Pascal Guémené (Groupe Accor) : « Un retour progressif à la normale d’ici à 2022 »

Pascal Guémené (Groupe Accor) : « Un retour progressif à la normale d’ici à 2022 »

Dans la période inédite que nous traversons, l’Ameublement français a pris l’initiative d’organiser un cycle de webinaires qui donnent laparole à un grand témoin du secteur du contract, qui livre son éclairage aux acteurs qui opèrent sur ces marchés. Invité du premier webinaire le 24 avril, Pascal Guémené, directeur du département Design et Techniques Services au sein du Hub Europe du Sud du Groupe Accor, a présenté la situation de ce leader mondial de l’hôtellerie, et dessiné des perspectives à très court et moyen terme.

Les fabricants de meubles, agenceurs et fournisseurs de composants qui sont présents sur les marchés du contract, ou envisagent de s’y positionner, ont les yeux rivés sur le secteur de l’hôtellerie et restauration. Dans le contexte du confinement, avec des possibilités très réduites de se déplacer, et un tourisme national et international au point mort, l’hôtellerie restauration fait partie des secteurs qui paient le plus lourd tribut au Covid-19. Dans un tel contexte, la voix de Pascal Guémené apporte de précieux enseignements sur les mesures prioritaires prises pendant le confinement, et la stratégie de reprise progressive des activités qui sont adoptés par ce leader mondial, qui donnent dans une grande mesure le« la » de ce qui va se passer pour l’ensemble du secteur.

Une activité en forte baisse

Pour commencer, Pascal Guémené a fait état d’une activité extrêmement réduite en France, puisque 1300 hôtels sont actuellement fermés sur les 1500 que le groupe compte dans notre pays, ceux qui sont ouverts fonctionnant au ralenti. La situation a commencé à se dégrader à mi-février, avec les premières annulations des clients asiatiques et notamment chinois, suivis par ceux des autres régions du monde. Les zones aujourd’hui les plus touchées sont principalement situés en Europe, les établissements étant fermés par décret dans certains pays comme l’Espagne, ce qui n’est pas le cas en France, où ils sont fermés par manque de business. Par mesure de solidarité, trois hôtels du Groupe ont été mis à disposition pour héberger les personnels soignants ou pour accueillir des personnes infectées en quarantaine à Paris.
Comme l’explique l’intervenant, le Groupe Accor était dans une bonne dynamique à la fin2019 : « Les objectifs que nous nous étions fixés ont été atteints, et auraient pu être dépassés pour la France sans les grèves des transports de novembre et décembre. Mais la crise du Covid-19 a mis un coup d’arrêt à cette progression, les résultats du premier trimestre 2020 font état d’une chute du chiffre d’affaires du groupe de – 15,8 % en données comparables – 768 millions d’euros, contre 925 millions en 2019 sur la même période – et le repli va se poursuivre. Ce qui ne nous empêche pas, compte tenu de notre grande solidité d’implantation et de notre business modèle de réfléchir au rebond de l’après-crise. »

Une reprise progressive par segments et par étapes

Pour l’intervenant, les scénarios de reprise se présentent par étapes : l’activité hôtelière devrait redémarrer progressivement dès la levée progressive du confinement, en juin, avec la reprise des déplacements professionnels, et le retour du tourisme domestique, qui concerneront d’abord les marques économiques du groupe, puis le moyen de gamme et ensuite le premium et enfin le luxe. La reprise de l’activité séminaires ne se fera pas avant le quatrième trimestre. Les hôtels du groupe auront une belle carte à jouer en juillet et août, car les Français projettent de rester en France pour les vacances d’été. A partir de septembre, et surtout d’octobre et novembre, le tourisme d’affaire devrait à son tour redémarrer, avec notamment la reprise des salons professionnels. « Quels que soient les scénarios envisagés, les études montrent qu’on ne retrouvera pas un volume d’affaires comparable à 2019 avant 2022, ajoute Pascal Guémené. D’ici là, la montée en charge dépendra du rythme de reprise de l’activité. » Il est à noter que, à la fin avril, les professionnels étaient encore dans le flou quant à la date décidée par les pouvoirs publics pour la réouverture des bars et des restaurants.

IBIS Styles, Gare de Lyon - Bastille, Rebranding France

Une priorité : rassurer la clientèle avec des procédures sanitaires et d’hygiène transparentes

La priorité du Groupe Accor est clairement de rassurer ses clients, et de créer les conditions pour qu’ils reviennent dans ses hôtels en toute confiance. « Dans l’immédiat, nous devons avant tout rassurer notre client sur le plan sanitaire, être à son écoute, faire en sorte qu’il se sente le bienvenu, déclare Pascal Guémené. Pour cela, nous avons un impératif : communiquer, en disant ce que nous faisons, et en faisant ce que nous disons. » Pour atteindre cet objectif, le groupe travaille actuellement à l’élaborations de procédures de sécurité et de mesures d’hygiène pour assurer la sécurité de ses clients dès la réouverture. Cette démarche fait l’objet d’un processus de labellisation avec le bureau Veritas, un organisme certificateur indépendant qui va y apporter sa caution. Le président-directeur général du Groupe Accor, Sébastien Bazin, ayant été nommé par le gouvernement coordinateur prévention et hygiène pour l’ensemble du secteur de l’hôtellerie et restauration.

Des travaux reprogrammés dans le temps

Question essentielle pour les fournisseurs du Groupe Accor, les travaux prévus pour les projets hôteliers neufs et les rénovations vont être diversement impactés par la crise. Comme l’explique Pascal Guémené, les travaux de court terme qui étaient en cours, et qui ont été stoppés, vont repartir et être achevés dès la fin du confinement. En revanche, les travaux plus importants, qui étaient programmés sur plusieurs mois, vont être réexaminés. Enfin, la majorité des travaux qui étaient en projet sont pour l’instant mis en attente. « La priorité de nos partenaires exploitants hôteliers est aujourd’hui de pérenniser leur établissement, ajoute l’intervenant. Ils doivent aussi gérer la question du chômage partiel, et la préparation des mesures de prévention et sécurité en vue de la réouverture progressive. » De façon générale, les hôteliers relanceront donc leurs projets de rénovation et d’établissements neufs, avec les marchés de travaux qui sont liés, en fonction du rythme de reprise de l’activité, qui leur redonnera des marges de manoeuvre pour investir, ce qui ne se fera pas avant la rentrée 2020.

Des nouveaux concepts maintenus

Si un important volume de travaux seront décalés dans le temps, le cadre dirigeant d’Accor a tenu à préciser que les nouveaux concepts d’hôtels seraient néanmoins maintenus.« L’année 2020 devait être très riche en nouveaux concepts, avec notamment4 nouvelles collections pour Novotel, et deux nouvelles pour Ibis. Pour toutes ces nouveautés, nous continuons les études pour être prêts au moment de la reprise. » L’un des défis est maintenant d’y intégrer tout le volet prévention Covid-19, qui sera prégnant à la réouverture, tout en lissant les dépenses du Groupe, qui seront budgétées en fonction de la reprise de l’activité. Il n’est pas question en revanche de faire des concessions en matière de politique environnementale : « Il est essentiel de maintenir nos engagements et même de les accélérer, comme nous le faisons avec notre nouvelle marque GREET, qui s’appuie sur des aménagements issus du recyclage et de l’upcycling, pour réduire l’empreinte carbone de notre activité. » Ainsi, les deuxième et troisième hôtels qui devaient ouvrir sous cette enseigne en mars et avril ouvriront en mai et juin, la quatrième ouverture étant prévue à Lyon en fin d’année.

IBIS Styles Porte d'Italie, Construction sélection Heartist France

Des nouveaux aménagements en gestation

Enfin, la crise du Covid-19 impactera aussi les aménagements intérieurs des hôtels et restaurants.« Il nous faudra des aménagements beaucoup plus modulables et adaptables, notamment en fonction nombre de clients présents, ajoute Pascal Guémené. Si on prend l’exemple des tables d’hôtes, un élément structurant pour nos espaces de vie, il faudra imaginer des configurations qui permettent de garder des distances entre les convives. Il y aura à la fin du confinement une envie de sortir dans les lieux publics, de voir du monde, accompagnée par une appréhension de contracter le Covid-19. Les designers doivent désormais intégrer ce nouveau paramètre. » Il faudra aussi réfléchir à des formules souples pour cloisonner les espaces, et donner de la polyvalence, pour pouvoir facilement passer d’un usage à un autre en fonction des réservations et de la fréquentation. Le cadre dirigeant invite les fabricants de mobilier et agenceurs à se tenir prêts pour répondre à ces travaux qui se feront à très court terme. Malgré ce contexte difficile, l’intervenant a conclu ce webinaire en affichant son optimisme : « Nos marques bénéficient d’une bonne image auprès du public, ce qui est un socle essentiel pour obtenir sa confiance, tandis que nos adhérents partenaires se félicitent aujourd’hui d’appartenir à un grand groupe qui ne les laisse pas seuls face à leurs difficultés, et qui les accompagne dans les mesures à prendre à court terme, et en fixant un cap dans la durée. »

Rédigé par 
Nathalie Degardin

Vous aimerez aussi

Temps de lecture
24/10/2025
Scarabei, la nouvelle composition de Giopato & Coombes

La marque italienne Giopato & Coombes dévoile Scarabei, un luminaire en aluminium inspirée de la nature.

C’est une collection à regarder à la lumière de ces inspirations. Imaginée par Cristiana Giopato et Christopher Coombes, fondateurs du studio éponyme, Scarabei pourrait être désignée comme une collection biomimétique. Inspirés « par les processus de propagation visibles dans la nature », les designers ont cherché à traduire les notions « de rythme, de répétition et de variation ». C’est donc en considérant la lumière comme un organisme à part entière qu’ils se sont penchés sur la faune, et plus précisément sur le scarabée, un animal symbolisant souvent la métamorphose et la renaissance. Une inspiration à l’origine des petites cavités rappelant, à certains égards, des chrysalides d’où émergent ces insectes. En résulte une série de luminaires née « d'une étude de la modularité expansive » offrant des compositions en équilibre « entre géométrie et variation structurelle ».

Scarabei ©Giopato & Coombes

Les aspérités d’une technique artisanale

D’abord intéressés par l’idée de propagation, les designers ont commencé « par travailler en deux dimensions, sur papier, et par l'intermédiaire de matériaux physiques tels que les croquis au crayon et à l'encre ». Une phase qui a permis aux premières ébauches d’émerger. Ce n’est que dans un second temps que l’étude des formes a débuté, et ce, de manière empirique. « Nous avons d’abord créé des masses à l’aide de papier aluminium puis d’argile. Nous préférions travailler le matériau physiquement et ensuite passer à sa transformation numérique en le scannant en trois dimensions. » Une méthode de travail qui a poussé les deux designers vers le moulage au sable. Une technique artisanale, réalisée dans une fonderie italienne, permettant de combiner les détails des moules en terre réalisés à la main, et la matérialité brute et authentique de la fonte. Réalisé en aluminium, chaque module est ensuite retravaillé à la main et patiné dans l’un des cinq coloris disponibles (aluminium brut, aluminium poli, noirci, bronzé, blanc minéral). Dotés d’une source lumineuse, les dômes concaves sont ensuite refermés avec une lamelle de verre opalin, laissant passer une lumière homogène et permettant à chacun de révéler les aspérités de son voisin. Une cohabitation rappelant, à la lumière de Scarabei, la force de la composition.

Temps de lecture
24/10/2025
Jean-Philippe Nuel : de l’architecture au mobilier

L’architecte et designer Jean-Philippe Nuel a livré trois projets architecturaux au cours de l’été. L’occasion pour lui de développer deux nouvelles assises en collaboration avec Talenti et Duvivier Canapés.

Architecte multi-facettes, Jean-Philippe Nuel s’est une nouvelle fois illustré cet été avec la livraison de trois projets hôteliers. Témoignant de son attachement à une « approche contextuelle, fondée sur le sens, l’histoire et la captation d’éléments didactiques », l’architecte décorateur a signé trois cadres de vie aux identités radicalement différentes, mais unis par une même volonté : concevoir des espaces enracinés dans leur territoire et ouverts sur le monde. De la métamorphose du dernier étage du Negresco à Nice, hommage élégant et contemporain à Jeanne Augier, à la création de L’Isle de Leos Hotel & Spa en Provence, imaginé comme une maison d’hôtes intime et chaleureuse, en passant par le Talaia Hotel & Spa à Biarritz, écrin minéral et marin suspendu au-dessus de l’océan, Jean-Philippe Nuel conserve l’idée d’un dialogue entre le lieu, l’architecture et le mobilier. Une approche qui l’a conduit à collaborer avec Talenti et Duvivier Canapés pour développer deux nouvelles gammes, désormais pérennisées par les marques.

Le Talaia Hotel & Spa de Biarritz ©FrancisAmiand

L’espace à l’origine de l’objet

Chez Jean-Philippe Nuel, le mobilier naît rarement d’une idée abstraite, mais plutôt d’un « besoin généré par l’architecture », explique-t-il. « Quand on conçoit une chambre d’hôtel, on a souvent besoin d’un bridge. On ne veut pas d’une simple chaise, mais il faut que l’assise reste manœuvrable pour s’adapter à différents usages. En 2021-2022, j’ai donc dessiné cette pièce, car il en existait en réalité assez peu sur le marché. » Destinée à l’origine à un projet hôtelier avorté à New York, la pièce au design sobre et classique a malgré tout été réalisée par Duvivier Canapés sous le nom de colection Barbara. D’abord implantée dans un hôtel à Reims, elle a fini par trouver sa place au Negresco, dans le cadre de la rénovation estivale. « À l’image de cette pièce, mes objets naissent souvent d’un lieu, d’un besoin précis. Ce n’est que dans un second temps que se pose la question de leur adoption par une marque et de leur intégration dans une collection », précise le designer. C’est notamment le cas d’une autre collaboration, cette fois avec Talenti, imaginée dans le cadre du projet de L’Isle-sur-la-Sorgue. Nommée Riva, la collection s’inspire du nautisme et du quiet luxury. D’abord pensée pour le monde de l’hôtellerie, puis intégrée à des projets de yachting, l’assise, reconnaissable à son large piètement en bois sur l’avant, a été ajoutée au catalogue de la marque italienne. « Nous avons néanmoins dû redimensionner certaines pièces. Le piètement initial, assez épais, a été redessiné pour plus de légèreté et de durabilité. Mais la générosité de la chaise, son aspect presque surdimensionné, demeure. » Ce processus d’ajustement accompagne souvent la transition d’une pièce sur mesure vers l’édition. « C’est par exemple ce qui s’est produit au Negresco, pour un canapé en forme de banane de quatre mètres de long. On nous a dit qu’il était trop grand : il a fallu le repenser pour un cadre plus classique. »

La Suite Jeanne&Paul et les assises de la collection Barbara imaginées par Jean-Philippe Nuel ©Grégoire_Gardette

Une approche transversale et lisible

Architecte de formation, mais aujourd’hui davantage tournée vers l’aménagement intérieur, Jean-Philippe Nuel revendique une posture transversale. « Même si ma notion de création s’est un peu déplacée, j’aime garder un œil sur toutes les étapes d’un projet. C’est peut-être lié au marché anglo-saxon, où les architectes ne s’occupent pas des intérieurs ni de la décoration. En Europe, c’est différent, mais comme je travaille beaucoup à l’étranger, le curseur s’est un peu déplacé. » Connu pour la diversité de ses réalisations, le créateur défend avant tout une cohérence du lieu. « Je garde un style que je ne renie pas, sans fioritures, avec une lisibilité dans la mise en place des éléments. » De L’Isle-sur-la-Sorgue, où la présence d’antiquaires a inspiré un dialogue entre objets anciens et mobilier contemporain, à Biarritz, où les couleurs du Pays basque infusent le projet, son seul fil rouge reste l’identité du lieu. « Pour le mobilier, comme pour l’architecture, c’est toujours dans le cadre de ce que j’ai vu, ressenti ou analysé que la création s’inscrit », conclut-il.

Le hall de l'hôtel Isle de Leos et les assises de la collection Riva éditées par Talenti ©Francis Amiand
Temps de lecture
22/10/2025
Pour Miami Paris, Range Rover ouvre sa galerie de design

A l'occasion de Design Miami, Range Rover ouvre les portes de la Range Rover Gallery dans la cour de l'Hôtel de Maisons jusqu'au dimanche 26 octobre.

Connu pour le luxe de ses véhicules les plus prestigieux, Range Rover place depuis 55 ans le design à la hauteur de l’innovation technique. À l’occasion de Design Miami, la marque britannique dévoile dans la cour de l’Hôtel de Maisons, en plein cœur de Paris, un petit espace d’exposition éphémère : la Range Rover Gallery. Quelques mètres carrés dans lesquels la marque souhaite valoriser la création contemporaine en accueillant six créations. Pensé comme une extension physique de sa philosophie “Modern luxury”, la galerie valorise en son sein les travaux des lauréates Sophie Dries et Fleur Delesalle récompensées en 2022 et 2023 lors des AD Range Rover Design Awards, et Dan Yeffet, précédemment membre du jury.

Trois noms pour incarner le luxe de demain

Parmi les pièces exposées, Sophie Dries présente Croissant, un fauteuil dont la silhouette faussement légère dissimule une conception sophistiquée faite de velours dense et de placage en loupe de bois. Une assise réalisée dans un atelier français en hommage au savoir-faire traditionnel. Une approche que l’on retrouve également dans la lampe E.T. de Fleur Delesalle. Cette création sculpturale réalisée en plâtre suggère une présence quasi animale chargée de mystère. Enfin, on trouvera les créations de Dan Yeffet explorant, par le biais du verre, du métal et de la pierre, une esthétique portée par la tension des courbes. Trois styles différents et une même recherche de radicalité au service de l’esthétique. Une vision d’autant plus importante pour Range Rover que la marque a réaffirmé son soutien à la jeune création l’an dernier en lançant le Student Prize. Un concours par lequel les étudiants sont invités à imaginer un objet nomade, à la fois sophistiqué et épuré, inspiré par la sphère automobile. Un prix pensé comme une passerelle entre générations, disciplines et visions du luxe.

Temps de lecture
22/10/2025
In Situ : l’expression maximaliste de Charles Zana

L’architecte d’intérieur et designer Charles Zana présente In Situ. Une collection aux proportions nouvelles, dévoilée dans un écrin haussmannien rue de Rivoli et visible jusqu’au 26 octobre.

C’est dans le cadre haussmannien de l’ancien Cercle suédois situé au 242 rue de Rivoli, que Charles Zana a souhaité présenter sa nouvelle collection : In Situ. Après l’Hôtel de Guise en 2021, où il avait présenté Ithaque, et l’Hôtel de la Marine, où il avait dévoilé Iter l’an dernier, c’est donc derrière les hautes fenêtres de cet écrin surplombant le jardin des Tuileries que l’architecte d’intérieur et designer s’est installé pour la semaine. Le temps pour lui de présenter « une collection plus personnelle et moins formelle que les deux précédentes », explique-t-il. Créateur touche-à-tout, Charles Zana propose cette fois-ci une vision maximaliste de son approche, se laissant aller aux formats XXL favorisant l’expressivité visuelle de ses créations. Imaginées pour la plupart dans le cadre de cette nouvelle collection, quelques pièces rééditées trouvent néanmoins leur place, parmi lesquelles le canapé Julie, qui, à la manière d’un confident courbé en satin et en étain, vient redessiner l’espace grâce à ses six mètres. Une création centrale dans le salon de cet appartement que le visiteur est invité à arpenter pour découvrir ou redécouvrir, au gré de six vastes pièces, une trentaine de créations. Parmi elles, des miroirs Carlo en bronze ou encore le petit fauteuil Big Franck, installés à l’ombre d’un discret boudoir vert bouteille. Deux créations en hommage au maître italien Carlo Scarpa, dont le travail a inspiré le designer, qui nourrit une profonde affinité avec les designers italiens modernistes, et Jean-Michel Franck, l’une des figures emblématiques de l’Art déco.

Exposition In Situ de Charles Zana ©Gaspard Hermach

Une vision artistique globale

Signature d’intérieurs remarquables aux quatre coins du monde, Charles Zana a imaginé cet ensemble sans fil rouge, simplement guidé par l’idée d’une « collection en mouvement ». Au-delà de l’aspect formel qui ne se confine pas à un style, l’architecte d’intérieur et designer se laisse guider « par des meubles qui architecturent l’espace ». Considérant qu’il n’y aurait pas « une seule façon bourgeoise de s’implanter dans l’espace », mais au contraire une réflexion « proche de celle des ensembliers », l’exposition met en avant la pluralité des formes et des matières. À celles traditionnelles comme le bronze, le marbre, le cuir ou encore l’acier inoxydable, Charles Zana intègre pour la première fois de nouveaux médiums comme la laque, l’étain ou la céramique, tous travaillés en France.

Exposition In Situ de Charles Zana ©Gaspard Hermach

Scénographiée avec une grande simplicité, privilégiant l’esprit d’un appartement habité à celui d’un showroom, la présentation s’accompagne d’une sélection d’œuvres issues de l’univers de Charles Zana. Parmi elles, des polaroïds de Carlo Mollino, des céramiques d’Ettore Sottsass et des antiquités de la Galerie Chenel. Amateur d’art pictural et collectionneur, le designer s’est également entouré du galeriste Paul Calligaro pour la  curation dont résulte une sélection d'œuvres d’Eugène Carrière. Une mise en valeur du XIXe siècle dans laquelle architecture et peinture servent le design contemporain et permettent à l’événement de s’inscrire en tout point dans la dynamique d’Art Basel Paris.

L’exposition est à voir au 242 rue de Rivoli, de 11 h à 19 h jusqu'au dimanche 26 octobre.

Exposition In Situ de Charles Zana © Gaspard Hermach
Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir chaque semaine l’actualité du design.