Raw Color, en couleur et en mouvement
Collection Tesammans, suspension, lampe à poser et vases en grès émaillé, Raw Color x Ikea / Exposition "Multiply", Cuypershuis

Raw Color, en couleur et en mouvement

Fondé par Daniera ter Haar et Christoph Brach, le studio Raw Color mène un travail sur la matérialisation de la couleur qui joue un rôle clé dans les projets. En février, ils présentaient, leur dernière collection de textiles, d’accessoires et de meubles d’appoint pour Ikea, tout en couleurs vives, qui donnait envie de les introduire dans tous les habitats.

En cette année 2024, le studio hollandais Raw Color, mené par Daniera ter Haar et Christoph Brach, est l’heureux élu du nouveau catalogue et il a pu synthétiser, dans une collection en métal, en verre et en textile, ses recherches en matière de couleurs.

Les origines

Ils se sont rencontrés à Eindhoven, la ville de tous les possibles. Au sein de la Design Academy Eindhoven, ils se sont trouvé un point commun : la couleur, qu’ils aiment brute, ou « raw », d’où leur nom : Raw Color. Dans leur studio, un espace de 70 m2 installé dans une ancienne usine Klokgebouw, ils stockent sur des étagères en métal des échantillons, des objets, des matériaux qui font toute leur inspiration, et leur site reflète leur parcours exceptionnel, entamé dès 2008, en tant que graphistes pour des musées, à réaliser leur communication externe, voire interne, comme pour le Light Art Museum d’Eindhoven. Pour le département recherche Sondes de Philips Design, ils ont conçu le livre du projet Selth Health : schémas, modèles, images se retrouvent dans une mise en pages de type encyclopédique.

Collection Tesammans, horloge murale, Raw Color x Ikea


Catalogue, site web et univers

En 2010, pour De Fabriek, un espace artistique à Eindhoven qui existe depuis trente ans, ils ont renouvelé le site web. Avec eux, les logos sont flexibles et changeants, les formes différentes et indépendantes. Des tampons s’ajoutent sur la papeterie pour rendre l’identité plus brute et ludique. À l’ouverture du restaurant Sketch de Londres par Martin Creed, Raw Color applique sur les murs des natures mortes graphiques rappelant le nouveau menu du restaurant. Remarqués par la marque espagnole Santa & Cole, ils sont chargés de développer des combinaisons inédites de couleurs pour le ruban tissé qui habille les abat-jours de la série Tripode.

Quarantine Quilts, courtepointe

Rencontres avec des marques locales

Pour l’éditeur de mobilier néerlandais Arco, ils ont travaillé les coloris anniversaire de la table Balance, qui fêtait ses 25 ans (conçue par le designer belge Arnold Merckx). Pour AOO (Altrescoses Otrascosas Otherthings), nouveau magasin et nouvelle marque à Barcelone lancés par Marc Morro et Oriol Villar, le graphisme reprend le caractère trilingue de la marque. Fascinés par l’idée de façonner un textile par l’utilisation seule de la lumière, ils ont développé Exposures, un tissu photosensible basé sur la technique du blueprint, une machine à dégradés spécialement conçue qui expose le textile en lignes horizontales à la lumière du jour, donnant lieu à différentes nuances de bleu : plus l’exposition est longue, plus le tissu devient foncé. Avec Nanimarquina, Raw Color dote les tapis Blend de lignes visuelles à partir de cinq fils différents en laine 100 % afghane filée à la main et d’un kilim fin tissé à la main dans les ateliers artisanaux du Pakistan. Pour l’éditeur de parfums espagnol Puig, qui édite pour Prada, Dries Van Noten ou Jean Paul Gaultier, ils ont travaillé sur seize concepts afin d’offrir une approche différente du papier buvard parfumé.

Collection Tesammans, rangement mobile, Raw Color x Ikea

Des solutions intelligentes et économes

À la suite de la pandémie de Covid-19, pour éviter la propagation du coronavirus, il était conseillé d’éternuer et de tousser dans son coude. Raw Color a conçu la chaussette de coude, l’Elbow Sock, pour épargner les vêtements. Et afin de recycler les chaussettes orphelines. En 2023, ils ont remporté le Limburg Design Award pour leur vision aiguisée de la couleur. Un prix décerné tous les deux ans et dernièrement attribué à Jurgen Bey, Atelier van Lieshout, Sabine Marcelis ou Formafantasma. En mai 2023, à La Haye, au Museumkwartier, ils réalisaient une installation de six structures gonflables interagissant entre elles dan un conteneur en verre. Compressed Cylinders faisait office d’oeuvre d’art abstraite, en mouvement et en couleur.

Plaid Tesammans, Raw Color x Ikea

Parade de couleurs

La matérialité et la couleur peuvent être considérées comme le fondement de leur cadre de vie, leur combinaison créant un sentiment d’intimité et de tactilité. À chaque fois, la couleur est liée à la spécificité des matériaux, et chez Ikea primaient le métal, le verre et le textile. L’intuition joue un rôle important dans leur travail. Ils la combinent avec des systèmes logiques qui leur permettent de traduire cette intuition en résultat concret. La collection Tesammans rend abordable au plus grand nombre leur recherche matière-couleur. Le caisson de rangement sur roulettes en acier peint mêle le rose, le rouge et le kaki. La table d’appoint en acier peint rouge offre également un volume de rangement. La lampe met de la couleur dans l’espace. L’horloge, trois cylindres en acier laqué bleu, rose, vert ou gris, indique l’heure juste. Les vases ou les pots de fleurs en grès émaillé, bleu, vert, gris, jaune ou ocre, attendent leur bouquet. Les housses de coussin en coton multicolore apportent de la joie dans l’espace canapé. Sans oublier suspension, carafe, verre, mobile, photophore, plateau, plaid et tapis qui réveilleraient le plus daltonien. La couleur assurée et assumée pour tous !

Rédigé par 
Bénédicte Duhalde

Vous aimerez aussi

Temps de lecture
24/10/2025
Scarabei, la nouvelle composition de Giopato & Coombes

La marque italienne Giopato & Coombes dévoile Scarabei, un luminaire en aluminium inspirée de la nature.

C’est une collection à regarder à la lumière de ces inspirations. Imaginée par Cristiana Giopato et Christopher Coombes, fondateurs du studio éponyme, Scarabei pourrait être désignée comme une collection biomimétique. Inspirés « par les processus de propagation visibles dans la nature », les designers ont cherché à traduire les notions « de rythme, de répétition et de variation ». C’est donc en considérant la lumière comme un organisme à part entière qu’ils se sont penchés sur la faune, et plus précisément sur le scarabée, un animal symbolisant souvent la métamorphose et la renaissance. Une inspiration à l’origine des petites cavités rappelant, à certains égards, des chrysalides d’où émergent ces insectes. En résulte une série de luminaires née « d'une étude de la modularité expansive » offrant des compositions en équilibre « entre géométrie et variation structurelle ».

Scarabei ©Giopato & Coombes

Les aspérités d’une technique artisanale

D’abord intéressés par l’idée de propagation, les designers ont commencé « par travailler en deux dimensions, sur papier, et par l'intermédiaire de matériaux physiques tels que les croquis au crayon et à l'encre ». Une phase qui a permis aux premières ébauches d’émerger. Ce n’est que dans un second temps que l’étude des formes a débuté, et ce, de manière empirique. « Nous avons d’abord créé des masses à l’aide de papier aluminium puis d’argile. Nous préférions travailler le matériau physiquement et ensuite passer à sa transformation numérique en le scannant en trois dimensions. » Une méthode de travail qui a poussé les deux designers vers le moulage au sable. Une technique artisanale, réalisée dans une fonderie italienne, permettant de combiner les détails des moules en terre réalisés à la main, et la matérialité brute et authentique de la fonte. Réalisé en aluminium, chaque module est ensuite retravaillé à la main et patiné dans l’un des cinq coloris disponibles (aluminium brut, aluminium poli, noirci, bronzé, blanc minéral). Dotés d’une source lumineuse, les dômes concaves sont ensuite refermés avec une lamelle de verre opalin, laissant passer une lumière homogène et permettant à chacun de révéler les aspérités de son voisin. Une cohabitation rappelant, à la lumière de Scarabei, la force de la composition.

Temps de lecture
22/10/2025
EspritContract : au sein du groupe Mobliberica, on mise sur la diversité

Les marques Musola, Mobliberica et Dressy, spécialisées dans le mobilier outdoor pour la première et l’indoor pour les deux autres, comptent une expérience de plus de 45 ans. Trois marques réunies au sein d’un même groupe qui permet ainsi d’avoir une offre riche et diversifiée, pour s’adapter au mieux à tous les projets. Analyse auprès de José Martinez, export manager chez Mobliberica.

Pour sa troisième édition, EspritContract se tiendra du 15 au 18 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/le-salon/secteurs/secteur-contract.htm

Que représente le secteur contract au sein de votre groupe (produits/projets, ventes...) ?


Mobliberica, la première marque du groupe est née en 1979 et dès ses débuts, la qualité était partie prenante de notre ADN. Cela nous a permis, au cours de ces 46 dernières années, de développer des produits avec des caractéristiques techniques qui les rendent idéal aussi bien pour le canal résidentiel que pour le canal contract, et de nous étendre ensuite à nos autres marques qui sont Musola et Dressy. Le secteur contract a toujours été un domaine d'une grande importance dans l’histoire du groupe, et nous le développons tout particulièrement en ce moment. Cela passe par des collaborations avec designers ainsi qu'avec une équipe interne expérimentée. En résultent ainsi des produits avec un très haut niveau de qualité et de design, développés et fabriqués entièrement au sein de nos usines.

Vous avez également les marques Mobliberica et Dressy dans le groupe. Les projets contract sont-ils connectés entre elles ?


Mobliberica, Musola et Dressy sont trois marques appartenant à la même entreprise, ce qui permet à nos partenaires de mieux comprendre notre offre en différenciant clairement les pièces de mobilier indoor proposées par Mobliberica et Dressy avec l’outdoor à travers Musola. Le fait de proposer des produits pour les différentes zones d’un projet facilite considérablement le travail de nos clients en réduisant le nombre de fournisseurs nécessaires.

Quels changements/évolutions avez-vous observés ces dernières années ?


Les produits contract ne se distinguent plus de ceux produit destinés au résidentiel. C’est donc à nous d’harmoniser et humaniser au maximum les espaces, en les rendant plus confortables et accueillants pour que les produits s’adaptent au mieux aux usages.

Y a-t-il un projet important dont vous aimeriez parler ?


La diversité de notre offre nous permet de participer à des projets très variés, comme le rooftop d’un hôtel sur la Côte d’Azur, un restaurant dans une station de ski dans les Alpes, une bibliothèque à Berlin ou encore des chambres d’un coliving à Paris. Des projets très attractifs au sein desquels la priorité est donnée à la qualité et au design.

Des nouveautés à venir ?


Nous avons un puissant département de développement produit qui nous permet de lancer en permanence des nouveautés intéressantes, en offrant des solutions techniques, des matériaux et des designs pour proposer des solutions innovantes.

Temps de lecture
24/10/2025
Jean-Philippe Nuel : de l’architecture au mobilier

L’architecte et designer Jean-Philippe Nuel a livré trois projets architecturaux au cours de l’été. L’occasion pour lui de développer deux nouvelles assises en collaboration avec Talenti et Duvivier Canapés.

Architecte multi-facettes, Jean-Philippe Nuel s’est une nouvelle fois illustré cet été avec la livraison de trois projets hôteliers. Témoignant de son attachement à une « approche contextuelle, fondée sur le sens, l’histoire et la captation d’éléments didactiques », l’architecte décorateur a signé trois cadres de vie aux identités radicalement différentes, mais unis par une même volonté : concevoir des espaces enracinés dans leur territoire et ouverts sur le monde. De la métamorphose du dernier étage du Negresco à Nice, hommage élégant et contemporain à Jeanne Augier, à la création de L’Isle de Leos Hotel & Spa en Provence, imaginé comme une maison d’hôtes intime et chaleureuse, en passant par le Talaia Hotel & Spa à Biarritz, écrin minéral et marin suspendu au-dessus de l’océan, Jean-Philippe Nuel conserve l’idée d’un dialogue entre le lieu, l’architecture et le mobilier. Une approche qui l’a conduit à collaborer avec Talenti et Duvivier Canapés pour développer deux nouvelles gammes, désormais pérennisées par les marques.

Le Talaia Hotel & Spa de Biarritz ©FrancisAmiand

L’espace à l’origine de l’objet

Chez Jean-Philippe Nuel, le mobilier naît rarement d’une idée abstraite, mais plutôt d’un « besoin généré par l’architecture », explique-t-il. « Quand on conçoit une chambre d’hôtel, on a souvent besoin d’un bridge. On ne veut pas d’une simple chaise, mais il faut que l’assise reste manœuvrable pour s’adapter à différents usages. En 2021-2022, j’ai donc dessiné cette pièce, car il en existait en réalité assez peu sur le marché. » Destinée à l’origine à un projet hôtelier avorté à New York, la pièce au design sobre et classique a malgré tout été réalisée par Duvivier Canapés sous le nom de colection Barbara. D’abord implantée dans un hôtel à Reims, elle a fini par trouver sa place au Negresco, dans le cadre de la rénovation estivale. « À l’image de cette pièce, mes objets naissent souvent d’un lieu, d’un besoin précis. Ce n’est que dans un second temps que se pose la question de leur adoption par une marque et de leur intégration dans une collection », précise le designer. C’est notamment le cas d’une autre collaboration, cette fois avec Talenti, imaginée dans le cadre du projet de L’Isle-sur-la-Sorgue. Nommée Riva, la collection s’inspire du nautisme et du quiet luxury. D’abord pensée pour le monde de l’hôtellerie, puis intégrée à des projets de yachting, l’assise, reconnaissable à son large piètement en bois sur l’avant, a été ajoutée au catalogue de la marque italienne. « Nous avons néanmoins dû redimensionner certaines pièces. Le piètement initial, assez épais, a été redessiné pour plus de légèreté et de durabilité. Mais la générosité de la chaise, son aspect presque surdimensionné, demeure. » Ce processus d’ajustement accompagne souvent la transition d’une pièce sur mesure vers l’édition. « C’est par exemple ce qui s’est produit au Negresco, pour un canapé en forme de banane de quatre mètres de long. On nous a dit qu’il était trop grand : il a fallu le repenser pour un cadre plus classique. »

La Suite Jeanne&Paul et les assises de la collection Barbara imaginées par Jean-Philippe Nuel ©Grégoire_Gardette

Une approche transversale et lisible

Architecte de formation, mais aujourd’hui davantage tournée vers l’aménagement intérieur, Jean-Philippe Nuel revendique une posture transversale. « Même si ma notion de création s’est un peu déplacée, j’aime garder un œil sur toutes les étapes d’un projet. C’est peut-être lié au marché anglo-saxon, où les architectes ne s’occupent pas des intérieurs ni de la décoration. En Europe, c’est différent, mais comme je travaille beaucoup à l’étranger, le curseur s’est un peu déplacé. » Connu pour la diversité de ses réalisations, le créateur défend avant tout une cohérence du lieu. « Je garde un style que je ne renie pas, sans fioritures, avec une lisibilité dans la mise en place des éléments. » De L’Isle-sur-la-Sorgue, où la présence d’antiquaires a inspiré un dialogue entre objets anciens et mobilier contemporain, à Biarritz, où les couleurs du Pays basque infusent le projet, son seul fil rouge reste l’identité du lieu. « Pour le mobilier, comme pour l’architecture, c’est toujours dans le cadre de ce que j’ai vu, ressenti ou analysé que la création s’inscrit », conclut-il.

Le hall de l'hôtel Isle de Leos et les assises de la collection Riva éditées par Talenti ©Francis Amiand
Temps de lecture
24/10/2025
Icônes en résonance : Charlotte Perriand rééditée par Saint Laurent

À la Galerie Patrick Seguin et sous la curration d’Anthony Vaccarello, la maison Saint Laurent fait dialoguer l’héritage du design avec celui de la mode en présentant quatre pièces rares de mobilier de Charlotte Perriand.

Jusqu’au 22 novembre, la Galerie Patrick Seguin met en scène une exposition qui réunit deux icônes du XXᵉ siècle que sont Charlotte Perriand et Yves Saint Laurent. Sous la direction artistique d’Anthony Vaccarello, ce sont quatre pièces de la créatrice - dont certaines étaient jusqu'ici restées à l’état de prototypes - qui ont été rééditées en série limitée. Présentées de façon presque muséale, chaque meuble témoigne d’un dialogue subtil entre rigueur moderniste et sensualité des matériaux, qu’il s’agisse de la banquette de la résidence de l’ambassadeur du Japon à Paris, du fauteuil Visiteur Indochine ou bien de la bibliothèque Rio de Janeiro ou encore de la table Mille-Feuilles.

Bibliothèque Rio de Janeiro © Saint Laurent

Un dialogue entre héritages et regards contemporains

Plus qu’une simple exposition, cette collaboration rend hommage à la fascination réciproque entre la mode et le design. En effet, alors qu'Yves Saint Laurent  collectionnait les créations de Perriand, Anthony Vaccarello lui, les faire revivre avec modernité à travers un regard épuré, fidèle et respectueux du travail de la designeuse. En s’associant à la Galerie Patrick Seguin, Saint Laurent affirme son engagement pour le patrimoine créatif et la transmission des savoir-faire. Un exercice d’équilibre où l’héritage se transforme en manifeste contemporain, à découvrir sans attendre.

A gauche : Fauteuil visiteur Indochine / A droite : Table Mille-Feuilles © Saint Laurent

Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir chaque semaine l’actualité du design.