Studio Shoo : le design au cœur de l’aménagement
Cheese farm à Yerevan ©Sergey Krasyuk

Studio Shoo : le design au cœur de l’aménagement

Créé à Yerevan, en Arménie, Studio Shoo développe depuis quelques années une branche de mobilier design. Un nouvel axe lié aux projets architecturaux de l'agence.

« Je n'aime pas les projets résidentiels. Ce sont trop de contraintes et pas assez de liberté de création » explique Shushana Khachatrian, à l'origine de Studio Shoo. Créée en 2017 à Yerevan, l'agence spécialisée dans l’hôtellerie et la restauration est aujourd'hui implantée dans bon nombre de capitales européennes. Motivée par la création d'espaces avant tout fonctionnels et vecteur de bien-être grâce à ses palettes douces rehaussées çà et là de touches pop, l'architecte signe des projets d'une ordinaire simplicité, empreints de son Arménie natale. « Il y a quelque chose de minimaliste dans beaucoup de nos créations, mais l'essentiel est ailleurs. Il y a, dans les formes et les schémas, des éléments constamment inspirés de ma culture » explique l'architecte. Outre la question d'individualité et de matérialisation de son identité, elle « souhaite surtout que les visiteurs puissent se rattacher à quelque chose. » A l'image du projet hôtelier Mövenpick Yerevan, Shushana Khachatrian détourne les arts et les matériaux de son pays, pour livrer des atmosphères contemporaines et typées, mais loin des stéréotypes.

CourtYard by Marriott à Yerevan ©Studio Shoo

Le design dans chaque projet

Imaginée selon les codes de l'agence et les influences de l'architecte, chaque architecture intérieure trouve son individualité dans le choix du mobilier qui la compose. « Chez Studio Shoo, nous avons toujours mêlé des produits du marché à nos propres créations. » Une manière de solutionner des problématiques, mais également d'apporter une identité particulière aux espaces. Une double approche qui pousse l'agence à créer un nouveau secteur entièrement dédié à la création de mobilier design. « Régulièrement, nous avions des personnes qui nous demandaient où elles pouvaient acheter nos objets. Mais ce n'était pas possible. Et comme j'ai horreur de refaire deux fois la même chose, nous avons décidé de créer une branche spécifique en interne, pour concevoir des objets disponibles à la vente, que ce soit à des particuliers, ou dans nos projets. » Une diversification du travail de l'agence, mais complémentaire à son activité architecturale poursuit Shushana Khachatrian. « Je pense que ce sont deux domaines très perméables où l'échelle est différente. Les architectes pensent davantage l'expérience client et les formes globales, les plus grosses, tandis que les designers réfléchissent surtout aux détails, aux formes plus petites. » Réunissant une petite dizaine d'objets, principalement des luminaires, Studio Shoo explore également des thématiques connexes telles que le développement durable, avec la réinterprétation de « déchets » pour fabriquer de nouveaux objets, ou l’intelligence artificielle régulièrement utilisée pour donner vie à des esquisses. « A mes yeux, l'essentiel, c'est que les personnes retiennent les espaces qu'elles visitent. Et c'est souvent grâce à un objet inattendu, une nouvelle expérience, d’où l'importance du design » admet l'architecte dont l'agence travaille en ce moment sur un prototype de chaise.

Ibis budget Tbilisi ©Studio Shoo

TUFF Pencil cabinet, premier ambassadeur du Studio Shoo à Milan

Présent pour la première fois à ISOLA dans le cadre de la Milano Design Week 2025, Studio Shoo présentait le TUFF pencil cabinet. Imaginé en deux formats, l'un jaune pâle avec une ouverture sur le haut, et le second rose bonbon agrémenté d'un tiroir coulissant sur la partie basse, ce petit meuble est un véritable condensé de la vision de l'agence. Inspiré de la pierre volcanique rose caractéristique de Yerevan, il rend hommage à l'écriture grâce, outre son utilisation première, au petit tableau à craie intégré à l'intérieur. « En me baladant dans les rues de Yerevan, j'ai remarqué les notes qui ponctuent chaque mur. Les habitants écrivent et dessinent partout. C'est ce qui m'a inspiré pour cette pièce qui reflète l'intersection entre l'héritage matériel et l'expression artistique » résume la créatrice qui explique d'ailleurs avoir vu des gens se mettre à dessiner sur sa pièce lors du salon italien. Fabriqué à partir de feuilles de MDF et de métal recyclé, ce meuble, créé à l'origine pour l'usage personnel de Shushana Khachatrian, est un premier pas pour l'agence dans le secteur du meuble international, où le design arménien est encore trop peu représenté.

TUFF pencil cabinet ©Katie Kutuzova
Rédigé par 
Tom Dufreix

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26/8/2025
Vestige Collection redonne vie aux vieilles pierres

Créé en Espagne, Vestige Collection transforme de vieilles bâtisses abandonnées en complexes hôteliers de prestige. Un pari facilité par la création d'un studio d'architecture intégré.

Redonner aux bâtiments leur grandeur d'antan. Lorsque l'aventure a commencé il y a une quinzaine d'années, l'idée de « collection » était encore lointaine. La sensibilité pour les vestiges, elle, était en revanche déjà bien présente dans l'esprit de Maria Obdulia Fernandez, co-fondatrice de Vestige Collection. Mais pour bien comprendre la genèse du groupe hôtelier, retour quelques années en arrière lorsqu'avec sa famille et elle se lancent dans la restauration un peu folle d'une immense bâtisse en plein cœur des Asturies. « Un projet passionnant » mené main dans la main avec Paco Ortega, un ami architecte de longue date. Une première collaboration qui fera rapidement émerger la volonté de faire naître d'autres projets. Vestige Collection est né, et avec elle « la volonté de préserver l'âme de bâtiments historiques tombés dans l'oubli » détaille Maria Obdulia Fernandez à la tête de 25 sites répartis à travers l'Espagne.

Le Palacio de Figueras situé dans les Asturies est la première résidence privée du groupe ©Vestige Collection

Un studio d'architecture intégré

Si la marque Vestige Collection se distingue par son offre de bâtiments anciens, elle se distingue également par son studio d'architecture intégré comptant 62 collaborateurs. Fondé en 2019 avec l'aide de Paco Ortega, celui-ci compte six départements allant de l'architecture au paysage, en passant par le design intérieur et l'administratif. « Une proximité rare entre la vision créative et la réalité opérationnelle » se réjouit Maria Obdulia Fernandez. Mais outre la facilité technique, « le studio facilite surtout le partage d'une vision globale, des ressources et des objectifs à long terme de l'entreprise. Cet alignement rationalise également la communication et la prise de décision, et rend notre processus de conception plus agile et plus intégré » explique Enrique Motilla Saiz, architecte en chef des projets à Minorque, dont l'équipe intervient dès lors qu'une acquisition potentielle entre en jeu. « Nous effectuons d'abord une "diligence raisonnable" pour chaque propriété, en examinant les permis, la portée du projet et les mesures de conservation en vigueur. Ensuite, lorsque la propriété est acquise, nous menons une étude plus approfondie et élaborons les grandes lignes du projet. » Une approche « holistique » de la conception sur laquelle se base le studio pour dégager les lignes directrices de chaque rénovation. « Nous commençons par analyser et définir l'histoire de chaque lieu. Connaître l'espace nous permet de réutiliser les méthodes de construction et le savoir-faire artisanal d'origine pour régénérer chaque propriété, mais également de valoriser les matériaux présents. » Une manière de convoquer à nouveau l'esprit originel de ces édifices tout en optimisant l'empreinte carbone de leurs rénovations. « Notre objectif est de respecter l'esprit de chaque bâtiment tout en l'adaptant aux normes environnementales et fonctionnelles actuelles » explique Enrique Motilla Saiz, estimant qu'il s'agit « avant tout d'un dialogue entre le passé et le présent. »

L'hôtel Son Vell à Minorque ©Vestige Collection

L'identité locale comme image de marque

« Il n'est pas question de rivaliser avec le contexte historique » mais au contraire de se servir de celui-ci « pour mener le récit » détaille l'architecte. Un esprit que Marta Delgado Moreno, en charge du design intérieur, identifie par les trois C : Calidad, Calor, Calma, traduisez qualité, chaleur et calme. Un style mûri quotidiennement dans l'esprit des sept architectes d'intérieur du groupe, à l'origine de meubles contemporains, d’œuvres d'art et d'antiquités. Mais si l'esprit est commun à toutes les propriétés du groupe, chaque bâtiment conserve en ses murs une identité propre. « Nous n'imposons pas une esthétique : nous la faisons ressortir » rappelle ainsi Maria Obdulia Fernandez. « Le client Vestige doit être surpris à chaque destination tout en reconnaissant une sensibilité esthétique commune. » Un défi d'autant plus important que Vestige Collection comprend aujourd'hui des projets très différents. Si la majorité des établissements fonctionnent comme des hôtels à l'image du château du XIIIe siècle en Estrémadure, ou du lodge en Namibie, d'autres comme le Palacio de Figueras dans les Asturies se réservent dans leur intégralité. « La forme et la disposition de chaque bâtiment déterminent dans une certaine mesure la manière dont nous le réaménageons. Cette construction a une superficie de près de 3 000 m², mais ne compte que 11 chambres. Nous ne voulions pas nous concentrer sur le profit en reconfigurant l'espace pour créer plus de chambres. Nous voulions conserver le caractère du bâtiment, ses anciennes salles de bal, sa salle de musique, ses cheminées d'origine... Mais pour d'autres propriétés, la disposition d'un bâtiment se prête à l'ajout de chambres supplémentaires et à la possibilité de le convertir en hôtel » détaille Maria Obdulia Fernandez. Une vision qui, « au-delà du technique consiste avant tout à trouver l'équilibre entre la poésie et l'émotionnel d'une part, et le fonctionnel d'autre part. »

Ci-dessous, l'intérieur du complexe Son Ermità & Binifudà ouvert à la mi-juin.

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26/7/2025
Concours Technogym x Intramuros : les Candidatures sont ouvertes !

En partenariat avec Intramuros, Technogym lance un concours pour imaginer l’avenir du fitness à domicile. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 29 août.

Sous le titre évocateur « La Home Gym du Futur », Technogym — marque reconnue pour ses équipements de fitness haut de gamme - lance un concours inédit. Cette initiative vise à mettre en valeur les talents émergents tout en encourageant des idées novatrices, durables et inclusives. En s’appuyant sur les besoins actuels en matière de pratique sportive et en anticipant les évolutions à venir, les participants sont invités à imaginer leur vision de l’entraînement à domicile de demain.

Un jury XXL pour cette première édition

Pour juger les différentes propositions des candidats au concours, les équipes d’Intramuros et de Technogym pourront compter sur l’expertise de 4 professionnels du secteur :

  • Le designer Patrick Jouin (studio Patrick Jouin iD)
  • Natacha Froger (agence atome associés)
  • L’architecte d’intérieur Ana Moussinet (Ana Moussinet Interiors)
  • L’architecte et designer Jean-Philippe Nuel (studio Jean-Philippe Nuel)

Après une délibération des membres du jury le 2 septembre prochain pour sélectionner les finalistes, les projets retenus seront mis en avant sur les réseaux sociaux et présentés au sein de la boutique Technogym pendant  Paris Design Week du 4 au 13 septembre.


Ce concours est l’opportunité pour les jeunes créateurs de faire valoir leur créativité et de gagner en visibilité. En effet, en plus de voir leur projet exposer pendant Paris Design Week, les finalistes pourront profiter de la communication via les canaux de Technogym, Intramuros, NDA et BED et pourront enrichir leur réseau lors de la remise des prix qui aura lieu le 17 septembre prochain. Le lauréat remportera 4 500 € de produits Technogym et vivra une expérience exclusive au Technogym Village à Cesena, en Émilie-Romagne (Italie), aux côtés du jury.

Une démarche d’inscription simple

Pour participer, les candidats devront proposer un brief complet avec un concept design, des planches graphiques et une note descriptive détaillée. Les dossiers devront être envoyés par email à l’adresse suivante : concourstechnogym@intramuros.fr

Tous les documents essentiels relatifs au concours sont disponible vie CE LIEN.

En cas de besoin et demandes spécifique, les candidats peuvent contacter le Technogym Interior Design Service, via Daniela D’Errico à l’adresse : dderrico@technogym.com ainsi que Yanis Aimetti, yaimetti@technogym.com pour le Technogym Marketing support & infos produit.

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9/7/2025
Spinning Around, la collection en mouvement de Sophia Taillet

Présentée en exclusivité dans la nouvelle boutique du Grand Palais, la collection Spinning Around de Sophia Taillet allie une approche artistique à un savoir-faire industriel méconnu : la technique du repoussage. Une série colorée et dynamique, à l’image de la designer qui aime mêler les disciplines.

À l’occasion de la réouverture du Grand Palais et de l’inauguration de sa boutique, Sophia Taillet a imaginé une collection exclusive, intitulée Spinning Around. Un projet qui s’inscrit dans la continuité de son travail amorcé avec le Spinning Mirror présenté lors de la Paris Design Week en 2024 et le travail de recherche Time Erosion, mené suite à l’obtention de la bourse « Monde Nouveau » en 2023. Un projet pour lequel elle a exploré duré un an les liens entre design et danse, en collaboration avec des artisans, un danseur et un ingénieur du son. « J’ai voulu interroger le rapport au corps à travers la manipulation d’objets encore en phase de réflexion. Une fois façonnés par l’artisan, ces objets passaient entre les mains du danseur, qui leur donnait une fonction. Je trouvais intéressant d’intégrer d’autres regards que celui du designer dans le processus et de les présenter par le biais d’une performance. » Une représentation s’était tenue à la Fondation Pernod Ricard, où danse et objets cohabitaient en parfaite synergie.

Collection Spinning Around

Associer matière et mouvement dans l’espace

Partie de ce projet symbolique et du Spining Mirror — remarqué lors de la Paris Design Week 2024 et de la Collective Fair de Bruxelles —, cette collection offre différentes déclinaisons qui mêlent à la fois la matière et mouvement. Les pièces sont faites en verre et en métal, les deux matériaux de prédilection de la créatrice, et réalisés à la commande, dans une dizaine de d’exemplaires pour le moment. Entre jeux de matière, de lumière et de formes évolutives en fonction de la disposition et l’espace dans lequel se trouve l’objet, Spinning Around est une collection qui n’est finalement jamais figée. « J’ai voulu créer une sorte de liberté visuelle au sein de laquelle le mouvement donne vie à l’objet. Le fait que les objets bougent permet de créer des effets visuels qu’on n’aurait pas s'ils étaient immobiles » Et pour cette collection, Sophia Taillet a choisit de se pencher sur la technique du repoussage, un savoir faire dont on parle peu mais qui n’en est pas moins intéressante à explorer. « C’est une technique qui n’est pas forcement médiatisée et je trouvais intéressant de la travailler, d’autant qu’avec mon expérience du verre, je ressens un devoir de transmission des savoir et des techniques. »

Collection Spinning Around

Un rendez-vous donné à la rentrée

En septembre, à l’occasion de la Paris Design Week du 4 au 13 septembre et des Journées du Patrimoine les 20 et 21 septembre, Sophia Taillet investira la cour du musée de la Chasse avec une installation cinétique en plein air, pensée comme une « danse silencieuse ». Neuf pièces de Spinning Mirror seront présentées en dialogue avec l’architecture du lieu. Une performance dansée viendra également accompagner l’installation.

Spinning Mirror
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10/7/2025
Drift chair ou la justesse des lignes

Le studio BrichetZiegler et Théorème Éditions se sont associés pour créer la Drift chair. Une chaise très graphique portée par des lignes fines au service de l'équilibre.

Comme pour chacune de leurs collaborations, David et Jérôme, les fondateurs de Théorème Éditions, dont la galerie eponyme est située sous les arcades du Palais Royal, se sont tournés vers un studio avec une demande : créer un objet sculptural, architectural et monolithique. Un triptyque dans l'air du temps que le studio BrichetZiegler, convié pour l'occasion, a naturellement retranscrit sur une chaise. Une pièce que le duo de créateurs affectionne particulièrement en raison de son échelle. « Une chaise est une surface parfaite car sa dimension permet de s’exprimer de façon sculpturale et plastique tout en abordant les aspects techniques d’un objet qui soutient le corps. » Un terrain de jeu idéal donc, autour duquel les designers ont imaginé une pièce « fonctionnelle et confortable pour dîner, portée par un dessin et une présence visuelle forte. »

Drift chair by Brichet Ziegler for Theoreme Éditions @Stéphane Ruchaud

Un jeu d'équilibre

Développée en à peine un an et demi avec le savoir-faire d'un menuisier installé à Pantin, la Drift chair – que nous pourrions interpréter par « chaise qui plane » - tire son nom de son assise en porte-à-faux. Supportée par deux planches latérales en guise de pieds, l'assise joue sur l'alternance des pleins et des vides pour offrir, de côté, tout le poids visuel de sa structure, et de face une certaine frugalité structurelle. Deux sensations renforcées par l'utilisation de courbes au niveau des zones de contact pour des questions de confort, mais aussi dans les angles. Une manière d'apporter de la fluidité à cet assemblage égayé par une galette aimantée en cuir lisse ou en tissu Kvadrat choisi par la galerie. En dessous, la surface à bois a été ajourée de manière à diminuer le poids de la chaise – déjà de 7,5kg – et solidifier la structure pour éviter qu'elle ne vrille.

Drift chair by Brichet Ziegler for Theoreme Éditions @Stéphane Ruchaud

Proposée en chêne et en noyer, la Drift chair est disponible dans une version cérusée où le veinage naturel du bois devient porteur d'un monochrome très graphique. Une alternative utilisée par Joseph Hoffmann dès les années 30 et désormais réinterprétée avec goût par le studio BrichetZiegler.

Drift chair by Brichet Ziegler for Theoreme Éditions @Stéphane Ruchaud
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