Rising Talents 2022 : les 7 talents venus des Pays-Bas

Rising Talents 2022 : les 7 talents venus des Pays-Bas

Pour l’édition de septembre de Maison & Objet, les Rising Talents Awards présentent le travail de sept talents travaillant aux Pays-Bas. Présentation.


Hanna Kooistra, nominée par Kiki Van Eijk

Diplômée de l’Université des Arts ArtEZ à Arnhem, Hanna Kooistra s’inspire d’objets néerlandais pour chacune de ses créations :« De nombreux produits aujourd’hui souffrent de l’effet de la globalisation. On ne sait plus vraiment d’où ils viennent. C’est pour cela que le point de départ pour chacune de mes créations est systématiquement un objet néerlandais » explique-t-elle. Ainsi, sa collection de cafetières Plakkenpot est inspirée d’un modèle en argent du Rijksmueum d’Amsterdam, redessiné avec un rouleau à peinture, ce qui prête à ses versions leurs formes bulbeuses. Parallèlement, elle a proposé une  réinterprétation d’une chaise traditionnelle néerlandaise – le knopstoel -, dont sa version peut-être entièrement repliée et suspendue au mur. Actuellement, la designeuse travaille sur un nouveau tabouret pliable en bois et avec un carré de tissu, inspiré de vêtements flamands traditionnels.

Hanna Kooistra
Collection Plakkenpot

Ruben Hoogvliet & Gijs Wouters, nominés par Kiki Van Eijk

Ruben Hoogvliet & Gijs Wouters forme l’atelier FIG. Ils se sont rencontrés lors de leurs études à l’Université des Arts ArtEZ à Arnhem dont ils sont tous les deux diplômés. Parmi leurs projets notables, on peut citer la collection de bols et de bougeoirs en porcelaine Gravity, née d’une envie de créer des céramiques sans moules. Cette technique développée à l’origine par Ruben Hoogvliet consiste à tremper des structures en mousse dans de l’argile liquide, qui sont ensuite suspendues avant la cuisson. « Je trouve que leur processus est très innovant. Il nécessite une recherche expérimentale approfondie » commentait par ailleurs Kiki Van Eijk. Aujourd’hui, le duo travaille sur le développement de sa collection Gravity sous de nouvelles formes et différents types d’objets, en remplaçant certains des matériaux utilisés afin qu’ils soient plus écologiques et durables.

Atelier FIG © barbaraammerlaan

Théophile Blandet, nominé par Hella Jongerius

Diplômé de la Design Academy Eindhoven, le travail de Théophile Blandet s’est d’ores et déjà distingué par sa présence à Frieze Londres, Art Basel et à la Fiac Paris. Il a également eu le droit à une exposition à la Galerie Fons Welters à Amsterdam en 2020. C’est sa série PS, qui signifie à la fois « post-scriptum » et « polystyrène » qui se distingue comme étant son projet marquant. « Nous devrions changer de regard par rapport au plastique. Comme l’ivoire, il sera interdit à l’avenir, ce qui fait de lui aujourd’hui un matériau de grande valeur ». Toutes ses créations sont façonnées à la main à partir de chutes de plastique pour offrir un résultat à mi-chemin entre des objets fonctionnels et des sculptures.

Série PS

Visser & Meijwaard, nominés par Ineke Hans

Le duo Visser & Meijwaard est diplômé de l’Université des Arts ArtEZ à Arnhem. Leur projet phare : l’armoire Grey on Gray, qui fait référence aux caisses industrielles. Cette dernière utilise en effet le même matériau, Himacs, et réplique le même dessin de bandes sur ses côtés. Plusieurs de leurs produits ont par ailleurs été édités par plusieurs marques telles que Pulpo, Moooi Carpets et Linteloo. « Nous prétendons toujours que notre but est de créer des objets distincts et différents, mais avec un design minimaliste ». Plus largement, ils ont imaginé les vitrines de boutiques Hermès à Hong Kong, au Qatar ou au Japon.

Visser & Meijwaard
Armoire Grey on Gray

Seok-Hyeon Yoon, nominé par Wieki Somers

Seok-Hyeon Yoon est né à Cheongju en Corée du Sud. Il a d’abord étudié le design industriel à l’Université de Kookmin à Seoul avant d’obtenir son diplôme à la Design Academy Eindhoven. « Seok-Hyeon a une écriture délicate. Son travail s’inscrit parfaitement dans la tradition du design néerlandais dans le sens où il est à la fois conceptuel et esthétique » confiait Wieki Somers. Ott/Une Autre Céramique Paradigmatique est l’un de ses projets majeurs, dont le point de départ fut sa découverte du fait que les vernis traditionnellement employés dans la poterie ne sont pas recyclables. Il a ainsi proposé comme alternative une résine d’arbre naturelle ott, qui sert depuis des millénaires comme laque pour le bois dans son pays natal.

Seok-hyeon Yoon
Collection Ott, Another Paradigmatic Ceramic © Ronald Smits

Simone Post, nominée par Ineke Hans

Diplômée de la Design Academy Eindhoven, le travail de Simone Post se distingue notamment à travers ses nombreux imprimés wax dessinés pour l’éditeur de tissus néerlandais Vlisco. Elle a également collaboré avec des marques telles que Adidas et Kvadrat. Elle a également sortie une collection de bols et de contenants intitulée  Wood Weavings qui font directement référence aux paniers tressés de Gambie, à travers une association astucieuse de textile et de bois. « J’aime son énergie, j’aime sa signature. Simone sera quelqu’un dont on entendra parler dans le monde du design pendant de très longues années » commentait Ineke Hans à son sujet.

Simone Post

Sanne Terweij, nominée par Les Ateliers d’Art de France et le Crafts Council Nederland, lauréate Rising Talent Awards Craft

Née à Amsterdam, Sanne Terweij a d’abord étudié la joaillerie et le conseil en couleurs, avant de travailler en tant qu’artisan d’art. On compte parmi ses projets marquants ses sculptures murales imaginées avec plusieurs centaines de petits rectangles de métal oxydés et corrodés dans des dégradés de couleurs. « La couleur a quelque chose de mystique. Son impact sur notre humeur et nos émotions me fascine » expliquait-elle concernant son rapport à la couleur.

Sanne Terweij © Barbara Ammerlaan

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2/12/2025
eba : le coffre plinthe, un rangement qui mêle design et ingéniosité

La marque eba, spécialisée dans la personnalisation de cuisine haut de gamme, a fait du coffre plinthe un allié de taille pour la mise en place de ses projets. Un système à la fois pratique et ingénieux, qui apporte un gain de place et de rangement supplémentaire dans tous les espaces cuisine.

Ce qui était autrefois un simple socle est aujourd’hui devenu un véritable espace de rangement à la fois fonctionnel et ingénieux chez eba. Le coffre plinthe exploite toute la hauteur et profondeur sous le plan de travail, offrant jusqu’à quatre niveaux de rangement accessibles et modulables. Les tiroirs à extraction totale supportent jusqu’à 70 kg pour les objets du quotidien, tandis que le coffre sert à accueillir les volumes plus encombrants. Adaptable à la taille de l’utilisateur, les variations de hauteur possibles du coffre plinthe sont modulables et proposées en 24, 26 ou 28 cm, et sont intégrées même sous l’évier permettant d’allier ergonomie, capacité de rangement et esthétisme grâce à un frontal incliné et un alignement parfait avec les façades des tiroirs. Le coffre plinthe est une exclusivité brevetée par le fabricant de cuisines Santos, maison mère de eba. Des produits distribués en exclusivité par eba via avec des showrooms spécialisés dans la conception de projets avec un accompagnement de A à Z, du relevé de mesures à l’installation finale.

Une solution ingénieuse donc, qui se déploie avec élégance dans tous les styles de projets. Pour illustrer toutes les possibilités et la polyvalence d’eba, voici une sélection de 5 projets pour lesquels cette solution a été intégrée, montrant comment elle peut s’adapter à des styles variés et à des besoins divers.

Augmenter la capacité de stockage global

Pour ce projet, le coffret plinthe a été intégré dans tout le linéaire ainsi que dans les meubles de l’îlot central, afin d’augmenter la capacité de stockage de toute la cuisine, tout en gardant une esthétique élégante et raffinée en harmonie avec le reste de cet appartement haussmannien. La façade inclinée du coffre plinthe apporte une touche sculpturale et permet à l’usager de s’approcher du plan de travail, sans tremper avec le meuble.

Architecte Barbara Sellam © Elodie Gutbrod

Penser pratique et ergonomique

Pour ce second projet, les propriétaires se sont inspirées de la cuisine d’exposition au showroom d’eba Haussmann. Ils ont eu un coup de cœur pour la vitrine coulissante, avec l’intérieur en bois et l’éclairage intégré réglable. Bien que cette partie décorative rendait très bien sur le mur principal de la cuisine, elle limitait la capacité de stockage. Le coffre plinthe a donc été un choix évident pour permettre d’augmenter l’espace de rangement. De ce fait, la cuisine reste épurée et avec un poids visuels léger, tout en ayant tous les éléments à porte de main dans les meubles bas, avec un accès facile et ergonomique via des coulissants.

Architecte : Carole Plagnol © Elodie Gutbrod

Avoir de la place même dans les petits espaces

Pour cette cuisine, l’espace réduit en angle rendait difficile de titrer partie de l’espace. De plus, elle était bloquée par des contraintes d’aménagement puisque la présence d’une grande fenêtre sur l’uns de murs obligeait les architectes à placer la hotte d’extraction et le réfrigérateur dans l’autre mur, ce qui a fait du coffre plinthe la solution la plus adaptée. En effet, les concepteurs d’eba ont proposé d’intégrer des coffres plinthe dans tous les meubles bas, même sous le four, permettant d’obtenir un niveau de rangement supplémentaire sur tout l’aménagement.

© Elodie Gutbrod

S’adapter aux tendances

Cette cuisine qui présente un aménagement avec une verrière dans la partie haute, répond à la tendance des cuisines sans meubles haut. Ce style de cuisine de plus en plus commun, très esthétique et connecté avec l’espace de vie de la maison mais qui limite les espaces de stockage. Ainsi, opter pour des meubles bas à grande capacité était essentiel. La cuisine se complète ici avec un linéaire de meubles colonnes qui cache aussi un coin petit-déjeuner, grâce à des portes escamotables qui glissent sur les côtés, pour un espace à la fois pratique et modulable selon les besoins.

© Olivier Hallot

Garder la cohérence esthétique de l’espace

Ici encore, cette cuisine se présente dans un espace très réduit. Pour gagner de l’espace de rangement, l’architecte avait planifié une partie haute avec des étagères ouvertes, en ligne avec l’esprit décoratif du reste de la maison. Afin de préserver la cohérence et l’harmonie visuelle de la cuisine, la finition Noyer Terre a été choisie pour les meubles bas, avec une continuité de veinage avec le coffre plinthe. Le niveau de rangement coulissant additionnel, même sous l’évier, permet aux propriétaires d’avoir des espaces de rangement amples et à portée de main, sans avoir à sacrifier l’esthétique de cuisine.

Architecte : Prisque Salvi © Elodie Gutbrod

Pour plus d'inspirations c'est ici. Et pour débuter un projet d'aménagement avec eba rendez-vous sur ce lien.

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2/12/2025
Michele De Lucchi ou l’art de casser les codes

Figure incontournable de la scène internationale, Michele De Lucchi façonne depuis plus de quarante ans un univers où se rencontrent architecture, design industriel, recherche artistique et réflexion théorique. Créateur multiple, il traverse les époques et les courants avec une liberté rare, nourrie d’audace, d’humour et d’humanisme.

Formé à l’école d’architecture de Florence dans les années 1970, il entre très tôt dans le cercle du Radical Design, aux côtés des groupes Cavart puis Alchimia. Il y forge une pensée critique qui remet en cause les conventions modernistes, et expérimente un design où l’objet devient support d’idée, de geste, de position politique. En 1981, il rejoint Ettore Sottsass et le collectif Memphis, véritable séisme culturel qui redéfinit l’esthétique des années 80. La lampe Kristall, le fauteuil First, des pièces devenues iconiques pour leur liberté graphique, leur chromatisme éclatant et leur insolence joyeuse. Chez Memphis, il apprend à désobéir et à transformer cette désobéissance en langage créatif.

Tabouret Il Bisonte, Produzione Privata © AMDL

Entre industrie et architecture, la voie humaniste

Après l’aventure Memphis, Michele réinvestit son énergie dans le design industriel, collaborant avec Olivetti, Kartell, Alias ou encore Poltrona Frau. De cette période naît un chef-d’œuvre devenu best-seller mondial : la lampe Tolomeo (Artemide 1987). Élégante, technique, intuitive, elle incarne sa capacité à marier ingénierie et poésie. Le Compasso d’Oro vient consacrer ce modèle devenu un classique absolu.

Fauteuil Bacchetta © AMDL

Parallèlement, il fonde son studio, aujourd’hui AMDL CIRCLE, et développe une architecture humaniste où dominent matériaux naturels, lumière et douceur formelle. Ses projets, le siège d’Enel à Rome, ceux d’UniCredit ou de la Deutsche Bank, de nombreux lieux culturels, témoignent d’une modernité calme, accueillante, toujours pensée à hauteur d’humain. Ses réalisations récentes, du Bureau de poste mobile du Vatican au Pavillon nordique de l’Expo Osaka 2025, prolongent cette vision où connecter, apaiser et relier sont essentiels.

AMDL Circle, Nordic Pavilion © William Mulvhill, courtesy RIMOND

Le retour au geste

En 1990, il fonde Produzione Privata, un atelier-éditeur rattaché à AMDL Circle où le design expérimental est à l’honneur où chaque pièce est imaginée comme un objet singulier ou en très petite série. Depuis les années 2000, il cultive une pratique artisanale personnelle, presque méditative. Dans son atelier, il sculpte le bois, créant des pièces uniques, sensibles et vibrantes. Ces sculptures révèlent un autre versant de son œuvre, celui du créateur-artisan, qui privilégie l’imperfection, la matière brute et le geste instinctif. Loin de l’industrie, il y explore une liberté totale.

Lampe Acquatinta XL Transparent, Produzione Privata © AMDL

À plus de 70 ans, Michele De Lucchi conserve l’énergie d’un pionnier. Toujours en mouvement, toujours en recherche, il poursuit une trajectoire qui fait dialoguer innovation, tradition et intuition. En Italie, il incarne mieux que quiconque cette vision du design comme art total, à la fois fonctionnel, poétique et profondément humain.

A gauche : Lampe Macchina Minima n°8, Produzione Privata © AMDL / A droite : Vase en céramique Glazed White © AMDL

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28/11/2025
La galerie kreo, bureau d’expérimentation et de design

La galerie kreo présente jusqu’au 31 janvier l’exposition « The Office ». Un regroupement de pièces signées des plus grands noms du design, autour de la thématique du bureau, à la fois comme meuble mais également comme espace.

C’est un open-space qui en ferait rêver plus d’un. Et pour cause, rarement les plus grands noms du design (parmi lesquels Hella Jongerius, Edward Barber & Jay Osgerby, Pierre Charpin ou David Dubois pour ne citer qu’eux) n’ont été réunis autour d’un même bureau. Enfin, autour de huit bureaux pour être exact, car c’est précisément cette typologie d’objet qui est mise à l’honneur avec « The Office ». « Nous avions envie d’aborder ce meuble comme un motif en soi : un lieu de travail et de concentration, mais aussi une scène où se jouent des gestes très ordinaires, parfois intimes », raconte Clara Krzentowski, fille des fondateurs de la galerie et directrice de la succursale londonienne. Répartie sous forme de compositions articulées autour d’une table de travail, d’un luminaire et d’une assise auxquels se greffent d’autres pièces décoratives, l’exposition « explore la dualité entre la forme et l’usage ; entre l’objet comme élément architectural et l’espace autour duquel s’organise le quotidien ». Une approche qui, sans prétention sociologique, laisse entrevoir les évolutions de nos quotidiens et notre rapport à ce lieu. « Il n’est plus assigné aujourd’hui, mais libre de se déplacer, se transformer et s’individualiser », analyse Clara Krzentowski, soulignant la dimension intime et presque domestique de certaines mises en scène.

© Alexandra de Cossette Courtesy Galerie kreo

Une large diversité

Si la galerie kreo fait aujourd’hui partie des figures incontournables de la scène design internationale, c’est notamment pour sa volonté de mettre en regard les époques et les styles. Avec « The Office », l’institution parisienne attable ensemble des designers d’aujourd’hui et des grands noms du XXe siècle, dont Pierre Paulin, Ernest Race ou Gino Sarfatti. Une sélection hétéroclite, à l’origine d’un corpus de créations choisies parmi les collaborations entre les artistes et la galerie, ou des fonds d’œuvres vintage. De quoi permettre « un dialogue vivant entre différentes personnalités du design, et offrir l’opportunité au visiteur d’aborder ces environnements avec une lecture très libre ». Une liberté due à une recherche d’ambiance et d’esthétisme plus qu’à une quelconque classification, permettant aux lignes et aux matériaux de se combiner dans toute leur diversité. Si ce n’est pas la première fois que la galerie se livre à l’exploration d’un thème ou d’une famille d’objets, l’exercice présenté jusqu’au 31 janvier propose cette fois-ci une vision pleine de styles de celui qui est bien plus qu’un simple meuble de travail.

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27/11/2025
À la galerie BSL, Jimmy Delatour brouille les lignes du temps

Le designer Jimmy Delatour expose « Pompeii-x » à la galerie BSL jusqu’au 20 décembre. Une collection mêlant pièces de mobilier et œuvres numériquement modifiées, inspirée par l’esprit de la cité italienne.

C’est pendant l’enfance que se construisent les plus vastes imaginaires, ceux bercés par l’histoire, quelle que soit la taille du H. Pour le designer Jimmy Delatour, les plus beaux contes viennent des objets, « ceux qui racontent des histoires par eux-mêmes ». Aujourd’hui davantage entouré d'antiquités que de pièces design, le créateur se rappelle avoir visité Pompéi lorsqu’il était enfant. Un séjour mémorable dans une ville « marquée par la disparition et les instants de vies figées », mais plus généralement dans un cadre architectural fort. Un souvenir revenu comme une évidence lorsqu’à la suite d’un salon, au cours duquel il rencontre les Marbreries de la Seine, celles-ci lui proposent une carte blanche artistique. « C’est une entreprise implantée entre la France et l’Italie, originellement spécialisée dans les projets architecturaux d’envergure. Lorsqu’elle m’a proposé de co-produire une collection, j’ai immédiatement pensé à Pompéi. Quel meilleur matériau que la pierre pour évoquer la civilisation romaine que j’avais découverte enfant ? » Une rencontre entre un médium et un souvenir dont les premières esquisses jouent avec les frontières de l’art et du design. Deux univers représentés par la galerie BSL, devenue partie prenante de cette collaboration.

©Galerie BSL

Des micro-architectures hors du temps

« Je n’aime pas vraiment le décoratif », contextualise Jimmy Delatour, qui a débuté en tant que directeur artistique dans l’univers de la 2D. « Ce qui m’a attiré vers le volume, c’est l’architecture. Celle de Jean Prouvé, mais aussi la simplicité formelle, les lignes fortes et les jeux d’ombres et de lumière qu’on peut retrouver chez Tadao Ando. » Des codes architecturaux dont « Pompeii-x » est largement imprégnée. Des volumes qui semblent flotter, des masses très visuelles desquelles se dégagent des perspectives, le tout dans des superpositions équilibristes surplombées de discrets demi-cercles. « Un hommage à l’ornement et à l’idée de confort du mobilier romain, ramené ici de manière simplifiée et dépouillée. »  Une réinterprétation contemporaine, certes, mais pas nécessairement faite pour s’inscrire en 2025. C'est du moins ce que suggère le nom de la collection : « Pompeii-x ». « Dans cet ensemble, l'inconnu temporel est noté par le x, ce qui suggère qu’on ne saurait pas la dater. C’est une projection de ce qu’aurait pu être la ville si l'événement n’avait pas eu lieu », relate le designer. « On imagine souvent le futur comme étant très épuré. J’ai donc imaginé cette collection avec ce prisme. » Un univers constitué de huit « micro-architectures » où le marbre italien vert Verde Alpi, le rosé Breccia Pernice et le travertin blond Albastrino font écho aux dernières couleurs pompéiennes. Un clin d'œil aux vestiges, inscrit jusque dans le traitement des pierres, sablées, à l’origine « des couleurs fanées ».

©Galerie BSL

De l’antique au numérique

Mais derrière l’apparente simplicité formelle de la collection, permettant à l’artiste de perdre le spectateur entre les époques, Jimmy Delatour évoque également un second pan. « Il y a d’un côté le design, plutôt collectible, et de l’autre la conceptualisation de la conception, ce qui va au-delà du mobilier classique et utilitaire. » Cette idée, le designer l’a eue lors d’une visite d’exposition dédiée à Louise Bourgeois en Australie. « Ce jour-là, j’ai vu des pièces qui pouvaient faire vibrer tout le monde, et je me suis dit que c’était ce qu’il fallait faire en établissant des liens. » Une réflexion à l’origine de quatre Artéfacts imaginés pour soutenir les pièces de mobilier. Mis en scène dans des cadres différents, tous rendent hommage à Pompéi. Rassemblant des images du lieu, le petit manifeste du futurisme italien, une composition graphique contemporaine représentant l’éruption ou un détournement du célèbre tableau Madame Récamier de Jacques-Louis David intégrant la méridienne de Jimmy Delatour, chaque œuvre est issue d’un « petit twist ». La manipulation, qu’elle soit numérique ou photographique, questionne le spectateur quant au contexte de création. « Je voulais que les pièces interrogent. Je ne voulais pas emprunter le chemin du collectible uniquement décoratif et exceptionnel sur le plan formel. Cette collection est une sorte d’uchronie. On revisite le passé pour changer la direction de l’histoire et créer une réalité alternative dans laquelle ça aurait pu exister. Et en même temps, elle est un hommage à la cité disparue, comme si elle était constituée de fragments simplement réassemblés. » conclut-il.

Ci-dessous à gauche Artifact B, Portal, et Artifact A, Madame Récamier. A droite Artifact D, Excavation treasures, et Artifact C, Views of the future past. ©Galerie BSL

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