Vincent Eschalier, la création sous toutes ses formes
© Vincent Desailly

Vincent Eschalier, la création sous toutes ses formes

De l’architecture au design, il n’y a qu’un pas. Après avoir passé son enfance et adolescence en Angleterre, Vincent Eschalier revient à Paris pour ses études d’architecture. En 2009, à 26 ans, il fonde son agence, qui allie des projets d’architecture, d’architecture intérieure et de design. Une vision pluridisciplinaire basée sur un modèle anglo-saxon, le tout saupoudré d’un peu de « french touch ».

Vincent Eschalier a grandi en Angleterre avant de revenir en France dans le cadre de ses études à l’école d’architecture de Versailles. « À mon retour en France, j’étais un peu comme un étranger. Javais vécu en Angleterre de mes 6 à 20 ans, c’était assez exotique pour moi de venir étudier à Versailles et dhabiter à Paris » se souvient-il. Une double culture qui l’a influencé dans son modèle de direction d’agence, qu’il décrit comme « très à l’anglo-saxonne », basée notamment sur un management de confiance, le travail d’équipe et le respect. « Cest important pour moi de mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Je vois mon agence comme une équipe de rugby : elle se compose de profils et des gabarits différents, mais qui ont besoin de travailler ensemble pour arriver au même but. Sil manque un élément, ça ne marche pas, cest un peu limage que jessaye de renvoyer au sein de lagence » confie-t-il. 

MVMT Club, Studio Vincent Eschalier © Edouard Auffray

Expériences et projets diversifiés

Avant de monter son studio, Vincent Eschalier est passé par plusieurs agences qui lui ont permis de se forger une expérience à différentes échelles. Il a d’abord intégré Gehry Partners pour lequel il a notamment travaillé sur la fondation Louis Vuitton. Il collaborera ensuite avec un autre binôme composé de l’architecte Sébastien Segers et du designer Marc Newson, dont les projets sont plutôt axés vers l’intérieur. « À 26 ans, javais ce quon pouvait qualifier de « boulot de rêve », car je travaillais sur des projets partout dans le monde. Mais la fermeture de lagence où je travaillais à Paris pour sexporter à Londres a mis fin à ma collaboration, car après toutes ces années passées en Angleterre, je voulais rester vivre à Paris » raconte-t-il. Un concours de circonstance qui le pousse finalement à créer son agence. Son premier projet notable se portera sur la réhabilitation de la galerie Perrotin en 2010 avant de se lier au promoteur immobilier Esprimm avec lequel il réalise une quinzaine de projets. « Cette collaboration a permis à lagence de se faire une première clientèle fidèle, car généralement, les 3/4 des clients reviennent nous voir. Cest une des raisons qui fait que nous navons jamais eu besoin denvoyer de book pour trouver des projets. » Une fidélité aussi importante que le lien qu’il créer avec chacun de ses clients, lui permettant ainsi de choisir ses projets et surtout de s’investir dans chacun d’eux, sans exception : « Je reste artisanal et je suis très proche des projets. Quand un client mappelle, je dois savoir où ça en est. »

Siège de Blablacar, Studio Vincent Eschalier, en collaboration avec 6e Sens Immobilier © Axel Dahl
Bureaux Opéra, Studio Vincent Eschalier © Jean-Pierre Vaillancourt

Avec le développeur lyonnais 6e Sens Immobilier, il travaille sur plusieurs immeubles de bureaux à Paris, avec un premier projet de tour à la défense qui a tissé les liens de leur collaboration, ensuite suivit par le siège de Blablacar ou encore de Lanvin. Des projets d’abord centrés sur l’architecture mais qui se sont progressivement développés vers les intérieurs depuis 5 ans. « Cest souvent difficile de faire un bel immeuble et de voir que lintérieur est ensuite mal agencé. Jai une histoire avec le design de par mon passé chez Marc Newson, c’était donc une suite logique de l’inclure dans nos projets. » raconte l’architecte. 

Plongée dans le design 

Comme une suite logique, après l’architecture et l’architecture d’intérieur, l’arrivée du design était presque attendue. « On a vite réalisé qu’on faisait l’architecture, l’architecture d’intérieur mais que les meubles n’étaient pas à la hauteur du projet, donc on s’est mis à imaginer le mobilier de nos projets. » L’architecte imagine notamment le bar Americano Design en 2019, une première collaboration avec le designer Guillaume Delvigne, ami de longue date avec qui il a partagé ses bureaux pendant 12 ans.

Bureaux Sentier, Studio Vincent Eschalier ©Jean-Pierre Vaillancourt
Bureau Gustave, design : MVE-Collection © Jean-Pierre Vaillancourt

Puis sous l’appellation MVE-Collection avec Mattéo Lécuru, designer au Studio, il imagine en 2022, dans le cadre du projet de bureaux de coworking Gustave-Collection, un bureau éponyme. Autre projet marquant de sa partie création, les poignées de portes AL13.378 en aluminium recyclées. MVE, qui prend en compte la partie de création, de curation de mobilier mais également d’œuvres d’art propose une offre à 360°. « Généralement pour un projet darchi, on proposait un catalogue de mobilier et de références quon donnait au client sauf que ça les perdait totalement et c’était souvent ingérable pour eux. » Depuis, les architectes d’intérieur du studio prescrivent une série de mobilier qui sont ensuite gérés par MVE qui propose aux clients de prendre en compte toute la gestion (curation, réception, stock, qualité, déballage, livraison). Un fonctionnement qui permet ainsi à l’agence de prendre en charge la totalité du projet. C’est d’ailleurs dans ce cadre que la création des poignées AL13.378 a été initiée et depuis proposé dans la plupart de leurs projets. Une création originale, dont la matière utilisée provient par ailleurs des déchets de leurs chantiers puis transformés en lingots avant d’être fondus et moulés dans une fonderie dans les Yvelines. 

Poignées AL13.378 en aluminium recyclé, design : MVE-Collection © Jean-Pierre Vaillancourt

Une part de création nécessaire pour l’architecte, qui ne souhaite pas s’arrêter là : « J’ai envie d’aller encore plus loin dans certains projets en dessinant par exemple des vélos à disposition des collaborateurs dans les bureaux, aménager et penser un espace restaurant, créer une ligne de vêtements. À limage de Le Corbusier, Frank Lloyd Wright ou Louis Kahn qui dessinaient tout, cest ce qui me fait rêver. Je ne me prétends pas comme eux, mais j’aime vraiment l’idée de pouvoir tout dessiner. » 

Flagship Tuileries ©Jean-Pierre Vaillancourt


Rédigé par 
Maïa Pois

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3/7/2025
Intramuros #224 : Sun

Plein Soleil

Quand le soleil dicte les formes, les usages et les idées, le design s’adapte, invente, rayonne. Ce nouveau numéro d’« Intramuros » s’ancre dans le Sud, là où l’extérieur devient une pièce à vivre, un terrain d’expérimentation pour les designers, un laboratoire de matière, de lumière et d’énergie. À Marseille, ville-monde, une scène créative s’affirme. Axel Chay, Emmanuelle Roule, Juliette Rougier, Aurel design urbain : tous dessinent un design solaire, sensoriel, entre artisanat, architecture et innovation. Une approche libre, ambitieuse, toujours connectée à la matière, au contexte et même à la mode, à l’image de Marianne Cat qui chine les talents depuis quatre décennies. Ora-ïto, designer touche-à-tout et enfant du pays, nous livre ses adresses marseillaises, entre lieux cultes et concepts audacieux.

Dans ces pages baignées de lumière, le mobilier d’extérieur ne se contente plus d’habiller une terrasse. Il devient mobile, intelligent, durable – parfois même autonome. Comme un miroir de nos modes de vie en mutation, il s’inscrit dans un écosystème plus large, où design, écologie et technologie avancent main dans la main, à l’image des innovations techniques permises par la préhension d’une énergie omniprésente. SUN, c’est donc plus qu’un thème estival. C’est une invitation à penser un design conscient, ancré dans les usages et ouvert sur le monde. Un design qui compose avec le climat pour mieux en révéler la beauté.

Sommaire

Design 360

Design Story

Atelier Baptiste & Jaïna : Entre matière, temps et imaginaire

Julien Renault, aventurier du design

Fumie Shibata : L’art du design silencieux

Studio 5.5, Designer à dessein

Teun Zwets : Éloge de la matière trouvée

Morrama design, objets intuitifs

Maria Jeglinska : Entre dessin, espace et usage

Gaspard Fleury-Dugy : Nouvelle pensée textile

R100, ou la révolution circulaire d’Hydro

13Desserts, design gourmand

Coperni : Esprit visionnaire

Tristan Auer Car Tailoring : Automobile (très) particulière

Sun

Sélection outdoor, à ciel ouvert

Marseille

Ïto trip

Axel Chay, designer pop’ulaire

Marianne Cat : Éternelle pionnière

Aurel design urbain : Marseille-Paris, transferts à succès

Juliette Rougier : Guidée par l’émotion

Emmanuelle Roule, la terre comme manifeste

L’Ingénieur Chevallier : Une oeuvre d’art sur le bout du nez

Soleil vertueux

Experimenta

Laboratoire des pratiques durables : de sources sûres

Roger Pradier : l’éclairage haut de gamme au service de la transition écologique

In the Air

Who’s Next Home : Cinq questions à Frédéric Maus, et Matthieu Pinet

Biennale de Saint-Étienne, une édition tournée vers demain

News

Demain, les designers : entre pouvoir et influence ?

Osaka 2025, l’hymne à l’amour de la France au Japon

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2/7/2025
Les six projets de Muller van Severen dévoilés à 3daysofdesign

À l'occasion des 3daysofdesign à Copenhague, le duo belge Muller van Severen a présenté six nouvelles collections. Retour sur ces projets en résonance avec l'esthétique du studio.

Fondé au printemps 2011 par les Belges Fien Muller et Hannes van Severen, le studio éponyme était cette année présent dans la capitale danoise à l'occasion des 3daysofdesign. Fort de quatre collaborations avec les marques BD Barcelona, valerie_objects, Hay et Blēo, les deux créateurs ont dévoilé six collections. Un corpus de projets diversifiés destinés majoritairement à l'intérieur, mais unis par le goût du studio pour la couleur et la simplicité des lignes.

BD Barcelona x OFFICE KGDVS : une première collection en bois

Imaginée pour BD Barcelona et réalisée en collaboration avec OFFICE Kersten Geers David Van Severe, Rasters est une collection d'armoires et de paravents modulaires. Initialement imaginé en métal, sur une grille industrielle pouvant servir de base structurelle, le rangement a été décliné par le studio dans une version plus naturelle. Conservant la trame centrale dans l'esthétique du projet, les designers ont travaillé des panneaux de MDF plaqués en hêtre. Une première dans l'histoire du studio qui n'avait jusqu'alors jamais laissé l'aspect naturel du bois sur ses objets. Assortis de panneaux colorés en acier thermolaqué. Les meubles peuvent être assemblés entre eux grâce à la présence de connecteurs en polyamide noir moulés par injection. De quoi créer de vastes ensembles et exploiter la diversité chromatique des étagères et des portes.

Collection Rasters de Muller van Severen et chaises de Sabine Marcelis ©Nacho Alegre

HAY : une énième aventure

Avec déjà douze collaborations à leur actif, le studio belge et la marque danoise se réunissent une nouvelle fois et dévoilent The Perforated Cabinet. Jouant sur la linéarité des modules et la trame resserrée en acier thermolaquée perforé, cette collection joue sur la transparence du rangement. Également semie-transparente sur le dessus, chaque pièce évoque une boite secrète suscitant la curiosité. Disponible en version murale ou sur pied et en plusieurs tailles et coloris, le meuble convoque l'esprit industriel avec l'approche contemporaine et colorée de la marque.

The Perforated Cabinet par Muller van Severen ©HAY

valerie_objects : réinventer l'existant

C'est une sorte de retour aux sources que le duo de designers opère en collaborant avec valerie_objects. Alors que les designers belges ont été parmi les premiers à travailler avec la marque, les voici de retour pour le dixième anniversaire de celle-ci. L'occasion pour eux de rééditer et de réinventer quelques-unes de leurs créations les plus connues. Parmi elles, la réédition des Hanging lamp sorties il y a une quinzaine d'années, et l'arrivée de la Standing lamp marble, un nouveau modèle au design tout aussi filaire posé sur un socle en marbre. Côté assises, le studio réédite également deux modèles existants, Rocking chair et Solo seat, dans deux versions extérieures. Quant à la Alu chair sortie en 2015 pour le pavillon du Bahreïn d’Anne Holtrop à l’Expo mondiale de Milan, elle est cette fois-ci déclinée dans une version tabouret sous le nom d'Alu stool. Un nouveau modèle inscrit dans la lignée de sa grande sœur, et développé en collaboration avec le Bjarke Ingels Group (BIG) pour le lounge bar du siège du studio.

Deux modèles alu chair complétés d'un nouveau alu stool par Muller van Severen ©Elias Derboven

Blēo : une mosaïque de couleurs

Comme un petit pas de côté par rapport à l'univers du meuble, Fien Muller et Hannes Van Severen  ont collaboré avec la marque Blēo, pour l'élaboration d'une gamme de carreaux. Une première approche de la céramique pour la marque habituellement spécialisée dans la peinture. Connus pour leur usage expressif de la couleur, les créateurs belges ont imaginé une palette de 12 couleurs. Réalisé à la main à Fès au Maroc, chaque élément est recouvert d’un émail brillant attirant le regard à l'image des pièces du studio constamment ponctué de couleurs.

Les carreaux couleurs pastels de Muller van Severen ©Blēo
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30/6/2025
Avec TA.TAMU, Patrick Jouin fait plier les contraintes

Le studio de design Patrick Jouin iD présente TA.TAMU, une chaise pliable imprimée en un seul bloc. Un défi rendu possible grâce à la collaboration de Dassault Systèmes.

Monobloc et pliable. Radicalement opposées sur le plan structurel, ces deux notions ont pourtant été réunies par le Studio Patrick Jouin iD. Avec son allure squelettique inspirée du corps humain, et ses 3,9 kg, la chaise TA.TAMU a été développée conjointement avec les équipes design de Dassault Systèmes, dirigées par Anne Asensio. Fruit d'un dialogue prospectif entre la créativité humaine et la technologie, l'assise s'inscrit dans la lignée de la famille de meubles Solid, dévoilée en 2004. Une période au cours de laquelle le designer s'intéresse aux logiciels de CAO permettant de concevoir des pièces nouvelles, en rupture avec les techniques industrielles traditionnelles. Une aventure poursuivie en 2010 avec la création du banc Monolithique pour le Palais de Tokyo et imaginé avec le professeur Jacques Marescaux (spécialiste de la chirurgie mini-invasive). Cette période marque les premiers pas du designer dans l'univers du biomimétisme, rapidement assorti du mouvement avec la création de la lampe Bloom et du tabouret One Shot, deux nouveaux paradigmes marquant une nouvelle piste de réflexion pour le designer. Mais c'est véritablement en 2018 et avec l'aide d'Anne Asensio rencontrée au début des années 2000, que le projet se concrétise. Réunis par la passion commune du design et la quête d'optimisation, les deux concepteurs exposent TAMU - qui signifie pliage en japonais - en 2019 à l'occasion du salon de Milan. Une réalisation alors davantage manifeste que réellement fonctionnelle en raison d'un maillage imprimé trop fin et de fait trop fragile. C'est donc après six nouvelles années d'exploration menées sans trahir l'idée de départ, que la version TA.TAMU, comprenez l'art du pliage, a vu le jour.

La chaise TAMU présentée à Milan en 2019 et son tissage numérique extrèmement fin ©Thomas Duval

Une impression laser au cœur de l'énigme

Forte de sa genèse, TA.TAMU demeure avant tout un meuble guidé par deux grands enjeux. D'une part, le besoin d'une assise légère et mobile mais fonctionnelle et d'autre part, le défi d'une pièce imprimable en une fois, sans assemblage. Pour ce faire, le studio a réalisé la chaise en polyamide selon un procédé de frittage de poudre. Une technologie qui consiste à solidifier uniquement certaines parties d'un bloc de poudre grâce à des lasers, permettant l'assemblage d'articulations en une seule pièce. Un choix qui a imposé au studio la réalisation de nombreux prototypes afin de concevoir 33 articulations à la fois facilement pliables mais également résistantes sous le poids d'un corps.

À la fin du processus d'impression, la pièce est extraite du reste de la poudre non solidifiée, puis nettoyée ©Patrick Jouin iD

C'est donc en 2020 que l'aspect définitif de l'armature monobloc composée de 23 pièces a été définie, permettant aux ingénieurs et aux designers de réaliser les surfaces de contact. D'abord imaginée en tension grâce à des câbles, puis en textile technique, l'assise se rapproche finalement de l’armature biomimétique du banc Monolithique développé une quinzaine d'années auparavant. Un positionnement qui donne naissance à une première chaise en mars 2025. Toujours trop fragile, elle est de nouveau analysée par de nombreux logiciels qui repèrent les manques du module et donnent naissance à une seconde version trois semaines plus tard. Le squelette est alors épaissi et certains segments sont ajoutés offrant une version optimisée (photos ci-dessous) et aujourd’hui disponible, comme un clin d'œil ultra-contemporain aux pliages japonais si connus. Si le modèle n'existe qu'en blanc, le studio explore désormais la piste d'une version entièrement réalisée en métal.

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30/6/2025
Polène Champs-Élysées : un écrin entre mode et design

Officiellement inauguré en mars dernier, le nouveau flagship de la pépite française Polène a pris place au pied de la plus belle avenue du monde, rond-point des Champs-Élysées. Une boutique sur deux niveaux aux lignes minimalistes et graphiques, qui a également bénéficié de la contribution de plusieurs designers pour imaginer ses pièces de mobilier.

On pouvait difficilement rêver meilleur emplacement. Non loin des luxueuses boutiques Gucci et Jacquemus, cet espace de 450 m² est la seconde adresse parisienne de la marque, après celle située rue de Richelieu. Fondée en 2016, la maison spécialisée dans le travail du cuir développe depuis près de dix ans des modèles de maroquinerie devenus iconiques, à l’image du Numéro Dix ou du Cyme. Pour ce nouvel écrin, l’agencement intérieur a été confié au cabinet coréen WGNB, déjà à l’origine des boutiques de Londres et de Séoul. L’objectif : créer une singularité propre à chaque espace tout en conservant une ligne directrice cohérente avec l’image de Polène.

Boutique Polène Champs-Elysées

Mêler artisanat et design

Avec une hauteur sous plafond de plus de cinq mètres, la boutique impressionne dès l’entrée grâce à son escalier en colimaçon en noyer américain. Au rez-de-chaussée, les sacs sont exposés sur des murs ou des étagères en travertin sourcé en Italie, ainsi que sur des présentoirs conçus à partir de chutes de cuir. Deux tables rondes en bois, confectionnées par l’ébéniste français Robin Poupard, sont recouvertes d’un plateau également réalisé à partir de cuir recyclé. Les comptoirs d’accueil, qui servent aussi d’espace de caisse, ont été conçus par le studio Hors-Studio. Pensé spécifiquement pour Polène, le duo formé par Élodie Michaud et Rebecca Fezard y déploie tout son savoir-faire à travers un nouveau matériau innovant, le Leatherstone©, qui transforme le cuir en une sorte de pierre. Polis et lissés à partir de granulats de cuir, ces déchets deviennent matière noble, pour un résultat aussi intriguant qu’impressionnant.

Boutique Polène Champs-Elysées

À l’étage, l’espace s’ouvre sur un canapé circulaire réalisé par Marianna Ladreyt — plus habituée à travailler la bouée — qui a ici transformé des chutes de cuir en une pièce singulière. Si la marque s’est d’abord imposée dans la maroquinerie, elle a également lancé une ligne de bijoux en 2023, confectionnés en Italie dans la région de Florence. Pour cette boutique parisienne, la collection est présentée sur une table imaginée par la céramiste Clémentine Debaere-Lewandowski. Composée de 500 pièces en grès blanc, elle résulte d’empreintes de roches réalisées près des ateliers de confection à Ubrique, en Espagne. « Dans chaque boutique, nous cherchons des artistes avec une identité propre, mais avec lesquels on peut créer des synergies », explique Émilie Massé, responsable de la communication et de l’influence.

Boutique Polène Champs-Elysées

L’importance de l’upcycling

Fabriqués par quelque 2 200 artisans dans les ateliers espagnols de la marque, les modèles Polène ne sont pas de simples sacs en cuir. Pour valoriser pleinement la matière, les équipes s’efforcent de réutiliser au maximum les chutes de cuir. Plusieurs modèles sont ainsi réalisés à partir de cuir 100 % upcyclé, comme les sacs Solé et Wilo. Côté accessoires, Polène a également développé une gamme de fleurs, de miroirs et de petite maroquinerie (étuis AirPods, porte-clés, porte-cartes, portefeuilles), tous conçus à partir de cuir recyclé.

Boutique Polène Champs-Elysées

Une boutique éphémère inaugurée à Paris

Jusqu’au 26 juillet, la marque investit le 67 rue Montmartre avec un pop-up inédit pour promouvoir son savoir-faire artisanal. Intitulé « Le Fleuriste Maroquinier », cet espace réinvente l’expérience du fleuriste en la mêlant au travail du cuir, avec la possibilité pour les clients de composer des bouquets mêlant fleurs en cuir et végétaux séchés. Pour cette installation, Polène a fait appel au designer floral Rym Boughatene. Un espace qui célèbre à la fois l’artisanat et la poésie, pour des compositions aussi jolies que durables.

Pop-up store Le Fleuriste Maroquinier, Paris © Benoit Florencon
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