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Labellisée Biennale internationale de Design Saint-Etienne 2022, La « Nef des Fous » ou la folie des transports au Frac Grand Large interroge l’objet dans son rapport très large au voyage, à travers une sélection d’objets design du Museum Design Gent, de films et œuvres d’artistes. Une exposition dont la scénographie étoffe un scénario fondé sur le tableau éponyme du peintre néerlandais Jérôme Bosch, à découvrir jusqu’au 31 décembre 2022.
Partant du postulat de la « folie » humaine des transports d’après-guerre, l’évènement débute, au 5ème étage du bâtiment, par une intelligente mise en situation de l’objet dans tous ses types de « transports » – affectif, géographique, monétaire… -, avec le film Provenance de la plasticienne vidéaste américaine Amie Siegel, évoquant la chaise « Chandigarh » du Corbusier. Composé d’une succession de longs travellings silencieux conférant au public l’impression de se déplacer, le film prêté par la Tate Modern met en avant le sens pluriel de cet objet iconique en fonction de ses contextes. Pièce stylée dans un intérieur occidental chic ou meuble de bureau fonctionnel, objet conditionné dans des entrepôts ou chargé sur un cargo en partance, la chaise repasse par Chandigarh, sa ville originelle. Le revers de l’écran évoque une vente aux enchères qui replace l’objet design dans sa dimension économique.


Le transport dans tous ses états
Au troisième niveau, cent pièces des années 1950 à nos jours provenant de la collection du Design Museum Gent dialoguent avec quelques-unes de l’institution, d’autres films et œuvres d’artistes. Tirant son titre du tableau éponyme de Jérôme Bosch dont la reproduction est visible dès l’entrée, mais aussi du texte de l’humaniste et poète allemand Sebastian Brandt, l’exposition, imaginée par la commissaire indépendante et autrice Mathilde Sauzet, nous emmène au cœur d’une « fiction de pêche miraculeuse sur le septième continent ». Sorte de métaphore matérielle de cette barque étonnante du XVIème siècle, au destin mystérieux, elle se décline en trois volets. Le premier, Vanity cases, célèbre nos objets de voyage, anciens et actuels, dans ce qu’ils ont de plus intime à l’homme mais aussi d’universel : un porte-préservatif en argent, une flasque d’alcool, mais aussi la première valise cabine, les iconiques plateaux-repas d’avion, une flanquée de « Tupperware », compagnons indispensables de nos sorties, dont une usine de fabrication est installée près de Gent…

Le second, Kitchen Tour, nous plonge au sein des foyers domestiques où il questionne indirectement la place de la femme après la seconde guerre mondiale. Cafetières, théières de tous âges, splendide service à thé et café de Zaha Hadid de 2003 côtoient non loin un ancien radio-réveil, un modeste grille-pain ou encore Ship Shape, petits récipients colorés en résine thermoplastique en forme de bateau de chez Alessi. Enfin, Self-Transports soulève le rapport affectif que nous tissons avec eux. Une cravate de Nathalie Du Pasquier est posée sur le dossier de la chaise longue « Prosim sedni » du designer architecte tchèque Bořek Šipek pour Driade des années 1980, près de « Feltri », fauteuil-trône de Gaetano Pesce et la « tavolo mobile infinito » créée par Studio Alchimia (Alessandro Mendini), comme des témoins, parmi bien d’autres, de mille histoires personnelles fantasmées.


Une scénographie adéquate au sujet
Cet « inventaire » matériel incarnant la notion de déplacement dans son rapport pluriel à l’humain, ne sortirait pas du lot si, au-delà de sa narration reliée aux méandres de l’art médiéval et de ses relations avec les films d’artistes, celui-ci n’était pas pertinemment mis en scène par le designer Julien Carretero. En effet, celui-ci pensa « La Nef des Fous » comme « une zone de transit, un centre de tri au sein duquel les objets et les œuvres se rencontrent pour un laps de temps avant d’être dispersés à nouveau ». En choisissant sciemment de nous embarquer dans des zones de fret transitoire, grâce aux contenants (cartons, palettes…) qui ont servi à faire voyager les pièces et aux « dispositifs ready-made » trouvés dans les réserves du Frac, sa scénographie durable ne magnifiant nullement le statut des objets de grandes ou plus modestes signatures, appuie avec justesse le propos. Non scientifique, fondée sur la sémiotique et la polysémie des objets, l’exposition qui livre ces derniers, tels quels, à l’appréciation du public, questionne les travers et l’avenir de notre société d’opulence. Dans l’air du temps.


Watches&Wonders Geneva, le salon de l’horlogerie de Genève qui s’est tenu du 30 mars au 5 avril 2022, a dépassé toutes les espérances et s’est clôturé avec les meilleurs chiffres.
Les marques internationales ont encore une fois démontré leur capacité à créer et à innover avec une exposition de 40000 m2 de montres et bijoux et des millions de vue sur les réseaux sociaux. Sa première édition remonte à 1991 avec cinq marques installées sur 1 000 m2 à l’initiative de Alain Dominique Perrin, alors PDG de Cartier. Le SIHH, Salon International de la Haute Horlogerie, a été officiellement renommé Watches&Wonders Geneva en 2020, parallèlement à l’introduction d’une nouvelle formule.

L’industrie de la montre a encore une fois montré sa force, réussissant à réunir 38 marques sur des stands à la hauteur de leur chiffre d’affaires. Sous cette nouvelle appellation Watches&Wonders Geneva, l’industrie suisse a confirmé la force de ses maisons qui ont réussi à vendre leurs nouveautés, montres, bijoux, automates…avant même que le salon ne soit terminé, laissant traîner un petit sentiment de pénurie. 22000 visiteurs, 1000 journalistes, ont assuré à eux seuls 30000 nuits sur Genève. Parmi les 38 marques, 19 étaient de nouveaux arrivants faisant vibrer la semaine d’un dynamisme extraordinaire avec des échanges sur la durabilité, l’innovation et l’expérience client. Le LAB exposait quinze initiatives des marques sur de nouveaux moyens de calculer l’heure, l’utilisation de nouveaux matériaux.

L’impact de cette réunion internationale a été estimée à 350 millions de personnes avec 800000 posts mentionnant le hashtag watchesandwonders et permettant à 2600 journalistes du numérique accrédités (les digital journalists) de suivre les événements depuis le « salon live ». Grâce à ce format « physical et digital », en présentiel et en video, l’industrie horlogère a démontré sa capacité d’adaptation à l’évolution des mœurs et sa résistance aux menaces de Covid, avec agilité et créativité.

Côté tendance, le platine se conjugue à l’or jaune dans des accords très populaires. Le Titane se répand. Les couleurs de base restent le bleu et le vert même si le noir version mat ou brillant fait un retour remarqué. Le orange, le corail et le rouge se limitent à quelques pièces tout comme le mineral, le beige et les ombres vert forêt. En attendant l’édition 2023, toute la profession attend avec impatience le Watches and Wonders Shanghai qui doit se tenir du 7 au 11 septembre 2022, si un reconfinement n’est pas envisagé.


Ambiance forestière
Van Cleef, sous la direction de Nicolas Bos depuis 2013, avec une scénographie de Jean-Baptiste Auvray brillait par l’originalité de son stand. Ambiance forestière et aquatique assurée grâce au travail des 12000 pampilles en verre coulé de Matteo Gonet, vitrier à Arlessheim en Suisse et Salviati 1859, verriers de Murano. Le visiteur était invité à se promener et à se perdre dans un bois habité d’une nature bienveillante où animaux et pièces horlogères et joaillerie cohabitaient grâce au savoir-faire d’artisan d’art à la maîtrise parfaite qui de la marqueterie de koto pour les troncs des arbres, qui du tuftage pure laine naturelle du massif d’herbes hautes ou dans la perspective d’un sous-bois avec papillons, fleurs et oiseaux sur de grandes tapisseries en point d’Aubusson. Un plongeon dans un décor fort et immersif respectant le niveau de qualité de la marque. Pour Jean-Baptiste Auvray, « l’utilisation de l’artisanat dans l’architecture même temporaire permet de travailler avec des matériaux moins transformés, plus proche de leur état et de leur localisation naturelle et rend le projet par conséquent plus durable. Moins polluant également avec des éléments qui seront utilisés comme gisement dans la suite de leur cycle de vie. »

La majorité des fabrications réalisées seront conservées et réutilisés pour de futures opérations. » Les valeurs du travail de la main, de la matière sont portées depuis plus de 10 ans par l’agence Faire. Elles lui permettent de réaliser des projets importants pour de belles maisons qui adhèrent à sa vision de l’architecture et comprennent les enjeux et les avantages de travailler au plus proche des artisans d’art. C’est ainsi que la marque Ulysse Nardin, fondée en 1846, lui a également demandé de faire la scénographie de son stand, tout en verre, dorure et lumière pour des montres caractérisées par la maîtrise exceptionnelle du silicium. La Black Ceramic en 45 mm associe titane et DLC noir et case en or rose. Les six vis sont visibles à travers un verre saphire légèrement bombé qui indique les heures et les minutes dans un mouvement de rotation permanent. Le bracelet en peau d’alligator noir ou en veau doré est en série limitée à 75 éditions. Pour marquer le stand dans lequel personne n’osait entrer, le CEO, Patrick Pruniaux, avait fait placer un surprenant requin en métal aux dents longues.

Des temporalités contraires
Dans le Carré des Horlogers, Trilobe, la toute jeune marque de Gautier Massoneau et Volcy Bloch, DG, présentait une folle Journée, une montre à trois plateaux en rotation à 10.2 mm de hauteur, sous un globe en cristal, une réelle prouesse horlogère. Dans ce stand signé Procept, concepteur et réalisateur d’événement, qui se voulait casser les codes du luxe et remettre en question quelques habitudes comme lire l’heure avec des aiguilles, ce sont surtout les assises, Rock on the Moon, quatre boules de mousses enveloppées de textile de Toyine Sellers, (Atelier of Textile and Design) et dessinées par Fabrice Ausset, qui faisait réagir un public en recherche de confort, sur des rochers séculaires pour lire un temps novateur et associer des temporalités contraires.

Sur le stand Hermès, la marque faisait la part belle à l’art numérique avec une œuvre de l’artiste Sabrina Ratté. « Dans cette installation, explique-t-elle, je voulais évoquer la manière dont les nouvelles technologies comme les images satellites font évoluer notre perception du temps et de l’espace. » Laurent Dordet, directeur général de Hermès Horloger précisait quant au positionnement de la marque : « Nous essayons de nous adresser non pas à une génération mais à toutes les générations. Nous créons les objets dans lesquels nous croyons et qui nous font plaisir. » Innovation, transparence, économie circulaire et bien sûr développement durable étaient au cœur de ce salon du Metaverse.

À l’initiative de l’Institut français, une quinzaine de professionnels étrangers viennent de participer à un Focus Design sur le territoire français. Du 8 au 15 mai, ils ont suivi un programme très dense de rencontres et de workshops, pour les sensibiliser à l’expertise française et développer des échanges.
Organisés par l’Institut français, les Focus sont des voyages thématiques, visant le partage de pratiques, l’échange d’idées et de projets, l’objectif étant de développer les réseaux professionnels et les maillages de partenaires, voire des mutualisations de programmes et de pratiques. Mis au point par l’Institut, ils permettent à des interlocuteurs étrangers de rencontrer les acteurs majeurs d’un secteur dans un temps concentré.
C’est dans ce cadre que la semaine passée, un groupe de professionnels a effectué un véritable marathon autour du design français de Paris à la Biennale de Saint-Etienne. Japon, Costa Rica, Danemark, Maroc, Pologne, Indonésie, Inde, Corée… Les participants étrangers provenaient de plus 13 pays, de tous les continents.
Un programme très éclectique
Du Mobilier national au département recherche de l’Ecole des Arts décoratifs, du French Design by Via à la en passant par des galeries et des ateliers, le planning de rencontres immergeait volontairement les participants au cœur du design français : écoles, recherches, savoir-faire artisanaux et industriels, patrimoine… De Jean-Louis Fréchin à Rudy Bauer, en passant par Goliath Dyèvre, Constance Guisset, Les Sismo, Mathilde Brétillot, Alexandre Imbert, Samy Rio…ce Focus s’est attachée à montrer la diversité des approches, de la conception de produits à celle de services, et surtout de la diversité des champs d’intervention.
Dans la logique de l’engagement de l’Institut français sur le design, la conjugaison des interventions dressait un panorama français dynamique, attentif à la créativité des nouvelles générations (lauréats « Mondes nouveaux »…), engagé dans les grands défis sociétaux (le secteur du« Care », les biomatériaux, la transformation numérique…), acteur pour le développement de nouveaux écosystèmes économiques (savoir-faire artisanaux, circuits courts…).
Développer les marchés
En créant les programmes Focus, l’objectif de l’Institut français est aussi de faciliter les échanges pour enrichir concrètement les programmations des postes à l’étranger. Ainsi les participants ont découvert des projets, des collaborations, des expos déjà réalisées, qu’ils pourraient reprendre, comme des projets en cours de préparation, en France ou à l’étranger.



La seconde édition d’Homo Faber, intitulée « Leaving Treasures of Europe and Japan » (Trésors vivants d’Europe et du Japon en français) s’est tenue du 10 avril au 1er mai à Venise. Un rendez-vous d’artisanat qui regroupait 850 pièces de 400 designers, réparties en 15 expositions. L’occasion d’en découvrir plus sur les métiers d’art et sensibiliser les jeunes générations. Une question qui a été au coeur de la conférence organisée par la maison Cartier et animée par le directeur de la fondation MichelAngelo et organisateur d’Homo Faber, Alberto Cavalli. Des échanges qui ont été enrichis par les expériences de quatre invités : Anne Midavaine, Pierre Rainero, Philippe Nicolas et Sebastian Herkner.
« Les artisans ont la capacité de transformer quelque chose de beau en quelque chose qui a du sens. » Cette phrase d’Alberto Cavalli prononcée en début de conférence, pose le cadre. Persuadé de la nécessité de nourrir les âmes autant qu’il faut nourrir les corps, c’est avec cette volonté de faire valoir le beau qu’Homo Faber est née. Si la première édition de 2018 avait été remarquée, l’organisation de la seconde, retardée par la crise sanitaire, a enfin pu avoir lieu, avec l’envie toujours plus grandissante de faire découvrir les savoir-faire artisanaux, aussi précieux soient-ils.

L’artisanat d’art, un travail d’équipe
Anne Midavaine, directrice de l’atelier Midavaine, travaille pour Cartier depuis 2013 : elle imagine et crée les panneaux laqués exposés dans les boutiques du monde entier. Un travail de dur labeur qui est le résultat d’une collaboration entre toutes les personnes qui participent aux projets. « C’est tout l’atelier dans son ensemble qui est le maître d’art. Toutes les personnes qui y travaillent sont importantes et apportent une touche qui fait la différence. L’atelier agit comme un interprète, il n’est pas simplement un exécuteur. » témoigne t-elle. Anne Midavaine collabore ainsi avec des décorateurs tels que Laura Gonzalez, mais travaille également de manière étroite avec les équipes Cartier, notamment avec Pierre Rainero, directeur du patrimoine, de l’image et du style de la maison de haute-joaillerie. Pour lui, ce partenariat était l’opportunité d’un élargissement de la créativité chez Cartier. « Nous avons commencé à travailler avec l’atelier Midavaine dans l’optique d’exprimer les valeurs que nous chérissons, mais d’une nouvelle façon. Cartier ne fait pas de laque dans ses ateliers, c’est donc quelque chose que nous admirons, et nous sommes ainsi très ouverts en terme de propositions artistiques. »

Le temps, coeur du savoir-faire artisanal
Le savoir-faire artisanal s’apprend et se cultive dans le temps, et réussir à sensibiliser le plus grand nombre reste un défi de taille. « Pour arriver à avoir quelque chose de beau, il est important de laisser le temps aux artisans de créer, d’imaginer et surtout il faut prendre le temps d’investir dans une nouvelle génération d’artisans. » commente Alberto Cavalli. Dans cette optique, l’organisation d’Homo Faber avait engagé sur place une centaine d’ambassadeurs pour parler des oeuvres exposées aux visiteurs. Originaires de toute l’Europe, ces derniers sont tous ancrés dans le milieu de l’artisanat d’art. Une initiative qui respecte la volonté d’Homo Faber de sensibiliser la jeunesse, et qui passe par la découverte et l’ouverture au monde de l’art, en témoigne Anne Midavaine : « J’ai envie de dire à tous ces jeunes : laissez l’art venir à vous, ne soyez plus simplement des spectateurs, soyez créateurs ! » Une idée que rejoint Philippe Nicolas, maître glypticien chez Cartier. « La formation passe aussi par la reconnaissance. Si on ne fait que former des gens à une tâche, on les enferme dans une optique précise de création. Mais en leur donnant la possibilité d’exprimer leur vision, ils peuvent ainsi affirmer leur créativité et apporter de nouvelles idées. » ajoute t-il.

Un devoir de transmission
Au-delà de cet investissement humain, mobiliser les jeunes générations passe aussi par la transmission de savoirs qui permettront à ces nouveaux artisans d’évoluer. Et qui de mieux qu’un maître d’art pour en parler ? Philippe Nicolas, maître d’art glypticien chez Cartier depuis une douzaine d’années, voit dans sa profession une responsabilité importante de transmission du savoir. Il explique : « J’ai un peu le rôle d’un passeur, c’est-à-dire que j’essaye de transmettre à ma manière l’expérience que j’ai en confrontation avec la matière. Ce que je tente d’enseigner à mes élèves, c’est de réussir à dévoiler ce qu’on ne voit pas, ce qui est un peu la définition de l’art quelques fois. »

Et si cette responsabilité de transmettre un savoir-faire artisanal est primordiale entre êtres humains, il est également important qu’ils évoluent. Les nouvelles technologies participent ainsi au développement des savoir-faire, sans les dénaturer. Pour autant, certains d’entre eux peuvent être mis en danger s’ils ne sont pas conservés correctement. C’est l’idée exprimée par le designer et curateur d’exposition, Sebastien Herkner. Parti de son expérience personnelle, il raconte : « La ville où j’ai étudié en Allemagne était très réputée dans le domaine du cuir. Avec les nouvelles technologies, toutes les usines spécialisées ont disparu, ce qui a fait perdre à la ville son identité selon moi. En tant que designer, je pense qu’il est important d’utiliser les savoir-faire artisanaux, mais qu’il est intéressant de se servir des nouvelles technologies pour produire de nouvelles pièces. Tout est question d’équilibre entre les deux. »
Plus que de créer, il faut s’imprégner des histoires qui se cachent derrière les produits. Artisan pour Cartier, designer, ambassadeur, curateur ou simple spectateur, les savoir-faire artisanaux constituent un trésor pour les générations futures, et le plus important est de continuer à les faire perdurer. « En visitant Homo Faber ne soyez pas indifférents, soyez différents. » conclut Alberto Cavalli.

Le salon Workspace Expo, en tenue conjointe avec le Salon de l’Environnement de Travail et des Achats, revient du 30 mai au 1er juin au sein du Pavillon 7.2 de la Porte de Versailles. Une opportunité unique pour rencontrer les donneurs d’ordre et les prescripteurs, soit la globalité du marché.
La crise sanitaire a indéniablement modifié le regard porté par les collaborateurs et par les directions générales sur les espaces de travail. Les enjeux sont nombreux : flex office et télétravail, outils connectés et solutions technologiques, bien-être des collaborateurs et marque employeur. Face à ces défis, Workspace Expo, salon annuel leader en Europe pour le design, le mobilier et l’aménagement des espaces de travail, est le lieu incontournable pour présenter les innovations et les réponses les plus pertinentes.

Workspace 2022 : se réinventer pour faire encore mieux
En 2021, le salon Workspace Expo avait pu compter sur la participation de 300 marques présentes sur place, dont 130 internationales. Venus à leurs rencontres, ce sont presque 18 000 visiteurs qui avaient parcouru les allées du salon pour les découvrir. Une édition 2021 qui a été celle des retrouvailles après deux années perturbées par la crise sanitaire, mais dont les résultats avaient été très encourageants, tel que l’avait affirmé le directeur du salon, Laurent Botton.

Pour cette nouvelle édition, le salon sera toujours plus étoffé, plus intéressant et surtout toujours plus vivant. Avec une nouveauté cette année, un nouvel espace intitulé « Technologies et Innovations », pour encore mieux appréhender les solutions connectées.

Et si Ulysse, dans son parcours, avait échoué à Porquerolles ? Dans son exposition « Le Songe d’Ulysse », la Fondation Carmignac propose une adaptation du mythe, en proposant au visiteur un parcours libre et sensoriel, dans une magnifique sélection orchestrée par le commissaire Francesco Stocchi. Une invitation au voyage sur l’île de Porquerolles à ne pas manquer, du 30 avril au 16 novembre.
On ne le rappellera jamais assez : ce que propose la Fondation Carmignac au public, plus qu’une visite, est une expérience. Dès l’entrée, l’immersion commence par une infusion proposée, qui provient du recueil de la rosée du matin. Tout un symbole poétique, qui invite à prendre le temps. Puis, les visiteurs sont invités à se déchausser pour profiter, pieds nus, de la fraicheur des dalles des salles d’exposition construite sous la bâtisse-mère de ce parc classé : une bénédiction pour qui visite en pleine chaleur, et un rituel qui ajoute à la déconnexion proposée.
Cette année, après le succès de la « Mer imaginaire », c’est au cœur du « Songe d’Ulysse » que l’immersion artistique est proposée. Ici, on prend son temps, et l’exposition sous le commissariat de Francesco Stocchi conjugue habilement quelques pièces permanentes, des éléments de la collection de la fondation, et des œuvres qui viennent compléter la ligne artistique.

Oeuvres de Roy Lichtenstein et Niki de Saint Phalle
© Fondation Carmignac - Photo Marc Domage
Un temps d’immersion
Ici, tout est une question de tempo. La scénographie propose une immersion progressive, avec une salle de préambule où l’on retrouve une tapisserie à l’esprit très labyrinthique. Puis un temps de pause, entre contemplation et méditation, est proposée avec le sas bienfaisant de Bruce Nauman et d’Olafür Oliasson : entre fontaine sculpturale et des poissons-volants, le visiteur est invité à un lâcher-prise tout en douceur, à s’imprègner progressivement du lieu, au cœur d’installations sonores et visuelles. Il s’ensuivra un deuxième sas, avec une œuvre monumentale de Martial Raysse, récemment acquise et pour la première fois dévoilée au public : in assemblage de regards, avec cette fascinante beauté plastique propre à la signature de l’artiste, qui cette fois, ajoute à ses esquisses de visages, des éléments en relief. Initialement, le tableau était modulable, il atteint ici sa phase finale et change même de nom pour devenir « faire et défaire Pénélope ».

Oeuvres de James Rosenquist et Arcangelo Sassolino
© Fondation Carmignac - Photo Marc Domage
Puis le visiteur, en confiance, est invité à se perdre, sous le miroir d’eau. Une installation créée in situ de Jorge Peris vient renverser les valeurs : ici, un navire échoué devient un repère central. À la croisée des chemins, il renvoie sans cesse le visiteur à une autre perception, tout en jouant de l’ombre et de la lumière, entre protection et perdition…
Le plaisir de se perdre
À chacun de se laisser porter pour déterminer son parcours, au cœur d’un dédale improvisé ; au hasard d’œuvres entraperçues au loin, sur lequel le regard se pose, d’engagements, de trompe-l’œil. Certaines installations se dévoilent à la croisée des chemins, d’autres se répondent. Et c’est toute la spécificité et l’intérêt de ce jeu de déambulation. Loin des contraintes des parcours fléchés, chacun ressent une liberté d’aller et venir. Les impatients repèrent au détour de croisements, dans les jeux de perspectives ou les effets de miroirs, les œuvres à venir, d’autres choisiront de se laisser porter, pas à pas, comme un tâtonnement labyrinthique. Sont alternées dans les parcours des installations, des œuvres plastiques et photographiques. On retiendra par exemple le superbe Richter, comme le Warhol étonnamment blanc ; le choix est vaste dans ces quelques 70 œuvres exposées.

Oeuvres de Jenny Holzer et John Baldessari
© Fondation Carmignac - Photo Marc Domage
Un rêve éveillé
Du voyage tourmenté, voire anxiogène – à l’image de l’installation de Sossalino – à une véritable introspection, le songe se vit comme une dérive trop longue d’Ulysse, entre impression blanche onirique comme un décalage spatio-temporelle, entre l’immersion dans une nouvelle dimension, et un jeu mémoriel. Identité, spiritualité, sciences… chacun construit son odyssée, à son rythme, et ses propres rituels. Car la force de cette scénographique, au-delà de livrer l’espace entier au visiteur, comme un paradoxe, c’est de retrouver ce navire échoué. On repasse, on repart, on contourne… et à chaque fois, c’est une nouvelle approche de l’œuvre, une nouvelle vision, appropriation.

Oeuvres de Camille Henrot, Haris Epaminonda, Tony Matelli et Yves Klein (reflet)
© Fondation Carmignac - Photo Marc Domage
Alors, comme un signe de douceur dans ce dédale, la fraîcheur des dalles sous les pieds nus rappelle aux visiteurs la sensation du sable ferme, lorsqu’il est humide, et le garde arrimé au rivage, prêt à partir, la tête dans les embruns du voyage.
Les artistes (liste non définitive) : Micol Assaël, John Baldessari, Miquel Barceló, Jean-Michel Basquiat, Marinus Boezem, Louise Bourgeois, Mark Bradford, Francesco Clemente, Adger Cowans, Willem de Kooning, Niki de Saint Phalle, Olafur Eliasson, Haris Epaminonda, Leandro Erlich, Urs Fischer, Cyprien Gaillard, Douglas Gordon, Duane Hanson, Keith Haring, Jacob Hashimoto, Camille Henrot, Jenny Holzer, Thomas Houseago, Rashid Johnson, William Kentridge, Yves Klein, Oliver Laric, Roy Lichtenstein, Tony Matelli, Adam McEwen, Janaina Mello Landini, Bruce Nauman, Marilène Oliver, Jorge Peris, Alessandro Piangiamore, Benoît Pype, Carol Rama, Ann Ray, Man Ray, Martial Raysse, Odilon Redon, Gerhard Richter, James Rosenquist, Miguel Rothschild, Arcangelo Sassolino, Egon Schiele, Cindy Sherman, Günther Uecker, Willem Adriaan van Konijenburg, Adrián Villar Rojas, Andy Warhol …

Mobilier, luminaires, cuisine, salle de bain, textiles, sièges, revêtements muraux et de sols, tapis, accessoires, matériaux… WantedDesign Manhattan et l’ICFF, plus importants salons de design d’Amérique du Nord, sont de retour du 15 au 17 mai au Jacob K. Javits Convention Center de New York. Au programme : des talks, des remises de prix, près de 300 marques attendues et plus d’une vingtaine de pays représentés.
Après deux années perturbées par la crise sanitaire, WantedDesign Manhattan et ICFF reviennent en personne à New York, à leur dates printanières habituelles. « C’est une bonne chose que le salon puisse se tenir aux dates traditionnelles de printemps. Pour beaucoup de marques internationales, ce sera leur premier salon en Amérique du Nord depuis 2019. » a déclaré le directement de l’ICFF, Phil Robinson.
Considéré comme un lieu de rencontre international majeur en matière de design, cette nouvelle édition de WantedDesign Manhattan et ICFF sera l’occasion de présenter les nouveautés 2022. Pour la scénographie d’espaces clés tels que Wanted Interiors et la scène de Talks, l’organisation pourra compter sur l’expertise du designer Rodolfo Agrella. « WantedDesign Manhattan est le rendez-vous pour n’importe quel curieux désireux de découvrir de nouveaux talents, de nouvelles idées et solutions en terme de design » déclarent les co-fondatrices de WantedDesign, Odile Hainaut et Claire Pijoulat.
ICFF+WantedDesign Manhattan 2022, le programme
ICFF Studio : cet espace permettra de présenter la nouvelle génération de talents du milieu du design avec notamment le concours ICFF Studio, organisé en partenariat avec Bernhardt Design. Parmi les exposants : neuf gagnants sélectionnés en 2020 auxquels s’ajoutent six lauréats 2022.
ICFF Editors Awards : un prix qui sera décerné dans 12 catégories : Ensemble du travail, Nouveau Designer, Mobilier, Sièges, Tapis et Sol, Éclairage, Mobilier outdoor, Matériaux, Revêtement mural, Accessoires, Cuisine et Salle de bain ainsi que le meilleur stand. Le concours est ouvert à tous le participants au salon. La remise des prix aura lieue le 16 mai sur la scène réservée aux talks.

Oasis, par Float Studio : un lieu entre calme et sérénité dans lequel les visiteurs auront la possibilité d’assister à des discussions focalisées sur le design durable, le bien-être et sur des projets avec un impact social notable. Cet espace est sponsorisé par Gabriel North America, Mohawk Group et Normann COPENHAGEN.
ICFF + WantedDesign Manhattan Talks : sponsorisé par Mercato Place et American Standard, avec une scénographie imaginée par Rodolfo Agrella avec le soutien de Turf Design Midgard Licht et Be Orginal Americas, ces talks se dérouleront selon un programme alimenté par des tables rondes, des présentations et des conversations. L’idée étant de permettre de développer un contexte critique concernant l’évolution du design résidentiel et commercial. On peut compter parmi les participants à ces conversations : Paola Antonelli, Yabu Pushelberg, le duo Höweler + Yoon, le studio Friends & Founders ainsi qu’un panel de designers émergents du WantedDesign Manhattan.
Launch Pad : En partenariat avec America Standard et le média Design Milk, le Launch Pad est une plateforme mise en place pour les designers émergents désireux de présenter nouveaux concepts et prototypes de mobilier, accessoires de décoration et luminaires. Un jury de designers et de fabricants sera par ailleurs mobilisé pour sélectionner le meilleur d’entre eux parmi 46 participants.


Look Book : un programme dédié spécialement à la promotion du design nord-américain. Plus de 30 designers sont attendus, notamment Mary Ratcliffe, Brave Matter, Ian Love Design, Sten Studio et Anony, ainsi que de nouveaux exposants comme Malcolm Majer, Vulpe Works, Studio Ocho Cuartos, Cofield et Hamilton Holmes Woodworking and Design.


Wanted Interiors : au sein de cet espace, sponsorisé par Ultrafabrics, des marques telles que que Turf, Mohawk Group, 3M, Ressource + Rezina, Precious Woods et Visual Magnetics seront invitées à présenter leur matériaux à travers des présentations immersives et interactives afin de démontrer l’importance des innovations dans l’aménagement d’espaces. En parallèle, le mouvement multidisciplinaire ECO Solidarity, fortement axé sur l’écologie, le changement climatique, le design équitable et durable, en profitera pour y présenter neuf studio européens. The Lounge reviendra également avec un concept indoor-outdoor inédit. Parmi les partenaires on peut citer Ligne Roset, Bend Goods, Havwood, 3M et wakaNINE.

Nouveauté 2022 : les écoles s’exposent !
Afin d’accompagner au mieux la nouvelle génération de designers, WantedDesign Manhattan ouvrira cette année un nouvel espace spécifiquement dédié à la présentation de projets étudiants, venus d’écoles de design du monde entier. Une opportunité qui permettra l’émergence de discussions, de propositions de partenariats éventuels et de retours critiques de la part de professionnels du design. Design Milk et Alessi, sponsors de l’évènement, seront en charge de choisir sélectionner les étudiants qu’ils considèrent comme étant les plus prometteurs.
Les informations à retenir
Dates : du 15 au 17 mai 2022
Horaires : 10h-18H (15-16 mai) et 10h-16h (17 mai)
Lieu : Jacob K.Javits Convention Center, New York (Etats-Unis)
À noter que le salon ouvrira ses portes au grand public le mardi 17 mai.
Plus d’informations sur : https://icff.com

Qui aurait pensé qu’un jour, on associerait au terme de paysan celui de designer ? À l’aune des bouleversements que l’on connaît, l’agriculteur actuel repense son métier, ré-appréhende les sols, crée de nouveaux outils pour mieux vivre et nous nourrir, tout en valorisant Mère-nature. En combinant pratiques anciennes et high-tech, ce gentleman farmer version XXIe siècle défend la notion d’agroécologie et tente de répondre aux questions fondamentales de notre époque et celles à venir. Une exposition-manifeste.
« Paysans designers, l’agriculture en mouvements » explore la notion de Farming design [design de l’agriculture, ndlr], en dressant le portrait d’une nouvelle génération de paysans, à travers la présentation de leurs visions très à l’écoute de la nature et de ses comportements. « Agriculture et design ? Le lien va de soi, car le premier domaine constitue un des enjeux majeurs de notre société et une des grandes questions du design, ce sont les procédés de production, explique Constance Rubini, directrice du musée et commissaire de l’exposition. Et puis, un des rôles du design actuel n’est-il pas d’inventer de nouvelles réciprocités ? On dénombre aujourd’hui beaucoup de parallèles entre ces pratiques et celles du design. » Prenant place dans les espaces d’expositions temporaires installés dans l’ancienne prison du XIXe siècle accolé au bâti fondateur du musée, le parcours, divisé en deux parties par un couloir orné des portraits des « pionniers » de la tendance, se déploie de chaque côté de deux grandes cours, autour desquelles les anciennes cellules carcérales traitent de nombreuses thématiques.
Exposition ''Paysans designers, un art du vivant'' © madd-bordeaux
''Des Jardins dans la ville'', Les graines comme patrimoine vivant, cour d’honneur du madd-bordeaux. Jardin imaginé et parrainé par Caroline Miquel, paysanne maraîchère, fondatrice des Jardins Inspirés au Taillan-Médoc, Gironde
Portraits de paysans en designers
Dans la première des cours intérieures, tel un état des lieux sur le sujet, l’exposition évoque les avancées de neuf « paysans-chercheurs » internationaux à travers une scénographie végétale, en mue. Dans la Drôme, Sébastien Blache, ex-ornithologue du Muséum d’Histoire Naturelle et Elsa Gärtner plantent entre autres des arbres et des haies, installent des nichoirs, afin de développer et regénérer la biodiversité. Au Burkina Faso, la démarche agroécologique globale du domaine d’Adama Dialla s’est mise en place avec l’association locale « Association Inter-zone pour le Développement en Milieu Rural » (AIDMR) et une seconde, française, « Terre & Humanisme ». Alliance et rotation des cultures, gestion rationnelle de l’eau constituent quelques-unes de ses pratiques agroécologiques adaptées au lieu. Autre exemple, au Brésil, Ernst Götsch, qui ne se sépare jamais de sa machette ici exposée, a observé ses sols dégradés, destinés à des projets immobiliers, et y a retrouvé quatorze sources. Le résultat ? En dix ans, une forêt dense a pris place et redonné au terrain toute sa fertilité.

© Arthur Fosse

Le design pour une image plus désirable du métier
Quant aux douze cellules attenantes, elles abordent des points clés comme les semences, le levain, la standardisation du vivant, mais aussi présentent une image plus attractive de cet acteur de la terre, à travers des installations, interviews et film. Dans l’une d’elles, le reportage de Colombe Rubini présente trois « jeunes pousses » à l’écoute sensible de leurs bêtes ou de leurs terres : la bergère Maina Chassenet, l’éleveuse de cochons Nina Passecot et le producteur de thé en pays basque, Mikel Esclamadon. Au fil des espaces, se dessine donc le visage d’une paysannerie en lien très intime avec sa terre, qui travaille en réseau, partage ses connaissances, ses outils, ses matériaux. Pour preuve, la coopérative française l’Atelier Paysan diffuse librement des plans sur internet, comme ceux des maquettes exposées de « l’Aggrozouk », porte-outil respectueux des sols, au design très lunaire, ou du « cultibutte » conçu pour façonner ou entretenir les buttes.

Une autre section évoque par un jeu de comparaisons la régénération des sols, sous le prisme de la permaculture ou de l’agroforesterie redessinant les paysages. L’exposition nous amène également à réappréhender l’eau comme un « cycle », avec l’installation de l’atelier CTJM des designers Charlotte Talbot & Jonathan Mauloubier, évoquant la transpiration journalière d’un chêne – jusqu’à 500 litres d’eau -, en été. Mais aussi à « entendre », « observer » l’intelligence des plantes qui transmettent et émettent des signaux, comme le démontre le neurobiologiste végétal italien Stefano Mancuso, mais aussi la conférence du biologiste Francis Hallé, spécialiste de l’écologie des forêts tropicales, à Montréal, en 2018, audible in situ.
Design repensé des outils et étudiants-designers en agriculture
« Campagnoles », « presse-mottes », « grelinettes » … Dans la seconde cour sont réunis de « nouveaux » outils paysans plus malléables, s’inspirant de ceux avant l’ère industrielle, dans une scénographie de François Bauchet et Jean-Baptiste Fatrez. Enfin, comme un clin d’œil à l’avenir de ce thème en regard du design, le musée expose les propositions des étudiants de l’ECAL – Ecole cantonale d’art de Lausanne – sous la direction d’Erwan Bouroullec, petit-fils d’éleveurs. Des installations un tantinet pince-sans-rire, qui rafraîchissent notre mémoire en dénonçant, entre autres, la mainmise de la Chine sur la banane ou le transport toujours très polluant de marchandises.


Proposant un éclairage prospectif, inédit et instructif sur l’agriculture, l’exposition peut paraître complexe par ses propos très scientifiques et ses multiples points de vue, pour le simple amateur de design. Cependant, cette présentation qui s’étend dans certaines fermes et vignobles bordelais ainsi que dans les espaces plantés, à dessein, dans divers quartiers de la ville, est aussi la parfaite illustration des propos du designer américain Paul Rand, stipulant que tout était design. Everything is Design, comme l’agriculture !
Paysans designers, l’agriculture en mouvement, Musée des Arts décoratifs et du Design, 39 rue Bouffard, Bordeaux (33000).
www.madd-bordeaux.fr jusqu’au 8 mai 2022.

Capitale de la culture 2022, la cité luxembourgeoise d’Esch-Sur-Alzette a notamment choisi de mettre en valeur les connexions entre design numérique et histoire patrimoniale de son bassin minier à travers deux expositions valorisant l’impressionnant site industriel reconverti d’Esch Belval. Une interaction du multimédia et de l’architectural qui induit un principe très actuel du « remix », dans un saisissant mélange esthétique entre réalités d’hier et d’aujourd’hui.
Impressionnant. Telle est la première pensée qui saisit le visiteur lorsqu’il arrive sur le site d’Esch Belval, une grande friche industrielle reconvertie en site culturel et universitaire, où trône encore tel un géant majestueux et endormi l’un des énormes haut-fourneaux qui a fait la renommée de l’acier luxembourgeois et en particulier de celui produit dans la cité frontalière d’Esch-sur-Alzette. Aujourd’hui, la dimension sidérurgique du site a vécu. Mais la grande opportunité donnée à la ville de valoriser à la fois son patrimoine passé et sa dynamique artistique et créative actuelle, à travers sa nomination comme capitale européenne de la culture 2022, trouve toute sa dimension dans les deux installations-phares qu’accueille l’endroit à cette occasion.

Identité et diversité sur le gril
Conçue en partenariat avec le ZKM de Karlsruhe, temple de l’art numérique allemand lui-même situé dans un ancien ensemble industriel, l’exposition « Hacking Identity / Dancing Diversity » offre au cœur du gigantesque bâtiment de la Möllerei (un grand volume construit en 1910 et qui servait à l’origine à la préparation du minerai de fer et des charges de coke pour le haut fourneau voisin) une intrigante convergence de l’ancien vers nouveau, mettant en avant des problématiques sociétales très actuelles dont la création numérique aime s’emparer (questions d’identité, de diversité, de manipulation/utilisation des données). « Hacking Identity / Dancing Diversity » scénographie donc dans l’immense structure 25 installations dont le regard, pourtant serti dans le foncier passé, résonne avec une dimension fortement contemporaine, à l’image de l’énorme fresque digitale qui sert de point de repère visuel immédiat sur la grande passerelle centrale.
Long défilé d’animaux virtuels sur un écran de plusieurs dizaines de mètres épousant la dimension démesurée des lieux, le Marathon Der Tier (Marathon des Animaux) des Allemands Rosalie et Ludger Brümmer s’inspire de la radiographie, de la radioscopie et de la chronophotographie de la fin du XIXe siècle pour traquer l’intemporel. Son inspiration art/science colle à la dimension technicienne des lieux. Un axe très prisé des arts numériques actuels que l’on retrouve également au niveau inférieur, dans l’étrange sculpture robotique Deep And Hot de Thomas Feuerstein, liant machinisme et biologisme à travers cette forme industrieuse du réacteur, constellée de sphères polies renvoyant à la dimension moléculaire du vivant.

C’est à ce niveau que se trouve la grande majorité des pièces. On y découvre notamment l’imbrication de la complexité grandiose de l’espace physique à la complexité plus intérieure de l’humain, à travers l’installation à technologie de reconnaissance faciale Captured de la Finlandaise Hanna Haaslahti : un étrange ballet chaotique d’avatars à l’écran, saisis à partir d’une caméra scannant le public volontaire, et induisant une réflexion sur la manière dont la violence est exercée et perçue au sein d’un groupe d’individus.

La prouesse d’intégration technologique dans un environnement architectural immersif encore très industriel se poursuit dans les sous-sols de la Möllerei. L’impression de descendre dans les organes internes de l’usine est très forte tant le décor demeure brutaliste. Et c’est là que l’on découvre la pièce la plus curieuse : le Formae X 1.57 du studio de design numérique allemand Onformative. Cette coupole aux couleurs variables, posée à même les scories, réagit aux modifications atmosphériques du lieu (lumière, air humidité), mais aussi au mouvement du public. Une partition commune entre l’homme et la machine qui tombe sous le sens.

Dispositif technologique et mémoriel
Car c’est justement là, dans cette interaction en temps réel de l’industriel ancien et du numérique moderne, que perce ce principe actif du « remix », renvoyant aux musiques actuelles et aux cultures du DJing. Un modus operandi qui se retrouve au centre même de la deuxième exposition présentée sur le site et justement dénommée Remixing Industrial Past (Constructing The Identity of The Minett) – Le Minett étant le nom du district minier du sud-est du Luxembourg dont Esch est le pôle névralgique.

Mis en place dans la Massenoire, un bâtiment qui abritait les divers équipements servant à la fabrication de la masse de bouchage du trou de coulée (à base de goudron), le dispositif propose ici une collision plus concentrée mais tout aussi spectaculaire entre patrimoine et création numérique. Dû au travail du collectif d’artistes et designers italiens Tokonoma, en collaboration avec leurs compatriotes de la compagnie de design intérieur 2F Archittetura, l’installation dévoile une kyrielle d’écrans suspendus à taille multiples et de boxes thématiques entrant en résonance avec des lieux encore très perméables à leur passé industriel. L’enchevêtrement très structuré des différents éléments multimédias dans cet espace lui aussi préservé, où les machines sont encore en place, délivre une scénographie captivante et totalement vivante. À l’écran ou en bande-son, archives et bruitages du travail des anciens mineurs et ouvriers y surlignent en effet la tonalité humaine et la perpétuation d’un travail de mémoire particulièrement mis en valeur.

À l’arrivée, il est donc plutôt agréable de constater à quel point le design numérique peut être vecteur de rapprochement esthétique et intemporel entre patrimoine architectural, identités humaines et création artistique contemporaine. Une transversalité des formes et des enjeux territoriaux que le concept de « remix » marie plutôt bien autour de l’ancrage territorial d’Esch 2022.

Selon Olivier Peyricot, cette édition de la Biennale de Design présente un « design modeste, pas de grands gestes », et donne des pistes, des outils, pour alimenter le débat sur les grands enjeux actuels : l’environnement, la production, la mobilité et la façon d’habiter. En prenant pour thème « Bifurcation(s) », la manifestation dresse un constat sans appel – nous sommes à un tournant où il est urgent d’agir – et positionne les designers comme des acteurs essentiels des mutations à l’œuvre. À noter, que pour la première fois, la Biennale durera 4 mois, jusqu’au 31 juillet.
« Ici vous ne trouverez pas de solutions, mais de quoi vous interroger et débattre » : c’est en substance le credo d’Olivier Peyricot, directeur scientifique de la 12e Biennale Internationale Design Saint-Etienne, lorsqu’il présente cette édition.
Et c’est peu dire : dans l’ensemble du parcours des expositions proposées à la Cité du design jusqu’au 31 juillet, les thématiques rivalisent de questionnements, pour peu que le visiteur prenne le temps de se plonger dans les nombreuses explications inscrites sur les cartels.
Biomimétisme, nouvelles mobilités, radioscopie de nos vies domestiques, modes de production… toutes les expositions expriment une expérience ou une nécessité de « bifurcation (s) » qu’elle soit «subie ou choisie » comme l’exprime Thierry Mandon, directeur général de la Cité du design.
Une affirmation de l’événement comme une laboratoire de recherches, renforcée par les nombreux work in progress et conférences qui auront lieu tout au long de ces quatre mois sur les différentes sites. En effet, si l’on a connu dans la dernière décennie de biennales portées par des commissaires inspirants, à la ligne artistique radicale ou quasi philosophique – on se souvient par exemple de l’édition autour de la « Beauté » portée par Benjamin Loyauté en 2015 –, depuis deux ou trois éditions, la Biennale vient nourrir des réflexions plus sociétales – à l’image de la très dense édition « Working promesses » en 2017. L’événement international affirme ainsi un positionnement fort du design au cœur des sciences humaines, comme un outil d’exploration et d’expérimentations pour accompagner les mutations.
Ainsi, si les expositions comportent dans l’ensemble une grande présentation de design produit, elles ouvrent aussi le rôle du designer comme concepteur de processus, de services, en réponse à des usages, des évolutions nécessaires, des comportements, et des questions économiques. Le design est stratégique, artistique, et politique, dans le sens « au service de la cité ».

Récits et recherche à la Cité du design
Parmi les expositions qui viennent appuyer ce positionnement, on citera la passionnante « Autofiction, une biographie de l’automobile », Olivier Peyricot et Anne Chaniolleau abordent le design automobile d’un point de vue avant tout anthropologique, en interrogeant les imaginaires générés et les codes d’appropriation. Le récit proposé n’en oublie pas l’éternelle question de la ressource et des matériaux, les recherches en design de ce « phénix technologique qui ne cesse de renaître », avec ses espoirs et tâtonnements, notamment autour de l’échec de la voiture dite « autonome ».
Autre signe des temps, c’est un continent entier – et non plus une ville ou un pays, comme ce le fut avec Detroit pour l’édition de 2017 ou la Chine en 2019 – qui est à l’honneur, à travers l’exposition «Singulier plurielles » de Franck Houndégla. Entre design graphique, macro-systèmes et micro-systèmes, l’exposition explore d’autres façons de concevoir, de produire et d’habiter. « Ce sont des projets nés de concepteurs divers, mais qui dans leur démarches partagent les modalités du design » souligne le commissaire. Designers, makers, architectes, ingénieurs, inventent, transposent des process, détournent des objets, des services pour le collectif. Cela va du créateur d’effets spéciaux qui transpose ses compétences pour la réalisation de prothèses, l’association d’un bijou connecté à une plateforme de données pour la mise en place d’un dispositif de e-santé, la construction d’automobile non standard répondant ainsi à une utilisation plurielle (confection textile, agriculture, hôtellerie…), l’utilisation de matériaux locaux pour l’architecture jusqu’à la recherche de « brique sans déchets »…
Enfin, parmi la dizaine d’expositions présentées sur le site de la Cité, on retiendra aussi la note de fraîcheur, d’optimisme, apportée par « Le Monde sinon rien » : un commissariat mené par Benjamin Graindorge, designer et enseignant à l’ENSADSE et la chercheuse Sophie Pène au Learning Planet Institut, qui part du postulat de la richesse des territoires de création de la jeunesse. Le pari est fait d’explorer sur dix ans les projets de diplômes d’étudiants d’un réseau d’établissements, et d’y déceler les germes d’un « New Bauhaus », autour du « vivant ». Selon Sophie Pène, il s’agit de « montrer la puissance de la création dans les moments de transition. On parle facilement d’innovations tech, mais peu d’habitudes, de comportements, de culture, de création. La deuxième idée est de montrer que la créativité de la jeunesse tire les transitions, est nécessaire, que le rapprochement entre les sciences et les arts, et les frontières poreuses qu’on peut mettre en place sont vraiment les conditions de l’émergence de projets puissants. » L’exposition englobe ainsi dans le concept d’ « école de création » les laboratoires scientifiques, les makers labs, les tiers-lieux, les écoles d’art et de design. À travers des projets très divers – d’objets musicaux pour autisme à une distillerie pirate !– il s’agit surtout de montrer la fertilité des territoires d’exploration, leurs résonances, et surtout une énergie, un désir, et un pouvoir d’agir.
Des événements en ville et en périphérie
Sur le site de Firminy, l’église Saint-Pierre accueille une exploration de Döppel Studio autour du cabanon de Le Corbusier : autour de 6 prototypes, disséminés dans le lieu, le duo de designers imagine des micro-architectures à poser dans un champ, pour se détendre, se reposer, partager des moments de pause dans une utilisation nouvelle des parcelles en jachère avec des constructions facilement déplaçables et exploitant un autre rapport au paysage.
Au cœur de la ville, le musée d’art et d’industrie propose pour sa part une habile mise en situation d’oeuvres contemporaines d’artistes en résidence au Creux de l’enfer. On retiendra par exemple l’installation au milieu des armes de l’œuvre de Vivien Roubaud, qui fige dans du verre des explosions, comme un arrêt sur image hors du temps.
Enfin, parmi les nombreuses autres événements, le collectif Fil Utile composé de 17 membres dont la designeuse textile Jeanne Goutelle propose au sein de l’ancienne école des Beaux-Arts,« Relier-délier ». Cette exposition met en scène des installations de créateurs mis au défi d’intégrer un nouveau matériau à leur savoir-faire. Se répondent des installations étonnantes, depuis la délicate association du ruban et de la porcelaine à des « graphiques en laine» réalisés à la main, donnant sous cet aspect doux et lumineux, une vision assez glaçante de l’industrie textile.
Englobant plus de 200 événements diversifiés autour de 7 expositions majeures, la Biennale de design cherche à toucher tous les publics. Bien sûr, on rêverait d’avoir une grande rétrospective exposée – à l’image par exemple de la didactique «Designers du design» à Lille Capitale du design en 2020–, mais au sortir des expositions, il reste une telle impression d’effervescence de recherches, de bouillonnement créatif, de pistes explorées, que l’on pressent un avenir inventif, avec des solutions à portée de mains. Et sans pour autant en dresser un état des lieux bien clair, on ressent combien le secteur du design a un rôle décisif à jouer dans la transformation de notre monde. Pour peu qu’on le reconnaisse et lui donne les moyens de nous aider à prendre la bonne bifurcation.
La Biennale de design de Saint-Etienne en quelques chiffres
> 4 mois d’ouverture
> 48 installations
> 7 expositions sur le site Cité du design
> Plus de 235 designers représentés
> 222 événements sur la métropole stéphanoise
> 24 colloques et conférences

Yves Saint Laurent et l’art, c’est une longue histoire… Et une exposition étonnante qui court jusqu’au 15 mai : au lieu de rassembler toutes les œuvres qui ont inspiré le couturier dans un même lieu, ce sont les robes, silhouettes et toilettes du couturier qui se déplacent là où sont exposés leurs modèles.
Si l’on doit mesurer le talent d’un artiste et l’immensité de son art au nombre de musées qui exposent son œuvre, alors Yves Saint Laurent est un très grand. On savait qu’il était un grand couturier. Le grand public sait peut-être moins qu’il a été un grand amateur d’art et que différents peintres, sculpteurs, artistes et courants l’ont nourris et inspirés. Du 29 janvier au 15 mai 2022, six grands établissements parisiens mettent en lumière chacun un aspect de la personnalité et de l’univers du créateur. Le format est inédit. L’exposition forme un parcours de plusieurs chapitres et épisodes de la vie du couturier, comme c’est souvent le cas des monographies.

L’originalité réside dans le fait que ces chapitres soient eux-mêmes répartis dans plusieurs musées de premiers rangs de la capitale de la mode. « Yves Saint Laurent aux Musées » permet à l’œuvre du couturier de se déployer non pas dans un, ni deux, ni trois mais six hauts lieux de la culture.


Au musée d’Orsay, les robes impressionnistes répondent aux toiles de Monet, Manet. Le musée Picasso sert d’écrin à la période rose et aux toilettes cubistes YSL, quand le musée d’Art moderne et le Centre Pompidou posent face à face les toiles, sculptures et œuvres modernistes et contemporaines, dont la fameuse robe Mondrian, celle qui fera connaître le jeune créateur au monde entier en 1966. L’exposition itinérante se poursuit au Louvre et bien sûr, au musée Yves Saint Laurent, qui célèbre comme il se doit les 60 ans du tout premier défilé du couturier.


Art Paris, foire d’art moderne et contemporain, revient du 7 au 10 avril 2022 pour sa 24e édition au Grand Palais Ephémère Paris. Cette année, le salon propose une nouvelle approche de l’art centrée sur les relations au monde vivant, conjuguée à une démarche d’écoconception de la foire, une première pour un salon d’art. Intramuros est partenaire de l’événement.
Après le succès de l’édition 2021 et ses 72 245 visiteurs, Art Fair Paris s’installe à nouveau au Grand Palais éphémère avec 130 galeries venues de 20 pays différents. Si de grands noms de galeries sont à nouveau attendus – telles que Continua, Lelong & Co., Kamel Mennour ou encore Perrotin –, le salon renforce sa programmation et son ancrage en tant que salon référence avec 30 % de nouveaux exposants. On y retrouvera ainsi les galeries Max Hetzler (Berlin, Paris, Londres), Bernier Eliades (Athènes, Bruxelles) et bien d’autres de renommée internationale. Côté français, les galeries gb agency, Christophe Gaillard, Catherine Issert, Pietro Sparta, Praz-Delavallade feront leur première apparition lors de cette édition. Au total, plus de 900 artistes sont attendus.

Expositions monographiques et jeunes galeries
Pour consolider son succès, Art Fair Paris compte sur ses nouvelles installations pour attirer les visiteurs. L’espace Promesses sera consacré à l’exposition de jeunes galeries de moins de 6 ans et à la création émergente. De plus, l’événement proposera au public de découvrir ou redécouvrir le travail d’artistes à travers 17 expositions monographiques dissimulées dans la foire.


L’écoconception en objectif
Pour cette édition, la foire, qui a souhaité favoriser la proximité, le local et les circuits courts dans le transport et le flux de visiteurs, s’est engagée pleinement en 2022 dans le développement d’une logistique écoconçue. C’est l’agence Karbone Prod en collaboration avec le cabinet Solinnen et l’association Art of Change 21 qui accompagnent ainsi Art Paris dans la mise en place d’une telle démarche en s’appuyant sur l’analyse de cycle de vie de l’événement. Une approche inédite qui a reçu un soutien financier de l’Ademe.


En complément du salon Maison & Objet, du 23 au 28 mars, les visiteurs sont invités cette année à rencontrer les professionnels au cœur de Paris, notamment grâce à un système de navettes au départ du Parc des Expos. Le point sur ces nouveaux parcours proposés, avec Pierre Gendrot, coordinateur Maison & Objet In the City.

Pourquoi avoir créé Maison & Objet In the City ?
Après le salon de septembre et le succès de Paris Design Week – plus de 380 participants versus 250 pour les éditions précédentes ! – , les créateurs et les marques ont souhaité être présents avec leurs showrooms et galeries dans un parcours en ville, en parallèle de l’édition de janvier de Maison&Objet.
Quelle offre spécifique est proposée, peut-on parler d’un « parcours pro labellisé » ?
Attention, ce n’est pas une Paris Design Week bis! Il n’y a pas de lieux culturels : In The City est un parcours des plus belles adresses parisiennes, c’est un parcours de l’excellence de la création et du design à Paris dédié aux professionnels, dont les visiteurs de Maison & Objet. De nombreux décorateurs et architectes d’intérieur ont souhaité présenter leur collection de mobilier, à l’image de Charlotte Biltgen, Atelier Tortil, India Mahdavi, Herve Van der Straeten, Bismut & Bismut Architectes, Reda Amalou, Pierre Gonalons, Bruno Moinard, Gilles & Boissier, Stéphanie Coutas… En parallèle, les éditeurs présentent leur collection dans leur showroom permanent. Au total, ce parcours regroupe plus de 75 adresses de prestige dans Paris. Il est intégré à Maison & Objet, et les participants sont référencés sur le site et l’application du salon. Des navettes reliront le Parc d’exposition de Villepinte à la rive gauche et à la rive droite.
Le report de l’événement de janvier à mars a-t-il eu des impacts sur les participants ?
Oui, cela a permis aux décorateurs et aux marques retardataires de s’inscrire jusqu’à fin février. Plus de 10 adresses ont augmenté la liste arrêtée en janvier. Une belle complémentarité a vu le jour entre le salon et le parcours In the City. Ce report nous a aussi permis de créer une « Galerie In The City » entre le hall 7 et le hall 6. Les visiteurs pourront découvrir une sélection des pièces les plus emblématiques du parcours en ville.
Pourriez-vous nous citer quelques temps forts de Maison&Objet In The City ?
Ce sera l’occasion de découvrir des nouveaux showrooms qui ouvrent à cette occasion : Maison Matisse (au 38 rue du Bac), Livingstone spécialiste du marbre présentera sa collection de tables d’exception dans son nouveau showroom (39 avenue de Friedland), Serax ouvre son nouvel espace (au 8 rue des Francs Bourgeois). On découvre aussi l’univers d’Asiatides chez Common Sense (16 avenue Victoria), Atelier Tortil présente une nouvelle collection de tapis en partenariat avec Charlotte Biltgen. Diptyque sa première collection de décor muraux (au 27 rue de la Reynie). Également, The Invisible Collection dévoile avec Dedar une sélection de leurs collections dans l’atelier magique de Féau Boiseries (au 9 rue Laugier dans le 17e).



Du 24 au 28 mars, venez rencontrer la rédaction et les designers de passage à l’Intramuros Café, hall 7 stand F20. Une scénographie conçue par Frédéric Sofia, en partenariat avec Fermob, Diptyque et Cosentino.
L’Intramuros Café se veut un point de rendez-vous convivial, où faire des rencontres professionnelles comme se détendre le temps d’un café. Du 24 au 28 mars, c’est avant tout la possibilité de rencontrer la rédaction pour échanger sur vos nouveautés ou vos coups de cœur. C’est aussi l’occasion de retrouver les designers qui viennent y partager leurs actualités, leurs attentes et leurs découvertes… qui seront aussi diffusées sous forme de capsules vidéo sur nos réseaux sociaux pendant la durée du salon.
Réalisée par Frédéric Sofia, la scénographie du Café met en avant la collection Luxembourg : une occasion pour le designer de revenir sur l’histoire de cette chaise qu’il a conçue pour Fermob, en proposant une adaptation originale de la chaise Sénat.


L’aménagement met aussi à l’honneur le revêtement de sol Fossil de Dekton by Cosentino, inspiré d’une roche grise, veinée, à la texture modelée par le temps. Le stand accueille aussi deux références, Excentrique et Mosaïque, qui font partie des 10 nouveaux décors muraux de Diptyque, la toute première collection d’une série inspirée par les archives de la maison, et imprimée numériquement sur du papier « intissé ».
Au cœur du hall 7 de Maison & Objet, l’Intramuros Café est une halte incontournable à inscrire dans votre parcours !



Rendez-vous des éditeurs et créateurs textile internationaux, Paris Déco Off revient pour une nouvelle édition du 23 au 27 mars. Sélection par Intramuros de 5 showroom parisiens où faire un tour durant l’événement.
Pierre Frey
27 rue du Mail 75002 Paris et 1-2 rue Fustemberg 75006 Paris
Pour Paris Déco Off, la maison Pierre Frey présentera ses collections 2022 de tissus, papiers peints et tapis au sein de ses deux showrooms parisiens. On retrouvera ainsi les collections Merveilles d’Egypte, Parade, Natecru, Sequana, Dimitri, Galerie 3 et Moquettes imprimées. Tous les produits de la maison Pierre Frey sont conçus sous la direction de Sam Baron, dans les ateliers situés à Villers-Cotterêts, dans les Hauts-de-France. En parallèle, la Maison exposera également jusqu’à la fin du mois de mars ses collections de mobilier 2022 à la galerie Modular, à quelques pas de son showroom Rive Droite, au 31 rue du Mail.


Missoni Home
242 boulevard Saint-Germain 75007 Paris
Comme un voyage, la maison Missoni propose de découvrir sa nouvelle collection Home, composée de la gamme Roma, Calabasas, Bali, Courchevel, New York et Portofino. Un condensé de couleurs, motifs et matières, qui apporte une touche singulière à chaque espace. Une collection qui fut par ailleurs imaginée et dirigée par la créatrice et directrice artistique de la maison, Rosita Missoni.


Arte
6 bis rue de l’Abbaye 75006 Paris
Marque référence en terme de revêtement mural, la maison Arte fondée en 1981 ouvre les portes de son showroom parisien à l’occasion de Paris Déco Off pour présenter ses collections Printemps-Eté 2022. Six gammes composent la collection, à savoir : Décors & Panoramiques, Les Thermes, Marqueterie, Moooi Momento, Objets et Sculptura. Pour un avant-goût des collections qui seront dévoilées, Arte invite à les découvrir à travers une vidéo qui propose de se balader au sein du musée d’Arte.

Elitis
5 Rue Saint-Benoît, 75006 Paris
Pour sa participation à Paris Déco Off, Elitis présentera ses deux gammes de tissus, Milano et Craft Chic. Côté décors muraux, la collection 2022 se compose de 4 papiers peints, la Caravane, Voiles de papier, Bois sculpté et Grand Hôtel, ainsi que de deux revêtements muraux, Merida et Mouvements. Des collections réalisées grâce à des techniques innovantes, telles l’impression 3D laquée et la gravure laser, pour un rendu tout en relief.


Samuel & Sons
23 Rue du Mail, 75002 Paris
Marque familiale new-yorkaise, la maison de passementerie Samuel & Sons s’est tout récemment installée à Paris, rue du Mail. Ce showroom, le 6e de la maison, s’étend sur 2 étages pour une surface de 200mètres carrés pour y faire découvrir le meilleur de la passementerie. Samuel & Sons, ce sont plus de 10 000 références disponibles, une multitude de matières, de la laine à soie en passant par le bois et bien d’autres matières. Une expertise professionnelle sur mesure qui s’ouvre aussi bien au marché du résidentiel qu’au secteur de l’hôtellerie.



En invitant des étudiants à créer et exposer des NFT durant une semaine de travail en groupe, le workshop ENFTAD (Exposition Numérique et Futuriste de Travaux Artistiques Décentralisés), organisé par l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs fin mars, met en avant un principe d’exploration de la blockchain en tant qu’outil artistique collectif, via notamment la mise en place, l’alimentation et la gestion d’un site web, véritable galerie virtuelle d’œuvres numériques et de travaux artistiques informatisés. Un travail pratique et prospectif, pensé et élaboré par Olivain Porry, un doctorant du laboratoire ensadlab, qui s’inscrit dans la continuité de l’axe d’enseignement Méridien Numérique de l’établissement.
Le workshop ENFTAD propose « d’explorer la technologie des NFT sous l’angle d’une pratique artistique dématérialisée, parfois conceptuelle, mais profondément ancrée dans les réseaux de communication ». Quels enjeux portés par les NFT ont-ils conduit à la tenue d’un tel workshop dans le cadre de l’École ?
Olivain Porry : Les NFT sont caractérisés à la fois par leur unicité et leur immatérialité. Ces deux qualités, si elles peuvent sembler antithétiques, ont participé à leur récente popularisation et, plus encore, à leur intégration dans le marché de l’art. S’ils ressemblent à des actifs financiers, les NFT semblent aussi être des objets virtuels et un moyen supplémentaire d’interactions sur la blockchain. En tant qu’objets virtuels, ils représentent un matériau qu’artistes et designers peuvent manipuler pour produire des expériences esthétiques et conceptuelles. En tant qu’élément programmatique d’une blockchain, ils sont un outil de développement. Faire des NFT, c’est en effet comprendre le paradigme de la blockchain, interagir avec celle-ci et avec ses multiples utilisateurs. Ce sont ces dimensions que le workshop ENFTAD cherche à explorer à travers l’expérimentation pratique. Le concept de NFT est intéressant à bien des égards : il interroge les notions de valeur et de matérialité dans la pratique artistique, propose des modalités de création spécifiques et constitue un levier pour sensibiliser les créateurs au concept de blockchain.

Concrètement, comment se présentera ce workshop ?
OP : Le workshop se déroulera toute la semaine du 28 mars. Il est ouvert à tout étudiant de 2e et 3e année, tous secteurs confondus, souhaitant découvrir les concepts de blockchain et de NFT, et expérimenter autour. C’est véritablement une approche expérimentale et artistique que nous conduirons durant le workshop. Le lieu qui l’accueille, le Laboratoire d’artisanat numérique (LAN) de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs en est d’ailleurs le décor évocateur. Les outils mis à disposition pour le workshop couvrent un large champ de techniques. Modélisation 3D, électronique, programmation informatique en sont ainsi le cœur, mais le workshop se veut ouvert sur les pratiques des étudiants. La réalisation de NFT n’implique en effet pas nécessairement de programmer, même si elle y invite, et il s’agit, au cours de ce workshop de réfléchir collectivement et par la pratique à ce que peut être la forme d’un NFT. Deux temps marqueront son déroulement. Une première journée sera dédiée à la présentation des différents concepts clefs. À cette occasion, Anthony Masure, qui dirige à la HEAD de Genève un programme de recherche sur les NFT interviendra pour présenter les enjeux des technologies blockchain dans la création. Après cette partie théorique, accompagnée d’éléments artistiques, historiques ou contemporains, la seconde phase du workshop sera dédiée à la création et à la confrontation avec les techniques de la blockchain.

En tant que réseau d’ordinateurs permettant de sécuriser des données numérisées, la blockchain induit un fonctionnement collectif autour d’interfaces communes. Les NFT peuvent-ils être un protecteur et donc un facilitateur de création d’œuvres collectives dans les mondes virtuels, s’ils permettent par exemple de répartir et de rétribuer de façon plus équitable les contributions de chacun ?
OP : Au cours du workshop, les étudiants seront amenés à produire des NFT qu’ils pourront mettre à disposition sur un site web. Plus qu’un espace de présentation et de vente, ce site web sera un outil pédagogique et permettra bien aux étudiants de se familiariser avec la notion d’interface dans son rapport aux NFT. Le workshop ne vise pas à mettre en place une marketplace effective de NFT, mais plutôt à avoir un espace d’accrochage virtuel. C’est le statut même des NFT que nous souhaitons interroger et explorer. L’usage de jetons types NFT dans un processus collectif de production constitue l’une des voies dans cette direction, mais il n’est pas le seul.
Ce workshop s’inscrit-il dans un véritable programme dans la durée, porté par l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, autour de cette question spécifique des NFT appliqués à la création et au design ?
OP : Oui. Dans le cadre de l’axe d’enseignement Méridien Numérique de l’École dont Martin De Bie est le référent, un premier échange collectif a été programmé autour de blockchain par le Laboratoire d’artisanat numérique. Le workshop en est la continuité et une première approche pratique dans la confrontation aux NFT et plus généralement à la technologie de la blockchain. En tant qu’objet technique et au vu des nombreuses dimensions que véhiculent les NFT, il est important pour un établissement comme l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de s’emparer de ces techniques pour en explorer le potentiel artistique et symbolique.

Les NFT sont-ils pour vous un nouvel outil technologique permettant de repenser grâce au virtuel tout le processus de design et ses usages ?
OP : Les NFT et la blockchain sont encore des technologies naissantes dont les applications évoluent chaque jour, mais sans doute y a-t-il un potentiel fort au-delà de la dimension purement financière. La blockchain peut être un outil de collaboration puissant et la capacité des NFT à questionner les notions de valeur, de propriété et de matérialité demandent encore à être explorée.