, pensée dès le départ sur un principe d’écoconception : rappelons que Lafuma Mobilier a été créé par trois frères qui ont utilisé le principe d’armature métallique des sac à dos pour imaginer du mobilier en métal et en textile. Comme le rappelle Arnaud Du Mesnil, « dès les années 50, ils ont pensé à séparer le textile du métal, ce qui peut générer des secondes vies. Soixante ans après, les enjeux RSE s’appuient toujours sur ces fondamentaux exceptionnels pour l’entreprise, mais l’attente du consommateur a évolué. » Notamment en termes de bien-être, de confort, et de longévité : Lafuma Mobilier assure un service après-vente de réparabilité qui comprend près de 200 références dans les pièces et toiles disponibles. Rester intemporel dans ses collections implique aussi cette importance de sans cesse « se penser pour se réinventer ». Car comme le rappelle Arnaud Du Mesnil (talk du 9/9/2021 Paris Design Week), la production de meuble fait aussi l’objet d’autres enjeux : la collecte, l’upcycling, (pour s’assurer qu’il soit valorisé, recyclé), voire sur-cycling.




Camif Edition est une marque dédiée au design écoresponsable, lancée en 2017 par la maison mère, engagée dans la maison durable de demain. Depuis un an, elle a pris le statut d’entreprise à mission, et joue la carte du territoire pour garantir la qualité de la fabrication de ses collections. En toute transparence avec ses clients.
C’est en 1947 que Camif voit le jour. Imaginée par Edmond Proust, l’entreprise a pour but d’aider les instituteurs à s’équiper durant la période difficile de l’après-guerre. En 1976, le premier catalogue arrive sur le marché avec une proposition de meubles à prix compétitifs. Avec une image quelque peu désuète, Camif tombe dans l’oubli et fait faillite en 2008. Avant tout entreprise solidaire, elle renaît de ses cendres après un rachat en 2009, avec une envie bien ancrée de s’engager dans la maison durable de demain.
En 2017, Camif pousse le curseur un peu plus loin et lance Camif Edition, une marque dédiée au design écoresponsable. Aujourd’hui, Camif édite toujours des produits, tout en en sourçant d’autres auprès de marques françaises respectueuses comme par exemple Lafuma Mobilier.

Camif Edition : collaboration sur les territoires
L’idée première de Camif Edition est avant tout de penser des collections de façon collaborative et éthique. L’éditeur, accompagné par le bureau de style Un Nouvel Air, met en lumière deux identités pour ses collections de mobilier et accessoires : la première est basée sur le minimalisme rustique, une valeur encore sûre en France, et la seconde sur le style contemporain intemporel. Ces deux familles tendent vers la durabilité puisque l’idée est de pousser l’acheteur à consommer juste et moins en investissant dans des produits accessibles et solides.
Et d’ailleurs, Camif est devenue société à mission depuis plus d’un an, sa manière de démontrer que l’entreprise passe à l’acte, notamment par son engagement à avoir un impact positif sur l’environnement. Pour cela, la marque grand public se base sur de nouveaux modèles de production en utilisant l’économie circulaire comme vecteur principal. C’est grâce à un partenariat avec 16 usines françaises, sélectionnées par région et selon les savoir-faire locaux, que Camif garantit des produits fabriqués sur le territoire.


Camif Edition et écoconception
Collecte de matériaux, découpe, tissage, confection, transport et distribution sont pris en compte pour éviter au maximum l’impact carbone. A tel point que les fiches techniques des produits référencent toutes les informations sur la provenance des matériaux de fabrication, le kilométrage entre l’usine et les exploitations et la possibilité de recyclage du produit, entre autres. Les textiles sont soit recyclés (issus de plastiques repêchés en mer par exemple), soit labellisés biologiques pour le coton et le lin, les bois sont certifiés PEFC ou issus de forêts gérées durablement. Les peintures utilisées sont généralement sans solvant ni COV (Composant Organique Volatile).

Aujourd’hui, Camif Edition met en place un partenariat avec une filière de recyclage afin de fabriquer de nouvelles pièces éco-conçues. L’atout fort de la marque est de savoir s’entourer d’experts comme Secondly, leader français dans l’écoconception de matelas, l’institut technologique FCBA, ou encore Sofamo, fabricant de meubles charentais et soucieux du respect de l’environnement. On l’aura compris, Camif Edition réfléchit en permanence à améliorer le quotidien et met tout en œuvre pour proposer des offres responsables à ses clients.

En invitant des étudiants à créer et exposer des NFT durant une semaine de travail en groupe, le workshop ENFTAD (Exposition Numérique et Futuriste de Travaux Artistiques Décentralisés), organisé par l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs fin mars, met en avant un principe d’exploration de la blockchain en tant qu’outil artistique collectif, via notamment la mise en place, l’alimentation et la gestion d’un site web, véritable galerie virtuelle d’œuvres numériques et de travaux artistiques informatisés. Un travail pratique et prospectif, pensé et élaboré par Olivain Porry, un doctorant du laboratoire ensadlab, qui s’inscrit dans la continuité de l’axe d’enseignement Méridien Numérique de l’établissement.
Le workshop ENFTAD propose « d’explorer la technologie des NFT sous l’angle d’une pratique artistique dématérialisée, parfois conceptuelle, mais profondément ancrée dans les réseaux de communication ». Quels enjeux portés par les NFT ont-ils conduit à la tenue d’un tel workshop dans le cadre de l’École ?
Olivain Porry : Les NFT sont caractérisés à la fois par leur unicité et leur immatérialité. Ces deux qualités, si elles peuvent sembler antithétiques, ont participé à leur récente popularisation et, plus encore, à leur intégration dans le marché de l’art. S’ils ressemblent à des actifs financiers, les NFT semblent aussi être des objets virtuels et un moyen supplémentaire d’interactions sur la blockchain. En tant qu’objets virtuels, ils représentent un matériau qu’artistes et designers peuvent manipuler pour produire des expériences esthétiques et conceptuelles. En tant qu’élément programmatique d’une blockchain, ils sont un outil de développement. Faire des NFT, c’est en effet comprendre le paradigme de la blockchain, interagir avec celle-ci et avec ses multiples utilisateurs. Ce sont ces dimensions que le workshop ENFTAD cherche à explorer à travers l’expérimentation pratique. Le concept de NFT est intéressant à bien des égards : il interroge les notions de valeur et de matérialité dans la pratique artistique, propose des modalités de création spécifiques et constitue un levier pour sensibiliser les créateurs au concept de blockchain.

Concrètement, comment se présentera ce workshop ?
OP : Le workshop se déroulera toute la semaine du 28 mars. Il est ouvert à tout étudiant de 2e et 3e année, tous secteurs confondus, souhaitant découvrir les concepts de blockchain et de NFT, et expérimenter autour. C’est véritablement une approche expérimentale et artistique que nous conduirons durant le workshop. Le lieu qui l’accueille, le Laboratoire d’artisanat numérique (LAN) de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs en est d’ailleurs le décor évocateur. Les outils mis à disposition pour le workshop couvrent un large champ de techniques. Modélisation 3D, électronique, programmation informatique en sont ainsi le cœur, mais le workshop se veut ouvert sur les pratiques des étudiants. La réalisation de NFT n’implique en effet pas nécessairement de programmer, même si elle y invite, et il s’agit, au cours de ce workshop de réfléchir collectivement et par la pratique à ce que peut être la forme d’un NFT. Deux temps marqueront son déroulement. Une première journée sera dédiée à la présentation des différents concepts clefs. À cette occasion, Anthony Masure, qui dirige à la HEAD de Genève un programme de recherche sur les NFT interviendra pour présenter les enjeux des technologies blockchain dans la création. Après cette partie théorique, accompagnée d’éléments artistiques, historiques ou contemporains, la seconde phase du workshop sera dédiée à la création et à la confrontation avec les techniques de la blockchain.

En tant que réseau d’ordinateurs permettant de sécuriser des données numérisées, la blockchain induit un fonctionnement collectif autour d’interfaces communes. Les NFT peuvent-ils être un protecteur et donc un facilitateur de création d’œuvres collectives dans les mondes virtuels, s’ils permettent par exemple de répartir et de rétribuer de façon plus équitable les contributions de chacun ?
OP : Au cours du workshop, les étudiants seront amenés à produire des NFT qu’ils pourront mettre à disposition sur un site web. Plus qu’un espace de présentation et de vente, ce site web sera un outil pédagogique et permettra bien aux étudiants de se familiariser avec la notion d’interface dans son rapport aux NFT. Le workshop ne vise pas à mettre en place une marketplace effective de NFT, mais plutôt à avoir un espace d’accrochage virtuel. C’est le statut même des NFT que nous souhaitons interroger et explorer. L’usage de jetons types NFT dans un processus collectif de production constitue l’une des voies dans cette direction, mais il n’est pas le seul.
Ce workshop s’inscrit-il dans un véritable programme dans la durée, porté par l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, autour de cette question spécifique des NFT appliqués à la création et au design ?
OP : Oui. Dans le cadre de l’axe d’enseignement Méridien Numérique de l’École dont Martin De Bie est le référent, un premier échange collectif a été programmé autour de blockchain par le Laboratoire d’artisanat numérique. Le workshop en est la continuité et une première approche pratique dans la confrontation aux NFT et plus généralement à la technologie de la blockchain. En tant qu’objet technique et au vu des nombreuses dimensions que véhiculent les NFT, il est important pour un établissement comme l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de s’emparer de ces techniques pour en explorer le potentiel artistique et symbolique.

Les NFT sont-ils pour vous un nouvel outil technologique permettant de repenser grâce au virtuel tout le processus de design et ses usages ?
OP : Les NFT et la blockchain sont encore des technologies naissantes dont les applications évoluent chaque jour, mais sans doute y a-t-il un potentiel fort au-delà de la dimension purement financière. La blockchain peut être un outil de collaboration puissant et la capacité des NFT à questionner les notions de valeur, de propriété et de matérialité demandent encore à être explorée.

Objets désirables, indispensables de la cuisine moderne, le petit électroménager se pare de couleurs chatoyantes ou pastel. Une évolution marquée au cours des décennies. Compléments en images de l’article « couleurs en cuisine » disponible dans le numéro 211 d’Intramuros, bientôt en kiosques.
Mixeurs, grille-pain, bouilloires ou robots, les appareils de l’électroménager ne sont plus exclusivement blancs comme autrefois, symbole de propreté et d’hygiène des années 50. A l’image du frigo, acquisition de base de l’équipement de la cuisine.

En 1955, coup de tonnerre dans le monde de l’électroménager ! Fort de son succès et boosté par les stars de l’époque, le K5A, robot pâtissier de Kitchenaid dessiné en 1927 par Egmont Arens, sort de l’ombre et se pare de couleurs, pétale de rose, jaune solaire, vert insulaire, chrome satiné et cuivre vieilli. Puis en 1994, la palette s’enrichit de bleu cobalt, vert pomme, jaune pastel, gris anthracite ou encore tangerine. Le rouge empire remporte, quant à lui, la palme ; grâce à son succès commercial, il devient le flambeau de la marque.

Lorsqu’en 1997, l’Italien Smeg emboîte le pas pour lancer un frigo dans une palette de coloris très fifties, le modèle FAB est devenu, par ailleurs, iconique grâce ce développement par la couleur. Il a influencé la conception des produits du petit électroménager, en reprenant les formes bombées et arrondies du frigo, déclinés en couleurs pastel assorties, comme l’explique Anaïs Le Dizer, chef de produits de la marque. La gamme conçue par Studio Deep Design a connu un succès fulgurant, dans la lignée des concepts des appareils de cuisson, initiées par les architectes et designers de renom Canali, Marc Newson, Renzo Piano.


Le look rétro et la couleur font vendre… Les industriels ont adopté la tendance. Le crème surfe sur le style scandinave tandis que les vert d’eau et bleu azur annoncent la douceur d’un art de vivre proche de la nature. Dans une démarche plus mesurée, le groupe De’Longhi joue les valeurs sûres. Misant sur la couleur comme starter pour bien démarrer la journée, il s’est concentré sur le set du petit déjeuner, proposant une gamme restreinte, en quatre coloris rassurants et intemporels au design résolument rétro. Ou encore, pour sa marque Kenwood, il décline ses robots pâtissiers Titanium d’une touche discrète de rose, bleu ou vert pailleté.


Quand le design s’empare de la couleur
Loin d’être anecdotique, le design s’est immiscé dans les objets du quotidien, apportant une réelle valeur ajoutée au produit ! La couleur a toujours fait partie de l’esprit ludique d’Alessi, afin de rompre avec l’uniformité du design international, dans l’élaboration des objets usuels, tels que le service à thé ou à café. La dernière création, une bouilloire semblable à un morceau de tissu plié, est dessinée par l’architecte designer Michele de Lucchi. La gamme s’est étendue aux petits appareils qui nous simplifient la vie, batteur, mélangeur, grille-pain et presse-agrumes, cinq objets dont le graphisme a puisé ses sources dans l’univers de la mode intemporelle, joyeuse et festive des années 50 à 60.

Chez Hay, qui s’imprègne aussi de la mouvance rétro au quotidien, la gamme est conçue par Georges Sowden l’un des fondateurs du groupe Memphis. On y retrouve l’esprit constructif et ludique des objets de ce mouvement des années 80. Après les sets dédiés au petit déjeuner, certaines marques se lancent sur le marché de nouveaux appareils en lien avec les modes de vie actuels, utilisés par chaque membre de la famille.

On connaissait les robots pâtissiers, voici les robots à tout faire, qui coupent, tranchent, mélangent, mijotent, et sont dotés de multiples fonctions, et de technologies de pointe en lien avec les smartphones. La marque Moulinex du groupe Seb, innove avec des coloris pour son multi-cuiseur interactif, une nouvelle génération sophistiquée de cocotte-minute pour cuisiner tranquille. La couleur a donc son rôle à jouer dans la personnalisation de l’appareil qui sort de l’anonymat du gris métallisé.



Haut en couleur et furieusement audacieux, Uchronia est un jeune studio de création pluridisciplinaire qui se démarque par sa prise de risques expérimentale et stylistique. Tête chercheuse et bourreau de travail, Julien Sebban fonde son agence dans la foulée de ses études d’architecture et enchaîne les projets depuis. Après avoir décoré restaurants, boîte de nuit et autre librairie, l’équipe de sept personnes lance enfin sa première collection de mobilier et d’accessoires.
C’est à Londres, où Julien intègre l’Architectural Association après des études parisiennes, que le créatif déploie ses ailes en développant son projet Uchronia en 2016. Ses recherches portent sur la temporalité, l’espace et l’éphémère. L’étude des couleurs et de leur influence sur l’homme fait évidemment partie intégrante de son programme. A cette période, le jeune homme vit essentiellement durant la nuit et teste l’effet de la luminothérapie sur lui-même. Et qui dit thérapie par la lumière évoque les nuances de couleurs. Julien changeait les couleurs de son appartement londonien tous les deux mois dans le même but. « Au XXIème siècle, on a peur de la couleur ! Je vomis les beiges et j’ai envie de faire aimer les couleurs, même à ceux qui les évitent à tout prix. »


Une fois son diplôme en poche, Julien s’attèle à des chantiers privés, créée des décors éphémères pour l’évènementiel, et remporte des appels d’offre de restaurants et boîte de nuit parisiens notamment. Le groupe Moma le repère et lui confie la réalisation de Créatures et Tortuga sur le rooftop des Galeries Lafayette et du Forest au Musée d’Art Moderne. Il s’entoure de fabricants très réactifs, comme la Fibule, auxquels il reste toujours fidèle.
Travailler de manière ludique
Julien et son équipe aiment travailler en s’amusant. Uchronia passe d’un projet de restaurant à une collection de vases en toute liberté. « Je déteste être catalogué. Les codes de l’agence sont décomplexés, mais nous attachons une grande importance à la fabrication de nos pièces. » Durant la dernière Paris Design Week, l’agence lance sa toute première collection de meubles aux formes organiques en auto édition, Wave. Son compagnon à la ville, Jonathan Wray, directeur artistique de la maison Jean Royère, rejoint l’équipe pour élaborer le mobilier. Wave est un hommage à la vague : des tables Cacahuète, Cookie ou Fleur au siège Toi et Moi en passant par l’étagère Polly, les formes ondulent et les couleurs éclatent.

Uchronia a sourcé des artisans français qui travaillent les matériaux de manière traditionnelle pour cette gamme, entre autres. C’est à Bruno Hugounenq qu’il fait appel pour revisiter le stuc-marbre. Le raku et la lave sont confiés à Fabienne l’Hostis, la sculpture à Victor de Rossi et la résine à David Roma. La collection compte bien s’étoffer avec d’autres créations, mais en attendant, le collectif se prépare à ouvrir son premier café Uchronia au sein du prochain salon Maison et Objet de mars 2022, avec le chef Julien Sebbag qui officie déjà au Forest, aux Créatures et au Tortuga. Le décor sera vendu en fin de salon sur le site Catawiki.



Lancé en 2017 par le Ministère des Affaires étrangères italien en collaboration et avec le soutien du Ministère des Biens et Activités culturels, l’Italian Design Day est un événement thématique annuel qui cherche à promouvoir le design italien dans le monde. Pour cette sixième édition en France, l’Ambassade d’Italie, avec la collaboration du Consulat Général d’Italie à Paris et ICE–Agence, organise le Design Day dans le cadre de la prochaine édition du salon Maison & Objet (24–28 mars). Vous pourrez découvrir, sous la coordination d’ICE–Agence environ 150 entreprises italiennes des secteurs du design et du mobilier.

Impossible donc d’imaginer un cadre plus approprié pour parler du Design Italien : le 24 mars, jour d’ouverture du salon, Maison & Objet offrira son espace conférences, de 16 à 17 heures, pour un dialogue entre Andrea Rosso, ambassadeur du développement durable de Diesel, une marque du groupe OTB, et Roddy Clarke, journaliste spécialiste du design et chroniqueur du Financial Times. Après une allocution de l’Ambassade d’Italie à Paris, les deux invités partageront leurs idées sur le thème de la durabilité du design à la mode. Les lecteurs d’Intramuros pourront suivre le débat en vidéo à partir du mois de mai sur le lien suivant : www.academy.maison-objet.com/fr

Le soutien des institutions italiennes aux exportations du secteur a été renforcé pendant et après la pandémie avec des résultats extrêmement satisfaisants. Les exportations italiennes du secteur de l’ameublement ont fait preuve d’une résistance et d’une résilience extraordinaires. L’année 2020 s’était clôturée avec une baisse, par rapport à 2019, de 11,4% dans un contexte de fermetures et d’effondrement du commerce mondial. En revanche, les exportations se sont redressées et ont clôturé 2021 avec une augmentation de +22,3%, dépassant 1,5 milliard de chiffre d’affaires, mieux qu’en 2019.

Enfin, un mot sur le Salone del Mobile de Milan, qui se tiendra du 7 au 12 juin 2022. L’édition 2022 sera riche en nouveautés et se concentrera sur le thème de la durabilité, avec un focus sur les progrès réalisés dans ce domaine par les créatifs, les designers et les entreprises. Le monde du design doit faire face à des nouveaux défis : rendre sa production durable et aider à re-imaginer la vie et les espaces dans le contexte émergent du télétravail.
Ne ratez pas la conférence de l’Italian Design Day avec Andrea Rosso, le 24 mars lors de Maison & Objet, à 16h, hall 7.

Binôme à la ville comme à la scène, Charlotte Janos Courson et Nicolas Courson ont fondé leur atelier de création et de design en 2019. Maison Courson propose du mobilier et des accessoires sculpturaux, destinés tant pour le retail que pour les particuliers.
Passionné par l’architecture, les lieux de caractère et le design depuis toujours, Nicolas Courson monte 20000 Lieux il y a près de trente ans, une agence de location d’adresses d’exception pour le cinéma et l’évènementiel. En 2017, il se lance dans le design en créant Daytime Paris, une société de location de mobilier. « Je voulais prendre le contrepied de ce qui se fait en location, en proposant des meubles pérennes qui me correspondent et qui ne ressemblent pas à d’autres. » Et parce que Nicolas ose se lancer, du statut d’entrepreneur, il passe à celui de designer car il ne trouve pas ce qui lui plaît sur le marché.


Du lieu à l’objet
C’est avec sa femme Charlotte qu’il signe les créations de la maison. Autodidactes l’un comme l’autre, le couple investit le milieu du design par la petite porte mais avec passion et détermination. Avec une mère céramiste et un beau-père sculpteur, Nicolas a une sensibilité plastique aiguisée et des références artistiques qui sont sources d’inspiration. Destinée au départ à des pop-up stores et des évènements éphémères, la ligne Inox et Laiton se compose de portants, de miroirs et de présentoirs minimalistes en métal, comme son nom l’indique. Les lignes sont toute en légèreté et en équilibre, travaillées à l’image de bijoux, en clin d’œil notamment au travail de Fausto Melotti. Les contraintes techniques sont réfléchies en collaboration avec des artisans triés sur le volet. Et c’est d’ailleurs cette collection, additionnée à une ligne de sellettes et présentoirs en marbre de Carrare, qui a été proposée sur le dernier salon Maison & Objet.

De la vague à la sculpture
On l’aura compris, le binôme Courson ne dissocie pas vie privée et travail. Surfeur émérite, Nicolas aime non seulement la glisse mais aussi l’objet en lui-même. « Je ne comprenais pas pourquoi on n’utilisait pas la technique de fabrication des planches de surf pour en faire autre chose, c’est un si bel objet ! » Il dessine la ligne Résine, une collection toute aussi fonctionnelle qu’esthétique réalisée avec les mêmes techniques utilisées par les shapers (façonneur de planche de surf). « Aucun shaper ne voulait sortir de sa zone de confort pour fabriquer autre chose que des surfs. Ca a été compliqué de trouver un artisan, mais aujourd’hui, on travaille main dans la main avec un atelier proche de Biarritz où nous habitons. »


Une base en bois ou en plaque de nids d’abeille en polypropylène travaillée est recouverte de fibre de verre, puis de différentes couches de résine, avant d’être polie. Le glacis apporte alors la profondeur et la brillance à l’ensemble. Ce type de fabrication demande du temps : séchage, stockage, stabilité de la température, trois à quatre mois sont nécessaires à la réalisation d’une pièce. Plus technique encore, un textile utilisé dans l’industrie automobile peut recouvrir certaines pièces. Il durcit en même temps que les couches de résine. Généralement caché, ce tissu est mis à l’honneur, décliné en bleu ou vert profond. Avec la lumière, les gouttes et flaques de résine posées au sol ressemblent à s’y méprendre à de l’or liquide.
De la sculpture à la nature
Beaucoup plus onirique, la prochaine série de Maison Courson rend hommage à la nature, avec quelques références à Jean Royère. Nous allons lancer des luminaires, des portants qui ressemblent à des paysages, des branchages qui donnent l’impression d’être faits avec rien, mais pour un beau résultat.

Tandis que Paris s’apprête à recevoir les Jeux olympiques en 2024, l’école La Fontaine a décidé de lancer la deuxième édition de son concours de design sur le thème : « Entrez dans la compétition des JO 2024 ». Un concours gratuit et ouvert à tous les étudiants ou jeunes diplômés. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 21 avril.
Qui a dit que le sport ne pouvait pas intéresser l’univers du design ? L’école La Fontaine voit en l’organisation des Jeux Olympiques de 2024 à Paris une occasion de révéler la ferveur sportive des designers. L’objectif étant une mise en avant du design à travers une compétition sportive d’envergure, tout en dévoilant sur le marché national les créations de jeunes talents. Créer un logo officiel, imaginer les villages olympiques ou concevoir une médaille sont quelques idées de projets qui pourront voir le jour à l’occasion du concours.
Les lots et conditions de participation au concours
Totalement gratuit, le concours est ouvert à tous les jeunes talents du design, étudiants ou diplômés depuis moins d’un an, résidants en France. À noter que tous les participants gardent la propriété de leur création, l’école La Fontaine n’agissant qu’en qualité de diffuseur de celles-ci.
Deux types de prix peuvent être remportés : le prix étudiant, décerné par un jury de professionnels, avec trois lauréats dans chacune des trois catégories en lice (graphisme, espace et produit) et le prix du public, qui choisi les trois coups de coeur.
Catégorie Graphisme :
1er Prix : Une tablette XP Pen Artist 22 2e Gen + Logiciel Clip Studio Paint EX + Abonnement de 6 mois au magazine étapes:
2ème Prix : Une tablette XP Pen Artist 12 2nd Gen + Logiciel Clip Studio Paint EX
3ème Prix : Une tablette XP Pen Deco 02 + Logiciel Clip Studio Paint EX
Catégorie Espace et Produit :
1er Prix : Chèque cadeau Le Géant des Beaux-Arts + Tablette XP Pen Star G960S + Logiciel Clip Studio Paint EX + Abonnement de 6 mois au magazine étapes: + Lot de cahiers Clairefontaine
2ème Prix : Chèque cadeau Le Géant des Beaux-Arts + Tablette XP Pen Star G960S + Logiciel Clip Studio Paint EX + Lot de cahiers Clairefontaine
3ème Prix : Tablette XP Pen Star G960S + Logiciel Clip studio Paint EX + Lot de cahiers Clairefontaine
Coup de coeur :
1er Prix : Une tablette XP Pen Artist 12 2nd Gen + Logiciel Clip Studio Paint PRO + Abonnement de 6 mois au magazine étapes: + Lot de cahiers Clairefontaine
2ème Prix : Une tablette XP Pen Deco 02 + Logiciel Clip Studio Paint PRO + Lot de cahiers Clairefontaine
3ème Prix : Une tablette XP Pen Star G960S + Logiciel Clip Studio Paint PRO + Lot de cahiers Clairefontaine
Les candidatures du concours sont ouvertes jusqu’au 21 avril minuit. Les lauréats seront quant à eux annoncés sur les réseaux sociaux de l’école La Fontaine le 27 mai.
Plus d’informations sur : www.ecolelafontaine.fr

Il vous reste moins d’un mois pour candidater à la 22e édition du prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main : les candidatures sont ouvertes jusqu’au 5 avril 2022. Un prix divisé en 3 catégories : Dialogues, Talents d’exception et Parcours.
Depuis 1999, en lançant le prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, la Fondation Bettencourt Schueller récompense les créateurs qui développent un savoir-faire et innove dans le domaine des métiers d’art. Devenu au fil des années une référence et un label d’excellence, ce prix s’adresse aujourd’hui spécifiquement aux designers et artisans pour les aider à finaliser un prototype et approfondir un projet de développement et/ou de recherche liés grâce à un accompagnement soutenu.
Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, Catégorie DIALOGUES
Objectifs : Salue une collaboration entre un artisan d’art et un designer. Cette collaboration doit s’incarner par un prototype suffisamment abouti ou un objet qui témoigne d’un savoir-faire artisanal d’excellence et d’une créativité dans le design.
Dotation : 50 000 € (répartie égalitairement entre l’artisan d’art et le designer)
Accompagnement : jusqu’à 150 000 €, pour le déploiement d’un prototype ou de l’objet afin d’en approfondir l’expérimentation, la recherche et l’innovation.
Les trois derniers lauréats :
- 2021 : Grégory Rosenblat, porcelainier et céramiste, Nicolas Lelièvre et Florian Brillet, designers, pour Aotsugi
- 2020 : Nicolas Pinon, laqueur et Dimitri Hlinka, designer pour le radiateur Entropie
- 2019 : André Fontes et Guillaume Lehoux, designers du studio Noir Vif et Ludwig Vogelgesang, ébéniste, berceau « cage de Faraday »

Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, Catégorie TALENTS D’EXCEPTION
Objectifs : Récompense l’excellence d’un artisan d’art pour la réalisation d’une œuvre alliant maîtrise des techniques et savoir-faire et innovation.
Dotation : 50 000 €
Accompagnement : jusqu’à 100 000 €, pour la réalisation d’un projet de développement.
Les trois derniers lauréats :
- 2021 : Karl Mazlo, artisan joaillier, pour Black Garden
- 2020 : Fanny Boucher, héliograveuse et maitresse d’art avec Arboris
- 2019 : Jeremy Maxwell Wintrebert, souffleur de verre à la bouche et à main levée, pour The Beginning : Dark Matter

© Sophie Zénon pour la fondation Bettencourt-Schueller
Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main, Catégorie PARCOURS
Objectifs : Distingue une structure exemplaire pour son engagement, ses réalisations, sa contribution au secteur des métiers d’art français, sa capacité à entrainer les autres, ses ambitions et projets d’avenir.
Dotation : 50 000 €
Accompagnement : jusqu’à 100 000 €, pour réaliser un projet de développement.
Les trois derniers lauréats :
- 2021 : L’ITEMM (Institut technologique européen des métiers de la musique) dirigé par Carole Le Rendu
- 2020 : Make ICI
- 2019 : L‘IFRAM (Institut de Formation et de Recherche pour les Artisanats des Métaux
Clôture des candidatures 5 avril 2022 (à 23h59)
INFORMATIONS ET INSCRIPTIONS ICI

Sous ses doigts, la terre se transforme en vases à la peau de pêche ou charbon noir, et les arbres se parent d’excroissances céramiques, aux doux volumes hybrides… Remarquées lors de la dernière Paris Design Week, les nouvelles pièces de la designer normande Stéphanie Langard illustrent le pouvoir de transfiguration de la matière, floutant les frontières entre art et design.
Elle prend un malin plaisir à faire passer la matière pour ce qu’elle n’est pas. Designer, sculptrice, céramiste, architecte d’intérieur, directrice artistique, cette créatrice aux nombreux talents, née en 1976, aime surtout insuffler beauté et poésie à ses ouvrages. Diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design (ESAD) à Reims, passée par la case de l’Art Center College of Design de Los Angeles et de la Domus Academy de Milan, elle tient son goût des matériaux naturels et des savoir-faire hautement menés, des heures passées, enfant, dans l’atelier de son père ébéniste. Toutefois, sa grande et luxueuse « Toupie » de verre soufflé, bois d’olivier, lanières de soie et cuivre, impropre à l’usage, remarquée lors des D’Days de 2014 au Musée des Arts Décoratifs de Paris, comme son étonnante « chaise d’arbitre Emile » de 2015, interrogeant de manière espiègle notre aptitude à nous adapter, témoignent de ses dispositions à transcender le geste que lui dicte une technique.

Jeux de Dupes
Sélectionnée, en 2019, pour représenter la France à la 10ème Biennale internationale de la céramique de Gyeonggi, en Corée du Sud, elle semble aujourd’hui revenir à ses premiers amours, en explorant le plus souvent le grès et le bois de Frêne de la Forêt d’Eu, chère à son cœur, pour leurs aspérités et qualités intrinsèques, parfois insoupçonnées. Aidée de dessins très précis, elle fait immerger de la terre des formes sans formes, sensuelles, presque malléables. En effet, la céramique de ses vases aux lignes élégantes, souvent modernistes, semble tendre à s’y méprendre. Leur modelé travaillé au racloir ou au papier de verre peut donner l’illusion d’un feutre de laine qui respire. D’ailleurs, elle semble en avoir fait sa signature que l’on retrouve exposée chez Superstudio, lors de l’évènement « 1000 Vases » pour la Milan Design Week de septembre 2021, ou encore durant l’ultime Paris Design Week, au 80 rue de Turenne, à travers « Bodies », son solo show présentant un corpus de 60 pièces.


La Nature humaine
En septembre et octobre derniers, « Crowned Trees », installation composée de cinq pièces en bois de Frêne et grès a aussi investi la Place du Louvre, entre beffroi néogothique de l’église Saint-Germain-L’auxerrois, nature urbanisée et musée du Louvre. D’un très bel effet, cet ensemble au milieu duquel trônait un imposant tronc accueillant, en son centre, un étonnant « couple », interpellait par son esthétique ambigüe. Travaillant les surfaces irrégulières de ces bois comme une peau jusqu’à en faire apparaître les moires, Stéphanie s’est emparée du déséquilibre de leurs volumes et ondulations, les couronnant de pièces en grès, aux formes organiques, parfois sur le fil, presqu’humaines, qui semblent se parler, s’étreindre, voire réfléchir…


De ces troncs destinés au feu ou à devenir parquet car possédant trop de défauts, Stéphanie Langard fait donc surgir de surprenantes présences, fantomatiques, sensuelles, jouant sur l’illusion de leurs matières, couleurs et reflets éclatants au soleil. Laissant à tous la liberté de se les approprier par le toucher, Stéphanie Langard fait de ses créations design une belle matière à réflexion et à mystère.

Innovation et tradition sont deux notions souvent confrontées dans la conception. Toutes deux véhiculent des valeurs techniques qui sont et industrielle et artisanales. Généralement considéré comme héritage ancestral, l’artisanat est souvent immuable. À l’inverse, l’innovation sous-entend une idée de renouvellement perpétuel. Et si l’hybridation de ces savoir-faire traditionnels et des nouvelles technologies était la nouvelle valeur ajoutée à la création au sens large ? Artisans, designers et entreprises croisent leurs regards sur ce phénomène en plein essor.
Nouveau fabricant éditeur de mobilier, les Éditions Souchet viennent de lancer Lifflow, une première collection aux formes justes. Nicolas Souchet, menuisier en sièges et fondateur de la marque, collabore avec le designer Grégory Lacoua (portrait dans le numéro 210 d’Intramuros), tour à tour tapissier, décorateur d’intérieur et designer, sur ce projet. « La vision de mon métier est de pérenniser la main de l’homme. » L’entreprise travaille essentiellement le bois en développant l’usage du numérique en amont. Cette étape permet d’offrir plus de temps de travail à réelle valeur ajoutée à l’artisan. Pour le guéridon Twirl, la machine travaille sur 70% de la fabrication avec une précision au dixième de millimètre. Le menuisier intervient par la suite en réglant les courbes du meuble dans un soucis d’harmonie des sens, que sont la vue et le toucher. On a tendance à penser que la machine enlève de la valeur ajoutée à une pièce, mais pour Grégory Lacoua, il n’y a que de la complémentarité entre machine et main. « Avec notre collection, on casse cette image et on met les deux savoir-faire au même niveau, aucun n’est le parent pauvre de l’autre ! »


Ici, la conception assistée par ordinateur optimise la maîtrise du dessin, de l’épure, de la géométrie descriptive et de la masse capable (la quantité de matière à utiliser). Il y a moins de pertes, ce qui est un véritable devoir, tant d’un point de vue écologique qu’économique. Et Nicolas de rebondir : « notre collection a pour objet de montrer notre savoir-faire de menuiserie en sièges. Associer Grégory, qui a une connaissance technique accrue, au projet était important. Cela a permis une vraie efficacité d’usinage. » Les trois pièces de la collection symbolisent les valeurs de la marque : solidité, exigence, générosité et confort qui découlent d’une fusion du geste de la main et de l’exploration du numérique.

Un juste équilibre entre deux expertises
Si l’héritage des savoir-faire ancestraux devait être symbolisé, il le serait sans aucun doute par le compagnonnage. Depuis le Moyen Age, les Compagnons du Devoir s’engagent à transmettre leur expertise. Contre toute attente, certains d’entre eux utilisent désormais le numérique comme outil de travail. Talentueux et déterminé, Kevin Joly débute le compagnonnage à 14 ans, en taille de pierre. Deux ans plus tard, il débute son tour de France avec une idée en tête : allier la taille de pierre à une nouvelle technologie. Son projet voit le jour lorsqu’il créé un pôle technologique au sein d’une entreprise de taille à 22 ans. Modélisation 3D, programmation de machine numérique 5 axes, numérisation 3D font partie du pôle, le tout accompagné d’une charte conventionnelle qui définit la part du travail de l’homme et celle de la machine.

En 2018, Kevin fonde sa propre entreprise, i-Craft, dans laquelle haute technologie et taille de pierre se rejoignent. I-craft reflète les assemblages et la réflexion de divers processus qui se créent dans ma tête. L’optimisation des pratiques dans un concept d’évolution contrôlé est importante pour les métiers, pour l’humanité́. Parfois mal vue, l’association de ces deux pratiques, pouvant être considérées comme contradictoires par certains, valorise le geste de la main et permet de réinventer le champ des possibles. Le numérique permet de développer des points précis dans la chaine de production.
I-Craft collabore avec de nombreux groupes, dont des multi nationaux, mais aussi avec des artisans, sur des projets de création, de réfection et de restauration. Le Studio Sherlock, incubateur du Patrimoine du Centre des Monuments Nationaux, en fait partie. Charlotte Trigance, ingénieure en charge du studio, travaille sur des méthodes innovantes dans le cadre de restauration du Patrimoine. Le numérique intervient comme outil de médiation qui permet de retranscrire la compréhension du fonctionnement des ouvrages d’une manière imagée et compréhensible par tous. Il simplifie certaines interventions et apporte des informations en grande quantité. Il est au service de notre approche et non l’inverse.


Également compagnon, Mathieu Herce travaille aujourd’hui chez XtreeE spécialisé dans l’impression 3D béton à grande échelle. Après avoir été responsable de l’Institut des Métiers de la Maçonnerie pour les Compagnons du Devoir, poste axé sur la veille technique et la formation, il intègre la plateforme dédiée au béton en 2019. En tant que maçon, j’ai voulu me rendre compte de l’impact que cette technique peut avoir sur mon métier et quelles compétences sont désormais nécessaires pour les maçons. En constante évolution, le métier inclue des techniques actuelles tout en s’adaptant à celles de l’avenir. Chez les Compagnons maçons, des groupes travaillent régulièrement sur le devenir du métier, de manière à être en mesure de préparer les compagnons de demain. Pour XtreeE, Mathieu est responsable de la production. Il travaille notamment sur du mobilier 3D mais aussi sur des logements 3D.

Notre société tente à la fois de renouer avec d’anciennes pratiques afin de cultiver un mode de vie plus juste, tout en développant des supports toujours plus innovants pour un meilleur confort de vie, le rapprochement entre ces deux savoir-faire devient alors une réflexion justifiée. Loin d’être incompatibles, l’articulation d’une recherche hybride entre tradition, innovation et technologie d’usinage numérique est une relecture d’un nouveau type, celui de sublimer le geste artisanal.

Repérée sur le salon Maison & Objet à Paris et à la Design Blok21 à Prague, la jeune marque tchèque Master & Master a le vent en poupe. Leur ligne de mobilier et d’accessoires pour la maison séduit au quotidien grâce à un design graphique et fonctionnel.
Les créateurs Ondřej Zita et Luděk Šteigl ont positionné les fondements de l’entreprise Master & Master, comme éditeur et fabricant. En ciblant une clientèle plutôt jeune, logée dans de petits espaces, désireuse de se meubler sans se ruiner, ils choisissent l’option résolument design. Leur identité et leur style se définissent dans une économie de matière et de forme, (essentiellement bois et acier), tout en collaborant avec des designers en interne et externe telle que la designeuse tchèque Lucie Koldová pour le fauteuil Cocoon et la chaise Mistra. Ni bon marché ni haut de gamme, c’est par le juste prix que la marque se distingue, dans un style accessible pour le plus grand nombre à des prix compétitifs. Jana Pouget, responsable commerciale, en autre pour la France, confirme « La phase de la crise sanitaire a été plutôt positive, avec le retour au chez-soi, le cocon que l’on chérit, et l’accélération des achats sur internet. Cependant, nous devons faire face à la hausse considérable du prix des matières premières que nous utilisons, le bois et l’acier. »


L’ensemble de la production est fabriquée en Moravie (région à l’est de la Tchéquie), un atelier de proximité qui s’avère efficace, pour mettre au point toutes les phases de conception du produit et d’en maitriser les étapes de fabrication. Les machines sont sur place pour la découpe, le ponçage ou polissage du bois et du métal, mais aussi pour des techniques précises, telles que la soudure, le thermo-laquage. Jeune et dynamique, l’entreprise s’est tournée vers la vente en ligne via le e-shop, ciblant les pays frontaliers, Allemagne, Autriche, Belgique et Pays Bas. 60% sont des produits standards vendus aux particuliers et 40% via le réseau des architectes pour des projets spécifiques. Si les salons sont porteurs au niveau commercial, l’esprit de ce design rationnel y est palpable, se prolonge au fil des collections.

Master & Master : praticité et compacité
En témoignent les solutions de mobilier et accessoires, déclinés dans de multiples formes et coloris. Leur simplicité correspond au besoin de fonctionnalité dans la maison, en particulier pour les petites surfaces. Chicken du designer Jiří Pelcl joue sur le double usage à la fois table et porte-revues, que l’on peut déplacer au gré de ses envies. Spaguetti, l’irrésistible porte-manteaux, se fait complètement oublier par sa discrète silhouette gracile. Premiers produits lancés par Master&Master, les tréteaux Diamond sont devenus best-seller de la marque ; empilables, on les adopte pour un bureau en télétravail, une table provisoire. Suivant cette idée de modularité, les structures de la table Reverse sont légères et graphiques tandis que les pieds Fix jouent avec trois finitions de plateaux en version haute ou basse.

Basique et élémentaire, le métal tubulaire se réinvente, en plusieurs structures et coloris tout en allégeant les espaces intérieurs du résidentiel et du tertiaire. Plébiscités aussi par les architectes, ces éléments structurels de la marque Master & Master offrent des variations plus flexibles sur mesure, pour les bureaux, restaurants, halls d’accueil… En témoigne la chaise haute empilable UM de Jiří Pelcl et Michal Malášek dont 360 pièces ont été livrées pour l’Académie des arts du design à Prague (UPRUM).

Au-delà d’une certaine créativité tous azimuts, la jeune création tchèque surprend par sa maturité. Tous ont la maîtrise d’un processus de fabrication, en lien avec des savoir-faire traditionnels dont regorge la République tchèque : art du verre en tête, puis travail du bois, du cuir, de la céramique, du métal. Repérage de talents découverts lors de la dernière Designblok.
Malgré la crise sanitaire, la Designblok a eu lieu à Prague en octobre 2021. Designers et marques du design tchèque étaient au rendez-vous, sous le signe du Bonheur, thématique choisie pour cette session de plus de 200 installations. Avec une singularité, celle de mêler l’univers de la mode et le design d’objets, ainsi que de grandes marques du design. Un jury international constitué a départagé les 15 finalistes en design et 15 en mode, tous issus de la mixité des écoles d’art et de design européennes.« Cette exploration à la recherche du bonheur implique le retour à une proximité vers la nature, à l’humain et à ses besoins essentiels. Le design est très important pour la renaissance d’une vie de qualité et pour la fonctionnalité des objets qui nous entourent, afin de préserver la beauté de l’environnement pour les générations futures. Le design doit être créé par des gens, pour des gens», a déclaré Jana Zielinski, directrice de la Designblok.
Mikolášková & Drobná
Premier projet de ce duo de designers, Scene collection laisse place à l’imagination et au rêve. Née dans le contexte morose de la crise sanitaire, elle s’inspire de fragments d’architectures qui se déploient en petites tables intérieures pour la maison. Un ensemble qui se compose ou se décompose comme un jeu de construction avec en toile de fond un lieu fictif… Les couleurs vives et les arches douces suscitent l’émotion auprès des spectateurs engagés un peu comme des acteurs. Le décor est complété par des vases en verre en forme de colonnes antiques (réalisés en collaboration avec la cristallerie Preciosa Lighting), des serre-livres et des bols. Ces scénographies transportent le visiteur dans une rêverie tonifiante, et cela fait vraiment du bien !
www.terezadrobna.com ; www.mikolaskova.com


Pauline Hagan
Cette jeune artiste franco-britannique s’est installée il y a sept ans à Prague, par passion pour ce pays et pour ses savoir-faire traditionnels, qu’elle a pu expérimentés chez des artisans locaux. Pauline Hagan crée des objets en céramique et des bijoux en argent. Elle a élaboré sa nouvelle collection Aube, des vases en céramique entièrement modelés à la main, pendant le confinement et présentés en octobre dernier pendant la Designblok. Les silhouettes sculpturales et ondulantes des vases révèlent et interagissent avec l’espace qu’ils occupent. Pas d’outils, ni de technique de moulage, pour ces créations, la main modèle les formes tubulaires, dans un processus très personnel et empirique. Peu de dessins préalables, elle travaille à l’instinct, à la manière d’un sculpteur, laissant le processus définir le résultat de la pièce. Ces nouveautés marquent un nouveau départ, le lancement de sa propre marque et de son site de vente en ligne.


Terezie Lexová et Štěpán Smetana
Repérés à l’exposition « Renaissance » de la Designblok, les designers confirmés, Terezie Lexová et Štěpán Smetana ont adopté le savoir-faire du cintrage en bois de placage pour la conception et la fabrication de la collection Swell. Ils ont puisé leur inspiration au cœur même du procédé qui permet de contraindre le bois sans effort, d’obtenir des galbes doux et audacieux. En associant le matériau, bois de placage de frêne, et la technique du pressage, les courbes et vagues ont défini les fondements de cette nouvelle collection composée de tables basses, bien campées sur de solides pieds en bois massif. Le duo de designers travaille ensemble sur divers projets depuis 2018, axés sur la conception de produits, le design d’espaces, l’identité graphique de marque. Expérimenter, tester, aller contre l’ennui, tels sont les enjeux de leurs recherches créatives et de repousser les limites de la matière.

Filip Krampla
Sa démarche ? Un produit éco-conçu compact 100% bois. C’est ce qui a sans doute retenu l’attention du jury pour son projet qui figurait parmi les 15 finalistes de la Designblok 21. Cette typologie brutaliste de fauteuil repose sur un principe de découpe du matériau : un dossier, une assise, et des pieds qui se prolongent en accoudoirs. Le gabarit de chaque pièce respecte la feuille rectangulaire d’une plaque de contreplaqué. Le fauteuil optimise ainsi l’utilisation du matériau et réduit les déchets à toutes les étapes de la production. Même s’il a un air de déjà vu, ce modèle est subtil et élégant tout en étant structurellement solide et stable. Pour la production en série la colle utilisée est fabriquée à partir de déchets de lignine, un composant naturel du bois.
www.krampla.cz/en/portfolio-en/


Nicolas El Kadiri
Il figurait parmi les 15 finalistes de la Designblok 21 avec son projet de diplôme de l’ECAL (Lausanne, Suisse). À partir du constat de l’essor du télétravail et du besoin de se dégourdir tout en faisant de l’exercice physique à l’extérieur, ce jeune étudiant a réinventé l’usage du mobilier urbain. Avec Jim, il propose un banc hybride dont il détourne les usages communs afin de l’intégrer dans un paysage urbain. Se rapprochant d’un équipement sportif, il est accessible à tous et de manière plus fluide. Sa typologie compacte et rationnelle est conçue pour exercer un certain nombre de mouvements grâce à deux poignées en tube d’aciers de chaque côté ainsi qu’aux niveaux des plateformes en frêne, tout en permettant différentes postures.



Inspirée des dîners aristocratiques victoriens du XIXe siècle, l’installation « Monobloc Dinner Party » de Pierre Castignola pose question. Scénographie ironique en clin d’œil à une époque révolue ou réflexion sur un banal fauteuil en plastique ? Derniers jours pour la découvrir à la galerie Atelier Ecru à Gand (Belgique).
A la fois artiste et designer, Pierre Castignola n’en n’est pas à sa première expérimentation. Il poursuit ses recherches autour de ce fauteuil emblématique, depuis ses études à la Design Academy de Eindhoven, dont il est diplômé Cum Laude en 2018. Pour cette installation « Monobloc Dinner Party », créée à la galerie Atelier Ecru, il compose, assemble, des typologies du mobilier néobaroque, lustres, chaises et tables, étagères, tabourets avec un matériau unique, le plastique récupéré des fauteuils en plastique d’extérieur.


Dans un joyeux démantèlement de formes, il joue avec les formes archétypales des objets, dans un contraste saisissant, audacieux, entre l’approche brute et intuitive de la série Copytopia enrichie de nouvelles pièces, et les codes de la bonne société. Remettre en question la hiérarchie des matériaux et valoriser ce matériau pauvre, en plastique de récup, c’est aussi en filigramme le propos de son travail. Dans le prolongement de l’orientation conceptuelle, il s’interroge également sur les bénéfices du brevet dans le cadre du système de la propriété intellectuelle en utilisant l’un des objets les plus reconnaissables, le fauteuil en plastique. (Pour en savoir plus, lire son portrait dans Intramuros n° 207).

« Monobloc Dinner Party, » une installation de Pierre Castignola, jusqu’au 27 février, à l’Atelier Ecru Gallery, à Gand.
Plus d’informations sur www.weareatelierecru.com et www.pierrecastignola.com
Pour cette 2e édition du concours Ecole Camondo-Intramuros, les partenaires Adagio, Serge Ferrari et Lafuma ont respectivement sélectionné les lauréats Thomas Delagarde, Léna Micheli et Clémentine Doumenc. En attendant de découvrir les parcours de ces trois jeunes créateurs dans le prochain numéro d’Intramuros, la rédaction fait le point sur chaque «duo». Retour de Bergamote Dubois Mathieu, Brand & PR Manager, et de Constance Kocher, chef de marché mobilier chez Serge Ferrari.


Comment s’est passé pour vous le choix de votre lauréat parmi les différents projets de diplôme ? Comment Léna Micheli s’est-elle démarquée ?
Après avoir étudié les dossiers de diplôme de l’ensemble des étudiants, nous avons fait une première sélection des trois dossiers qui nous paraissaient pertinents et répondants aux valeurs de notre entreprise et à notre métier.
Léna s’est démarquée de par le professionnalisme de son dossier, la clarté de sa présentation et la didactique de son exposé ; son sujet faisant écho aux préoccupations de notre entreprise.
Quelle est la mission qui lui a été confiée ?
Nous avons demandé à Léna de développer le concept qu’elle avait travaillé pour son mémoire de diplôme en l’adaptant à nos process industriels. Ainsi, Léna mène une réflexion globale en terme d’upcycling.
L’objectif de cette approche vise à créer un produit nouveau à partir des déchets et rebuts engendrés par nos processus de production. À terme, cette logique pourrait être intégrée de façon systématique à toute notre chaîne de fabrication, créant ainsi une nouvelle valeur pour nos matériaux de production initialement perdus.
Cette démarche fait écho à l’un de nos objectifs RSE.
Comment s’est organisé son travail ?
Sur le dernier trimestre 2021, Léna a été intégrée chez Serge Ferrari en tant que stagiaire. Depuis le 1er janvier, elle est à son compte et nous sommes liés par contrat pour ce projet. Léna dédie une journée par semaine à ce projet et vient dans nos locaux dès que le besoin s’en fait ressentir afin de pouvoir collecter des matériaux pour le prototypage, échanger avec les différents services sur des problématiques de faisabilité et de sécurité sanitaires. Nous sommes encore à l’étape étude de faisabilité.
Globalement que retirez-vous de cette collaboration ? Est-ce ce que vous attendiez ?
Nous sommes ravies de pouvoir accompagner Lena dans ce projet qui a beaucoup de sens pour Serge Ferrari. Léna apporte de nouvelles perspectives sur nos problématique et un regard neuf sur le sujet de l’upcycling.





Z Ⓢ ONAMACO, a hub of art in Latin America, has just closed its doors. From February 9 to 13, this event, which is now one of the most important on the world stage, came back in force for its 18thE editing. By using its quadripartite format combining antiques, contemporary art, modern art, design and photography, from all continents.
Au Citibanamex Center from Mexico City, Z Ⓢ ONAMACO has returned to its quarters, after more than a year of absence due to the pandemic. Welcoming more than 200 galleries and exhibitors from more than 25 countries around the world, the fair with the stylized skull logo, founded in 2002, offers amateurs, museums, curators, architects, national and international collectors the best of contemporary and modern art, as well as design, photography and antiques. For this last edition, it therefore returned to a broad and international formula that had proved its worth before the crisis, thus abandoning the “Zona Maco Art Week” which urged, between April 27 and May 2, 2021, local galleries to offer unique or collaborative exhibitions, in the heart of the gigantic megalopolis.

Z Ⓢ ONAMACO: Four for one
Its specificity? Offer four fairs in one, namely “Zona Maco Arte Contemporaneo”, “Zona Maco Arte Contemporaneo”, “Zona Maco Disěno”, “Zona Maco Salon” and “Zona Maco Foto” -, coupled with rich satellite events, such as its “Conversations” program inviting discussions on current issues and the establishment of parallel activities in a number of institutions and galleries in the city.
Most important of all, the general sector of “Zona Maco Arte Contemporaneo” this year housed around 70 leading international galleries offering pieces using all mediums, with global signatures. Among these brands, the Italian Continua with two addresses in France, but also Gagosian Gallery, the American one with two galleries in Paris, which is no longer presented. Loyal among the faithful, the Mark Hachem gallery, which specializes in the modern art scene in the Arab world and in kinetic art, is, this year, the only Frenchy to be part of the general section. Indeed, leading companies, such as the Lelong Gallery, present in 2019, which was joined, in 2020, by Perrotin Gallery, Almine Rech, Italian Gallery, Opera Gallery, seem to have, for the time being, deserted Mexican territory.

A new section created by the fusion of “Nuevas Propuestas” and “Foro”, “Zona Maco Ejes” welcomes around thirty young or established galleries that are particularly sensitive to current challenges. Within it, the Franco-Peruvian Younique, known for defending, among other things, the South American scene, has returned for the second time. A new exhibitor, the very young 193 Gallery, dedicated to multicultural contemporary scenes (Southeast Asia, Africa, Caribbean, South America, Europe, Oceania), in Paris, defended its artists there. Once again this year, on the stands of Hispanic galleries — many of them from South America —, the section entitled “Zona Maco Sur” highlights dialogues between two visual artists, where “art, nature and imagination meet”. With around sixteen brands, including Diptych Fine Arts and the prestigious Marlborough Gallery, “Arte moderno” celebrates the art of the first half of the 20th century.


The French Touch of Design celebrated in Mexico City
For its part, the twenty-five galleries of “Zona Maco Disěno”, a show active since 2011 and organized this year by the curator, artist and industrial designer, Cecilia León de la Barra, offer furniture, jewelry, textiles, textiles, textiles, decorative objects, but also limited editions and historical pieces. For its first participation, the Mobilier National, a symbol of French excellence since the 17th century, responsible for the conservation and restoration of national collections, presents “On a pixel cloud”, one installation composed of a carpet, a sofa, two armchairs and a table, created by the French artist, a pioneer of virtual and digital art Miguel Chevalier, and the Franco-Japanese Design Studio A+A Cooren (Aki and Arnaud Cooren). A very metaphorical work evoking “the quantitative explosion of digital data forcing us to find new ways to store data and to see and analyze the world”, and therefore combining new technologies with the refined forms of minimalist design.

Made by the Manufacture de la Savonnerie, the rug represents a refined and graphic alphabet of black, gray and white pixel patterns. The sofa and the two armchairs were made by the Atelier de Recherche et de Création (ARC), upholstered by the tapestry decoration workshop, and covered with a Dedar cotton fabric cover, printed by the Prelle company. As for the coffee table made of polymethyl methacrylate (PMAA) by the company Dacryl, in association with ARC, it is in the shape of a magnifying glass and tinted and polished.
Photographs and antiques for a complete offer
Finally, the ten Latin American galleries of the “Zona Maco Salon”, a fair created in 2014 and specialized in art before 1960, as well as the fifteen “Zona Maco Foto”, including the Parisians Lou & Lou Gallery and Gregory Leroy Photographie, have completed a resolutely complete and diversified offer of 2022 art. Despite a global context still febrile by health uncertainties and a European scene shaken up by the arrival, next autumn, of the Swiss juggernaut Art Basel, in the country of Fiac, the one that is purposely nicknamed “Hispanic Art Basel” will, we hope, be able to reinvigorate the market at the beginning of the year. And to attract visitors again through the quality of its exhibitors, the plurality of its proposals, such as the promotion of a local scene, rich, although still too confidential on a global scale.
ZⓈMONACO, Centro Citibanamex, Av. del Conscripto 311, Lomas de Sotelo, Hipódromo de las Américas, Miguel Hidalgo, 11200, Mexico, Mexico.
www.zsonamaco.com From February 9 to 13, 2022.