Architecture

Depuis septembre 2023, le cuisiniste allemand Bora à ouvert au public les portes de son nouveau bâtiment de Herford, en Allemagne. Un lieu architecturalement innovant et en phase avec les valeurs de la marque.
Pour abriter son nouveau showroom de Herford, l'équipementier de cuisine haut de gamme Bora a fait appel à l'architecte Peter Lorenz. Une collaboration qui a abouti à un bâtiment d'environ 2000m² qui accueille le magasin de la marque, une cuisine d'exposition, un restaurant et des surfaces dédiées aux partenaires. Ouvert au public en septembre 2023, l'édifice de deux niveaux structurellement surprenant, reflète la philosophie novatrice de Bora. Fondée en 2007, la marque qui emploie désormais 500 collaborateurs à travers le monde, a reçu plusieurs prix d'innovations parmi lesquels le Red Dot Awards, le German Design Awards, ou l’Iconic Awards.

Une architecture à la limite de l'impossible
Haut de 13,5 mètres et long d'une centaine, le bâtiment se différencie en tout point des constructions industrielles classiques. Construit sur des pilotis dégageant un parking couvert de 80 places, le bloc habitable de 10 mètres de haut semble déformé. La structure en acier en forme de losange aux coins arrondis est entièrement vitrée sur ces deux extrémités. Autour, l'enveloppe métallique perforée du bâtiment se déploie ponctuée de grands panneaux de verre coloré. Un design qui laisse passer la lumière et offre à l'ensemble un aspect futuriste.
Mais c'est véritablement la façade sud surplombant la voie rapide qui a représenté un défi technique. Désirant apporter du dynamisme à la structure, l'architecte à réalisé une paroi inclinée à 42°. Cette forme particulière aux nombreuses contraintes techniques peut se déformer jusqu'à 13 centimètres pour éviter une rupture. Un défi pour l'architecte Peter Lorenz, à l'origine d'autres sites de la marque, que rien ne « motive plus que l'opportunité de sortir de l'architecture de routine pour réaliser des solutions d'exception ».

Un édifice bien dans son époque
A l'intérieur, la structure du bâtiment est apparente. Visibles, les poutres répondent au principe d'architecture du créateur et au désir de la marque de mettre en avant l'aspect technique, en accord avec la philosophie des produits Bora. Outre l'aspect structurel, l'enveloppe du bâtiment et son inclinaison permettent une communication visuelle entre les personnes situées de chaque côté des fenêtres. Quant à la lumière, elle est accrue par un toit vitré composé de deux éléments de 63m² chacun surplombant les espaces lounge et restauration. Cette infrastructure « cabriolet » peut également s'ouvrir, conférant au lieu une atmosphère unique, sans trop de nuisances sonores dues à la voie rapide. « Il n'y a pas de toit de verre coulissant plus grand en Allemagne » affirme l'architecte pour qui « la mise en œuvre a été un véritable défi [...] et constitue l’une des raisons pour lesquelles ce projet a été si exigeant. »
Mais la construction prend également en compte les critères environnementaux, difficilement dissociables d'un tel projet. La surface restante sur le toit est entièrement recouverte de panneaux solaires alimentant le bâtiment en énergie. Quant à la consommation thermique, elle est prise en charge par un système de géothermie constitué de 20 sondes s'enfonçant à 130 mètres de profondeur. L'eau peut ensuite être stockée dans une cuve de 200 litres qui assure l'autonomie du bâtiment en période hivernale.

« Ravissez-moi avec une proposition unique au monde. »
Innovant de par son architecture et les prouesses qui lui ont permis de sortir de terre, ce bâtiment s'affiche comme le dernier fleuron de la marque. Avec sa conception durable implantée dans un parc, son confort intérieur et sa localisation surplombant un axe de circulation important, Bora inscrit ce projet comme un véritable porte-étendard de sa philosophie. Le fondateur de l'entreprise Willi Bruckbauer avait dit à l'architecte : « Ravissez-moi avec une proposition unique au monde. » C'est désormais chose faite par un savant mélange de technique et avant-gardisme.


Pour sa première édition, EspritContract se tiendra du 18 au 21 novembre au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Plus d’informations sur : https://www.espritmeuble.com/fr/secteur/contract
Fondée en 2009 par Yann Martin et Benjamin Clarens, l'agence CUT architectures conçoit des projets contract qui se veulent les plus hybrides possibles. Toujours ouverts aux nouvelles opportunités, leurs réalisations sont tournées vers l'hôtellerie, la restauration, mais s'étendent plus largement au domaine public. Une multiplicité de savoir-faire, que l'agence prend plaisir à mêler pour proposer des projets toujours plus diversifiés, si l'on en croit les dires des deux co-fondateurs.
Yann Martin et Benjamin Clarens se rencontrent en 2006 et commencent très vite à travailler ensemble puisqu'ils mènent un premier projet à Chaumont-sur-Loire dans un palais qui leur permet de gagner en visibilité. S'en suivent des premières commandes privées dans le résidentiel, qu'ils élaborent en parallèle de leur travail en agence. Deux ans plus tard en 2008, ils créent la structure CUT architectures. Ils décident alors de s'ouvrir au contract et plus spécifiquement vers le secteur du commerce. Durant cette période, ils accompagnent notamment l'enseigne Café Coutume, encore naissante à l'époque. Ils développent ensuite leur savoir-faire, en élaborant plusieurs restaurants PNY à Paris. Aujourd'hui composée de 11 personnes, l'agence opère sur des projets à différentes échelles.

Que représente le contract dans les projets de l’agence ?
90 % de nos livraisons sont dédiés au contract. Aujourd'hui, on travaille sur des projets très hybrides qui vont du particulier au secteur public pour des équipements, du logement social ou de l'hôtellerie. Main certains de nos travaux ne sont pas considérés comme contract puisqu'ils touchent au secteur public, bien qu’ils s’y rapprochent. C’est le cas par exemple du nouveau pôle du ministère de la Culture, que l’on développe en collaboration avec l’atelier Novembre pour lequel nous avons transformé une série d’hôtels particuliers en futurs espaces de travail, dont la livraison est prévue pour début 2024.

Qu’est-ce qui a changé depuis vos débuts il y a 15 ans ?
Le contract est un secteur qui a longtemps désintéressé les architectes. Pendant des années, les enseignes ouvraient sans faire intervenir de professionnels. Aujourd’hui, c’est presque devenu un centre d’intérêt évident pour tous les architectes et professionnels du secteur. Un business naissant va aujourd'hui plus logiquement avoir recours à quelqu’un qui a de l’expertise dans le domaine pour imaginer ses espaces. Avant, on pouvait être un hôtel tant que l’on offrait des lits et un minimum d’accueil, mais ce n’est plus suffisant dans l’état actuel des choses.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées lorsque vous pensez un projet ?
La difficulté première est d’arriver à trouver un équilibre entre les désirs d’un client et nos envies d’expérimenter et tester des choses. Des variables à respecter dans un délai souvent très court qui doit être viable en fonction d’un calendrier et d’un budget définis. Il y a beaucoup de contraintes et en même temps la nécessité d’être assez créatifs. Ensuite, il faut évoquer nos projets liés au réemploi, qui sont à la fois une avancée et un enrichissement certains, mais également une contrainte. En effet, pour ces projets spécifiquement tout n’est pas totalement automatisé.

Partons du CXC au siège de BNP Paribas, que nous avons livré l'an dernier. Il s'agit d'un projet pilote poussé à l’extrême en termes d’upcycling et de réemploi. C’est une dimension nouvelle vis-à-vis du contract. Le mobilier que l’on a dessiné est p à partir d’éléments upcyclés tandis que le mobilier mobile provient à 90 % de l’ancien site ou d’un catalogue de réemploi. Et bien qu'il s'agissent de sujets soient qu’il faut continuer à développer, nous avons très vite été confrontés à la réalité. Les process sont plus longs et plus coûteux, il faut donc que les clients soient flexibles et prêts à investir davantage si nécessaire.
Des projets ou défis à venir ?
Nous avons effectivement plusieurs chantiers en cours. Nous avions travaillé le projet Grand Scène à Lille qui a ouvert il y’a deux ans et demi. On travaille actuellement sur un 2e format, qui va mélanger Food Court et Brasserie, également dans le Nord, pour une ouverture en septembre 2024. Nous avons également un contrat avec VI Paris sur le Palais des congres, où l’on restructure tout un pied du palais ainsi que les abords extérieurs, dont la fin de chantier est prévu pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Dans la continuité du projet du Pullman Montparnasse, nous lançons bientôt une étude pour y installer un spa. Ce qui nous intéresse surtout c’est de pouvoir traiter de sujet enrichissants, sur lesquels nous n’avons pas encore eu l’occasion de travailler, comme ça a pu être le cas de la NFT Factory notamment. Il y a une multiplicité de sujets qui émergent et qui attendent juste d’être exploités.

L’exposition « Conserver, adapter, transmettre » présente 44 projets parisiens en étude ou en chantier ayant pour point commun de composer avec l’existant, dans les murs d’un Pavillon de l’Arsenal lui-même promis à la transformation.
Faire la ville sur la ville : voilà vingt ans à peine, ce slogan vous rangeait dans le camp des conservateurs, voire des passéistes. Être résolument moderne, c’était détruire sans trembler, jeter à bas le vieux monde pour en construire un neuf. Alexandre Labasse, directeur du Pavillon de l’Arsenal, qui organise l’exposition « Conserver, adapter, transmettre », rassemblant une quarantaine de projets de transformation en cours dans la capitale, rappelle que le Plan Voisin, présenté par Le Corbusier lors de l’Exposition des arts décoratifs de 1925, projetait de raser le centre de Paris pour y édifier une ville moderne faite de dix-huit tours d’une trentaine d’étages. Visible sur le Net, une reconstitution vidéo de l’architecte allemand Clemens Gritl nous plonge dans cette provocation restée dans les imaginaires comme un repoussoir de la modernité, exagération d’idées qui se réaliseraient de façon moins ostensible mais tout aussi brutalement après la Seconde Guerre mondiale.

La destruction des centres-villes occidentaux par l’urbanisme a engendré des dispositifs de protection patrimoniale jugés parfois excessifs. Entre destruction totale et conservation absolue – l’une et l’autre n’étant jamais advenues –, une voie intermédiaire s’est dessinée à partir du mitan des années 1990, celle de « faire avec », esquissée dans l’exposition du Pavillon de l’Arsenal « Architecture 1 + 1 », en 1996. Vingt-sept ans plus tard, plus de 70 % des demandes de permis de construire concernent des projets de transformation, observe Alexandre Labasse. Le signe d’un changement d’époque et de pratiques architecturales qui évoluent massivement, autant par choix que par nécessité.
Tout transformer
Que transforme-t-on à Paris en 2022 ? La diversité du patrimoine et des bâtiments frappera le visiteur de l’exposition. Certains projets induisent des changements d’usages, avec une partie de transformation de bureaux en logements ou en programmes mixtes, comme le siège de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris converti en logements, bureaux et services par une équipe d’agences d’architecture (Perrault, MBL, H20 et Nicolas Dorval-Bory). Le passage de l’individuel au collectif d’architectes est un autre témoin du changement des temps. De l’immeuble d’activité converti en espace de coworking (rue Joseph-de-Maistre, par Vincent Eschalier) au hangar militaire réaffecté à l’accueil des migrants (La Boulangerie, par François Brugel et Atelier Rita), les programmes reflètent les pratiques et les crises contemporaines. Ils témoignent des dernières mutations industrielles, avec la reconversion de bâtiments assurant la distribution d’électricité pour le métro ou la ville (celle de la sous-station Cerisaie par Ciguë, Vétillard et Neufville-Gayet), ou la déprise de l’automobile, avec la transformation des immeubles-garages, objet d’une précédente exposition à l’Arsenal sous le commissariat de l’agence Data, qui réalise la transformation du garage de la rue Lamarck.


Un dernier lot de projets remet au goût du jour des immeubles construits dans les années 1960. Plus qu’un lifting, ils redonnent un coup de jeune à des ensembles devenus obsolètes en termes d’équipements, de performances, d’espaces, de fonctionnalités et d’image. Qu’est-ce qui est moins pérenne que la modernité, soulignent les opérations de la tour des Poissonniers (AUC+Fagart & Fontana, Paris XVIIIe) ou de la rue Bayen (Baumschlager+Eberle, Paris XVIIe) ?

La loi du carbone
Ces projets qui seront livrés dans les deux à trois prochaines années ont eu des précédents récents, comme la reconversion de l’ancienne préfecture du boulevard Morland par David Chipperfield en logements, hôtels, bureaux et huit autres programmes, et la rénovation de la tour Bois-le-Prêtre, par Lacaton et Vassal. La bonne santé du secteur immobilier parisien facilite leur réalisation. Le manque de terrains disponibles les encourage, ainsi que la conservation de droits à construire disparus des PLU contemporains, mais c’est surtout l’agenda environnemental qui impose la transformation, auparavant une hypothèse souvent perdante face à la démolition.


L’intégration de la donnée carbone dans les projets d’architecture commande la conservation de la structure pour réduire les émissions de CO2 de 250 kg/eqCO2/m2, sur les 750 émis lors de la construction d’un bâtiment neuf. Suivant les cas, la préservation de la façade et l’amélioration de l’enveloppe permettront de réaliser d’autres économies d’énergie et de CO2. Cependant, nous n’habitons pas des bilans carbone, et l’intérêt de ces opérations tient aux améliorations spatiales et fonctionnelles qu’elles introduisent dans des bâtiments existants. Plus de lumière, plus de confort, plus de considération pour les espaces intermédiaires des courettes et des terrasses et, lorsque les façades ne sont pas transformées trop profondément, la valorisation d’écritures architecturales récentes mais mal considérées… La transformation de l’existant, une pratique constante de l’architecture éclipsée durant quelques décennies, revient au cœur de la création avec des effets parfois spectaculaires, à l’instar de la transformation sur le Front de Seine de la tour Cristal par l’agence danoise BIG. Comme le design ou la mode, l’architecture réapprend à faire avec.

Le restaurant Ardent a ouvert à Paris dans le quartier du Faubourg-Montmartre en septembre après quatre mois de travaux. Mené par l’agence d’architecture DOD dirigée par David-Olivier Descombes, Ardent est un projet qui joue avec les contrastes, en jonglant avec un aspect plus brut, à l’image de la cuisine proposée à la carte.
Depuis sa création en 2009, l’agence d’architecture DOD mène des projets à la fois pour le résidentiel et le contract. Son fondateur, David-Olivier Descombes, formé à l’École Supérieure d’Architecture Intérieure de Lyon et à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, aime travailler les espaces pour en créer des lieux uniques, qui ressemblent le plus possible à ses clients. « Je veux faire des projets qui soient ceux des clients, pas les miens. C’est quelque chose de très important pour moi » confie David-Olivier Descombes. Avec Ardent, le défi qui lui a été lancé avec son équipe a été de réhabiliter un ancien restaurant de cuisine asiatique en un lieu à la fois simpliste mais avec tout de même une touche atypique.

Un équilibre dans les contrastes
Avec une cuisine dite « brute », en raison de la cuisson au feu de bois de ses plats de l’entrée au dessert, le restaurant Ardent est le résultat d’un travail sur les contrastes et les espaces de partage. « Plus il y a de contraste et plus on arrive à transmettre de choses selon moi » explique l’architecte d’intérieur. Ainsi, là où l’espace bar et cuisine se fondent dans des murs et du mobilier noir, le reste de la salle s’appuie sur des tons plus clairs, accentués par la lumière naturelle produites par les baies vitrées qui entourent le restaurant, offrant ainsi un contraste intéressant. Les tables, les chaises et les banquettes s’habillent de tons clairs avec l’utilisation de cuir et de bois. Quant aux murs, ils sont ornés de miroirs aux allures vintages tandis que des carreaux de carrelage blancs tapissent l’espace salle à manger.


À travers l’utilisation de matériaux tels que du bois brûlé pour l’espace cuisine, du cuir naturel pour les banquettes, du bois pour les tables et chaises ou encore du carrelage pour les murs, l’agence DOD offre aux clients un jeu et une harmonie des matières, pour un résultat tout en sobriété. « Je ne voulais pas être dans la sophistication. Nous avions un point de départ : le côté brute de la cuisine, il a donc fallu jouer avec les matières pour proposer un aspect plus doux au reste de l’espace, pour arriver à un équilibre » conclu-t-il.

L’adresse emblématique de la maison Carita au Faubourg Saint-Honoré s’est permis une remise en beauté. Un projet de réhabilitation qui a demandé plus de deux ans de travaux et qui a été mené par le studio REV, formé par le duo d’architectes franco-italien Sophie Thuillier et Cristiano Benzoni.
Créée en 1946 par les soeurs Maria et Rosy Carita, la maison de beauté Carita – membre du groupe l’Oréal depuis 2014 – prend soin de tous ceux qui franchissent ses portes depuis plus de 70 ans. Logée au 11 rue du Faubourg Saint-Honoré depuis 1952, cette adresse emblématique avait été mise en pause pour deux ans le temps de travaux de réhabilitation. Sous la direction du studio REV, retenu pour prendre en charge le projet, la nouvelle maison Carita propose une expérience à la hauteur de l’héritage de la marque. « Nous avons voulu travailler sur un système de luxe sobre, en travaillant l’architecture de manière à proposer une identité qui soit noble. »
Un projet de restructuration total
Pour cette restructuration, c’est toute l’architecture du lieu qui a été repensée, en commençant par son entrée. Longue d’une dizaine de mètres, cette allée qui s’avère être une ancienne cour d’immeuble, méritait d’être appréhendée différemment. Partant avec la contrainte de ne pas avoir de vitrine sur rue comme peuvent l’avoir d’autres enseignes, les architectes du studio REV ont voulu renverser cette tendance et imaginer une solution pour que cette distance avant d’arriver à la boutique soit plus courte, et attire le client vers l’intérieur. Ils ont donc créé cette arche afin de « faire sentir que la boutique démarre dès le porche. Notre volonté était d’intriguer et d’aspirer les clients dès l’entrée « témoigne Sophie Thuillier.


Au sein de la maison de beauté, qui s’élève sur cinq étages, se dévoile une sorte de promenade architecturale. Des jeux d’ombres et de lumières provoquées par les 777 pastilles du lustre sur mesure qui surplombe le lieu, s’accordent avec le reste de l’architecture du lieu. « Nous avons voulu inviter au maximum la lumière au sein de l’espace et la travailler comme une matière à part entière » explique Cristiano Benzoni. Le noir et le blanc sont les couleurs dominantes, dans l’optique de rester fidèles à l’identité de la marque. Pour autant, des pointes de rose pâle (en référence à la couleur chair de la peau), ont été ajoutées subtilement pour apporter une touche de sensualité et d’élégance.
Un engagement environnemental
Si le projet de départ était celui de repenser le lieu, les architectes du studio REV ont veillé à adopter une démarche RSE, à travers l’utilisation de matériaux recyclés, comme la réutilisation de 80 % des chutes de gravas récupérés après démolition. Ainsi, la majorité des matériaux utilisés sont naturels, géosourcés et durables dans le temps. De la même manière, tous les partenaires ayant participé au projet sont eux-mêmes engagés et ont été choisis spécifiquement pour cette raison.

Et cet engagement se retrouve au-delà du chantier puisqu’un travail sur l’éclairage a également été réalisé de manière à faire des économies d’énergie. Aussi, la Maison de beauté Carita bénéficiera de la technologie « Water Saver Portfolio », pour réduire la consommation d’eau à travers l’installation de la «douchette» innovante, fruit d’un partenariat entre L’Oréal et Gjosa. Cette dernière équipera tous les bacs à shampooings de la partie salon et permettra d’économiser jusqu’à 60 % d’eau !

Un service sur-mesure, comme à la maison
Hormis cet aspect architectural, la maison de beauté Carita, c’est avant tout une expérience unique de soins. Chaque étage du salon propose un service différent, répondant aux besoins de chaque client. En effet, l’adresse du Faubourg Saint-Honoré est équipée d’un espace boutique, d’un salon de coiffure, d’un espace dédié au regard, de 11 cabines – dont une double – permettant de prodiguer les meilleurs soins en toute intimité et du restaurant le Rosy, tenu par la cheffe Amandine Choignon.

Autre service prestigieux du lieu : la mise à disposition d’un appartement de beauté que les clients peuvent privatiser pour une journée ou quelques heures… Tout est possible. « Nous avons voulu créer une transition qui soit la plus fluide possible pour chaque espace pour ne pas avoir la sensation d’être dans une boutique classique. Car la maison de beauté Carita n’a rien de classique » concluent Sophie Thuillier et Cristiano Benzoni.

Situés en plein cœur du 15e arrondissement entre l’avenue Emilie Zola et la rue Violet, les bâtiments Biome forment un écosystème, en adéquation avec les attentes actuelles de la capitale. Un projet mené par les agences YMA et Jouin-Manku, dont les premiers locataires sont attendus pour l’été 2023.
Le projet Biome débute en 2017, lorsque la Société Foncière Lyonnaise (SFL) décide de se lancer un défi pour le moins ambitieux : réinventer l’ancien siège du groupe d’assurances SMABTP pour le transformer en un environnement de travail dernière génération. Les travaux débutent en 2019 et durent deux ans et demi, avec entretemps un arrêt de quelques mois dû à la crise sanitaire. Au total, Biome regroupe 24 000 m2 de terrain, dont 21 000 m2 de bureaux, 400 m2 d’espaces de coworking ainsi que 700 m2 de logements (situés rue Violet). « Nous souhaitions casser les codes du bureau fonctionnel en se rapprochant de l’hôtel, de l’espace domestique. Le bureau n’est plus simplement le lieu de la production, c’est aussi un lieu d’interactions » explique Dimitri Boulte, PDG de la SFL.

Biome, des bâtiments entre urbanisme et espaces verts
Parti de la structure d’origine imaginée par Raymond Lopez et Henri Pottier dans les années 60, « ce bâtiment était un OVNI qui ne ressemblait pas aux autres autour de lui » confie Patrick Jouin. L’idée pressentie par les architectes était en effet de partir de ce qui existait au maximum et de le réinterpréter. Le bâtiment d’origine est donc réhabilité tandis qu’en parallèle, les deux agences imaginent un exosquelette, qui viendrait se greffer au premier bâtiment et permettrait de créer un nouvel équilibre avec le jardin. Un exosquelette à la structure totalement inédite puisque chaque poteau qui compose cet habitacle en béton est différent des autres, mais pourtant, le résultat est totalement aligné. « Nous étions dans cette quête de l’unique. Concernant le choix du béton, on le voit généralement comme quelque chose de négatif alors qu’il a de nombreuses qualités. Cette fois-ci, nous avons voulu le présenter comme un matériau noble » explique Yrieix Martineau, de l’agence YMA.


Répondre aux enjeux liés à l’espace de travail et à la ville de Paris
La crise sanitaire ayant accéléré la démocratisation du télétravail, rendre l’espace de travail plus attractif est devenu un vrai défi. Ainsi, en créant Biome, il a fallu penser à la fois à ces nouveaux enjeux de travail ainsi qu’aux contraintes données par une ville aussi dense que Paris. « Aujourd’hui, le vrai défi à Paris est de créer des bâtiments qui véhiculent une image de modernité » témoigne Dimitri Boulte. En effet, les meneurs du projet ont dû étudier en amont les attentes des travailleurs d’une part, mais également celles des habitants du quartier. « Ce n’est jamais simple de faire un bâtiment de cette envergure dans une ville. Ça a été une vraie aventure du début à la fin » ajoute Sanjit Manku.


Et les jardins, qui devraient fleurir davantage d’ici l’été 2023, permettent d’apporter une touche de verdure et une bouffée d’oxygène nécessaires. « On est en cœurs de ville, mais il y a de l’espace, de la vie, de l’air. Il est important dans une ville comme Paris d’avoir des espaces de respiration » conclut Patrick Jouin.

Carbone, nouveau club parisien situé dans le 10e arrondissement, a été lancé par l’agence H A ï K U en collaboration avec Entourage Paris et Culture. Côté architecture, c’est Nicolas Sisto qui s’est chargé de créer l’espace : un cube de béton brut mis à nu pour un résultat minimaliste, qui réserve son lot de mystères… et jeux de lumières.
Inauguré le 10 septembre, le club Carbone, dont la direction artistique a été imaginée et menée par l’agence H A ï K U, Entourage et Culture, propose de mêler l’architecture brutaliste à des jeux de lumières aux couleurs vives. Un lieu qui dévoile un DJ booth monolithique horizontal orange fluo, accompagné par un système son L-Acoustics, haute qualité.
Un projet aux valeurs responsables
Carbone Club imagine des soirées aussi minimalistes que son esthétique. En effet, il n’existe qu’un seul point de contact, via un numéro de téléphone unique que les clients doivent appeler pour obtenir les informations relatives à la programmation musicale de la semaine, le prix d’entrée, l’adresse…


Et puisque celui-ci se trouve au sous-sol de la Caserne – bâtiment qui se définit comme accélérateur de transition écologique et sociétale dédié à la filière mode et luxe en Europe – il était difficile d’imaginer ne pas avoir recours à des démarches responsables. Ainsi, la mise en lumière au sein du club a été réalisée par Matière Noire à partir d’éléments de leds recyclées (provenant d’une ancienne installation événementielle) et dissimulées derrière des panneaux de verre sablés. Aussi, le club Carbone s’est équipé de purificateurs d’air Andréa créés par Mathieu Lehanneur, un clin d’œil pour rappeler la nécessité vitale du carbone ?
Club Carbone
14, rue Philippe de Girard – Paris, 10e
Tél. : 07 56 81 51 56

Événement consacré aux architectes, architectes d’intérieur et agenceurs, le salon Architect@Work 2022 joue la carte des synergies en présentant une sélection de plus de 800 nouveaux produits proposés par 260 industriels participants. Un programme riche qui fait la part belle aux matériaux made in France, au French Design et au lien entre art et architecture.
Les 22 et 23 septembre, le Paris Event Center accueille la 15e édition du salon Architect@Work, un événement réservé aux prescripteurs du secteur de la construction et qui leur propose de découvrir nouveaux produits et innovations dans un cadre qualitatif propice aux échanges. Dans un programme riche en expositions, interventions et présentations, ce sont plus de 800 nouveaux produits qui viendront alimenter une réflexion générale autour des synergies du secteur, qu’il s’agisse de la pensée partagée au sein des agences d’architecture ou avec les responsables de maîtrise d’ouvrage, ou du débat croisé avec les industriels porteurs de solutions techniques et les structures accompagnatrices.

Innovation 100 % française et design d’espace
Outre la prise de parole des architectes, plusieurs temps forts vont rythmer Architect@Work 2022. L’équipe Innovathèque va mettre en lumière des entreprises françaises qui conjuguent savoir-faire et innovation autour de produits locaux, durables et de systèmes innovants 100 % made in France. Le French Design va présenter les architectures d’intérieur des meilleurs studios français (Isabelle Stanislas, Pierre Yovanovitch, Jean-Michel Wilmotte, etc.), lauréats du prix Le French Design 100 en design d’espace. Le lien entre art et architecture va trouver une nouvelle matérialité derrière les réalisations du sculpteur métal Philippe Desloubières.

En octobre 2021, dans le très bel hôtel particulier Vernon, créé entre le XVIème et le XVIIIème siècles, le studio Constance Guisset a été chargé des aménagements des espaces d’accueil – vestiaires et tisanière-boutique – du fonds de dotation de l’artiste coréen Lee Ufan.
Connaissant très bien la philosophie de ce grand plasticien, héritier du mouvement Mono-ha, la designer française Constance Guisset a choisi des matériaux et des teintes illustrant la vocation du lieu : des espaces de paix et de repos, propices au recueillement. « Parce que son son œuvre est très minérale, il fallait trouver un équilibre subtil dans le choix des matières et des tons neutres, afin d’adoucir la pierre et la rendre apaisante », explique-t-elle. Le chêne réchauffe en habillant les parois et les meubles aux lignes pures géométriques et essentielles, l’inox et le textile des panneaux acoustiques dialoguent avec la minéralité du sol. Des espaces à l’agencement clair et délicat soulignant l’architecture originelle des pièces, dont la sobriété incite à la quiétude. Un geste discret et respectueux, en harmonie avec l’esprit de cet écrin historique revisité, qui vient d’ouvrir ses portes au sein de la ville.
Ouverture depuis le 15 avril 2022 de Lee Ufan Arles, Hôtel Vernon 5, rue de Vernon 13200 Arles.

Après quatre ans de fermeture, le Pullman Paris Montparnasse a réouvert ses portes, plus en beauté que jamais. Une rénovation menée par le cabinet CUT Architecture, dans le cadre du projet « Les Ateliers Gaité » géré par le groupe Unibail-Rodamco-Westfield. Un nouvel hôtel aux multi-tâches, offrant à la fois des espaces où dormir, manger, travailler, faire du shopping ou même faire la fête.
Inauguré en décembre 2021, le nouveau Pullman Paris Montparnasse, fraichement rénové après quatre ans de travaux, offre son lot de surprises. Haut de 32 étages, l’hôtel abrite en effet 957 chambres, mais pas que. En effet, le Pullman Montparnasse c’est aussi : 1200m2 de bureaux exploitables dont une salle de réception de 742m2, deux restaurants, un centre commercial de 70 boutiques, une crèche ainsi qu’un tout nouveau Skybar perché à 115 mètres de hauteur. Un nouvel espace tout-en-un en adéquation avec la volonté de rendre le quartier de la Gaité-Montparnasse de plus en plus attractif. « Le Pullman Montparnasse fait partie des quatre gros porteurs parisiens qui avaient été construits dans les années 70. En fermant l’hôtel pendant si longtemps, on a fait en sorte de le repenser pour les 50 prochaines années. » témoigne le directeur général de l’hôtel, Jérome Cherpin.

Le cabinet CUT Architectures en charge du projet
Pour la rénovation de l’hôtel, le groupe Accor a fait confiance au cabinet d’architecture CUT. Pour cette agence pluridisciplinaire composée alors de 7 personnes au moment de l’acquisition du projet (ils sont aujourd’hui 12), il s’agissait d’un vrai défi à relever. « Le cabinet n’avait jamais travaillé sur un projet d’hôtellerie auparavant, c’était tout nouveau pour nous. Et finalement, l’hôtel combine plusieurs programmes : on y retrouve de la restauration, de l’aménagement d’espaces de travail, de chambres et d’espaces communs. » explique Benjamin Clarens, l’un des co-fondateurs de CUT.

En effet, le groupe Accor avait lancé un concours fin 2015 pour définir quel serait le cabinet en charge des rénovations. De la conception des chambres aux nouveaux restaurants en passant par l’impressionnante salle de réception, la ball room, ce projet a été l’occasion pour la cabinet d’évoluer de manière significative.


Parti avec peu de contraintes, si ce n’était d’avoir plus d’espaces dotés de lumière naturelle et respecter les contraintes matérielles liées à la condition d’IGH (Immeuble à grande hauteur) de l’hôtel, le cabinet est très satisfait du résultat. « À notre grande surprise, nous avions eu peu de contraintes dès le début du projet. Et au vu du résultat, nous sommes vraiment contents et fiers d’avoir tenu notre projet jusqu’au bout » confie l’autre co-fondateur de CUT, Yann Martin.

Le Skybar Paris, plus haut rooftop de la capitale, inauguré au Pullman Montparnasse
Perché à 115 mètres de hauteur au 32e étage, le Skybar Paris est la premier à ouvrir en Europe et va pour sûr devenir l’un des nouveaux espaces branchés de la capitale. Le plus : la terrasse qui offre une vue à 180° sur la Tour Eiffel, le Panthéon ou le quartier de la Défense. Un lien pensé pour vivre une expérience unique, et dont la gestion a été confiée à Guillaume Gerbois, habitué des hôtels renommés. Entre cocktails signatures et plats raffinés, le ton est donné.


La lauréate du prix du dessin d’architecture 2021 a été annoncée mardi 25 janvier au Sir John Soane’s Museum de Londres. Il s’agit de la Grecque Dafni Filippa pour « Fluid Strada – Flood – responsive Landscape performance », un dessin hybride qui combine différentes techniques de rendu mais également remarqué pour sa volonté de dénoncer l’urgence climatique.
Créé en collaboration avec le Sir John Soane’s Museum, Make Architects et le World Architecture Festival, The Architecture Drawing Prize (Prix du dessin d’architecture) célébrait sa cinquième édition. Ouvert aux candidats du monde entier, il présente chaque année des dessins architecturaux aussi visuels qu’innovants. Les critères de sélection du lauréat se basent d’une part sur les innovations offertes en terme d’architecture mais accorde évidemment une importance à la technique et à l’originalité. À propos de l’œuvre de Dafni Filippa, le musée a salué l’ingéniosité et la prise en compte des problématiques climatiques pour le projet : « Le projet de Filippa prend l’urgence climatique comme point de départ, imaginant un futur Londres dans lequel la barrière de la Tamise a été submergée et les crues soudaines se produisent régulièrement. Elle propose une solution qui consiste à injecter en profondeur des hydro-membranes protégeant l’infrastructure des crues. »


Deux expositions organisées pour l’occasion
Les dessins des finalistes et de la lauréate sont exposés au Sir John Soane’s Museum jusqu’au 19 février. De plus, dans le cadre du programme The Prize, le musée propose une rétrospective des éditions précédentes sous forme d’exposition virtuelle, accessible gratuitement et simplement : www.vca.gallery.

En osmose avec son environnement et attaché à son architecture vintage, le chalet sur la pointe, rénové par Paul Bernier Architecture, a conservé son volume initial tout en y intégrant une surélévation.
Construit en rondins de bois, une tradition ancestrale au Canada, le chalet sur la pointe appartient à la même famille depuis 40 ans. Et l’on comprend bien pourquoi. Le contexte spectaculaire de la nature sauvage entourée d’eau a séduit les propriétaires depuis plusieurs générations, avec son ancrage sur une avancée rocheuse. Rénover le bâti d’origine et envisager son extension, tels ont été les défis des architectes. Mais la proximité avec la rive, rendant compliquée la surface supplémentaire au sol, les a orientés vers l’ajout d’un étage intégré à la construction d’origine ; seule une pièce véranda plus réduite a été conçue au niveau du sol. Sans dénaturer le chalet d’origine, en conservant la lecture explicite et fondu dans l’espace boisé des strates et des marques du temps, le projet s’est remodelé aux quatre points cardinaux vers les vues en surplomb sur le lac.

Contraste et continuité de deux époques de construction
Le chalet sur la pointe rustique et l’extension contemporaine se répondent en formant désormais une entité : le toit en pente à larges débords traditionnels côtoie l’épure monolithique dont la structure reprend les particularités architecturales (bois sombre, pente). On retrouve par ailleurs dans le chalet un certain mélange des genres. Les traits spécifiques des années 50 à 70 se fondent dans les espaces : les fenêtres inclinées ou la cheminée existante en pierres ont été restaurées. Visible sur toutes ses faces, cette dernière est un pilier central, tandis que le nouvel escalier, léger et épuré devient le fil conducteur habile de la surélévation. Enfin, la hauteur sous plafond initiale a été préservée, mais l’ancien toit fragilisé, a été déposé, et remplacé par une structure en sapin Douglas supportant le nouvel étage.


La lumière comme guide
Les architectes ont particulièrement bien pensé l’orientation des extensions en fonction du parcours de la lumière tout au long de la journée. Au rez-de chaussée, les deux puits de lumière insérés discrètement dans la structure de la nouvelle pièce installée au sud, créent le lien avec la lumière extérieure et intérieure. Grâce à la hauteur supplémentaire, l’étage bénéficie d’une vue magnifique sur le lac et sur le ciel, ce qui permet également d’éclairer en lumière naturelle le rez-de-chaussée. Depuis la chambre principale haut perchée et sa salle de bain attenante, on peut apprécier la quiétude du panorama sur le lac. Par une grande ouverture verticale à l’est, la lumière du matin filtre jusqu’au rez-de-chaussée à travers le plancher de la passerelle en verre translucide. Une grande fenêtre en haut de l’escalier joue aussi ce rôle de puits de lumière.

De bois et de pierre
Le chalet sur la pointe, construit de manière classique en rondins de bois, repose sur une fondation en pierres dont on peut voir les contours. Ancrée sur le site, cette base solide contribue à intégrer le chalet à son environnement naturel. La pierre et le bois massif sont utilisés aussi à l’intérieur, créant une belle harmonie de tons.


Il était l’un des architectes espagnols les plus exposés à l’international et surtout salué pour ses centaines de projets d’envergure. Né en 1939, Ricardo Bofill Levi est décédé à Barcelone à l’âge de 82 ans le 14 janvier 2022. Il avait crée en 1963 son cabinet d’architecture, Taller de Arquitectura. Depuis plus de 50 ans, son travail aussi varié que coloré a marqué l’architecture mondiale.
Ricardo Bofill Levi faisait partie de ses architectes régulièrement qualifiés de visionnaires et novateurs, pour sa conception particulière de l’espace, entre une inspiration néo-classique (et notamment de Palladio) et une expression postmoderne. Auteur du célèbre immeuble Walden 7 et de l’Hôtel W en Espagne, des Arcades du lac et du marché Saint-Honoré, des sièges sociaux de Cartier ou de Shiseido, ou encore de l’Université Mohamed VI au Maroc, Ricardo Bofill Levi a su séduire de nombreux pays du monde, avec des réalisations audacieuses, colorées, parfois déstructurées.


Par ailleurs, il a aussi réalisé des projets très controversés, à l’image de l’ensemble Abraxas de Noisy-le-Grand, conçu à la fin des années 70. Un projet qu’il voulait en opposition au principe des barres d’immeubles, et qui apparaît dans de nombreux films cultes, de Brazil à l’un des volets d’Hunger Games.
Taller De Arquitectura, l’entreprise familiale aux 30 nationalités
Étudiant à partir de 1957 à l’École technique supérieure d’architecture de Barcelone mais expulsé pour des raisons de militantisme trop affirmé, il se lancera un peu plus tard, en 1963, dans la création de son propre cabinet d’architecte. Il sera par ailleurs entouré de nombreuses personnalités et professions artistiques, telles que le critique littéraire Salvador Clotas, le poète José Agustin Goytisolo ou encore l’économiste Julia Romea, marquant une nouvelle fois un éclectisme certain, à l’image du personnage.


Repris il y a quelques années par Ricardo Emilio et Paulo, les deux fils de l’architecte, le cabinet Taller de Arquitectura représente aujourd’hui près d’une centaine de personnes actives sur les projets et plus de 30 nationalités différentes.
Au cours de sa vie, Ricardo Bofill Levi aura été à la tête de plus de 500 projets différents dans une cinquantaine de pays à travers le monde.

Avec ce prototype très green, le studio californien Emerging Objects livre un habitat, nouvelle génération, mêlant l’impression 3D aux pratiques ancestrales.
Imaginée pendant le confinement, la Casa Covida est un refuge un peu spartiate qui combine nouvelles technologies et matériau de construction à base d’argile. Conçu et réalisé par le duo d’architectes Rael San Fratello et Emerging Objects, spécialiste de l’impression en 3D, ce projet expérimental déterminé par trois espaces circulaires est implanté en plein désert de San Luis Valley au Colorado. Le gîte au final, offre à deux personnes, une expérience immersive unique de détente, au plus près de la nature et des procédés traditionnels, oscillant entre modes de vie d’hier et d’aujourd’hui.


Matériaux naturels et savoir-faire locaux
Ouverts sur le ciel, l’horizon et le sol, les espaces de vie sont en phase avec la nature puissante du désert, grâce à ce matériau typique qu’est l’adobe, un mélange de sable, limon, argile, eau et paille. Chaque élément de la Casa Covida est pensé en lien avec l’artisanat local dans un esprit contemporain. Au centre, le foyer est entouré de bancs en terre, nommés tarima, habillés de textiles colorés ; les ustensiles de cuisine sur mesure, imprimés en 3D d’argile, selon les codes de la poterie traditionnelle du Nouveau-Mexique, servent à la cuisson des haricots, maïs, piments, eux-aussi choisis en local. Le couchage est créé à partir d’une plate-forme en pin des peaux de mouton, couvertures et coussins de laine churro le tout réalisé par un tisserand de la région. La baignoire en métal se remplit d’eau issue de l’aquifère et nappe phréatique profondes du paysage désertique dont la chaleur est restituée par le sol. Les pierres de rivière achèvent le rituel de ce bain naturel et insolite avec vue sur ciel garantie !
Jusqu’aux moindres détail, la Casa Covida, est dans une démarche de développement durable, suivant le procédé rigoureux de l’écoconception et du local. Les poignées de porte sont une fabrication spéciale, en impression 3D et alu moulé qui provient de canettes ramassées en bord de route. Seule concession au projet, le toit léger et gonflable, cette fois synthétique, aux allures de cactus en fleurs, qui se déploie sur l’oculus en cas d’intempéries ou pour conserver la chaleur du foyer.

Impression à l’argile et nouvelles technologies
Le projet de la Casa Covida a été réalisé directement sur site. L’agence Emerging Objects a mis au point le logiciel et le système d’impression 3D, associant un bras de robot articulé SCARA (Selective Compliance Articulated) à trois axes portables ; ce qui permet d’édifier des structures plus grandes que l’imprimante elle-même, avec un débit continu en adobe. De plus, celle-ci est transportable, aisément par deux techniciens et se contrôle à l’aide d’un smartphone. Une fois déposé, le matériau compact sèche et durcit librement au soleil et au vent, à l’image d’une construction ancestrale.

À la fois exposition et performance, Marseille Drive est un projet pluridisciplinaire conçu par l’artiste Cristian Chironi : du 12 au 16 septembre, il invite le public à une balade en voiture dans le quartier autour de l’Unité d’Habitation de Le Corbusier. Une façon intime de partager une réflexion sur les notions de « maison », de logement, de localisation. Une exposition reprenant l’ensemble de son travail autour de l’architecte est présentée parallèlement jusque fin novembre.

Dans le cadre de Biennale Manifesta 13 Les Parallèles du Sud , l’artiste Cristian Chironi, présente Marseille Drive, une exposition et performance dans le cadre de la à partir du 12 septembre 2020.
Marseille Drive est un projet interdisciplinaire, itinérant et in situ combinant architecture, urbanisme, design, art sonore et relations sociales. L’artiste Cristian Chironi prend la route dans une voiture Fiat 127 appelée « Caméléon » pour sa capacité à changer de couleur en fonction des combinaisons chromatiques typiques des architectures de Le Corbusier. Ce voyage retrace le réseau des relations que l’architecte moderniste a entretenu avec des villes différentes pour explorer – à partir de l’héritage de l’architecte ainsi que de récits personnels liés au lieu d’origine de l’artiste – les notions de logement et d’habitat à une époque de précarité et de mobilité croissantes et questionner la distinction entre vie nomade et vie sédentaire .
Pour son escale marseillaise, Drive s’articule en une exposition et une performance/balade dans la voiture ouvrant une réflexion partagée et intime sur les notions de « maison », de logement, de localisation, de déplacement et d’hospitalité à partir des spécificités de cette ville et de ses habitants.
Marseille Drive : L’exposition
L’exposition présente une sélection d’œuvres pensées et réalisées en résonance avec l’Unité d’Habitation et l’espace de la librairie. Elles sont amenées par l’artiste dans sa voiture, en conduisant d’Orani à Marseille, pour se mêler aux livres et aux catalogues.
Du 12 septembre au 28 novembre 2020
Librairie Imbernon, Unité d’Habitation, Marseille
Entrée libre du mardi au samedi, 10 – 19h
Marseille Drive : La performance

La performance invite le public dans une balade en voiture dans le quartier autour de l’Unité d’Habitation pour ouvrir une réflexion partagée et intime sur les notions de « maison », de logement, de localisation, de déplacement et d’hospitalité à partir des spécificités de cette ville et de ses habitants. Le parcours est imaginé avec la complicité de l’urbaniste rigolo Nicolas Memain. La radio de la Fiat 127 Caméléon jouera My sound is a Le Corbusier : une série de compositions basées sur des enregistrements réalisés dans les maisons de Le Corbusier et produites par les artistes sonores et musiciens : Francesco Brasini, Chœur de Radio France, Alessandro Bosetti, Massimo Carozzi, Daniela Cattivelli, Dominique Vaccaro, Henrik Svedlund.
Performances
Du dimanche 13 au mercredi 16 septembre, 17h – 21h
Au départ de l’Unité d’Habitation, Marseille
5 performances/balades par jour d’une durée de 30 min., 17h – 21h
Entrée libre sur réservation par mail à : marseilledrive@gmail.com

Devon&Devon et Gensler s’associent pour donner naissance à Holiday et Dove, deux baignoires modulaires aux lignes classiques et contemporaines. Entretien croisé avec Nicola Bertini, PDG de l’entreprise florentine, et Daniel Stromborg, directeur de la conception produit du studio d’architecture et de design américain, qui révèlent que leurs baignoires illustrent un changement de statut de l’espace salle de bain.
Gensler est mondialement reconnu pour ses gratte-ciel, à l’image de la Shangai Tower, le plus grand de Chine. Pourquoi un studio d’architecture développe aujourd’hui un objet de salle de bain ?
Daniel Stromborg. Cela fait quelques années que Gensler développe des produits pour l’hôtellerie et le résidentiel. Le seul espace pour lequel nous n’avions pas encore réalisé d’objet était la salle de bain. Nous avons alors pris le temps de nous renseigner sur ce qui se faisait sur le marché, et ce qu’il manquait. Et le résultat va au-delà du simple design d’une baignoire : il s’agit ici de fournir un objet de référence aux designers et architectes d’intérieur, qui offre une expérience nouvelle et un produit modulaire innovant.
Pourquoi Devon&Devon a-t-il choisi le studio d’architecture Gensler ?
Nicola Bertini. Pour comprendre notre choix, il faut revenir quelques années en arrière. À ses débuts, Devon&Devon produisait à l’interne, dans le but de s’implanter durablement sur le marché. Depuis, notre réputation est faite et nous avons jugé opportun d’explorer les collaborations avec des architectes. Notre choix s’est notamment porté sur Gensler, spécialiste de l’hôtellerie et du résidentiel. Cela signifie qu’elle avait une compréhension profonde des besoins de cette clientèle que nous cherchions à atteindre. Nous avons ensuite choisi de travailler avec Daniel (Stromborg), et son équipe, car il pouvait respecter le style qui a fait notre réputation, et y apporter une touche de modernité.
Est-ce que Gensler pense à poursuivre dans la réalisation d’accessoires de salle de bain ?
D.S. Nous avions déjà réalisé des accessoires de salle de bain, pour la marque canadienne Umbra, entre commercial et résidentiel. Nous développons actuellement avec Devon&Devon une série de robinets, qui viendra compléter l’offre des baignoires Holiday et Dove. Puisqu’en tant que professionnels du design, nous nous attachons à sublimer l’espace ainsi que ce qu’il contient, à transmettre une expérience d’utilisation à l’aide des accessoires. Des accessoires qui ne sont autres que les robinets que vous ouvrez dans votre chambre d’hôtel.


Cela suggère-t-il une évolution dans le rapport à l’espace salle de bain ?
N.B. Nous observons depuis 30 ans une évolution dans l’utilisation de la salle de bain. Un changement dans lequel on croit d’ailleurs : autrefois espace purement fonctionnel, elle est devenue un cocon où l’on prend soin de soi, qui nous protège du monde extérieur. Un changement d’autant plus nécessaire dans les conditions actuelles.
Vous dites que Holiday et Dove marquent “un changement radical dans l’approche traditionnelle de la conception, de la production et de la personnalisation des baignoires”. En quoi est-ce le cas ?
D.S. Notre intention n’était pas de remplacer le designer ou l’architecte d’intérieur, mais plutôt de créer une solution, une expérience, la plus personnalisable possible. D’autant plus qu’ils cherchent à se l’approprier pour lui trouver une place dans un espace. L’approche modulaire offre ainsi une multitude d’opportunités de personnalisation : le rebord du modèle Holiday, par exemple, permet d’incorporer directement les robinets sur la baignoire.
Vous avez lancé les deux baignoires sur le marché le 16 juin 2020. Combien de temps a duré le processus de développement ?
D.S. Le processus de création a duré environ six mois, de l’étude de marché aux premiers prototypes. Dans un premier temps, il a fallu nous renseigner sur le style Art Déco, et sa branche “Streamline Moderne”, que nous ne connaissions pas forcément et qui était la condition non négociable du brief de Devon&Devon. Notre travail a abouti à deux produits distincts : l’un moderne et l’autre plus proche de la demande. À partir de là nous avons mélangé les deux pour créer Holiday et Dove. Quand on y repense, c’est un délai relativement court, d’autant plus que ces baignoires sont les premiers objets de salle de bain que mon équipe et moi réalisions.
Le corps des deux baignoires et celui de la coque sont fabriqués en White Tec Plus. Qu’est-ce que ce matériau ?
N.B. D’un côté, nous avons fait le pari de l’archétype plutôt que des lignes classiques. Nous proposons des baignoires qui seront encore d’actualité dans 30 ans, voire plus. Une telle promesse implique d’utiliser un matériau qui lui permettra de durer. D’un autre côté, nous garantissons la modularité, ce qui implique d’utiliser un matériau léger et moulable à souhait. Nous avons ainsi développé White Tech Plus, réalisé à partir de minéraux partiellement recyclés, combinés à des résines, ce qui lui offre une résistance accrue.
D.S. C’est un matériau qui se répare très facilement aussi. Par exemple, si quelqu’un est amené à découper une pomme sur le rebord de la baignoire, et qu’il le raye ou le casse, il suffit d’y injecter une pâte à base de résine puis de poncer.





