Nouveaux schémas de l’hôtellerie

Nouveaux schémas de l’hôtellerie

En novembre, à défaut de tenir physiquement le programme des conférences prévues à EquipHotel, l’Ameublement français, accompagné par ses partenaires (le French Design by VIA, Intramuros), a relevé le défi d’une semaine de rencontres en ligne. Les échanges extrêmement variés ont interrogé les transformations en cours du secteur de l’hôtellerie-restauration, qui, frappé de plein fouet par la crise sanitaire, fait preuve d’une résilience créative en accélérant sa mutation, en réinterrogeant conjointement l’aménagement des espaces comme les modèles économiques.

Qu’est-ce que « recevoir à la française » ? Et comment conserver notre spécificité culturelle en l’adaptant aux enjeux actuels du marché ? Comment transformer les services de l’hôtellerie tout en gardant cet ADN fondamental ? Du 16 au 20 novembre, quelque 70 intervenants ont partagé en ligne, dans des échanges chaleureux et interactifs, leurs expériences, leurs réflexions et leurs engagements dans une série de conférences, toujours accessibles en replay sur le site de l’Ameublement français.

Le client était, bien sûr, au cœur des réflexions : pour l’attention requise à sa protection dans ce contexte de crise sanitaire mais aussi pour imaginer son retour. Qu’est-ce qui va l’attirer à nouveau ? Quel sens va-t-il rechercher dans ses expériences ? Comment cela va-t-il impacter, développer l’art de recevoir ? Quelles innovations technologiques cela va-t-il engendrer dans le recours à la domotique, du traitement des matelas jusque dans le service de cuisine ? Ainsi, six thèmes ont été abordés : l’hôtel lifestyle, l’accueil et les services, l’architecte d’intérieur et le fournisseur, le savoir-faire et l’international

Collinet, collection fauteuil restaurant.

Repenser l’espace et le modèle économique

Parmi les réflexions partagées avec les professionnels qui ont suivi les débats s’est posée bien sûr la redéfinition même de la place de l’hôtel : dans un monde où les voyages se réduisent,  il y a un développement de nouveaux usages vers les entreprises, avec les visioconférences.
Ce lieu doit s’ouvrir sur son environnement direct pour capitaliser sur les fonctions annexes de l’hôtellerie et proposer de nouveaux services (retail, séminaires, sport, espaces de détente…), et pour repenser une nouvelle économie de l’hôtel vers une clientèle plus locale. Selon Jean-Philippe Nuel, « ces tendances-là existent déjà en Asie et au Moyen-Orient […] Il ne doit plus être envisagé comme un programme isolé qui va chercher ces clients partout dans le monde, il doit être imaginé comme la future pierre angulaire d’un quartier, voire d’une ville. C’est une réflexion qui est économique, sociale, culturelle, dans laquelle l’hôtel doit nouer de nouveaux partenariats. L’enjeu est de travailler sur cette synergie ».

En cette période de crise, pour compenser la chute de la fréquentation due notamment à la perte de la clientèle internationale, certains établissements ont déjà reconverti des espaces en lieux de coworking : à l’heure où le télétravail s’installe durablement dans le fonctionnement quotidien, et où se pose pour certains la question du sens – plus que de la nécessité – du retour au bureau, de nouveaux espaces intermédiaires sont à investir pour des temps de rencontres, de réunion, sur des créneaux horaires limités, et ce sont sur ces espaces-tampons qu’il est essentiel de travailler en aménagement.

L’hôtel de l’après-Covid

Scénographie, mise en scène des services… Dans ce concept fort d’« hospitalité », la redéfinition du client – local vs international ? business vs loisirs ? familial ? temps de présence ponctuel ou séjour ? – est bien entendu au coeur des réflexions. En termes de réponses architecturales, selon Jean-Philippe Nuel, « l’hôtel de demain, c’est peut-être donner moins de place à la chambre pour de nouveaux services : chaque espace doit être analysé de façon précise ». Et la gestion des espaces doit être aussi bien repensée en termes de modularité vis-à-vis de cette diversité des profils de clientèle.

De la même manière, l’ouverture à de nouveaux services et le renforcement des normes sanitaires nécessitent de réaffirmer l’attention portée aux rapports humains : respect de mesures rassurantes, recours maximal au digital pour éviter les contacts, accueil individualisé – et qui doit être ressenti comme tel –, à l’image de l’expérience client vécue dans le secteur du luxe. Le personnel doit être formé, conforté, pour prendre en compte la diversité des profils, des services, et être capable de transmettre cette confiance et cette attention.

« On a fait un bon de vingt ans en quelques mois », selon les professionnels. Le prochain EquipHôtel aura lieu en novembre 2022, des rendez-vous réguliers seront proposés dans la continuité de ces échanges, pour scruter ces évolutions.

Rédigé par 
Nathalie Degardin

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17/3/2025
Les solutions AxProconcept présentées au salon HR Meetings

L’entreprise spécialisée dans la fabrication de matériaux de finition à destination de l’hôtellerie AxProconcept sera présente au salon HR Meetings, à Cannes du 18 au 20 mars. L’occasion de découvrir les solutions innovantes et durables de l’entreprise, notamment sa dernière nouveauté : la moquette AxBio®.

C’est au sein du Palais des festivals et des congrès, le salon Hotels&Restaurants Meetings, salon de référence one to one à destination du secteur de l’hôtellerie et de la restauration, accueille une nouvelle édition les 18,19 et 20 mars. Parmi les exposants, l’entreprise AxProConcept, donne rendez-vous aux professionnels de l’hôtellerie sur le stand A20 afin de présenter ses produits et dernière solutions.

AxBio®, une solution qui allie innovation et durabilité

Parmi son offre complète de solutions FF&E clés en main pour les hôtels et les navires de croisière, l’entreprise souhaite mettre l’accent sur sa dernière nouveauté en date et unique sur le marché : l’AxBio®. En effet, le produit est une moquette tissée en Axminster, 100 % biodégradable, fabriquée exclusivement à partir de matières naturelles. “Chez AxPro Concept, nous croyons fermement que le design doit allier beauté et responsabilité. Le lancement d’ AxBio® marque une étape clé dans notre engagement à offrir des produits respectueux de l’environnement tout en répondant aux exigences des secteurs comme l'hôtellerie et croisières” déclarait notamment le CEO de la marque Robert Lenko. La moquette AxBio® est fabriquée à partir de fibres de laine naturelles, lui offrant une résistance au feu et lui permettant de réguler l'humidité intérieure. Un produit d’avancée majeure pour le secteur, tant pour ses avancées écologiques que pour son offre en termes de confort et d’esthétisme, qui permet par ailleurs aux hôteliers de participer activement à la démarche ESG (Environnement, Social, Gouvernance).

En plus de sa présence sur le stand, le produit AxBio® a été sélectionné parmi les finalistes du concours Innovation Award, organisé dans le cadre d’Hotel & Restaurant Meetings, dont les lauréats seront dévoilés lors du salon.

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14/3/2025
BYD et DJI présentent un drone pour automobile

Les marques chinoises BYD et DJI s'associent et présentent un système de drone adapté à l'automobile, permettant aux utilisateurs de transporter et utiliser leur appareil partout et tout le temps.

L'invention à de quoi surprendre. Sorte d'héliport miniature ultra technologique et mobile, le système Lingyuan est un concentré de technologies, encastré ou suspendu sur le toit du véhicule. Développé par la marque automobile BYD et celle spécialisée dans les drones, DJI, ce système, accessible au grand public, se destine notamment à la surveillance et à la création de contenu. Hébergé dans un sorte de « coffre de toit » miniature, Lingyuan à été développé en à peine quatre ans sur l'excentrique Yang Wang u8 (véritable monstre tout-terrain de quelques 3,5 tonnes), avant d'être étendu moins d'un an plus tard à l'ensemble des véhicules de la marque. Disponible uniquement en Chine pour des raisons législatives, le drone est disponible en deux versions : l'édition LingYuan Battery Swap, conçue principalement pour les modèles YANGWANG et équipée d'un drone DJI Mavic 3 ; et l'édition Lingyuan Fast Charging, qui utilise un drone DJI AIR 3S personnalisé et équipe les véhicules DENZA et certains modèles BYD.

©BYD


Un concentré de technologies

Autonome grâce à un système de localisation précis – qui permet notamment à l'appareil de venir se ranger dans son emplacement lorsque le véhicule roule jusqu'à 25km/h – le drone peut également être piloté depuis l'application smartphone. Un usage qui permet entre autres de réaliser 30 modèles de prise de vue prédéfinies, depuis le ciel, mais également depuis le véhicule grâce à une caméra présente au niveau de l'héliport. Doté d'une plate-forme de recharge à induction directement alimenté par la voiture, ce dernier permet une recharge rapide, faisant passer la batterie de 20 à 80% en 30 minutes. Un système sans doute un peu gadget, mais qui permet de prendre la route avec un peu de hauteur !

©BYD
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13/3/2025
TGV INOUI : une cinquième génération optimisée

Développé pendant près d'une décennie, le nouveau TGV INOUI dessiné par AREP et le studio japonais Nendo a été présenté ce mardi 11 mars. Au programme un intérieur entièrement repensé dans une logique d'optimisation spatiale et de confort pour tous.

« La conception de cette cinquième génération de TGV est le fruit d'une démarche itérative » rappelait Céline David, directrice du design d'AREP, qui a collaboré avec le studio japonais Nendo. Mise en application par le biais de nombreuses collaborations avec des professionnels du design, mais également du personnel de bord, des associations de handicap ou de cyclistes, ce train est avant tout une co-construction. Et cela d'autant plus qu'elle s'est concrétisée avec un double regard, d'une part de la SNCF dont les normes ont guidé le projet, et d'autre part de l'architecte designer japonais Oki Sato dont la culture de l'épure a questionné « l'objet ». En résulte un moyen de locomotion optimisé à tous les niveaux, qu'il s'agisse de l'accessibilité, du confort ou du design. En route !

©Yann Audic

Le confort au cœur de la machine

Dès le début de la conception, le train a été pensé pour répondre à deux enjeux : premièrement une fréquentation en hausse et deuxièmement un besoin d'innovation face à la concurrence. Dans cette double optique, AREP et Nendo ont fait du confort l’épicentre du projet. Un point à partir duquel les wagons ont été dessinés pour répondre à un paradoxe inhérent aux transports de masse : comment offrir une bulle de confort douce et personnelle à chaque voyageur, tout en optimisant la place de sorte à en faire rentrer davantage ? Ainsi est né le concept de « flow ». « L'idée est simple. Le train ne ressemble à aucun autre moyen de transport. Il se fraye un chemin rapide dans un paysage, un peu comme l'écoulement d'une rivière. Nous avons donc souhaité reprendre cette idée de fluidité de bout en bout du TGV » explique Céline David. Une direction matérialisée par plusieurs choses.

D'une part, la couleur qui occupe une place prépondérante dans ce nouveau train. « Qu'il s'agisse de la première classe en rouge, ou de la seconde classe en bleue, nous avons souhaité mettre en valeur la ligne d'horizon et tourner le regard vers l'extérieur. Nous avons ainsi traité l'intérieur avec une couleur sombre en partie basse et une autre plus claire et lumineuse en partie haute ».

D'autre part, un intérieur optimisé dit « sans couture » à vu le jour, notamment grâce à la disparition des portes à l’étage. Un gain de place et une impression de continuité accrue par la création de vastes espaces de rangements ouverts entre les voitures, à côté desquels viennent se greffer des petits espaces d’une ou deux places pour travailler ou téléphoner. Une manière de « rendre les plateformes accueillantes et de permettre leur réappropriation ».

©Yann Audic

Des sièges plus fins pour plus de place

20% d’assises supplémentaires et 20% de places en plus pour les bagages. Pour résoudre ce casse-tête, AREP et Nendo se sont particulièrement intéressés aux sièges. Étudiés dans une logique de confort, fil rouge du projet, ces derniers sont la clé de l'optimisation grâce à un tissu développé pour l’occasion. Constitué à 85% de laine, ce « tricot 3D » a été imaginé pour offrir un « effet hamac ». À la fois ferme et agréable grâce à une sorte de patch amortisseur positionné au niveau du dos, le siège épouse parfaitement la forme du corps malgré la faible épaisseur textile. Les dossiers ont ainsi été réduits de cinq centimètres permettant aux utilisateurs de gagner cette même distance au niveau des jambes en seconde classe, et en largeur d'assise en première classe. Une réelle différence sur le confort. À cela vient également s'ajouter une têtière réglable en hauteur. Côté pratique, la tablette intégrée au dos de l'assise offre une double ouverture permettant d’optimiser l’encombrement en fonction de ses besoins. Au-dessus, un fin bandeau led à été intégré offrant une lumière rasante (d'intensité réglable en première classe), plus agréable pour la lecture ou le travail.

©Yann Audic

L'accessibilité au cœur du projet

Si les assises classiques offrent une belle plus-value sur le plan du confort, il est également à noter que l'accessibilité du train a été repensée dans sa globalité notamment à l'égard des personnes porteuses de handicap. Ainsi, ce TGV INOUI est le premier train grande vitesse à compter une voiture destinée à l'accueil de personnes à mobilité réduite avec trois places emplacement dédiés – hauteur de tablette et largeur de giron optimale – et deux autres sur des sièges de transferts. Des équipements également renforcés par la présence d'une nouvelle numérotation de places en relief, un Système d’Information Voyageurs Embarqué (SIVE) à base d’écrans et des doubles mains courantes dans l'intégralité du train. À souligner également le réaménagement des sanitaires sur toute la largeur des wagons permettant un accès et un usage simplifiés.

©Yann Audic

Le BistrO, synthèse design de l'esprit TGV INOUI

Évoqué comme la pièce maîtresse de cette cinquième génération de TGV, le wagon-restaurant rebaptisé pour l'occasion le BistrO, est un résumé de l'esprit de ce nouveau train : optimisation, personnalisation et efficacité. Réparti sur deux niveaux, avec en bas la zone de service et en haut celle dédiée à la dégustation, cette voiture regroupe une épicerie et des frigos en libre-service, sans oublier le traditionnel barista encore présent. Une volonté qui s'inscrit dans un questionnement plus global : comment répondre rapidement à la demande ?

À l'étage, l'espace beaucoup plus ouvert et très lumineux propose un petit condensé de 28 assises dans des configurations allant de une à quatre personnes. Alliant rondeur et couleurs - en écho avec la lampe dessinée par Oki Sato dans les wagons - AREP et Nendo livrent un projet ludique, contemporain, mais surtout pratique, ancré de ce fait au cœur des enjeux sociétaux de notre temps.

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11/3/2025
Jasper Morrison signe la dernière collection de Puiforcat

La maison Puiforcat spécialisée dans l'argenterie sort Jersey, une nouvelle collection de couverts dessinés par Jasper Morrison.

C'est un petit pas de côté dans l'univers de la marque française traditionnellement connue pour son travail de l'argent massif. Pour cette nouvelle collection appelée Jersey, Puiforcat a collaboré avec Jasper Morrison. Connu pour son esthétique sobre et minimaliste, le designer britannique aux créations hétéroclites signe de nouveaux couverts de table après KnifeForkSpoon dessinés pour Alessi en 2004. Une personnalité qui s'inscrit dans le sillage des précédentes éditions de la maison, basées sur un équilibre constant entre le fonctionnalisme et l'élégance contemporaine.

©Puiforcat

Et l'argent devint du bois

Il aurait pu s'agir d'une nouvelle alchimie qui aurait mal tourné. Pourtant, il n'en est rien. Adepte de la philosophie du design « Super normal » - pensée selon laquelle un dessin sobre et discret permet à un objet d'être plus utilisable et durable - dont il revendique son travail, Jasper Morrison livre un ensemble en bois de cerisier (sakura) dessiné sans la moindre touche d'argent. Inspiré par la culture japonaise, le créateur offre un ensemble aux lignés épurées, constitué d'un set de couverts de table (fourchette, couteau et cuillère) et un autre de service, agrémentés d'une paire de baguettes (et son repose baguette en métal argenté). Recouvert d'une fine couche de laque japonaise appliquée au chiffon grâce à la technique du fuki-urushi, le veinage du bois est sobrement mis en valeur. Une sinuosité naturelle renforcée par l'aspect satiné de la finition. Une collection qui s'associe avec élégance au « Dinner service » en argent réalisé en 2023 par l'artiste Donald Judd.

©Puiforcat
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