Pierre Yovanovitch, design narratif
Portrait de Pierre Yovanovitch © Alessio Boni

Pierre Yovanovitch, design narratif

Pierre Yovanovitch, alias PY, nous reçoit dans l’espace qu’il vient d’ouvrir passage Saint‑Avoye, dans le Marais, à Paris. Il nous parle du penthouse tout récemment ouvert à New York, dans le quartier de Chelsea, avant de s’envoler pour l’Australie, Melbourne et Sydney, où de riches amateurs de French design ou de douceurs parisiennes vont bientôt pouvoir découvrir sa collection au sein de la galerie australienne Criteria.

Pierre Alexandre Yovanovitch… Avec un nom pareil, à la Dostoïevski, on l’imagine arrivant sur son destrier noir du fin fond des steppes de l’Asie centrale. Non, Pierre Yovanovitch arrive à pied, nonchalant, marchant prudemment sur les petits pavés du passage Sainte-Avoye. Il ne comprend pas pourquoi son nom a tant de succès. Or quand on pénètre dans sa galerie – pas showroom, pas atelier, pas bureau –, c’est une impression de luxe, calme et volupté qui s’empare de tout votre être. Pas de bruit, pas de lumière criante ou criarde, des meubles confortables, comme éparpillés entre les oeuvres d’art. Car ses clients sont les mêmes que ceux qui fréquentent les galeries d’art voisines – Gagosian, Kamel Mennour, Perrotin… –, des collectionneurs qui ne veulent pas trop chahuter leurs espaces mais simplement introduire un peu plus de confort dans leurs intérieurs. Ses clients, qui privilégient avant tout la relation humaine, peuvent lui faire traverser l’Atlantique pour discuter d’un accord de couleur ou de matière, et, humble et disponible, il est capable de faire l’aller retour Paris - New York / New York - Paris dans la journée.

Les Nuits d'Été - PY x Villa Noailles © Paolo Abate

Quand on quitte la rue Rambuteau pour le passage Saint-Avoye, il ne faut pas chercher trop longtemps pour découvrir l’espace PY, un chiffre porte-bonheur. De grandes vitrines nues laissent découvrir les meubles de la collection Pierre Yovanovitch Mobilier. Un simple logo PY, en haut à droite, atteste que l’on est à la bonne adresse. Ce lieu atypique de 250 m2, vidé et aménagé par Jean Nouvel pour différents propriétaires successifs et protégé par une magnifique verrière, avait besoin de partitions. Pierre Yovanovitch a monté des cloisons et créé des zones dans lesquelles ses clients peuvent se projeter avec leur mobilier : salon, cuisine, chambre, salle à manger… Des espaces plus cosy. À New York, le penthouse de 800 m2, récemment inauguré (en novembre 2023), a la chance de proposer une terrasse sur laquelle peut être installé du mobilier d’extérieur.

Galerie Pierre Yovanovitch Mobilier à New York © Stephen Kent Johnson

Ouvert il y a vingt-trois ans, son studio emploie aujourd’hui près d’une centaine de personnes. Ses clients privés, et de plus en plus exigeants, possèdent des propriétés à New York ou des chalets en Suisse et lui font une confiance totale dans ses projets d’aménagement à la carte réalisés par des artisans d’art français. Les habitats doivent être gais, chaleureux, doux, dans des matières naturelles comme la laine, le lin, la terre, le verre… Vingt-sept chantiers sont en cours. Au regard de ce succès, Pierre Yovanovitch a décidé de s’auto-éditer en créant la structure Pierre Yovanovitch Mobilier et en affichant sur son site Internet des fauteuils, des canapés et des chaises aujourd’hui incontournables dans les résidences de ses clients 5 étoiles. « Il faut rassurer les gens. Ils se regardent les uns les autres, et il faut leur apprendre tout doucement à prendre des risques en introduisant la couleur, par exemple », explique-t-il. En effet, les coussins rouges ou bleus explosent sur ses canapés aux formes douces en laine vierge bouclée. « On a amené Paris à New York et New York à Paris. On est au milieu des galeries d’art contemporain, parce que, quand leurs clients font un parcours d’art, ils viennent aussi chez nous. » D’où cette volonté de mettre de l’art au PY – un abri en bois de Tadashi Kawamata, une céramique provenant de la galerie Thomas Fritsch, des oeuvres de Claire Tabouret… – sans devenir un musée.

Galerie Pierre Yovanovitch à Paris © Federico Torra

« Je vais à la galerie, c’est ce que je dis quand je quitte mon bureau de la rue Beauregard pour le passage Sainte-Avoye. » À New York, un immeuble de briques rouges avec vue sur l’Hudson River et doté d’un réservoir d’eau en bois, très cliché, offre un environnement chaleureux. Il y a même, au 6e étage, une cheminée qui fonctionne au feu de bois. « Il y a vingt-trois ans, quand j’ai commencé après mon passage chez Pierre Cardin, j’ai eu des clients privés, des clients de plus en plus érudits, et je dessinais des pièces uniques pour eux. Et aujourd’hui, les clients veulent ces pièces exceptionnelles, comme les chaises Mr et Mrs Oops, mes best-sellers, dans le bel esprit des Arts décoratifs français ou le fauteuil Mama Bear. D’où l’intervention de brodeuses et de brodeurs, de menuisières et de menuisiers, de couturières et de couturiers… »

Galerie Pierre Yovanovitch à Paris © Jean-Pierre Vaillancourt

« Le fauteuil Asymmetry, je l’ai conçu il y a dix ans. J’en ai imaginé la forme à partir d’un petit morceau de pâte à modeler posé sur mon bureau. Il existe en deux tailles, M et XS, et ce modèle se décline aussi en canapé pour des demeures américaines ou des châteaux français. Les gens les voient in situ dans ma galerie parisienne ou new-yorkaise. Je n’ai pas de partenaire financier, ni de sponsor. Je suis reconnu pour les projets résidentiels privés, et on me demande rarement de sortir de ce registre. » Ce qui l’intéresse également, c’est de monter des scénographies et de mettre sa créativité au service de projets artistiques et culturels.

La Galerie PY à Paris, en octobre 2023 pour les 10 ans du fauteuil Asymmetry, un partenariat avec la peintre Claire Tabouret. En haut à droite, le refuge en bois de Tadashi Kawamata © Alessio Boni

En 2023, il a réalisé les décors de l’opéra Rigoletto, à Bâle. Il prépare actuellement d’autres projets de scénographies d’opéra en Italie et aux États-Unis. Ami de danseurs étoiles, il se régale à mettre en valeur leur performance athlétique. Étrangement, la période du Covid n’a pas du tout touché ses activités. Bien au contraire, ses équipes, toutes confinées, ont réussi à s’assurer des chantiers. Le lancement de sa marque de mobilier s’est déroulé place des Vosges sur quatre jours, en mars 2021, dans un cadre architectural XVIIe grandiose qu’occupe l’Académie d’architecture. Tout le monde était assoiffé d’événements, et ce fut un succès. « Les artistes et les artisans avec lesquels je travaille me portent, ils sont une constante forme d’inspiration. » Heureux, il l’est. Il a un tout petit problème d’insomnie qu’on lui a simplement conseillé d’oublier. Car c’est parfois dans ces moments intermédiaires de sommeil profond et superficiel qu’émergent les meilleures idées.

Opéra Rigoletto x Pierre Yovanovitch © Paolo Abate

Retrouvez d'autres portraits inspirants dans le dernier numéro d'Intramuros, disponible en kiosques et dans notre boutique en ligne.

Rédigé par 
Bénédicte Duhalde

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10/7/2025
Drift chair ou la justesse des lignes

Le studio BrichetZiegler et Théorème Éditions se sont associés pour créer la Drift chair. Une chaise très graphique portée par des lignes fines au service de l'équilibre.

Comme pour chacune de leurs collaborations, David et Jérôme, les fondateurs de Théorème Éditions, dont la galerie eponyme est située sous les arcades du Palais Royal, se sont tournés vers un studio avec une demande : créer un objet sculptural, architectural et monolithique. Un triptyque dans l'air du temps que le studio BrichetZiegler, convié pour l'occasion, a naturellement retranscrit sur une chaise. Une pièce que le duo de créateurs affectionne particulièrement en raison de son échelle « ni trop petite et restrictive, ni trop grande et difficile à gérer. » Un terrain de jeu idéal donc, autour duquel les designers ont imaginé une pièce « fonctionnelle et confortable pour dîner, portée par un dessin et une présence visuelle forte. »

Drift chair by Brichet Ziegler for Theoreme Éditions @Stéphane Ruchaud

Un jeu d'équilibre

Développée en à peine un an et demi avec le savoir-faire de Joe Kendall, un menuisier installé à Pantin, la Drift chair – que nous pourrions interpréter par « chaise qui plane » - tire son nom de son assise en porte-à-faux. Supportée par deux planches latérales en guise de pieds, l'assise joue sur l'alternance des pleins et des vides pour offrir, de côté, tout le poids visuel de sa structure, et de face une certaine frugalité structurelle. Deux sensations renforcées par l'utilisation de courbes au niveau des zones de contact pour des questions de confort, mais aussi dans les angles. Une manière d'apporter de la fluidité à cet assemblage égayé par une galette aimantée en cuir lisse ou en tissu Kvadrat choisi par la galerie et confectionnée par le tapissier Siegeair. En dessous, la surface à bois a été ajourée de manière à diminuer le poids de la chaise – déjà de 7,5kg – et solidifier la structure pour éviter qu'elle ne vrille.

Drift chair by Brichet Ziegler for Theoreme Éditions @Stéphane Ruchaud

Réalisée en seulement 8 exemplaires pour le moment, la Drift chair est proposée en chêne et en noyer, mais également dans une version cérusée où le veinage naturel du bois devient porteur d'un monochrome très graphique. Une alternative utilisée par Joseph Hoffmann dès les années 30 et désormais réinterprétée avec goût par le studio BrichetZiegler.

Drift chair by Brichet Ziegler for Theoreme Éditions @Stéphane Ruchaud
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9/7/2025
À la CFOC, six décennies d'exploration

Créée par François Dautresme en 1965, la Compagnie Française de l'Orient et de la Chine (CFOC) fête ses 60 ans. À cette occasion, Valérie Mayéko Le Héno, architecte DPLG et directrice artistique depuis 2016, évoque les évolutions de cette société indissociable des savoir-faire asiatiques.

Voyageur passionné et aventurier en quête de nouveautés, François Dautresme a fondé la CFOC en 1965. Quelle place occupe aujourd'hui son héritage dans l'identité de la marque ?

En tant que directrice artistique de la marque depuis 2016, je crois pouvoir dire que la manière dont nous travaillons est assez proche du concept de départ puisque nous continuons de voyager beaucoup à travers l'Asie. C'est important de garder un pied dans cette zone, où se trouve une douzaine de pays avec lesquels nous collaborons, mais aussi au-delà – en Italie pour l'édition textile, au Maroc pour les éponges et la broderie, au Portugal pour le travail de l'acier et des couverts, et au Mexique pour la fibre de palme -, car ce que nous cherchons, c'est avant tout un savoir-faire particulier ou de nouvelles techniques. Nous partageons de fait la passion de l'artisanat, mais aussi le plaisir de trouver des ateliers familiaux, des petites structures. Cette notion est très importante pour nous, car depuis 1965, l'idée est de valoriser des produits manufacturés. À travers ça, l'héritage principal est sans doute celui d'être du contact.

Tapis Ombrelle Sépia ©CFOC

La place du geste est donc véritablement importante au sein de la CFOC, mais comment concilier les savoir-faire anciens et asiatiques avec les besoins des consommateurs européens ?

Il y a longtemps eu un gap entre nos deux régions. Il y a encore une quinzaine d'années, les arts de la table en Chine se limitaient majoritairement à des bols et à des baguettes tandis qu'il était coutume de s'asseoir proche du sol en Asie alors nous avions tendance à nous asseoir de plus en plus haut en Europe. Il a donc fallu adapter tout cela à nos usages. Dès les années 90, à l'époque où la CFOC proposait principalement du mobilier chiné, souvent aux Puces de Pékin, François Dautresme a commencé à dessiner des éléments destinés au marché français. Un premier pas que nous avons complètement généralisé en 2011-2012, en insufflant à la compagnie alors en perte de vitesse, une nouvelle vision davantage adaptée à nos modes de vie, aux usages.

Collection Lotus ©CFOC

Et comment cela se traduit-il en termes de création ?

Nous avons voulu faciliter l'échange de regard entre l'Europe et l'Asie. Un bureau de style est ainsi né à Paris. Nous y travaillons à deux pour ce qui est de la conception design, plus une troisième personne chargée de la production. Celle-ci est principalement basée en Asie, car nous n'avons pas d'intermédiaire, et c'est elle qui nous permet de développer des produits sur le long terme – généralement entre 4 et 10 mois – et d'entretenir des relations pérennes avec les ateliers pour ne pas être sur du one-shot. Pour la majorité d'entre eux, notre collaboration oscille entre 8 et 10 ans, et c'est ce qui nous permet de pousser les savoir-faire et développer de nouveaux produits.

Table basse ultra noir en chêne teinté ©CFOC

L'une des richesses de la CFOC, c'est également l'étendue des matériaux travaillés. Comment les réinvente-t-on pour ne pas tourner en rond au bout de 60 ans ?

En fait, la question est surtout technique. Ce sont généralement des déclinaisons. Par exemple pour la laque, dans les années 50 à 70, on ne trouvait que des couleurs naturelles. Progressivement, on a évolué vers des colorants alimentaires pour diversifier les teintes, sans pour autant perdre le savoir-faire ancestral à base de sève de laquier. Cette année, nous proposons par exemple deux nouvelles couleurs, le bleu jun et l'ambre jun que nous avons travaillé avec notre coloriste basé dans un village près de Hanoï, au Vietnam. Pour ce qui est du tissu, la CFOC évolue notamment en passant de fibres naturelles à des fibres textiles pour répondre à des besoins spécifiques. C'est le cas de notre tapis tressé Kilim (une technique indienne) où le jute est remplacé par de la laine.

Lampe de chevet Naméko en porcelaine et laiton et courtepointe Samarcande en velours de soie et lin ©CFOC

De manière plus précise, comment avez-vous pensé la collection anniversaire ?

Elle a été guidée par une démarche en quelque sorte historique. J'ai réuni les origines de la CFOC en me replongeant dans de vieux articles de presse, des archives photographiques des anciennes boutiques et leurs vitrines aux scénographies imaginées par François Dautresme, mais aussi des produits dans les catalogues de vente. Bref, je me suis immergé dans la riche histoire de la société et j'ai confronté le passé et le présent. C'est ça qui m'a amené à développer la forme des ombrelles pour nos tapis, le concept de naturalité, le travail du pojagi – une méthode de couture que l'on peut rapprocher du patchwork -, le velours de soie que l'on retrouve sur les contrepointes Samarcande travaillées avec du lin par des artisanes brodeuses, sans oublier la réédition d'objets dans le rouge CFOC. Tous ces axes nous ont permis de créer des pièces en série limitées ou numérotées.

Tabourets signature en coloris bleu jun, verveine et blanc ©CFOC

Sur le plan commercial, la CFOC s'est progressivement ouverte au B2B. Qu'est-ce que cela a changé dans votre approche et quels sont les prochains défis à venir ?

Effectivement ! Depuis plusieurs années, nous développons le B2B pour proposer nos services des chefs ou des établissements hôteliers. C'est une autre manière de voir les choses. L'un de nos projets significatif est certainement la réalisation de pièces sur mesure pour l'hôtel SO/ Paris réalisé par le cabinet RDAI et livré en 2022. Parallèlement à ces nouveaux marchés, nous souhaitons également développer notre notoriété et étendre notre réseau aujourd’hui composé de trois boutiques sur Paris et de revendeurs en région. Nous réfléchissons donc à ouvrir un nouveau showroom ou des pop-ups store dans des zones balnéaires.

Plateau haut Étamine ©CFOC
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3/7/2025
Intramuros #224 : Sun

Plein Soleil

Quand le soleil dicte les formes, les usages et les idées, le design s’adapte, invente, rayonne. Ce nouveau numéro d’« Intramuros » s’ancre dans le Sud, là où l’extérieur devient une pièce à vivre, un terrain d’expérimentation pour les designers, un laboratoire de matière, de lumière et d’énergie. À Marseille, ville-monde, une scène créative s’affirme. Axel Chay, Emmanuelle Roule, Juliette Rougier, Aurel design urbain : tous dessinent un design solaire, sensoriel, entre artisanat, architecture et innovation. Une approche libre, ambitieuse, toujours connectée à la matière, au contexte et même à la mode, à l’image de Marianne Cat qui chine les talents depuis quatre décennies. Ora-ïto, designer touche-à-tout et enfant du pays, nous livre ses adresses marseillaises, entre lieux cultes et concepts audacieux.

Dans ces pages baignées de lumière, le mobilier d’extérieur ne se contente plus d’habiller une terrasse. Il devient mobile, intelligent, durable – parfois même autonome. Comme un miroir de nos modes de vie en mutation, il s’inscrit dans un écosystème plus large, où design, écologie et technologie avancent main dans la main, à l’image des innovations techniques permises par la préhension d’une énergie omniprésente. SUN, c’est donc plus qu’un thème estival. C’est une invitation à penser un design conscient, ancré dans les usages et ouvert sur le monde. Un design qui compose avec le climat pour mieux en révéler la beauté.

Sommaire

Design 360

Design Story

Atelier Baptiste & Jaïna : Entre matière, temps et imaginaire

Julien Renault, aventurier du design

Fumie Shibata : L’art du design silencieux

Studio 5.5, Designer à dessein

Teun Zwets : Éloge de la matière trouvée

Morrama design, objets intuitifs

Maria Jeglinska : Entre dessin, espace et usage

Gaspard Fleury-Dugy : Nouvelle pensée textile

R100, ou la révolution circulaire d’Hydro

13Desserts, design gourmand

Coperni : Esprit visionnaire

Tristan Auer Car Tailoring : Automobile (très) particulière

Sun

Sélection outdoor, à ciel ouvert

Marseille

Ïto trip

Axel Chay, designer pop’ulaire

Marianne Cat : Éternelle pionnière

Aurel design urbain : Marseille-Paris, transferts à succès

Juliette Rougier : Guidée par l’émotion

Emmanuelle Roule, la terre comme manifeste

L’Ingénieur Chevallier : Une oeuvre d’art sur le bout du nez

Soleil vertueux

Experimenta

Laboratoire des pratiques durables : de sources sûres

Roger Pradier : l’éclairage haut de gamme au service de la transition écologique

In the Air

Who’s Next Home : Cinq questions à Frédéric Maus, et Matthieu Pinet

Biennale de Saint-Étienne, une édition tournée vers demain

News

Demain, les designers : entre pouvoir et influence ?

Osaka 2025, l’hymne à l’amour de la France au Japon

Agenda

Retrouvez ce numéro en kiosque mais aussi directement sur notre boutique en ligne.

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2/7/2025
Les six projets de Muller van Severen dévoilés à 3daysofdesign

À l'occasion des 3daysofdesign à Copenhague, le duo belge Muller van Severen a présenté six nouvelles collections. Retour sur ces projets en résonance avec l'esthétique du studio.

Fondé au printemps 2011 par les Belges Fien Muller et Hannes van Severen, le studio éponyme était cette année présent dans la capitale danoise à l'occasion des 3daysofdesign. Fort de quatre collaborations avec les marques BD Barcelona, valerie_objects, Hay et Blēo, les deux créateurs ont dévoilé six collections. Un corpus de projets diversifiés destinés majoritairement à l'intérieur, mais unis par le goût du studio pour la couleur et la simplicité des lignes.

BD Barcelona x OFFICE KGDVS : une première collection en bois

Imaginée pour BD Barcelona et réalisée en collaboration avec OFFICE Kersten Geers David Van Severe, Rasters est une collection d'armoires et de paravents modulaires. Initialement imaginé en métal, sur une grille industrielle pouvant servir de base structurelle, le rangement a été décliné par le studio dans une version plus naturelle. Conservant la trame centrale dans l'esthétique du projet, les designers ont travaillé des panneaux de MDF plaqués en hêtre. Une première dans l'histoire du studio qui n'avait jusqu'alors jamais laissé l'aspect naturel du bois sur ses objets. Assortis de panneaux colorés en acier thermolaqué. Les meubles peuvent être assemblés entre eux grâce à la présence de connecteurs en polyamide noir moulés par injection. De quoi créer de vastes ensembles et exploiter la diversité chromatique des étagères et des portes.

Collection Rasters de Muller van Severen et chaises de Sabine Marcelis ©Nacho Alegre

HAY : une énième aventure

Avec déjà douze collaborations à leur actif, le studio belge et la marque danoise se réunissent une nouvelle fois et dévoilent The Perforated Cabinet. Jouant sur la linéarité des modules et la trame resserrée en acier thermolaquée perforé, cette collection joue sur la transparence du rangement. Également semie-transparente sur le dessus, chaque pièce évoque une boite secrète suscitant la curiosité. Disponible en version murale ou sur pied et en plusieurs tailles et coloris, le meuble convoque l'esprit industriel avec l'approche contemporaine et colorée de la marque.

The Perforated Cabinet par Muller van Severen ©HAY

valerie_objects : réinventer l'existant

C'est une sorte de retour aux sources que le duo de designers opère en collaborant avec valerie_objects. Alors que les designers belges ont été parmi les premiers à travailler avec la marque, les voici de retour pour le dixième anniversaire de celle-ci. L'occasion pour eux de rééditer et de réinventer quelques-unes de leurs créations les plus connues. Parmi elles, la réédition des Hanging lamp sorties il y a une quinzaine d'années, et l'arrivée de la Standing lamp marble, un nouveau modèle au design tout aussi filaire posé sur un socle en marbre. Côté assises, le studio réédite également deux modèles existants, Rocking chair et Solo seat, dans deux versions extérieures. Quant à la Alu chair sortie en 2015 pour le pavillon du Bahreïn d’Anne Holtrop à l’Expo mondiale de Milan, elle est cette fois-ci déclinée dans une version tabouret sous le nom d'Alu stool. Un nouveau modèle inscrit dans la lignée de sa grande sœur, et développé en collaboration avec le Bjarke Ingels Group (BIG) pour le lounge bar du siège du studio.

Deux modèles alu chair complétés d'un nouveau alu stool par Muller van Severen ©Elias Derboven

Blēo : une mosaïque de couleurs

Comme un petit pas de côté par rapport à l'univers du meuble, Fien Muller et Hannes Van Severen  ont collaboré avec la marque Blēo, pour l'élaboration d'une gamme de carreaux. Une première approche de la céramique pour la marque habituellement spécialisée dans la peinture. Connus pour leur usage expressif de la couleur, les créateurs belges ont imaginé une palette de 12 couleurs. Réalisé à la main à Fès au Maroc, chaque élément est recouvert d’un émail brillant attirant le regard à l'image des pièces du studio constamment ponctué de couleurs.

Les carreaux couleurs pastels de Muller van Severen ©Blēo
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