
Julien Renault, aventurier du design
Julien Renault pratique le design comme une évidence. Du petit objet du quotidien au meuble produit à grande échelle. Récemment, la marque Hay est devenue son meilleur client.
Il est né à Trappes, dans les Yvelines. Son père, peintre en bâtiment, sa mère, secrétaire à l’hôpital public, avaient deux passe-temps : la peinture et la photo. C’est ainsi qu’il a toujours bricolé avec son père et fabriqué ses prototypes dans l’atelier de l’hôpital. C’est donc un parcours classique qui l’a mené au lycée Blanche-de-Castille (filière STI2A), au Chesnay-Rocquencourt, où il a étudié les prémices du design au sens large – études de cas, graphisme, packaging… – pour faire par la suite un BTS. Un ami, qui partait à l’École supérieure d’art et de design de Reims, l’a entraîné avec lui découvrir une culture, un rapport au design autre, avec des professeurs comme Pierre Charpin, Matt Sindall, Delo Lindo, Marc Brétillot… Une scène française héritière du mouvement Memphis et d’Ettore Sottsass.
Du design plus industriel
Désireux de se confronter à du design plus industriel, il a eu la chance de profiter d’un échange Erasmus en 2008 avec l’École cantonale d’art de Lausanne (Écal), après un stage de six mois en 2007 chez Ronan et Erwan Bouroullec. Il y apprend l’attention portée au design industriel jusqu’à sa représentation en image. À l’Écal, il mène à leur terme plusieurs projets comme les lampes Souches, les tabourets Hand Forged et les miroirs Table Top, qu’il présentera au concours Design Parade de la Villa Noailles en 2009. Président du jury, Jasper Morrison l’invitera dix ans plus tard, en 2019, à dessiner un banc pour la première Biennale d’art et de design organisée par la ville de Fiskars, en Finlande. Juste après Design Parade, il s’installe en Belgique pour rejoindre sa compagne, Vanessa Aerts, créatrice de bijoux, travaille pour un antiquaire et des designers belges comme Sylvain Willenz et Alain Berteau.

Il pratique beaucoup la photographie et passe à une autre échelle en devenant en 2016 le directeur artistique de Kewlox, une marque belge familiale fondée il y a plus de soixante-cinq ans, réputée pour ses étagères et ses rangements démontables. Conseiller, consultant, il améliore le produit dans le site de production, situé tout près de Namur, et sa mise en vente dans les magasins installés à Bruxelles, à Liège et à Anvers.
La rencontre avec Hay
Sur le salon de Stockholm, en 2020, alors qu’il avait dessiné le stand de Massproductions, il rencontre Rolf Hay, le fondateur de Hay, qui l’invite à réfléchir à une chaise en bois, « pertinente pour les cinquante prochaines années ». Un réel défi quand on connaît l’histoire du design danois. Il dessine son projet Pastis pendant le confinement imposé par le Covid-19 : une chaise et une collection de tables. Mais ce sont les dernières collections, Layout et Compass, présentées lors des 3daysofdesign 2025 de Copenhague qui marquent son actualité.

Layout, projet ambitieux, se présente comme une forme de programme. Une coque en plastique recyclé – avec ou sans housse en tissu, à fixer sur des pieds à roulettes, en bois ou en acier tubulaire, pour des combinaisons infinies – va changer sa vie. Une chaise polyvalente comme l’exige aujourd’hui le marché destiné aux espaces domestiques, au contract et à l’hôtellerie. Hay est devenu son meilleur client avec une programmation incroyable aux côtés de Vergés, Nine, Tiptoe… Layout et Compass sortiront officiellement mi-août.

Ailleurs
En 2020, il rejoint la famille Mattiazzi, quand Sam Hecht et Kim Colin (directeurs artistiques de la marque à cette période) lui demandent, ainsi qu’à Julie Richoz et Max Frommeld, de dessiner quelques « objets en bois pour le quotidien », tout en sachant que leur business, c’est la chaise. Sa petite boîte Cassetta, d’une extrême simplicité, vendue trop cher à son avis, n’a pas explosé les chiffres de vente mais reste jusqu’à ce jour l’un de ses objets préférés, nous confie-t-il.

En 2022 il dessine pour Nine, comme « neuf » ou « 9 », un projet anglo-danois qui interroge neuf designers pour dessiner les contours d’une nouvelle marque. Chez Cruso, son étagère est toujours le best-seller de l’entreprise avec simplement une communication sur les réseaux sociaux. Elle arrive bientôt chez le français Tiptoe. En 2023, il a été nommé Designer de l’année en Belgique par le « Weekend Knack », un journal flamand. Cette récompense lui ouvrira les portes du Grand Hornu en 2027 pour une exposition monographique. Il enseigne depuis deux ans à La Cambre, en niveau master, un design qu’il espère industriel – du petit objet du quotidien au meuble produit à grande échelle – à un parterre d’étudiants francophiles.
A gauche : Bol Rod pour Nine © Ralph Baggaley A droite : Etagères Notes pour Cruso © Julien Renault
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