Exposition

Jusqu’au 6 mars 2022, « Here We Are ! Les femmes dans le design de 1900 à aujourd’hui » honore les figures féminines qui ont marqué le monde du design.
Que ce soit au sein de la mode, du design de meubles, de l’industrie ou de l’aménagement d’intérieur, nombreuses sont les femmes qui ont apporté une touche cruciale au développement du design moderne. Comme un écho aux interrogations sur la place de la femme dans la société, le Vitra Design Museum de Weil am Rein en Allemagne leur dédie une exposition où près de 85 designeuses sont représentées.

© Christoph Sagel © VG Bild-Kunst, 2021
Une exposition chronologique sur 120 ans
Très didactique, l’exposition est divisée en quatre parties chronologiques. La première, qui démarre au début des années 1900, retrace l’histoire du design en Europe et aux Etats-Unis. Une période d’autant plus importante puisqu’elle rime avec reconnaissance de la profession en tant que telle. La deuxième partie s’étend de 1920 à 1950 et présente des figures marquantes de l’époque telles que la Française Charlotte Perriand, l’Irlandaise Eileen Gray ou encore la Cubaine Clara Porset. La troisième partie de l’exposition, étalée de 1950 à 1980, met en avant l’émergence d’une vague de figures féminines et féministes en totale opposition avec la mentalité conservatrice de l’après-guerre. La quatrième et dernière partie se concentre sur le design d’aujourd’hui et ses pionnières dont Matali Crasset, Hella Jongerius ou Patricia Urquiola sont quelques exemples. Plus spécifiquement, certaines femmes designers n’hésitent pas à repousser les limites pour se réinventer au sein de la discipline. Citons par exemple Julia Lohmann qui s’est affranchie d’un nouveau matériau durable et peu exploité : les algues marines, ou Christien Meindertsma dont l’approche unique s’intéresse aux processus de production et cherche à comprendre en profondeur les matériaux et les produits qui l’entourent.
Une exposition enrichissante et complète qui permet d’attribuer la place méritée à ces femmes qui ont contribué à l’évolution du design tel qu’il est aujourd’hui.

© Christoph Sagel © VG Bild-Kunst, Bonn 2021

© Christoph Sagel © VG Bild-Kunst, Bonn 2021
Le Vitra Schaudepot comme laboratoire
En parallèle, le Vitra Schaudepot, qui abrite près de 400 œuvres du musée, en a aussi profité pour se pencher sur les designeuses, en se basant toutefois sur un thème plus précis ; dévoilé en juin 2021, « Spot On : Les femmes designers dans la collection » s’intéresse au rôle des femmes dans le design de meubles. De nouvelles pièces inédites d’Inga Sempé, Zaha Hadid ou encore Gunjan Göttering y sont exposées tandis que des objets provenant des archives du musée, permettent en même temps d’illustrer le rôle des femmes dans la création de meubles.

© Christoph Sagel

© Christoph Sagel © VG Bild-Kunst, Bonn 2021

Jusqu’au 13 novembre, découvrez à la Galerie Chevalier la collection de tapis spécialement éditée pour les 20 ans des éditions Parsua.
20 ans ça se fête ! Pour l’occasion, Céline Letessier et Amélie-Margot Chevalier ont voulu marquer le coup. Pour cette collection anniversaire, elles sont parties d’un concept tout particulier en faisant appel à 10 designers remarqués pour leur démarche éco-responsable. Une spécificité est cependant à noter : les heureux élus n’avaient jamais créé de tapis jusqu’alors. Les designers se sont vu proposer deux missions : concevoir un tapis qui conjugue à la fois leur univers personnel et l’ADN de Parsua, et réinterpréter un modèle déjà existant.


Des tapis à la conscience éthique et écologique
Depuis sa création en 2001, Parsua a pour ambition de créer « les antiquités de demain ». Tous les tapis sont conçus sans produits chimiques, à partir de laines locales filées à la main avec une patine à l’eau et au soleil à la manière de ceux créés aux XVII et XVIIIe siècles. Un savoir-faire devenu le symbole de leurs créations.


Deux ans de conception pour fêter vingt ans
De la conception du projet à sa finalisation, deux ans se sont écoulés. Au vu du résultat donné par l’exposition, le défi a été relevé avec succès par Marie Berthouloux, Agostina Bottoni, Alexandre Logé, Arthur Hoffner, Charlotte Julliard, Clément Brazille, Garnier et Linker, Fabien Capello, Hors-Studio et Ibkki. L’exposition présente les tapis réalisés, scénarisés autour de quelques pièces emblématiques de ces designers. Au fond de la galerie, les dessins des réinterprétations sont exposés à côté des modèles les ayant inspirés..
L’exposition se tient à la Galerie Chevalier, située au 25 rue de Bourgogne à Paris jusqu’au 13 novembre 2021.

40 ans après son lancement par l’Italien Ettore Sottsass, le mouvement Memphis continue de nous en mettre plein les yeux. Jusqu’au 8 janvier 2022, la galerie Made In Design du Printemps Haussmann accueille l’exposition « Umeda & Memphis, Dialogues Sensoriels ». L’occasion de découvrir ou redécouvrir le mouvement.
Comme un écho à l’exposition-hommage à son précurseur au Centre Pompidou, le 6e étage du printemps Haussmann prend les couleurs de Memphis. En exclusivité, la galerie Made in Design présente la collection Night Tales du designer japonais Masanori Umeda, sortie en 2020, et propose de découvrir ces pièces en exclusivité mondiale. « J’ai tout de suite eu un coup de cœur pour cette collection. J’ai senti qu’il fallait la présenter, dans une mise en scène soignée, qui valorise la dualité de références avec laquelle joue Masanori Umeto. Et nous avons obtenu l’exclusivité mondiale de ces pièces jusqu’au mois de janvier » , confie Catherine Collin, fondatrice de Made in Design.
Masanori Umeda à l’honneur…
Night Tales dévoile ainsi des pièces inédites comme le Lit Utamaro – dont le rétroéclairage accentue un effet de lévitation – et le Fauteuil Utamaro, tous les deux limités à 12 exemplaires. Largement inspirés du célèbre ring de boxe Tawaraya, ils sont teintés aux couleurs subtiles des kimonos traditionnels et parés des rayures noires et blanches, propres à Memphis. En parallèle, la collection présente également des rééditions d’objets conçus dans les années 80 comme c’est le cas du Fauteuil animal et de la table Médusa, inspirés d’un dessin de 1982 et édités en seulement 24 exemplaires chacun.

© 2021 LEA BOEGLIN
… et des Françaises engagées dans le mouvement Memphis
Invitée à l’inauguration de l’exposition, la designeuse française Martine Bedin n’a pas caché sa fierté quant à l’engouement que suscitait toujours le mouvement Memphis, dont elle est elle-même une pionnière : « Il s’est écoulé 40 ans, mais j’ai l’impression que le mouvement n’a pas pris une ride. Je suis contente et assez fière de voir qu’il continue de susciter de l’intérêt et la curiosité après toutes ces années ». Parmi les pièces que l’on retrouve au fil du parcours, on reconnaît au premier coup d’œil sa Lampe Murale Negresco et sa lampe de table Super inspirée d’une petite voiture d’enfant.

© 2021 LEA BOEGLIN

© 2021 LEA BOEGLIN
Si l’exposition rend particulièrement hommage au travail de Masanori Umeda en présentant sa nouvelle collection, elle permet par la même occasion d’y retrouver des objets mythiques du mouvement. Ainsi, les passionnés de design retrouvent avec le célèbre Buffet Beverly ou la console Tartar d’Ettore Sottsass, aux côtés du vaisselier de George J. Sowden et du fauteuil Roma de Zanini. À noter, la mise en scène valorise particulièrement dans un jeu de réponses le travail du motif qu’a apporté au mouvement la Française Nathalie Du Pasquier, notamment dans la présentation de tissus peu exposés ou son tapis California.
L’exposition se tient au 6e étage du Printemps Haussmann jusqu’au 8 janvier 2022, situé au 64 boulevard Haussmann à Paris. Ouvert tous les jours de 11h à 19h.

© 2021 LEA BOEGLIN

Après avoir lancé avec succès l’Atelier Jespers, le galeriste Jean-François Declercq propose un lieu inédit la Bocca della Verità entre design et architecture.

Bruxelles offre sans cesse des découvertes à qui sait flâner, révélant ainsi l’histoire de son architecture singulière, de l’art nouveau et du modernisme. La capitale belge est le territoire de prédilection de Jean-François Declercq, à l’affut de nouveaux bâtiments empreints d’histoire à réhabiliter. Sa récente galerie La Bocca della Verità présente les œuvres de jeunes pousses du design dans le contexte particulier de bâtis historiques préservés. Derrière la Maison van Dijck classée, de Gustave Strauven, construite en 1900, se cache un bâtiment postmoderne, de 1989, édifiée par le jeune architecte Michel Poulain. Avec sa géométrie aux faux airs d’Ettore Sottsass, la façade de la Bocca della Verità s’inscrit dans une cour coiffée d’une lumineuse verrière. Dans une dynamique et une mouvance propres au travail de Jean-François Declercq, la galerie a pour ambition de soutenir les talents de la jeune création du design, avec trois expositions par an.
Le rez-de-chaussée et l’étage sont consacrés aux expositions collectives et individuelles. Le premier étage accueille la salle de projet du collectif Stand Van Zaken, qui invite un commissaire différent à chaque exposition et trois designers, artistes ou architectes. Le principe repose sur un concept de travail collectif visant à explorer des formes d’expressions émergentes, une référence au procédé initié par le « Cadavre exquis » des Surréalistes. Pour sa première édition, le collectif a choisi le jeune couple d’artiste et designer, Chloé Arrouy et Arnaud Eubelen, qui ont cogité ensemble autour de leurs univers personnels, composés d’assemblage de matériaux pour l’un et de reproduction d’objets pour l’autre.
L’exposition inaugurale montre également le travail de deux créateurs, plus confirmés. Le français, Thibault Huguet designer industriel de formation, explore les connexions entre les divers matériaux, et applique ses recherches à du mobilier épuré entre artisanat et technologie, comme la console en aluminium Plane, d’une simplicité déconcertante. Hélène del Marmol, quant à elle, est belge, expérimente la cire végétale, sous forme de grosses bougies totémiques, conçues dans une rigueur géométrique évoquant l’aspect subversif d’Ettore Sottsass et la poétique Constantin Brancusi. Pour un dialogue émotionnel avec les objets.
La Bocca della Verità, Boulevard Clovis 85 Clovislaan 1000 Brussels
Visite des expositions du 17.09.2021 au 17.12.2021

Table de l’architecte Theo de Meyer, du collectif Stand Van Zaken


L’histoire de l’art retient d’Ettore Sottsass son anticonformisme et sa contribution majeur au mouvement Memphis. Artiste designer protéiforme, il était aussi poète, voire gourou. Depuis le 13 octobre le Centre Pompidou dévoile une autre facette de cet humaniste génial à travers « Ettore Sottsass, l’objet magique ».

53,3 x 17 x 18,5 cm
© Adagp, Paris 2021
Si l’exposition retrace les quarante premières années de la carrière d’Ettore Sottsass, elle a surtout vocation à présenter son œuvre sous un nouveau jour. De Memphis on ne retiendra ainsi que la dernière salle, comme une ode aux possibilités novatrices et déconcertantes offertes par la collaboration avec Abet Laminati.

Meuble avec éclairage, placage en laminé Print d’Abet Laminati. Structure en multiplis.
© Adagp, Paris 2021 © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Service de la documentation photographique du MNAM/Dist. RMN-GP
Au gré du parcours, on retrouve un Sottsass enchanteur explorant tous les champs de la création avec une infinie liberté. Depuis ses débuts, on perçoit sa force créatrice qui s’assouvit dans autant de médiums – qu’il s’agisse du dessin, de la peinture, de la sculpture. Affranchit, il conçoit rapidement l’objet dans sa dimension symbolique faisant fi de sa fonctionnalité. Il dote ses créations d’énergies, composant une cosmogonie de formes, matières et couleurs comme autant d’éléments mystiques qui trouveront à s’incarner dans sa pratique de la céramique. Totémiques, les pièces monumentales présentées par Pontus Hulten en 1969 au Nationalmuseum de Stockholm sont une expérience spatiale à part entière comme autant de « montagnes impossibles à faire, à monter ou à déplacer » raconte Marie-Ange Brayer, empruntant les mots de Sottsass.

La culture anthropologique du designer transalpin est aussi largement mise à l’honneur. On le découvre à travers ses images filmées en Inde ou grâce à sa pratique compulsive de la photographie. Architectures vernaculaires, rites, sociétés de consommation, de l’Inde aux États Unis en passant par l’Égypte, rien n’échappe à son œil. En tout, ce sont près de 100 000 clichés, donnés à la Bibliothèque Kandinsky par Barbara Radice en 2013, qui composent ce paysage intime et délicieux offert à la vue du visiteur. Que dire de la nomenclature composée par Sottsass lui-même, si ce n’est qu’elle raisonne comme un doux poème et laisse entrevoir sa pratique quasi-ritualisée de l’archivage.
De l’exposition « Ettore Sottsass, l’objet magique », on ressort donc nécessairement envoûté par sa vision quasi-métaphysique des êtres et du monde, autant que des objets et des formes.
« Ettore Sottsass, l’objet magique », Paris, Centre Georges Pompidou, 13 octobre 2021-3 janvier 2022, Commissaire : Marie-Ange Brayer.

Etagère de rangement avec casiers et tiroirs encastrés.
Bois laqué et laiton, 250 x 200 x 50 cm.
Don de la Société des Amis du Musée national d'art moderne, 2010 .
© Adagp, Paris 2021 © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP

Armoire Bois, plastique peint, maquette d’armoire conçue pour Poltronova (Italie).
Don du designer, 1999.
© Adagp, Paris 2021
© Centre Pompidou, MNAM-CCI/Jean-Claude Planchet/Dist. RMN-GP

Strutture tremano, 1979 .
Haut guéridon à plateau en verre carré supporté par 4 colonnettes torses en métal laqué rose, bleu, vert et jaune, reposant sur une base parallélépipédique plaqué de mélaminé blanc Verre, acier laqué, stratifié
119 x 60,2 x 60,2 cm / Plateau : 60,2 x 60,2 x 0.5 cm

Fabricant : Bitossi & Figli, Italie, commande d'Irving Richards
Assiette plate Céramique, hauteur : 0,5 cm diamètre : 31 cm
© Adagp, Paris 2021 © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Jacques Faujour/Dist. RMN-GP

Photographie n°13, épreuve gélatino-argentique, 42 x 32 cm © Adagp, Paris 2021.

© Adagp, Paris 2021
Photography Erik and Petra Hesmerg/Courtesy The Gallery Mourmans

À chaque édition de « Genius Loci », c’est une expérience unique du lieu et du design que propose Marion Vignal, la curatrice de l’exposition à l’Ange Volant, à Garches. L’occasion de découvrir une vingtaine d’œuvres singulières dans l’unique maison en France imaginée par le génial architecte Gio Ponti.

Parmi les pavillons de cette banlieue paisible à l’ouest de Paris se niche un joyau de l’architecture, une maison signée de l’architecte italien de Gio Ponti. Construite en 1927, pour Tony Bouilhet, le propriétaire de la maison d’orfèvrerie et d’arts de la table Christofle, la villa l’Ange Volant, nous livre une lecture tout à fait personnelle de l’architecture. À première vue, une maison à échelle humaine, aux proportions justes et équilibrées de la façade, inspirée de l’architecture italienne palladienne et de ses jardins. Puis l’intérieur révèle le séjour à double hauteur d’une modernité stupéfiante qui est aussi un décor magistral, où le regard se perd un peu, tant il y a de beautés à voir. Si l’on s’arrête sur les courbes élégantes des fauteuils, les détails du plafond, le raffinement des teintes ou bien les poignées de porte, on constate que l’œuvre architecturale est totale ! Gio Ponti savait tout dessiner avec légèreté et théâtralité ! L’Ange Volant révèle aussi une ode à l’amour, puisque la villa a donné naissance au couple formé par Tony Bouilhet, le commanditaire du lieu, et par Carla Borletti, nièce de Gio Ponti, et ils s’y marièrent en 1928 un an après l’inauguration…


Genius Loci, l’esprit du lieu
Chaque édition de « Genius Loci « propose un programme dans un lieu privé, et offre à voir des œuvres d’artistes, de designers, d’architectes, dans une expérience immersive. « J’ai sélectionné les artistes intuitivement, afin qu’ils résonnent avec l’œuvre de Gio Ponti et, particulièrement, avec cette maison pour laquelle j’ai eu un coup de coeur », explique Marion Vignal, commissaire de l’exposition. On peut ainsi retrouver les sculptures de Nao Matsunaga dans le vestibule, le lampadaire de Michael Anastassiades, les tableaux miroirs de Maurizio Donzelli, ou encore la grande table en verre de la salle à manger de Studio KO, le banc en résine transparent de Studio Nucleo. On note ce choix judicieux du banc en pierre bleue de Hainaut, présenté sur la terrasse, des architectes belges Bas Smets et Éliane Le Roux, renvoyant à la passion de Ponti pour les ponts. La paire de fauteuils de trains de première classe en velours bleu du designer italien de1950 converse avec la table basse du salon en miroirs soudés et taillé comme un bloc de cristal, de l’artiste anglais Julian Mayor. L’une des commandes spéciales réalisées pour cet évènement.
À découvrir jusqu’au 24 octobre 2021, entrée libre sur réservation, toutes les informations sur www.geniusloci-experience.com




A St-Germain-des-Prés, l’hôtel la Louisiane a laissé place à Bienvenue Design, un évènement imaginé par Olivier Robert et Jean-François Declercq, dénicheur de talents belges et internationaux.
Un dédale de chambres au style vintage
La Louisiane, hôtel historique, un peu confidentiel, n’a pas été choisi par hasard. Souvent comparé au Chelsea Hotel de New York par ses résidents et fidèles voyageurs, les murs de La Louisiane sont chargés d’histoire. Ce bâtiment labyrinthique, à peine retouché, dans son jus, a été le lieu de rencontres et de pauses privilégiées des écrivains, peintres, plasticiens, musiciens, cinéastes, photographes. Depuis Verlaine et Rimbaud, de célèbres personnalités y ont séjourné, Juliette Gréco, Miles Davis, Nan Goldin, Lucien Freud, les Pink-Floyd, Quentin Tarantino. En 1943, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir en firent le QG des Existentialistes, un véritable refuge… De tous temps, l’établissement est un chez-soi à part, participant aux libertés artistiques, festives et amicales. C’est aussi l’hôtel, des fidèles clients et artistes tels que Picasso, César, le couple Dali, Amanda Lear, Giacometti, Takis, Cy Twombly ou encore le critique d’art Michel Leiris, Keith Haring qui dessinait sur les serviettes.
JEAN-FRANÇOIS DECLERCQ, DENICHEUR DE TALENTS, chambre 19
Pour le galeriste belge fondateur de l’Atelier Jespers à Bruxelles, ce lieu mythique de La Louisiane, où il séjourne régulièrement, résonnait comme une évidence. C’est un hôtel resté authentique, mystérieux, son histoire se mêle aux évènements éphémères, proche de mon travail de design historique et création contemporaine. Dans sa scénographie, il présente le collectif français Ker-Xavier et le designer belge Arnaud Eubeleun, les Chaises du Soir dessinée par Benoit Maire, rééditées en 100 exemplaires par WE DO NOT WORK ALONE, produites par Fermob. En1988 j’ai acheté ma première pièce vintage. Aujourd’hui j’ai absorbé le design historique, pour révéler les talents d’aujourd’hui. Ma sélection de de pièces de designers est une proposition personnelle hybride entre art et design. Ainsi, au sein du parcours sinueux des couloirs de l’hôtel, les créateurs invités ont investi quelques chambres, pour y installer des univers à la fois contemporains et poétiques étroitement liés à la nostalgie des lieux. Particularité de La Louisiane, on y refait la déco, on repeint les murs, on change la moquette le temps d’une exposition, en témoignent le travail de ces quatre artistes et designers.


LOU VAN’T RIET, DES TRIPTYQUES TACTILES, chambre 20
Cette jeune artiste bruxelloise est partie du constat suivant : dans les musées ouverts à tous, on pourrait transgresser le regard habituel du spectateur face aux œuvres. J’ai toujours été attirée par la perception des œuvres d’art, briser la règle du « ne pas toucher », rapprocher le spectateur, introduire une action. J’en ai même fait une thèse en observant tout simplement les gens, leurs attitudes, leurs comportements face à un tableau, une sculpture…. Son œil s’exerce dès ses études d’architecture et de design à Bruxelles, puis dans la mégapole de New-York où elle débute à la Chamber Gallery et en collaboration avec l’artiste pluridisciplinaire Katie Stout. Devant les œuvres de Lou van’t Riet, on est conquis par la plénitude des couleurs, l’évocation des grands espaces inspirés de ses voyages, l’acier laqué découpé à la perfection que l’on manipule aisément. Ces Triptyques, ultra résistants en acier émaillé, changent de formes, de couleurs, selon l’ouverture ou la fermeture des panneaux articulés sur des charnières. Avec du recul, on a une autre perception… A travers ses créations, l’artiste fait un pas de côté ; le spectateur est appelé à s’engager lui-même à interférer, avec l’œuvre et de changer son regard et son appréhension.

MARC BAROUD, CONFLUENCE DES FORMES, chambre 36
On ne présente plus ce designer inclassable, transdisciplinaire, aussi bien architecte d’intérieur que designer de produits ou de marque, oscillant entre deux cultures, libanaise et française. Bien qu’il soit plus habitué aux murs neutres des galeries qu’au décor vintage, Marc Baroud investit les lieux de la Louisiane en remodelant l’espace dans son intégralité. On a pu y découvrir ou re-admiré la collection Dot to Dots conçue entre 2021 et 2020. Les pièces, bibliothèque et étagères Intersections, tables ou bancs Segments, lampes Articulations, confirment l’étendu et l’éclectisme de ses recherches sur des structures souples ou des principes constructifs d’inspiration moderniste. Sa méthode de conception suit le passage de l’état d’idée à l’état d’objet et ouvre le champ des possibles vers des créations plus libres, évoluant vers des typologies de formes et de matériaux singulières. On plonge dans son univers organique et voluptueux. On est absorbé par la matière sophistiquée savamment polie, d’une bibliothèque en aluminium dont les modules non standardisés s’adaptent aux livres que l’on y place, ou d’un groupe de tables modulables et informelles, qui invite au toucher.


TIM LECLABART, INFLUENCE BRESILIENNE, chambre 38
Ce jeune créateur dessine depuis peu, après une première vie professionnelle à la galerie James, qui fut spécialisée dans le design brésilien. Si Tim Leclabart assume pleinement ses références à l’architecture et au design historique, c’est aussi pour mieux les comprendre les admirer et un jour, s’en éloigner. Représenté à Paris par la galerie Mouvements Modernes dirigée par Sophie Mainier-Jullerot qui installe ses collections dans des lieux invités, il créé de petites séries en autoédition, telles que les lampes Totems Axis, en bois brut de récupération, résine et verre soufflée. Se passionne pour l’histoire du design brésilien des années 70, dont il assure la continuité avec une sensibilité contemporaine. En témoigne le prototype d’assise, subtil mélange de noyer américain, de cannage à maille carré, fait main. J’ai conçu ce fauteuil avec la contrainte technique du triplis, pour la rigidité, du bois massif tourné et du cannage, pour rappeler l’esthétique des assises de Pierre Jeanneret. De même, s’inspire-t-il de la maison des Canoas, conçue par l’architecte Oscar Niemeyre en 1951 pour sa famille, en reprenant les plans de la forme du toit.


PALOMA GONZALEZ-ESPEJO : NAISSANCE D’UNE COLLECTION, chambre 40
Ce que l’on aime chez Paloma Gonzalez-Espejo, c’est sa volonté farouche d’aller à l’essentiel, sans détour. Sa voix douce et volubile, son léger accent espagnol, on est sous le charme ! Pourtant, sa vocation de designer est tardive. Après une carrière d’avocate, il y a dix ans, elle choisit la voie de la reconversion, suit son rêve et entreprend de créer des pièces de mobilier. S’en suivent ses études au CAD (College of Art and design) de Bruxelles, et à la clef, une table de chevet en guise de projet de fin d’études. Avec beaucoup d’humilité, d’enthousiasme, elle sait se montrer reconnaissante envers Jean-François Declercq, qui l’a soutenue sans réserve. Ainsi a débuté la collection Yume. Je voulais que ce chevet épouse la forme du lit, à droite ou à gauche, avec des tiroirs secrets pour certains modèles. Découvrant les beaux savoir-faire du bois et de la pierre des artisans, je sors de ma zone de confort, cela me fait grandir. Le mobilier en bois a été réalisé par Casimir Ateliers en Belgique, entreprise qui soutient les designers dans la fabrication de leurs prototypes ou petites séries. Le concept évolue sur le principe de l’élastique : le meuble s’étire d’un côté et de l’autre, se transforme ainsi en console. J’ai en tête déjà un banc et un bureau, qui vont compléter la famille Yume. Bientôt aboutie, cette collection déclinant le chêne européen, le noyer américain, le travertin, le marbre de Carrare, Calacatta Viola, Nero Marquina, est en quête d’éditeur…



Vivement demain !, c’est déjà aujourd’hui avec les jeunes diplômés des écoles du Campus Métiers d‘Art & Design! Dans le cadre de la Paris Design Week et le splendide écrin historique de la Sorbonne, rue des Ecoles, l’exposition qui a mis à l’honneur les travaux de 8 écoles supérieures et 14 établissements métiers d’art réputés, a présenté des créations traitant de sujets dont les jeunes pousses se font les meilleurs ambassadeurs. Des projets pluriels dans leurs formes et matières, qui parlent de questions environnementales – éthique, recyclage, préservation de l’environnement – mais aussi d’identité, d’intimité, du mieux vivre, pour certains aux savoir-faire à la fois respectueux des techniques traditionnelles et innovants. Focus subjectif et parcellaire sur 14 d’entre eux.

École Estienne, Projet « Kleenex 2021 », Nouvelles valeurs, nouvelle couleur
Romane Dède, Loraine Boudon, Morgan Gomez et Lea Jéquier ont conçu un projet fictionnel et global pour Kleenex, marque pionnière du mouchoir jetable, à travers la création d’un mouchoir non blanchi par le chlore, 100% biodégradable, doté d’un packaging parsemé de graines à planter. Dérivées de chutes de bois coupé, ses couleur et texture délestent l’objet de son image négative de « déchet ». Après la révolution hygiénique, place à la révolution écologique, et festive, à travers la « fête du moins », valorisant l’économie circulaire, dont cet objet « non-blanc » fait partie.

Lycée Octave Feuillet, Noémie Crosetti, chapeau
Le thème académique « mode et identité » imposé par l’école en Cap chapelier modiste impliquait de travailler sur le canotier, ce couvre-chef intemporel, réputé et très français. La pièce de la jeune élève Noémie Crosetti est à la fois esthétique et délicate, par l’usage du velours noir rebrodé de perles, comme elle témoigne du potentiel recyclable des objets du quotidien, par l’utilisation d’un set de table en fibre, pour ses bords.

Lycée Octave Feuillet, Daphné Cordesse, chapeau
Toujours dans la salle des Autorités de la Sorbonne où sont présentés des chefs-d’œuvre des Métiers d’Art, Daphné Cordesse, jeune apprentie plumassière au Lycée Octave Feuillet a imaginé un chapeau étrangement inspiré d‘une parure indienne en plumes de chef d’Amérique du Sud. Toutefois, elle y a ajouté une autre influence, celle du tartan, tissu d’origine celte, par le prisme de la broderie et des couleurs. Effet d’impression garanti.

Lycée Lucas de Nehou/ Ecole du verre, du cristal & du vitrail/Lycée Hector Guimard, Art de la pierre
Les nombreux CAP Arts et techniques du verre du Lycée Lucas de Nahou forment les jeunes artisans à l’excellence des savoir-faire dans ces domaines. En partenariat avec le Lycée Hector Guimard, certains élèves travaillent la peinture sur verre en lien, comme ici, avec le fenestrage de la cathédrale de chartre, réalisé par le tailleur de pierre François Tricoire. On note l’habileté à sortir des carcans de la restauration, à travers une peinture géométrique et minimaliste en regard de l’architecture gothique.

Lycée Lucas de Nehou, Ypeng Xin, Lampe à décor de hiboux
Ce jeune élève du CAP Arts et technique du verre, option décorateur sur verre, traite l’image du hibou sur verre plat, en utilisant la technique du sablage du verre. Même si l’excellence des finitions n’est pas encore atteinte, on remarque une grande maîtrise du procédé pour ce niveau. En outre, l’image animalière prend une envergure supplémentaire par l’effet de la lumière sur le verre.

ENSCI les Ateliers, Martin Tiessé, « Pignon sur rue »
Martin Tiessé est un jeune créateur visionnaire. « Pignon sur rue » s’intéresse « aux enjeux liés à la relocalisation d’une production pas chère et de proximité ». Son projet d’objets réalisés par moulage sous vide et systèmes d’assemblage questionne, entre autres, les procédés de fabrication mais aussi d’organisation du travail.

Ecole Nationale des Arts Décoratifs, Carla Genty, « Précieuse matière », diplôme architecture d'intérieur
« Précieuse matière » est un projet global, voire total et sensible, autour du lin, qui réinvestit un domaine agricole de cultivateurs. Comment ? En rénovant et considérant une ancienne ferme comme un « laboratoire de création, propice à la recherche et investi par des designers, artistes et chercheurs en résidences. » Un projet créateur de nombreux objets – comme ici des briques – liens, réintroduisant localement cette fibre.

-Ecole Nationale des Arts Décoratifs, « Tant que les fleurs existeront encore », Alexis Foiny, diplôme design d’objet
En réinventant l’Astiria Rosea, espèce botanique disparue de l’île Maurice au XIXème siècle, Alexis Foiny crée un poétique Memento Mori, selon ses termes. A partir de la collecte de nombreux documents avec des scientifiques, le designer a redonné forme et couleur à la plante, mais aussi « ressuscité » son parfum à travers un accord olfactif, avec un créateur parfumeur.

ENSAAMA, Vincent Noir, « Informer les formes » DSAA Mode textile
Entre tapis et tapisserie, cette belle pièce design est révélatrice d’un savoir-faire textile très abouti, et d’une attention poussée aux couleurs et formes. S’apparentant à une structure organique, presque mouvante, l’œuvre semble jouer sur sa fonction – un tapis utilitaire – et ce que l’on croit percevoir d’elle, une forme sans formes, au chromatisme vitaminé et pop.

ENSAAMA, Lola Mossino, « Mécanique de la pétasse », DSAA Métiers d’art
C’était certainement la pièce la plus truculente de l’exposition ! « Mécanique de la Pétasse » est une parure de bijoux en laiton, chaine et perles, qui va à contrecourant du cliché de la « pétasse », communiquant par et à travers son corps. En créant des bijoux sur cette figure féminine dépréciée, Lola Mossino questionne la notion de genre, d’identité avec beaucoup d’empathie, d’humour et de dérision. Et prouve comment une posture corporelle peut inspirer de nouveaux types de bijoux.

Ecole Camondo, Blanche Mijonnet « Cueillir la forêt »
Il s’agit d’une invitation à retrouver ce que la créatrice appelle le « luxe de l’essentiel » : dans le parc naturel régional de Chartreuse, elle imagine une cabane faite de matériaux glanés en forêt. Une architecture primordiale comme un retour à la vie sauvage, propice à un rapprochement avec soi-même. Un projet environnemental drainant de multiples interrogations sur le temps, l’individu, les besoins et désirs.

Ecole Boulle, Victoria Antunes « Brume »
Constituée de tubes d’acier plat recouverts de cuir d’agneau orangé et de laine pour les assises, cette pièce aux formes arrondies et lignes pures revisite la concept très tendance du télétravail. Pour pallier à la laideur de ses outils, elle a conçu un siège proposant diverses postures pour travailler de manière « invisible ». L’utilisateur peut s’asseoir sur le fauteuil, ou rester debout durant ses réunions virtuelles. Ainsi, le mobilier du télétravail disparaît pour se fondre avec celui du salon.

Ecole Bleue (école de design global), Justine Beets, « Henri »
La jeune créatrice s’est inspirée de la fameuse fraise portée par Henri IV, en travaillant plus précisément sur l’arrête, peu traitée de manière originale, de cette parure textile. Usant de feutre dont elle étudie la densité et la souplesse, elle crée une pièce unique, faite main, aux formes aléatoires qui épousent une structure métallique quasi invisible, et qu’elle envisage comme un lieu de discussion et de partage.

Ecole Bleue (école de design global), Nathan Laroche, « Candide »
Il s’agit d’un projet global, évoquant une maison d’édition fictive « Félicité », qui produirait un fauteuil intitulé « Candide », en référence au personnage littéraire, comme au rêve et à l’enfance. Nathan Laroche a inventé un siège inspiré des formes maternelles. Deux bras semblent envelopper l’utilisateur. Ce jeune designer a choisi un tissu de couleur unie verte, afin de valoriser les formes de l’objet, assorti d’un coussin dorsal.

Jusqu’au 31 juillet, il est encore possible de profiter à la galerie Perrotin de Paris des superbes expositions « Hartung 80 » et « Rothko Hartung, une amitié multiforme ». À ne pas manquer !
Représentant depuis 2017 l’estate Hartung-Bergman, Perrotin propose deux expositions d’envergure muséale sur l‘artiste français de l’abstraction lyrique, dans son espace principal et les trois salles de la rue Saint Claude.

2021 © Hartung / ADAGP, Paris 2021. Courtesy the artist and Hartung-Bergman Foundation Photo: Claire Dorn
L'une des salles de l'exposition Hartung 80
« Hartung 80 » met en exergue son ultime période, toujours féconde, découpée en sept séquences.
Pleines d’énergie, de fulgurances et de profondeurs chromatiques, les formes résultant d’un geste maîtrisé et d’accidents heureux s’émancipent. Et pour la première fois, la galerie organise un dialogue très étudié avec la pointure de l’expressionnisme abstrait américain et du Colorfield, Mark Rothko.

Sous le commissariat de Thomas Schlesser directeur de la fondation Hartung-Bergman, Rothko Hartung, une amitié multiforme évoque les relations plastiques et intimes des deux artistes aux nombreux points communs, à travers également des archives photographiques et un documentaire de Christopher Rothko, fils de l’artiste.
Prêt exceptionnel du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, N°14 Browns over dark peint en 1963 par Rothko converse avec quatre tableaux d’Hartung de la même époque. Ces expositions de haute volée, par l’expérience physique qu’elles procurent, sont immanquables.

Exposition Rothko-Hartung une amitié multiforme, à la galerie Perrotin, Paris - Jusqu’au 31 juillet 2021 (C) Hartung / ADAGP, Paris 2021. Courtesy Fondation Hartung Bergman & Perrotin Mark Rothko, N° 14 (Browns over Dark), 1963, Huile et acrylique sur toile, 228,5 x 176 cm. Centre Pompidou, Paris, Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. Achat de l'Etat, 1968. Attribution, 1976 (C) Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko / ADAGP, Paris 2021 Photo (C) Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI

Fantasmée, enchantée comme désenchantée, la mer est dans tous ses états à la fondation Carmignac.
Depuis plus d’une quinzaine d’années, l’art et son rapport à l’environnement ne cessent de questionner institutions, curateurs et artistes, à travers de nombreuses expositions, de débats et colloques internationaux sur le sujet. Pour sa quatrième saison, la Fondation Carmignac, créée en 2018 sur l’île de Porquerolles, au large de la presqu’île de Giens, pose un regard à la fois poétique et inquiet sur le thème.
Conçue par le commissaire invité américain Chris Sharp, l’exposition « La Mer Imaginaire » sonde la profondeur du lien de l’Homme au monde sous-marin.
Dans les nombreux espaces et jardins méditerranéens de la Villa, ce « muséum d’histoire naturelle » subaquatique imaginaire, version XXIe siècle, fait dialoguer les œuvres de la collection – la fontaine aux cent poissons de Bruce Nauman, la fresque sous-marine de Miquel Barceló ou encore homard perché sur une chaise de Jeff Koons – avec des productions créées pour l’occasion par, entre autres, les plasticiennes Bianca Bondi, Lin May Saeed, Kate Newby, ou encore des prêts d’artistes français et internationaux modernes et actuels.


Le visiteur plonge avec délectation parmi les poissons étranges d’Alisson Katz, les éponges d’Yves Klein le Monochrome, se perd dans la galerie voûtée transformée en grotte sous-marine de Miquel Barceló, s’interroge devant le corail réalisé en pain de mie du plasticien français Hubert Duprat …

Ressac, 2021. Œuvre in situ, Villa Carmignac, Porquerolles Coproduction Fondation Carmignac & Miquel Barceló © Miquel Barceló - ADAGP, Paris, 2021 © Fondation Carmignac - Photo Philippe Chancel

Coproduction Fondation Carmignac, Bianca Bondi et Mor Charpentier, Paris
© ADAGP, Paris, 2021 – Fondation Carmignac - Photographie : Marc Domage
Spectaculaire et menaçant, le squelette géant de baleine de Bianca Bondi en suspension en-dessous du bassin d’eau évoque, avec une poésie teintée d’inquiétude et de nostalgie, le cycle de la vie, de la mort, comme de la renaissance de la nature.
Tantôt mystérieuses, tantôt enchantées, souvent menacées, ces visions du monde marin et de ses écosystèmes en connexion avec l’esprit et l’architecture du lieu font réfléchir. Une exposition estivale immanquable, autant pour la beauté du site, des pièces exposées que pour la richesse de leurs propos.


Le Mobilier national invite à la Villa Savoye et à la Maison de fer pour deux expositions exceptionnelles sur les sièges modernes et le design de métal.
Jusqu’au 26 septembre 2021, les deux sites historiques de Poissy dans les Yvelines ouvrent leurs portes pour exposer les créations de l’ARC, l’atelier de recherche et de création du Mobilier national.
La Villa Savoye, monument emblématique de Le Corbusier qui fête ses 90 ans, expose les pièces originales ou rééditées qui font la démonstration de ses recherches sur le métal tubulaire depuis les assises basses des années 1960 jusqu’aux fauteuils en fibre de lin ou fibre de carbone créées dans les années 2010. Commandée par Pierre et Eugénie Savoye en 1928 afin d’en faire une maison de week-end, elle rassemble les cinq points de l’architecture nouvelle formulée en 1927: pilotis, toit-jardin, plan libre, façade libre et fenêtre en bandeau. Cette « machine à habiter » continue à avoir une influence considérable dans l’Histoire de l’architecture.


– Grand salon de la villa Savoye © FLC (Fondation Le Corbusier)
– ADAGP © Thibault Chapotot

Binfaré, 2007 ; fauteuil escargot © Lionel Morgaine, 1968 © Mobilier
national - ARC – Grand salon de la villa Savoye © FLC (Fondation
Le Corbusier)– ADAGP © Thibault Chapotot
La Maison de Fer quant à elle accueille une dizaine de pièces de Pierre Paulin, Olivier Védrine, Jean Nouvel, Martin Szekely, Roger Legrand, Ronan Bouroullec, Salomé de Fontanieu ou Frédéric Ruyant qui font écho à la structure en métal de ce bâtiment. Structures et tôles embouties brevetées par l’ingénieur belge Joseph Danly témoignent de l’époque industrielle de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle où ces constructions étaient synonymes d’innovation, de modernité et de confort. Elles font partie du parcours de la Paris Design Week 2021.


Frydman, 2011 ; éléments de rangements © Frédéric Ruyant, 2004
© Mobilier national - ARC – Maison de Fer © Thibault Chapotot

Legrand, 1964 © Mobilier national - ARC – Maison de Fer © Thibault
Chapotot
Fauteuil LC1 Villa Church (2013), canapé deux places modèle LC2
(1985), fauteuil modèle LC2 (1982), table basse LC10 (2013),
fauteuil LC7 (1988) © Le Corbusier, Charlotte Perriand, Pierre
Jeanneret © Mobilier national - ARC – Grand salon de la villa Savoye
© FLC (Fondation Le Corbusier) – ADAGP © Thibault Chapotot
« Sièges modernes. Le Mobilier national invité à la villa Savoye. »
Jusqu’au 26 septembre 2021 – 82 rue de Villiers – Poissy
« Le design de métal. Le Mobilier national invité à la Maison de Fer »
Jusqu’au 26 septembre 2021 – 2 ter allée des Glaïeuls – Poissy

À Tours, l’exposition « Times in collapse » du plasticien belge Nicolás Lamas est un écosystème mêlant installations, artefacts et œuvres d’art.

Affranchi des hiérarchies plastiques, cet étonnant « paysage archéologique du futur» ou cabinet de curiosités version XXIe siècle fait s’entrechoquer les époques, les types d’objets et leur provenance culturelle. Des sneakers fondus s’hybrident avec des plantes, des répliques de sculptures antiques avec la technologie informatique obsolète du XXe siècle. Dans la nef principale, une imposante carcasse de voiture accidentée où la nature reprend ses droits interroge notre finitude. Par d’incessantes collisions visuelles entraînant mille et une réflexions, l’exposition réévalue notre rapport au monde et aux autres espèces.

Nicolás Lamas, Times in collapse, Centre de Création Contemporaine Olivier Debré (CCCOD), Jardin François 1er, 37000 Tours.

À la Galerie Maria Wettergen, la carte blanche donnée au Russe Boris Berlin donne lieu à une exposition collective hybride, entre design, architecture et installations.
Carte blanche confiée au designer Boris Berlin, Modernism Crystallized (Family Affair) propose des œuvres réalisées par le créateur d’origine russe, mais aussi avec son fils, l’architecte danois Daniel Berlin (de l’agence Snøhetta) et le designer letton Germans Ermičs. Surfant entre design, art et architecture, ces pièces par leurs effets lumineux, chromatiques, ou encore de trompe-l’œil altérant les formes, prennent toute leur dimension à travers le regard du spectateur. Pour exemple, Black Mirror de Boris Berlin et Germans Ermičs est une élégante table illusionniste qui peine à atteindre le sol, s’évanouissant dans son propre reflet. Comme souvent chez Maria Wettergren, cette exposition associe la beauté du design et des matériaux à de profonds questionnements, ici sur la mémoire, comme sur notre perception corps.

Modernism Crystallized (Family Affair) Galerie Maria Wettergren, 121 Rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris.
www.mariawettergren.com – Jusqu’au 11 septembre 2021.

Le célèbre musée du design lausannois du mudac engendre sa mue avec l’ouverture en vue de ses nouveaux bâtiments prévue pour juin 2022. Une transformation qui s’accompagnera d’une redéfinition de la politique d’acquisition des œuvres et du sens des collections, comme l’explique son directeur adjoint Marco Costantini.
Lausanne profite du nouvel élan donné par le projet Plateforme 10 – la constitution d’un véritable quartier des arts au cœur de la ville, associant les trois musées consacrés à la création visuelle – pour repousser ses murs et trouver de nouveaux ressorts afin de mieux valoriser l’omniprésence du design dans notre quotidien. Surfaces d’exposition doublées, espace de médiation sis directement sur un plateau qui pourra accueillir simultanément plusieurs expositions, volumes de réserves des collections quatre fois plus volumineux, mais aussi centre de recherche et bibliothèque partagés avec le Musée de l’Élysée, sans oublier l’accueil du public avec une grande librairie-boutique, un café et un restaurant, c’est un véritable mudac « augmenté » que les visiteurs pourront découvrir lors de son ouverture officielle en juin 2022. Et ce d’autant plus que son identité visuelle et son site internet sont eux aussi entièrement repensés en vue de cette grande mue.
Cette transformation physique du bâti n’est d’ailleurs pas une fin en soi. Elle s’accompagne également de la redéfinition de la politique d’acquisition des œuvres et du sens des collections. Focalisant principalement jusqu’ici sur le design d’objets de la céramique, du bijou, de l’estampe, du textile et du verre, le mudac entame une réflexion plus globale et une réorientation méthodologique beaucoup plus axée sur la documentation des processus de création généraux, avec esquisses, dessins préparatoires, échantillons et prototypes à l’appui.
« Saisir ce qui réunit les créateurs contemporains »
« L’idée générale est qu’il n’est plus possible aujourd’hui de présenter les collections par techniques ou matériaux tant chaque création entretient avec d’autres des éléments de voisinages au niveau des systèmes de production, de diffusion mais également sémantiques », explique Marco Costantini, Directeur adjoint du mudac. « Les problématiques que tente de résoudre chaque créateur, qu’il soit designer, bijoutier ou céramiste sont souvent les mêmes. Pourquoi créer une nouvelle chaise ou un nouveau vase ? Comment vais-je me situer par rapport aux grandes questions liées à l’usage des matériaux et des problématiques du développement durable ? Que peut apporter mon nouvel objet à la société ? Exposer tous les objets de nos collections ensemble peut aider à saisir ce qui réunit les créateurs contemporains. »
De fait, la collection du mudac sera élargie à d’autres matériaux, plus modernes et technologiques, pour témoigner des grandes évolutions et révolutions que le design et l’ensemble des arts appliqués traversent aujourd’hui. « De nouveaux matériaux sont apparus, comme les algues, d’autres sont issus de recyclage », poursuit Marco Costantini. « Les technologies jouent un rôle très important dans la recherche de nouveaux matériaux moins polluants ou impactants vis-à-vis de l’environnement. Il est dès lors de notre devoir d’institution publique de présenter ces recherches en faisant entrer dans les collections des pièces emblématiques de cet état d’esprit. »
Des allers-retours entre aires géographiques producteurs de sens
En complément de cette lecture plus imbriquée du design contemporain dans ces processus de création, le mudac souhaite également mieux en considérer la provenance géographique, en accordant une plus grande place aux productions extra-européennes afin de mieux les considérer dans un discours plus vaste du design.
« Dans un monde que l’on se plaît à qualifier de globalisé, au contraire des ressources qui ne le sont pas ou pas assez, il est important de s’interroger sur le sens du design selon l’aire géographique dans laquelle on se situe », admet Marco Costantini. « Le mot design en Europe n’a pas toujours la même signification que si l’on se trouve en Asie, en Amérique latine ou au Moyen-Orient. Il s’agit dès lors de comprendre ces différences ou ces variations pour éviter un regard trop eurocentré. Collectionner ces artefacts de pays extra-européens doit dès lors aussi nous permettre de remettre en question nos propre productions en les comparant à celles d’autres contrées. Ces allers-retours sont producteurs de sens. Le design est avant tout une question de contexte et cela même si les outils sont communs. »
En attendant l’avancée de cette réflexion, rendez-vous est pris en novembre prochain pour une préfiguration d’ouverture offrant une carte blanche à l’artiste suisse Christian Marclay. Il y présentera in situ une installation de projections numériques composées de milliers d’images fixes provenant des collections du mudac et du Musée de l’Élysée.

Surfaces d’exposition doublées, espace de médiation sis directement sur un plateau qui accueille simultanément plusieurs expositions… c’est un véritable mudac « augmenté » qui ouvrira en juin 2022.



Présentée à la Gaîté Lyrique, la nouvelle exposition d’Olivier Ratsi met en avant des dispositifs sculpturaux où la lumière impulse le mouvement et invite le spectateur à s’approprier l’espace. Mais elle dévoile aussi des pièces où le design apparaît comme essentiel pour que le dialogue entre la lumière et l’objet se fasse « sans obstacle ».
La lumière a toujours été une source d’interrogation dans le travail de l’artiste Olivier Ratsi. Qu’il s’agisse de lumière projetée, celle des vidéoprojecteurs, héritée des techniques du mapping permettant de révéler des supports, de questionner des volumes, et qui dans son travail se conjugue souvent à des principes d’anamorphose, ouvrant au spectateur à partir d’un certain point de vue le redimensionnement des images projetées en une nouvelle image. Ou qu’il s’agisse de lumière diffuse, lui offrant les perspectives de créer des œuvres plus denses, en lien direct avec l’espace qui les entoure grâce à cette lumière irradiante venant structurer physiquement la relation entre l’objet et l’espace.
Pour l’exposition à la Gaîté Lyrique Heureux Soient Les Fêlés, Car Ils Laisseront Passer la Lumière – titre clin d’œil à Michel Audiard –, aux contours très scénographiques et déambulatoires, cette logique de rapport entre objet et espace, mais aussi entre corps (du spectateur) et espace, se veut sans doute plus forte que jamais. Outre les habituelles notions de cadrage, d’angles, de champ et de contre-champ, qui donnent littéralement vie aux pièces d’Olivier Ratsi, le principe de « cartographie sensorielle » que le public serait invité à ressentir en traversant, en écoutant ou en observant les œuvres et leurs mutations optiques constantes transperce ce mélange de pièces anciennes, revisitées pour l’occasion, et de nouvelles créations.
Architectures immersives
À l’image de Frame, sculpture de cadres de bois et de leds superposées, présentée pour la première fois à la verticale et dont l’effet miroir rappelle un peu les jeux de fuite visuelle de l’échelle de Yayoi Kusama, ou de la nouvelle pièce X, 24 tubes acrylique réfléchissant leur luminosité fuyante en s’étirant sur un long bassin d’eau noire, Olivier Ratsi entame ici un dialogue optimisé des œuvres avec l’espace architectural qui l’accueille. La nature immersive des pièces s’en trouve décuplée, tout comme la perception du spectateur. « Concernant le côté immersif, j’aime multiplier les points de vue dans mon travail », précise-t-il. « L’anamorphose s’observe en général à l’extérieur de l’œuvre, mais je cherche toujours à ce que le spectateur puisse la pénétrer afin de multiplier les possibilités de point de vue, un peu comme dans les Pénétrables de Jésus-Rafael Soto. Il faut aussi qu’il puisse vivre une expérience. »
Les expériences s’avèrent en effet ici très mouvantes pour le visiteur. Des jeux chromatiques de F(lux) ou Spectrum, inspirées des rayons solaires traversant les nuages, aux pertes de repères spatio-temporelles de Negative Space, engendrée par le ballet de lumières et de brouillard créé à partir de 21 totems quadrillant l’espace de la chambre noire, celui-ci se retrouve à la fois caressé du regard ou poussé dans les derniers retranchements de ses perceptions individuelles.
L’impératif esthétique du design
Il est intéressant de noter que le design constitue aussi un élément esthétique pérenne dans le travail d’Olivier Ratsi. Qu’il prenne la forme des rectangles rouges de son installation lumineuse III qui trônait il y a quelques mois encore à l’entrée du Centre culturel Canadien (pour l’événement Human Learning) ou qu’il s’exprime dans les formes tubulaires et lumineuses allongées de F(lux), on saisit bien l’importance de la forme dans ses pièces. « Pour moi le design n’est pas une fin en soi, mais un impératif sur le plan esthétique. Il contribue à rendre les choses plus fluides, afin que le dialogue se fasse ʺsans obstacleʺ, et que la lumière apparaisse comme si elle n’existait sans aucun autre support. »
À ce titre, la création Infinite I et son décor circulaire de miroirs conviant le spectateur à rompre le cercle s’avère la pièce la plus design de l’exposition. « Infinite I est l’une des seules pièces avec Shape qui n’utilise pas de technologie, mais qui nécessite obligatoirement l’informatique pour la conception tant chaque élément est désigné et placé au millimètre près », confesse-t-il. « En se positionnant au centre, le spectateur peut observer que les miroirs, qui semblent à première vue légèrement décalés dans leur rotation, se ʺreplacentʺ tous de manière parallèle. Ils deviennent tous les mêmes, alors qu’ils renvoient tous une partie différente de l’image de l’observateur. » Un concept de boucle infinie qui s’articule avec une véritable recherche dans la conception de l’objet.

À la Gaîté Lyrique, Olivier Ratsi entame ici un dialogue optimisé des œuvres avec l’espace architectural qui l’accueille. La nature immersive des pièces s’en trouve décuplée, tout comme la perception du spectateur.





« Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière » – Olivier Ratsi
Exposition-expérience
Jusqu’au 18/7/2021
La Gaîté Lyrique – 3bis rue Papin – 75003 Paris
https://gaite-lyrique.net/

Depuis plusieurs années, les Prix Design & Innovation et Golden Parachute récompensent des projets de diplôme prometteurs de la promotion tout juste sortie de l’école supérieure d’art et de design de Saint-Etienne (ESADSE). L’édition 2021 vient de récompenser le travail de Charlotte Goffette, Chloé Pechoultres et Antoine Salle.
À l’issue d’échanges particulièrement denses en débats, les prix Design & Innovation et Golden Parachute ont été remis hier à l’ESADSE, devant une partie des étudiants de la dernière promotion 2020, tandis que les autres suivaient en visioconférence.
Des ex-æquo pour le Prix Golden Parachute
C’est ainsi que Chloé Pechoultres a appris par écran interposé sa nomination ex aequo avec son compère Antoine Salle, pour le Prix Golden Parachute. Si la Covid-19 a fortement perturbé le déroulement de cette dernière année, en impactant directement la formalisation du diplôme ( finalement passé à l’automne), les sujets des projets présentés s’en sont fait souvent l’écho, même indirectement. Pour la section Art, les sampurus (réplique des plats exposés dans les vitrines des restaurants au Japon) revisités du jeune peintre Antoine Salle ont pris une connotation particulière dans cette période qui a figé un pan important de la restauration, quand les associations de photos et de sculptures de Chloé Pechoultres interrogent le temps, dans l’instant figé dans la mémoire, les strates du souvenir, la pérennité, à travers une fascination des « multiples visages de la pierre ». Les lauréats reçoivent une bourse d’aide à la création de 3000 euros et bénéficieront d’une exposition en mars 2022 au lieu de diffusion « L’Assaut de la menuiserie » à Saint-Étienne.
Poésie et urbanité au cœur du Prix Design et Innovation
Départager les candidats en design objet, design espace et médias s’est également révélé extrêmement complexe, par la qualité des recherches dans lesquelles s’inscrivaient les diplômes. À l’issue de discussions nourries, le jury – dont faisait partie Intramuros— a choisi de récompenser Charlotte Gofette pour sa réflexion menée autour du vent « seul élément en continuité physique avec notre corps » dans une perspective de rendre tangible son expression dans l’espace urbain. La lauréate reçoit une bourse d’aide à la création de la Fondation Crédit Agricole Loire-Haute Loire d’un montant de 3000 euros. Elle bénéficiera également d’une exposition à la Galerie Surface de Saint-Etienne, qui valorise le travail de designers dans le cadre d’événements et d’expositions.
Des projets de diplômes variés et pointus
Le jury a également souhaité décerner un « coup de cœur » au travail de Charlotte Marx baptisé « Apparitions », qui s’intéresse à ces espaces d’attente et de contemplations tels que « la salle d’attente, lieu des manifestations des apparitions lumineuses, le hall d’entrée de l’hôtel, où les ombres semblent sortir du rêve, le cabanon du pêcheur, propice aux reflets, le sentier de montagne où le paysage s’encadre, la cabine de train, point de vue de la lumière en mouvement.» En effet, extrêmement variés, les projets de diplômes de cette promotion dévoilaient une volonté d’interroger par la démarche design le champ social (interrogation d’un processus participatif, retranscription d’objets conçus en milieu carcéral, rituels du deuil, militantisme…). Ils portaient aussi bien sur un décryptage/décodage des fake news, l’invention d’un langage associant une pierre à un mot, pour littéralement composer des poèmes sculpturaux.
D’autres proposaient en lien avec des urbanistes la détermination de pièces de mobilier urbain pour revaloriser certaines promenades oubliées de la ville, en prenant garde de bien s’inscrire dans le cadre végétal et de préserver ces îlots de quiétude, ou réinterroger les processus de végétalisation de la ville. La promotion interrogeait aussi les conditions de la prise de parole en public dans les milieux scolaires et universitaires, cherchaient une réponse au fidgeting, ces mouvements instinctifs que l’on fait pour nous concentrer.




L’exposition « Round 5 » présente l’ensemble des projets de diplômes de la promotion 2020, jusqu’au 29 août, à la Cité du design de Saint-Etienne. Le site de l’école rassemble aussi ces travaux ici.