CETIH nous ouvre les portes de ses univers
Le bois est la matière première traitée sur le site de Machecoul ©CETIH

CETIH nous ouvre les portes de ses univers

Depuis près de 50 ans, CETIH propose des portes d'entrée au travers de trois gammes aux designs différents. À Machecoul (Loire-Atlantique), la société initialement spécialisée dans le bois, continue de travailler ce matériau pour allier design et engagement environnemental.

Plus qu'un simple battant, la porte est la première étape à franchir pour entrer dans un espace. À ce titre, elle est donc un élément symbolique et architectural à part entière. Conscient de cela, CETIH (Compagnie des Équipements Techniques et Industriels dans l'Habitat) développe sur quatre sites spécialisés - dans le bois et mixte, l'aluminium, le PVC et l'acier -, près de 600 modèles de portes déclinables à l'infini. Vitrage, formes, matériaux, dimensions, couleurs... avec son savoir-faire, l'entreprise s'adresse aujourd'hui à tous les acteurs du bâtiment, du promoteur à l'habitant, par le biais de trois marques distinctes : Bel'M, Zilten et Swao.

Par l'alliance de nombreux savoir-faire, CETIH peut adapter ses portes à n'importe quelle architecture ©CETIH

Une vision au-delà du pas-de-porte

Pour CETIH, les portes « ont toujours occupé une place prépondérante de son marché et représentent 190 millions du chiffre d'affaires annuel » note Eric Chalançon, directeur commercial de la marque. Au début, propre à l'habitat individuel, la société a peu à peu ouvert son offre à d'autres marchés. En 2011 - au moment du lancement des premières fenêtres -, l'habitat collectif a fait son entrée suivi d'une ouverture au domaine tertiaire quelques années plus tard. Des étapes porteuses de nouvelles exigences, auxquelles CETIH a fait face en intégrant à son groupe de petites entreprises aux savoir-faire particuliers. Parmi elles, Bignon, fabricant de fenêtres bois racheté en 2022, et aujourd'hui réfèrent dans ce domaine au sein du groupe. Des partenaires qui permettent à l'entreprise de se diversifier mais également « de répondre aux trois piliers principaux à savoir, remettre l'humain au cœur des projets grâce à une qualité acoustique, thermique et de sûreté, s'inscrire harmonieusement avec l'environnement et l'architecture, sans oublier de s'améliorer écologiquement » comme l'explique Caroline Barbin-Siraudin, directrice marketing.

La maîtrise du design et de la fabrication permet à CETIH de répondre à ses enjeux que sont le confort, l'esthétique et la durabilité ©CETIH


Une société, trois marques, trois identités

Parce qu'une porte est un élément sensoriel, CETIH fait cohabiter trois marques aux identités différentes. Qualifiée d'intemporelle par Anthony Durand, responsable du design, Bel'M est le navire amiral du groupe. Lancée en 1986 avec des portes bois, elle s'est vite diversifiée tout en conservant une esthétique assez historique et identitaire. Entre toutes, Athena est encore, 22 ans après sa sortie, l'exemple type. Véritable succès, son design « a été basé sur l'étude d'anciennes portes cochères » raconte le designer pour qui cette création est surtout le résultat d'un modèle « où tous les curseurs à succès ont été poussés à fond ».

La porte Athena est devenue au fil des années le modèle emblématique de l'entrepris ©CETIH

En opposition à la tradition, l’entreprise Zilten a été rachetée par le groupe en 2007, deux ans après sa création. Désignée comme agitatrice, la marque insuffle un élan plus singulier voire audacieux. Avec ses matériaux « alternatifs », comme la céramique ou le bois brûlé, et ses lignes tirées, elle s'oppose en tout point à sa grande sœur, beaucoup plus classique et courbe. Avec un catalogue riche de 190 modèles et d’une grande diversité de matériaux, cette gamme propose le plus vaste choix.

Avec sa grande diversité de matériaux, Zilten propose un modèle plus large en bois brûlé ©CETIH

À mi-chemin entre ses deux concurrentes, SWAO, dite l'optimiste, fait le pont entre tradition et technicité. Fondée en 2013 des suites de l'acquisition de deux entreprises, MTN et PAB spécialisée dans les fenêtres en aluminium et PVC, elle se distingue par sa capacité à concevoir des menuiseries à l'ancienne notamment dans le cadre de rénovations. Seule des trois marques à être présente sur l'ensemble des marchés – garages, volets, fenêtres, portes... - elle est de fait la plus polyvalente et la plus modulable.

Avec son expertise dans les portes et les fenêtres, la gamme SWAO permet de réhabiliter l'ensemble des huisseries d'un édifice ©CETIH

Le bois, matériau de prédilection

Parmi les différents matériaux travaillés par l'entreprise, le bois occupe une place importante aux yeux de l'entreprise. Pourtant, en France, les portes d'entrée bois ne représentent qu'une part de marché de 10 %, en légère progression, avec une prédominance des produits sur mesure, représentant 90 % du volume. Que ce soit pour des portes entièrement dans cette matière, ou des conceptions mixtes alliant un second matériau, le bois reste le plus intéressant du point de vue environnemental, mais également la matière la plus personnalisable. Bien moins contraignant que l'aluminium, il permet de réaliser du sur-mesure quasiment sans contraintes. Pourtant, le bois a connu un fort déclin dans les années 90 et jusqu'au milieu des années 2000 pour des raisons d'entretien et de préoccupations sur son origine géographique. Pour pallier ces inquiétudes, la marque a développé la certification Nabocco qui assure à la porte une tenue d'au moins dix ans sans retouche. Pour Eric Chalançon, il s'agit d'un « gage de qualité supplémentaire afin d'inviter les clients à reprendre confiance dans le bois, plutôt que de les amener vers les matières alternatives comme le PVC. » Côté provenance, la marque s'approvisionne aujourd'hui sur trois continents auprès de forêts certifiées : l'Europe pour le chêne et le douglas, l'Afrique pour le Movingui, et l'Amérique du Nord  - précisément le Canada - pour le Red cedar. Des matières brutes auxquelles s'ajoute l'Acoya, un bois transformé, mais non traité.

C'est sur le site de Machecoul que le bois en provenance des différents est réceptionné pour être transformé ©CETIH

Une démarche environnementale

Pour garantir au bois une survie optimale face aux parasites, aux champignons, à l'humidité et aux UV, tout en conservant les vertus environnementales et esthétiques de la matière, CETIH a repensé plusieurs étapes de sa ligne de fabrication. « Bien que nos bois soient issus de forêts certifiées, nous accordons également une importance à leurs valeurs culturelles. Nous avons ainsi cessé l'importation d'un bois africain il y a quelque temps, car il était précieux aux yeux de la population et peu renouvelé dans le pays. » explique François Chappuy, directeur de l'usine bois. Par ailleurs, les produits de traitement ont aussi évolué. « Le saturateur, les teintes et les lasures utilisés sur les portes bois sont aujourd'hui à base d'eau et quasiment sans solvant. » Une avancée en faveur de l'environnement que l'on retrouve aussi dans l'isolation phonique en fibre de bois  et qui devrait à terme s'étendre à l'isolation thermique encore pétrochimique . Du confort lié à l'intérieur de la porte, au visuel travaillé avec des alternatives naturelles comme le traitement au vinaigre ou le bois brûlé, CETIH ouvre de nouvelles perspectives pour faire cohabiter design du quotidien et innovations.

Une fois assemblé dans la composition souhaitée, le bois va être traité pour obtenir son allure définitive ©CETIH
Rédigé par 
Tom Dufreix

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21/11/2025
Retour sur les talks et les tables rondes Intramuros au salon EspritContract

Pour sa troisième édition, EspritContract organisé en parallèle d’EspriMeuble, était de retour à la Porte de Versailles du 15 au 18 novembre. Un moment de rencontres et d’échanges entre les marques et les professionnels mais également l’occasion pour Intramuros de prendre part à la médiation de plusieurs conférences thématiques.

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17/11/2025
EspritContract : le contract nautique, une part majoritaire chez CELIO

Depuis plus de dix ans, le secteur nautique structure l’activité de l’entreprise CELIO. Un domaine à part, dans lequel l’innovation du bureau d’étude joue un rôle primordial. Rencontre avec Thomas Liault, responsable de la branche contract de la marque.

Pour sa troisième édition, EspritContract se tiendra du 15 au 18 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles.Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/le-salon/secteurs/secteur-contract.htm

Comment le contract structure votre activité ?

Aujourd’hui, le contract est un secteur important dans notre entreprise puisqu’il représente entre 15 et 20 % de notre activité totale, avec une croissance constante sur les quatre dernières années. C’est aussi une branche plurielle, qui se divise en quatre segments : le nautisme, par lequel nous avons commencé il y a dix ans et qui représente toujours plus de 80 % de notre activité ; les établissements de santé, comme les cliniques et les EHPAD ; l’hôtellerie, principalement l’aménagement de chambres dans des structures quatre étoiles ; et enfin un segment plus divers, comme le projet d’une école de gendarmerie sur lequel nous travaillons actuellement.

Vous parlez du domaine nautique, comment êtes-vous entré dans ce secteur ?

C’est par là que nous avons commencé le contract. Une entreprise travaillant avec Les Chantiers de l’Atlantique a été liquidée il y a une dizaine d’années, et comme il s’agissait d’amis, mon père, Alain Liault, aujourd’hui directeur de CELIO, a proposé de continuer leur activité au sein de notre société. Nous avons donc recruté la personne à la tête de leur bureau d’étude, le chargé d’affaires et le dirigeant de l’entreprise. C’est ainsi que nous avons mis le pied à l’étrier en 2014. Ce secteur reste extrêmement porteur pour nous : nous venons de signer un accord pour la réalisation de six navires de 2 000 chambres chacun, qui devraient être livrés au cours des trois prochaines années.

Quelles sont les différences entre ce domaine et l’hôtellerie classique ?

Pour les navires, nous travaillons uniquement sur les chambres de l’équipage et des passagers, tandis que dans l’hôtellerie, nous pouvons intervenir sur l’ensemble des espaces. La principale différence entre les chambres pour navires et celles pour hôtels réside dans le gain de place et la fonctionnalité : les modules doivent être légers. La culture du poids est particulièrement importante aux Chantiers de l’Atlantique, car elle implique moins de consommation d’énergie. Par ailleurs, la volonté de diversifier les intervenants et les entreprises sur des projets d’une telle envergure reste forte : il n’est pas possible de tout réaliser seul.

CDA Celebrity-edge ©CELIO

Comment votre bureau d’étude accompagne-t-il cette activité ?

Notre bureau d’étude compte six personnes sur les 180 présentes sur le site de La Chapelle Saint-Laurent. Nous avons choisi de ne pas le spécialiser afin de conserver une diversité d’approches. C’est souvent cette vision élargie et l’expérience acquise sur différents projets qui nous permet de trouver des solutions à des problèmes complexes. Notre bureau d’étude joue également un rôle important en termes de créativité, en étant force de proposition vis-à-vis des architectes avec lesquels nous travaillons.

Finalement, comment l’entreprise a-t-elle évolué depuis sa création ?

Quand mon grand-père a créé la société, elle fabriquait des lits de coin, des cercueils et de nombreux autres objets. Progressivement, elle s’est transformée et industrialisée. Lorsque mon père est arrivé, nous nous sommes spécialisés dans les armoires et les dressings, puis dans l’univers de la chambre. Nous sommes restés dans ce domaine jusqu’au milieu des années 2000, lorsque l’univers du salon a fait son apparition, suivi du contract une dizaine d’années plus tard. Cela nous a permis de nous diversifier.

Par opportunité, nous avions déjà réalisé ponctuellement des établissements de santé, mais nous avons décidé de miser sérieusement sur ce segment, à la fois en interne et en participant à des salons comme EspritContract. Il y a quatre ans, nous avons lancé un important projet d’investissement de dix millions d’euros : nous avons agrandi l’usine de 3 000 mètres carrés supplémentaires et mis en place un équipement industriel automatisé. Ce renouveau nous a permis d’entrer sur un nouveau type de marché, avec une capacité de production de petites séries rentables à partir de 15 ou 20 modules. Un nouveau champ des possibles s’est ainsi ouvert à nous !

Okko hôtel ©CELIO
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13/11/2025
Studio 5.5 : Designer à dessein

Designer à desseinCo-fondateurs emblématiques « et de plus en plus radicaux » du Studio 5.5, Jean-Sébastien Blanc et Claire Renard évoquent les enjeux qui émaillent le monde du design et les contradictions qui y sont liées.

« Quand j'étais étudiant, j'avais toujours une forme de déception à toujours créer sans jamais réparer les objets. La forme était généralement davantage valorisée que le concept. Je crois qu'avec les 5.5, on avait besoin de prendre le contre-pied » analyse Jean-Sébastien Blanc, co-fondateur du studio. Alors l'aventure a commencé. Avec « La médecine des objets » d'abord, un projet manifeste et inattendu au début des années 2000, suivi de « Réanim », sa version sérielle à l'origine d'un ouvrage intitulé « Sauver les meubles ». « On a été les premiers à concevoir le design sur la base de l'upcycling, et à l'époque nous avons été très médiatisés pour cette approche. »  

Mais le véritable projet « structurant » du studio, a été la revente de vaisselles en plastique faite par Arc. « La marque est venue vers nous pour faire une collection 100 % plastique. À cette époque, nous avions dit oui, mais en proposant une alternative qui réinventait les invendus de la marque. Ils ont réalisé la première collection avant de nous annoncer sa destruction pour des raisons de réorganisation de la société. On a donc décidé de récupérer les 42 000 pièces et elles ont été vendues en seulement quatre ventes en France et en Italie » explique Claire Renard. Une prise de position qui a permis au groupement de designers de se faire connaître au-delà de la sphère design.

Une chaise réparée grâce au projet Réanim ©5.5

Interroger la contradiction

« Charlotte Perriand disait que le design doit servir l'humain. Or, l'humain a déjà tout ce qui lui faut et il n'y a, de fait, plus de nécessité de créer. On doit vraiment se questionner sur notre rôle » avoue Jean-Sébastien Blanc, selon qui les 5.5 sont les premiers designers de la décroissance. « Aujourd'hui, un bon designer fait décroître la consommation. Ça paraît contradictoire, mais c'est notre vision. Notre place en tant que créateur ne doit plus être de proposer de nouveaux objets, mais de questionner notre rapport à eux. Et c'est ce qui nous a fait connaître quand on a commencé à réparer des objets du quotidien en 2002. » Un paradigme en place depuis longtemps, à associer avec la question du design démocratique. « Notre démarche a toujours été de faire du design pour tous. Le problème, c'est qu'aujourd'hui cette notion est souvent associée à celle du consumérisme. Pour nous, l'enjeu ne concerne pas tant les utilisateurs que les créateurs. C'est l’idée que nous avions en travaillant avec les artisans de chez Bernardaud pour la série 1 000 tasses. L'enjeu était de redonner du pouvoir et de la liberté de création aux ouvriers. En fait, la démocratie dans le design, c’est surtout s'interroger sur la manière de valoriser toutes les classes sociales » explique Claire Renard.

Le projet Bernardaud ©5.5

Mais outre l'humain se pose aussi la question environnementale éminemment centrale dans l'histoire du studio. « Aujourd'hui, nous ne voulons plus être au service de, mais exprimer notre opinion. Le design doit être politique avant d'être esthétique. » C'est sur le fond de cette perception que le studio a présenté à l’exposition universelle d’Osaka son projet Muji-Muji, une matérialisation de notre vision, à l'échelle de la micro-architecture. Initiée pour repenser l'image de Muji, cette construction est un véritable lieu de vie basé sur les objets de la marque japonaise. « On s'est dit que pour incarner la marque, il fallait la vivre et c'est pour ça qu’on a créé un meuble à habiter qui répond à des fonctions simples comme se nourrir, se laver ou dormir. » Un bâtiment imaginé en six modules comme six tranches de vie, conçu dans la lignée d'autres constructions réalisées il y a quelques années par Jasper Morrison, Konstantin Grcic et Naoto Fukasawa. Un projet « au design universel » qui propose une relecture de l'habitat en phase avec les exigences de notre époque et la volonté du studio de ne plus créer de nouveaux objets mais d’inviter à décroitre en repensant les acquis. Un changement de paradigme, où l’objet cède progressivement du terrain à la parole, de nouveau illustré lors de la Paris Design Week 2025, ou « 577 chaises : l’hémicycle citoyen », a été présenté dans la cour d’honneur du musée des Archives nationales pour dénoncer « la mise en danger de la démocratie ».

La Manifesto House réalisé avec Muji ©5.5

Un retour personnel au design manifeste

En parallèle de son activité au sein du studio, Jean-Sébastien Blanc développe son propre univers, en rupture totale avec les conventions. Du diffuseur AIRWICK à la lampe iJobs en passant par l’haltère Red bull, les formes « se rapprochent du design froid et aseptisé des premières créations du studio. » Plus personnel et dans une certaine mesure poétique, chaque objet trouve un écho dans l'approche globale des 5.5 : sobre et upcyclé, radicale et engagée. Réalisée comme des pièces uniques, ces créations invitent l'utilisateur – ou le spectateur – à questionner son rapport à l'objet, à sa propre consommation. « L'idée n'est pas de créer pour créer, mais d'initier des changements » affirme le designer. Bien loin des créations à succès des 5.5 comme la clé USB en forme de clé, écoulée à cinq millions d'exemplaires, et du design sériel auquel il a été formé, Jean-Sébastien Blanc propose une approche alternative, où le sens remplace le besoin, et la réflexion, l'acte d'achat.

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13/11/2025
L'Orient Express de Maxime d'Angeac, un voyage dans l'Art déco

Pour célébrer les cent ans de l’Art déco, le Musée des Arts Décoratifs de Paris rend hommage à ce style majeur. Au cœur du parcours, les wagons signés Maxime d’Angeac offrent une relecture contemporaine du luxe et du voyage selon l’esprit Art déco.

Dans le cadre de l’exposition « 1925-2025. Cent ans d’Art déco » visible au Musée des Arts Décoratifs de Paris jusqu’au 26 avril 2026, l’architecte et designer Maxime d’Angeac dévoile le futur Orient-Express. Un véritable hommage à ce train mythique, mais également aux savoir-faire d’excellence et au raffinement stylistique de ce mouvement. À cette occasion, nous lui avons posé cinq questions sur sa démarche, ses inspirations à l’origine de ce projet hors du commun alliant au patrimoine, la création contemporaine.

Depuis quand travaillez-vous sur ce projet et combien d’ateliers ou d’artisans vous accompagnent ?

Je travaille depuis janvier 2022 sur ce projet. Ce qui est exposé au Musée des Arts Décoratifs représente près de 180 000 heures de conception. Nous avons travaillé avec de nombreux savoir-faire qui ont nécessité une trentaine de maîtres d’art et d’artisans de haute facture.

© Alixe Ley

En quoi l’imaginaire autour de ce train mythique vous a-t-il inspiré ?

La marque Orient-Express est source de curiosité, de développement, de richesses… Elle est en réalité plus riche d’imaginaire que de matérialité. Elle est porteuse de légendes et convoque la géographie, l’histoire, la littérature et le cinéma. C’est une marque culturelle qui a marqué son temps par la vision du voyage au début du XXᵉ siècle, et dont je me suis inspiré.

© Alixe Ley

Justement, comment avez-vous travaillé les ambiances pour que l’intérieur soit à la fois un hommage à l’Art déco et un décor contemporain ?

Je me suis inspiré du vocabulaire et de la grammaire de l’Art déco, puis j’ai réappliqué les mêmes principes à la conception d’un train. Je me suis aussi appuyé sur les archives de l’Orient-Express, auxquelles j’ai fait des références subtiles et des clins d’œil, sans pour autant copier ou reprendre avec exactitude et nostalgie. Il a également fallu intégrer des technologies inexistantes à l’époque. J’ai donc surtout fait un travail d’ensemblier contemporain, en me nourrissant des savoir-faire de mes interlocuteurs, tous ancrés dans le XXIᵉ siècle et les préoccupations actuelles. Nous avons par exemple sourcé des bois, limité l’utilisation des cuirs, évité le gâchis, réduit les transports inutiles, fabriqué en France, contrôlé l’isolation des volumes pour éviter les déperditions…

© Alixe Ley

Dans l’exposition, on voit de nombreux croquis et vous abordez la question du Modulor développée par Le Corbusier. Votre approche est-elle proche de celle que l’on pouvait rencontrer il y a un siècle ?

Dans mon studio, nous travaillons beaucoup à la main. Chacun a un crayon et du papier à côté de son ordinateur, et je tiens à ce que les idées soient d’abord exprimées ainsi. Cela ne donne pas forcément de beaux croquis, mais permet une expression directe des intentions : les épaisseurs, les jonctions, les finitions, les proportions. L’ordinateur est évidemment indispensable, mais il ne suffit pas à lui seul. Quant au Modulor, j’ai toujours accordé une grande importance aux proportions, à la recherche du bon rythme, du bon plan, des bonnes lignes. Mes études m’ont conduit à explorer Pythagore, le nombre d’or, puis leurs prolongements, dont le Modulor de Le Corbusier, un système intéressant. Le fond du sujet reste pour moi la place de l’homme dans l’espace, qu’il soit assis, debout, couché.

© Alixe Ley

Les pièces utilisées dans ce projet ont-elles été créées pour l’occasion ou proviennent-elles de mobilier déjà édité ?

Tout a été dessiné sur mesure, puis créé par mon studio. J’ai la chance d’avoir autour de moi des personnes talentueuses et curieuses, qui me permettent d’assurer une production importante afin de répondre aux attentes de la marque, que ce soit sur rail ou sur mer. Par exemple, le fauteuil du train est dissymétrique, car il est toujours placé contre un mur. Il doit pouvoir pivoter, passer ses accoudoirs sous la table lorsqu’elle est levée, rester stable grâce à une base plutôt que des pieds afin de préserver les orteils, et être suffisamment large pour éviter tout basculement. Certains meubles, lampes ou tapis du train ou du navire sont entièrement dédiés à la marque et ne seront pas commercialisés. Les autres, nombreux, seront édités par différentes Maisons qui nous font déjà envie.

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