Maison Papier : de l'objet papier au NFT
Lampe Circea NFT 3D, design : Luc de Banville ©SébastienMaigret

Maison Papier : de l'objet papier au NFT

S’appuyer sur les NFT pour protéger les designers, c’est l’idée que souhaite développer et démocratiser Claire Germouty, créatrice de Maison Papier. Fondée début 2022, cette maison d’édition 3.0 travaille main dans la main avec le fabricant Procédés Chénel et l’agence Minting.fr, pour proposer des objets papier responsables, et déclinés dans le métavers.


L’aventure Maison Papier commence par la découverte de Circea, une lampe nid d’abeille designée par Luc de Banville. Fascinée par ses formes souples modulables à l’envi, Claire Germouty décide d’accompagner ce prototype dans un projet d’édition. Très vite, elle rencontre son fabricant, Procédés Chénel, leader des architectures de papier en Europe, qui va jouer un rôle-clé dans la naissance du projet. « Sans Sophie Chénel, il n’y a pas de Maison Papier » souligne l’éditrice avec humilité. À noter que la lampe Circea est aujourd’hui réalisée à partir de chutes de Drop Paper Honeycomb, un papier non-feu et luminescent, recyclé dans le respect des engagements de Procédés Chénel.

Un projet en faveur de la protection des designers

En lançant Maison Papier, Claire Germouty veut faire bouger les lignes. Dans la logique de son parcours – juriste, puis éditrice de livres – elle se focalise sur la protection des designers, tant au niveau des dépôts de modèles que des droits d’auteur. « J’imaginais que les revenus des designers s’alignaient sur ceux des romanciers. On en est loin ! Côté livres, les redevances tournent autour de 10 %, alors que les droits d’auteur dans le design plafonnent à 5 % en moyenne. Le plus étonnant ? Quand les ventes des objets s’envolent, les redevances s’enfoncent. Maison Papier est une « société à mission » au sens de la loi PACTE, et nous avons pris le parti d’aligner tous les droits d’auteur à 10% minimum, grâce aux revenus des NFT. » Ces aspects juridique et social sont au cœur de sa stratégie d’entreprise, à part égale avec la responsabilité environnementale.

Portrait de Claire Germouty, fondatrice de Maison Papier
Ateliers Procédés Chénel à Vanves © Maison Papier

Et c’est cet engagement autour de la protection des designers qui a convaincu Sophie Chénel, qui veille depuis toujours à accompagner et soutenir les créateurs, en leur offrant des événements crées sur mesure, de la visibilité et un lieu de résidence unique dans ses ateliers de Vanves, en périphérie de Paris. « Lancer une maison d’édition est un projet fou, mais quand les étoiles s’alignent, il faut foncer en évitant de se poser trop de questions » confie Claire Germouty.

Un NFT pour mieux protéger  ?

Pour accompagner les créations des designers au sein de sa maison d’édition,  Claire Germouty s’appuie sur une utilisation particulière des NFT : « Au-delà du beau, on sait que le design est d’abord là pour donner du sens à un objet, et faire rayonner le bon. Or, le NFT est un outil très efficace pour protéger les designers et projeter leurs créations vers demain. » Dans cette optique, Maison Papier a choisi de travailler avec Minting.fr, la première agence française du Web 3, qui défend un modèle français pérenne, une blockchain frugale et un achat intuitif des NFT. « Moi qui redoutais les complications techniques, je suis fière de pouvoir proposer un NFT, jumeau 3D de Circea, édité sous la forme d’un document imprimé, et vendu avec la lampe papier de Luc de Banville. »

Lampe Circea, design : Luc de Banville © MaisonPapier
Le designer Luc de Banville dans les Ateliers Procédés Chénel à Vanves © MaisonPapier

Qui plus est, le certificat numérique lié au NFT constitue une potentielle source de revenus à long terme. « Même si le métavers est encore embryonnaire, il est acquis que les NFT garantissent l’authenticité, l’origine et la propriété d’un objet dématérialisé. Mais l’avancée majeure va résider dans le droit de suite : à chaque fois que l’un de ses NFT sera revendu, le designer pourra percevoir de nouveaux droits d’auteur. Une particularité qui pourrait changer tout le modèle économique du design et donner des ailes aux créateurs ! » souligne l’éditrice. Claire Germouty a donc proposé aux designers d’associer un NFT à chaque objet édité par sa maison. C’est ainsi que pour la première fois, un luminaire sera vendu en euros et en boutique avec son jumeau numérique, prêt à basculer dans le métavers. « La lampe Circea+NFT entre dans l’Histoire du design par une petite porte, dont on sait déjàqu’elle s’ouvre en grand vers le monde de demain ! » explique-t-elle.

Paris Design Week 2022 : un premier tremplin

Si la commercialisation de la lampe Circea + NFT de Luc de Banville est prévue pour fin 2022, Maison Papier édite également d’autres créations, parmi lesquelles Allegria. Ce dispositif lumineux, signé Sandra Biaggi et distingué par la Factory lors de la dernière édition de la Paris Design Week en septembre, reprend le principe de l’éventail. Avec ses trois mètres d’envergure, ses cellules de papier luminescent assemblées à la main et son éclairage puissant et modulable, Allegria est en passe de séduire les galeries et les professionnels en quête de dispositifs scénographiques sobres, pérennes, spectaculaires et légers.

Dispositif Allegria, design : Sandra Biaggi © MaisonPapier

Autre co-édition Maison Papier/Procédés Chénel présentée à la Factory : les chaises Vanves de Grégoire Borach, pensées pour mettre en valeur les qualités du Drop Cake. Ce matériau innovant et upcyclé lancé par Sophie Chénel, est fabriqué à partir de chutes de Drop Paper, déchiquetées, et compressées avec du polyéthylène. L’enjeu ? Inventer une matière dernière qualitative à partir de chutes difficilement recyclables.

Chaises Vanves, design : Grégoire Borach © Grégoire Borach

Concernant la suite de ses projets, Maison Papier participera au salon Maison & Objet en janvier 2023 pour présenter la série de lampes ARA, toutes en origami de papiers fluos et de verre soufflé, signées par le designer new-yorkais Rodolfo Agrella. Le rendez-vous est donné !


Rédigé par 
Maïa Pois

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21/11/2025
Retour sur les talks et les tables rondes Intramuros au salon EspritContract

Pour sa troisième édition, EspritContract organisé en parallèle d’EspritMeuble, était de retour à la Porte de Versailles du 15 au 18 novembre. Un moment de rencontres et d’échanges entre les marques et les professionnels mais également l’occasion pour Intramuros de prendre part à la médiation de plusieurs conférences thématiques.

Hôtels, bureaux, lieux hybrides : la mutation des espaces de vie

Invités :

Pierre-Alexandre Pillet, fondateur et CEO de Sowen
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Patrick Jouin, designer et co-fondateur de Jouin Manku


[Vision de marque] Upcycling : le design vertueux

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Jason BRACKENBURY, Président de FLOS France

[Vision de marque] Réinventer le récit hôtelier

Invité :

Jean-Philippe Nuel, architecte et architecte d'intérieur

Ergonomie - le design au service du bien être

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Jason BRACKENBURY, Président - Flos France

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10/11/2025
EspritContract : chez André Renault, l’innovation comme ambition

Fabricant français de literie d’exception, André Renault participe pour la première fois au salon EspritContract. Entre innovations technologiques et recherches continues pour une meilleure qualité de sommeil, la marque poursuit le développement de son réseau hôtelier afin de proposer ses services au plus grand nombre. Rencontre avec Erec Glogowski, PDG de la marque depuis 2020.

Pour sa troisième édition, EspritContract se tiendra du 15 au 18 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles.Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/le-salon/secteurs/secteur-contract.htm

Dans votre activité, que représente le secteur du contract et comment s’organisent les projets chez André Renault ?

André Renault est aujourd’hui le leader de la literie haut de gamme en France, tant en matière de marque que de distribution, avec un chiffre d’affaires annuel de 36 millions d’euros, dont 90 % proviennent du secteur contract, pour 170 salariés. C’est une entreprise relativement unique en Europe : nous produisons exclusivement à la demande, sans stock de produits finis mais cela ne nous empêche pas de proposer près d’un million de combinaisons possibles, avec un délai moyen de production d’une semaine.

Vous développez vos produits en collaboration avec des professionnels pour offrir la meilleure qualité de sommeil. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nos produits reposent sur plusieurs piliers essentiels : le meilleur sommeil, le confort personnalisé, le design à la carte et l’expérience utilisateur. Nous travaillons notamment avec des neurologues spécialistes du sommeil, qui nous ont aidés à identifier les principaux critères d’un sommeil réparateur, directement applicables à la literie à savoir : la liberté de mouvement, car nous bougeons entre 50 et 60 fois par nuit ; la progressivité du matelas qui doit être doux à l’accueil et ferme en soutien ; l’indépendance de couchage, pour ne pas déranger son partenaire ; et enfin la thermorégulation, indispensable puisque nous perdons en moyenne 33 cl d’eau par nuit. De fait, tous nos produits sont conçus dans ce sens pour respecter au mieux ces critères.

Pour le contract, vous travaillez avec des hôtels. Comment concilier cette personnalisation pour satisfaire le plus grand nombre ?

Chaque projet est développé en direct avec l’hôtelier, afin de lui proposer les produits les plus adaptés à ses besoins. Nous ne travaillons que sur mesure, sans référencement sur de grandes plateformes hôtelières, car nous privilégions la personnalisation et la proximité. En général, nous partons d’une base médium pour convenir au plus grand nombre, puis nous adaptons le sommier selon le type de chambre et le niveau de confort souhaité : sommiers à ressorts, électriques, à lattes actives ou passives… Le niveau de prestation et la localisation de l’établissement influencent également nos propositions, car les attentes varient selon la clientèle et les régions. Parmi nos projets significatifs, il y a notamment notre collaboration avec le réseau Hôtels & Préférence, pour le Domaine de la Bretesche notamment, mais également les chalets de luxe Mobialp.

Des actualités à venir ?

Nous travaillons en permanence sur de nouveaux produits toujours plus innovants. Actuellement, nous développons une literie haut de gamme avec dosseret lumineux intégré et diffusion musicale, ainsi qu’un concept de literie tapissière modulaire et personnalisable, permettant de remplacer uniquement les tissus ou certains éléments décoratifs sans changer le produit dans sa totalité.

Vous avez longtemps participé au salon EspritMeuble, mais c’est une première chez EspritContract. Qu’attendez-vous de cette participation ?

En effet, nous avons bâti un réseau autour d’EspritMeuble, mais notre objectif est désormais de développer notre présence dans le contract et particulièrement dans le secteur hôtelier. Participer à EspritContract est l’occasion de faire mieux connaître la marque, de valoriser notre savoir-faire et de renforcer notre position sur le marché.

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3/11/2025
En Allemagne, une exposition inédite dédiée à Charlotte Perriand

À Krefeld, en Allemagne, l’exposition « Charlotte Perriand, l’art d’habiter », présentée jusqu’au 15 mars 2026 au Kaiser Wilhelm Museum, propose une rétrospective de l’œuvre de la designeuse à travers les différents concepts et structures de pensée sur les espaces domestiques, fruits de 70 ans de création.

« Le meilleur moyen de rendre hommage au travail de Charlotte, c'est de parler d’elle. » Voici les mots prononcés par Pernette Perriand-Barsac lors de l’inauguration de cette exposition inédite. En effet, pour ce qui s’avère être la plus grande rétrospective consacrée à Charlotte Perriand en Allemagne, la fille de la créatrice et son mari Jacques Barsac, tous deux en charge des archives Charlotte Perriand depuis sa disparition en 1999, ont choisi Krefeld comme premier point d’ancrage. « Ce qui est le plus difficile dans une exposition de Charlotte, c’est qu’on se base sur 70 ans de créations, mais que cela concerne aussi bien des projets d’architecture, de design ou de photographie. Les possibilités sont immenses », confiait Jacques Barsac.

Exposition "Charlotte Perriand. L’Art d’habiter", installation  in-situ au Kaiser Wilhelm Museum à Krefeld en Allemagne. Table en Forme libre, 1938 © FLC, VG Bild-Kunst, Bonn, 2025 © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose

Sous le commissariat de Katia Baudin, directrice du musée, et Waleria Dorogova et avec le soutien de Pernette Perriand-Barsac, Jacques Barsac ainsi que Cassina, cette exposition offre une nouvelle lecture du travail de la designeuse — d’abord connue pour sa collaboration avec Le Corbusier entre 1927 et la fin des années 1930, mais également pour avoir développé, tout au long de sa carrière, de nombreux projets et concepts répondant à des problématiques sociétales et environnementales, dont le parallèle avec celles que nous rencontrons encore aujourd’hui est presque troublant.

Une relecture à travers le prisme de l’aménagement domestique

Répartie sur 1 200 m², la partie principale de l’exposition présente plusieurs projets marquants : du célèbre Salon d’Automne de 1929 - spécialement reconstitué pour l’occasion -, à ses nombreuses expositions et collaborations au Japon - notamment le projet initié pour le ministère de l’Industrie entre 1940 et 1943 -, en passant par l’aménagement de la station des Arcs entre 1967 et 1988. Des projets qui nous font tous voyager dans le temps avec une certaine nostalgie, au cœur de son univers. « Il était important pour nous de reconstituer ces espaces en faisant vivre les pièces dans différents contextes, pour tenter de comprendre au mieux sa pensée », explique Katia Baudin.

Exposition "Charlotte Perriand. L’Art d’habiter", installation in-situ au Kaiser Wilhelm Museum à Krefeld en Allemagne. Reconstitution du salon d’Automne de 1929 par par Cassina © FLC, VG Bild-Kunst, Bonn, 2025 © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose

Fascinée par les matériaux et l’industrie, notamment le tube et l’acier, Charlotte Perriand a conçu de nombreuses pièces de mobilier devenues iconiques, à l’image de la chaise longue LC4 créée en 1928, avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret, le fauteuil Grand Confort ou encore sa célèbre table en forme libre de 1938, imaginée pour son appartement de Montparnasse à Paris, dont l’originale a été exceptionnellement prêtée par le Centre Pompidou pour l’exposition. Au total, ce sont près de 500 pièces de mobilier, croquis et photographies qui ponctuent les espaces et permettant de mieux saisir sa vision engagée et profondément réfléchie de l’aménagement domestique. « Charlotte Perriand n’était pas seulement designer, elle était aussi une instigatrice d’idées qu’elle publiait régulièrement. Elle ne se limitait pas au mobilier : elle s’intéressait aux humains et à leur manière de vivre, de façon globale », ajoute Katia Baudin.

Exposition "Charlotte Perriand, L’Art d’habiter", installation in-situ au Kaiser Wilhelm Museum à Krefeld en Allemagne. Banquette Méandre et Table basse Sicard, reconstruites par Cassina et la chaise-longue Tokyo prototype par Cassina © FLC, VG Bild-Kunst, Bonn, 2025 © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose


Aux Villas Haus Esters et Haus Lange, un focus sur son travail au Japon et ailleurs

Et qui dit rétrospective exceptionnelle, dit déploiement exceptionnel. En plus de la présentation au musée, l’exposition s’étend à un second espace, non loin de là, au sein des Villas Haus Esters et Haus Lange, toutes deux imaginées par Ludwig Mies van der Rohe en 1927. À la Haus Lange, la thématique centrale est « La Synthèse des Arts » et met en lumière le travail de Charlotte Perriand lors de ses séjours au Japon, en Indochine et au Brésil. Quant à la Haus Esters, elle accueille une exposition complémentaire, contextualisant la rétrospective du musée et proposant d’autres pièces issues de la collection d’art du Musée de Krefeld, articulées avec l’œuvre de Perriand.

Exposition « Charlotte Perriand, L’Art d’habiter », installation  in-situ à la villa Haus Lange. Bibliothèque Nuage, reconsitution par Cassina et Tabouret Berger, issues de la collection iMaestri de Cassina © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose

Une exposition itinérante à l’échelle européenne

Présentée pendant quatre mois et demi, jusqu’au 15 mars 2026 à Krefeld, l’exposition voyagera ensuite vers deux autres institutions européennes, avec l’objectif d’élargir encore la portée internationale du travail de la designeuse. Ainsi, du 1er mai au 13 septembre 2026, elle sera présentée au Musée d’Art Moderne de Salzbourg, en Autriche, avant de s’installer à la Fondation Joan Miró, à Barcelone, du 22 octobre 2026 au 27 février 2027. Une même exposition installée au sein de différents espaces, offrant à chaque fois une nouvelle interprétation et une scénographie repensée, de quoi continuer à faire vivre l’œuvre de Charlotte Perriand encore longtemps.

Exposition « Charlotte Perriand, L’Art d’habiter », installation  in-situ à la villa Haus Lange. Chaises Ombra Tokyo, issues de la collection iMaestri de Cassina © FLC, VG Bild-Kunst, Bonn, 2025 © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose
Exposition « Charlotte Perriand, L’Art d’habiter », installation in-situ à la villa Haus Lange. Tabourets Berger, issus de la collection iMaestri de Cassina et Table basse Rio, prototypée par Cassina © VG Bild Kunst, Bonn, 2025 Photo : Dirk Rose
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6/11/2025
Les faits et gestes d’Hugo Besnier exposés le long de la Seine

Fondateur d’Hartis, le designer Hugo Besnier investit jusqu’au 30 novembre un appartement parisien, quai Anatole-France, pour y présenter sa nouvelle collection : Tour de Mains.

« C’est un appartement qui m’a toujours fait rêver. Pouvoir y exposer aujourd’hui est une chance », annonce Hugo Besnier depuis la vaste véranda de cet appartement ouvert sur la Seine. C’est dans cette ancienne propriété du couturier Pierre Cardin, prêtée par l’agence Barnes jusqu’au 30 novembre, que le fondateur d’Hartis présente Tour de Mains, sa nouvelle collection. Composée d’une trentaine de pièces, pour la majorité nouvelles à l’exception de quelques éléments imaginés pour des projets précédents mais redessinées, la collection se découvre de salle en salle. Transcription de l’univers d’Hugo Besnier, celle-ci a été imaginée pour fonctionner comme un tout. « Mon but était de créer un ensemble harmonieux, mais en évitant à tout prix l’effet catalogue, avec le même détail et la même finition partout. C’est quelque chose à la mode, mais je voulais absolument éviter cette facilité », revendique le designer, qui est à l’origine d’un ensemble avant tout usuel, dans lequel « on n’a pas peur de poser un verre ou de s’asseoir ».

©Matthieu Salvaing

Le geste créateur

La chaise Biseau, la table d’appoint Cintrage ou encore la suspension Ciselure. En lisant le catalogue de l’exposition, la philosophie d’Hugo Besnier s’impose rapidement. « Chaque pièce porte le nom d’une technique artisanale ou d’un outil, car Tour de Mains est un hommage à l’écosystème de l’artisanat. » Conçue avec l’appui des Meilleurs Ouvriers de France et des Compagnons, la collection a été imaginée comme un vecteur de mise en valeur du geste : de celui du dessinateur, auquel le designer se prêtait déjà enfant lorsqu’il s’ennuyait à l’école, jusqu’à celui du fabricant. Un principe guidé par la rencontre de deux mondes : celui d’une construction rationnelle, fruit de l’intelligence humaine d’une part, et la notion d’évolution plus aléatoire et organique de la nature d’autre part. Une dualité héritée de son enfance passée entre Fontainebleau et Paris ; « les arbres et les immeubles haussmanniens » mais aussi caractéristique de ses inspirations. « Le mobilier Louis XIV et le repoussement des limites artisanales dans une sorte de perfection, parfois au détriment du fonctionnalisme, me parlent tout autant que son opposé, le style scandinave. Quant au Wabi-Sabi et à l’idée de beauté dans l’imperfection, j’y vois une certaine résonance avec mon approche », assure le designer, dont la collection a été l’occasion de développer de nouvelles techniques, parmi lesquelles le ponçage et le polissage de la croûte de cuir.

©Matthieu Salvaing

Un parcours façonné par la création

Inspiré par les dessins de sa mère et la délicatesse de sa grand-mère, « qui dissimulait les portes et recherchait l’harmonie en accommodant les meubles avec des fleurs de saison », le designer se souvient avoir « toujours voulu être architecte d’intérieur ». Mais c’est lors de ses études en école de commerce que l’idée se concrétise, avec son premier appartement étudiant « entièrement dessiné pour qu’il ne ressemble à aucun autre ». Un projet personnel qui l’amène rapidement à repenser l’intérieur de l’hôtel particulier de son parrain de promotion. Dès lors, la machine est lancée et Hartis naît en 2020. Puis les choses s’enchaînent : d’abord sur le continent américain, avec un premier article dans le AD américain, puis une place dans la Objective Gallery de Soho, d’où naîtront plusieurs projets. Ce n’est qu’avec Tour de Mains que le designer revient sur la scène française. Un projet mené dans la continuité de son parcours, dans lequel la qualité du geste est aujourd’hui le qualificatif premier de son approche.

©Matthieu Salvaing
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