Après avoir lancé avec succès l’Atelier Jespers, le galeriste Jean-François Declercq propose un lieu inédit la Bocca della Verità entre design et architecture.
Jean-François Declercq dans le hall de la galerie La Bocca della Verità à Bruxelles.
Bruxelles offre sans cesse des découvertes à qui sait flâner, révélant ainsi l’histoire de son architecture singulière, de l’art nouveau et du modernisme. La capitale belge est le territoire de prédilection de Jean-François Declercq, à l’affut de nouveaux bâtiments empreints d’histoire à réhabiliter. Sa récente galerie La Bocca della Verità présente les œuvres de jeunes pousses du design dans le contexte particulier de bâtis historiques préservés. Derrière la Maison van Dijck classée, de Gustave Strauven, construite en 1900, se cache un bâtiment postmoderne, de 1989, édifiée par le jeune architecte Michel Poulain. Avec sa géométrie aux faux airs d’Ettore Sottsass, la façade de la Bocca della Verità s’inscrit dans une cour coiffée d’une lumineuse verrière. Dans une dynamique et une mouvance propres au travail de Jean-François Declercq, la galerie a pour ambition de soutenir les talents de la jeune création du design, avec trois expositions par an.
Le rez-de-chaussée et l’étage sont consacrés aux expositions collectives et individuelles. Le premier étage accueille la salle de projet du collectif Stand Van Zaken, qui invite un commissaire différent à chaque exposition et trois designers, artistes ou architectes. Le principe repose sur un concept de travail collectif visant à explorer des formes d’expressions émergentes, une référence au procédé initié par le « Cadavre exquis » des Surréalistes. Pour sa première édition, le collectif a choisi le jeune couple d’artiste et designer, Chloé Arrouy et Arnaud Eubelen, qui ont cogité ensemble autour de leurs univers personnels, composés d’assemblage de matériaux pour l’un et de reproduction d’objets pour l’autre.
L’exposition inaugurale montre également le travail de deux créateurs, plus confirmés. Le français, Thibault Huguet designer industriel de formation, explore les connexions entre les divers matériaux, et applique ses recherches à du mobilier épuré entre artisanat et technologie, comme la console en aluminium Plane, d’une simplicité déconcertante. Hélène del Marmol, quant à elle, est belge, expérimente la cire végétale, sous forme de grosses bougies totémiques, conçues dans une rigueur géométrique évoquant l’aspect subversif d’Ettore Sottsass et la poétique Constantin Brancusi. Pour un dialogue émotionnel avec les objets.
La Bocca della Verità, Boulevard Clovis 85 Clovislaan 1000 Brussels
Visite des expositions du 17.09.2021 au 17.12.2021
La galerie La Bocca della Verità à Bruxelles. Table de l’architecte Theo de Meyer, du collectif Stand Van Zaken
Installation autour des bougies de Hélène del Marmol
Fort du succès de sa première saison, Silvera revient avec la Saison 2 de 'ln Talks', sa mini-série originale consacrée à l'univers du design, vu de l'intérieur.
Cette nouvelle édition s'ouvre avec quatre figures majeures de la scène contemporaine : Erwan Bouroullec, Sabine Marcelis, Patrick Jouin et Odile Decq. Chacun y partage, avec sincérité et singularité, sa vision de l'idée - ce moment d'émergence où intuition, matière et sens ne forment qu'un.
Installé entre Paris et la Bourgogne, Erwan Bouroullec propose un design inspiré d'une certaine simplicité, et empreint d'une forme de poésie humaine. Dans un discours sensible, il évoque la place discrète mais non moins essentielle du geste créatif, comme une solution aux problématiques du quotidien. « Pour moi, il n'y a pas d'idée géniale » affirme le créateur qui partage ici son approche délicate de l'objet.
Créé à Yerevan, en Arménie, Studio Shoo développe depuis quelques années une branche de mobilier design. Un nouvel axe lié aux projets architecturaux de l'agence.
« Je n'aime pas les projets résidentiels. Ce sont trop de contraintes et pas assez de liberté de création » explique Shushana Khachatrian, à l'origine de Studio Shoo. Créée en 2017 à Yerevan, l'agence spécialisée dans l’hôtellerie et la restauration est aujourd'hui implantée dans bon nombre de capitales européennes. Motivée par la création d'espaces avant tout fonctionnels et vecteur de bien-être grâce à ses palettes douces rehaussées çà et là de touches pop, l'architecte signe des projets d'une ordinaire simplicité, empreints de son Arménie natale. « Il y a quelque chose de minimaliste dans beaucoup de nos créations, mais l'essentiel est ailleurs. Il y a, dans les formes et les schémas, des éléments constamment inspirés de ma culture » explique l'architecte. Outre la question d'individualité et de matérialisation de son identité, elle « souhaite surtout que les visiteurs puissent se rattacher à quelque chose. » A l'image du projet hôtelier Mövenpick Yerevan, Shushana Khachatrian détourne les arts et les matériaux de son pays, pour livrer des atmosphères contemporaines et typées, mais loin des stéréotypes.
Imaginée selon les codes de l'agence et les influences de l'architecte, chaque architecture intérieure trouve son individualité dans le choix du mobilier qui la compose. « Chez Studio Shoo, nous avons toujours mêlé des produits du marché à nos propres créations. » Une manière de solutionner des problématiques, mais également d'apporter une identité particulière aux espaces. Une double approche qui pousse l'agence à créer un nouveau secteur entièrement dédié à la création de mobilier design. « Régulièrement, nous avions des personnes qui nous demandaient où elles pouvaient acheter nos objets. Mais ce n'était pas possible. Et comme j'ai horreur de refaire deux fois la même chose, nous avons décidé de créer une branche spécifique en interne, pour concevoir des objets disponibles à la vente, que ce soit à des particuliers, ou dans nos projets. » Une diversification du travail de l'agence, mais complémentaire à son activité architecturale poursuit Shushana Khachatrian. « Je pense que ce sont deux domaines très perméables où l'échelle est différente. Les architectes pensent davantage l'expérience client et les formes globales, les plus grosses, tandis que les designers réfléchissent surtout aux détails, aux formes plus petites. » Réunissant une petite dizaine d'objets, principalement des luminaires, Studio Shoo explore également des thématiques connexes telles que le développement durable, avec la réinterprétation de « déchets » pour fabriquer de nouveaux objets, ou l’intelligence artificielle régulièrement utilisée pour donner vie à des esquisses. « A mes yeux, l'essentiel, c'est que les personnes retiennent les espaces qu'elles visitent. Et c'est souvent grâce à un objet inattendu, une nouvelle expérience, d’où l'importance du design » admet l'architecte dont l'agence travaille en ce moment sur un prototype de chaise.
TUFF Pencil cabinet, premier ambassadeur du Studio Shoo à Milan
Présent pour la première fois à ISOLA dans le cadre de la Milano Design Week 2025, Studio Shoo présentait le TUFF pencil cabinet. Imaginé en deux formats, l'un jaune pâle avec une ouverture sur le haut, et le second rose bonbon agrémenté d'un tiroir coulissant sur la partie basse, ce petit meuble est un véritable condensé de la vision de l'agence. Inspiré de la pierre volcanique rose caractéristique de Yerevan, il rend hommage à l'écriture grâce, outre son utilisation première, au petit tableau à craie intégré à l'intérieur. « En me baladant dans les rues de Yerevan, j'ai remarqué les notes qui ponctuent chaque mur. Les habitants écrivent et dessinent partout. C'est ce qui m'a inspiré pour cette pièce qui reflète l'intersection entre l'héritage matériel et l'expression artistique » résume la créatrice qui explique d'ailleurs avoir vu des gens se mettre à dessiner sur sa pièce lors du salon italien. Fabriqué à partir de feuilles de MDF et de métal recyclé, ce meuble, créé à l'origine pour l'usage personnel de Shushana Khachatrian, est un premier pas pour l'agence dans le secteur du meuble international, où le design arménien est encore trop peu représenté.
De retour après deux ans d’absence, Euroluce a mis en lumière de nombreuses nouveautés, au sein d’installations soignées et des stands parfois impressionnants, pour des réalisations de toute envergure et surtout, pour notre plus grand plaisir.
Logé dans les halls 2, 4, 6 et 10 du Rho FieraMilano en périphérie milanaise, Euroluce faisait son retour, après avoir laissé sa place l’an dernier à EuroCucina. Avec plus de 302 500 visiteurs recensés pour cette 63e édition, le Salone del Mobile continue de confirmer sa légitimité et son importance en tant que manifestation majeure du design au niveau international. Sur les 2 103 exposants présents, Euroluce en comptait 306, avec des éditeurs établis et incontournables, mais également de nouvelles marques qui faisaient leurs débuts sur le salon. Zoom sur les marques et réalisations qui ont retenu notre attention.
La plus complète : Flos
C’est au sein d’un stand de plusieurs centaines de mètres carrés, niché dans le hall 10 et scénographié par Formafantasma, que Flos a pris place pour y présenter ses nouveautés. Intitulée « The Light of Mind », l’installation, divisée en plusieurs pièces, plaçait les luminaires au centre de l’espace — et c’est peut-être finalement le seul élément qui compte ?
Parmi les réalisations présentées, Luce Sferica et Luce Cilindrica, imaginées par Ronan Bouroullec, mêlent savoir-faire industriel et élégance. Le designer allemand Konstantin Grcic dévoilait Nocturne, un ensemble d’éclairage modulaire et sculptural, disponible en deux formats, avec des versions à poser, en suspension et en applique. Michael Anastassiades signe quant à lui une réalisation aussi énigmatique que poétique avec Linked, un système de suspension à crochets qui se révèle comme une sorte de chaîne lumineuse suspendue. Enfin, Erwan Bouroullec présente Maap, une « toile lumineuse » qui peut être façonnée à la main, pour offrir toujours plus de créativité et de modularité.
Pour sa participation à Euroluce, Martinelli Luce présentait ses nouveautés, mais arrivait également avec deux grandes actualités. En parallèle du Salone, la marque inaugurait son premier showroom milanais, en plein cœur du centre-ville. Mais ce n’est pas tout : la marque de luminaires célébrait également les 60 ans de l’iconique Pipistrello de Gae Aulenti. À cette occasion, une version blanc mat a été éditée, avec une gravure spéciale et numérotée sur les 200 premiers exemplaires de chacune des trois versions — classique, moyenne, mini.
En parallèle, la marque dévoilait plusieurs nouveautés, comme Grammoluce de Min Dong et Habits Design, qui pose une question : « et si la lumière avait un poids ? » Une réalisation en verre borosilicaté recouvert de tissu Lycra®, qui, une fois déformé par des sphères en verre posées dessus, offre une intensité lumineuse différente. Côté outdoor, on retiendra la collection Brim d’Andrea Steidl, déclinée en version simple ou double à poser, ou en applique. Enfin, Dud de ZPStudio joue sur les formes avec des appliques dynamiques.
Sur un stand aux allures de palais de sable, la marque espagnole Vibia s’est démarquée par la diversité et l’ingéniosité de ses produits. Autour de son programme « Shaping Atmospheres », la marque présentait des réalisations réparties selon plusieurs concepts : Lumière dynamique, Conductivité, Expérience intérieure et extérieure, et Matérialité & lumière chaude. Parmi les réalisations marquantes de cette édition, on retient : Duna de Cecilie Manz, Asia d’Antoni Arola Aray Lineal, ou encore Offset de Xuclà. Il est évidemment que le virage créatif pris par la marque, reconnue pour son savoir-faire technique de la lumière, porte clairement ses fruits.
La marque catalane Marset s’est offert un stand riche en nouveautés. Parmi elles, la lampe modulable Fragile de Jaume Ramírez, déclinée en version suspension et applique. Autre coup de cœur : la lampe colorée Gambosa de Mathias Hahn, en acier, qui apporte une touche vive et une diffusion homogène de la lumière. Pour l’extérieur, on retiendra la collection Domus de Joan Gaspar, très géométrique, disponible en trois tailles pour jouer sur les effets lumineux.
Présente à la fois dans le off et au sein d’Euroluce, la marque vénitienne Foscarini a proposé son lot de nouvelles réalisations dans un stand aussi coloré que ses créations. Elle présentait quatre nouvelles suspensions : Allumette de Francesca Lanza, Asteria d’Alberto et Francesco Meda, Étoile de Dordoni Studio et Tilia de Francesca Lanzavecchia.
Francesco Meda signe une seconde collaboration avec la série de lampes Alicudi, Filicudi et Panarea, équilibrant artisanat et production industrielle. Dordoni Studio propose également l’applique Torche, qui, comme son nom l’indique, prend la forme d’une lampe torche, laissant passer la lumière aux deux extrémités pour une diffusion élargie.
La marque tchèque Lasvit, spécialisée dans le luminaire en verre, a offert un spectacle visuel et artistique avec son installation « Soaked in Light », explorant le lien entre l’eau, la lumière et le bien-être humain. L’impressionnante Splash de Martin Gallo fascine autant qu’elle surprend, presque comme une stalactite lumineuse. Patrick Jouin, avec Vera, propose une œuvre brute qui traduit la nature à travers deux techniques de verrerie artisanale : le verre technique et le verre fusionné.
Lancée par le designer italien Alessandro Zambelli, Genuit propose des installations lumineuses alliant design, technologie et architecture. À Euroluce, elle présentait entre autres Vertigo, un système de connexion ludique et technologique inspiré des combinés téléphoniques des années 1980. Par la lumière, l’installation symbolise la transmission des émotions et la communication.
Avec l’installation « Il Bianco, il Nero e lo Specchio » (Le Blanc, le Noir et le Miroir), Davide Groppi explorait ce qu’il appelle les trois âmes de la lumière : la lumière elle-même, l’obscurité et la magie. Les luminaires sont souvent fixes et intimes, comme Mia ou TaO, mais parfois ludiques, à l’image de Race of Lights, qui évoque un circuit automobile où la lumière se déplace librement selon les envies. Enfin, la série Set offre des jeux de lumière intéressants grâce à des spots orientables verticalement.
Une chose est sûre : cette édition d’Euroluce n’a pas manqué de nous surprendre, révélant des installations ambitieuses à la hauteur des nombreuses nouveautés présentées. Derrière ces réalisations, entre design et innovations lumineuses, se dessine une tendance de fond : celle d’une lumière plus modulable, plus expressive, et surtout plus consciente de son rôle au quotidien. Les marques l’ont bien compris : le futur de l’éclairage devra conjuguer connexion, émotion et durabilité.
Les Ateliers de Paris présentent, jusqu'au 28 mai, l'exposition « Fils et filiations ». Un rassemblement d'artistes célébrant à travers leurs œuvres, la pluralité de l'art textile, désormais en pleine renaissance.
S'il est un médium longtemps délaissé qui fait aujourd'hui son grand retour sur la scène artistique, c'est bel et bien le fil. Réhabilité à la Fondation Cartier pour l'Art contemporain avec une vaste exposition dédiée au travail d'Olga de Amaral ou au Grand Palais avec les installations de Chiharu Shiota, l'art textile semble enfin considéré à sa juste valeur, tant pour sa qualité plastique que pour la diversité esthétique qu'il offre. À l'occasion des Journées Européennes des Métiers d'Art, Les Ateliers de Paris présentent « Fils et filiations ». Une exposition imaginée comme une exploration à travers les styles et les techniques de 16 créateurs français recrutés çà et là pour leur diversité et leur approche contemporaine des matériaux.
Issu d'un « travail de détournement de la matière première », ce projet témoigne d'une approche à mi-chemin entre l'artisanat et le design. Portée par le concept de « transfert technologique », l'artiste « réinterprète des gestes ancestraux dans des échelles souvent inattendues. » Un univers souple et néanmoins empreint d'une certaine rigidité visuelle faite de trame et de maillage. En d'autres termes, une approche architecturale semie instinctive.
Un médium sorti de l'ombre
Exposées pour être observées sous toutes leurs coutures, les œuvres trouvent leur place dans une scénographie de Véronique Maire, où les portants en bois évoquent les métiers à tisser. Une évocation sans doute un peu lointaine pour les visiteurs, qui traduit dès lors la volonté d'initier un dialogue entre les époques ; entre celle où le travail du fil n'était pas encore considéré comme un art, et aujourd'hui. « Le fil a longtemps été considéré comme une activité domestique pratiquée par les femmes pour répondre à des besoins. Il n'y avait aucune dimension créative, explique Audrey Demarre, commissaire de l'exposition. Avec Fils et filiations, il y avait donc cet enjeu de mêler un univers amusant, redevenu tendance, et un aspect historique, presque didactique. Car s'il semble simple, le fil demeure relativement inconnu du grand public. » Des tapisseries contemporaines en volumes, en passant par la retranscription filaire d'images, l'exposition interroge les manières dont les fibres, dans leurs diversités, lient les souvenirs et les récits, qu'ils soient personnels ou collectifs.
Née d'une rencontre entre Lucile Viaud et Aurélia Leblanc, cette « matière d'art » est née d'un quatre mains et trois années de développement. Véritable fusion de deux savoir-faire – d'un côté le verre et de l'autre le textile -, les deux designers ont imaginé ce voilage léger et souple aux reflets iridescents. Un défi technique et artistique où « les matériaux aux temporalités et aux comportements très différents » se conjuguent habilement.
Des approches diverses en résonance avec notre époque
Nouées, tressées, cousues, entrelacées ou tissées... Riche d'une grande diversité technique, l'exposition interroge plus largement la fibre. Car si elle est souvent d'origine végétale, elle est aussi bien plus que cela. Artificielle comme dans le travail de Jeanne Goutelle, technique dans l'univers de Lucile Viaud et Aurélia Leblanc ou plus prospective avec Antonin Mongin, chaque longueur est surtout l'occasion d'ouvrir de nouvelles perspectives. Fruit d'une rencontre entre deux créatrices particulièrement douée pour se réinventer, le tissage du verre est un travail « situé à la croisée du design et de l'Art, expliquent Lucile Viaud et Aurélia Leblanc à l'origine du “géoverre”, un textile intégrant de fins filaments de verre. Il est à la fois un repère technique – il structure, oriente les capacités de la matière – mais aussi un vecteur sensible et territorial, car il est fabriqué à partir de matières premières locales. » Un parti-pris partagé par Jeanne Goutelle dont la démarche débute par la récupération de chutes de tissu auprès d’industries notamment stéphanoises. « L'Upcycling est au cœur de ma démarche. Le fil est au cœur de nos vies, car on le retrouve dans nos vêtements, nos habitats, nos doudous, nos linceuls... C'est une histoire de femmes qui mérite le même statut que la pierre ou le bois. »
Fruits d'une collaboration avec le teinturier naturel Clément Bottier, les cinq monochromes présentés à la galerie « rendent hommage à la rencontre du chanvre et du cheveu au XVIe siècle. » Derrière l'anecdote historique, Antonin Mongin dresse le portrait d'une fibre « mésestimée de nos jours », pouvant malgré tout s'illustrer comme une alternative à la fourrure ou à l'ambre selon le traitement appliqué.
Pour Antonin Mongin, s'emparer du cheveu – sa fibre de prédilection – revêt également un intérêt éthique. « On prend souvent pour acquis la plupart des fibres qui constituent nos objets, sous forme de fils tissés ou tricotés sans s'interroger sur leur origine. Nous avons parfois tendance à davantage considérer la valeur attribuée aux résultats plutôt qu'à l'origine des matières premières qui les composent. Cela ne devrait plus être le cas. La matérialité des produits qui nous entourent pourrait compter autant que les formes et les usages, et la qualité du fil, sa provenance sous forme de fibres avant qu'il soit un fil et sa façon de le réaliser pourraient participer à déplacer notre attention. Nous pourrions ainsi identifier quelles fibres - jusqu'à présent peu considérées - pourraient prendre davantage la lumière dans les différents domaines de la création. »
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