Exposition

Pour l’exposition « Design x Durable x Désirable- l’art de vivre responsable » sur la thématique de l’art de vivre responsable, les deux commissaires, Carolina Tinoco et Nathalie Tinland, se sont basées sur les cinq thématiques des cahiers d’inspiration élaborés par le French Design. C’est à Jakob et Macfarlane que la scénographie a été confiée. Mis en scène sur cinq archipels, les trente projets sont présentés selon le thème dédié. À découvrir jusqu’au 13 juillet 2023.
Les « nouveaux modèles » proposés répondent à un cercle vertueux. Sont inclus dans le cahier des charges la fabrication durable, le recyclage, le détournement ou encore l’économie sociale et solidaire, avec un coup de cœur pour Marbre d’Ici, un matériau imaginé à partir de gravats de chantier. Dans la famille « process innovants », le tabouret Instead de Franck Grossel, réalisé en drêche de brasserie, vient agrandir cette lignée avec brio. La Conquête des territoires valorise la production et l’artisanat locaux, avec un bel exemple : un plateau de table en volants de badminton recyclés imaginé par Thomas Merlin pour Dizy Design.


En véritable hymne à la nature, « Visions créatives » met en lumière les recherches du biodesign, une thématique vaste et illustrée ici avec huit créations étonnantes. Le dernier volet de l’exposition, « Usages d’avenir » met en avant la polyvalence de l’objet. Deux produits à double usage illustrent bien le propos : le tapis chauffant Tracés de Natacha Sacha et la table Climatique de Jean-Sébastien Lagrange et Raphaël Ménard qui stocke l’énergie thermique.
Cécile Papapietro-Mastuda


Lors de la Milan Design Week, Elisa Ossino et Josephine Akvama Hoffmeye présentaient l’exposition « Butterfly Effect ». Un appartement-galerie dont l’aménagement intérieur a été réalisé par Elisa Ossino Studio et le design de surface par File Under Pop.
À Milan, le projet d’exposition « Butterfly Effect » mené par Elisa Ossino et Josephine Akvama Hoffmeye explorait les couches du design de surface et s’appuyant sur des années d’expérience dans le travail avec les couleurs et la tactilité. L’objectif était d’établir un lien avec les objets et les meubles Muuto, les appareils de cuisine V-ZUG et les radiateurs TUBES, des marques qui habitent cet appartement du 18e siècle dans le quartier de Brera à Milan.


Pour l’installation, File Under Pop a créé un intermezzo de couleurs, en utilisant des nuances puissantes comme Lime Juice, Roots et Lollipop de la collection de 96 couleurs de peinture. À travers cette exposition, l’idée était d’attirer l’attention sur la sensibilité de la tactilité de la surface, en remettant en question les conventions sur l’intégration des carreaux dans un espace de vie.



Au musée Carnavalet-Histoire de Paris, l’exposition « Paris est pataphysique » propose de déambuler dans une capitale nourrie de l’imaginaire du designer français. Voyage en deux temps, au pays de l’incongru, sous le prisme de la Pataphysique, la « science des solutions imaginaires ».
Affirmons-le de suite, cette exposition est en tout point paradoxale et singulière. Paradoxale, parce qu’elle est orchestrée par un designer-directeur artistique qui n’aime généralement pas voir ses œuvres exposées, et singulière, car elle propose d’embarquer au cœur d’un parcours fantasmagorique évoquant un Paname déstabilisant, tout en étant drôle, inquiétant et bizarre. « C’est la première fois que le musée Carnavalet-Histoire de Paris invite un artiste contemporain à parler de la Ville, explique Valérie Guillaume, directrice du musée. Ici, Philippe Starck présente sa vision personnelle de la capitale et celle de ses propres créations parisiennes, via la ‘Pataphysique. » Mais qu’est-ce donc que la Pataphysique ? « En 1898, Alfred Jarry a écrit un ouvrage intitulé « Gestes et opinions du Docteur Faustroll », définissant cette science comme celle « des solutions imaginaires », rappelle-t-elle. Le 14 juin 2021, Philippe Starck a été coopté Régent du Collège de Pataphysique, titulaire de la Chaire d’Abstraction Pratique & Concrétion Spéculative. C’est à ce titre qu’on a fait appel à lui, pour réaliser cette exposition. »
Dans une première partie consacrée à son Paris « intérieur », dépourvue de cartels, mais nourrie d’explications à télécharger via une application, le spectateur prend vite la mesure de ce qui l’attend. Dès l’entrée, il est accueilli par l’avatar en cire du designer, comme échappé du Musée Grévin – « le musée des vrais » selon ses mots, qui l’interpelle de sa voix reconnaissable : « venez voir cette exposition où tout est à ressentir, […] où, vous l’aurez compris, il n’y a rien à comprendre… Il faudra simplement vous humecter de l’air, écouter la vibration, la musique de l’air … »

Entre autres objets, vidéos, photos et maquettes, un dessin de la tour Eiffel, appréhende « la Grande Osseuse » comme une sculpture faite de vent et d’air, un modèle de l’écluse du canal Saint-Martin ouvre sur « l’ether-nité », une carte de Paris de l’artiste Jack Vanarsky, en 1997, voit le boulevard périphérique devenir droit et horizontal… Entre air et eau, cette vision « pataphysique » et mystérieuse de Paname laisse quelque peu perplexe, malgré les éclairages de l’application. Heureusement, la plupart des objets de la seconde salle et des suivantes parlent pour eux-mêmes. En 1972, le pataphysicien Jacques Carelman (1929-2012) avait créé une exposition d’« objets introuvables », au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Fasciné par la vision de ce personnage également peintre, sculpteur et illustrateur, Philippe Starck en présente ici quelques-uns, dans une ambiance très feutrée. Trois chaises « dansent le French cancan », un surprenant piano est tranché par octaves, tandis qu’une bicyclette possède des raquettes à neige, à place des roues… Autrement dit, des artefacts en dehors de leurs conventions d’usage, à l’esthétique dada et surréaliste, illustrant cette science des « solutions imaginaires ».
Un design décalé, à messages, au service du pouvoir et du plaisir
Plus loin, dans l’enfilade des différents espaces, le propos prend racine au cœur de lieux réels parisiens que le designer avait revisités de manière fantasmagorique. Dans l’un d’eux, il nous replonge dans l’ambiance des fameux Bains-Douches (1978-1984), à l’emblématique design aux carreaux de céramique blanche. A l’époque, Philippe Starck avait pris à rebours la définition des « bains-douches » où l’on pouvait se laver, en proposant un « institut de bain de sueur ». Ces anciens bains publics furent métamorphosés, par ses soins, en boîte de nuit très prisée du Tout-Paris qui transpirait, au son des meilleures musique d’alors.

En 1983, Starck a également imaginé, pour Danielle Mitterrand, une chambre à l’Elysée qui va littéralement effrayer la première dame. En effet, sur la demande du designer, le plafond peint par Gérard Garouste mettait en scène un personnage mexicain enivré au mezcal, dans le plus pur style de l’artiste, à savoir inquiétant et expressionniste. Reproduite ici sur un dispositif circulaire, accroché au plafond, qui s’active grâce à une manette, la fresque accompagne les meubles de la pièce révélant le caractère éphémère du pouvoir : les piètements de la table imaginée par le designer sont pliables, les sièges évoquent du mobilier de plein-air, et le fauteuil Richard III est opulent à l’avant, mais nu à l’arrière…

Autant d’objets irrévérencieux et inattendus dans un tel espace. Idem dans la salle suivante, où Starck présente, entre autres, le mobilier du bureau du Ministre de la Culture Jack Lang (1985), dans lequel le créateur jugea bon de reproduire, dans un des placards, le tableau « David tranchant la tête de Goliath » du Caravage. Sa vision quelque peu dramatisée de la fonction ministérielle ne retiendra pas les faveurs de l’intéressé… Enfin, parmi d’autres encore, l’horloge du Café Costes (1984-1994), place des Innocents, ne donne pas l’heure, son escalier a de « l’esprit » et ses chaises ont trois pieds, « afin de ne pas faire trébucher les garçons de café ». Tandis qu‘au Caffè-restaurant Stern (2014), passage des Panoramas, deux coyotes bijoutés habitent les lieux, en compagnie d’autres animaux chimériques …

Immersive, cette exposition conçue comme une poésie dada, peut décevoir quiconque n’ose sortir des codes. Il faut accepter de se laisser porter, avec peu de balises, au cœur de récits tantôt effrayants, tantôt merveilleux, accepter d’oublier la réalité extérieure, pour pénétrer un monde pataphysique où les objets semblent issus d’univers parallèles. Où flottent des artefacts, porteurs poétiques et mystérieux de messages subliminaux, grâce à une scénographie durable, imaginée par l’Atelier Maciej Fiszer, privilégiant les contrastes de lumière.
« Paris est pataphysique, Philippe Starck », Musée Carnavalet-Histoire de Paris, 23 Rue de Sévigné, 75003 Paris – jusqu’au 27 août 2023.

Au musée Van Abbe à Eindhoven, l’exposition « Delinking and Relinking » met en parallèle le potentiel des œuvres d’art et les sens de l’être humain pour une expérience inédite. Une manière d’appréhender le champ muséal en offrant une lecture singulière liées aux problématiques sociétales.
Présentant 120 œuvres d’art de la collection du musée Van Abbe qui en compte 3000, l’exposition « Delinking and Relinking » invite à une visite immersive originale. C’est le premier accrochage d’une collection entièrement multisensorielle aux Pays-Bas.
Le fond et la forme indissociables
D’emblée le propos et l’intention scénographique abordent l’art de manière plus directe, en faisant appel aux sens de l’être humain : l’ouïe, la vue, l’odorat, le toucher. « Les musées sont des lieux qui rassemblent le patrimoine et le passé afin de montrer le présent et de connecter les visiteurs aux collections par le biais de récits, dans la société du XXIe siècle devenue plus participative », explique Charles Esche, directeur du musée. Car une fois n’est pas coutume on peut toucher certaines œuvres, écouter l’expression de voix différentes, moins connues.

L’exposition couvre plus d’un siècle d’histoire de l’art. Dans un parcours chronologique, elle révèle comment les grands artistes de 1900 à nos jours, abordent les grandes questions de notre époque, et comment leurs œuvres sont directement liées à ce qu’ils voient, ressentent et vivent autour d’eux.

Des problématiques liées au contexte
Depuis 1936 le musée Van Abbe, multiplie les expériences muséales innovantes, explorant les liens entre art et société. Les grandes thématiques du parcours sont divisées en trois périodes sur les 5 étages du musée. Au sous-sol en préambule, l’histoire du musée. Au premier étage, les perspectives européennes de la première moitié du XXe siècle, avec des artistes tels que Wilfredo, Pablo Picasso, Ossip Zadkine, Marc Chagall, Joan Miro, El Lissitzky.

Au second étage, les utopies des années 60 à 80 résonnent notamment avec la vidéo d’un projet de logement communautaire à Eindhoven en 1970, érigé sans murs intérieurs, de l’architecte Frans van Klingeren. Au troisième étage, les problématiques environnementales, les inégalités raciales, le genre, sont mis en exergue par la galerie Proud Rebels qui a prôné l’émancipation des femmes, les artistes tels que Sanja Ivekovic, Gülsün Karamustafa, Marlene Dumas, Iris Kensmil et Laure Prouvost.
Un parcours multisensoriel et accessible
Au-delà de l’aspect multisensoriel, l’exposition « Delinking and Relinking » propose 5 parcours multimédias différents qui associent plus de 25 outils numériques pour que le spectateur communique réciproquement avec les œuvres. Sont inclus des textes en braille, des interprétations de parfums, des dessins tactiles et paysages sonores… Les parents et enfants choisiront un « Family Tour », tandis que d’autres s’orienteront vers un « Love Lettres Tour » afin de comprendre le lien affectif entre visiteurs et œuvres d’art.

Tout en enrichissant l’expérience muséale ouverte à un public de tous âges, l’accent est mis sur un parcours destiné aux visiteurs malvoyants ou malentendants et aux personnes à mobilité réduite. C’est pourquoi, l’exposition a été conçue en collaboration avec des experts dans le domaine de l’accessibilité physique, une relation de travail de longue date avec le musée.

Jusqu’au 4 juin, les diplômés 2022 de l’Ecole supérieure d’art et de design de Saint-Etienne (ESADSE) exposent leur projet de dernière année… Une vue d’ensemble proposée par des commissaires extérieurs, loin des présentations classiques, qui peut dérouter certains, mais qui, en décontextualisant de la démarche de diplôme les pièces présentées, les inscrivent dans un « après » commun. « Total Recall », en référence à la nouvelle de Philippe K. Dick, prend ainsi le parti d’offrir au visiteur un instantané général embrassant l’ensemble des préoccupations portées par les jeunes artistes et designers.


Depuis 2022, l’Ecole supérieure d’art et de design de Saint-Etienne challenge la mise en lumière les travaux des dernières promotions diplômées : le commissariat est confié à des personnalités extérieures , qui portent sur les projets un autre regard que celui de l’équipe pédagogique. Ce sont Julie Portier et le collectif It’s Our Playground qui ont eu la mission de scénographie les propositions de l’ensemble des étudiants diplômés en 2022.
Dans un dialogue avec les étudiants ils ont choisi des pièces de leur projet de fin d’études, voire des éléments créés dans la continuité. Et ont pris le parti de les dispatcher au travers de l’exposition, dans une volonté de faire émerger des thèmes d’ensemble et d’interpeler le spectateur.
Au premier abord donc, difficile de concevoir que l’on se trouve face à différents projets qui ont été menés avec un protocole particulier, un mémoire de recherche et des itérations documentées. Il faut effectivement s’appuyer sur les programmes et plans distribués à l’entrée pour souvent recomposer les puzzles d’un même projet, voire consulter le site internet de l’école pour celui qui veut aller plus loin dans la compréhension de la démarche du jeune diplômé.



Le titre « total Recall » a été choisi en référence à la nouvelle de Philippe K Dick, adaptée au cinéma par Paul Verhoeven, qui imagine la possibilité de se faire implanter de faux souvenirs, de voyages ou d’actes héroïques. C’est cette omniprésence de la relation au temps dans les différents projets de diplômes, qui a d’abord frappé les commissaires et qui explique ce choix. Et c’est aussi une autre relation au temps des œuvres, au départ terminées pour un examen, qui est en jeu ici , dans un contraste scénographique pensé aussi dans les strates d’une relation au temps, depuis une mise en « façade » à l’entrée de l’exposition jusqu’à la dernière partie dans l’obscurité relative.
Des réminiscences de l’enfance à la recherche autour du deuil, expressions autour de points de passage comme les portes ou d’objets transitionnels, d’objets « passerelles », les restitution d’expériences urbaines à travers le regard de skatteurs, d’artiste graffeurs, ou de restitutions virtuelles; la réappropriation d’outils relationnels comme les boîtes aux lettres ou la mise à nu de la violence codifiée dans les dialogues de gamers en immersion… les sujets d’interrogations et d’engagements sont nombreux. Voire assez déroutants : quand certains requestionnent un rapport à la vie sauvage, dans une étude de terrain où l’on retrouve une inspiration de B. Morizot, d’autres recréent un rituel autour du rapport au feu.
Chaque année, un jury décerne un prix à deux projets, en art et en design. Cette année, avec l’appui du mécène AXA, le prix design a récompensé la recherche de Kunhong Du, qui s’est intéressé à la création de compagnons réconfortants pour les malades dans une observation fine des besoins du malade. Un travail qu’il compte poursuivre avec la bourse reçue. Le prix Art sera décerné avec ArtPres le 25 avril.




Du 30 mars au 2 avril, dans le cadre des Journée Européennes des Métiers d’art (JEMA), le Campus Mode Métiers d’Art et Design en partenariat avec le Mobilier national et le Comité Colbert organisent une exposition pour valoriser les savoir-faire et les métiers d’art.
Pour la deuxième édition de « Entrez En Matières », le public est invité à découvrir, du 30 mars au 2 avril, les gestes professionnels exécutés par les maîtres d’art de 11 grandes maisons partenaires – Chanel, Le19m, Bernardaud, Saint Louis, Cristofle, J.M Weston, S.T Dupont, Atelier de la Boiserie, Procédés Chenel, Mobilier National et la Manufacture de Sèvres – et par les formateurs et talents de demain inscrits dans les diplômes « métiers d’art » des 18 établissements du Campus comme l’Ecole Estienne, l’Ecole Boulle, l’Ensaama, Duperré…

Une exposition qui mettra en avant pas moins de 34 savoir-faire, à découvrir gratuitement au Mobilier National, 34 rue des Gobelins, 75013 Paris.

Pour cette rétrospective en hommage à la création des années Mitterrand, le Musée des Arts Décoratifs a sélectionné 700 pièces. Du graphisme au mobilier, en passant par la mode ou la publicité, l’effervescence des années 80 retenti sous la nef du musée parisien jusqu’au 16 avril.
C’est au designer Adrien Rovero que la scénographie a été confiée. Si cette décennie est symbole de liberté d’expression, il l’a symbolisée avec un drôle de télescopage de styles, de lignes, de couleurs et de langages. Les silhouettes des mannequins, habillés en Thierry Mugler, Jean-Paul Gaultier, Azzedine Alaïa ou encore Martin Margiella se mélangent aux créations des collectifs Totem ou Memphis, de Mattia Bonetti, voire de Martin Szelesky. Meubles et accessoires de Philippe Starck, encore une fois à l’honneur, sont très représentatifs de cette époque durant laquelle la démocratisation des biens de consommation est mise en avant.

Que ce soit en mode, avec le développement du prêt-à-porter, ou en design, la décennie rime alors espoir, avec l’avènement du socialisme. Le graphisme prend une ampleur considérable tant commercialement que politiquement, celui télévisuel connait alors ses années phares grâce aux réalisations publicitaires signées Jean-Paul Goude, Jean-Baptiste Mondino ou Etienne Chatiliez.


Le monde de la nuit n’est évidemment pas en reste car qui dit années 80 pense au Palace et aux Bains Douches : affiches, photos et autres flyers rythment les murs de la dernière partie de l’exposition, le tout dans une atmosphère très eighties. Que l’on ait vécu l’époque ou pas, elle restera mythique !

Méconnu du public et cependant décoré par l’Académie d’Architecture Française, l’architecte et designer José Zanine Caldas est exposé à la Carpenters Workshop Gallery Paris jusqu’au 22 avril. C’est sous le nom de « Denuncia » que cette rétrospective rend hommage au créateur pluridisciplinaire et à son engagement environnemental avec 90 pièces exposées.
Devenu une véritable figure de proue de la création moderniste du Brésil, Caldas fabrique des maquettes architecturales à 20 ans. Il travaille notamment aux côtés d’Oscar Niemeyer et se forme seul à l’architecture et au design.

Une création en trois temps
Une dizaine d’années plus tard, l’autodidacte se lance dans la création et la vente de mobilier en contreplaqué. Dans un souci d’optimisation de la matière, il innove en découpant le matériau jusque-là moulé, réduit les rebus et fabrique des meubles haut de gamme mais accessibles. Cette période de production industrielle pauliste, pionnière à l’époque, est connue sous le nom de « Moveis Artisticos Z ».

Mais en 1964, Caldas fuit le régime militaire dictatorial et Sao Paulo pour Bahia, sa terre natale. Les forêts luxuriantes de la région l’inspirent et Caldas entre dans son second cycle créatif, « Moveis Denuncia » (que l’on pourrait traduire par mobilier dénonciateur). Brutalistes, ces pièces sont sculptées directement dans le bois massif, souvent récupéré, et témoignent du lien fort entre l’artiste et la nature. L’architecte réinvente la construction d’habitats réalisés à partir de matériaux de démolition ou d’arbres morts.

Si le Musée des Arts Décoratifs lui a consacré une rétrospective en 1989, « Zanine, l’architecte et la forêt », la Carpenters Workshop Gallery expose des pièces à découvrir ou à revoir sans plus attendre, le tout sur fond de photos d’architecture de Caldas.
Carpenters Workshop Gallery, 54 rue de la Verrerie 75004 Paris

Du 17 au 21 mars, les étudiants de 4e année de l’école de design Créapole organisent l’exposition « Prémisses », en partenariat avec le French Design by VIA. Le résultat d’une réflexion d’un an, à découvrir à la French Design Galerie.
« Prémisses » est une exposition organisée à la French Design Gallery avec le soutien du French Design by VIA qui présente les travaux de Benedetta Dosa, Klaïs Edmond, Elodie Goh, Raphaël Lavorel, Nicolas Le Derf, Yufei Liu, Elsa Polaud, Carla Raro, Mathilde Reithler, Mélanie Sladisky, Iliona Triaux-Perez, Eugénie Vanhoutte, étudiants de 4e année de l’école de design Créapole.
Comme son nom l’indique, « Prémisses » invite à la découverte des bases de réflexion de ces étudiants dans leur apprentissage des différents enjeux techniques, artistiques et écologiques du métier, dans un contexte de post-confinement qui a son importance pour ces futurs professionnels. Un aspect à prendre en considération puisqu’il s’inscrit dans une période d’inaccessibilité des matériaux qui, de fait, donne naissance à de nouvelles manières d’appréhender l’espace et la démarche constructive.
Une exposition à découvrir du 17 au 21 mars, de 9h30 à 18h30 à la French Design Galerie, 120 Avenue Ledru Rollin, 75011 Paris. Un vernissage est prévu le jeudi 16 mars, de 18h30 à 21h30.

C’est dans le cadre du Madrid Design Festival début février que l’exposition « Natural Connections » a été dévoilée. Une invitation à la création, avec la collaboration de trois designers : Inma Bermúdez et Moritz Krefter (Studio Inma Bermúdez), Jorge Penadés et Alvaro Catalán de Ocón.
C’est sous l’impulsion de l’American Hardwood Export Council (AHEC) que les designers espagnols Inma Bermúdez et Moritz Krefter (Studio Inma Bermúdez), Jorge Penadés et Alvaro Catalán de Ocón ont été invités pour participer « Natural Connections ». Leur mission était de créer trois pièces de mobilier pour les espaces publics, conçues pour aider les gens à se rencontrer et redécouvrir la nature. Une exposition présentée au Matadero Madrid, et inscrite au programme du Madrid Design Festival 2023 qui se tient jusqu’au 9 avril, créant des synergies avec SLOW Spain, également organisée par l’AHEC et qui expose le travail de 17 étudiants en design en Espagne. Un rapprochement pensé pour que les designers soient des mentors pour les étudiants mais également pour développer des designs utilisant des bois durs américains durables tels que le chêne rouge, l’érable ou le merisier.
La Manada Peridida par le studio Inma Bermúdez
Pour cet ensemble de pièces réalisées en chêne rouge, érable et cerisier, les designers Inma Bermúdez et Moritz Krefter du studio Inma Bermúdez se sont inspirés du bâtiment Matadero, qui était autrefois un abattoir. Dans le hall d’entrée du bâtiment, ce qui semble évoquer un groupe d’animaux perdus prend la forme de bancs ou de sièges, mais la conception va au-delà du mobilier pour faire appel au jeu et à l’imaginaire. En effet, leur fonction n’est pas directement définie, et laisse au visiteur la liberté de décider comment interagir avec ces derniers.

Nube d’Álvaro Catalán de Ocón
Pour son projet Nube, Álvaro Catalán de Ocón s’est inspiré des stores en bois traditionnels des villes méditerranéennes. Il interprète le bois par la lumière et crée un nuage électrique pour l’espace Matadero. Nube (« nuage » en espagnol) est composé de petits morceaux de bois, tous identiques et produits mécaniquement. Le designer a utilisé un processus de production de masse, qui permet la création de nombreux éléments répétés plusieurs fois de manière très simple, laissant la composante artisanale, qui est au cœur de sa démarche, dans l’assemblage et l’installation. Des petites boules de bois en chêne rouge, du merisier et de l’érable, forment une sorte de maille électrifiée qui filtre la lumière et entour le visiteur d’un jeu d’ombre.


Wrap de Jorge Penadés
Pour ce projet, le designer étudie une nouvelle application en bois basée sur le système de production de tubes en carton. Au lieu d’un meuble traditionnel, Jorge Penadés a développé un système structurel utilisant deux pièces de placage de cerisier de 0,7 mm, collées et roulées dans des directions opposées pour créer une structure tubulaire résistante et polyvalente. Une réalisation qui démontre la force, la stabilité et l’esthétique du merisier américain.


Ce lieu mythique de la vie parisienne devient un espace de rencontres qui explore la culture locale du quartier. Sur trois niveaux et sous la houlette d’acteurs engagés et motivés, l’espace célébrera la mode, la culture, le design et l’art.
Des lieux mythiques, à Paris, il y en a à foison. Mais peu font partie intégrante de la vie des habitants du quartier et peu ont contribué à façonner une autre histoire de la ville. C’est le cas de l’immeuble qui fait l’angle des boulevards Barbès et Marguerite de Rochechouart. Dans la mémoire collective, tout le monde se souvient de ce magnifique bâtiment de 3 étages dans le plus pur style haussmannien, orné de l’incontournable motif de Vichy rose, comme étant Tati Barbès
Déjà en grandes difficultés, Tati n’a pas survécu au Covid et le dernier rideau de fer des magasins de l’enseigne, née en 1948, s’est définitivement baissé en juillet 2020. La Ville de Paris a immédiatement eu conscience de la réalité d’un esprit de Tati, et a cherché à maintenir son bouillonnement et sa richesse interculturelle en lançant un appel à projets.
Un lieu hybride et culturel
L’immeuble a été racheté par l’opérateur immobilier Immobel France en novembre 2021. L’îlot de 8000 m2, qui abritait autrefois les différents magasins TATI, est transformé par IMMOBEL FRANCE en un projet mixte mêlant bureaux, logements libres et sociaux, commerces et résidence hôtelière. La livraison du projet est attendue pour 2024. Or, le cahier des charges prévoyait nécessairement « un équipement culturel ». Immobel France met à disposition gracieusement toute une partie du bâtiment, la plus visible et la plus prestigieuse, l’emplacement numéro Un, à l’agence FOREST, acteur majeur de l’occupation temporaire et transitoire engagé et incarnée. Cette dernière a sélectionné le projet de faire de l’ancien TATI un lieu hybride et culturel, porté par Youssouf Fofana de la marque Maison Château Rouge et de l’association Les Oiseaux Migrateurs.

Ensemble, ils ont créé UNI, Union de la Jeunesse Internationale. Il s’agit d’un espace-concept riche d’une programmation très diversifiée, à la fois street et high end, avant-gardiste et populaire, multiculturelle et tellement parisienne. Constamment renouvelée, elle doit faire venir des publics d’horizons variés et faire se rencontrer designers dans le vent, artistes sans le sou, voisins curieux de l’animation qui y règne mais aussi nostalgiques de l’esprit Tati.


Des expositions de design et d’art, comme Hall Haus, pour l’inauguration, durant la Paris Design Week, fin septembre, Cross Cultural Chairs in Quazaqstan, en octobre ou encore l’exposition de street art Les enfants de Tati, s’enchaînent. Depuis le 17 février, l’espace accueil l’exposition des photographies d’Ilya Chemetoff intitulée Mécanisme Des Songes, produite par Adeus. Une radio, des ateliers de mode durable, des masterclass sur la création et le design et sur tous les sujets d’actualité, une médiathèque improvisée, un food hall ou encore un petit espace de vente… s’y succèdent, se superposent, font du lieu un espace ultra vivant. UNI veut célébrer l’interculturalité et plus largement celles des diasporas à travers une programmation pluridisciplinaire et contemporaine.

La galerie Ketabi Bourdet, spécialisée dans les années 80-90, vient de présenter une rétrospective des meubles de Philippe Starck de cette période. Cette exposition a été l’occasion de redécouvrir des pièces quasiment introuvables sur le marché, et de publier un ouvrage.



Associé aux années 80, le succès du designer protéiforme coïncide avec le décès du romancier Philip Kindred Dick. Leur point en commun : l’utopie de la science-fiction. L’un en écrit quand l’autre les lit, avec une préférence toute particulière pour « Ubik » qui fait partie des fondements de la SF. Le designer baptise certaines de ses créations de noms inspirés directement du roman. Philippe Starck donne alors une nouvelle dimension à son mobilier en le personnifiant au travers du prisme du roman. Au-delà des noms, il leur attribue des actions inspirées de Ubik.
Sur les trente-huit pièces aux formes futuristes exposées, quatre le sont rarement. Ainsi, la lampe Sandy Jeperson à l’abat-jour conique, éditée par les 3 Suisses en 1985, a été vendue durant une saison seulement. Créée en 1982 pour XO, la table Joe Ship (avec son plateau d’origine) est peu présentée. Ses quatre pieds démontables en acier, qui rappellent des serre-joints, ont fait des émules dans le monde de l’édition par la suite. Toujours en 1985 pour les 3 Suisses, l’armoire Fred Zafsky en tôle d’acier, n’existe qu’en quatre exemplaires connus à ce jour. Quant à la chaise pliante Mrs Frick, éditée par les 3 Suisses et Disform, elle est difficile à trouver dans sa version grise. Une exposition démarrée lors de Maison in the City, en janvier, qui se termine ce week-end , qui se poursuit par la publication d’un ouvrage dédié. Si Ubik est désormais le nom du studio du designer, on en connaît désormais l’origine.



Après « Horizons », le duo Marie et Alexandre poursuit son cycle d’expositions avec un nouveau chapitre, intitulé « Iris », qui prolonge leurs explorations de la céramique. Inaugurée lors de « Maison & Objet in the City », cette proposition, toujours aussi étonnante, est à découvrir à la galerie Signé, jusqu’au 25 février 2023.
Respectivement diplômés d’un bachelor en design industriel et de produits à l’ECAL et d’une formation en design à l’ENSCI, Marie et Alexandre se sont rencontrés lors de leur participation à la Design Parade en 2018. Dans la continuité d’ »Horizon » présentée quelques mois avant, le duo a de nouveau fait appel à la galerie Signé pour exposer une nouvelle exploration dans un jeu d’équilibre et de réflexion. Située à Saint-Germain-des-Prés et fondée par Maxime Bouzidi en 2021, la jeune galerie Signé a l’ambition de soutenir une jeune génération de designers, architectes ou décorateurs, autour de créations qui oscillent entre art et design.


Une exposition à vivre comme une expérience
Pièces posées, suspendues, parfois à la limite de la lévitation… cette exposition s’amuse des jeux de miroirs pour dessiner dans l’espace un paysage multidimensionnel. Chaque pièce offre ainsi une expérience visuelle de la matière, à la fois comme un élément de jonction, de flux, par moment valorisée, et sur d’autres pièces, totalement intégrées dans le dispositif. Très tourné vers l’artisanat et l’exploration des matières, le duo n’hésite pas à rendre visible les jeux de structures, voire d’ossatures, de pièces extrêmement épurées et minimales. Il sublime, dans cette sobre mise à nue, le magnifique travail du verre coulé et de lave émaillée réalisé à la tuilerie Alain Vagh de Draguignan, dans une terre rouge de Salernes. Une proposition où la géométrie ne l’emporte pas sur la poésie, au croisement de la sculpture, du design et de l’architecture.
À découvrir jusqu’au 25 février à la galerie Signé, 33 rue Bonaparte, 75006 Paris.


Jusqu’au 12 février, la collection Lambert accueille l’exposition de la Biennale ¡ Viva Villa !, dont la particularité est de réunir les œuvres des dernières promotions de résidences prestigieuses : Villa Kujoyama à Kyoto, Villa Médicis à Rome et Casa de Valásquez à Madrid. Loin de juxtaposer les créations à l’image d’une sortie de promotion, Victorine Grataloup a réussi le défi de les réunir sous un fil conducteur qui donne son nom à l’exposition. : « Ce à quoi nous tenons ». Un cocktail éclectique certes, mais passionnant par le miroir qu’il renvoie sur les transitions en cours dans la société.
À sa création en 2016, l’objectif de ¡ Viva Villa ! était de montrer, de rendre tangible le travail – et donc l’intérêt – des résidences dans de lieux que l’on sait avant tout prestigieux tels que la Villa Kujoyama à Kyoto, la Villa Médicis à Rome et Casa de Valásquez à Madrid. Aujourd’hui, la présentation regroupée des 71 artistes-créateurs-chercheurs offre avant tout un éclairage troublant des transformations à l’œuvre dans nos sociétés.
Donner à voir
L’objectif premier de ces programmes est d’offrir des temps de recherche plus qu’une obligation de production. Retracer un cheminement créatif, la maturité d’une réflexion, et en plus la rendre intelligible au grand public est un objectif ambitieux. Le commissaire en charge de donner une cohérence à l’ensemble relève un défi de taille : artistes imposés (les derniers résidents des trois lieux), pas de commandes spécifiques, et ordonner un choix d’œuvres éclectiques, en passant par les plasticiens, les designers, les architectes, les performeurs…

Après trois éditions sur un rythme annuel, un nouveau modèle a été proposé : un festival transformé en biennale, en perpétuant cette présentation à la collection Lambert d’Avignon, et conjuguant rencontres et performances lors du week-end d’inauguration à une exposition en place depuis maintenant plusieurs mois. Mais cette fois, le choix de la personne en charge du commissariat a fait l’objet d’un appel à candidatures pour une résidence. Victorine Grataloup a inauguré le concept, et avec brio, comme en témoigne l’exposition en cours jusqu’au 12 février. En rencontrant sur chaque lieu les résidents, en prenant le temps de l’échange avec chacun, leur laissant le choix de participer, et le choix de leur pièce, elle a imaginé in fine un parcours structuré en quatre chapitres, qui donne un écho au livre d’Emilie Hache « Ce à quoi nous tenons », repris en titre de l’exposition.
Expression
La visite démarre avec une intention forte pour ce premier chapitre baptisé « Prendre en compte les voix qui manquent à l’appel pour « évoquer une réassignation de nos attentions, pour entendre, réécouter, regarder, celles, ceux et ce qui n’ont pas été écoutés jusqu’alors » comme l’évoque Victorine Grateloup : la possibilité d’énonciation est interrogée par exemple à partir de la question du souffle, avec notamment un travail de Marielle Macé (résidente à la Villa Médicis) sur « Breath in / speak », qui évoque la circulation de l’air, jouant aussi sur le graphisme, la ponctuation. On retrouvera ensuite la représentation de portraits d’individus (cf Apolonia Sokol, résidente à la Villa Médicis) ou de communautés. Victoria Gatraloup note particulièrement la place donnée aux territoires ruraux dans les recherches des créateurs avec notamment les vidéos Emma Dusong (résidente à la Casa de Valásquez) avec « Los Escondites (Les cachettes). »


Communauté
Le deuxième chapitre rappelle cette importance d’inscrire « une histoire commune », qui évoquent selon la commissaire des « géo-histoires partagées, des trajectoires de personnes, de techniques ou de formes, ayant franchi avec plus ou moins de violences les frontières d’un pays à un autre, d’un médium à un autre, d’une technique à une autre. » On retiendra les fragments d’architecture du duo d’architectes Alice Grégoire et Clément Périssé du collectif Cookies (Villa Médicis), qui ont travaillé sur les matériaux utilisés dans la construction de la Villa Médicis, et interroge notamment les techniques d’isolation artisanales.

À voir également la vidéo d’Evangelia Kranioti (Villa Médicis), qui met en scène dans la Ville éternelle des déambulations d’immigrés, tenant dans leur bras des statues antiques en plâtre, interroge le rapport au temps, au lieu, à l’histoire qui s’écrit au présent, et remet en perspective habilement le fameux proverbe « tous les chemins mènent à Rome. » On notera aussi le travail de Bady Dalloul « Ahmad le Japonais » : Ahmad est un personnage fictif, mais le résultat d’un « agrégat de récits de personnes d’origine syrienne rencontrées par l’artiste lors de sa résidence à la Villa Kujoyama, et d’expériences personnelles. » Dans les exemples de migrations formelles d’Anne-James Chaton, qui travaille à partir des écritures pauvres (tickets de caisse, carte de transports…) à partir desquels il vient tirer un récit, une fiction.
Cohabitation
La troisième partie, le chapitre baptisé « Savoir si nous pouvons cohabiter », aborde la question de la guerre et plus largement de la conflictualité. Et notamment, le pendant de la guerre qu’est le repli sur l’espace de l’intime. Jacques Julien (Villa Médicis), avec son Studiolo, reproduit son atelier d’artiste dans une maquette en 3D et positionne quasiment le visiteur en voyeur. Plus loin, Clara Marciano (Casa de Valásquez) couche au graphite sur le papier des imaginaires cauchemardesques.


Enfin le parcours se clôt sur « Réouvrir la question des moyens et des fins », qui revient à la fois sur « l’extractivisme » (surexploitation de ressources naturelles à grande échelle) comme sur la question de l’utilisation des rebuts, et les conditions de production. Ainsi Ivan Castinerias présente une vidéo sur l’impact d’une mine de lithium en Galice, à la fois sur le paysage et sur la structure sociale. Plus loin le designer Mathieu Peyroulet Ghilini qui pousse la recherche formelle de la fonction fusionnée au matériau, jusqu’à sa quasi disparition. Cette dernière salle présente aussi un workshop de Charlie Aubry avec une micro-école rassemblant des enfants aux parcours scolaires complexes.

© Charlie Aubry, ADAGP Paris 2022
Une exposition très dense, un panorama éclectique, qui, dans une grande diversité de médias, forme un curieux instantané du monde, et des réflexions qui l’agitent.

Véritable mise en lumière des grands décorateurs et artisans d’art français qui ont officié entre 1930 et 1969, l’exposition « Le Chic, Arts décoratifs de 1930 à 1969 » rassemble 200 œuvres issues des collections du Mobilier national. Sélectionnées par les commissaires du Mobilier national, Emmanuelle Federspiel, Gérard Remy et Jérémie Tortil, les différentes pièces ont été scénographiées par le décorateur Vincent Darré sur les deux niveaux de la galerie.
Ici, les savoir-faire des gainiers, liciers, passementiers, ébénistes, tapissiers et des menuisiers en siège sont à l’honneur, tant au moment de la création des meubles et luminaires qu’à celui de leur restauration. Au cours du premier confinement, le Mobilier national a alors encouragé l’activité des professionnels de ces métiers, pour certains tombés dans l’oubli, en lançant un programme de restauration de 129 œuvres de ses collections. Une cinquantaine d’artisans ont ainsi contribué à la réhabilitation de ces pièces entre 2021 et 2022.


Vincent Darré, invité par le Mobilier national, a reconstitué pour l’occasion les grands ensembles décoratifs qui nous font faire un bond en arrière le temps de l’exposition. Grâce à ses fresques démesurées, Vincent Darré nous plonge dans des scènes de vie qui font écho aux décors théâtraux de Jean Cocteau. De Marc du Plantier à Raphaël Raffel dit Raphaël, en passant par Jeannet Laverrière, André Arbus, Dominique et Paul Cressent ou encore Colette Guéden, on redécouvre avec excitation les grands noms qui continuent d’inspirer le design d’aujourd’hui.


L’exposition « Conserver, adapter, transmettre » présente 44 projets parisiens en étude ou en chantier ayant pour point commun de composer avec l’existant, dans les murs d’un Pavillon de l’Arsenal lui-même promis à la transformation.
Faire la ville sur la ville : voilà vingt ans à peine, ce slogan vous rangeait dans le camp des conservateurs, voire des passéistes. Être résolument moderne, c’était détruire sans trembler, jeter à bas le vieux monde pour en construire un neuf. Alexandre Labasse, directeur du Pavillon de l’Arsenal, qui organise l’exposition « Conserver, adapter, transmettre », rassemblant une quarantaine de projets de transformation en cours dans la capitale, rappelle que le Plan Voisin, présenté par Le Corbusier lors de l’Exposition des arts décoratifs de 1925, projetait de raser le centre de Paris pour y édifier une ville moderne faite de dix-huit tours d’une trentaine d’étages. Visible sur le Net, une reconstitution vidéo de l’architecte allemand Clemens Gritl nous plonge dans cette provocation restée dans les imaginaires comme un repoussoir de la modernité, exagération d’idées qui se réaliseraient de façon moins ostensible mais tout aussi brutalement après la Seconde Guerre mondiale.

La destruction des centres-villes occidentaux par l’urbanisme a engendré des dispositifs de protection patrimoniale jugés parfois excessifs. Entre destruction totale et conservation absolue – l’une et l’autre n’étant jamais advenues –, une voie intermédiaire s’est dessinée à partir du mitan des années 1990, celle de « faire avec », esquissée dans l’exposition du Pavillon de l’Arsenal « Architecture 1 + 1 », en 1996. Vingt-sept ans plus tard, plus de 70 % des demandes de permis de construire concernent des projets de transformation, observe Alexandre Labasse. Le signe d’un changement d’époque et de pratiques architecturales qui évoluent massivement, autant par choix que par nécessité.
Tout transformer
Que transforme-t-on à Paris en 2022 ? La diversité du patrimoine et des bâtiments frappera le visiteur de l’exposition. Certains projets induisent des changements d’usages, avec une partie de transformation de bureaux en logements ou en programmes mixtes, comme le siège de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris converti en logements, bureaux et services par une équipe d’agences d’architecture (Perrault, MBL, H20 et Nicolas Dorval-Bory). Le passage de l’individuel au collectif d’architectes est un autre témoin du changement des temps. De l’immeuble d’activité converti en espace de coworking (rue Joseph-de-Maistre, par Vincent Eschalier) au hangar militaire réaffecté à l’accueil des migrants (La Boulangerie, par François Brugel et Atelier Rita), les programmes reflètent les pratiques et les crises contemporaines. Ils témoignent des dernières mutations industrielles, avec la reconversion de bâtiments assurant la distribution d’électricité pour le métro ou la ville (celle de la sous-station Cerisaie par Ciguë, Vétillard et Neufville-Gayet), ou la déprise de l’automobile, avec la transformation des immeubles-garages, objet d’une précédente exposition à l’Arsenal sous le commissariat de l’agence Data, qui réalise la transformation du garage de la rue Lamarck.


Un dernier lot de projets remet au goût du jour des immeubles construits dans les années 1960. Plus qu’un lifting, ils redonnent un coup de jeune à des ensembles devenus obsolètes en termes d’équipements, de performances, d’espaces, de fonctionnalités et d’image. Qu’est-ce qui est moins pérenne que la modernité, soulignent les opérations de la tour des Poissonniers (AUC+Fagart & Fontana, Paris XVIIIe) ou de la rue Bayen (Baumschlager+Eberle, Paris XVIIe) ?

La loi du carbone
Ces projets qui seront livrés dans les deux à trois prochaines années ont eu des précédents récents, comme la reconversion de l’ancienne préfecture du boulevard Morland par David Chipperfield en logements, hôtels, bureaux et huit autres programmes, et la rénovation de la tour Bois-le-Prêtre, par Lacaton et Vassal. La bonne santé du secteur immobilier parisien facilite leur réalisation. Le manque de terrains disponibles les encourage, ainsi que la conservation de droits à construire disparus des PLU contemporains, mais c’est surtout l’agenda environnemental qui impose la transformation, auparavant une hypothèse souvent perdante face à la démolition.


L’intégration de la donnée carbone dans les projets d’architecture commande la conservation de la structure pour réduire les émissions de CO2 de 250 kg/eqCO2/m2, sur les 750 émis lors de la construction d’un bâtiment neuf. Suivant les cas, la préservation de la façade et l’amélioration de l’enveloppe permettront de réaliser d’autres économies d’énergie et de CO2. Cependant, nous n’habitons pas des bilans carbone, et l’intérêt de ces opérations tient aux améliorations spatiales et fonctionnelles qu’elles introduisent dans des bâtiments existants. Plus de lumière, plus de confort, plus de considération pour les espaces intermédiaires des courettes et des terrasses et, lorsque les façades ne sont pas transformées trop profondément, la valorisation d’écritures architecturales récentes mais mal considérées… La transformation de l’existant, une pratique constante de l’architecture éclipsée durant quelques décennies, revient au cœur de la création avec des effets parfois spectaculaires, à l’instar de la transformation sur le Front de Seine de la tour Cristal par l’agence danoise BIG. Comme le design ou la mode, l’architecture réapprend à faire avec.