Design

Avec ce prototype très green, le studio californien Emerging Objects livre un habitat, nouvelle génération, mêlant l’impression 3D aux pratiques ancestrales.
Imaginée pendant le confinement, la Casa Covida est un refuge un peu spartiate qui combine nouvelles technologies et matériau de construction à base d’argile. Conçu et réalisé par le duo d’architectes Rael San Fratello et Emerging Objects, spécialiste de l’impression en 3D, ce projet expérimental déterminé par trois espaces circulaires est implanté en plein désert de San Luis Valley au Colorado. Le gîte au final, offre à deux personnes, une expérience immersive unique de détente, au plus près de la nature et des procédés traditionnels, oscillant entre modes de vie d’hier et d’aujourd’hui.


Matériaux naturels et savoir-faire locaux
Ouverts sur le ciel, l’horizon et le sol, les espaces de vie sont en phase avec la nature puissante du désert, grâce à ce matériau typique qu’est l’adobe, un mélange de sable, limon, argile, eau et paille. Chaque élément de la Casa Covida est pensé en lien avec l’artisanat local dans un esprit contemporain. Au centre, le foyer est entouré de bancs en terre, nommés tarima, habillés de textiles colorés ; les ustensiles de cuisine sur mesure, imprimés en 3D d’argile, selon les codes de la poterie traditionnelle du Nouveau-Mexique, servent à la cuisson des haricots, maïs, piments, eux-aussi choisis en local. Le couchage est créé à partir d’une plate-forme en pin des peaux de mouton, couvertures et coussins de laine churro le tout réalisé par un tisserand de la région. La baignoire en métal se remplit d’eau issue de l’aquifère et nappe phréatique profondes du paysage désertique dont la chaleur est restituée par le sol. Les pierres de rivière achèvent le rituel de ce bain naturel et insolite avec vue sur ciel garantie !
Jusqu’aux moindres détail, la Casa Covida, est dans une démarche de développement durable, suivant le procédé rigoureux de l’écoconception et du local. Les poignées de porte sont une fabrication spéciale, en impression 3D et alu moulé qui provient de canettes ramassées en bord de route. Seule concession au projet, le toit léger et gonflable, cette fois synthétique, aux allures de cactus en fleurs, qui se déploie sur l’oculus en cas d’intempéries ou pour conserver la chaleur du foyer.

Impression à l’argile et nouvelles technologies
Le projet de la Casa Covida a été réalisé directement sur site. L’agence Emerging Objects a mis au point le logiciel et le système d’impression 3D, associant un bras de robot articulé SCARA (Selective Compliance Articulated) à trois axes portables ; ce qui permet d’édifier des structures plus grandes que l’imprimante elle-même, avec un débit continu en adobe. De plus, celle-ci est transportable, aisément par deux techniciens et se contrôle à l’aide d’un smartphone. Une fois déposé, le matériau compact sèche et durcit librement au soleil et au vent, à l’image d’une construction ancestrale.

Après une édition 2020 marquée par la crise sanitaire, la 7e édition de la Dubai Design Week revient en force du 8 au 13 novembre avec un programme très riche, le plus complet jusqu’ici. Au total, plus de 200 événements sont organisés : expositions, ateliers, conférences, rencontres…
La Dubai Design Week revient cette année avec encore plus de choix et d’évènements organisés au sein du Dubai Design District (d3) et dans toute la ville :
- Le Dowtown Design revient physiquement après avoir été contraint de se tenir en numériquement en 2020. Plus de 130 marques et designers provenant de plus de 20 pays à travers le monde sont attendus. L’Italie est bien sûr présente en force avec plus de 40 exposants, 19 pour le Portugal et 12 pour la France (avec notamment la présence de Lafuma, Meljac, Pradier, Duvivier Canapés, La Boîte, Lelièvre..). On notera la participation de la Colombie avec le créateur de textile luxueux Verdi (voir Intramuros 202). En revanche on notera une présence sporadique de l’Europe du Nord (deux exposants pour la Suède).


- Des expositions dédiées à la présentation de nouveaux talents : « The UAE Designer Exhibition 2.0 » présentera 25 talents émergents, tous basés aux EAU et qui produisent localement tandis que « The Beirut Concept Store » exposera le travail de 50 talents émergents originaires du Liban.
- Un showcase multimédia inédit intitulé 2040 : d3 Architecture Exhibition. L’exposition, construite autour de quatre thèmes principaux, Mobilité et transports, Espaces publics et de loisirs, Accessibilité aux infrastructures & Eco-tourisme – conformément aux objectifs du « Plan directeur urbain de Dubaï 2040 » pour un développement urbain durable – développera des propositions et visions d’architectes de futurs espaces de vie centrés sur la place de l’humain au cœur de mégalopoles.

- Le Mena Grad Show revient pour la 2e année consécutive et présente les meilleurs projets de sciences, de technologies et de design avec pour objectif de construire un meilleur monde futur. Plus de 50 projets sont exposés, pensés par des étudiants des meilleures universités de la région. Principaux enjeux cette année : la désertification, une meilleure accessibilité pour la nutrition des enfants et la gestion des déchets. Sur place, plusieurs lauréats seront notamment présents pour parler de leur projet.

Système de recyclage de l'eau pour éviter une surconsommation.

Système de compostage intelligent pour aider à la réduction du gaspillage alimentaire.
- Le Making Space, un espace dédié à plus de 80 ateliers sur le thème « Papier, Plastique + Jouer », invitent les visiteurs à expérimenter différentes techniques de création, à la fois très anciennes comme la poterie ou très innovantes avec par exemple l’utilisation du savon comme nouveau support. L’objectif principal étant de penser chaque activité dans un souci de respect des personnes et de la planète.
- Le Market Place est un lieu regroupant une sélection de produits de haute qualité, faits mains et issus de ressources responsables créés par 80 artisans de la ville.
Programme complet sur : www.dubaidesignweek.ae

Jusqu’au 13 novembre, découvrez à la Galerie Chevalier la collection de tapis spécialement éditée pour les 20 ans des éditions Parsua.
20 ans ça se fête ! Pour l’occasion, Céline Letessier et Amélie-Margot Chevalier ont voulu marquer le coup. Pour cette collection anniversaire, elles sont parties d’un concept tout particulier en faisant appel à 10 designers remarqués pour leur démarche éco-responsable. Une spécificité est cependant à noter : les heureux élus n’avaient jamais créé de tapis jusqu’alors. Les designers se sont vu proposer deux missions : concevoir un tapis qui conjugue à la fois leur univers personnel et l’ADN de Parsua, et réinterpréter un modèle déjà existant.


Des tapis à la conscience éthique et écologique
Depuis sa création en 2001, Parsua a pour ambition de créer « les antiquités de demain ». Tous les tapis sont conçus sans produits chimiques, à partir de laines locales filées à la main avec une patine à l’eau et au soleil à la manière de ceux créés aux XVII et XVIIIe siècles. Un savoir-faire devenu le symbole de leurs créations.


Deux ans de conception pour fêter vingt ans
De la conception du projet à sa finalisation, deux ans se sont écoulés. Au vu du résultat donné par l’exposition, le défi a été relevé avec succès par Marie Berthouloux, Agostina Bottoni, Alexandre Logé, Arthur Hoffner, Charlotte Julliard, Clément Brazille, Garnier et Linker, Fabien Capello, Hors-Studio et Ibkki. L’exposition présente les tapis réalisés, scénarisés autour de quelques pièces emblématiques de ces designers. Au fond de la galerie, les dessins des réinterprétations sont exposés à côté des modèles les ayant inspirés..
L’exposition se tient à la Galerie Chevalier, située au 25 rue de Bourgogne à Paris jusqu’au 13 novembre 2021.

40 ans après son lancement par l’Italien Ettore Sottsass, le mouvement Memphis continue de nous en mettre plein les yeux. Jusqu’au 8 janvier 2022, la galerie Made In Design du Printemps Haussmann accueille l’exposition « Umeda & Memphis, Dialogues Sensoriels ». L’occasion de découvrir ou redécouvrir le mouvement.
Comme un écho à l’exposition-hommage à son précurseur au Centre Pompidou, le 6e étage du printemps Haussmann prend les couleurs de Memphis. En exclusivité, la galerie Made in Design présente la collection Night Tales du designer japonais Masanori Umeda, sortie en 2020, et propose de découvrir ces pièces en exclusivité mondiale. « J’ai tout de suite eu un coup de cœur pour cette collection. J’ai senti qu’il fallait la présenter, dans une mise en scène soignée, qui valorise la dualité de références avec laquelle joue Masanori Umeto. Et nous avons obtenu l’exclusivité mondiale de ces pièces jusqu’au mois de janvier » , confie Catherine Collin, fondatrice de Made in Design.
Masanori Umeda à l’honneur…
Night Tales dévoile ainsi des pièces inédites comme le Lit Utamaro – dont le rétroéclairage accentue un effet de lévitation – et le Fauteuil Utamaro, tous les deux limités à 12 exemplaires. Largement inspirés du célèbre ring de boxe Tawaraya, ils sont teintés aux couleurs subtiles des kimonos traditionnels et parés des rayures noires et blanches, propres à Memphis. En parallèle, la collection présente également des rééditions d’objets conçus dans les années 80 comme c’est le cas du Fauteuil animal et de la table Médusa, inspirés d’un dessin de 1982 et édités en seulement 24 exemplaires chacun.

© 2021 LEA BOEGLIN
… et des Françaises engagées dans le mouvement Memphis
Invitée à l’inauguration de l’exposition, la designeuse française Martine Bedin n’a pas caché sa fierté quant à l’engouement que suscitait toujours le mouvement Memphis, dont elle est elle-même une pionnière : « Il s’est écoulé 40 ans, mais j’ai l’impression que le mouvement n’a pas pris une ride. Je suis contente et assez fière de voir qu’il continue de susciter de l’intérêt et la curiosité après toutes ces années ». Parmi les pièces que l’on retrouve au fil du parcours, on reconnaît au premier coup d’œil sa Lampe Murale Negresco et sa lampe de table Super inspirée d’une petite voiture d’enfant.

© 2021 LEA BOEGLIN

© 2021 LEA BOEGLIN
Si l’exposition rend particulièrement hommage au travail de Masanori Umeda en présentant sa nouvelle collection, elle permet par la même occasion d’y retrouver des objets mythiques du mouvement. Ainsi, les passionnés de design retrouvent avec le célèbre Buffet Beverly ou la console Tartar d’Ettore Sottsass, aux côtés du vaisselier de George J. Sowden et du fauteuil Roma de Zanini. À noter, la mise en scène valorise particulièrement dans un jeu de réponses le travail du motif qu’a apporté au mouvement la Française Nathalie Du Pasquier, notamment dans la présentation de tissus peu exposés ou son tapis California.
L’exposition se tient au 6e étage du Printemps Haussmann jusqu’au 8 janvier 2022, situé au 64 boulevard Haussmann à Paris. Ouvert tous les jours de 11h à 19h.

© 2021 LEA BOEGLIN

Succéder à des générations de créatifs, avoir la capacité de réinventer et pérenniser une entreprise familiale est souvent un lourd fardeau à porter. Cependant, certaines maisons sont enthousiastes et font du passé un héritage ouvert à l’avenir. Partage d’expériences avec les Procédés Chénel, Coéditions et les Éditions du Coté.
Procédés Chénel : à chaque génération sa pierre apportée
Si chaque famille a ses propres marqueurs, ceux des Chénel passent avant tout par l’amour et l’admiration. Quatre générations se sont succédé dans cette aventure créative et innovante que sont devenus les Procédés Chénel International, et ce depuis 1896 s’il vous plaît ! Sophie, arrière-petite-fille du fondateur Gilles Ranno, est aujourd’hui à la tête de cette société spécialisée dans la conception de techniques d’aménagement d’espaces. Consacrés aux expositions et manifestations en France et à l’étranger, les Procédés Chénel travaillent tout d’abord le bois et se développent largement jusqu’en 1991 grâce aux deux premières générations. C’est après des études en architecture que Guy Chénel, le père de Sophie, reprend l’entreprise en 1963. Avec plus de 50 brevets à son actif, Guy fait croître l’entreprise.
Aujourd’hui, Sophie a repris le flambeau et n’a de cesse de développer différents papiers non feu que l’entreprise a créés. Papier, carton et autres textiles classés non feu M1 sont transformés, pliés, gaufrés, collés en nids-d’abeille ou encore perforés, avant d’habiller murs, éléments lumineux et plafonds de lieux dédiés à l’évènementiel. Nombreux sont les clients qui en redemandent. Pour les collections 2021, Channel a fait appel à Chénel pour habiller ses vitrines à l’international. Pour Sophie, la transmission est fondée sur le lien affectif entre une entreprise et son dirigeant. Ce lien a été tissé avec le temps, mais aussi avec le cœur parce qu’elle a su apporter de l’âme à sa maison.

Fabriqué en carton recyclable.

Un matériau de type papier, non-tissé composé de cellulose, polyester et fibre de verre.


Classés non feu M1, autostables ou suspendus



Succession d’écrans découpés selon le motif désiré.
Chez Coédition : de père en fils
Lorsqu’un père et son fils décident de travailler à quatre mains pour créer une maison d’édition à leur image, en accolant les plus belles signatures à leur nouvelle marque, cela donne une entité basée sur la transmission et la passion du beau. Trente-cinq ans après avoir fondé Artelano, maison d’édition mythique aux inspirations italiennes, Samuel Coriat s’associe à son fils Charles, étudiant à l’époque, pour en fonder une nouvelle au nom évocateur de Coedition. Pour cela, ils font appel à des designers qui cochent toutes les cases de leur cahier des charges. Avant tout exigeant, le binôme tend vers une concordance et de la créativité dans les différentes collaborations mises en place. Construire des collections cohérentes, tout en préservant la différence de chaque personnalité est fondamental pour Coedition.
Quatre créateurs historiques de la maison Artelano, Patricia Urquiola, Marco Anusso Jr., Shin Azumi et Olivier Gagnère, entrent dans la danse, rapidement rejoins par d’autres designers non moins talentueux. Les produits de Patrick Jouin, Sebastian Herkner ou encore de A+A Cooren, pour n’en citer que quelques-uns, viennent étoffer les propositions de Coedition au fur et à mesure. Pièce iconique de la maison, le fauteuil Altay de Patricia Urquiola a tant de succès qu’il est décliné dans une même collection.

COEDITION janvier 2020

COEDITION © N. Millet

Editions du Coté : l’identité en héritage
Couple à la ville comme dans leur maison d’édition lancée en 2017, Elodie Maentler-Ducoté et Marc-Alexandre Ducoté ont choisi le Pays Basque dont ils ne sont pas originaires pour s’y implanter il y a quinze ans. Éditions du Coté propose du mobilier et des œuvres d’art à la fois minimalistes et atemporels. Les pièces sont faites de concert entre l’artiste, l’artisan et l’éditeur toujours en circuit court. C’est de cette manière que l’équilibre des trois premières collections s’est fait très naturellement. Éditions du Coté a su s’entourer d’artistes de tous horizons : sculpteur, designer, musicien, voire danseur collaborent aux projets de la marque. Tout est produit entre le pays basque et l’Aquitaine, dans un rayon de 20 km pour la plupart des pièces, en édition limitée, sur-mesure ou à la demande dans le but de mettre en lumière le savoir-faire des artisans régionaux.
Au-delà de cette valorisation, leur but est de développer ces expertises existantes, en poussant la réflexion vers de nouvelles techniques notamment. Une thématique est définie par collection, souvent inspirée par l’environnement. Artzain, leur première collection, fait écho au berger basque, Ondulations est une évocation au littoral et Perspectives rend hommage aux aspects culturels présents et à venir. Si la philosophie de la maison est la singularité, elle symbolise aussi la gratitude qu’ont Elodie et Marc-Alexandre envers une terre qui a su les accueillir à bras ouverts.


''Le liège comme souvenir d’un enracinement. Le verre comme minéral s’étant élevé à la transparence du vent. Une sculpture table basse''
© Melanie Torok

Le 21 octobre 2021, Stefan Diez était à Barcelone avec une partie de son équipe pour le lancement de sa dernière collection de luminaires pour la marque espagnole Vibia. Auprès de Pére Llonch, le CEO de Vibia, il assurait le lancement de Plusminus, « The New Era of Lighting ». Le showroom Vibia construit par Francesc Rifé Studio et aménagé par Saus Riba Llonch architectes et Carlota Portavella, reflétait cette parfaite révolution dans la manière de faire l’éclairage, la lumière, l’électricité.

2019 ©IngmarKurth
En 2017, au MAKK de Cologne (Museum fur Angewandted Kunst Köln), Stefan Diez avait fait le plein des espaces de ce gigantesque musée, en remplissant de ses créations la « Full House » ou Maison Pleine. Cette rétrospective couvrait déjà les 15 dernières années de sa production avec des produits pour e15, Thonet, Hay, Wilkhahn, emu, Flötotto, Rosenthal, Sammode… mais aussi des projets pour les céramiques Arita, et les caisses en plastique pour Authentics. Une section spéciale était réservée aux projets « invisibles » qui ne sont jamais entrés en production. Mais chez Vibia, on pouvait enfin voir le résultat d’un processus de développement qui a couru sur trois ans et demi.
Plusminus pour Vibia
Trois ans et demi, c’est le temps qu’il aura fallu à Vibia et Diez Office pour mettre au point le programme Plusminus. Avec Plusminus, il explore le potentiel de l’électricité qui peut faire des illuminations étonnantes en intérieur. La grande intelligence de Plusminus est de faire courir l’électricité dans un ruban, un ruban plat au tissage savant de fils de cuivre et de fibres synthétiques, dans lequel une basse tension de 42 volts seulement circule sans danger.



Emanciper la lumière de l’architecture, tel a toujours été le souhait de Pére Llonch, le CEO de Vibia fondée en 1987 et présente dans 103 pays (en six langues). Sur les salons du Luminaire, Euroluce à Milan, Light + Building à Francfort, Vibia brille par ses installations signées par les plus grands designers. Au nouveau siège, à 15 mn du centre de Barcelone et 10 mn de l’aéroport, une galerie de portraits en témoigne : Fernando Brizio, Lievore Altherr Molina, Sebastian Herkner, Arik Levy, Note Design Studio, Antoni Arola, Ramos et Bassols… sont présents comme parrains de la marque. Le showroom de 2050 m2 côtoie une usine de 16000 m2 dans laquelle sont assemblés et expédiés les produits.


…et la lumière fut
Un « simple » métier à tisser, Sächsisches Textilforschunginstitut (STFI) celui de Karina Wirth, designer textile au sein du TPL, Textile Prototyping Lab, un consortium financé par l’état et deux instituts de recherche, a suffi pour faire courir le fil conducteur dans la sangle. En 2019, pendant Euroluce, le produit a été montré en phase de développement comme un « work in progress ». Aujourd’hui, il en reste quatre sangles et une tool box, une boîte à outils avec tous les accessoires imaginaires pour faire de cette révolution une révolution innocente, sans danger même pour les enfants.

2021 ©Matthias Ziegler
« Il faut conduire la lumière dans l’espace pour aider les gens à aimer l’espace dans lequel ils sont, explique Pére Llonch. Ce ne sont pas de simples produits mais des produits pour des gens. Quand nous avons développé le produit, on s’est attaché à l’usage du produit. Son usage dans son aspect fonctionnel pour réaliser combien l’espace est important. On ne parle pas d’architecture de lumière mais simplement d’émotion, d’une lumière invisible. Ce que le design veut dire aujourd’hui, c’est Vibia. Ce n’est pas le produit seul mais toute son installation et la façon dont il est livré au consommateur qui importe. »
Une relation constante
Repris par Hay, « Rope Trick » tentait déjà de créer des atmosphères. La LED a atteint aujourd’hui un niveau de flexibilité et de sophistication qui en fait le couteau suisse pour la création d’ambiance lumineuse. Plusminus offre la possibilité de placer des sources lumineuses en tout point de l’espace. Et l’éclairage a pris de nouvelles formes. Il crée des atmosphères et c’est aux designers de signer les formes. C’est un produit flexible qui ne nécessite qu’un configurateur en ligne pour faire les installations les plus aériennes.

Avec la crise du Covid, les modes de travail et de fonctionnement ont été radicalement perturbés ou améliorés. Plus besoin de se rendre sur place pour surveiller la fabrication d’un objet. Les configurateurs automatiques se chargent de calculer le nombre de pièces nécessaires à la mise en place d’un tel équipement. Plusminus entre dans l’ère du produit numérique (digital en anglais) dont l’aspect physique implique l’intervention de designers et les connexions la présence de programmeurs pour une offre infinie.
Une économie circulaire
Ces dernières années, le bureau Diez s’est consacré à l’élaboration de lignes directrices pour une économie circulaire, convaincu que les designers peuvent contribuer de manière significative à la transformation du système économique mondial. Son canapé Costume pour Magis en est la démonstration. Il doit s’adapter à des conditions d’utilisation changeantes mais témoigne aussi d’une garantie de vie utile tout au long de sa durée de vie. « La conception des produits doit accepter cette réalité en privilégiant autant que possible la flexibilité et la modularité. Les produits sont fabriqués à partir de différentes pièces et matériaux qui s’usent à différentes vitesses. Il est important de comprendre cette variabilité et de concevoir autour d’elle, de sorte que tous les composants puissent être réparés ou remplacés par l’utilisateur ou des ateliers de réparation locaux. (…) Un produit circulaire peut être mis à jour. Le design doit accepter de travailler avec cette imperfection en créant des produits dans lesquels des éléments individuels peuvent être améliorés et réincorporés prolongeant leur durée de vie sur le marché. » La consommation d’énergie doit être limitée et appliquée sur toute la durée de vie du produit, de la fabrication au recyclage. Enfin, le transport ne doit pas augmenter son impact environnemental. Et, paradoxe, un produit circulaire doit être aussi peu produit que nécessaire, presque sur commande.
A bonne école
Avec une formation d’ébéniste, un diplôme de design industriel obtenu en 2002 à l’Académie de Stuttgart sous l’influence positive de Richard Sapper pour lequel il portera pendant deux ans le projet de micro-informatique « wearable computers » pour IBM puis un poste d’assistant chez Konstantin Grcic à Munich, Stefan Diez maîtrise tout. Méticulosité, intuition, expérience technique, productivité et originalité. Son passage chez tous les fabricants lui a servi à compléter et confirmer encore et toujours son intuition. He’s got the feeling, dirait-on aujourd’hui en anglais.
À partir du 11 novembre 2021, le grand public pourra voir dans les espaces vacants du Palais de Preysing, derrière la Feldherrenhalle sur l’Odeonsplatz, entre l’Opéra et le 5-Höfe, l’une des places les plus animées de Munich, les projets de Diez Office dans l’expérimentation du « 4e mur ». Des amis artistes, designers, photographes sont incités par la Société immobilière munichoise Cocon GmbH à s’exprimer derrière ce mur imaginaire comme s’ils n’étaient pas vus. Fin novembre Plusminus sera mis sur le marché en même temps que sera mis en route le configurateur, flexible, fluide, d’un usage intuitif. Une expérience à voir et une bonne raison de revoir Munich.


©Gerhardt Kellermann

Après avoir lancé avec succès l’Atelier Jespers, le galeriste Jean-François Declercq propose un lieu inédit la Bocca della Verità entre design et architecture.

Bruxelles offre sans cesse des découvertes à qui sait flâner, révélant ainsi l’histoire de son architecture singulière, de l’art nouveau et du modernisme. La capitale belge est le territoire de prédilection de Jean-François Declercq, à l’affut de nouveaux bâtiments empreints d’histoire à réhabiliter. Sa récente galerie La Bocca della Verità présente les œuvres de jeunes pousses du design dans le contexte particulier de bâtis historiques préservés. Derrière la Maison van Dijck classée, de Gustave Strauven, construite en 1900, se cache un bâtiment postmoderne, de 1989, édifiée par le jeune architecte Michel Poulain. Avec sa géométrie aux faux airs d’Ettore Sottsass, la façade de la Bocca della Verità s’inscrit dans une cour coiffée d’une lumineuse verrière. Dans une dynamique et une mouvance propres au travail de Jean-François Declercq, la galerie a pour ambition de soutenir les talents de la jeune création du design, avec trois expositions par an.
Le rez-de-chaussée et l’étage sont consacrés aux expositions collectives et individuelles. Le premier étage accueille la salle de projet du collectif Stand Van Zaken, qui invite un commissaire différent à chaque exposition et trois designers, artistes ou architectes. Le principe repose sur un concept de travail collectif visant à explorer des formes d’expressions émergentes, une référence au procédé initié par le « Cadavre exquis » des Surréalistes. Pour sa première édition, le collectif a choisi le jeune couple d’artiste et designer, Chloé Arrouy et Arnaud Eubelen, qui ont cogité ensemble autour de leurs univers personnels, composés d’assemblage de matériaux pour l’un et de reproduction d’objets pour l’autre.
L’exposition inaugurale montre également le travail de deux créateurs, plus confirmés. Le français, Thibault Huguet designer industriel de formation, explore les connexions entre les divers matériaux, et applique ses recherches à du mobilier épuré entre artisanat et technologie, comme la console en aluminium Plane, d’une simplicité déconcertante. Hélène del Marmol, quant à elle, est belge, expérimente la cire végétale, sous forme de grosses bougies totémiques, conçues dans une rigueur géométrique évoquant l’aspect subversif d’Ettore Sottsass et la poétique Constantin Brancusi. Pour un dialogue émotionnel avec les objets.
La Bocca della Verità, Boulevard Clovis 85 Clovislaan 1000 Brussels
Visite des expositions du 17.09.2021 au 17.12.2021

Table de l’architecte Theo de Meyer, du collectif Stand Van Zaken


L’histoire de l’art retient d’Ettore Sottsass son anticonformisme et sa contribution majeur au mouvement Memphis. Artiste designer protéiforme, il était aussi poète, voire gourou. Depuis le 13 octobre le Centre Pompidou dévoile une autre facette de cet humaniste génial à travers « Ettore Sottsass, l’objet magique ».

53,3 x 17 x 18,5 cm
© Adagp, Paris 2021
Si l’exposition retrace les quarante premières années de la carrière d’Ettore Sottsass, elle a surtout vocation à présenter son œuvre sous un nouveau jour. De Memphis on ne retiendra ainsi que la dernière salle, comme une ode aux possibilités novatrices et déconcertantes offertes par la collaboration avec Abet Laminati.

Meuble avec éclairage, placage en laminé Print d’Abet Laminati. Structure en multiplis.
© Adagp, Paris 2021 © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Service de la documentation photographique du MNAM/Dist. RMN-GP
Au gré du parcours, on retrouve un Sottsass enchanteur explorant tous les champs de la création avec une infinie liberté. Depuis ses débuts, on perçoit sa force créatrice qui s’assouvit dans autant de médiums – qu’il s’agisse du dessin, de la peinture, de la sculpture. Affranchit, il conçoit rapidement l’objet dans sa dimension symbolique faisant fi de sa fonctionnalité. Il dote ses créations d’énergies, composant une cosmogonie de formes, matières et couleurs comme autant d’éléments mystiques qui trouveront à s’incarner dans sa pratique de la céramique. Totémiques, les pièces monumentales présentées par Pontus Hulten en 1969 au Nationalmuseum de Stockholm sont une expérience spatiale à part entière comme autant de « montagnes impossibles à faire, à monter ou à déplacer » raconte Marie-Ange Brayer, empruntant les mots de Sottsass.

La culture anthropologique du designer transalpin est aussi largement mise à l’honneur. On le découvre à travers ses images filmées en Inde ou grâce à sa pratique compulsive de la photographie. Architectures vernaculaires, rites, sociétés de consommation, de l’Inde aux États Unis en passant par l’Égypte, rien n’échappe à son œil. En tout, ce sont près de 100 000 clichés, donnés à la Bibliothèque Kandinsky par Barbara Radice en 2013, qui composent ce paysage intime et délicieux offert à la vue du visiteur. Que dire de la nomenclature composée par Sottsass lui-même, si ce n’est qu’elle raisonne comme un doux poème et laisse entrevoir sa pratique quasi-ritualisée de l’archivage.
De l’exposition « Ettore Sottsass, l’objet magique », on ressort donc nécessairement envoûté par sa vision quasi-métaphysique des êtres et du monde, autant que des objets et des formes.
« Ettore Sottsass, l’objet magique », Paris, Centre Georges Pompidou, 13 octobre 2021-3 janvier 2022, Commissaire : Marie-Ange Brayer.

Etagère de rangement avec casiers et tiroirs encastrés.
Bois laqué et laiton, 250 x 200 x 50 cm.
Don de la Société des Amis du Musée national d'art moderne, 2010 .
© Adagp, Paris 2021 © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP

Armoire Bois, plastique peint, maquette d’armoire conçue pour Poltronova (Italie).
Don du designer, 1999.
© Adagp, Paris 2021
© Centre Pompidou, MNAM-CCI/Jean-Claude Planchet/Dist. RMN-GP

Strutture tremano, 1979 .
Haut guéridon à plateau en verre carré supporté par 4 colonnettes torses en métal laqué rose, bleu, vert et jaune, reposant sur une base parallélépipédique plaqué de mélaminé blanc Verre, acier laqué, stratifié
119 x 60,2 x 60,2 cm / Plateau : 60,2 x 60,2 x 0.5 cm

Fabricant : Bitossi & Figli, Italie, commande d'Irving Richards
Assiette plate Céramique, hauteur : 0,5 cm diamètre : 31 cm
© Adagp, Paris 2021 © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Jacques Faujour/Dist. RMN-GP

Photographie n°13, épreuve gélatino-argentique, 42 x 32 cm © Adagp, Paris 2021.

© Adagp, Paris 2021
Photography Erik and Petra Hesmerg/Courtesy The Gallery Mourmans

À chaque édition de « Genius Loci », c’est une expérience unique du lieu et du design que propose Marion Vignal, la curatrice de l’exposition à l’Ange Volant, à Garches. L’occasion de découvrir une vingtaine d’œuvres singulières dans l’unique maison en France imaginée par le génial architecte Gio Ponti.

Parmi les pavillons de cette banlieue paisible à l’ouest de Paris se niche un joyau de l’architecture, une maison signée de l’architecte italien de Gio Ponti. Construite en 1927, pour Tony Bouilhet, le propriétaire de la maison d’orfèvrerie et d’arts de la table Christofle, la villa l’Ange Volant, nous livre une lecture tout à fait personnelle de l’architecture. À première vue, une maison à échelle humaine, aux proportions justes et équilibrées de la façade, inspirée de l’architecture italienne palladienne et de ses jardins. Puis l’intérieur révèle le séjour à double hauteur d’une modernité stupéfiante qui est aussi un décor magistral, où le regard se perd un peu, tant il y a de beautés à voir. Si l’on s’arrête sur les courbes élégantes des fauteuils, les détails du plafond, le raffinement des teintes ou bien les poignées de porte, on constate que l’œuvre architecturale est totale ! Gio Ponti savait tout dessiner avec légèreté et théâtralité ! L’Ange Volant révèle aussi une ode à l’amour, puisque la villa a donné naissance au couple formé par Tony Bouilhet, le commanditaire du lieu, et par Carla Borletti, nièce de Gio Ponti, et ils s’y marièrent en 1928 un an après l’inauguration…


Genius Loci, l’esprit du lieu
Chaque édition de « Genius Loci « propose un programme dans un lieu privé, et offre à voir des œuvres d’artistes, de designers, d’architectes, dans une expérience immersive. « J’ai sélectionné les artistes intuitivement, afin qu’ils résonnent avec l’œuvre de Gio Ponti et, particulièrement, avec cette maison pour laquelle j’ai eu un coup de coeur », explique Marion Vignal, commissaire de l’exposition. On peut ainsi retrouver les sculptures de Nao Matsunaga dans le vestibule, le lampadaire de Michael Anastassiades, les tableaux miroirs de Maurizio Donzelli, ou encore la grande table en verre de la salle à manger de Studio KO, le banc en résine transparent de Studio Nucleo. On note ce choix judicieux du banc en pierre bleue de Hainaut, présenté sur la terrasse, des architectes belges Bas Smets et Éliane Le Roux, renvoyant à la passion de Ponti pour les ponts. La paire de fauteuils de trains de première classe en velours bleu du designer italien de1950 converse avec la table basse du salon en miroirs soudés et taillé comme un bloc de cristal, de l’artiste anglais Julian Mayor. L’une des commandes spéciales réalisées pour cet évènement.
À découvrir jusqu’au 24 octobre 2021, entrée libre sur réservation, toutes les informations sur www.geniusloci-experience.com




Pour son directeur Emmanuel Tibloux, l’École des Arts décoratifs doit affirmer sa mission d’école des transitions et des concepteurs de nos environnements de vie. Un objectif qui passe par la mise au cœur du projet pédagogique du principe de transition et par la plus grande transversalité de l’enseignement des disciplines au sein de l’établissement.

© Béryl Libault
Lors de l’entretien qu’il nous avait accordé au printemps dernier (Intramuros 208), Emmanuel Tibloux, directeur de l’École des Arts décoratifs, avait évoqué les grandes lignes du repositionnement clair de l’institution qu’il dirige en matière de transition écologique. Il y évoquait également le lancement d’un programme de post-master consacré au design en milieu rural.
À l’occasion d’une rencontre organisée avec la presse dans l’enceinte du prestigieux établissement de la rue d’Ulm, celui dont le mandat vient être renouvelé pour trois nouvelles années a approfondi les objectifs qu’il entendait porter autour de ce principe de transition, en appuyant notamment l’idée d’une École nationale supérieure des arts décoratifs mieux campée sur sa mission d’école des transitions et des concepteurs de nos milieux de vie.

En imaginant l’évolution de « l’école à 360° » qu’il chapeaute, Emmanuel Tibloux rappelle qu’outre l’importance des formations pratiques et théoriques, l’Ecole des Arts décoratifs accorde aussi plus spécifiquement une large place à la formation technique.
La transition écologique, territoriale et sociale au cœur du projet de l’École des Arts décoratifs
Le principe de transition est en effet au cœur du projet de l’école. Emmanuel Tibloux rappelle à ce propos le plan d’action imaginé en ce qui concerne la transition écologique, pensée pour être mieux intégrée dans les formation dispensées (meilleur usage des matériaux, réaffirmation des circuits courts et des économies de moyen dans les projets), mais aussi dans le fonctionnement des bâtiments (après l’audit énergétique, c’est un audit des pratiques numériques qui va être lancé) et dans les événements organisés par l’école où une place encore plus grande sera accordé au vivant. Comme le rappelle Emmanuel Tibloux, « il faut inventer de nouvelles façons de faire, et ce principe de transition permet justement de contextualiser ce qui fait crise entre l’ancien et le nouveau ».
Ce principe de transition se veut cependant beaucoup plus large. La transition doit aussi se penser sur un plan territorial, en s’ouvrant par exemple à la ruralité où se jouent des questions essentielles (fracture numérique, accès aux services publics) à propos desquelles Emmanuel Tibloux pense que le design peut apporter son expertise. C’est là toute l’idée du programme de postmaster design des mondes ruraux ouvert cette année à Nontron en Dordogne.
Plus largement, la transition sociale est pointée comme un objectif primordial des années à venir. Emmanuel Tibloux relève en effet la trop grande homogénéité de profil des étudiants de l’École et le faible taux de boursier. Le concours d’entrée, qui a déjà intégré un principe accru d’anonymat dans sa première phase de sélection, continue d’évoluer pour se simplifier et se mettre au plus près des pratiques actuelles (le fichier numérique se substituant aux planches pour l’étude des pièces du dossier). Par ailleurs, les actions de parcours préparatoire dans les lycées des quartier populaires (Paris Xe, Aubervilliers) vont être accrues sous la supervision d’une chargée de mission veillant à un principe de suivi en amont et avec des contenus pédagogiques conçus directement par les diplômés de l’école. En association avec les Ateliers Médicis, le projet d’implantation de l’école La Renverse en Seine-Saint-Denis entend créer un principe pédagogique alternatif avec différents niveaux d’assiduité. L’objectif étant de penser un dispositif complémentaire pour une vingtaine d’élèves, avec l’idée d’ouvrir une école alternative en 2025, non diplômante mais mieux ancrée dans ces territoires urbains.

Articulation des formations et transversalité des disciplines
Au sein de l’École directement, le projet pédagogique s’élargit et entend mieux intégrer les grandes formes de transformation sociale de notre temps (urgence écologique, mais aussi place faite aux femmes dans la création, réflexions autour d’un enseignement moins ethnocentré) en tenant compte, comme le précise Emmanuel Tibloux, du temps nécessaire entre le besoin exprimé par certains de rapidement changer les choses et la plus pondérée patience de l’institution.
Plus concrètement, l’objectif est aussi de davantage prioriser la transversalité des enseignements et les articulations des pratiques. L’École nationale supérieure des arts décoratifs, c’est effectivement un peu dix écoles en une, avec des formations couvrant tous les champs du design (graphique, objet, textile et matière, vêtement), mais aussi des arts et des industries culturelles, en allant jusqu’à la mode et au cinéma d’animation. En imaginant l’évolution de « l’école à 360° » qu’il chapeaute, Emmanuel Tibloux rappelle qu’outre l’importance des formations pratiques et théoriques, l’Ecole des Arts décoratifs accorde aussi plus spécifiquement une large place à la formation technique.
Le projet pédagogique vise donc à mieux articuler la formation et la recherche selon l’idée un principe de recherche appliquée se retrouvant dans le grand laboratoire de recherche, dans la pertinence des parcours doctoraux et des dépôts de brevets. L’articulation entre les cultures visibles (la construction d’une image ou d’une forme) et les cultures matérielles (le bon choix de matière) doit être valorisée à travers le développement de la matériauthèque, car ce rapport à la matière est encore trop peu présent dans les choix de l’artiste si on les compare à ceux des architectes ou des ingénieurs par exemple.
Les relations entre chaque secteur d’enseignement doivent enfin accorder plus de place à la transversalité, pour que par exemple scénographes et graphistes puissent travailler ensemble. La refonte des masters inclut donc un dispositif de cursus en sablier, avec une première année générique, puis deux années d’apprentissage sectoriel, et enfin une quatrième année avec possibilité de croisement. Comme le souligne Emmanuel Tibloux, « On doit former des acteurs en capacité de prendre la mesure de la complexité du monde ». Et quoi de mieux en effet que la transversalité des disciplines pour bien saisir la transversalité de vie du monde réel ?
Retrouvez l’intervention d’Emmanuel Tibloux lors du talk sur la Jeune création, Intramuros-Paris Design Week.


L’interaction avec le territoire : soin des adolescent.e.s Restauration écologique du collège Travail Langevin - Maquette du Collège Travail Langevin et son quartier, à Bagnolet.
© Béryl Libault

Le 2 octobre 2021 était inauguré à Dubaï, le Pavillon France, chargé de représenter le design, l’architecture et les savoir-faire français au cœur d’une Exposition Universelle de plus de 4 km2. Cette première exposition universelle à se construire dans la zone MEASA, (Moyen Orient, Afrique et Asie du Sud-Est) se tient sous le thème « Connecter les esprits, connecter le futur » aux Emirats Arabes Unis et le Vice-Président et Premier Ministre Sheikh Mohammed bin Rashid accueillait Jean-Yves Le Drian, Ministre des affaires étrangères et de l’Europe, pour visiter les espaces du pavillon français.
Sous une température « ressentie » de 48°, les délégations officielles se sont succédé pour se féliciter d’une construction en un temps record, de 180 pavillons qui devaient faire preuve comme à chaque fois de leur performance et diligence à construire, dont 13 ont eu recours au savoir-faire du groupe français Serge Ferrari pour couvrir leur structure. Le pavillon français, partenaire privilégié, avec une journée nationale offerte le premier jour de l’ouverture, déployait derrière un mur de 21 m de hauteur, avec 2500 m2 de tuiles solaires photovoltaïques en Alubon, 1160 m2 de jardins. Conçu par l’Atelier Perez Prado et Celnikier & Grabli Architectes, avec une mise en lumière de BOA Light Studio, et une structure , il hébergeait tous les savoir-faire français les plus pointus et les institutions les plus cotées : CNES, Engie, Orange, Alcatel Lucent, Schneider Electric, EDF, Kearney, Lacoste…
Expo universelle : des espaces meublés France au Pavillon français
Les espaces étaient meublés de fauteuils, canapés et causeuses de la collection « Hémicycle » de Philippe Nigro pour Ligne Roset et Le Mobilier national ; le salon Georges Sand déployait la collection « Elsa » des canapés Duvivier signée Guillaume Hinfray en association avec la Tannerie Remy Carriat pour les sangles couture. Dans les couloirs et en extérieur, les luminaires Sammode rythmaient l’espace. Lafuma Mobilier équipait la terrasse du Belvédère avec sa collection outdoor « Horizon » design Big-Game. Au rez-de-chaussée, la scénographie de la boutique et ses vitrines étaient assurée par le Studio 5.5 pour la RMNGP, et l’on pouvait y acheter indifféremment des T-shirt Lacoste, des posters géants à colorier OMY ou des Bijoux Brodés dessinés par Macon&Lesquoy réalisés à la main par des artisans spécialisés au Pakistan.
Erik Linquier, CEO de la COFREX, directeur du Pavillon France et Franck Riester, Ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’attractivité ont arpenté des espaces virtuels à la gloire de l’industrie, du design et de l’artisanat d’art français pour assurer que la France était au cœur des grands enjeux contemporains.

Cinq expositions temporaires doivent se succéder pendant les six mois de l’Exposition universelle : « Notre-Dame de Paris, l’expérience » par Histovery et L’Oréal, « Art de vivre à la française et modernité, un rêve à partager » par le groupe Chalhoub, la « Chambre de chromosaturation » par Carlos Cruz-Diez, « Le Pavillon du Grand Paris Express » par la société du Grand Paris et Dominique Perrault, ou « Jean-Paul Gaultier de A à Z », concurrencées par « Planète Art, La culture pour tous » avec Art Explora, un bateau musée conçu par Axel de Beaufort et Frédéric Jousset qui naviguera de port en port pour apporter la culture à ceux qui en sont le plus éloignés.
Expositions en catamaran
Les projections en 3D des œuvres des musées seront une expérience sans nulle autre comparaison pour les enfants qui pourront embarquer sur ce bateau de 250 à 300 tonnes, un catamaran à deux coques en aluminium qui s’autorise une capacité de 200 personnes au port, dans l’esprit du Tara, le bateau de Jean-Louis Etienne ou le bateau en fibre de jute recyclée de Corentin de Chatelperron élaboré en 2016 en partenariat avec le designer Joran Briand.
Partout, dans tous les pavillons, les questions sur le futur restent toujours les mêmes : s’il y a de l’eau sur Mars, y-a-t-il aussi des vagues ? Et chacun de déployer ses techniques et ses savoir-faire pour broder sur le sujet en 3D ou en naturel et théoriser sur l’autosuffisance énergétique de chaque pavillon. Montable et démontable, le pavillon France sera déconstruit à la fin d’Expo 2020 et reconstruit à Toulouse sur le site du CNES à côté d’Ariane, la célèbre fusée française qui achemine régulièrement dans l’espace les satellites qui permettent les connexions les plus extraordinaires. Et Expo 2020 qui s’est tenue avec seulement une année de retard est visible jusqu’au 31 mars 2022 à Dubai, avant que la prochaine ne se tienne à Osaka en 2025 au Japon.





Lauréat du concours Plateforme 10 (nouvel édifice à Lausanne qui abritera le MUDAC et le Musée de l’Elysée), Pierre Charpin a conçu avec Tectona un banc pour les salles d’exposition.
C’est dans le nouveau quartier des arts de Lausanne que le Musée du Design Contemporain et des Arts Appliqués (le MUDAC) et celui de l’Elysée, musée cantonal dédié à la photographie, prendront leur quartier à Plateforme 10. Ce bâtiment, autrefois halles de réparation pour locomotives, ouvrira ses portes au public en juin 2022.
En référence aux voies de chemin de fer qui longent Plateforme 10, Pierre Charpin a imaginé un meuble très simple mais avec une présence forte. « J’ai essayé de me raccrocher à l’histoire du bâtiment, et c’est comme cela qu’est venu l’idée de travailler avec des sections de bois assez massives qui rappellent celles des traverses de chemin de fer. » Si Pierre Charpin aime raccrocher les wagons, il aime aussi tisser une trame entre ses différentes vies.
Parrainé par l’éditeur Tectona avec lequel il collabore depuis longtemps, ce concours a retenu l’attention du designer par attachement pour la marque et pour la ville puisqu’il a enseigné à l’ECAL (Ecole Cantonale d’Art de Lausanne) durant plusieurs années.
Son banc, sans dossier, est composé de sections de chêne massif qui sont assemblées de manière à s’emboiter très simplement. Ce matériau naturel et local a été choisi en partie pour rappeler la volonté de faire de ce nouveau quartier un lieu où biodiversité, environnement et durabilité seront à l’honneur.




Depuis 2018, les équipes de Constance Guisset planchent sur la création d’un espace d’exposition dédié aux enfants à la Philharmonie. Ce lieu d’exploration du son et de la musique, qui a nécessité plus de 200 intervenants pour sa conception, vient d’être dévoilé.

La Philharmonie de Paris au logo si engageant, dessiné par l’agence BETC, vient d’ouvrir un espace réservé à l’éveil musical des enfants. Ce projet, en gestation depuis l’ouverture de la Philharmonie de Paris en 1995, a pour ambition de mettre « l’innovation technologique au service d’une éducation musicale d’un genre nouveau, affranchie d’une relation exclusive aux écrans » comme l’affirme Laurent Bayle, le Directeur général de la Philharmonie de Paris et Président de la Philharmonie des enfants.
Cette institution publique bénéficie d’une longue expérience en matière de pédagogie musicale et la place prépondérante du numérique à la Philharmonie était un atout supplémentaire pour initier un tel projet. Manquait l’espace dans ce gigantesque bâtiment signé Jean Nouvel. Thibaud de Camas, Directeur général adjoint, spécialiste dans l’offre des ateliers éducatifs, a eu la bonne idée de dégager un plateau de 1000m2 resté vacant pour imaginer un nouvel espace où les enfants de 4 à 10 ans pourraient s’initier seul à toutes les cultures musicales dans un univers poétique. Sous l’égide de Mathilde-Michel Lambert, l’actuelle directrice, les équipes se sont fédérées – artistes, musiciens, créateurs…- pour aboutir à un parcours d’une trentaine d’installations originales mises en espace par Constance Guisset. Ce projet ambitieux a pu voir le jour grâce au soutien du Ministère de la Culture, de Ville de Paris, de Région Ile de France, et de nombreux partenaires, parmi lesquels on reconnaîtra les revêtements de Tarkett.

La Philharmonie à hauteur d’enfants
L’aventure de la découverte des sons et de la musique est accessible à tous dans cet univers où chacun peut déambuler en capitalisant sur la sagacité et la capacité intuitive des enfants à s’approprier l’espace. Une mappemonde-cabane réalisée en collaboration avec l’artiste Brecht Evens permet de découvrir les expressions vocales du monde entier avec une localisation lumineuse au moment où les sons sont émis. Pierrick Sorin, BabX, Kaori Ito, Wladimir Anselme, Emmanuelle de Héricourt, Florent et Romain Bodart, Dom La Nena, Davide Sztanke… offrent chacun à leur manière un appel vers l’imaginaire. Sans aucun besoin de connaissance musicale préalable, tel que solfège ou rythmique, les enfants sont invités à « trouver leur place dans la beauté du monde ». La salle « Plein les oreilles » propose une appréhension organique du discours musical dans sa durée.
Ce processus créatif, lancé en 2018 suite à la victoire de l’équipe de Constance Guisset, a mis trois ans à se mettre en place. Un temps record quand on sait qu’il a fallu coordonner les efforts de 300 personnes pour aboutir à ce résultat exceptionnel où le choix du low-tech a été essentiel. L’installation Maestra, maestro ! qui aurait pu placer les enfants dans un jeu video a choisi de les installer eu sein d’un orchestre de son et de lumière. Ils s’y sentent chez eux.

Dès son ouverture, en 1999, la Galerie kreo présentait Marc Newson. Trois expositions personnelles ont suivi en 2000, 2002 et 2004, offrant au public français le meilleur de ses créations, jusqu’à l’iconique Carbon Ladder, datée de 2008. Depuis 13 ans donc, Marc Newson n’avait plus produit de nouvelles pièces pour kreo. C’est dire si il était attendu et combien l’exercice pouvait se révéler périlleux.
Avec « Quobus », Newson interroge la typologie de l’étagère offrant à l’usager de composer sa propre variation. 1, 3, 6 et 2, 4, 6 permettant autant de déclinaisons en fonction du nombre et de la taille des modules concernés.
On retrouve la franchise habituelle de Newson : tout est visible, du système constructif aux matériaux employés. Le rythme vient de la récurrence des rails composant la structure des modules en acier émaillé maintenus par des vis rondes en laiton. Les lignes courbes adoucissant les coins de chaque module viennent en écho aux coloris créés par Newson, qu’ils soient graphiques ou pastels. Renouvelant son exigence de technicité, il a fait apposer un émaillage traditionnel vitrifié et coloré sur des feuilles d’acier courbé.
Disponibles en éditions limitées (8 + 2 E.A. + 2 Prototypes) on envisage volontiers qu’aucune commande ne ressemblera à la précédente, sans même parler des deux pièces uniques proposées par kreo.
Si la révolution formelle que l’on attendait n’a pas lieu, la collection « Quobus » est empreinte d’une poésie propre à Newson. Elle fait l’effet d’un bonbon à la fois satisfaisant et réconfortant, notamment pour son public de collectionneurs qui patientait religieusement de longue date.
—
« Quobus » by Marc Newson est présenté simultanément à la galerie kreo Paris (11 septembre – 20 novembre 2021) et à la galerie kreo London (15 septembre – 20 novembre 2021).





Galerie kreo Paris, Marc Newson © Cléa Daridan

À la Carpenters Workshop Gallery, rue de la Verrerie à Paris, l’exposition de « Tiss-Tiss, Flexible Rigidity » est visible jusqu’au 15 octobre 2021. Les créations de A+A Cooren se confrontent aux créations textiles de Simone Prouvé, la fille de Jean Prouvé, dans un dialogue sensible et évident qui replace le travail de la main au cœur de leurs préoccupations. Au Mobilier national, ils profitaient pendant la Paris Design Week d’une première mise en visibilité hors pair de leurs fauteuils et canapé « Dans un nuage de Pixels », habillés par une création textile numérique de Miguel Chevalier. Retour sur un duo de designers qui, depuis la création de leur studio, en 1999, ont travaillé sur des projets d’aménagement d’intérieur, de produits, de design de meubles ainsi que de scénographies pour Shiseido, Artemide, ClassiCon, L’Oréal, Cartier, mais aussi la Manufacture Nationale de Sèvres, Yamagiwa, Saint Louis, Boffi Bains, Vertigo Bird, Noma…
Aki et Arnaud Cooren, identifiés sous le studio A+A Cooren, se sont rencontrés à l’Ecole Camondo. Elle, japonaise, est née à Paris, a grandi à Tokyo, un peu aux États-Unis et est venue étudier à Paris où elle a rencontré Arnaud. Lui, a fui la France après sa seconde pour faire ses humanités artistiques à Saint-Luc, La Cambre et finalement intégrer Camondo, à l’époque la seule école qui offrait un double cursus : « À La Cambre, on faisait beaucoup d’atelier, beaucoup de peintures, des grands formats, des anamorphoses par rapport à l’espace et l’atelier auquel je participais avait pour dénomination « Espaces urbains et ruraux lumière couleur ». Les gens réfléchissaient sur notre environnement, l’espace, la lumière et tout ce qui était de l’ordre du sensible. Cela a éveillé ma curiosité sur l’espace, plein d’autres choses et j’ai eu envie de travailler sur l’objet et sur ce qu’un objet voulait dire ou ne voulait pas dire. »

Rencontre… du textile et du métal
Quand ils se rencontrent avec Aki, ils détiennent déjà un fond commun et peuvent dialoguer : Aki, formée à l’intensité et Arnaud avec un background de réflexion sur le sujet, le contexte et le sens. Ensemble, ils voient les choses et avancent. « Nous avons grandi tous les deux dans des familles créatives, explique Aki. Mon père a créé un textile au Japon, il a appris à tisser, à faire des teintures sur soie. Il est devenu avec ma mère un créateur de bijoux en argent, dans un principe de fabrication à cire perdue. Il fabrique des modèles de tout, à la main, avec une facilité déconcertante. Il maîtrise l’Art nouveau. Il sait faire du Guimard à la main, de tête. Mais aussi des créations contemporaines… Avec lui, un jouet n’était jamais cassé, il le réparait dans la foulée. Ma mère tissait. Elle avait importé un métier à tisser de Scandinavie au Japon au début des années 70. C’était extrêmement rare. Et ma grand-mère qui était d’une grande famille avait des kimonos pour toute sa vie avec les motifs réservés à certains âges, hyper codifiés. J’ai grandi avec ce code textile autour de moi et l’odeur du métal…C’est toute mon enfance. »
Le textile et le métal, font partie de leur univers depuis toujours. Depuis 1999, date de création de leur studio, ils réfléchissent sur ce même sujet, la combinaison du textile et du métal.

« Nous, ce qu’on aime, c’est cette espèce de flexibilité et de fragilité du tissu. Il peut être super souple mais également super dur, régulier et en même temps irrégulier. C’est le côté main-humain du tissu qu’on adore. Il y a toute une instantanéité que l’on voyait en faisant le travail qu’on essaie de retransmettre quand on fait les lampes Ishigaki par exemple. Les lampes sont grandes, mais en même temps, elles tiennent. Il y a un jeu technique, un jeu poétique et on essaie de faire en sorte que l’un ne domine pas l’autre. »
En complémentarité
Ils capturent le moment où le tissu se pose et où les détails de qualité certifient le travail de la main. Ce sont des choix d’instantanés qu’il faut prendre tels qu’ils viennent. Pour eux, les accidents sont des atouts. Quand les gens en fonderie expliquent comment l’accident est arrivé et comment il aurait pu être évité, la coordination est superbe et tous les gens de la chaîne de fabrication sont heureux de livrer un tel produit. « La table Tiss-Tiss fait 2,80m mais elle se porte à deux. Elle est en aluminium avec des reliefs de textile. Pour l’atelier de la Carpenters Workshop Gallery, l’assemblage était léger et rapide. Tous les modules ont voyagé à plat. Et cela se voit sur la vidéo du montage. »
Ils se revendiquent tous les deux, chacun de leur planète, gravitant l’un autour de l’autre avec leur qualité et leur force, homme et femme associés, chacun avec son éducation. « L’éducation à la française t’aide beaucoup plus à développer ton idée. Au Japon, tu ne dois pas sortir du schéma. Tu apprends tout par cœur et sans comprendre ce que tu apprends. À deux, on ne voit pas de la même manière. Cela laisse le champs libre à l’imaginaire de l’autre et nos produits sont comme des jouets pour adultes. Quand on veut que nos objets aillent dehors… on met au point des vernis qui font qu’ils puissent aller dehors. On les teste nous-mêmes, on vérifie tout. Cet hiver, on a laissé nos meubles dehors pour constater les variations, pour les fragiliser, les cramer, les brûler… ça a l’air fragile mais ça ne l’est pas du tout. C’est à l’épreuve de la vie. »

La création numérique
Ils ont fait le grand écart au Mobilier national avec Miguel Chevalier, qui travaille sur le numérique, et Simone Prouvé qui travaille à la main de façon intuitive depuis très longtemps. Ils se sont rendu compte de leur proximité avec Simone Prouvé quand ils ont vu son approche de la photo. Ils photographient les mêmes accumulations comme des enfants que l’on laisse jouer avec un appareil photo. « La beauté est tout autour de nous. Ce qu’on veut montrer aux gens, c’est que si tu changes de point de vue, la beauté est là. Mais s’exprimer dans un milieu qui relève de l’industrie au moment où l’industrie meurt, c’est compliqué. A l’atelier de la Carpenters Workshop Gallery, les artisans étaient très attentifs à ce que je voulais et moi, je ne savais pas ce qu’ils pouvaient. Leur champ des possibles était tellement large. Pareil avec le Mobilier national. C’est finalement tombé au même moment mais il nous a fallu six ans pour développer l’ensemble numérique, un ensemble complet développé entre artistes et designers et artisans d’art de la Savonnerie ou de l’ARC. Miguel avait des dessins, on en a discuté, on a proposé un ensemble sur lequel ses dessins pourraient s’appliquer. On a travaillé le mobilier, on a parlé confort, redessiné les assises. Il y a eu plein d’aller et retour dans tous les sens. Ce qui fait qu’on arrive à quelque chose qui a du sens. On y est bien assis. Il n’y a qu’un set et toute la question est : est-ce que des éditeurs français vont se sentir capable d’éditer cette pièce ? Avant même de fabriquer, au Mobilier national, ils pensent à la restauration. Donc, là c’est tout simple, l’habillage tissu est déhoussable, se lave et se repositionne. (Cela peut paraître compliqué à comprendre). Dans les deux cas, on a essayé de faire des choses pérennes. »

Le Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main remporté en 2017 dans la catégorie Dialogues avec le fondeur David de Gourcuff, leur a permis de donner une visibilité à leur projet Tiss-Tiss. Une conjonction d’étoiles positives dans un pays où le droit d’auteur est fortement protégé et où le designer trouve une place quoi qu’il fasse, en tant que créateur ou chef d’entreprise. « Depuis 20 ans nous avons réussi à vivre/survivre de notre profession » et c’est un exemple pour les jeunes générations.



Pour cette 8e édition du concours Gainerie 91, les étudiants ont planché autour du storytelling des marques de luxe. Ils ont été invités à créer : « un moment unique et surprenant permettant à une marque de se dévoiler plus intimement à son client mais aussi d’intensifier le lien émotionnel entre l’utilisateur et son objet ». Plus de 300 candidats ont ainsi déposés des projets autour du packaging ou d’une PLV offrant une expérience client nouvelle.
Le concours Gainerie 91 est destiné aux étudiants en design, jeunes diplômés depuis moins d’1 an et résidant en France, il a pour objectif de stimuler la créativité des étudiants dans le domaine du packaging du luxe. À savoir, les propositions les plus innovantes et créatives sont bien sûr récompensées, mais aussi prototypées dans les ateliers du Groupe Gainerie 91. Comme ont pu en témoigner d’anciens lauréats lors de la remise de prix, c’est un atout important pour leur parcours professionnel ultérieur.
Les lauréats ont reçu cette année un trophée nouvellement désigné par le studio Noir Vif , à la croisée du stylo d’un designer et du plioir en os, outil à tout faire de l’artisan gainier. Il est réalisé en inox et décliné en 4 versions : or, argent, bronze et or rose mat.

1er prix « Galets de papier » GUILLAUME BRISSOT - École Condé Lyon
« Une boîte blanche qui lors de son ouverture révèle un motif protecteur. Une surprise que réserve la marque à sa cliente, une petite attention qui témoigne de l’importance qu’a la marque pour elle. Cette attention se manifeste au moment où le parfum devient véritablement celui de la cliente et rentre dans sa vie. »
RÉCOMPENSE : 1 PC ASUS Pro Art ou un chèque de 2500 €


2e prix « Kabuki » ROMANE GAULTIER & CATHELLE DENOUE- École de design Nantes Atlantique
« Ce packaging renferme un paysage japonais typique des décors Kabuki. Cette scénographie monochrome, invite l’usager à créer sa propre narration théâtrale. Ce packaging se présentant aussi comme une PLV, nous invite à vaporiser et sentir l’odeur du parfum directement sur les parois du packaging. »
RÉCOMPENSE : 1 chaise Eames Plywood group DCW o u un chèque de 1500€


3e prix « Message in a Bottle » BENOÎT CHARRIÈRE –École de design Nantes Atlantique
« En ces temps de doute et où la solitude a pris une nouvelle dimension à cause des confinements, j’en suis venu à imaginer la joie des gens pouvant recevoir un message d’une manière originale dans une bouteille. »
RÉCOMPENSE : une imprimante 3D Résine + recharge ou un chèque de 1000€


Prix du Public : « ParcheVin » RAPHAËL COUSTRE-MIANNE- Ecole d'architecture de la ville & des territoires Paris-Est
« Le parcheVin se matérialise par l’assemblage de bandes de liège rigide, liées par le cuir extérieur et ce de façon à donner au liège toute sa noblesse, tout en convoquant l’univers de l’oenologie. »
RÉCOMPENSE: un abonnement annuel Adobe Creative ou un chèque de 800 €

La sélection
Après un premier examen et accompagnement par les équipes de Gainerie 91, les finalistes ont exposé oralement leur projet devant un jury de professionnels, attentifs aux critères suivants : qualité du dossier (forme, contenu), respect du marché du luxe, faisabilité technique (notamment par Gainerie 91), innovation, design et pour cette édition : originalité de l’expérience proposée.
Cette année, le jury était composé de :
– Guillaume Lehoux, et André Fontes, Designers et co-fondateurs du Studio Noir Vif
– Alexandra Lefebvre, Chef de groupe achats développement PLV uniformes – Cartier
– Aurélien Szpunar, Responsable des études Mobilier sur Mesure – Hermès
–Stéphane Lefondeur, Responsable Pôle Développement – Pernod Ricard
– Nathalie Degardin, Rédactrice en chef, Intramuros
– Leonard Pallardy, Designer technique – Gainerie 91
– Delphine Eschasseriaux, Directrice Commerciale – Gainerie 91
– Coraly Caponi, Designer Création et innovation – Gainerie 91