Exposition

À l’occasion de la réouverture des lieux culturels, l’exposition « Matières à l’œuvre- matière à penser, manière de faire » est prolongée jusqu’au 9 juin à la Galerie des Gobelins. Une occasion de voir une cinquantaine de pièces d’exception.
Initialement prévue pour les Journées européennes des métiers d’art en avril, l’exposition « Matières à l’œuvre – matière à penser, manière de faire » rassemble à la Galerie des Gobelins une cinquantaine de pièces extrêmement variées réparties autour de trois thématiques : « Matières, sources et ressources », « Matières hybrides, augmentées, transformées, recyclées » et « Matières à rêver ».
Toutes les œuvres présentées ont été réalisées par des créateurs français et mettent en avant un savoir-faire d’excellence. Au fil du parcours, on retrouve avec plaisir des pièces d’exception d’éditeurs comme Atelier SB26 — avec une superbe table et lampe à poser – ou d’artisans comme Creanog, qui expose un sublime coffret réalisé pour la Villa Cavrois. Parmi les exposants labellisés EPV, on notera aussi la présence pour le verre de Bernard Pictet et pour le métal d’Atelier Pouenat.
L’exposition offre bien entendu son lot de découvertes, avec notamment le très étonnant bahut d’ARCA Ebénisterie, conçu par Steven Leprizé et réalisé en WooWood , une technologie qui associe de la marqueterie à un revêtement textile qui lui donne une souplesse très intrigante. Pour le travail de la matière, on retient aussi les recherches de Jeanne Guyon et sa suspension Pinto composées de lièges et de faïence de terre local, les suspensions en verre marin de Lucile Viaud, et les transformations surprenantes de William Amor.
Jusqu’au 9 juin.
Ouverture du mardi au dimanche de 11h à 18h,
Réservation obligatoire sur le site www.journeesdesmetiersdart.fr,
42 avenue des Gobelins 75013 Paris





Au musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne, l’exposition « Déjà-vu ! le design dans notre quotidien » propose une sélection de pièces de mobilier et d’objets des années 50 à nos jours. Le grand public reconnaîtra avec plaisir certaines icônes du design, et retrouvera avec plaisir des objets usuels, qui ont vraiment fait partie du quotidien de plusieurs générations. La commissaire Imke Plinta propose une scénographie aérée, qui permet de bien tourner autour des pièces , le plus souvent exposées à même le sol.
Comme elle nous l’indique immédiatement lors de la visite, Imke Plinta n’est « ni historienne de l’art, ni designeuse de produits ». Designer graphiste, elle a beaucoup travaillé avec Ruedi Baur, et explore dans ses travaux l’inscription « du design dans un contexte. » Cette exposition » Déjà-vu ! » est née d’une rencontre avec Aurélie Voltz, directrice du musée, qui a à cœur de valoriser l’une des collections design les plus importantes de France.
Au fil de l’exposition, le choix des pièces et de la mise en scène montre combien le design répond à des besoins et traduit les évolutions sociétales. Comme un écho à la période sanitaire actuelle, le parcours démarre sur un ensemble conçu par Jean Prouvé et Jules Leleu pour un sanatorium de Savoie pour des malades atteints de la tuberculose : la commande de l’époque voulait que le mobilier respecte des normes d’hygiène, robustes, et reproductible en série à faible coût. La réponse des concepteurs portera sur un ensemble en bois et métal.

Jules-Émile Leleu, Mobilier d’une chambre du sanatorium Martel-de-Janville, 1934, tôle pliée, soudée et laquée, bois, textile, éditeur : Ateliers Jean Prouvé, Nancy (France), collection MAMC+
Anonyme, Téléphone C.I.T, vers 1937, résine, collection MAMC+
Aldo Magnelli, Adriano Magnelli, Machine à écrire MP 1, 1932, métal, éditeur et fabricant : Olivetti Spa, Ivrée (Italie), collection MAMC+
Vue de l’exposition Déjà-vu. Le design dans notre quotidien au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, jusqu’au 22 août 2021.

La première salle est dédiée à l’habitat dans son ensemble, notamment documenté par un reportage photo de l’entre-deux-guerres sur une cité ouvrière, qui témoigne des effets d’une poussée démographique et d’une crise du logement, puis de la construction des grands ensembles qui démarrent dans les années 50. A noter pour le visiteur qui a un peu de temps : un film revient sur la promesse d’une vie nouvelle, à travers les logements à venir des villes modernes, conçus dans l’esprit de la Charte d’Athènes sous l’égide de Le Corbusier.
De la politique du logement à l’aménagement d’intérieur
Le parcours se poursuit en abordant dans l’effort de reconstruction la conception du mobilier pour les nouveaux logements. On y retrouve notamment un important focus sur le travail de Michel Mortier, membre dès 1952 de la société des artistes décorateurs. Au sein de l’agence de Marcel Gascoin, il mène une réflexion autour du précepte « le contenant doit s’adapter au contenu ». Il part ainsi de l’usage : la fréquence d’utilisation des objets pour déterminer leur placement et ainsi dessiner le mobilier d’une façon très rationnelle. A côté de prototypes sont exposés des dessins avec des collages des gouaches, qui témoignent aussi des procédés de travail de l’époque.

Michel Mortier, Bahut suspendu, 1958, panneaux de bois plaqués en merisie, éditeur : Dassas (France), collection MAMC+
Michel Mortier, Sans titre, encre sur calque, vers 1958, collection MAMC+
Michel Mortier, Fauteuil, chauffeuse et chaise, série MP 2, hêtre massif, multipli et polyéthylène, éditeur : Maison française, Rennes (France), collection MAMC+
Déjà-vu. Le design dans notre quotidien au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, jusqu’au 22 août 2021.
Des artistes décorateurs aux designers
Du Salon des Arts Ménagers à Prisunic, de l’Union des Artistes Modernes aux designers « pop », en passant par Pierre Paulin, Raymond Loewy ou le groupe Memphis, la troisième salle l’exposition s’intéresse aux bouleversements du quotidien des Français : parallèlement aux évolutions des matériaux, des techniques, et des aspirations de la société, le design pénètre le quotidien avec la proposition d’objets et de mobilier à l’esthétique nouvelle. Comme l’explique Imke Plinta, » on aborde aussi l’habitat pièce par pièce, et non plus dans un concept global, on devient plus individuel ». Entre design pop et esthétique industrielle, le visiteur circule autour d’objets iconiques comme le Tam-Tam conçu par Henry Massonnet, et les collections de Prisunic – sous la direction artistique de Jacques Putman – auxquelles participent de jeunes créateurs de l’époque, à l’image du lit de Marc Held. » Pour le consommateur, se meubler devient aussi banal que s’habiller. »

Le quotidien est aussi bouleversé dans l’espace professionnel par les évolutions technnologiques et l’arrivée de nouveaux outils. A l’image de la « Programma 101 » d’Olivetti, qui est l’exemple d’un ordinateur pouvant être posé sur un bureau, et dont le design a été confié à Mario Bellini. Pour l’anecdote, il est aujourd’hui difficile d’imaginer combien cette machine, utilisée dès les années 60 par la NASA, fait partie des « outils » de la conception du programme d’Apollo 11.

Charles & Ray Eames, Chaise La Fonda, 1961, résine polyester insaturée renforcée de fibres de verre (GUP) et revêtement textile, éditeur Herman Miller Inc., Zeeland (Etats-Unis), collection MAMC+
Sur la table :
Mario Bellini, Ordinateur personnel Programma 101, 1969, métal et acrylonitrile butadiène styrène (ABS), éditeur Olivetti Spa, Ivrée (Italie), collection MAMC+
Joe Colombo, Lampe KD29, vers 1967, acrylonitrile butadiène styrène (ABS) et polyméthacrylate de méthyle (PMMA), éditeur Kartell, Noviglio (Italie), collection MAMC+
Dans cette évolution de « l’esthétique industrielle » vers le design, les années 80 sont marquées par le groupe Memphis, à qui est dédié une section de l’exposition, et qui rapporte ces propos d’Andrea Branzi : « Avec Memphis, nous avons trouvé un mode d’organisation et de production qui nous a permis de brise rle rapport normal entre design et industrie et de mettre l’industrie au service des designers, au lieu d’être nous-mêmes au service de l’industrie. » Une approche ludique, qui ouvre les champs de la création : comme le dit Imke Plinta » le design est conçu comme une boîte à jeux et à outils ».
Le design et l’art ménager
Le parcours fait aussi la part belle à l’apparition d’objets ménagers. Comme le rappelle Imke Plinta : « La société a connu un véritable changement de mode de vie. De l’immédiat après-guerre aux Trente Glorieuses, c’est une transformation radicale qui s’est opérée dans l’habitat — d’un point de vue architectural —, et dans les intérieurs. Cette période est aussi celle où les femmes ont commencé à travailler en dehors du foyer, d’où l’apparition d’objets ménagers qui avaient pour but de faciliter leur vie. Bien sûr aujourd’hui nous ne l’interprétons pas de la même façon, mais cette “libération féminine” était à l’époque un véritable argument commercial.»
Le visiteur retrouve ainsi toute une collection d’objets qui lui sont à nouveau familiers, dans cette idée de « déjà-vu ». Une série de fer à repasser démontre des changements des formes, de poids, mais aussi l’ajout de fonctions, avec notamment le premier fer à repasser de voyage, pliable, réalisé par Pierre Paulin. L’évocation de la cuisine de Francfort est aussi l’occasion d’aborder la rationnalisation de cette pièce et son évolution, à travers des espaces de travail toujours plus fonctionnels, le développement d’objets électroménagers, depuis l’évolution des machines à café jusqu’aux robots mixeurs.
Parallèlement l’exposition propose deux clins d’oeil de ces objets si liés à notre quotidien. D’un côté, une référence à l’évolution technologique présente différents modèles, depuis le Minitel à l’ordinateur portable, dans des mises en scènes qui rappellent les dispositifs du télétravail actuel. De l’autre, une exposition de chaises emblématiques rappelle au public combien elles sont familières et représentatives d’époques. On y retrouve la Chaise 14 de Michael Thonet, la Superleggera de Gio Ponti, le fauteuil Plastic DAW des Eames, la Chaise empilable de Jasper Morrison…
La dernière salle porte sur des expérimentations menées avec les étudiants de l’ESADSE et de l’isdaT.

Anonyme, Moulin à légumes Moulinette, 1935, aluminium et bois laqué, éditeur Moulinex, Courbevoie (France), collection MAMC+
Anonyme, Machine à café ATOMIC, 1954, métal, matière plastique, éditeur Novate, Milan (Italie), collection MAMC+
Anonyme, Moulin à café, vers 1950, métal et résine phénol formaldéhyde (PF), éditeur Alexanderwerk, Remscheid (Allemagne), collection MAMC+
Jean Parthenay, Cafetière Moka-SEB, vers 1960, acier inox et matière plastique, éditeur Groupe SEB, Ecully (France), collection MAMC+
Richard Sapper, Cafetière MAGNUM 9090, 1970 – 1979, acier inoxydable, éditeur Alessi, Crusinallo (Italie), collection MAMC+

Vues de l’exposition Déjà-vu. Le design dans notre quotidien au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole, jusqu’au 22 août 2021.
«Déjà-Vu ! le design dans notre quotidien »
jusqu’au 22 août
Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne

Le Tripostal à Lille prolonge jusqu’en novembre l’excellente exposition « Colors, etc. » co-organisée avec le Musée du Design de Gand. Le parcours orchestré sur tous les espaces du bâtiment interroge notre relation à la couleur, au gré d’installations immersives d’artistes contemporains et d’expérimentations de designers. Il se termine dans une enquête passionnante sur le travail de la couleur du peintre Van Eyck, mise en scène dans une « Pigment Walk » comprenant plus de 100 objets.

Ressentir, entendre, explorer, interroger la couleur… c’est le parcours que propose la commissaire Siegrid Demyttenaere au Tripostal, en collaboration avec Sofie Lachaert pour la dernière partie de l’exposition.
Plusieurs artistes et designers ont été invités à créer des installations in situ afin d’explorer les relations des 5 sens avec la couleur. Avant tout sensoriel, le parcours se veut ludique pour le grand public tout étant très riche en informations sur les recherches actuelles pour qui souhaite approfondir le sujet. Entre effets sur le psychisme et recherche de biomatériaux, le propos de la commissaire est de montrer combien la question de la couleur couvre de larges champs d’interventions : « Pour le scientifique, la couleur est un effet de variations spectrales de la lumière visible tandis que le pigment est une coloration de la cellule vivante. L’art et le design se détachent ici de la science. La culture fait face à la biologie. La couleur est une notion psychique, un moyen de communication mais surtout un ressenti. »
Une entrée en matière immersive
Dès l’entrée, Liz West s’empare des colonnes du hall pour les transformer en îlots lumineux successifs, habillés de gaze, de miroirs et de couleurs différentes et pousse le visiteur à s’interroger sur la source lumineuse, et sur l’effet de la perception de l’espace ainsi défini. Plus loin, dans « The Secret of Red», Fernando Laposse interroge l’histoire de la cochenille, à l’origine de la couleur vive d’un colorant lié à la production d’acide carmique. L’effet de la lumière sur la couleur est abordée ensuite en présence des sublimes « cairns » de Dawn Bendick. Ils sont composés de pièces de verre dichroïque, qui a pour particularité de changer de couleur en fonction de la nature de la lumière, et l’artiste interroge ici parallèlement le temps qui passe dans un jeu d’alternance de sources lumineuses différentes, qui reproduit une chronologie du lever et du coucher du soleil.
Projets de recherche
Aux côtés d’autres « experiences rooms », l’exposition se poursuit avec un étage particulièrement consacré aux recherches actuelles. La sélection de projets exposés met en avant des designers à la recherche de solutions, dans des collaborations avec des scientifiques et créateurs d’autres disciplines. Parmi les travaux exposés, le Studio Thus That conçoit notamment des poteries émaillées à partir des oxydes contenus dans la « boue rouge » issue de produits résiduels de l’industrie de l’aluminium et constituée de bauxite.
Christien Meindertsma présente Fibre Market, qui repose sur la technologie Fibresort qui analyse et trie des vêtements en fonction du type de fils qui les compose, pour vérifier la véracité de l’étiquette de composition. Caroline Cotto pour sa part a composé un nuancier réalisé à partir de fragment de coquilles d’oeufs qu’elle a dénichés partout dans le monde, et met en avant la proximité de leurs nuances avec celles la peau. Parallèlement à son travail sur le pigment noir, Hella Jongerius démontre avec The Evening Textile comment créer un large spectre de couleurs à partir d’un nombre limités de fils. Naving G. Khan Dossos a étudié les effets de la couleur à l’hôpital dans le cadre d’ateliers organisés au St Mary’s Hospital à Londres.
De son côté Lynne Brouwer étudie comment la couleur peut aider à contrôler l’inconfort d’une situation en s’intéressant à des lieux aussi divers et difficiles que les crématoriums, les commissariats de police et tribunaux. Le visiteur découvrira aussi des performances de design culinaire de Celine Pelcé, comme une installation saisissante de Penique Productions qui propose une immersion particulière dans un jaune chaleureux à travers une forme de sculpture à vivre.
L’enquête mystique
La dernière partie de l’exposition s’ouvre sur une installation de Studio Plastique présentant l’histoire de la couleur bleue à partir de panneaux de verre coloré d’un ton bleu particulier, d’importance historique, à l’image d’une frise chronologique en verre. Une belle introduction à la promenade autour de l’univers des couleurs de aménagée autour de l’univers des couleurs de Van Eyck, en s’appuyant sur l’analyse de 13 détails de L’Agneau mystique. À chaque détail est associé un groupe d’œuvres qui reprennent une couleur déterminée dans le retable. Une mise en perspective dans une « Pigment Walk » orchestrée avec la présentation de créations de plus de 100 designers et artistes, qui valorisent bien évidemment une expression de ces couleurs sélectionnées, mais aussi et surtout interrogent les notions de symbolique, de savoir-faire, de transparence, de rendus de matières…
Un jeu d’enquête et d’observation qui fait slalomer le visiteur autour de créations entre autres de Ettore Sotsass, de Konstantin Grcic, des frères Bouroullec, de Patricia Urquiiola du Studio Maarten, de Nendo, de Truly Truly… Juste passionnant !
« Colors, etc. » Jusqu’au 14 novembre 2021, Tripostal, Lille
A voir également à proximité « Young Colors », exposition rassemblant des jeunes artistes récemment diplômés, jusqu’au 4 juillet, Institut pour la photographie et Eglise Sainte-Marie-Madeleine, Lille









L’événement UPERNOIR est une invitation à explorer le Pas de Calais et ses curiosités, à travers des virées inattendues autour du Louvre-Lens, qui ont pour fil conducteur la couleur noire, un noir dans tous ses états.
Avec UPERNOIR, c’est ce territoire post-industriel, bassin minier inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et ses capitales régionales (Lens, Béthunes, Arras, Douai, St-Amand-les-Eaux, Valenciennes) qui révèle toute son authenticité, sa spécificité et sa créativité, en misant sur la culture pour imaginer son développement économique et son avenir.
Destination inédite majeure pour cette fin de printemps où le besoin d’aventures et de liberté se fait irrésistiblement sentir, UPERNOIR offre des parcours culturels, touristiques, sportifs et culinaires afin d’explorer le meilleur, le « uper » du Nord, porté par les valeurs humanistes, créatrices de rencontres et d’émotions de tous ses acteurs.

Cette lampe photophore « LUEUR » intègrera la gamme des produits ALL (Autour du Louvre Lens).
Une itinérance douce à vélo – l’expérience UPERLOOP – à la découverte d’incontournables expositions UPERCULTE proposées par Le Louvre-Lens avec « les Tables du Pouvoir – une histoire des repas de prestige », par le Centre Minier de Leuward qui fait la part belle aux designers Camille Khorram et Jean-Baptiste Ricatte et leur lampe de mineur céramique, ou encore par la Cité des Électriciens de Bruay-la-Buissière où philosophes, architectes et designers invitent au design collaboratif autour de la brique (cf Intramuros #208)… pour une offre généreuse s’appuyant sur le terroir local, le street-art et des moments de partage.
Or, ce n’est pas un hasard, si, dans notre culture les partages s’effectuant autour de la table, l’expérience UPERMIAM vient lier ce tout, et que les designers culinaires Marc Brétillot et Marion Chatel-Chaix ont travaillé à déployer des concepts d’offres alimentaires spécifiques pour pique-nique et vente à emporter venant agrémenter les virées, ou devenant l’objet même de ces virées !
Cherchant à définir le goût du noir qui nous ramène à l’origine même de la transformation des ingrédients, les designers ont eu à cœur de rencontrer la quarantaine d’artisans de métiers de bouche et de mixer les pratiques afin de créer des synergies. De cet imaginaire chromatique, les produits emblématiques locaux se revisitent en expériences culinaires ; au programme, Freet’Art avec customisation de baraque à Frites par Oak Oak, Rando 3B « Bicyclette, Brasserie, Barquette de frites » ou Rando Pique-Nique de Chefs…
Point d’orgue de l’événement, le goûter de clôture rassemblant artisans, producteurs et restaurateurs, le dimanche 27 juin au Parc d’Ohlain, imaginé comme une véritable fête où chaussettes et lunettes noires seront de rigueur !
Du 28 mai au 27 juin 2021
Tous les circuits, événements et inscriptions via le site : www.upernoir.fr






Et si le Land Art s’installait en pays impressionniste, endroit qui a inspiré nombreux artistes comme Monet, Renoir ou encore Braque? Pour cette première édition du festival « Grandeur Nature », Varengeville-sur-Mer met en lumière la nature avec un parcours de Land Art créé par quatre artistes dans le cadre de la programmation « Normandie Impressionniste ».
C’est sous la houlette de deux commissaires d’exposition, Sylvie Cazin et Emmanuelle Halkin que s’articule ce circuit d’installations dispersées dans le village. Les deux co-commissaires ont sélectionné ceux qui correspondaient le plus au cahier des charges établi qui incluait notamment le potentiel varengevillais, la couleur, le paysage dans lequel l’œuvre s’inscrit ou le choix des matériaux utilisés. La puissance du mouvement Land Art est sans conteste son côté éphémère. Ce type d’art n’existe pas originellement pour être vendu, mais pour être vécu.
« Damier » de Michèle Trotta

Destinée à disparaître avec le temps, l’installation « Damier » de Michèle Trotta est une collecte de morceaux de nature méticuleusement déposés au pied d’un poirier en fleurs. Chaque parcelle est une accumulation d’éléments qui répertorient ce territoire entre terre et mer. Des seiches au lin, en passant par les champignons ou les pommes pourries, Michèle Trotta reconstitue une autre syntaxe qui fait écho aux haïkus du Japon, pays de grande influence pour elle. « Je ne sais pas ce qu’est la nature. C’est trop grand pour moi ! ». Elle questionne notre relation à la nature par le biais de l’Arte Povera, sa palette de couleur se forme au gré de ses promenades où elle glane ce qui est presqu’invisible aux yeux des autres.
« Astre Impressionniste » de Sylvain Ristori

Moins périssable, « Astre Impressionniste » du sculpteur Sylvain Ristori découle d’un processus de transformation. Sa sphère en chêne massif de 3m de diamètre, posée dans une pâture, est construite sur une structure en tiges filetées. C’est un ancien crevettier de 7m, « déchiré » à la pelle mécanique, qui a servi à la réalisation de son œuvre. « Il a navigué pour nourrir de nombreuses personnes et symbolise la dimension poétique du voyage de la matière. »
« Lumière » de Thierry Teneul

Chaque artiste a choisi son emplacement. Thierry Teneul s’exprime dans différents lieux depuis plus de trente ans. Il a pris le parti d’assembler « Lumière », un soleil fait de branches de tilleul récupérées après que la mairie ait fait élaguer ceux de la commune, sur le bord d’une route. En souvenir d’une éclipse de soleil à laquelle il a assisté à Varengeville et en hommage aux soleils de Monet, l’artiste a cherché le spot idéal pour observer le coucher de l’astre. « Le jeu consiste à attendre que le soleil descende au travers de la sculpture. »
« Limites indéfinies » d’Erick Fourrier

Quelque peu outsider, Erick Fourrier a imaginé « Limites indéfinies », un cadre de 6m sur 4m réalisé en palettes de bois et recouvert de formes de lombrics en bois brûlé. Érigé face au cimetière marin dans lequel Braque est enterré, ce cadre est une allusion à ceux qui ont fait la réputation de la commune. « Lorsque je travaille la palette de livraison, très reconnaissable, je ne cherche pas simplement à démontrer qu’en travaillant des déchets, on développe une conduite verte, je laisse au spectateur la possibilité d’y lire les questionnements d’un monde en perpétuel mouvement. » Les visiteurs peuvent monter dans ce cadre ou admirer deux paysages, l’un face à la mer, le second face à la terre.
Ces œuvres, remplies de poésie, répondent à la mixité du territoire de Varengeville et révèlent la beauté de notre monde de plus en plus menacé. Ces Land artistes créent pour tout le monde dans et avec la nature.
Festival Grandeur Nature, jusqu’au 24 octobre 2021 à Varengeville-sur-Mer (Seine Maritime)

Les Franciscaines sont censées ouvrir leurs portes au public le 21 mars et annoncer un printemps culturel à Deauville. Rénové par Alain Moatti et son équipe, cet ancien couvent se veut reconverti en lieu hybride : un rendez-vous chaleureux où l’on vient flâner, boire un café en consultant des livres, et un site événementiel, entre musée du peintre André Hambourg et collections de la ville, expositions temporaires, conférences et concerts. Cet espace traverse les époques avec simplicité, par un aménagement bien pensé et une fluidité dans la circulation des espaces.

Comme les lieux naturellement chargés d’histoire, le couvent des Franciscaines de Deauville est riche en aventures humaines. À l’origine de sa création, en 1875, deux filles de marin décident de financer un orphelinat. Elles en confient la gérance à deux sœurs franciscaines, qui finiront y établir une congrégation. Bien plus tard, les bâtiments accueilleront un dispensaire, puis une clinique, un lycée technique… jusqu’au projet culturel d’aujourd’hui, qui allie médiathèque, musée et salle de spectacle.


Ce projet résulte de deux démarches concomitantes : en 2011, la famille du peintre André Hambourg décide de donner ses œuvres à la ville pour en faire un musée, tandis que la trentaine de sœurs qui résident encore aux Franciscaines cède le bâtiment à la ville pour s’installer juste à côté. La conjugaison de cette donation et de cet espace libéré va déterminer le caractère hybride du programme, dans un partage d’objectifs inscrits dans un même site : musée dédié au peintre, valorisation du fonds iconiques de Deauville, lieu d’exposition temporaire, médiathèque… Cet espace culturel doit être aussi un espace de vie, que les visiteurs, le public puisse s’approprier. Un défi inspirant pour l’architecte Alain Moatti, qui doit ouvrir sur la ville un lieu par nature fermé, et de plus doit composer un projet qui conserve la façade et couvre le patio.
Une lumière tranquille

Pour jouer la carte de l’appropriation du lieu, Alain Moatti cherche à faire dialoguer les époques, et rend les lieux chaleureux par une gestion de la lumière. Le patio recouvert d’une verrière dévoile un nuage sculptural inspiré des œuvres d’André Hambourg, qui multiplie sur les reflets de l’éclairage naturel sur les murs en pierre des alcôves, et fait paradoxalement « rentrer le ciel à l’intérieur » selon l’architecte. Dans les espaces d’exposition, la création de puits de lumière (qui peut être occulté au besoin) renforce la sérénité du lieu, et évite une impression d’austérité qui pourrait habiter les pierres. Si l’espace du musée dédié au peintre commence par un premier étage très intimiste, le deuxième étage, qui conjugue lumière naturel et éclairage ciblé, fait respirer l’espace, et rejoint naturellement le secteur dédié aux enfants.


Un espace structuré autour de 5 thématiques
Plutôt que d’opter pour un lieu structuré par fonction (une zone médiathèque, visionnement… ), l’espace s’est ici organisé autour de thématiques où tous les usages sont possibles : lire, se reposer, écouter de la musique, voir une vidéo, découvrir des oeuvres d’art… Ainsi les coursives des deux étages sont divisées en 5 secteurs (Deauville, jeunesse, art de vivre, cinéma et spectacle, cheval). La cohérence de l’ensemble est assurée par une ligne d’étagères tout en circonvolutions, conçue par Alain Moatti pour évoquer un « ruban de la connaissance », qui à la fois servent d’accroches ponctuelles d’œuvres de la collection permanente de la ville, de bibliothèques, de séparateurs d’espace pour définir des zones où se poser. Au-delà d’une couleur signalétique par thème et du mobilier différencié (on reconnaît au passage des collections chez Kristallia, Pedrali, Fatboy…), le choix des matériaux personnalise aussi « l’univers » créé : un revêtement en cuir au mur de l’espace consacré au cheval, une longue « plage » en bois dans la section bien-être qui accueillera aussi des transats…


Entre symboles et traces
À l’extérieur, deux monolithes imposants signalent l’entrée du site : une invitation à venir déambuler dans ce bâtiment autrefois privé, aujourd’hui à usage public. Dans la chapelle reconvertie en salle de spectacle ou lieu de réception, seuls les vitraux racontent l’histoire de Saint François d’Assise. En appui aux conques suspendues, les murs ont été travaillés pour garantir une bonne acoustique. En parcourant le lieu, ce sont les petites arcades conservées ou recréées, qui vont garder la trame de cet ancien couvent. Comme l’exprime Alain Moatti, « ce qui m’intéresse c’est de chercher des figures, retrouver des éléments symboliques qui échappaient aux religieuses : le “nuage“du cloître en est un. On habite dans des lieux reconnaissables, c’est cette couche d’imaginaire que je recherche dans les objets ou figures que je récupère, le dialogue entre les arcades d’époque, qui évoquent le cloître, et leur reprise dans les espaces d’exposition. »




Le programme culturel

Ce partage instinctif de l’imaginaire, qui donne envie de s’approprier un lieu, l’équipe dirigeante des Franciscaines entend bien en faire son credo pour fidéliser des visiteurs, et les impliquer directement dans l’espace pour faciliter la découverte des œuvres disséminées en parties dans un lieu ouvert.
Ici, chacun peut y venir et consulter des livres et différents médias, et un espace fablab accueillera également différents publics. Bien sûr emprunter sous-entend une adhésion mensuelle, et bien sûr les événements font l’objet d’une billetterie. Ce que défend particulièrement l’équipe, ce sont sur les coursives la mise à disposition des consoles numériques en libre service, à partir desquels le visiteur peut projeter des images sur de grands écrans numériques qui viennent habiller le lieu, choisies dans une banque d’images représentatives du fonds des collections. Car ici, avant tout, il s’agit de valoriser et faire connaître les collections, que ce soit celle du musée (donc cédée par la famille …) ou de l’important fond iconographique : dans un principe « d’imaginaire à l’œuvre » qui tient de la « mise en commun ».


Le lieu devrait ouvrir le 21 mars avec pour première exposition temporaire « Les chemins du paradis », comme un clin d’œil à sa mémoire cultuelle. Au regard du superbe catalogue à paraître mi-mars chez Hazan, la programmation rassemblera des œuvres d’époques différentes, d’images pieuses à l’interprétation du thème paradisiaque par des artistes contemporains tels que Bill Viola ou Pierre et Gilles.

Dans « Crossing Over », Vincenzo Di Cotiis propose une série de pièces sculpturales,reflets d’une exploration d’un imaginaire urbain. On y retrouve l’obsession de l’architecte et artiste italien pour la recherche de la « parfaite imperfection ». Découvrez l’exposition dématérialisée de la Carpenters Workshop Gallery.
Né en Italie à la fin des années 50, Vincenzo De Cotiis a étudié l’architecture au Politecnico de Milan et a fondé son atelier et sa galerie en 1997. Au fil de ses projets d’aménagement intérieur et de son exploration artistique, il s’est imposé sur la scène internationale par son approche ultra contemporaine du matériau. Sa signature est profondément marquée par une forme de sublimation de la patine, une interprétation de la beauté révélée par le temps. Comme on le constate encore dans cette exposition « Crossing over », il s’est approprié au fil de son parcours nombre de matériaux recyclés, souvent marqués par le temps et l’usure, qu’il réinterprète dans ses créations en leur associant d’autres matières nouvelles et précieuses. Dans sa recherche esthétique de la “parfaite imperfection”, il procède par étapes et strates, en alternant des phases de décomposition suivies de recompositions augmentées.
Parallèlement à cette exposition dématérialisée de la Carpenters Workshop Gallery, « Crossing Over « est présentée jusqu’au 3 juin dans la galerie de Vincent De Cotiis à Milan.


laiton argenté antique, résine, laiton, bois recyclé, bois verni (DC 1413B / 2020)

peints à la main et recyclés. (UNTITLED 5 / 2020)

Le festival ¡ Viva Villa ! fait le pari de réunir les artistes des plus prestigieuses résidences : la Villa Kujoyama à Tokyo, la Villa Médicis à Rome et la Casa de Velázquez à Madrid. Cette 5e édition qui a débuté le 24 octobre à La Collection Lambert présenter quelque 50 artistes et est prolongée jusqu’au 14 mars. [ mise à jour du 18/1/2021]

En octobre, l’inauguration a regroupé des performances, une exposition à la Collection Lambert, et le lancement d’ un catalogue, qui permet de mettre en avant le travail des écrivains en résidence. Avec pour fil rouge, les « vies minuscules » –une référence à Pierre Michon – la programmation rassemble ainsi des œuvres sur des thèmes aussi divers que ceux de la foule, de l’anonymat, du microcosme, de la migration, des réseaux, de la solitude, du collage, du montage, des fragments, de la couture, de filiation, d’affects… dans des visions nécessairement intimes et subjectives.
Retrouver les projets de deux exposantes, Jeanne Vicerial et Sarah Kamalvand dans le dernier numéro d’Intramuros.
À noter, pour sa prochaine édition, le festival passera en format de biennale. Un appel à candidature a été lancé pour le commissariat.
¡ Viva Villa !
du 24 octobre 2020 au 14 mars 2021 (prolongation)

Jusqu’au 15 janvier, le showroom Saint-Germain de Silvera accueille une exposition de Victoria Wilmotte. Tout en dévoilant des pièces en avant-première et des pièces phares, la designeuse en profite pour marquer les dix ans de son atelier et dévoiler un ouvrage rétrospectif.

Dans le showroom de Silvera, une quinzaine de produits dressent un aperçu significatif de la signature de Victoria Wilmotte. On y retrouve notamment des pièces élémentaires, comme la collection Pli ou le miroir Piega édités par ClassiCon, et des créations plus magistrales comme une table à manger en marbre. Surtout l’exposition fait la part belle au travail de la matière au cœur de l’inspiration de la designeuse : métal, marbre sont découpés, plissés, traités, disciplinés avec audace, dans des lignes à la fois douces et énergiques. Parmi les pièces étonnantes placées en vitrine, des luminaires en marbre Marquina qui intègrent des leds apportent une chaleur particulière tout en renouvelant la perception de la matière. De même, parmi les nouveautés de la VW Factory, une console associe un plateau en marbre noir tout en contraste avec un piétement en acier plié thermolaqué d’un bleu électrique.

La présentation comporte aussi les vases édités par Daum, et d’autres versions en acier, mais le point d’orgue est la présentation de prototypes d’ canapé et d’un fauteuil, revêtu de velours : Pierre Frey, qui semble annoncer l’exploration du textile par la créatrice dans les futures années.
Jusqu’au 15 janvier, Silvera, 209 boulevard Saint-Germain , 75007 Paris.


VICTORIA WILMOTTE : À MI-CHEMIN ENTRE ÉDITION ET AUTO-ÉDITION

« Depuis 2015, j’ai cet espace à Paris que j’appelle la VW Factory, un lieu multifonctionnel qui accueille à la fois bureaux et showroom, ainsi qu’un atelier pour travailler le métal avec des machines-outils qui me permettent de concevoir prototypes, tests et petites séries. J’ai toujours aimé la production, la fabrication, avoir la possibilité de mettre des formes en volume et, surtout, de créer en faisant. J’ai toujours conçu en parallèle des pièces en dehors des maisons d’édition. L’auto-édition apporte une grande liberté, elle représente 50 % de mon travail. Son inconvénient ? L’auto-distribution ! (…) Je souhaite continuer à me faire éditer, je poursuis mes collaborations, notamment avec Haviland et Daum, car j’aime collaborer avec des marques qui ont un savoir-faire bien spécifique. C’est important de montrer que je peux adapter mes dessins et me plier à des sujets imposés. » ( « L’auto-édition, une stratégie d’appoint ? » article d’Isabelle Vatan paru dans le numéro 199 d’Intramuros, mars 2019)



Dans le cadre de l’événement Lille 2020, Jean-Louis Fréchin et son studio NoDesign ont proposé une exposition passionnante autour d’une centaine de projets français : autour d’une déclinaison de verbes (initier, interroger, proposer, interagir, surprendre, rassembler…), le Français concocte un parcours vivant qui montre les multiples facettes du design industriel et termine sur des champs d’application prospectifs. Le grand public trouve ses marques dans le caractère très concret de l’exposition, tandis que les professionnels en ressortent avec l’image d’un secteur dynamique et d’avant-garde. [mise à jour article paru le 12/9]
« Pourquoi faites-vous du design? » c’est la question que Jean-Louis Fréchin a posé à une douzaine de designers, de générations différentes, et qui donne lieu à une installation vidéo présentée au début de l’exposition. Après un hommage à des figures qui ont marqué la discipline, comme Charlotte Perriand, Jacques Viénot, Roger Tallon ou encore Marc Berthier, et qui ont formé des générations bien en place aujourd’hui, cette entrée en matière plutôt directe a le mérite d’éviter de perdre le public dans une énième définition de ce qu’est le design, en mettant directement l’accent sur les projets, comme une preuve par l’action, tout en partageant directement la passion de ces professionnels.

Le parcours continue avec une salle dédiée à Philippe Starck (« parce qu’il représente bien l’absence de limite du design » selon Jean-Louis Fréchin : le designer le plus connu des Français est présent avec des projets totalement éclectiques, depuis le projet d’éolienne individuelle à la voiture électrique, la chaise AI pour Kartell, les lunettes aux articulations bioniques brevetées… mais lui succède dans la salle suivante le kayak et les vélos conçus par l’équipe interne de Decathlon, le premier téléphone mobile grand public réalisé par Alcatel, les projets de Stéphane Thirouin avec SEB, de Fritsch + Durisotti (par exemple le voilier ) et bien d’autres insistent sur les fondamentaux du design industriel : répondre à des usages, des pratiques, dans une conception pensée pour une diffusion pour le plus grand nombre. C’est d’ailleurs la force de ce tour d’horizon français : à côté de fortes personnalités qui travaillent à l’international, le rôle important des équipes de design intégrées est également mis en avant.

Le design, force de propositions
À travers les projets de Constance Guisset, de Jean-Baptiste Fastrez, de Mathieu Lehanneur… l’exposition se poursuit en se focalisant sur la force de propositions du designer. Ici, les frontières entre artisanat et industrie sont brouillées : que ce soit en déclinant la lampe de chevet dans les TGV (Saguez & Partner) aujourd’hui reprise par l’éditeur Moustache, ou des recherches sur les matériaux (recyclage de pneus, fibres de jute…) ou sur des sources plus inattendues en « cofabricant» un luminaire avec l’intervention directe de vers à soie (Twill Light, d’Elise Fouin), le designer surprend par les réponses et les pistes d’exploration qu’il propose à des questions environnementales et sociétales plus larges.


Compte tenu de la personnalité du commissaire de l’exposition, le parcours prend évidemment en compte la révolution numérique, qui « élargit le rôle et le potentiel des objets ». On y découvre les recherches d’EDF Lab, comme différents objets connectés, mais aussi des recherches sur des polices de caractère pour le design d’interface , des badges capteurs de pollution… Enfin, comme un écho à l’aménagement de l’espace urbain traité au début du parcours – à travers l’évolution de la définition des projets de la RATP et de la SNCF – la dernière partie du parcours insiste sur la question de l’intérêt général abordés par les designers : rafraîchissement urbain, mobilier urbain, impression 3D à la demande …
Dense, mais accessible au grand public par une scénographie bien soignée, cette exposition dresse un panorama vivant des acteurs français du design (une soixantaine sont cités, toutes générations confondues), montre combien un designer peut travailler sur des sujets extrêmement variés alors qu’il est toujours tentant de d’enfermer dans des catégories. Dans son témoignage vidéo, au début du parcours, Jean Marie Massaud exprimait » je fais du design parce que je ne peux appréhender une question que globalement », Mathieu Lehanneur » parce que j’ai besoin qu’on me pose une question« . Et pour Mathilde Brétillot « j’essaie de trouver une forme entre ce qui est profondément personnelle et une question empathétique« .

Il reste quelques jours pour découvrir l’exposition de l’architecte italien Carlo Mollino chez RBC Lyon. Pour ses dix ans, le fameux « Cube Orange » implanté au cœur du quartier de Confluence a misé sur « Sempre salva la fantasia », mis en scène par Zanotta. À voir jusqu’au 24 décembre.
En 2020, après un processus de recherche et de développement technologique autour des créations de Carlo Mollino, Zanotta lance la collection CM : “Ce projet est né comme une réinterprétation de l’œuvre de Carlo Mollino. Nous avons créé cette collection avec un processus de production semi-artisanal. Le caractère éclectique des créations de Carlo Mollino exprime parfaitement la vision de Zanotta” explique Giuliano Mosconi, PDG de Zanotta.
Le tandem Zanotta-Mollino commence en 1981, lorsqu’Aurelio Zanotta décide de fabriquer la chaise alpine en bois massif Fenis (conçue par Mollino en 1959 pour le campus de l’école polytechnique de Turin). L’éditeur s’intéresse aux expériences menées par ce maître de l’architecture moderne italienne dans le domaine de l’aménagement intérieur, et étudie avec précision le contenu des archives de Mollino. En 2020, 8 pièces dédiées à l’univers domestique viennent constituer une collection hommage.

La Collection CM 2020
Pour comprendre le travail de Carlo Mollino en tant que designer, il faut adopter une approche globale : chaque objet interagit avec certains éléments de la maison, une vue particulière sur Turin, un mur aménagé… Chaque meuble fait ainsi partie d’une narration figurative dont l’architecte est scénariste, réalisateur et acteur. À partir de l’analyse de documents d’archives, en collaboration avec le Politecnico de Turin, Zanotta vient d’éditer une collection de mobilier fidèle au dessin de Mollino tout en l’équipant des dernières technologies pour le marché contemporain.

La collection se compose de 8 pièces de mobilier, toutes portant les initiales CM et couvrant 21 ans de son travail : le meuble de rangement Carlino CM (1938), le miroir Milo CM (1938), le fauteuil Ardea CM (1948), la table Reale CM (1948), la table d’appoint Arabesco CM (1949), le bureau Cavour CM (1949), le fauteuil inclinable Gilda CM (1953) et le fauteuil Fenis CM (1959).


RBC Lyon fête ses 10 ans
L’exposition consacrée à Carlo Mollino vient marquer de manière festive le dixième anniversaire de RBC Lyon. Franck Argentin, directeur de RBC travaille toujours de concert avec des architectes pour inscrire ses différents showrooms dans leur environnement, et leur donner une signature spécifique.
En 2010, c’est ainsi le duo Jacob /MacFarlane qui va signer cet écrin orange audacieux, dirigé par François Basilien. Durant cette décennie, le showroom aura accompagné de grands projets : aménagement du siège d’Euronews, aménagement du Groupama Stadium-Parc OL, les appartements de standing de la tour Ycône, aménagement du MOB Hôtel, Altavia, Sporting Club de Genêve ou encore plus récemment les bureaux de Opteven… En 2019, cet ancrage RBC voit l’inauguration d’un second lieu en centre-ville, cette fois, consacré à l’éditeur Poliform.



Durant dix jours, Christie’s présente dans ses salons parisiens les Expérimentations de François Azambourg, en partenariat avec le Centre international d’art verrier (CIAV) de Meisenthal. Une association qui se perpétue depuis treize ans, donnant naissance au vase Douglas, et aujourd’hui au Brindilles et à l’Intouchable.
Tout a commencé en 2006, lorsque Jean-Pierre Blanc, alors directeur de la Villa Noailles à Hyères, fait appel à François Azambourg. Ce dernier a pour mission de penser le réaménagent d’une pièce de la maison, qui doit inclure un objet en particulier : un vase en verre. Pourtant peu attiré par ce matériau, le designer conçoit que « sa transparence est intéressante. » La machine est lancée. Une semaine durant, il travaille étroitement avec les artisans du CIAV sur le décor du verre, plutôt que la texture même du matériau. Très vite, ils se rendent compte que la clé se trouve dans le soufflage. Il en existe trois formes. Le soufflé libre, le fixe avec un moule en métal et le tourné. François Azambourg en propose alors une quatrième : le soufflé fixe dans une matrice en bois. « Le verre est soufflé pendant une minute, à 800°C », explique-t-il, et ressort imprimé des nervures, des nœuds et des crevasses du pin Douglas. Ainsi est né le vase éponyme, première création de François Azambourg et du CIAV.
« Prendre un instantané de ce mouvement en le figeant. »
Aujourd’hui cette collaboration ne se résume pas qu’au Douglas. Sur une des tables de bois de la maison Christie’s, plusieurs dizaines de vases cohabitent. Car dix ans durant, le designer et les artisans verriers lorrains ont pensé à de nouvelles créations, des variations du vase originel. La réflexion s’est d’abord orientée sur le mouvement du verre, et sur la façon de « prendre un instantané de ce mouvement en le figeant. » Chaud, il a été sorti prématurément de son moule : pas trop tôt pour que l’essence du bois s’imprime sur les parois du vase, mais assez tôt pour que le verrier puisse étirer et le manipuler à sa guise, lui conférant cette sensation de mouvement.

Dans la salle attenante, les murs sont parés de tableaux représentant des fleurs ou des plantes. Des dessins qui sont croquis, réalisés par François Azambourg lui-même, et qui font écho aux créations posées au centre de la pièce.
Avec Brindilles, le designer replace la nature et la notion de territoire au cœur de la réflexion : chaque vase varie en fonction de la saison et du lieu de cueillette. « Habituellement, le décor des vases se fait à froid, mais le verre est plus fragile. C’est plus intéressant de travailler le matériau lorsqu’il est chaud », considère le créateur français. Les plantes et branchages sont plaqués contre les parois du moule, dans lequel est soufflé le verre. L’absence d’air permet à la plante de ne pas brûler et de laisser sa marque le long du vase. Quelques fois, le processus de création a été altéré par des soucis de calandrage. « La plante est imprimée en partie sur le rebord du vase, ce qui le déforme, explique François Azambourg, c’est un accident qui ouvre la question de ce qui peut être fait ou non en matière de création, un nouveau territoire de jeu. »
Puis vient Intouchables.
Cette création qui clôt l’exposition illustre le fait «qu’il n’existe pas d’échec dans la création » pour le designer. « Il y a une partie d’aléatoire avec le verre, si ça n’est pas bon on le casse. » Le verre est soufflé, puis il est laissé à refroidir. Dans un deuxième temps, il est réchauffé dans un four avant d’être roulé sur une tôle ajourée sur laquelle sont placés les éclats des précédentes expérimentations.
Au total, ce sont trois salles de l’immeuble du 9 avenue Montaigne qui sont consacrées au travail de François Azambourg et du CIAV. Loin de la scénographie, le designer français préfère parler de « filiation ». « Chacune des pièces présentées apporte quelque chose à celle qui est autour. Aux murs, les dessins préparatoires affichent la recherche de motifs. »

Au-delà de la créativité artistique, il y a une démarche scientifique dans le travail du designer. Les croquis font office de protocoles pour reproduire les vases sans fin. Il est conscient de la dualité qui existe entre la composition artistique et la rentabilité : « il faut aujourd’hui des objets qui soient faciles à reproduire ».
L’expérimentation demeure cependant la caractéristique principale dans la réflexion de François Azambourg. Selon lui, « la production est comme un instantané d’un objet à la croisée des chemins entre le moment où on la pense et le moment où on la réalise ». Un résultat final qui, dans le cas du verre, surprend souvent l’artisan et le designer.
“Exprimentations” – François Azambourg x CIAV/Meisenthal
Christie’s à Paris – du 24 février au 4 mars 2020

Jusqu’au 12 janvier 2020, le Pavillon de l’Arsenal présente l’exposition « Hôtel Métropole – Depuis 1818 ».
À travers cette exposition, les deux commissaires invités Catherine Sabbah et Olivier Namias interrogent sur le devenir des hôtels au regard des nouveaux enjeux environnementaux. Un travail tout d’abord historique qui dévoile le lien intrinsèque qu’il existe entre l’hôtel, les modes de vies et les époques dans lesquels il évolue. Une réflexion ensuite appuyée par 4 projets qui placent les enjeux environnementaux en leur cœur.
À ce jour, l’Ile-de-France compte 2 450 hôtels et 15 000 chambres. Chacun est le reflet des besoins et attentes de l’époque dans laquelle il a évolué. Le Meurice, à son ouverture en 1818, accueillait simplement les voyageurs venant de Calais. Puis des hôtels aux ambitions plus mondaines ont vu le jour, comme le Ritz en 1898. Plus tard, les Trente Glorieuses marquent le début du tourisme de masse. C’est à la même époque que fleurissent les premiers hôtels standardisés à l’image du Hilton Suffren en 1966. Enfin, l’hôtellerie s’est vue dans l’obligation de répondre aux besoins du tourisme d’affaires. Ainsi, de nombreux hôtels ont été construits à proximité de pôles de connexions tels que l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.
L’hôtel se devait de proposer un confort climatique (chauffage, climatisation et eau chaude) à ses clients, sans pour autant prendre en compte l’environnement. Aujourd’hui, l’exposition interroge sur le changement de mentalité de la clientèle, notamment en matière environnementale. Et si le respect de l’environnement devenait un critère dans le choix d’un hôtel ?
L’environnement au cœur de la réflexion
En lien avec l’exposition, 4 projets intègrent les enjeux environnementaux à leur réflexion : le lobby, le corridor et la chambre sont repensés pour être plus responsables.
La marquise – Jean-Benoît Vétillard, architecte

La marquise est un lieu de transition entre l’extérieur, la ville, et l’intérieur, le lobby. Elle marque donc le passage d’un monde à un autre. Ici, elle est en fibres de lin et de résine naturelle, et éclairée par des LED qui sont activées par les visiteurs lorsqu’ils passent la porte-tambour de l’entrée.
Une pièce capable – Lina Ghotmeh, architecte

La chambre s’adapte aux flux qui s’intensifient et répond à la pluralité des besoins. Ainsi, elle devient une pièce de vie, de travail, d’accueil et de sommeil, et répond aux enjeux environnementaux : les murs sont en bois et fibres naturelles, les carreaux de douches sont issus de la transformation du sable et le revêtement du lit est en linge recyclé.
Un voyage, pas une destination – Nicolas Dorval-Bory, architecte

Le couloir d’hôtel est pensé comme un vecteur d’usage : il irrigue les chambres de réseaux et guide le client vers celles-ci. Afin d’être éco-friendly, il répond aux enjeux de durabilité et de salubrité. Les matériaux utilisés, comme le bois, ont une empreinte carbone faible et le confort lumineux est au rendez-vous : l’intensité lumineuse est variée ce qui la rend plus agréable que l’uniformisée que l’ont roule actuellement.
La chambre de demain – Ciguë architectes

Cette chambre questionne l’usage qui est fait de l’eau. Alors qu’une chambre consomme en moyenne 150 litres par jour (pour un hôtel 4 étoiles), ce projet propose d’économiser 70% de l’eau utilisée grâce à un système de bouclage. Sur le toit, des réservoirs permettent de collecter l’eau de pluie et de stocker l’eau filtrée par phytoépuration et charbons actifs.