Color the Life : pour un design coloré mais responsable
Image extraite du guide sur le design des espaces de soin à destination de Tarkett © Color The Life

Color the Life : pour un design coloré mais responsable

Marion Lamarque est la cofondatrice de Color The Life crée en 2021. Ce réseau spécialisé dans le développement de la couleur responsable, intervient dans différents secteurs, notamment celui du design. À travers différentes formes d’accompagnements, les professionnels du réseau aspirent à un monde certes plus coloré, mais surtout plus respectueux de l’environnement. Entretien. 

Quel a été votre déclic concernant l’importance de la couleur dans le design ? 

Après mon bac, j’ai intégré l’école d’arts appliqués Olivier de Serres puis je suis entrée à l’Ensad en 2000 et c’est là que j’y ai découvert la couleur. À l’époque, on n'avait pas autant de possibilités de faire du design partout. La couleur est ce qui m’a permis de travailler à 360° aussi bien sur de l’édition que sur de l’architecture, de l’urbanisme, du bijou, du produit. C’est cette possibilité de travailler sur tous les supports qui m’ont orientée vers la couleur. Quelques années plus tard en 2009, j’ai quitté Paris pour m’installer dans le nord de la France pour intégrer Décathlon en tant que responsable couleur. J’étais en charge de toute la stratégie de marque et du design pour comprendre comment la couleur était appliquée sur les produits, comment on la fabriquait et comment on gérait sa production. C’est là que j’ai découvert que la couleur allait bien au-delà du design et que cela avait une influence émotionnelle sur les gens, mais aussi sur l’environnement.

Vous avez fondé le réseau Color the Life en 2021, quelle en est la génèse ? 

Mon expérience chez Décathlon m’avait permis d’ouvrir les yeux et le fait d’avoir été au sein d’une entreprise engagée sur les questions environnementales m’a donné envie d’aller plus loin et c’est de là que part Color the Life. Avec mon cofondateur Hervé Raby, nous nous sommes entourés de toutes les personnes ayant de fortes compétences sur la couleur dans le secteur du design, de la recherche, de l’ingénierie, du marketing, en se donnant comme objectif de développer le business responsable par la couleur. Nous travaillons donc à la fois sur l’offre de couleur mais également auprès de ceux qui la crée et la développe. 

Quelles actions concrètes y sont menées ?

Composé de 18 personnes, Color the Life est un réseau pluridisciplinaire qui agit via trois actions. D’abord, la sensibilisation, qui peut passer par un cycle de webinaires par exemple comme nous l’avons proposé en 2021 sur le thème « couleurs et santé » qui était à destination de designers, professionnels de santé mais également du grand public. Ensuite, la formation, qui peut prendre la forme d’ateliers ou d’échanges sur différents thèmes en lien avec la couleur. Enfin, nous intervenons en tant que conseillers au sein d’une marque, tant sur le design, que sur la partie développement ou le concept magasin dans son ensemble.

Quelle place prend la couleur dans l’élaboration d’un produit ? 

L’étude « The Impact of Color on Marketing » menée Emerald Insight indique que 85 % de la décision d’achat d’un textile passe par la couleur. Il existe des codes à respecter au niveau culturel ou législatifs, mais il y a également un imaginaire collectif à prendre en compte, qui peut différencier d’un pays à l’autre. C’est pourquoi au sein de notre équipe nous avons des experts en mesure de former les designers couleurs sur l’aspect qualité et industriel de la couleur et qui vont d’autre part prendre le temps d’expliquer le langage émotionnel de la couleur matière et finition. Globalement, certaines couleurs vont être associées à certaines émotions. Prenons une nouvelle fois l’exemple de Décathlon qui exerce dans plusieurs secteurs sportifs : le surf va être associé à la plage de Bora Bora ou Tahiti, les maillots de bain sont donc le plus souvent turquoise tandis que le Yoga arborera des couleurs en lien avec la nature et l’extérieur alors même que la plupart des cours s’effectuent dans des salles fermées. Généralement, casser les codes permet de se démarquer comme ce fut le cas du vélo rouge de Décathlon qui avait fait s’envoler les ventes. Tout dépend de ce que la marque souhaite véhiculer comme message.

Comment agir en faveur de la couleur « responsable » ? 

Avant de s’y pencher, nous n’avons pas réellement conscience de l’impact environnemental de la couleur. Le mode d’action peut ainsi prendre la forme d’analyses en étudiant par exemple le ratio entre les ventes et l’offre, permettant aux marques de se rendre compte si leur clientèle a besoin de nuances de couleurs en particulier. On peut également faire des analyses marketing, de territoires de couleurs, de process ou agir sur la direction artistique et créative qui à terme auront des conséquences positives pour l’environnement et l’entreprise.

© Boulanger

En 2022, nous sommes intervenus auprès de l’entreprise de produits d’électroménager Boulanger à travers différents canaux. L’entreprise avait une équipe de design composée de quatre personnes dont la couleur n’était pas l’expertise. Notre rôle a été dans un premier temps de faire un diagnostic sur leur connaissance de la couleur pour ensuite leur transmettre notre savoir faire pour leur offrir la possibilité de réaliser leur propre diagnostic à l’avenir. En parallèle, nous avions mis en place des ateliers collaboratifs et créatifs et avons initié un travail sur la gamme couleur et sur une montée en gamme par la couleur. Tout ce travail a permis de réduire de 23 % leurs émissions de CO2 en développement produit, en seulement six mois. Et la résultante a été qu’une fois en magasin, les produits ont fonctionné, puisque lorsqu’une gamme est bien travaillée, il y a toujours un gain économique derrière. 

© Boulanger

Etes-vous intervenu auprès d’autres acteurs significatifs ? 

Nous collaborons depuis 2021 avec Tarkett dans l’élaboration de guides de couleurs/finitions à destination des architectes et designers. Nous travaillons sur l’offre globale de la marque sur les sols - plastique, moquette -, dans le but de la valoriser, de la simplifier et de la rationaliser au maximum au sein des projets.

Image extraite du guide sur le design des espaces de soin à destination de Tarkett © Color The Life

Des actualités spécifiques à venir pour le réseau ? 

Nous inaugurons au mois de juin deux nouvelles antennes du réseau, en Île-de-France et dans les Hauts-de-France, dans le but de favoriser les échanges entre nos membres. À ce propos, deux soirées d’inauguration se tiendront à Lille le 11 juin et à Saint-Ouen le 13 juin !

Plus d'informations sur : https://www.colorthelife.org/

Rédigé par 
Maïa Pois

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9/12/2025
Le Tabouret de Jean Prouvé réinventé pour La Source Garouste

Pour sa 28e édition, La Source Garouste s'est emparée du Tabouret de Jean Prouvé. Un classique de l’architecte et designer, repensé en 55 versions alternatives prochainement proposées aux enchères.

C’est un exercice auquel certains designers, créateurs de mode ou architectes sont désormais fidèles. Pour cette 28e édition, l’association La Source Garouste s’est entourée de 55 créateurs pour réinventer, tant fonctionnellement qu’esthétiquement, le Tabouret de Jean Prouvé. Icône du design offerte par la maison d’édition Vitra, la pièce devient pour l’occasion un véritable support d’expression artistique et caritatif. Une complémentarité engagée dès 1991 par le couple d’artistes Elizabeth et Gérard Garouste, afin de soutenir des actions contre l’exclusion sociale. Visibles durant trois jours, du samedi 13 au lundi 15 décembre dans l'Hôtel de l’Industrie, place Saint-Germain-des-Prés à Paris, les pièces seront vendues aux enchères à partir de 500 euros. La vente, qui se déroulera le lundi à 20 heures, sera accessible sur place et via Piasa Live et Drouot.com. En guise d’avant-goût, la rédaction d’Intramuros a sélectionné cinq pièces coup de cœur.

Pierre Bonnefille

« J’ai choisi de travailler sur deux pièces en partie et contrepartie. Lorsqu’on les regarde, ce sont deux tabourets qui retranscrivent une part de mon univers, à la fois temporel et matiériste. On peut d’ailleurs voir un lien entre ma proposition et la philosophie de Jean Prouvé par la symbolique du temps, la pérennité. En effet, j’ai imaginé une relation temporelle en laissant la partie laquée originale opposée à une intervention très visuelle réalisée à base de carbone et d’oxyde de fer. Malgré ce contraste, le design final de ma création est une recherche d'équilibre, une conversation avec le temps… »

« Résonances », Pierre Bonnefille ©Hugo Miserey

Alice Gavalet

« Pour ma galerie à New York, j’ai fabriqué des guéridons qui comportent un piètement à base carrée avec un plateau rond, comme une pièce d’échec. C’était donc une évidence pour moi de réaliser un guéridon à partir du tabouret Prouvé. Pour qu'il fasse entièrement partie de mon univers, tous les éléments ajoutés sont en céramique et ont été fabriqués dans mon atelier, à Nogent-sur-Marne. Le plateau et les boules sont des éléments que j’ai repris de mes créations passées, et le tout est recouvert de motifs de couleurs vives travaillées comme une peinture. Outre le fait que ce guéridon devienne une pièce de mobilier unique et vivante, j’aime la notion de contraste qui s’en dégage, entre le froid, la sagesse de la pièce initiale, et la chaleur, la vivacité des couleurs de mes ajouts. Si Jean Prouvé a su mêler l’artisanat et l’industrie pour adapter son travail fonctionnellement et ergonomiquement, je suis loin de toutes ces préoccupations. Je pense les objets comme des pièces uniques, à la limite de l’utilitaire. Ma réinterprétation habille le tabouret sans l’abîmer. Les deux éléments que sont le plateau et la lampe sont liées, alors que l’œuvre de Jean Prouvé reste totalement indépendante. J'ai appelé ma création "Cartes sur table", comme un livre d’Agatha Christie car ce guéridon pourrait faire partie d'un décor intrigant, ponctué d'objets de différentes origines. »

« Cartes sur table », Alice Gavalet ©Hugo Miserey

Julien Gorrias - Carbone14.studio

« Jean Prouvé est au cœur de mon travail. Sa philosophie m’a inspirée dès mes études à l’ENSCI–Les Ateliers où la cour de l’école porte d'ailleurs son nom. Au premier abord, j’étais donc très impressionné par cette pièce très iconique, mais je ne voulais pas trop me limiter. En l’examinant de plus près et en la démontant, j’ai compris très clairement sa structure. Ma démarche a été de la détourner tout en respectant son essence et son intégrité. Pour cela, j'ai voulu évoquer les années 60 et l'imaginaire américain, c'est-à-dire les structures métalliques au bord des routes et ce moulin en métal des westerns. Ces éléments font écho à Prouvé et à l’esprit de cette époque. Je me suis d'ailleurs inspiré d’une chanson de Michel Legrand écrite en 1968, date connue pour son changement de cycle de la société, qui ouvre le film "L’Affaire Thomas Crown". Même si le design n’est pas initialement pensé pour des pièces uniques, cette œuvre rappelle l’importance de la poésie et le pont avec les objets du quotidien. Je crois que c’est avant tout une sensibilité que j’ai voulu partager. Et pour cela, quoi de mieux que de rajouter des ailes pour que l'objet s’envole et une lampe pour qu’il éclaire ? Je me suis fait aider d’Estampille 52 pour le bois, de Maud Ruby pour les plumes. Le reste, c'est du remploi que j’ai trouvé dans mon atelier. En voyant la création finale, certaines personnes évoquent Jean Tinguely. Je suis passionné par ces pièces cinétiques, qui nous invitent à regarder et qui nous permettent de rêver. Les moulins sont des objets fascinants dont les mouvements induits par le vent restent toujours hypnotisants. Cette création est avant tout une pièce de fascination. »

« The Windmills of Your Mind » (les moulins de mon cœur), Carbone 14 Studio ©Hugo Miserey

Baptiste Donne - NOCOD studio

« Notre proposition est un clin d’œil facétieux à l’héritage de Jean Prouvé. Nous aimons détourner les codes et raconter des histoires avec chacun de nos projets. Et pour celui-ci, le propos étant de créer une pièce unique, nous voulions que les codes industriels de Prouvé rencontrent un savoir-faire artisanal d’exception. Cette pièce ayant suscité notre curiosité, l’assemblage du piètement s’est très vite imposé à nos yeux comme un indice, une invitation à ouvrir l’objet en deux. En le déployant selon son axe, le tabouret s’est offert tel un éventail métallique, révélant en son cœur une tôle polie miroir à l'aspect sensible. Cette approche était une manière de révéler un champ des possibles vraiment intrigant, mais c’était aussi un clin d’œil à la tôle pliée, si chère au designer, qui ici semble consubstantielle à l'objet. »

« À ouvrir avec soin », NOCOD studio ©Hugo Miserey

Chady Najem

« Avec "Main de fer, gant de velours", réalisé avec VLD Paris, L’Atelier des Étoffes et Dedar, nous avons voulu confronter la rigueur du Tabouret original de Jean Prouvé à un geste plus instinctif. L’objet originel, pensé avec une logique quasi industrielle, est fonctionnel, précis, mais aussi froid et rigide. Nous avons choisi d’y introduire une faille. Les incisions du métal ne sont pas de simples blessures, ce sont des gestes assumés, proches des entailles de Lucio Fontana, qui ouvrent un espace, une dimension plus expressive. En décapant la laque d’usine, nous avons révélé le métal nu, brut, avec ses variations et ses imperfections. Cependant, l’assise en velours de mohair offre un contrepoint calme, une douceur assumée. La pièce naît de cette tension. Elle reflète notre manière de conjuguer rationalité et émotion, en conservant la précision du plan initial de Jean Prouvé, et en apportant une poésie liée aux matières. C’est une question d’équilibre, de justesse. En mettant à nu le métal, il y avait également une forme de sincérité de la matière, une solidité évidente caractéristique. Détériorer la matière était une forme d’hommage passant par la confrontation. Ayant grandi au Liban, au milieu d’immeubles éventrés par la guerre, j’ai appris très tôt à reconnaître la beauté dans la blessure, dans ce qui reste debout malgré tout. "Main de fer, gant de velours" en garde l'empreinte. C'est une structure éprouvée, mais jamais effondrée. Le velours n’efface pas ces traces, il apporte une respiration, une douceur. »

« Main de fer, gant de velours », Chady Najem ©Chady Najem
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5/12/2025
Le nouvel hommage coloré de Monoprix aux années 70

Pour son troisième acte dédié au patrimoine de l’enseigne Prisunic, Monoprix signe un ensemble de rééditions emblématiques des grands noms du design des années 70. L’occasion pour la marque de réaffirmer son lien avec le design et son rôle de passeur entre patrimoine et création contemporaine, sur fond de création accessible à tous.

Pour la troisième fois, Monoprix célèbre le design des années 70 avec une nouvelle collection capsule. Majoritairement issues des catalogues Prisunic, les assises en tubulaire, les tables laquées et les luminaires aux courbes généreuses composent cette édition fidèle et contemporaine, teintée de couleurs pop. L’occasion pour Odil Mir, Jean-Pierre et Maryvonne Garrault ou Henri Delord de signer quelques variations de leurs créations, faisant dialoguer héritage et modernité. En charge de cet événement, Cécile Coquelet, directrice de la création chez Monoprix et responsable du bureau de style, de l’image, du merchandising et des collaborations, a répondu à cinq questions pour mieux cerner les enjeux de cette joyeuse collection, visible jusqu’au dimanche 7 décembre au 5 rue Saint-Merri, dans le 4ᵉ arrondissement de Paris.

©Monoprix


Cette présentation était le troisième acte des rééditions Prisunic. Pourquoi avoir voulu de nouveau faire la part belle aux années 70 ?

Effectivement, nous avions déjà consacré la première édition à cette décennie en 2021, parallèlement à une grande exposition qui avait eu lieu au Musée des Arts Décoratifs de Paris pour les 90 ans de Monoprix, puis en 2023 pour la seconde édition. À chaque fois, nous nous sommes intéressés aux années 70 car elles résonnent beaucoup avec les tendances actuelles. C’est une période où le design était très gai, que ce soit par les tubulaires en acier ou les couleurs pop. C’est ce que nous recherchons dans nos rééditions. Les pièces seventies n'ont pas pris une ride. A l’époque elles étaient modernes et design, aujourd'hui elles sont rétro et design, et c'est ce qui plaît !


Pour cette nouvelle édition, vous avez choisi de mettre à l’honneur les créations d’Odil Mir, de Jean-Pierre et Maryvonne Garrault, d’Henri Delord, ainsi que celles du studio Prisunic. Pourquoi cette sélection d’artistes ?

Odil Mir était à l’époque l’une des rares femmes designers présentes dans le catalogue Prisunic. Mais c’est aussi sa vision qui nous a intéressés, puisqu’elle est sculpteuse de formation, et cela se retrouve beaucoup dans ses objets. Ils sont à la fois sculpturaux et organiques, ce qui apporte une vraie légèreté. Ce mélange en a fait une figure importante des années 70.
Concernant Jean-Pierre Garrault, c’est un créateur qui était d’abord peintre, mais qui a vraiment touché à tout. Avec sa femme, Maryvonne, ils ont été designers textile et ont assuré, entre autres, la direction artistique de Formica. Et puis, au-delà du fait que nous rééditions ses pièces pour la troisième fois, il a aussi mené des collaborations très intéressantes avec Henri Delord, que nous souhaitions également remettre à l’honneur.


Dans quelle mesure avez-vous retravaillé les pièces avec les designers ?

Il y a toujours un travail de recherche que nous menons en interne. Cela passe par les catalogues que nous rachetons ou par des propositions issues des archives personnelles des designers. Il faut comprendre que certaines pièces n’ont jamais été éditées, ou alors en très peu d’exemplaires. C’est le cas des pièces d’Odil Mir. Quoi qu’il en soit, cela nous oblige généralement à refaire les fiches techniques. C'est un travail assez laborieux, mais qui nous permet aussi de rencontrer les designers, mais aussi de collaborer avec Yves Cambier, Francis Bruguière et Michel Cultru, les fondateurs de Prisunic. Ce sont souvent de longs échanges pour déterminer les bonnes couleurs, proches des originales, et comprendre comment l'objet était réalisé à l’’époque. Mais il arrive que nous soyons amenés à modifier des pièces qui se sont arrêtées au stade de prototypes. Je pense notamment à la lampe Lune de Jean-Pierre Garrault, qui était à l'origine en plastique. Outre le fait que ce soit très polluant, le plastique est inenvisageable pour de petites séries de 50 à 400 pièces puisque concevoir un moule pour si peu ne serait pas rentable. Nous avons donc opté pour de l'opaline. Finalement, on réfléchit beaucoup, avec la volonté d’être toujours au plus proche du dessin des années 70.

©Monoprix


Dans l’exposition visible jusqu’à dimanche, on retrouve d’autres typologies d’objets. Pourquoi avoir cette diversité ?

Pour la simple raison que Prisunic proposait un éventail d’objets très varié. Par exemple, au milieu des années 50, Andrée Putman avait réalisé des lithographies d’œuvres d’art en séries très limitées et vendues à 100 francs l’unité. En 2025, nous avons réédité des affiches dessinées par Friedemann Hauss en 1969. À l’époque, on retrouvait des motifs Prisunic sur toute une série de petits objets, notamment de la papeterie. C’est ce que nous avons refait pour ce troisième acte, avec des typologies allant du tablier au sac cabas, en passant par la vaisselle.
D’ailleurs, lorsque l’on parle d’archives, c’est vraiment cela. Le motif que l’on retrouve par exemple sur les assiettes provient d’un motif que notre graphiste Lucie Lepretre a retrouvé au cours d’une brocante sur de vieux objets Monoprix, et qu’elle a redessiné.


On parle de Prisunic et de rééditions, mais Monoprix c’est également des collaborations avec des designers contemporains. Comment cela s’articule ?

Pour bien comprendre, il faut remonter un peu en arrière. Monoprix a été créé en 1931 par les Galeries Lafayette et Prisunic en 1932 par le Printemps. Longtemps, il y a eu une course à l’inventivité, mais Prisunic s’est rapidement distingué avec une première collaboration avec Terence Conran en 1969. Ce fut le début de 18 éditions de catalogues où se sont succédé les designers. Le grand tournant a lieu en 1997 lorsque les deux marques fusionnent. Prisunic garde son bureau de style et Monoprix sa centrale d’achat. De cette fusion naît une première collaboration en 2000, en faisant de nouveau appel à Terence Conran. Puis il y a eu un vide pendant plusieurs années, avant que nous ne décidions de relancer ces collaborations avec India Mahdavi, Axel Chay et Jean-Baptiste Fastrez, mais aussi un partenariat avec l’École Camondo, le magazine Milk ou encore la chanteuse Jain.
L’idée, c’est d’étonner les clients avec de nouvelles choses. Nous sommes très libres, mais avec une stratégie commune : rendre le beau accessible à tous. Et c’est ce que nous avons souhaité avec la collection visible jusqu’à dimanche, rue Saint-Merri à Paris.

©Monoprix
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4/12/2025
Au mobilier national, l’Inde et la France au fil des échanges

Le Mobilier national présente « Ce qui se trame. Histoires tissées entre l’Inde et la France » jusqu’au 4 janvier 2026. Une exposition retraçant les liens entre l’Inde et la France par le prisme du textile. Une épopée historique et culturelle mais avant tout stylistique.

Entremêlé d’influences, le dialogue entre l’Inde et la France s’écrit depuis des siècles dans les fibres mêmes du textile. L’exposition « Ce qui se trame. Histoires tissées entre l’Inde et la France », visible au Mobilier national du 4 décembre au 4 janvier 2026, en révèle toute la richesse. Des ateliers des palais indiens du XVIIᵉ siècle aux maisons de couture contemporaines, le parcours évoque la manière dont les relations entre les deux pays ont façonné les esthétiques. Une mise en avant, fruit d’un engagement formulé par Emmanuel Macron lors de son voyage en Inde en 2024, souhaitant une manifestation majeure consacrée aux métiers d’art entre les deux pays. Soutenu par l’Institut français, qui organise un festival en quatre jours, l’événement parisien accueillera deux journées professionnelles les 4 et 5 décembre, puis deux journées ouvertes au public les 6 et 7 décembre, ponctuées d’ateliers, de conférences et de performances. L’occasion de découvrir sous un angle différent les pièces européennes, souvent repensées pour l’occasion, et les œuvres réalisées auprès d’institutions indiennes, dont la Villa Swagatam. Pour mettre à l’honneur cette rencontre culturelle, l’exposition a été imaginée par deux grands amoureux de l’Inde. Ainsi, le commissariat est assuré par Mayank Mansingh Kaul, chercheur et conservateur de New Delhi, figure majeure de l’étude des textiles indiens postcoloniaux. Auteur de nombreuses publications, il construit ici un récit largement culturel, mis en lumière par Christian Louboutin, scénographe de l’exposition.

Exposition "Ce qui se trame. Histoires tissées entre l'Inde et la France", Mobilier national. © Sophia Taillet

Un héritage tissé au fil des siècles

Depuis l’Antichambre, première pièce de l’exposition, dans laquelle un imprimé indien habille l’entièreté d’un salon français du XVIIᵉ siècle, le visiteur est invité à pénétrer un univers où s’entremêlent les cultures, et par-delà, les savoir-faire. Car, outre les techniques traditionnelles comme le bloc xylographique et la teinture naturelle réalisés par les artisans de House of Kandandu, c’est sur un monde caractérisé par la précision des gestes et la pluralité des motifs que l’exposition s’ouvre. Conçue comme un fil à tirer, l’exposition met à l’honneur les créations finales, mais également les fibres dont elles sont issues. Des liens qui, sous les mains des artisanes de l’époque, ont façonné la mode, honorant tantôt les mousselines, tantôt les broderies. Des techniques devenues au fil des siècles un héritage immémorial, habillant encore notre monde contemporain. Car, outre l’histoire des étoffes et les techniques d’un autre temps ayant perduré jusqu’à nous, c’est également un regard teinté d’art que l’exposition met en avant. Si l’on parle de tissu, la mode s’offre au visiteur comme une évidence. Mais, au-delà de cette section, c’est également un ensemble de médiums comme la porcelaine, la photographie ou l’art pictural qui sont mis à l’honneur. Une diversité, fruit d’une inspiration mutuelle entre deux civilisations guidées par le goût des innovations et des styles, du motif floral aux brocarts colorés. Une rencontre entre des influences désormais mondialisées, mais avant tout un langage sensible partagé par les artisans d’hier et les artistes d’aujourd’hui. Une manière de montrer qu’un lien durable demeure dans cet artisanat séculaire.

Légende : Exposition "Ce qui se trame. Histoires tissées entre l'Inde et la France", Mobilier national. © Sophia Taillet

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5/12/2025
Julie Richoz enrichit sa collection Cicala pour Tectona

Huit ans après le lancement de Cicala, initialement composée d’une chaise et d’une table à manger, la designer Julie Richoz s’est réapproprié la collection pour imaginer cette fois un salon de jardin. De nouvelles pièces qui associent teck et inox, dans la continuité du travail entamé en 2017.

« Quand j’ai imaginé cette collection, j’avais envie de rendre le teck plus aérien et dansant, car je trouve qu’il est souvent associé à quelque chose d’assez lourd », explique Julie Richoz en évoquant la genèse de Cicala, lancée par Tectona en 2017. Mise au défi de revisiter cette collection pour en proposer une déclinaison, elle signe cinq nouvelles pièces : un fauteuil, deux canapés 2 et 3 places, ainsi qu’une table basse et une table d’appoint en granit. Comme pour les premières pièces, l’ensemble est empilable pour toujours plus de praticité. Le tissu des canapés sera proposé dans une version sable, avec la possibilité de le personnaliser selon les besoins ou les projets. Julie Richoz dévoile ici des pièces aux lignes rondes et aux volumes généreux, qui n’attendent plus que le retour des beaux jours pour briller !

À gauche : première partie de la collection Cicala, composée de la chaise et de la table à manger © Tectona / À droite : le nouveau fauteuil de la collection Cicala © Tectona

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