Jonas Bohlin : “Nous, designers, avons la responsabilité de penser à l'impact de l'objet sur la Terre”

Jonas Bohlin : “Nous, designers, avons la responsabilité de penser à l'impact de l'objet sur la Terre”

Souvent mise en avant depuis le début du siècle, la notion de développement durable commence seulement à être assimilée. En Europe, seule la Suèdeavec son industrie du meuble fait figure d’exception. Dans le cadre de la Paris Design Week, nous avons rencontré Charlotte van der Lancken et Jonas Bohlin, deux designers suédois qui ont fait du développement durable leur mot d’ordre.


Charlotte Van Der Lacken

Jonas Bohlin

Vous êtes deux designers issus de générations différentes. Ces générations portent-elles le même regard sur la durabilité ?

Jonas Bohlin. Lorsque j’étais à l’école d’art Konstfack de Stockholm, entre 1976 et 1981, il n’y avait pas de discussions sur le climat ou sur la Terre. Du moins, pas dans l’industrie du design. C’était plus une question politique. J’ai choisi d’en tenir compte dans mon travail, c’est-à-dire de réfléchir aux matériaux et aux méthodes de construction qui ont un impact minimal sur la Terre. Fondamentalement, cela signifiait, et signifie toujours, de fabriquer un objet qui puisse vivre 100 ans, tant au niveau de la conception que des matériaux.
Aujourd’hui, le sujet est beaucoup plus pris en compte. Cela s’est produit pour de nombreuses raisons, mais je crois que l’une d’entre elles a été la discussion entre professeurs et étudiants : un échange de connaissances entre générations.

Charlotte von der Lancken. Lorsque j’ai commencé en 2004, le changement climatique n’était pas un sujet aussi important qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, la prise de conscience est beaucoup plus importante mais nous continuons à consommer : trois fois plus que dans les années 1970. Les professionnels travaillent maintenant pour consommer différemment, créer différemment, et les designers ont un rôle à jouer. Je travaille moi-même avec les scientifiques de l’institut RISE. Il s’agit de remplacer les matériaux nocifs tels que les plastiques, les matériaux d’origine fossile par du bois.

Parlons maintenant de votre démarche design. À quel point la durabilité l’encadre-t-elle ?

C.L. Par rapport à mes débuts, je pense à la durabilité dans une bien plus large mesure. En tant que designer, vous faites partie d’un ensemble plus vaste, composé également du producteur, du consommateur et de toute la sphère économique qui l’entoure, mais nous avons davantage notre mot à dire sur l’impact qu’un objet peut avoir sur la planète. Par notre conception et le matériau que nous décidons d’utiliser, nous devons penser à la fin de vie du produit, d’autant plus si l’on sait qu’il sera utilisé pendant une courte période.

J.B. Le design concerne toute la vie d’un objet, depuis l’idée de celui-ci jusqu’à ce qu’il n’existe plus. Bien sûr, vous ne pouvez pas imaginer ce qui va se passer, mais nous, les designers, nous avons la responsabilité de penser à l’impact de l’objet sur la Terre.

L’objet est-il pensé dans un écosystème plus large que sa simple fonction ? Son interaction avec l’environnement par exemple ?

C.L. Tout se résume au type de matériel que vous utilisez. L’objet que vous créez doit être détachable, et les gens doivent pouvoir en recycler des parties ou même en réutiliser certaines. Mais aujourd’hui, le système n’est pas vraiment pensé pour le recyclage, car les entreprises doivent vendre de nombreux produits pour réaliser la plus grande marge possible. Le système économique doit être adapté à la réalité, encore plus en Suède : en termes de matériaux, le produit est déjà là dans notre forêt, et nous devons nous rendre compte que nous pouvons l’utiliser beaucoup plus de fois qu’une seule fois.

Par quoi votre démarche est-elle guidée ? La recherche de nouveaux matériaux, le recyclage, la traçabilité…

C.L. Nous devons être capables d’utiliser les matériaux dont nous disposons. En Suède, 70 % du pays est couvert de forêts et d’arbres, une source renouvelable qui consomme de grandes quantités de CO2. Pourquoi importer du bois d’autres pays ? Nous devons retourner dans nos forêts et mieux les utiliser.

J.B. Nous nous sommes éloignés de la forêt, et en tant que designers ou architectes, nous devons veiller à l’utiliser correctement, d’autant plus s’il s’agit d’un matériau auquel nous avons librement accès. Mais la durabilité, ou l’écologie, n’est pas seulement une question d’objets et de design. C’est aussi une question d’êtres humains. Nous devons tenir compte du fait que les personnes qui travaillent dans les usines, qui fabriquent les objets que nous avons conçus, doivent également avoir accès à une bonne qualité de vie.

À quel point les industriels sont à l’écoute de votre engagement ?

J.B. Pour ma part, les fabricants doivent m’écouter. Lorsque je réalise des intérieurs, ou des dessins pour des usines suédoises, je décide comment le faire et quels sont les matériaux à utiliser. S’ils ne sont pas d’accord, notamment au sujet des coûts, ils s’adressent à quelqu’un d’autre. Ce que je veux dire, c’est que les fabricants doivent nous écouter, parce que nous, les designers, sommes les cerveaux. S’ils ne le font pas, ils n’obtiennent aucun produit.

C.L. Ils écoutent dans une large mesure ce que nous, les designers, disons. En fin de compte, c’est toujours une question d’économie. Pouvons-nous vendre cela à un certain prix ? Avoir une certaine marge ?
C’est aussi une question de label : en Suède, nous sommes l’un des pays les plus stricts en termes de labels et de certifications, pour vendre aux écoles, aux espaces publics… Il y a des limites. En tant que designer, vous n’êtes pas entièrement libre de tout décider, vous devez vous adapter à la situation, et faire le maximum.

Inside Swedish Design fait cohabiter entreprises de premier plan et des designers de renommée internationale avec la prochaine génération de talents. Qu’apporte l’initiative Inside Swedish Design dans cette quête de développement durable ?

J.B. Inside Swedish Design s’adresse à ceux qui veulent être plus écologiques et placer la durabilité au-dessus de tout. En réunissant entreprises et designers, on se donne l’opportunité de changer plus rapidement et plus efficacement. Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de designers, beaucoup d’usines, beaucoup de producteurs, mais il n’y a toujours qu’une seule Terre.

C.L. C’est une question de collaboration. Le design suédois d’intérieur favorise la communication entre les entreprises. Par exemple, il nous aide, à la REIS, à promouvoir les nouveaux biomatériaux. Lorsqu’il s’agit de durabilité, les changements doivent être importants. Et pour cela, il doit toucher le plus grand nombre de personnes.

Rédigé par 
Rémi de Marassé

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14/2/2022
Z Ⓢ ONAMACO, the Mexican show is becoming a must

Z Ⓢ ONAMACO, a hub of art in Latin America, has just closed its doors. From February 9 to 13, this event, which is now one of the most important on the world stage, came back in force for its 18thE editing. By using its quadripartite format combining antiques, contemporary art, modern art, design and photography, from all continents.


Au Citibanamex Center from Mexico City, Z Ⓢ ONAMACO has returned to its quarters, after more than a year of absence due to the pandemic. Welcoming more than 200 galleries and exhibitors from more than 25 countries around the world, the fair with the stylized skull logo, founded in 2002, offers amateurs, museums, curators, architects, national and international collectors the best of contemporary and modern art, as well as design, photography and antiques. For this last edition, it therefore returned to a broad and international formula that had proved its worth before the crisis, thus abandoning the “Zona Maco Art Week” which urged, between April 27 and May 2, 2021, local galleries to offer unique or collaborative exhibitions, in the heart of the gigantic megalopolis.

Courtesy of Z Ⓢ ONAMACO

Z Ⓢ ONAMACO: Four for one

Its specificity? Offer four fairs in one, namely “Zona Maco Arte Contemporaneo”, “Zona Maco Arte Contemporaneo”, “Zona Maco Disěno”, “Zona Maco Salon” and “Zona Maco Foto” -, coupled with rich satellite events, such as its “Conversations” program inviting discussions on current issues and the establishment of parallel activities in a number of institutions and galleries in the city.

Most important of all, the general sector of “Zona Maco Arte Contemporaneo” this year housed around 70 leading international galleries offering pieces using all mediums, with global signatures. Among these brands, the Italian Continua with two addresses in France, but also Gagosian Gallery, the American one with two galleries in Paris, which is no longer presented. Loyal among the faithful, the Mark Hachem gallery, which specializes in the modern art scene in the Arab world and in kinetic art, is, this year, the only Frenchy to be part of the general section. Indeed, leading companies, such as the Lelong Gallery, present in 2019, which was joined, in 2020, by Perrotin Gallery, Almine Rech, Italian Gallery, Opera Gallery, seem to have, for the time being, deserted Mexican territory.

Courtesy of Z Ⓢ ONAMACO

A new section created by the fusion of “Nuevas Propuestas” and “Foro”, “Zona Maco Ejes” welcomes around thirty young or established galleries that are particularly sensitive to current challenges. Within it, the Franco-Peruvian Younique, known for defending, among other things, the South American scene, has returned for the second time. A new exhibitor, the very young 193 Gallery, dedicated to multicultural contemporary scenes (Southeast Asia, Africa, Caribbean, South America, Europe, Oceania), in Paris, defended its artists there. Once again this year, on the stands of Hispanic galleries — many of them from South America —, the section entitled “Zona Maco Sur” highlights dialogues between two visual artists, where “art, nature and imagination meet”. With around sixteen brands, including Diptych Fine Arts and the prestigious Marlborough Gallery, “Arte moderno” celebrates the art of the first half of the 20th century.

Courtesy of Z Ⓢ ONAMACO
Courtesy of Z Ⓢ ONAMACO

The French Touch of Design celebrated in Mexico City

For its part, the twenty-five galleries of “Zona Maco Disěno”, a show active since 2011 and organized this year by the curator, artist and industrial designer, Cecilia León de la Barra, offer furniture, jewelry, textiles, textiles, textiles, decorative objects, but also limited editions and historical pieces. For its first participation, the Mobilier National, a symbol of French excellence since the 17th century, responsible for the conservation and restoration of national collections, presents “On a pixel cloud”, one installation composed of a carpet, a sofa, two armchairs and a table, created by the French artist, a pioneer of virtual and digital art Miguel Chevalier, and the Franco-Japanese Design Studio A+A Cooren (Aki and Arnaud Cooren). A very metaphorical work evoking “the quantitative explosion of digital data forcing us to find new ways to store data and to see and analyze the world”, and therefore combining new technologies with the refined forms of minimalist design.

“On a cloud of pixels”, by Miguel Chevalier and Studio A+A Cooren @ Thibaut Chapotot

Made by the Manufacture de la Savonnerie, the rug represents a refined and graphic alphabet of black, gray and white pixel patterns. The sofa and the two armchairs were made by the Atelier de Recherche et de Création (ARC), upholstered by the tapestry decoration workshop, and covered with a Dedar cotton fabric cover, printed by the Prelle company. As for the coffee table made of polymethyl methacrylate (PMAA) by the company Dacryl, in association with ARC, it is in the shape of a magnifying glass and tinted and polished.

Photographs and antiques for a complete offer

Finally, the ten Latin American galleries of the “Zona Maco Salon”, a fair created in 2014 and specialized in art before 1960, as well as the fifteen “Zona Maco Foto”, including the Parisians Lou & Lou Gallery and Gregory Leroy Photographie, have completed a resolutely complete and diversified offer of 2022 art. Despite a global context still febrile by health uncertainties and a European scene shaken up by the arrival, next autumn, of the Swiss juggernaut Art Basel, in the country of Fiac, the one that is purposely nicknamed “Hispanic Art Basel” will, we hope, be able to reinvigorate the market at the beginning of the year. And to attract visitors again through the quality of its exhibitors, the plurality of its proposals, such as the promotion of a local scene, rich, although still too confidential on a global scale.

ZMONACO, Centro Citibanamex, Av. del Conscripto 311, Lomas de Sotelo, Hipódromo de las Américas, Miguel Hidalgo, 11200, Mexico, Mexico.

www.zsonamaco.com From February 9 to 13, 2022.

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10/3/2022
Zineb Sedira représente la France à la 59e Biennale de Venise

Dans le pavillon français au sein des Giardini de la Serénissime, « Les Rêves n’ont pas de titre, Dreams have no titles » de l’artiste franco-algérienne Zineb Sedira va évoquer des questions actuelles et politiques, sous couvert de propos éminemment personnels.


Après Xavier Veilhan et son « Studio Venezia » en 2015, Céleste Boursier-Mougenot et sa proposition poétique et environnementale « Rêvolutions » en 2017, Laure Prouvost et son projet très aquatique « Vois ce bleu se fondre » de 2019, c’est au tour de Zineb Sedira de s’emparer des divers espaces du pavillon français pour cette nouvelle édition. Soutenu par l’institut français, curaté par Yasmina Reggad commissaire indépendante et directrice de la Bienal das Amazônias de Belèm, au Brésil, ainsi que Sam Bardaouil et Till Fellrath, commissaires de la Biennale d’art contemporain de Lyon 2022 et fondateurs de la plateforme curatoriale artReoriented, son projet s’envisage comme une installation protéiforme mêlant parcours de vie familiale et interrogations multiples associant la France, l’Algérie à l’Italie.

Yasmina Reggad © Lola Reboud
Sam Bardaouil et Till Fellrath © Blandine Soulage

Installation immersive axée sur le cinéma et la famille

« Etant une plasticienne vidéaste, le fil de mon projet s’articule autour du cinéma à travers une coproduction algéro-franco-italienne et se veut un petit clin d’œil à la Mostra de Venise », explique-t-elle, lors de la présentation presse au cinéma Jean Vigo qu’adolescente, elle fréquentait, à Genevilliers.  Toutefois, « Les Rêves n’ont pas de titre, Dreams have no titles » est une installation plus large, rassemblant au sein de l’architecture néoclassique du pavillon – avec laquelle il peut être parfois complexe de négocier -, des films, des objets, des archives et meubles personnels de l’artiste, un peu à l’image de son exposition « L’espace d’un instant » présenté au Jeu de Paume, en 2019, qui reconstituait une partie de son salon, à Londres. Un projet à la fois intime et universaliste, qui parle de sa famille mais aussi de racisme, de solidarité, de colonisation et décolonisation, d’identités multiples, à travers la présentation de « films significatifs, issus du répertoire du cinéma militant algérien des années 1960 ».

Pavillon français ©DR

Le cinéma militant algérien comme point de départ pour Zineb Sedira

Pour mener à bien ce projet, Zineb Sedira a travaillé pendant plus de deux ans, durant lesquels elle a retrouvé, en Italie, le film « Les Mains libres (ou Tronc de figuier) », réalisé en 1964 par l’italien Ennio Lorenzini. Restauré en partenariat avec la Cineteca di Bologna, avec laquelle Zineb Sedira a beaucoup collaboré, ce premier long métrage algérien « post indépendance », véritable « autoportrait d’un jeune Etat qui vient de gagner sa liberté » sera projeté dans les espaces pavillonnaires.

Les rêves n'ont pas de titre © Thierry Bal et © Zineb Sedira

En complément et conférant une trace écrite à ses recherches multiples, trois journaux portant le nom de ses trois villes de cœur pour le projet – Alger, Paris, Venise –  y seront présentés. « Ils synthétisent toutes les longues heures de discussion et de travaux que j’ai pu mener en Italie, en France, bien que je n’aie pu me rendre en Algérie à cause de la crise sanitaire » explique-t-elle. « Ils relatent tout le cheminement vers cette production finale et informent de ce qui se passe au sein du pavillon. »

Les rêves n'ont pas de titre © Thierry Bal et © Zineb Sedira

Au-delà de cette vision intime et universaliste du monde qui montre combien des propos personnels peuvent avoir une résonnance internationale, l’on peut se poser la question du choix de la plasticienne et de son projet pour représenter la France. Si la franco-algérienne soutenue par le galeriste Kamel Mennour se défend d’avoir imaginé une proposition aux accents politiques, alors que le 18 mars 2022 marque le 60e anniversaire de la signature des accords d’Evian mettant fin à la guerre entre l’Algérie et la France, la coïncidence reste troublante. « La biennale a été reportée d’une année, ajoute-t-elle, je n’ai pas pris cela en compte… » Et Yamina Reggad d’ajouter : « son propos est plus en continuité avec celui de Laure Prouvost pour le pavillon. »

Zineb Sedira, Les Rêves n’ont pas de titre/ Dreams have no titles, Pavillon Français, Giardini dell’Arsenale, Venise,  du 23 avril au 27 novembre 2022.

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19/2/2024
Ypsilon, le modèle haute couture de Lancia

Le nouveau modèle Ypsilon de la marque Lancia a été dévoilé le 16 février à Milan. Réalisé en partenariat avec Cassina, l'intérieur du véhicule est un hommage raffiné à la marque automobile.

Fruit d'une collaboration entre les deux grandes marques de design italien que sont Lancia et Cassina, la nouvelle Ypsilon allie astucieusement l'élégance d'un design sobre et le raffinement digne des grandes maisons. Avec sa motorisation électrique permettant 403 kilomètres d'autonomie et ses dimensions légèrement plus imposantes que les précédents modèles, ce véhicule s'inscrit dans les tendances actuelles. Dévoilée le 16 février et commercialisée en Italie à partir du mois de mai, elle fera son apparition en France dans le courant de l'année pour 39 500€.

Avec son design résolument contemporain et sa motorisation électrique, le véhicule s'inscrit parfaitement dans l'air du temps ©Cassina_Lancia

Lancia réinvente son essence visuelle

Habituée aux formes arrondies, la marque propose cette fois-ci un modèle bleu et noir aux lignes plus tendues. La calandre, élément identitaire de la marque a été enlevée et remplacée par trois fines lignes led qui structure l'allure frontale de la voiture. Autre changement, l'écusson Lancia disparaît lui aussi au profit d'un lettrage argenté, perforé sur l'avant du capot. En opposition à l'avant relativement plat, l'arrière du véhicule est quant à lui marqué par une superposition de volumes anguleux au sein desquels se logent deux feux ronds repris au modèle sportif Stratos. Bâtie sur une plateforme Stellantis (utilisée également pour L'Opel Corsa ou la Peugeot 208), Ypsilon entre dans la lignée des compacts « premium ».

Compacte, son allure rappelle ses concurrentes de chez Renault et Opel ©Cassina_Lancia

Un petit habitacle connecté et haut de gamme

Conçu pour accueillir quatre passagers et de petits bagages (le coffre oscille entre 310 et 340 litres.), l'intérieur est surtout le résultat d'une conception main dans la main avec Cassina. Ultra-connectée, elle cumule les allusions à l'histoire et à l'identité du constructeur. Hommage aux savoir-faire italiens, Yspilon est le premier modèle de la marque à proposer une petite « table » intérieure. Ce « tavolino » en cuir bleu cousu à la main, prend place à l'avant de l'habitacle et intègre notamment une base de recharge par induction. Également réalisés par Cassina, les sièges en velours bleu ont été réalisés dans une trame « cannelloni ». Une référence au tissu utilisé par Lancia sur ses premiers véhicules. Pour Luca Napolitano, PDG de la marque Lancia, « LANCIA YPSILON EDIZIONE LIMITATA CASSINA représente l’expression ultime du confort et du design à bord [...]. Ce résultat a également été possible grâce à la collaboration de Cassina qui, avec notre Centro Stile de Turin, a conçu une véritable pièce à vivre, inspirée de l’esprit accueillant des maisons italiennes ».

Dans l'habitacle dessiné en collaboration avec Cassina, les technologies côtoient les matières nobles ©Cassina_Lancia

Pensée comme complémentaire à l'esthétisme des matériaux, les technologies sont également omniprésentes dans l'habitacle. Outre le large écran de contrôle, Yspilon est équipé de l'Apple CarPlay et l'Android Auto, mais également d'un assistant vocal. Un outil qui permet à l'utilisateur d'optimiser l'espace par le biais du système S.A.L.A, acronyme de Sound, Air, Light and Augmentation, également réglable par l'écran. Une conception à la fois technologique et esthétique qui rend hommage aux routes déjà tracées par le design automobile italien.

Le « tavolino » qui occupe une place centrale dans le véhicule est à l'image de la conception globale : raffiné ©Cassina_Lancia

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21/9/2022
World Design Cities Conferences à Paris Design Week

Le 15 septembre dernier, Paris Design Week et Shanghai Design Week inauguraient à la Galerie Joseph Saint-Merri, World Design Cities Conférence. Fort en symboles, le vernissage de l’exposition, accompagné de tables rondes, illustrait la collaboration entre Paris Design Week et la ville de Shanghai, qui ont signé un accord de long terme avec Shanghai Design Week en février dernier. Ce partenariat très riche, à visée long terme, met le design au cœur des coopérations.


De gauche à droite : Myriam KRYGER : Ancienne attachée culturelle du Consulat Général de France à Shanghai
Lyne Cohen-Solal : Présidente de la Fondation Atelier de Paris, Mairie de Paris, ancienne Adjointe au Maire de Paris
Marc Partouche : Secrétaire général de l'Association internationale des critiques d'art
Jiang Qiong Er : co-fondateur de la marque « Shangxia » et designer et artiste contemporain
Franck Millot : Président de la Paris Design Week
Lauriane Duriez : Directrice du Bureau du Bureau d'études de la Ville de Paris
Chen Gang : Premier Secrétaire du Bureau Culturel de l'Ambassade de Chine en France
Tao Xiaoma : Fondateur de la marque « Zhihe », PDG du groupe Zhihe Kafen
He Liqin : Président de Bank of China Paris Branch

Ces échanges ont une histoire : La ville de Shanghai a rejoint en 2010 le « Réseau des villes créatives » créé par L’UNESCO, soit 246 cités ayant identifié la création comme facteur de développement urbain durable. Dans cette mouvance, Shanghai a lancé la « World Design Cities Conférence », une série d’événements consacrés au design, qui démarre aujourd’hui, simultanément en France et en Chine. Le thème, « Design sans frontière, Coopération durable », illustre concrètement la richesse des échanges internationaux.

Shanghai, vue du Bund

Rénovation urbaine

L’exposition présentée du 15 au 18 septembre était conséquente : elle couvrait d’ailleurs les trois étages de la galerie. Elle s’ouvrait sur l’urbanisme, avec une séquence immersive sur les bouleversements du paysage urbain de Shanghai, intitulée «  le Bund invisible » conçue par Tseng Wei-Hao et Huang Pei, et présentait  les œuvres  de deux artistes, Lin Shan et Cotton Zhou. Les vidéos présentées témoignent de l’évolution de ce quartier emblématique, qui fait face au Museum of Art Pudong signé par Jean Nouvel. Son geste rappelle combien les plus grands architectes chinois et étrangers ont transformé l’architecture de la mégalopole. En miroir, au dernier étage de la galerie, la transformation du paysage urbain français était abordée par l’historien d’art Marc Partouche qui aborde l’ensemble urbain Paris-Saclay à travers le regard de plusieurs artistes notamment Miguel Chevalier, Céline Clanet, Bernard Moninot et Arno Gisinger.

Tao Xiaoma fondatrice d'ICICLE

Mode et design

Rejoignant la thématique « design sans frontière », l’exposition abordait bien évidemment le design produit. Elle valorisait particulièrement des entreprises créatives et innovantes, dans les domaines de la mode et du design. On découvrait par exemple des marques de mode haut de gamme comme ICICLE. C’est aussi l’occasion pour le public de tester les nouvelles collections de chaises en fibre de carbone conçue par Jiang Qiong’er, la conseillère artistique de l’exposition et co-fondatrice de la marque de luxe ShangXia. À cette occasion, la designeuse présentait « Essensualisme », un sublime ouvrage qui revenait sur les 13 premières années de cette aventure avec Shang Xia, et la mise en avant de savoir-faire traditionnels dans des collections hautement contemporaines.

Shang Xia, nouvelle collection designée par Jiong Shiang Er

Maison & Objet Design Award China

Parallèlement à la découverte d’entreprises artisanales dans le domaine de l’objet, la mode, l’art de vivre au sens large, l’exposition donnait aussi un coup de projecteurs aux jeunes talents : une belle visibilité est ainsi donnée aux designers émergeants de la section « DesignPlus » de Shanghai Design Week, ainsi qu’aux lauréats de la deuxième édition du prix Maison & Objet Design Award China. Ce prix est décerné à des designers chinois par un jury sino-occidental, qui comprenait notamment des personnalités comme Pierre Favresse, Rossana Orlandi ou encore Isabelle Stanislas.

Œuvres sélectionnées de DesignPlus, la plateforme mondiale de designers chinois de la Shanghai Design Week

Design Care et NFT

Cette journée d’inauguration est aussi l’occasion d’échanges, de mise en réseaux de professionnels. Trois tables rondes se sont succédé : la première, consacrée à l’enjeu de porter le design sous l’angle du « care » à notre ère numérique, la deuxième sur le développement d’acteurs majeurs du design dans le secteur du luxe à Shanghai, la troisième sur les NFT et le métaverse. Des thèmes en écho au « méta-sensible »,  fil conducteur de ces éditions de Maison & Objet et de Paris Design Week.

Les festivités et les échanges se sont prolongés dans la soirée par une « networking party » : une première journée de World Design Cities Conferences, prometteuse par son dynamisme, et la qualité des sujets abordés.

Table ronde ''Design Care à l'ère numérique'' : de gauche à droite :
Marc Partouche, Secrétaire général de l'Association internationale des critiques d'art
Franck Millot, directeur de la Paris Design Week
Antonio Frausto, directeur de l'agence Arte Charpentier
Thomas Dariel, designer et fondateur de Maison Dada

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