Design

La marque de robinetterie de luxe Graff a lancé en début d’année Riva. Une collection composée de trois modèles librement inspirés des univers du yachting et de l’automobile, comme un écho à l’histoire de la marque.
Et au milieu coule une rivière… ou plutôt le savoir-faire de Graff. Si le parc national de Babia Góra, situé à Jordanów, en Pologne, aurait pu servir de cadre au film sorti en 1992, il abrite depuis 2002 le principal site de production mondiale (hors Etats-Unis) de la marque. Un complexe de 20 000 mètres carrés ou la robinetterie de luxe et la précision des machines côtoient encore aujourd’hui les savoir-faire artisanaux d’autrefois. C’est fort de cet atout que la marque présente cette année la collection Riva inspirée par le yachting et l’automobile de luxe. Un univers avec lequel Graff, née aux Etats-Unis dans le Wisconsin dans les années 70, a quelque temps collaboré en tant que sous-traitant pour la célèbre marque de motos Harley Davidson. Un héritage américain dont elle conserve un goût prononcé pour l’innovation et la recherche, largement assimilé au goût de l’Art décoratif et du design européen.

Des inspirations haut de gamme
Si la collection n’a pas nécessairement été imaginée comme un hommage à son passé, la marque - dont le nom tient évidemment au graphite qui compose ses produits - s’inscrit quant à elle dans un certain art de vivre : the Art of bath. Une appellation qui désigne la précision technique et la personnalisation sur mesure des accessoires de bain au service des sens. C’est dans cette lignée esthétique que trois typologies de robinetterie sont nées sous la collection Riva à partir de mars 2025. Destinées tout autant à l'hôtellerie qu’aux réalisations privées haut de gamme, Riva Chandelier, Riva Scala et Riva Wall Mount s’inspirent librement des lignes de l’automobile et l’accastillage des yachts. Un langage commun sophistiqué et technique. S’appropriant notamment les textures propres à ces univers au travers de finitions diamantées, texturées ou obliques, Graff propose également une personnalisation totale grâce aux 26 finitions époxydes, galvaniques ou PVD disponibles.

Des typologies dans l’air du temps
Imaginée pour s’adapter à chaque typologie de salle de bain, Riva se décline aussi sur le plan technique, que ce soit de manière très prégnante, sous forme de suspension rappelant un lustre pour Riva Chandelier ou une motorisation avec Riva Scala, déclinée, avec Riva Wall mount, dans une version murale. Renforcés par l’intégration de LED, les deux modèles suspendus ont été imaginés pour jouer avec les différents modes, qu’il s’agisse d’une fine pluie ou de jets plus puissants. De quoi placer l’objet au centre de l’attention et s’inscrire en parallèle de la tendance des “wet rooms”, ces pièces épurées faisant la part belle au matériel de bain, de sorte à dégager une atmosphère. Un parti-pris largement adopté par la marque et illustré par ce clin d'œil à deux mondes ultra-techniques.


Imaginée par le designer espagnol Jorge Herrera, la collection Oasis de Sanycess repense les codes de la salle de bains en la transformant en un espace de bien-être, guidé par une expérience sensorielle complète.
« Nous voulions intégrer l'essence même de la maison, en utilisant des textures et des matériaux naturels qui nous permettent de nous sentir bien dans cet espace », explique Jorge Herrera. Récompensée d’un iF Design Award et d’un Red Dot Award, la collection Oasis, développée par la marque espagnole de robinetterie Sanycess, bouscule l’image traditionnelle de la salle de bains, trop souvent perçue comme un espace froid et purement fonctionnel, pour en faire un refuge dédié à la déconnexion, au confort et au bien-être.

Une collection complète
Composée de baignoires, lavabos, appuie-tête, tables d'appoint, poufs et porte-serviettes, la gamme Oasis a été pensée dans les moindres détails. Chaque élément contribue à créer une cohérence d’ensemble et à offrir aux utilisateurs une expérience à la fois intime, enveloppante et réconfortante.

Un design en harmonie avec la maison
La collection Oasis cherche ainsi à transformer la salle de bains en un lieu chaleureux et accueillant. Les produits se distinguent autant par leur qualité de conception que par leur fabrication, privilégiant des matériaux naturels et durables tels que le noyer, le chêne, les fibres naturelles ou encore en proposant des textiles personnalisables. « Si les autres pièces de la maison sont enrichies de textures et de matériaux, pourquoi ne pas apporter cette même chaleur à la salle de bains ? », souligne Jorge Herrera. Cette approche élève la salle de bains au-delà de sa fonction utilitaire et confère à la collection Oasis une identité forte et affirmée. Plus largement, la vision de Sanycess, alliée à son expertise dans le domaine de la salle de bains, permet à chaque collection de répondre à des standards de qualité exigeants tout en s’adaptant aux besoins de chaque utilisateur.

2 couvertures pour un numéro collector spécial 40 ans avec Philippe Starck comme rédacteur en chef invité
Nous avions 3 et 23 ans en 1985, année de la création d’Intramuros par Chantal Hamaide. Deux générations, mais une même passion pour le design sous toutes ses formes qui fit de nous des lecteurs assidus, dès le premier numéro pour l’un, et à partir de 2004 pour l’autre. L’un est un enfant « Intramuros », ayant commencé sa carrière peu de temps avant la naissance d’un titre dont il est devenu le lecteur le plus fidèle, faisant du magazine le compagnon de papier indispensable d’une vie professionnelle passée aux côtés des créateurs, de l’APCI jusqu’à l’Ensad. L’autre, passionné de design et d’architecture, voulait donner une nouvelle vie à un titre qui l’avait fait rêver, lui permettant de mettre des visages et des intentions derrière les objets qu’il chérit. Une rencontre professionnelle et amicale avec un objectif commun, celui de devenir les passeurs d’un héritage culturel mettant en lumière les talents qui nous dépassent et de continuer à faire d’Intramuros la référence française du design.
En invitant Philippe Starck, que nous remercions pour son investissement, son amitié et sa fidélité à l’égard d’un titre dont il a occupé les pages pendant quarante ans – et ce n’est pas fini –, nous regardons avec émotion notre bibliothèque pleine de 225 numéros inspirés et radicaux, assumant un regard unique sur l’objet et ses usages. En quarante ans, Intramuros a su tisser un lien unique, affectif, avec les designers en prenant le temps de les écouter pour mieux comprendre leurs questionnements, leurs intentions, leurs envies, leurs visions d’un monde où le design bouscule les usages, nos espaces et, donc, nos vies.

Nous remercions ceux qui ont rendu possible cette aventure commencée ensemble il y a un an et permis à Intramuros de continuer à défendre une vision intransigeante de la création, en premier desquels Catherine Sofia et Frédéric Sofia, nos directeurs artistiques à l’origine de la nouvelle formule, lancée en 2022, nos journalistes Maïa Pois et Tom Dufreix, notre ancienne rédactrice en chef – qui collabore toujours au magazine – Nathalie Degardin, nos contributeurs impliqués et fidèles, Bénédicte Duhalde, Cécile Papapietro-Matsuda, Virginie Chuimer-Layen, Isabelle Manzoni, Anne Swynghedauw, Sandra Biaggi, Caroline Tossan, Anne-Françoise Cochet, Clara Leclercq, Philip Nemeth et Laurent Catala, sans oublier le studio graphique Zoo, qui a su sublimer nos intuitions. Nous remercions également nos annonceurs, qu’ils soient éditeurs, distributeurs, industriels ou institutionnels. Tous croient encore au papier quand il est noirci avec attention et semblent apprécier autant notre lectorat que notre travail. Enfin, nous pensons à nos lecteurs, fidèles le plus souvent, de passage parfois, qu’ils soient designers, architectes, décorateurs, étudiants ou rien de tout cela, tous ont pour point commun d’être curieux et d’aimer les belles choses. À tous, cet anniversaire est le vôtre.

Sommaire
L’objet du design by Chantal Hamaide
Inspirations
Design 360
Design Story
Philippe Starck : un regard, un parcours
Les héritiers : Mathias Romvos, Ambre Jarno, Lucas Babinet, Oa Starck

Anniversary
40 designers, 40 objets qui ont changé leur vie
Philippe Starck
Jasper Morrison
Alberto Meda
Patrick Jouin
Marc Newson
Jean-Michel Wilmotte
matali crasset
Philippe Malouin
Piero Lissoni
Erwan Bouroullec
Edward Barber
Jay Osgerby
Formafantasma
Patrick Norguet
Big-Game
Emmanuel Gallina

Frédéric Sofia
Pierre Charpin
Jony Ive
Luca Nichetto
Adrian van Hooydonk
Konstantin Grcic
Noé Duchaufour-Lawrance
Ora-ïto
Philippe Nigro
Tom Dixon
Constance Guisset
Fien Muller et Hannes Van Severen
Ronan Bouroullec
Anne Asensio
Inga Sempé
Christophe Pillet
Maarten Baas
Alain Gilles
Mathieu Lehanneur
Jean-Marie Massaud
Naoto Fukasawa
Cecilie Manz
Michael Anastassiades
Ramy Fischler
Présent / Futur : 40 designers soutenus par Intramuros
Laurids Gallée
Carsten in der Elst
Panter&Tourron
Alessandro Stabile
Jean-Baptiste Durand
Pierre Castignola
Crosby Studios
Studio BrichetZiegler
Florent Coirier
Léonard Kadid
Benjamin Graindorge
Beate Karlsson
Daniel Rybakken
Simone Bonanni
Grégory Lacoua
Guillaume Delvigne
Maria Jeglinska-Adamczewska
Nicolas Verschaeve
Wendy Andreu
Julien Renault

Athime de Crécy
Axel Chay
John Tree
Linde Freya Tangelder
Zyva studio
Ludovic Roth
Cluzel / Pluchon
Adrien Messié
Normal Studio
Victoria Wilmotte
Form Us With Love
Julie Richoz
Luca Boscardin
Samuel Accoceberry
Marie et Alexandre
Martin Laforêt
Studio 5.5
Felix Kilbertus
Marie Adam-Leenaerdt
Jean-Baptiste Fastrez

In-situ
« Club Med 2 »
Un cinq-mâts de légende réinventé par Sophie Jacqmin
Experimenta
Laboratoire des pratiques durables
Chanvre à part
In the Air
News
Agenda
Retrouvez ce numéro en kiosque mais aussi directement sur notre boutique en ligne.

Référence dans le secteur de la cuisine depuis sa sortie, le SuperOven d’Unox Casa s’est vite imposé comme la vitrine du concept de StartedLiving de la marque, qui transforme la cuisine en pièce centrale de la maison, tout en proposant un produit qui allie design et technologies de pointe.
Transformer la cuisine en une scène étoilée, voilà l’idéal qu’Unox Casa souhaite créer grâce à ses produits. La marque, initiatrice du concept « StartedLiving », une philosophie qui consiste à mettre en avant l’excellence culinaire à travers des cuisines dotées des meilleurs équipements, replace ainsi la cuisine au cœur de la maison pour redéfinir l’expérience culinaire. Avec la sortie du SuperOven qui a su faire parler de lui de par son esthétique mais également par ses nombreuses fonctionnalités techniques, UnoxCasa a d’autant plus renforcé l’idée selon laquelle une cuisine domestique peut être aussi qualitative qu’une cuisine de chef étoilé.

Un design manifeste au cœur de la maison
À rebours de la tendance des cuisines invisibles, la marque a assumé un parti pris audacieux au sein duquel le design est affirmé et place l’appareil au centre de l’espace cuisine. Dans sa version totem, le SuperOven devient un véritable pivot, à la fois visuel et fonctionnel, où élégance et technologie fusionnent. Plus qu’un simple appareil, il incarne une nouvelle manière de penser la cuisine qui devient un véritable lieu de partage, de création et de mise en scène. Avec sa Black Edition, Unox Casa renforce cette idée de personnalité marquée, où l’on dépasse la simple fonctionnalité pour proposer un art de vivre total, où l’excellence culinaire devient le centre de gravité du luxe domestique.

Présentée en exclusivité dans la nouvelle boutique du Grand Palais, la collection Spinning Around de Sophia Taillet allie une approche artistique à un savoir-faire industriel méconnu : la technique du repoussage. Une série colorée et dynamique, à l’image de la designer qui aime mêler les disciplines.
À l’occasion de la réouverture du Grand Palais et de l’inauguration de sa boutique, Sophia Taillet a imaginé une collection exclusive, intitulée Spinning Around. Un projet qui s’inscrit dans la continuité de son travail amorcé avec le Spinning Mirror présenté lors de la Paris Design Week en 2024 et le travail de recherche Time Erosion, mené suite à l’obtention de la bourse « Monde Nouveau » en 2023. Un projet pour lequel elle a exploré duré un an les liens entre design et danse, en collaboration avec des artisans, un danseur et un ingénieur du son. « J’ai voulu interroger le rapport au corps à travers la manipulation d’objets encore en phase de réflexion. Une fois façonnés par l’artisan, ces objets passaient entre les mains du danseur, qui leur donnait une fonction. Je trouvais intéressant d’intégrer d’autres regards que celui du designer dans le processus et de les présenter par le biais d’une performance. » Une représentation s’était tenue à la Fondation Pernod Ricard, où danse et objets cohabitaient en parfaite synergie.

Associer matière et mouvement dans l’espace
Partie de ce projet symbolique et du Spining Mirror — remarqué lors de la Paris Design Week 2024 et de la Collective Fair de Bruxelles —, cette collection offre différentes déclinaisons qui mêlent à la fois la matière et mouvement. Les pièces sont faites en verre et en métal, les deux matériaux de prédilection de la créatrice, et réalisés à la commande, dans une dizaine de d’exemplaires pour le moment. Entre jeux de matière, de lumière et de formes évolutives en fonction de la disposition et l’espace dans lequel se trouve l’objet, Spinning Around est une collection qui n’est finalement jamais figée. « J’ai voulu créer une sorte de liberté visuelle au sein de laquelle le mouvement donne vie à l’objet. Le fait que les objets bougent permet de créer des effets visuels qu’on n’aurait pas s'ils étaient immobiles » Et pour cette collection, Sophia Taillet a choisit de se pencher sur la technique du repoussage, un savoir faire dont on parle peu mais qui n’en est pas moins intéressante à explorer. « C’est une technique qui n’est pas forcement médiatisée et je trouvais intéressant de la travailler, d’autant qu’avec mon expérience du verre, je ressens un devoir de transmission des savoir et des techniques. »

Un rendez-vous donné à la rentrée
En septembre, à l’occasion de la Paris Design Week du 4 au 13 septembre et des Journées du Patrimoine les 20 et 21 septembre, Sophia Taillet investira la cour du musée de la Chasse avec une installation cinétique en plein air, pensée comme une « danse silencieuse ». Neuf pièces de Spinning Mirror seront présentées en dialogue avec l’architecture du lieu. Une performance dansée viendra également accompagner l’installation.


Plein Soleil
Quand le soleil dicte les formes, les usages et les idées, le design s’adapte, invente, rayonne. Ce nouveau numéro d’« Intramuros » s’ancre dans le Sud, là où l’extérieur devient une pièce à vivre, un terrain d’expérimentation pour les designers, un laboratoire de matière, de lumière et d’énergie. À Marseille, ville-monde, une scène créative s’affirme. Axel Chay, Emmanuelle Roule, Juliette Rougier, Aurel design urbain : tous dessinent un design solaire, sensoriel, entre artisanat, architecture et innovation. Une approche libre, ambitieuse, toujours connectée à la matière, au contexte et même à la mode, à l’image de Marianne Cat qui chine les talents depuis quatre décennies. Ora-ïto, designer touche-à-tout et enfant du pays, nous livre ses adresses marseillaises, entre lieux cultes et concepts audacieux.

Dans ces pages baignées de lumière, le mobilier d’extérieur ne se contente plus d’habiller une terrasse. Il devient mobile, intelligent, durable – parfois même autonome. Comme un miroir de nos modes de vie en mutation, il s’inscrit dans un écosystème plus large, où design, écologie et technologie avancent main dans la main, à l’image des innovations techniques permises par la préhension d’une énergie omniprésente. SUN, c’est donc plus qu’un thème estival. C’est une invitation à penser un design conscient, ancré dans les usages et ouvert sur le monde. Un design qui compose avec le climat pour mieux en révéler la beauté.

Sommaire
Design 360
Design Story
Atelier Baptiste & Jaïna : Entre matière, temps et imaginaire
Julien Renault, aventurier du design
Fumie Shibata : L’art du design silencieux
Studio 5.5, Designer à dessein
Teun Zwets : Éloge de la matière trouvée
Morrama design, objets intuitifs

Maria Jeglinska : Entre dessin, espace et usage
Gaspard Fleury-Dugy : Nouvelle pensée textile
R100, ou la révolution circulaire d’Hydro
13Desserts, design gourmand
Coperni : Esprit visionnaire
Tristan Auer Car Tailoring : Automobile (très) particulière

Sun
Sélection outdoor, à ciel ouvert
Marseille
Ïto trip
Axel Chay, designer pop’ulaire
Marianne Cat : Éternelle pionnière
Aurel design urbain : Marseille-Paris, transferts à succès
Juliette Rougier : Guidée par l’émotion
Emmanuelle Roule, la terre comme manifeste
L’Ingénieur Chevallier : Une oeuvre d’art sur le bout du nez
Soleil vertueux

Experimenta
Laboratoire des pratiques durables : de sources sûres
Roger Pradier : l’éclairage haut de gamme au service de la transition écologique

In the Air
Who’s Next Home : Cinq questions à Frédéric Maus, et Matthieu Pinet
Biennale de Saint-Étienne, une édition tournée vers demain
News
Demain, les designers : entre pouvoir et influence ?
Osaka 2025, l’hymne à l’amour de la France au Japon
Agenda
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Créé à Yerevan, en Arménie, Studio Shoo développe depuis quelques années une branche de mobilier design. Un nouvel axe lié aux projets architecturaux de l'agence.
« Je n'aime pas les projets résidentiels. Ce sont trop de contraintes et pas assez de liberté de création » explique Shushana Khachatrian, à l'origine de Studio Shoo. Créée en 2017 à Yerevan, l'agence spécialisée dans l’hôtellerie et la restauration est aujourd'hui implantée dans bon nombre de capitales européennes. Motivée par la création d'espaces avant tout fonctionnels et vecteur de bien-être grâce à ses palettes douces rehaussées çà et là de touches pop, l'architecte signe des projets d'une ordinaire simplicité, empreints de son Arménie natale. « Il y a quelque chose de minimaliste dans beaucoup de nos créations, mais l'essentiel est ailleurs. Il y a, dans les formes et les schémas, des éléments constamment inspirés de ma culture » explique l'architecte. Outre la question d'individualité et de matérialisation de son identité, elle « souhaite surtout que les visiteurs puissent se rattacher à quelque chose. » A l'image du projet hôtelier Mövenpick Yerevan, Shushana Khachatrian détourne les arts et les matériaux de son pays, pour livrer des atmosphères contemporaines et typées, mais loin des stéréotypes.

Le design dans chaque projet
Imaginée selon les codes de l'agence et les influences de l'architecte, chaque architecture intérieure trouve son individualité dans le choix du mobilier qui la compose. « Chez Studio Shoo, nous avons toujours mêlé des produits du marché à nos propres créations. » Une manière de solutionner des problématiques, mais également d'apporter une identité particulière aux espaces. Une double approche qui pousse l'agence à créer un nouveau secteur entièrement dédié à la création de mobilier design. « Régulièrement, nous avions des personnes qui nous demandaient où elles pouvaient acheter nos objets. Mais ce n'était pas possible. Et comme j'ai horreur de refaire deux fois la même chose, nous avons décidé de créer une branche spécifique en interne, pour concevoir des objets disponibles à la vente, que ce soit à des particuliers, ou dans nos projets. » Une diversification du travail de l'agence, mais complémentaire à son activité architecturale poursuit Shushana Khachatrian. « Je pense que ce sont deux domaines très perméables où l'échelle est différente. Les architectes pensent davantage l'expérience client et les formes globales, les plus grosses, tandis que les designers réfléchissent surtout aux détails, aux formes plus petites. » Réunissant une petite dizaine d'objets, principalement des luminaires, Studio Shoo explore également des thématiques connexes telles que le développement durable, avec la réinterprétation de « déchets » pour fabriquer de nouveaux objets, ou l’intelligence artificielle régulièrement utilisée pour donner vie à des esquisses. « A mes yeux, l'essentiel, c'est que les personnes retiennent les espaces qu'elles visitent. Et c'est souvent grâce à un objet inattendu, une nouvelle expérience, d’où l'importance du design » admet l'architecte dont l'agence travaille en ce moment sur un prototype de chaise.

TUFF Pencil cabinet, premier ambassadeur du Studio Shoo à Milan
Présent pour la première fois à ISOLA dans le cadre de la Milano Design Week 2025, Studio Shoo présentait le TUFF pencil cabinet. Imaginé en deux formats, l'un jaune pâle avec une ouverture sur le haut, et le second rose bonbon agrémenté d'un tiroir coulissant sur la partie basse, ce petit meuble est un véritable condensé de la vision de l'agence. Inspiré de la pierre volcanique rose caractéristique de Yerevan, il rend hommage à l'écriture grâce, outre son utilisation première, au petit tableau à craie intégré à l'intérieur. « En me baladant dans les rues de Yerevan, j'ai remarqué les notes qui ponctuent chaque mur. Les habitants écrivent et dessinent partout. C'est ce qui m'a inspiré pour cette pièce qui reflète l'intersection entre l'héritage matériel et l'expression artistique » résume la créatrice qui explique d'ailleurs avoir vu des gens se mettre à dessiner sur sa pièce lors du salon italien. Fabriqué à partir de feuilles de MDF et de métal recyclé, ce meuble, créé à l'origine pour l'usage personnel de Shushana Khachatrian, est un premier pas pour l'agence dans le secteur du meuble international, où le design arménien est encore trop peu représenté.


Les Ateliers de Paris présentent, jusqu'au 28 mai, l'exposition « Fils et filiations ». Un rassemblement d'artistes célébrant à travers leurs œuvres, la pluralité de l'art textile, désormais en pleine renaissance.
S'il est un médium longtemps délaissé qui fait aujourd'hui son grand retour sur la scène artistique, c'est bel et bien le fil. Réhabilité à la Fondation Cartier pour l'Art contemporain avec une vaste exposition dédiée au travail d'Olga de Amaral ou au Grand Palais avec les installations de Chiharu Shiota, l'art textile semble enfin considéré à sa juste valeur, tant pour sa qualité plastique que pour la diversité esthétique qu'il offre. À l'occasion des Journées Européennes des Métiers d'Art, Les Ateliers de Paris présentent « Fils et filiations ». Une exposition imaginée comme une exploration à travers les styles et les techniques de 16 créateurs français recrutés çà et là pour leur diversité et leur approche contemporaine des matériaux.

Un médium sorti de l'ombre
Exposées pour être observées sous toutes leurs coutures, les œuvres trouvent leur place dans une scénographie de Véronique Maire, où les portants en bois évoquent les métiers à tisser. Une évocation sans doute un peu lointaine pour les visiteurs, qui traduit dès lors la volonté d'initier un dialogue entre les époques ; entre celle où le travail du fil n'était pas encore considéré comme un art, et aujourd'hui. « Le fil a longtemps été considéré comme une activité domestique pratiquée par les femmes pour répondre à des besoins. Il n'y avait aucune dimension créative, explique Audrey Demarre, commissaire de l'exposition. Avec Fils et filiations, il y avait donc cet enjeu de mêler un univers amusant, redevenu tendance, et un aspect historique, presque didactique. Car s'il semble simple, le fil demeure relativement inconnu du grand public. » Des tapisseries contemporaines en volumes, en passant par la retranscription filaire d'images, l'exposition interroge les manières dont les fibres, dans leurs diversités, lient les souvenirs et les récits, qu'ils soient personnels ou collectifs.

Des approches diverses en résonance avec notre époque
Nouées, tressées, cousues, entrelacées ou tissées... Riche d'une grande diversité technique, l'exposition interroge plus largement la fibre. Car si elle est souvent d'origine végétale, elle est aussi bien plus que cela. Artificielle comme dans le travail de Jeanne Goutelle, technique dans l'univers de Lucile Viaud et Aurélia Leblanc ou plus prospective avec Antonin Mongin, chaque longueur est surtout l'occasion d'ouvrir de nouvelles perspectives. Fruit d'une rencontre entre deux créatrices particulièrement douée pour se réinventer, le tissage du verre est un travail « situé à la croisée du design et de l'Art, expliquent Lucile Viaud et Aurélia Leblanc à l'origine du “géoverre”, un textile intégrant de fins filaments de verre. Il est à la fois un repère technique – il structure, oriente les capacités de la matière – mais aussi un vecteur sensible et territorial, car il est fabriqué à partir de matières premières locales. » Un parti-pris partagé par Jeanne Goutelle dont la démarche débute par la récupération de chutes de tissu auprès d’industries notamment stéphanoises. « L'Upcycling est au cœur de ma démarche. Le fil est au cœur de nos vies, car on le retrouve dans nos vêtements, nos habitats, nos doudous, nos linceuls... C'est une histoire de femmes qui mérite le même statut que la pierre ou le bois. »

Pour Antonin Mongin, s'emparer du cheveu – sa fibre de prédilection – revêt également un intérêt éthique. « On prend souvent pour acquis la plupart des fibres qui constituent nos objets, sous forme de fils tissés ou tricotés sans s'interroger sur leur origine. Nous avons parfois tendance à davantage considérer la valeur attribuée aux résultats plutôt qu'à l'origine des matières premières qui les composent. Cela ne devrait plus être le cas. La matérialité des produits qui nous entourent pourrait compter autant que les formes et les usages, et la qualité du fil, sa provenance sous forme de fibres avant qu'il soit un fil et sa façon de le réaliser pourraient participer à déplacer notre attention. Nous pourrions ainsi identifier quelles fibres - jusqu'à présent peu considérées - pourraient prendre davantage la lumière dans les différents domaines de la création. »

Basée au Pays basque depuis sa création en 2008, La Boite concept, entreprise spécialisée dans l’élaboration d’enceintes haute fidélité alliant performance et design, a récemment déménagé à Hossegor, dans les Landes. Un virage stratégique assumé par son président, Timothée Cagniard, qui entend faire de ce nouveau lieu un hub de création, de réflexion et d’innovation dédié au son.
« L’idée de La Boite concept est de mélanger la haute fidélité avec le numérique, en proposant des produits simples d’usage, afin de faire découvrir la Hi-Fi à tous les publics. » Timothée Cagniard baigne depuis toujours dans l’univers de la haute fidélité, notamment grâce à sa grand-mère Marie Cagniard, fondatrice de la marque d’enceintes acoustiques Siare. Ainsi, dès la création de la marque il y a 17 ans, il s’est donné pour mission de développer un savoir-faire du son et de l’enceinte, afin de proposer des produits haut de gamme, à la fois techniques et esthétiques. Après plusieurs années passées au Pays basque, l’entreprise a vouloir voir plus grand en s’installant à Hossegor, dans un atelier flambant neuf, inauguré début 2025.

Toute la chaîne de valeur réunie en un seul lieu
Baptisé « Manufacture du son », cet espace de 1 200 m², imaginé par l’atelier d’architecture Formalocal, a été pensé pour rassembler tous les corps de métiers en un seul et même lieu, de la conception au test des produits, jusqu’à la vente directe grâce au showroom intégré. Avec une production de 3 500 enceintes prévue pour l’année 2025, l’objectif est d’augmenter progressivement la capacité de production, pour atteindre jusqu’à 5 000 unités à l’horizon 2030.

Une ambition rendue possible grâce à la synergie entre les différents métiers et savoir-faire rassemblés sur site (design, ingénierie, ébénisterie…), répartis entre les différentes marques du groupe. En effet, en 2020, La Boite concept a racheté l’entreprise de matériel audio Micromega, lui offrant plus d’indépendance en internalisant une partie du développement technique. En 2021, la marque a également fondé Loia, dédiée aux accessoires et au petit mobilier liés au son, pour une expérience immersive à 360°. Enfin, l’entreprise Retrofutur, également membre du groupe, assure la partie vente et gère le showroom accessible au public.
Un développement de produits en continu
Grâce à son équipe de designers et d’ingénieurs du son intégrés, La Boite concept a développé de nombreux produits mêlant design et expertise acoustique. « Nous essayons de concevoir des produits à la fois simples, esthétiques, mais qui sont le résultat d’un véritable travail sur le son et le design », explique Timothée Cagniard. On doit notamment à La Boite concept l’enceinte PR Link, qui fait office à la fois d’enceinte et de mobilier lorsqu’elle est installée sur pied. Citons aussi la Platine Square, qui revisite le tourne-disque dans une version contemporaine et haut de gamme, mêlant cuir et bois travaillés avec soin.

Le développement devrait continuer de s’intensifier, avec de nombreux projets en cours, attendus à l’horizon 2026. Aujourd’hui, l’objectif du groupe est de s’ancrer dans ce nouveau lieu afin d’augmenter le volume de production afin de renforcer sa présence sur le marché, actuellement réparti à parts égales entre la France et l’international, avec une priorité donnée en Asie, particulièrement en Chine et en Corée du Sud.

Des collaborations exclusives
À l’occasion de l’inauguration de la nouvelle manufacture, La Boite concept avait dévoilé en avant-première une collaboration avec le DJ français Cut Killer. Une enceinte conçue pour « casser les codes », alliant puissance et qualité sonore exceptionnelle, dont la sortie officielle devrait être annoncée prochainement. Il n’y a plus qu’à tendre l’oreille…

Hella Jongerius expose à la Galerie kreo jusqu’au 26 juillet 2025. Ses tissages, ses tressages, ses filets de perles de céramique et ses voilages de cordes, dévorent des icônes du design. Sa collection de céramiques Angry Animals hurle au monde un mal-être planétaire.
Son exposition peut être interprétée sous de multiples thématiques. Certains y verront une démarche en friction avec l’industrie dominée par la rapidité et les relations à court terme ; d’autres un éloge du geste de la main et des relations durables dans le temps ; et d’autres encore un appel en vue de sauver une planète noyée dans une overdose de consommation. Diplômée de la Design Academy Eindhoven, Hella Jongerius a su tisser depuis l’ouverture de son studio en 1993, le Jongeriuslab, à Rotterdam puis à Berlin puis à Arnhem, des relations profondes et respectueuses avec des marques comme Vitra, les porcelaines de Nymphenburg, les textiles Maharam, ou le géant Ikea. Au centre de ses recherches sur les matières, les couleurs et les textures se déroule un rapport au temps qui prend en compte l’usure des matériaux et intègre le passage du temps dans ses créations autant que la transmission d’un savoir et d’un savoir-faire.

Abuser de l’IA
Pour son travail, elle n’hésite pas à se faire aider de l’Intelligence Artificielle : « tout outil utilisé par une machine capable de reproduire des comportements liés aux humains tels que le raisonnement, la planification et la créativité » ; ici, le processus d’imitation de l’intelligence humaine peut se voir comme une véritable aide à la conception. Son exposition « Interlace », recherche textile en progression mécanique et informatique selon un tissage 3D, dans l’espace somptueux du Lafayette Anticipations, un espace industriel de 2200 m2 réhabilité par Rem Koolhaas et son agence OMA, en faisait la démonstration en 2019. Pendant trois mois, les machines ont tissé une œuvre programmée sur ordinateur, sous la surveillance de ses étudiants en résidence à Paris. Comme si les métiers à tisser industriels étaient devenus trop efficaces, ne laissant aucune place à l’interaction humaine ou seulement dans l’exploration tridimensionnelle que l’on retrouve dans son rideau de perles, comme tissées et glissées au hasard dans la trame.

Brouiller les lignes
Brouillant les lignes entre l’artisanat et le commerce, elle se dit désintéressée par les objets et aborde le design sous son angle sociologique. « Les objets et les matériaux dont nous nous entourons définissent notre monde, notre futur et notre humanité : ils reflètent ce que nous sommes et ce que nous voulons devenir. » Comme du lichen, les filets de cordes eux-mêmes rongés par des boules de porcelaine dévorent les tables, perturbent leur perception tout en améliorant leur forme et même leur confort. La Chair One de Konstantin Grcic, livré à ce supplice gagne des coussins de rembourrage faits mains, tout comme la chaise Wire de Charles et Ray Eames (Vitra) ou la chaise Diamond d’Harry Bertoia (Knoll). Ce tissage sans fin qui grignote comme un lierre peut se percevoir comme la revanche de la nature sur la civilisation ou la reprise de son espace vital par le végétal. Son canapé Polder manque à cette invasion.

Infléchir les habitudes
Hella Jongerius s’est donné la mission d’inviter le public à réfléchir sur l’état de la planète Terre. Elle fait partie d’une génération de designers qui bien avant les générations X , Y ou Z se soucie de la portée de sa production et « souhaite infléchir les habitudes frénétiques des producteurs comme des consommateurs, pour repenser entièrement le design, un secteur parmi les plus nocifs pour l’environnement (…) Le design comme médium entre les humains et le monde devrait être vertueux et non pas dicté par les exigences d’un marché illusoire ou les illusions de la nouveauté » expliquait-elle à Anna Colin, curatrice et chercheuse.

Mais comme elle avait su inclure des animaux dans ses porcelaines pour la Manufacture de Nymphenburg, presque noyés au fond de ses assiettes, une grenouille en céramique s’invite librement en grimpant sur une des tables, exposées au Salon 94 à New York en décembre 2024. Ses Angry Animals en céramique, aux couleurs baconiennes, façonnés à la main pendant le confinement, durant la pandémie de Covid 19, semblent hurler au public une prise de conscience sur l’état du monde et le dérèglement climatique.

Une parole militante
Elle prend alors la parole, une parole militante pour expliquer que ces monstres hurlants – le requin, l’hippopotame, le gorille, le morse, la poule…- portent tous des noms de femmes – Erica, Bonnie, Monica, Natacha, Laura… Partenaires silencieux vivant aux côtés des hommes, ils ou elles veulent participer à égalité à la refonte d’une civilisation qui épuise la terre, l’argile, les oxydes, la silice, le fer… Toutes les ressources naturelles. Sans voix, ils ou elles sont une métaphore qui sert les challenges éthiques de notre époque, offrant à ces bêtes une présence angoissante, insupportable.

Avec les Angry Animals, elle veut dire stop aux pollueurs des mers, des océans, des rivières, des sols… Stop à ceux qui emprisonnent les animaux dans un mal-être dont les visages torturés expriment l’angoisse et la souffrance. Cette exposition aurait-elle une portée politique ? Le Vitra Design Museum qui a racheté ses archives prépare d’ailleurs une rétrospective pour 2026.

Seulement quelques mois après la sortie de GETA, sa première collection auto-éditée, l’agence Atome Associés réitère l’expérience avec une seconde série de pièces, intitulée RIET. Une collection largement inspirée du travail du néerlandais Gerrit Rietveld, avec l’envie de proposer un design qui résiste à l’épreuve du temps.
« C’est une collection qui se veut intemporelle, avec des pièces immuables. Dans notre conception, nous sommes très attachés à faire le lien entre tradition et contemporanéité », confie Natacha Froger, fondatrice de l’agence Atome Associés. Habituée de la conception de pièces sur mesure dans le cadre des projets hôteliers menés avec le soutien d'Aurèle Duhart, l’agence — qui avait dans ses tiroirs plus de vingt ans d’esquisses et de dessins de mobilier — a souhaité donner vie à ces projets en se lançant dans l’édition. Après la collection inspirée du Japon, GETA, sortie à la rentrée 2024, Atome Associés présente cette fois une collection aux formes épurées, dont les pièces allient esthétisme et maîtrise des matériaux, notamment le noyer et l’aluminium.

Des lignes inspirées par Gerrit Rietveld
Intitulée Riet, cette collection puise son inspiration dans l’œuvre du designer Gerrit Rietveld « Nous sommes partis d’un élément fort : la chaise Zig-Zag, sortie en 1934, tout en nous référant à une intention propre à l’époque, celle du mouvement De Stijl. L’idée était d’intégrer le design dans tous les intérieurs, avec des pièces épurées, conçues avec peu de lignes et peu de gestes, pour les rendre accessibles à tous. » Des objets au design éminemment et volontairement simple, mais mécaniquement complexe. Il a en effet fallu développer une structure interne plus résistante afin d’éviter l’affaissement du bois massif, tout en prenant en compte l’association du métal et du bois — deux matériaux qui n’évoluent pas de la même manière dans le temps.

Une collection artisanale et durable
Au départ imaginé comme table basse avec une fonction d’assise pour un projet d’hôtel business, Riet s’est finalement déclinée en six éléments : le tabouret STEL, la table d’appoint HOK, la table d’appoint grand modèle ZIG, la table basse PLAN, la console LIN et le banc BANK. Tous les modèles sont réalisés en noyer américain avec une finition laquée, disponible en quatre coloris : vert, bleu, rouge et noir. Chaque pièce est fabriquée à la main au sein d’ateliers situés au nord du Portugal, une région réputée pour son savoir-faire du bois notamment. Parallèlement à la collection, l’agence s’est associée à l’artiste peintre Bénédicte Gérin pour réaliser des œuvres en connivence directe avec les pièces.

Une collection pensée pour durer, conçue dans l’esprit de la devise de l’agence : « de dessin à dessein. » « Les choses sont dessinées avec une intention, dictée par un besoin et une histoire, et non pas de manière purement formelle, car une table reste une table, et une chaise, une chaise. Si l’on reprend l’origine même du mot design, c’est desinare, c’est-à-dire dessiner. Peu de gens le savent, mais quand on le comprend, on saisit que le trait n’est jamais un geste gratuit : il est forcément mûri par un contexte global. Le design, c’est finalement tout ce qui nous entoure », conclut Natacha Froger.

Après la réhabilitation de son ancienne usine historique et l’ouverture d’une boutique Cinna au cœur de Lyon, le groupe Roset a présenté ses nouveautés 2025 au Palais de Tokyo, début avril. Entre une collection anniversaire pour les 50 ans de Cinna, une collaboration inédite avec la marque de vélos Origine, et l’enrichissement des collections outdoor et indoor, l’année démarre fort pour le groupe !
En janvier, Ligne Roset dévoilait son nouveau showroom de vente ainsi qu’un espace d’exposition au sein de son ancienne usine de Montagnieu, laissée à l’abandon depuis plus de 20 ans après le transfert des ateliers à Briord, à quelques kilomètres de là. La réhabilitation de ces espaces permet d’offrir à la fois un showroom professionnel de 450 m² et un espace outlet de 875 m², ouvert au grand public. Parallèlement, la marque a aménagé un lieu d’exposition dédié à l’évolution de sa production et à ses pièces emblématiques, tant pour Ligne Roset que pour Cinna. Quarante-deux pièces y sont mises en valeur, signées Jean Nouvel, Jean-Charles de Castelbajac, Philippe Starck ou encore Éric Jourdan. « Il nous manquait un lieu dédié à la création. Ce bâtiment permet désormais d’offrir une expérience complète au client », expliquait notamment Laurent Pointet, directeur commercial France chez Ligne Roset.

Un showroom Cinna à Lyon et une collection anniversaire pour les 50 ans
Inaugurée en juillet 2024, la première boutique physique Cinna a ouvert à Lyon, à deux pas de la place Bellecour. Pensé comme un espace d’inspiration pour les architectes et designers, ce lieu invite à « rêver son intérieur, dans une forme de poésie particulière », racontaient Antoine et Olivier Roset.
Quelques mois plus tard, pour célébrer les 50 ans de Cinna, la marque a présenté sa collection anniversaire au sein de l’installation Onirium, marquant ainsi un nouveau chapitre de design et de créativité. Parmi les nouveautés, on retrouve des rééditions enrichissant la collection consacrée à Pierre Guariche, tels que le bureau Président en noyer et la chaise 289.

D’autres pièces existantes ont été repensées pour offrir un nouveau design, avec des proportions retravaillées alliant confort et esthétique. L’iconique Prado de Christian Werner se dévoile ainsi dans une version encore plus épurée et confortable, tandis que le sofa Uncover de Marie-Christine Dorner s’enrichit de dormeuses droite et gauche, pour encore plus de modularité.

Parmi les nouvelles créations : la table basse Rumaki d’Éric Jourdan, aux lignes arrondies, disponible en chêne blanchi ou frêne noir plaqué, ainsi que Hoggar d’Evangelos Vasileiou, inspirée du massif saharien éponyme. Côté luminaires, Soda Designers (Nasrallah & Horner) et le studio Shulab présentent respectivement la lampe Tilda et la lampe sur pied arquée Niji. Sebastian Herkner signe quant à lui la lampe indoor/outdoor Lambaa, conçue en aluminium laqué résistant aux UV, et pensée pour être facilement transportable. Côté accessoires, Constance Frappoli signe la gamme Convergence, une collection de tapis et coussins aux lignes géométriques et colorées, entièrement tuftée à la main. Marie-Aurore Stiker-Metral dévoile, de son côté le tapis Garcancia, également tufté à la main, en laine de Nouvelle-Zélande, ainsi que deux séries de vases : Purple Rain et Empreintes.

Des nouveautés aussi chez Ligne Roset
Toujours dans le cadre d’Onirium, Ligne Roset a également présenté ses nouveautés 2025, alliant ainsi design, innovation et durabilité. Sebastian Herkner y propose trois nouvelles créations : l’extension de la collection Noka d’une part, avec une méridienne et un canapé, le bahut Scene décliné en deux tailles et multiples configurations, ainsi que la lampe Azores, dont la forme de l’abat-jour évoque les capes traditionnelles des femmes des Açores.

Guillaume Delvigne signe lui aussi de nombreuses nouveautés, dont la lampe Elio, dont l’abat-jour est fait en papier, pour une lumière douce et chaleureuse. Il propose aussi le bout de canapé Fragments, fabriqué avec Istrenn, un composite innovant à base de coquillages recyclés développé par l’entreprise française Malàkio. La table Sillage, réinterprétation de la table Intervalle par le designer, se décline désormais en version compacte et en huit finitions de bois massif, en harmonie avec la chaise Elly, disponible en hêtre ou noyer.
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Le designer Vincent Tordjman révèle la table basse Quantique, dont un plateau en verre fumé sublime ses pieds modulables en noyer massif. Benjamin Graindorge a imaginé quant à lui la collection de luminaires Nef, comprenant un lampadaire et deux suspensions, et dont les abat-jours en tôle d’acier perforée créent un effet ondulé pour une diffusion douce de la lumière. Toutes ces nouveautés s’accompagnent d’une collection d’accessoires à l’image de la série de miroirs Kiosk de Philippe Nigro, pour un ensemble de pièces complet.

Une collaboration inédite avec Origine
En complément de ses nouveautés mobilier et accessoires, Ligne Roset crée la surprise avec une collaboration originale avec Origine, marque française de vélos. Ensemble, ils ont conçu une édition limitée du vélo de route Fraxion GTR. Une rencontre pour le moins inattendue mais qui n’en demeure pas moins harmonieuse, mariant esthétique, innovation et exigence technique. « Ligne Roset x Origine, c’est avant tout une belle rencontre humaine et une communauté bienveillante de passionnés de création, de design et de vélo », confiaient Olivier et Antoine Roset. Si le Fraxion GTR est un modèle emblématique d’Origine, pensé pour la vitesse et la précision, sa version avec Ligne Roset se distingue par 10 teintes Pantone exclusives appliquées au cadre, aux roues et à la tige de selle, ainsi que par un habillage en cuir raffiné, avec surpiqûres sur rubans de cintre et selles. Origine y garantit les performances techniques, donnant naissance à un vélo à la fois élégant et performant.


Brazil, c’est un peu l’esprit qui vous submerge quand vous entrez dans les locaux de La Fondation, 40 rue Legendre à Paris, trois bâtiments réunis par le promoteur immobilier Galia, conçu avec Philippe Chiambarretta Architecture, dans un esprit très Fondation Cartier ou LaFayette Anticipations. La direction artistique du projet a été assurée par Roman & Williams.
Étonnamment, on trouve dans ces 10 500 m2, un hôtel cinq étoiles, un café brasserie, un restaurant bistronomique, un bar en rooftop/terrasse, une piscine semi-olympique, un spa, hammam, sauna, un mur d’escalade de 10 m, un espace d’exposition et d’événement, des jardins suspendus et…des bureaux.
Dix années de travaux
Il a fallu dix années de travaux au Groupe Galia, une entreprise familiale qui restructure les bâtiments obsolètes en hôtels 5 étoiles ou en Auberge de Jeunesse, pour aboutir à ce projet luxueux. En 2012, Galia achète non loin des Batignolles, un ancien parking avec une rampe d’accès reconnaissable entre mille, à l’image de la rampe du Musée du Quai Branly et trois autres bâtiments voisins, avec l’ambition de créer un lieu de vie, un hôtel et des bureaux où l’on puisse vivre « comme à l’hôtel ». L’agence Roman & Williams qui a fait l’Hôtel Le Standard à New-York, un lieu unique, du spa à la petite cuillère, s’est attaché au projet avec l’ambition d’afficher un bilan carbone au plus bas, tout en exposant des œuvres artistiques et en organisant des expositions non-stop sur l’année en particulier dans la rampe.

L’exercice de la transformation
Philippe Chiambarretta, l’architecte, rapproche son projet de celui d’un cinéma, comme aux Halles, coincé entre la piscine, le spa et les bureaux… un projet très hybride, avec les mêmes services pour tout le monde. « L’exercice de la transformation pour des questions d’environnement, de préservation et de réemploi in situ, c’est l’avenir même de l’architecture, expliquait-il. Même avec un existant très contraint, il est possible d’en révéler le charme et de le rendre plus humain. Pour quiconque habitué à vivre dans des lofts, le Quartier Central des Affaires parisien et sa hauteur sous plafond à 2,70 m peut être très ennuyeux mais c’est un des enjeux de l’architecture de l’avenir : réinventer des usages et travailler avec des architectes d’intérieur pour imaginer un scénario et une mise en scène de terrasses, qui amènent la fraîcheur exigée par la hausse des températures, due au dérèglement climatique. »

Un lieu exceptionnel
Pour Terlia, l’exploitant, c’est un lieu exceptionnel qui sort de la routine, qui mixe, travail, loisir et bien-être. Les nouveaux locataires - La CCI, Data Brick, le Cabinet Bartle Management et Galia - l’ont bien compris. L’offre en restauration est très présente avec un restaurant en bas, avec un chef Thomas Rossi, un ancien de chez Piège. Au 10ème étage, le rooftop a été aménagé pour des soirées cocktails sur mesure. En sous-sol, à côté de la salle de sport équipée en Technogym, on trouve un coffee shop et un juice bar protéiné.

Amélie Maison d’Art a assuré la curation et gère la programmation culturelle à l’année, du DJ set avec un auditorium de 80 places, au décor des espaces communs pour vivre ensemble harmonieusement. C’est un lieu unique pour des clientèles ‘différentes’ parce qu’ici « on prend soin de vous » avec un luxe discret et le sentiment d’hospitalité au sein de tous les espaces se ressent dès le premier pas. À l’Accueil, les 28 plafonniers en laiton et verre ont été soufflé bouche par les verreries de l’île de Bréhat. Le restaurant propose son menu Piège sur des plateaux de table en marbre jaune de Sienne aile d’avion, monté sur des pieds cannelés en chêne et inox poli. Sur les murs, l’œuvre de Vedran Jakšić est composée de 48 panneaux en chêne massif sculptés et teintés à la Lina Bo Bardi. Le bas-relief du bar est signé du même artiste. Ailleurs, l’œil avisé reconnaîtra du LC1 de Charlotte Perriand pour Cassina, des canapés Arflex ou des fauteuils Wittmann. Le comptoir du bar de la Brasserie en étain a été réalisé par les ateliers Etain de Lyon. Du presque local.

The place to be
Les bureaux ont été livrés en septembre 2024, pour 3 ou 6 ans. La Fondation est une résidence d’esprit(s) libre(s) disponible pour une location de 2, 3, 6, ou 9 ans dans des espaces déjà décorés, de 750 m2 minimum à 5000 m2. Une rénovation de 10500 m2 en totalité avec un hôtel de 3000 m2, avec 58 chambres et 3 suites, et un premier prix à 300€ la nuitée. Les 1500 m2 du toit terrasse et du jardin apportent de la fraîcheur. Les 2000 m2 des espaces sportifs (abonnement à l’année 2700€), et le soin breton Ho Karan (Je t’aime) développé pour le Spa, en font un futur to-be lieu.


Inspirée des iconiques chaises des bistrots parisiens, la collection Parisienne 21 rend hommage à l’élégance et à l’héritage français, tout en incarnant parfaitement l’essence du design Fermob.
Conçue spécifiquement pour l’hôtellerie et la restauration, Parisienne 21 associe, tant dans son nom que dans son design, raffinement et chic à la française. Une revisite audacieuse qui défie les traditions pour proposer des modèles élégants et contemporains, alliant héritage et innovation.
Apporter une touche de modernité
Composée d’une chaise et d’un bridge, la collection Parisienne 21 a été imaginée par le studio de design Fermob avec l’ambition de capturer l’essence même de Paris, entre souvenirs, imaginaires collectifs et codes actuels. Chaque pièce est tressée à la main et réalisée en aluminium, incarnant ainsi le design du XXIe siècle. « Avec Parisienne 21, nous avons dessiné la collection que j’attendais, celle que je voulais à l’image de ce 21e arrondissement onirique, ou de celui des séries TV américaines. Chaque courbe, chaque ligne est pensée pour le beau, le confort et la prise en main. Son tressage manuel permet des déclinaisons subtiles en couleurs et en motifs », confie Bernard Reybier, président de Fermob.

Allier confort, qualité et savoir-faire
Au-delà de son esthétique, la collection Parisienne 21 se distingue par ses qualités techniques, combinant légèreté, robustesse et praticité. Faciles à déplacer et empilables, ces chaises s’adaptent à tous les espaces. Conçues en métal – un savoir-faire que Fermob perfectionne depuis plus de 35 ans –, et recouvertes d’un tissage outdoor ; elles offrent ainsi une résistance optimale aux conditions extérieures.

Deux modèles, huit déclinaisons
En matière de personnalisation, la chaise et le bridge se déclinent en trois motifs de tressage distincts : Essentiel, Lignes et Prestige, chacun proposé en plusieurs coloris. La gamme Essentiel propose les coloris Réglisse, Gris Argile et Cerise Noire, la gamme Lignes est déclinée en une version Miel, Cactus et Cerise Noire tandis que Prestige est disponible en Cerise Noire et Gris argile. Les professionnels pourront également personnaliser les assises grâce au service Affaires Spéciales de Fermob.
Plus d'informations en cliquant ICI.

La 8e édition de la Biennale Émergences se tiendra à nouveau au Centre national de la danse, du 10 au 13 avril. Intitulée « 9ter, destination métiers d’art », cette nouvelle édition propose de découvrir le travail de 56 créateurs minutieusement sélectionnés.
Avec près de 3 000 visiteurs recensés lors de l’édition 2023, la Biennale Émergences revient pour une nouvelle édition, toujours en partenariat avec Est Ensemble. Le commissariat a de nouveau été confié à Hélèna Ichbiah et Véronique Maire, déjà à l’œuvre lors de l’édition précédente. Ensemble, elles ont sélectionné 56 participants parmi plus de 300 candidatures, afin de mettre en valeur le meilleur de la création contemporaine.
L’objectif principal est de valoriser la création locale — 70 % des projets retenus sont issus du territoire — tout en représentant une scène émergente avec des profils variés. Certains créateurs sont jeunes diplômés, d'autres plus expérimentés, avec une tranche d’âge allant de 24 à 67 ans, offrant un véritable éventail d’approches et de sensibilités. L’édition 2025 est parrainée par Samuel Accoceberry et Bruce Cecere, fondateurs de la marque SB26, qui présenteront également, en marge de l’exposition principale, une sélection de leurs créations.
Une édition articulée en six tableaux
Pour structurer le parcours de la Biennale, les deux commissaires ont défini six « tableaux », construits autour des projets sélectionnés : Ouvrage moderne, Nature crue, Nouvelle excellence, Super simple, Futur archaïque, Non standard. « Cette édition s’articule autour de la transmission et du lien entre visiteurs et exposants. Ce qui est le plus important, c’est de rendre visible au plus grand nombre », confient-elles. Chaque tableau propose une expérience immersive pour découvrir les démarches créatives à travers dessins, maquettes, prototypes, échantillons, vidéos et objets finis.
Les 56 créateurs se répartissent comme suit :
• Ouvrage moderne : Atelier Dreieck, L’Établissement, Grégory Lacoua, Laurel Parker Book, Atelier Noue, P+L Studio, Studio Poudre, Atelier ST, Julia Trofimova — une sélection autour de l’innovation contemporaine, entre tradition et modernité.

• Nature crue : Atelier Baptiste & Jaïna, Julie Bergeron, Cédric Breisacher, Abel Cárcamo Segovia, Luce Couillet, Materra Matang, Sara Mauvilly, Christine Phung & Célia Nkala, Fanny Richard, Colombe Salvaresi, Alice Trescarte, Céline Wright & Johan Després — des créateurs inspirés par la nature, ses matériaux et ses textures.

• Nouvelle excellence : ansu studio, Xavier Brisons, La Compagnie du Verre, Atelier Font & Romani, Quentin Vuong, Christine Mathieu, Eudes Menichetti et Audrey Schaditzki — une mise en lumière du travail d’orfèvrerie, avec un souci du détail et des savoir-faire d’exception.

• Super simple : Pauline Androlus, César Bazaar, Théo Charasse, Guillaume Delvigne, Pierre Layronnie, Studio Lauma, Laure Philippe et Hermine Torikian — ici, l’évidence n’est jamais banale, portée par le principe « less is more ».

• Futur archaïque : Chloé Bensahel, Jean-Baptiste Durand, Jules Goliath, Joris Héraclite Valenzuela, Marion Mailaender + Atelier Delisle, Baptiste Mairet, Marion Mezenge, Lou Motin, Studio Noff, Studio Quiproquo, Raphaël Serres, Alec Vivier-Reynaud, Lucas Zito Studio — une réflexion sur la mémoire comme levier pour penser le monde de demain.

• Non standard : Wendy Andreu, Stéven Coëffic, Jonathan Cohen, Jean Couvreur, Prisca Razafindrakoto, Baptiste Vandaele — des créateurs qui explorent de nouvelles techniques industrielles ou remettent en question la production de série.

Des ateliers et animations en parallèle
En marge des six tableaux qui composent l’exposition principale, des ateliers seront proposés tout au long de l’événement, animés notamment par la Galerie du 19M, le fonds de dotation Verrecchia, et le GRETA ébénisterie du lycée Eugène Hénaff de Bagnolet.
La Biennale Émergences ouvrira ses portes le jeudi 10 avril et se tiendra jusqu’au dimanche 13 avril au Centre national de la danse (CND) à Pantin. Une exposition gratuite, qui s’impose comme un rendez-vous francilien incontournable pour les passionnés - ou non !- de design et de métiers d’art.

Pour rencontrer Victoria Wilmotte, il faut se rendre quai des Célestins, dans son bureau, studio ou atelier, que certains appellent Souplex, et descendre au sous-sol par un escalier en métal voir ses machines-outils. Impeccablement rangées le long du mur, sur un sol en béton parfaitement balayé, elles s’alignent. Elle a récemment ouvert un showroom, rue Madame pour exposer et vendre son autoproduction.
En vraie bricoleuse maniaque, comme un chef en cuisine, elle range ses affaires après sa journée de travail et pas un tournevis ne manque sur son tableau à outils ou dans ses tiroirs de métal. Chez Victoria Wilmotte, tout doit être à sa place. Et elle-même s’installe derrière un bureau en marbre blanc sur le fauteuil Chair One de Vitra dessiné par Konstantin Grcic, son mentor. Diplômée de l’École Camondo, elle décroche en 2008 un master en design products au Royal College of Art de Londres et crée d’emblée son propre studio, VW Design, qui deviendra en 2012 Studio Victoria Wilmotte SAS. Dans son atelier de 140 m2, elle taille, elle coupe, elle plie le métal, le peint, le ponce, le fait briller ou le martèle, pour le mettre sous son plus bel aspect. Parler, elle n’en a pas trop le temps.

Théorie de la pièce unique
Sa grosse actualité de fin d’année 2024 a été l’ouverture de son showroom en novembre, rue Madame, à Paris, à la place de la boutique Kitsuné, et dans lequel elle expose sa dernière collection, Concav. Elle aime bien travailler par collection, sur des séries limitées, et constituer des petites familles de pièces uniques. Au Mobilier national, la console Pleat, ou Plissé, est entrée dans les collections de l’ARC, l’Atelier de recherche et de création, dans sa couleur orange. Celle-ci est aussi éditée par Theoreme Editions, dans trois coloris et six éditions par couleur, mais là, ce n’est pas elle qui la produit.

Les pièces présentées dans son showroom sont toutes des originales, réalisées par ses soins. La protection d’un produit vient de sa publication. Publication dans la presse, publication sur Instagram, publication par la maison d’édition… Les produits ne sont jamais identiques à 100 % puisqu’il y a sa patte à chaque fois. Un creux dans un pied, une courbure : c’est un énorme travail. Les blocs Concav semblent massifs. C’est en fait du métal plié sur lequel se pose un plateau en verre avec un film de couleur.

Des matières particulières
Sa première exposition, en 2009, était tout en marbre et sur mesure. Les commandes pour les particuliers sont celles qui font rentrer l’argent nécessaire au fonctionnement de sa factory à la Warhol. Sa cheminée en marbre (d’abord dessinée en Corian pour la Galerie Torri et le PAD Paris 2016), qui se déplie sur les montants et sur le plateau, comme une pyramide maya, avec sept niveaux de marches, recueille un franc succès. Elle a envoyé deux cheminées en Australie à la fin du mois de novembre. Cette cheminée plaît énormément à une clientèle très friande d’images postées sur le Net. L’édition l’intéresse toujours si elle reste un procédé industriel, mais à petite échelle. Elle ne veut pas faire la même pièce à répétition. Les éditions spéciales, les éditions limitées dans des finitions particulières, les éditions sur mesure sont sa signature, et l’ouverture de ce showroom va lui permettre d’élargir sa diffusion.

Toucher le plus grand nombre
Elle adorerait collaborer avec Ikea, comme Sabine Marcelis. Rester collectible n’est pas son objectif. Petits objets, vases, plateaux, miroirs sont des objets plus abordables qui lui permettront de toucher un plus large public. Mais elle reste maîtresse du dessin. À chaque fois qu’elle a délégué cette tâche, cela n’a pas vraiment fonctionné. Elle exerce son métier un peu comme un sculpteur, en prenant la matière à bras-lecorps. En improvisant les formes, en pliant l’acier ou le papier métallisé. Elle n’utilise pas la 3D. Elle aime être dans l’action, saisir le métal, le tenir, le plier, le manipuler derrière ses machines. Elle s’attache au détail et ne laisse rien au hasard, ni même l’angle au sol, qui doit être parfait. Dans la journée, elle découpe un miroir. Comme Héphaïstos, elle forge sa production. Elle contrôle les commandes. Et la matière, docile, se plie à ses désirs. Comme face à une Wonder Woman.
