« Songe d’Ulysse » à la Fondation Carmignac

Vue d’exposition Le Songe d’Ulysse - Villa Carmignac, Porquerolles Oeuvres de Martial Raysse, Roy Lichtenstein et Francesco Clemente © Fondation Carmignac - Photo Marc Domage

« Songe d’Ulysse » à la Fondation Carmignac


Et si Ulysse, dans son parcours, avait échoué à Porquerolles ? Dans son exposition « Le Songe d’Ulysse », la Fondation Carmignac propose une adaptation du mythe, en proposant au visiteur un parcours libre et sensoriel, dans une magnifique sélection orchestrée par le commissaire Francesco Stocchi. Une invitation au voyage sur l’île de Porquerolles à ne pas manquer, du 30 avril au 16 novembre.


On ne le rappellera jamais assez : ce que propose la Fondation Carmignac au public, plus qu’une visite, est une expérience. Dès l’entrée, l’immersion commence par une infusion proposée, qui provient du recueil de la rosée du matin. Tout un symbole poétique, qui invite à prendre le temps. Puis, les visiteurs sont invités à se déchausser pour profiter, pieds nus, de la fraicheur des dalles des salles d’exposition construite sous la bâtisse-mère de ce parc classé : une bénédiction pour qui visite en pleine chaleur, et un rituel qui ajoute à la déconnexion proposée.

Cette année, après le succès de la « Mer imaginaire », c’est au cœur du « Songe d’Ulysse » que l’immersion artistique est proposée. Ici, on prend son temps, et l’exposition sous le commissariat de Francesco Stocchi conjugue habilement quelques pièces  permanentes, des éléments de la collection de la fondation, et des œuvres qui viennent compléter la ligne artistique.

Vue d’exposition Le Songe d’Ulysse - Villa Carmignac, Porquerolles
Oeuvres de Roy Lichtenstein et Niki de Saint Phalle
© Fondation Carmignac - Photo Marc Domage

Un temps d’immersion

Ici, tout est une question de tempo. La scénographie propose une immersion progressive, avec une salle de préambule où l’on retrouve une tapisserie à l’esprit très labyrinthique. Puis un temps de pause, entre contemplation et méditation, est proposée avec le sas bienfaisant de Bruce Nauman et d’Olafür Oliasson : entre fontaine sculpturale et  des poissons-volants,  le visiteur est invité à un lâcher-prise tout en douceur, à s’imprègner progressivement du lieu, au cœur d’installations sonores et visuelles.  Il s’ensuivra un deuxième sas, avec une œuvre monumentale de Martial Raysse, récemment acquise et pour la première fois dévoilée au public : in assemblage de regards, avec cette fascinante beauté plastique propre à la signature de l’artiste, qui cette fois, ajoute à ses esquisses de visages, des éléments en relief. Initialement,  le tableau était modulable, il atteint ici sa phase finale et change même de nom pour devenir «  faire et défaire Pénélope ».  

Vue d’exposition Le Songe d’Ulysse - Villa Carmignac, Porquerolles
Oeuvres de James Rosenquist et Arcangelo Sassolino
© Fondation Carmignac - Photo Marc Domage

Puis le visiteur, en confiance, est invité à se perdre, sous le miroir d’eau. Une installation créée in situ de Jorge Peris vient renverser les valeurs : ici, un navire échoué devient un repère central. À la croisée des chemins, il renvoie sans cesse le visiteur à une autre perception, tout en jouant de l’ombre et de la lumière, entre protection et perdition…

Le plaisir de se perdre

À chacun de se laisser porter pour déterminer son parcours, au cœur d’un dédale improvisé ; au hasard d’œuvres entraperçues au loin, sur lequel le regard se pose,  d’engagements, de trompe-l’œil. Certaines installations se dévoilent à la croisée des chemins, d’autres se répondent. Et c’est toute la spécificité et l’intérêt de ce jeu de déambulation. Loin des contraintes des parcours fléchés, chacun ressent une liberté d’aller et venir. Les impatients repèrent au détour de croisements, dans les jeux de perspectives ou les effets de miroirs, les œuvres à venir, d’autres choisiront de se laisser porter, pas à pas, comme un tâtonnement labyrinthique. Sont alternées dans les parcours des installations, des œuvres plastiques et photographiques. On retiendra par exemple le superbe Richter, comme le Warhol étonnamment blanc ; le choix est vaste dans ces quelques 70 œuvres exposées.

Vue d’exposition Le Songe d’Ulysse - Villa Carmignac, Porquerolles
Oeuvres de Jenny Holzer et John Baldessari
© Fondation Carmignac - Photo Marc Domage

Un rêve éveillé

Du voyage tourmenté, voire anxiogène – à l’image de l’installation de Sossalino – à une véritable introspection, le songe se vit comme une dérive trop longue d’Ulysse, entre impression blanche onirique comme un décalage spatio-temporelle, entre l’immersion dans une nouvelle dimension, et un jeu mémoriel. Identité, spiritualité, sciences… chacun construit son odyssée, à son rythme, et ses propres rituels. Car la force de cette scénographique, au-delà de livrer l’espace entier au visiteur, comme un paradoxe, c’est de retrouver ce navire échoué. On repasse, on repart, on contourne… et à chaque fois, c’est une nouvelle approche de l’œuvre, une nouvelle vision, appropriation.

Vue d’exposition Le Songe d’Ulysse - Villa Carmignac, Porquerolles
Oeuvres de Camille Henrot, Haris Epaminonda, Tony Matelli et Yves Klein (reflet)
© Fondation Carmignac - Photo Marc Domage

Alors, comme un signe de douceur dans ce dédale, la fraîcheur des dalles sous les pieds nus rappelle aux visiteurs la sensation du sable ferme, lorsqu’il est humide, et le garde arrimé au rivage, prêt à partir, la tête dans les embruns du voyage.  

Les artistes (liste non définitive) : Micol Assaël, John Baldessari, Miquel Barceló, Jean-Michel Basquiat, Marinus Boezem, Louise Bourgeois, Mark Bradford, Francesco Clemente, Adger Cowans, Willem de Kooning, Niki de Saint Phalle, Olafur Eliasson, Haris Epaminonda, Leandro Erlich, Urs Fischer, Cyprien Gaillard, Douglas Gordon, Duane Hanson, Keith Haring, Jacob Hashimoto, Camille Henrot, Jenny Holzer, Thomas Houseago, Rashid Johnson, William Kentridge, Yves Klein, Oliver Laric, Roy Lichtenstein, Tony Matelli, Adam McEwen, Janaina Mello Landini, Bruce Nauman, Marilène Oliver, Jorge Peris, Alessandro Piangiamore, Benoît Pype, Carol Rama, Ann Ray, Man Ray, Martial Raysse, Odilon Redon, Gerhard Richter, James Rosenquist, Miguel Rothschild, Arcangelo Sassolino, Egon Schiele, Cindy Sherman, Günther Uecker, Willem Adriaan van Konijenburg, Adrián Villar Rojas, Andy Warhol …

Rédigé par 
Nathalie Degardin

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12/6/2025
L’ombrière photovoltaïque : quand l’architecture produit de l’énergie

À l’heure de la transition énergétique, l’architecture ne peut plus se contenter d’être esthétique ou fonctionnelle : elle doit devenir active. Produire de l’énergie renouvelable, optimiser chaque surface, réduire l’empreinte carbone… autant d’objectifs qui redessinent les contours de la construction contemporaine. Dans ce contexte, l’ombrière photovoltaïque s’impose comme une solution aussi ingénieuse que polyvalente, à la croisée du design, de la performance et de l’engagement environnemental.

Longtemps cantonnée au confort et à la forme, l’architecture est désormais un levier stratégique de la décarbonation. Les bâtiments ne sont plus de simples consommateurs d’énergie : ils deviennent producteurs. Toitures solaires, façades intelligentes, géothermie intégrée… Parmi ces dispositifs, l’ombrière photovoltaïque s’illustre par sa capacité à conjuguer fonction, efficacité et intégration paysagère.

L’ombrière photovoltaïque : de l’ombre… à l’énergie

Derrière sa silhouette discrète, l’ombrière solaire remplit deux fonctions essentielles. Dans un premier temps, elle permets de protéger les espaces publics ou privés des intempéries, du soleil, de la chaleur puis dans un second temps elle aide à produire localement de l’électricité verte, grâce à des panneaux photovoltaïques installés en toiture. Installée au-dessus de parkings, zones piétonnes, aires logistiques ou campus d’entreprises, cette structure transforme des surfaces déjà artificialisées en producteurs d’énergie renouvelable — sans emprise supplémentaire au sol.

Pourquoi intégrer une ombrière solaire dans un projet ?

En zone urbaine dense, chaque mètre carré compte. Les ombrières permettent de rentabiliser les parkings et autres espaces ouverts en leur ajoutant une fonction énergétique. Produire sur site, c’est consommer moins d’énergie fossile. Ces structures participent ainsi à l’atteinte des objectifs des bâtiments BEPOS (bâtiment à énergie positive) et aux certifications environnementales (HQE, BREEAM, LEED…). Aussi, les bénéfices d’usage sont réels : réduction de l’effet d’îlot de chaleur, protection contre la pluie ou les fortes chaleurs, meilleur confort pour les usagers et les véhicules stationnés. Et pour les collectivités comme pour les entreprises, une ombrière photovoltaïque affiche un engagement environnemental clair, en phase avec les attentes des citoyens, collaborateurs ou clients.

Entre contraintes et opportunités : une solution flexible

Les ombrières s’adaptent à une grande variété de sites : parkings de supermarchés, plateformes logistiques, zones industrielles, aires de covoiturage, équipements publics… Mais attention, certains sites classés (ICPE, Seveso) peuvent nécessiter une analyse réglementaire approfondie. D’où l’importance de s’entourer d’experts capables d’intégrer ces structures dans des environnements complexes, sans fausse note.

L’ombrière devient un objet d’architecture

Longtemps perçues comme purement techniques, les ombrières solaires deviennent aujourd’hui des éléments architecturaux à part entière. Les architectes s’approprient ce nouvel outil et le déclinent en structures courbes, linéaires ou modulaires, en matériaux durables ou nobles, e, hauteurs et inclinaisons étudiées pour maximiser l’ensoleillement et en éclairages intégrés, pour transformer l’espace même de nuit pour un résultat qui offre une esthétique contemporaine, parfois spectaculaire et qui valorise autant le site que son usage.

Une dynamique soutenue par la loi

Depuis 2023, la loi française impose l’installation de panneaux photovoltaïques sur les parkings extérieurs de plus de 1500 m². Cette réglementation accélère l’implantation de ces structures et crée de nouvelles opportunités pour les architectes et maîtres d’ouvrage. De nombreuses aides, incitations et appels à projets viennent ainsi soutenir cette transition.

De fait, l’ombrière photovoltaïque est bien plus qu’un accessoire : elle est le symbole d’une architecture en mouvement, engagée, performante, et prête à relever les défis climatiques. Elle produit, protège, structure l’espace… et incarne cette nouvelle approche où chaque surface compte, où chaque projet devient l’occasion d’innover au service d’un avenir plus durable.

Plus d'informations : https://www.cimaise.fr/contraintes-site-icpe-seveso-ombriere-photovoltaique/

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12/6/2025
Tube solaires : une solution contemporaine, durable et bénéfique pour une lumière naturelle

À l’heure où le confort de vie se conjugue avec sobriété énergétique, les solutions d’éclairage naturel ont le vent en poupe. Parmi elles, les tubes solaires – aussi appelés puits de lumière – s’imposent comme une alternative ingénieuse, écologique et accessible pour illuminer les zones sombres de nos intérieurs. Bien plus qu’un dispositif technique, ils participent activement à notre bien-être physique et mental. Zoom sur un système discret qui transforme les pièces… et le quotidien.

Le fonctionnement du tube solaire est aussi malin qu’efficace : il capte la lumière extérieure et la redirige à l’intérieur via un conduit ultra-réflecteur. Il se compose de trois éléments clés pour permettre même aux pièces sans fenêtres de profiter d’un éclairage naturel généreux, à toute heure du jour.

  • Un dôme extérieur, posé sur le toit, capte les rayons du soleil.
  • Un tube réfléchissant, souvent en aluminium poli, guide la lumière à travers les combles ou les plafonds.
  • Un diffuseur intérieur, fixé au plafond, restitue une lumière douce et homogène, sans éblouissement.

Les bienfaits de la lumière naturelle

Une meilleure humeur au quotidien

Exposés à la lumière du jour, notre cerveau libère plus de sérotonine, l’hormone de la bonne humeur. Les espaces baignés de lumière naturelle favorisent la détente, diminuent le stress, et créent une atmosphère apaisante.

Un rythme de vie plus sain

La lumière joue un rôle clé dans la régulation de notre horloge biologique. Installer un puits de lumière dans un couloir ou une cage d’escalier permet de respecter davantage les cycles naturels du jour et de la nuit — avec à la clé, un meilleur sommeil.

Un coup de boost pour la concentration

Moins de fatigue visuelle, plus de clarté : la lumière naturelle améliore la concentration, la productivité, et limite le recours à l’éclairage artificiel dans la journée. Un vrai plus pour le télétravail ou les espaces de travail.

Une solution durable et économique

Zéro énergie consommée

Les tubes solaires fonctionnent sans électricité. Une fois installés, ils éclairent gratuitement, à la seule force du soleil.

Des économies sur la facture d’électricité

En réduisant l’usage des lampes, notamment en journée, les tubes solaires participent à la baisse de la consommation énergétique. Une démarche à la fois responsable… et rentable.

Une durabilité à toute épreuve

Leur conception robuste garantit des performances durables, sans perte d’efficacité. C’est un investissement à long terme, sans mauvaises surprises.

Un confort thermique préservé

Contrairement à une fenêtre classique, le tube solaire laisse entrer la lumière… sans la chaleur. Ainsi, aucune surchauffe n’a lieu puisque la lumière est transportée par réflexion et non pas par conduction thermique. L’isolation est optimale, puisque le système est parfaitement étanche, sans fuite d’air ni pont thermique. Enfin, les tubes solaires sont compatibles avec les maisons passives : il respecte les normes des bâtiments basse consommation.

Sans entretien, sans contraintes

En plus de ses qualités thermiques, l’un des autres atouts majeurs du tube solaire réside dans sa simplicité puisqu’il n’a aucun moteur, volet ou pièce mécanique à entretenir. Il n’y a également pas de vitre à nettoyer puisque le dôme extérieur est autonettoyant grâce à la pluie et le conduit fermé empêche poussières et insectes d’entrer.

Une installation rapide, un rendu discret

Compact et adaptable, le puits de lumière s’intègre à presque toutes les configurations de toiture – tuiles, ardoises, ou toit plat. Il se pose très facilement en seulement quelques heures, sans avoir besoin de modifier la structure du toit et son esthétique soignée permet au diffuseur de se fondre naturellement dans tout type d’intérieur. Le puit de lumière peut être installée dans toutes les espaces qui manquent d’ouverture vers l’extérieur, tels que les couloirs, escaliers, salle de bain sans fenêtre, dressings, entrées ou halls, cuisines centrales ou bureaux.

Finalement, les tubes solaires apportent bien plus qu’un éclairage d’appoint : ils reconnectent les espaces à la lumière naturelle, améliorent la qualité de vie, tout en réduisant la consommation énergétique. Un petit geste pour la planète, un grand pas pour votre confort.

Plus d'informations : https://www.doinglight.fr/

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13/6/2025
IM MEN d’Issey Miyake présente “DANCING TEXTURE” à Paris

La marque de mode masculine IM MEN, lancée en 2021, présente une nouvelle exposition intitulée “DANCING TEXTURE”, du 28 juin au 1er juillet 2025 à Paris.

Déjà mise en lumière lors d’une première exposition en janvier dernier, IM MEN poursuit son exploration créative avec ce nouveau rendez-vous, organisé à l’occasion de la Paris Fashion Week et de la présentation de sa deuxième collection.

La marque s’inspire du concept « a piece of cloth », avec une approche conceptuelle et un sens de l’innovation textile. La collection Printemps-Été 2026, intitulée “DANCING TEXTURE”, illustre cette vision en associant design, ingénierie et mouvement, dans une approche à la fois poétique et technique du vêtement.

Un hommage vibrant à l’héritage du créateur et à la liberté des corps en mouvement — à découvrir au 38 rue du Mont Thabor, Paris 1er, du 28 juin au 1er juillet 2025.

Entrée libre sur réservation, dans un lieu en plein cœur de Paris, pensé comme une parenthèse inspirante entre deux défilés.

Rendez-vous ici pour réserver votre créneau.

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6/6/2025
Laurids Gallée, la passion du faire

Designer autrichien installé aux Pays-Bas, Laurids Gallée mêle à la fois l’art et le design dans sa pratique. Une double facette qu’il ne souhaite pas différencier, car elle est partie prenante de sa réflexion.

Il est de ces designers qui n’avaient pas prévu d’en devenir un. Élevé dans une famille d’artistes, de ses parents à ses grands-parents jusqu’à ses oncles et ses tantes, Laurids Gallée avait toujours renié toute forme d’expression artistique jusqu’à son entrée dans l’âge adulte. Le déclic a lieu au début de ses études d’anthropologie à Vienne, moment durant lequel il s’est rendu compte qu’il lui manquait quelque chose. « Je n’avais jamais pratiqué d’art auparavant, mais le design était celui qui me semblait être le plus élégant et évident, car il y avait des questionnements autour de la façon dont sont faites les choses et des pensées qui amènent à rendre un objet réel. » Refusé par les écoles d’art viennoises, il est contacté par son oncle, alors résident aux Pays-Bas et dont le voisin n’était autre que Joris Laarman, qui le convainc de faire la demande pour entrer à la Design Academy d’Eindhoven, dont il est finalement diplômé en 2015.

Studio de Laurids Gallée © Titia Hahne

Un studio à la croisée de l’art et du design

À sa sortie d’école, il travaille quelques années en conception de produits dans différents studios, tout en commençant à élaborer son propre univers artistique en parallèle, avant de se lancer à plein temps, en 2020. Un studio dont la pratique oscille entre procédés artistiques et prouesses techniques. « Bien qu’il puisse exister une frontière entre l’art et le design, j’aime croiser les deux. Dans mon travail, il y a différentes formes de langage avec la peinture et l’art d’un côté et un aspect beaucoup plus technique de l’autre, basé sur le savoir-faire des matériaux. C’est un peu contradictoire, mais j’aime voir comment ces deux mondes se lient entre eux. » Ainsi, son catalogue comprend à la fois des pièces en bois aux détails très artistiques comme le banc Fireworks à l’allure très esthétique ou encore le fauteuil Fever Dreams, et des pièces beaucoup plus techniques retrouvées dans ses objets en résine, comme le montrent le luminaire Empyrean et la table basse Metropolis.

Luminaire Empyrean © Mathijs Labadie

La recherche de l’objet parfait

Quand on lui demande s’il a un projet favori, la réponse de Laurids Gallée reflète en fin de compte sa pensée globale. Quelque peu perfectionniste, il confie que son objet préféré est celui qu’il n’a pas encore créé. « Chaque projet est une nouvelle façon d’essayer, de changer ou de faire mieux par rapport à la fois précédente. Je ne me dis jamais qu’un produit est parfait, je trouve toujours des défauts que je pourrai rectifier la prochaine fois. Mon prochain projet est donc toujours celui qui me plaira le plus. » Un processus de création fortement basé sur l’expérimentation, donc, qu’il voit plus comme une réponse à différents questionnements, résolus à travers la création de tel ou tel objet, comme il peut notamment le faire avec la résine, qu’il prend plaisir à voir évoluer. « J’aime penser des choses qui n’ont pas encore été faites et être complètement indépendant du reste des personnes qui travaillent ce matériau. Je suis souvent en territoire inconnu, mais c’est ce qui m’anime. »

Fauteuil Fever Dreams © Mathijs Labadie

Créer avec pertinence

Qu’il s’agisse d’une table, d’un luminaire, du bois ou de la résine, le processus de création de Laurids Gallée passe avant tout par sa volonté de faire des choses pertinentes. Quant à son inspiration, elle vient au gré de ce qu’il vit au jour le jour, mais également de techniques artistiques provenant du passé, dont il s’inspire dans beaucoup de cas, notamment pour son travail du bois. « Je n’ai jamais vraiment eu à chercher d’idées, car elles viennent à moi selon ce que je vais voir d’intéressant. C’est une bénédiction dans un sens, car je ne suis jamais en manque d’idées, mais ça peut aussi être une malédiction, dans le sens où je ne peux pas toutes les réaliser. »

Table d'appoint Metropolis © Mathijs Labadie

Adepte du faire, et se considérant comme un fabricant, il a pendant longtemps tout fabriqué lui-même. Aujourd’hui, à l’exception des pièces en résine pour lesquelles il s’accompagne d’une entreprise extérieure, tous les objets sont toujours conçus au sein de son studio, avec une équipe qui lui prête mainforte. Et si beaucoup de ses objets sont en bois ou en résine, il ne veut pour autant pas se restreindre à un type de matériau en particulier, considérant que l’important réside dans l’objet plus que dans la matière avec laquelle il est fabriqué. « Selon moi, c’est l’idée qui prime plus que le matériau lui-même. On peut concevoir un bon produit à partir de déchets, si c’est bien pensé et bien réalisé, ça peut donner un super résultat. Je pense que ce qui compte vraiment, c’est ce que tu fais et non avec quoi tu le fais. »

Banc Tralucid © Mathijs Labadie

Updates 2025

En février dernier, il présentait, dans le cadre de la Biennale de design de Rotterdam et en collaboration avec la galerie Collectional, la série Cairn. Une collection composée de six pièces, inspirées de la pratique ancienne de l'empilage de pierres et de galets d'empiler des pierres et des cailloux, et dont chacune d’entre elle se révèle comme une étude de sa propre matérialité. Lors de la Design Week de Milan, le designer a participé à l’exposition « Bamboo Encounters »de Gucci. Il dévoilait également avec JOV une collection de tapis en laine et soie, inspirées des nuages et fabriquées à la main. En parallèle, il a également pris part à l’exposition collective « The Theatre of Things » avec la galerie Delvis (Un)limited, devenue le théâtre d’une performance spontanée de designers. En juin, lors des 3daysofdesign, il présentera le résultat de son projet de résidence Materia, exposé à la galerie Tableau à Copenhague.

Série Cairn, exposée à la galerie Collectional à Rotterdam © Mathijs Labadie
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