Le design polyglotte de Nicolas Verschaeve
© Victor Cornec

Le design polyglotte de Nicolas Verschaeve

Difficile d’attraper l’agile Nicolas Verschaeve, designer belge qui navigue entre plusieurs territoires et récemment installé à Bruxelles, dans un atelier qui lui offre toutes les possibilités d’éprouver ses projets grandeur nature. Depuis son diplôme à l’Ensad de Paris, en 2017, il se pose dans le croisement des cultures et dans la diversité des manières de voir.

Né en Belgique, il a très jeune vécu le syndrome du « Belge en France », même s’il en a totalement perdu l’accent. Il a grandi au soleil de l’Hérault, résistant à l’accent occitan, dans une région viticole à côté de Saint-Chinian, avant de rejoindre Paris en 2012 pour intégrer l’École nationale supérieure des arts décoratifs de la rue d’Ulm. Il en sort en même temps qu’une designeuse textile, Juliette Le Goff, avec qui il réfléchit pour son diplôme au rôle que pourrait avoir une pensée textile dans une architecture dont on hérite de la rigidité. « L’architecture demande aujourd’hui une certaine souplesse et exige que l’on repense l’articulation d’élémentaires : le sol, la paroi et le plafond. » Leurs propositions s’attachent à habiller l’espace de voiles, entre la paroi et le mur, pour recréer des espaces d’intimité.

Un bureau de design mobile

En parallèle, il ouvre un bureau de design mobile frugal où s’équilibrent autonomie et dépendance volontaire au monde. L’outil est mobile pour aller au plus près de là où la matière se transforme. Une intuition le submerge en même temps que le besoin de se confronter à une réalité économique. « Dessiner une lampe sans contrainte donne un cas où tout est permis », et, en réaction à cette liberté, il propose un design situé et des objets non prémédités, avant de rencontrer… les manufactures. La vie de l’atelier mobile, dans l’atelier de production, se confronte au réel pour en palper la spécificité, révéler la nature des lieux et la richesse du monde, d’un monde où l’on vit.

Académie des savoir-faire, Fondation d’entreprise Hermès © Nicolas Verschaeve

Aujourd’hui, à 28 ans, il explore le croisement des cultures. Dans une diversité des manières de voir. Avec un père viticulteur et une mère infirmière, il s’est probablement rendu sensible à l’autre et aux questions de terroir mais sans jamais tomber dans le folklore. Il affirme que « certains modèles agricoles sont en avance sur les questions de notre époque, sur l’origine des choses, les circuits courts… ». Une vie à la campagne qui l’a nourri, fait prendre position pour exprimer l’identité des lieux où sont faites les choses, des espaces que l’on habite et qui nous modèlent. « C’est ce que l’architecture moderne a dérobé, une architecture normalisée et parachutée qui ne raconte rien sur les lieux où l’on se trouve, tout en produisant des objets trop bavards. »

Le temps long de l’atelier

En 2015, une semaine au Ciav (Centre international d’art verrier) de Meisenthal, dans le nord des Vosges, avec Pierre Favresse, lui fait mettre les pieds pour la première fois dans une manufacture. Ce sera une mise au point sur le temps long de l’atelier, où il découvre que les formes et les choses émergent davantage de la matière qu’à partir du dessin. Il retournera à Meisenthal en 2020 pour faire escale dans ces Vosges où une bourse du Cnap (Centre national des arts plastiques) lui permet de faire aboutir un questionnement autour du moule et de l’interdépendance historique de l’activité verrière et du milieu forestier. Il détourne le moule-objet conçu pour la duplication afin de l’envisager comme un moule-système, outil modulaire d’exploration de formes. Produit à partir du « déjà-là » et des planches sorties quotidiennement de la scierie voisine, ce moule impose au designer une présence dans l’atelier et un dialogue avec les artisans. Nicolas Verschaeve en sortira un répertoire d’une cinquantaine de formes, duquel sont identifiés sept objets à éditer en série limitée et dont trois entrent dans le catalogue permanent du Ciav.

Exposition Sillages, Ciav © Nicolas Verschaeve

En parallèle de ces productions, il tient à révéler « ce que les objets ne disent pas » : sa recherche de terrain prend la forme d’un livre édité par le Ciav et d’une exposition. Celle-ci sera déployée en janvier 2024 lors du Off du salon Maison&Objet, dans l’espace Made in Situ, récemment inauguré par Noé Duchaufour-Lawrance.
Pour la conception de la boule de Noël 2022, il fait référence à la bouteille en verre et identifie dans l’industrie des formes et des décors populaires à réemployer dans un objet usuel. Pour ce best-seller du Ciav, 40 000 exemplaires ont été soufflés à la main, à raison de 600 par jour.


Préserver et raisonner

Dans ses projets de résidence en Bourgogne, au château de Sainte-Colombe, il rencontre la manchisterie Jacquenet-Malin, qui œuvre à partir de l’arbre pour le transformer en manche d’outils. À la façon d’un ready-made, il réemploie des modèles de manches existants, des rebuts, pour les déplacer vers une collection de porte-manteaux et de patères. Il développe aussi un système d’étagères, dont l’assemblage par butée évoque l’évidente simplicité de fabrication des outils paysans. La figure de l’artisan l’interpelle. La manufacture permet un lien de la ressource à la distribution et ouvre une place au designer, qui peut poser des questions au matériau et à celles et ceux qui les mettent en œuvre.  Académie des savoir-faire de la Fondation Hermès, résidence au Cirva, à Marseille, exposition à la Manufacture royale de Saint-Louis dans le pays de Bitche, formation chez Normal Studio, collaboration avec FormaFantasma : Nicolas Verschaeve apprend le respect des milieux et de l’homme et met en lien artisans, ingénieurs et spécialistes des process.

Boule de Noël Extra, 2022 © Guy Rebmeister - CCPB

Au printemps 2024 devrait émerger avec le Cnap une exposition à Maubeuge sur l’histoire du verre à vitres. À Nontron, en Dordogne, il a pris la direction pédagogique du post-master design des mondes ruraux, un programme hors-les-murs de l’Ensad qui interroge la place du design en milieu rural. Questionnements qui animent également le réseau Campagne Première dont il partage l’initiative avec Emmanuel Tibloux (Ensad), David Cascaro et Grégory Jérôme (Hear). Et il se réjouit de la micro-architecture qui servira désormais de billetterie au Ciav de Meisenthal. Son moto : fouiller l’ancrage de l’histoire culturelle pour assurer une production raisonnée.


Rédigé par 
Bénédicte Duhalde

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24/10/2025
Jean-Philippe Nuel : de l’architecture eu mobilier

L’architecte et designer Jean-Philippe Nuel a livré trois projets architecturaux au cours de l’été. L’occasion pour lui de développer deux nouvelles assises en collaboration avec Talenti et Duvivier Canapés.

Architecte multi-facettes, Jean-Philippe Nuel s’est une nouvelle fois illustré cet été avec la livraison de trois projets hôteliers. Témoignant de son attachement à une « approche contextuelle, fondée sur le sens, l’histoire et la captation d’éléments didactiques », l’architecte décorateur a signé trois cadres de vie aux identités radicalement différentes, mais unis par une même volonté : concevoir des espaces enracinés dans leur territoire et ouverts sur le monde. De la métamorphose du dernier étage du Negresco à Nice, hommage élégant et contemporain à Jeanne Augier, à la création de L’Isle de Leos Hotel & Spa en Provence, imaginé comme une maison d’hôtes intime et chaleureuse, en passant par le Talaia Hotel & Spa à Biarritz, écrin minéral et marin suspendu au-dessus de l’océan, Jean-Philippe Nuel conserve l’idée d’un dialogue entre le lieu, l’architecture et le mobilier. Une approche qui l’a conduit à collaborer avec Talenti et Duvivier Canapés pour développer deux nouvelles gammes, désormais pérennisées par les marques.

Le Talaia Hotel & Spa de Biarritz ©FrancisAmiand

L’espace à l’origine de l’objet

Chez Jean-Philippe Nuel, le mobilier naît rarement d’une idée abstraite, mais plutôt d’un « besoin généré par l’architecture », explique-t-il. « Quand on conçoit une chambre d’hôtel, on a souvent besoin d’un bridge. On ne veut pas d’une simple chaise, mais il faut que l’assise reste manœuvrable pour s’adapter à différents usages. En 2021-2022, j’ai donc dessiné cette pièce, car il en existait en réalité assez peu sur le marché. » Destinée à l’origine à un projet hôtelier avorté à New York, la pièce au design sobre et classique a malgré tout été réalisée par Duvivier Canapés sous le nom de colection Barbara. D’abord implantée dans un hôtel à Reims, elle a fini par trouver sa place au Negresco, dans le cadre de la rénovation estivale. « À l’image de cette pièce, mes objets naissent souvent d’un lieu, d’un besoin précis. Ce n’est que dans un second temps que se pose la question de leur adoption par une marque et de leur intégration dans une collection », précise le designer. C’est notamment le cas d’une autre collaboration, cette fois avec Talenti, imaginée dans le cadre du projet de L’Isle-sur-la-Sorgue. Nommée Riva, la collection s’inspire du nautisme et du quiet luxury. D’abord pensée pour le monde de l’hôtellerie, puis intégrée à des projets de yachting, l’assise, reconnaissable à son large piètement en bois sur l’avant, a été ajoutée au catalogue de la marque italienne. « Nous avons néanmoins dû redimensionner certaines pièces. Le piètement initial, assez épais, a été redessiné pour plus de légèreté et de durabilité. Mais la générosité de la chaise, son aspect presque surdimensionné, demeure. » Ce processus d’ajustement accompagne souvent la transition d’une pièce sur mesure vers l’édition. « C’est par exemple ce qui s’est produit au Negresco, pour un canapé en forme de banane de quatre mètres de long. On nous a dit qu’il était trop grand : il a fallu le repenser pour un cadre plus classique. »

La Suite Jeanne&Paul et les assises de la collection Barbara imaginées par Jean-Philippe Nuel ©Grégoire_Gardette

Une approche transversale et lisible

Architecte de formation, mais aujourd’hui davantage tournée vers l’aménagement intérieur, Jean-Philippe Nuel revendique une posture transversale. « Même si ma notion de création s’est un peu déplacée, j’aime garder un œil sur toutes les étapes d’un projet. C’est peut-être lié au marché anglo-saxon, où les architectes ne s’occupent pas des intérieurs ni de la décoration. En Europe, c’est différent, mais comme je travaille beaucoup à l’étranger, le curseur s’est un peu déplacé. » Connu pour la diversité de ses réalisations, le créateur défend avant tout une cohérence du lieu. « Je garde un style que je ne renie pas, sans fioritures, avec une lisibilité dans la mise en place des éléments. » De L’Isle-sur-la-Sorgue, où la présence d’antiquaires a inspiré un dialogue entre objets anciens et mobilier contemporain, à Biarritz, où les couleurs du Pays basque infusent le projet, son seul fil rouge reste l’identité du lieu. « Pour le mobilier, comme pour l’architecture, c’est toujours dans le cadre de ce que j’ai vu, ressenti ou analysé que la création s’inscrit », conclut-il.

Le hall de l'hôtel Isle de Leos et les assises de la collection Riva éditées par Talenti ©Francis Amiand
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24/10/2025
Icônes en résonance : Charlotte Perriand rééditée par Saint Laurent

À la Galerie Patrick Seguin et sous la curration d’Anthony Vaccarello, la maison Saint Laurent fait dialoguer l’héritage du design avec celui de la mode en présentant quatre pièces rares de mobilier de Charlotte Perriand.

Jusqu’au 22 novembre, la Galerie Patrick Seguin met en scène une exposition qui réunit deux icônes du XXᵉ siècle que sont Charlotte Perriand et Yves Saint Laurent. Sous la direction artistique d’Anthony Vaccarello, ce sont quatre pièces de la créatrice - dont certaines étaient jusqu'ici restées à l’état de prototypes - qui ont été rééditées en série limitée. Présentées de façon presque muséale, chaque meuble témoigne d’un dialogue subtil entre rigueur moderniste et sensualité des matériaux, qu’il s’agisse de la banquette de la résidence de l’ambassadeur du Japon à Paris, du fauteuil Visiteur Indochine ou bien de la bibliothèque Rio de Janeiro ou encore de la table Mille-Feuilles.

Bibliothèque Rio de Janeiro © Saint Laurent

Un dialogue entre héritages et regards contemporains

Plus qu’une simple exposition, cette collaboration rend hommage à la fascination réciproque entre la mode et le design. En effet, alors qu'Yves Saint Laurent  collectionnait les créations de Perriand, Anthony Vaccarello lui, les faire revivre avec modernité à travers un regard épuré, fidèle et respectueux du travail de la designeuse. En s’associant à la Galerie Patrick Seguin, Saint Laurent affirme son engagement pour le patrimoine créatif et la transmission des savoir-faire. Un exercice d’équilibre où l’héritage se transforme en manifeste contemporain, à découvrir sans attendre.

A gauche : Fauteuil visiteur Indochine / A droite : Table Mille-Feuilles © Saint Laurent

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22/10/2025
Pour Miami Paris, Range Rover ouvre sa galerie de design

A l'occasion de Design Miami, Range Rover ouvre les portes de la Range Rover Gallery dans la cour de l'Hôtel de Maisons jusqu'au dimanche 26 octobre.

Connu pour le luxe de ses véhicules les plus prestigieux, Range Rover place depuis 55 ans le design à la hauteur de l’innovation technique. À l’occasion de Design Miami, la marque britannique dévoile dans la cour de l’Hôtel de Maisons, en plein cœur de Paris, un petit espace d’exposition éphémère : la Range Rover Gallery. Quelques mètres carrés dans lesquels la marque souhaite valoriser la création contemporaine en accueillant six créations. Pensé comme une extension physique de sa philosophie “Modern luxury”, la galerie valorise en son sein les travaux des lauréates Sophie Dries et Fleur Delesalle récompensées en 2022 et 2023 lors des AD Range Rover Design Awards, et Dan Yeffet, précédemment membre du jury.

Trois noms pour incarner le luxe de demain

Parmi les pièces exposées, Sophie Dries présente Croissant, un fauteuil dont la silhouette faussement légère dissimule une conception sophistiquée faite de velours dense et de placage en loupe de bois. Une assise réalisée dans un atelier français en hommage au savoir-faire traditionnel. Une approche que l’on retrouve également dans la lampe E.T. de Fleur Delesalle. Cette création sculpturale réalisée en plâtre suggère une présence quasi animale chargée de mystère. Enfin, on trouvera les créations de Dan Yeffet explorant, par le biais du verre, du métal et de la pierre, une esthétique portée par la tension des courbes. Trois styles différents et une même recherche de radicalité au service de l’esthétique. Une vision d’autant plus importante pour Range Rover que la marque a réaffirmé son soutien à la jeune création l’an dernier en lançant le Student Prize. Un concours par lequel les étudiants sont invités à imaginer un objet nomade, à la fois sophistiqué et épuré, inspiré par la sphère automobile. Un prix pensé comme une passerelle entre générations, disciplines et visions du luxe.

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22/10/2025
In Situ : l’expression maximaliste de Charles Zana

L’architecte d’intérieur et designer Charles Zana présente In Situ. Une collection aux proportions nouvelles, dévoilée dans un écrin haussmannien rue de Rivoli et visible jusqu’au 26 octobre.

C’est dans le cadre haussmannien de l’ancien Cercle suédois situé au 242 rue de Rivoli, que Charles Zana a souhaité présenter sa nouvelle collection : In Situ. Après l’Hôtel de Guise en 2021, où il avait présenté Ithaque, et l’Hôtel de la Marine, où il avait dévoilé Iter l’an dernier, c’est donc derrière les hautes fenêtres de cet écrin surplombant le jardin des Tuileries que l’architecte d’intérieur et designer s’est installé pour la semaine. Le temps pour lui de présenter « une collection plus personnelle et moins formelle que les deux précédentes », explique-t-il. Créateur touche-à-tout, Charles Zana propose cette fois-ci une vision maximaliste de son approche, se laissant aller aux formats XXL favorisant l’expressivité visuelle de ses créations. Imaginées pour la plupart dans le cadre de cette nouvelle collection, quelques pièces rééditées trouvent néanmoins leur place, parmi lesquelles le canapé Julie, qui, à la manière d’un confident courbé en satin et en étain, vient redessiner l’espace grâce à ses six mètres. Une création centrale dans le salon de cet appartement que le visiteur est invité à arpenter pour découvrir ou redécouvrir, au gré de six vastes pièces, une trentaine de créations. Parmi elles, des miroirs Carlo en bronze ou encore le petit fauteuil Big Franck, installés à l’ombre d’un discret boudoir vert bouteille. Deux créations en hommage au maître italien Carlo Scarpa, dont le travail a inspiré le designer, qui nourrit une profonde affinité avec les designers italiens modernistes, et Jean-Michel Franck, l’une des figures emblématiques de l’Art déco.

Exposition In Situ de Charles Zana ©Gaspard Hermach

Une vision artistique globale

Signature d’intérieurs remarquables aux quatre coins du monde, Charles Zana a imaginé cet ensemble sans fil rouge, simplement guidé par l’idée d’une « collection en mouvement ». Au-delà de l’aspect formel qui ne se confine pas à un style, l’architecte d’intérieur et designer se laisse guider « par des meubles qui architecturent l’espace ». Considérant qu’il n’y aurait pas « une seule façon bourgeoise de s’implanter dans l’espace », mais au contraire une réflexion « proche de celle des ensembliers », l’exposition met en avant la pluralité des formes et des matières. À celles traditionnelles comme le bronze, le marbre, le cuir ou encore l’acier inoxydable, Charles Zana intègre pour la première fois de nouveaux médiums comme la laque, l’étain ou la céramique, tous travaillés en France.

Exposition In Situ de Charles Zana ©Gaspard Hermach

Scénographiée avec une grande simplicité, privilégiant l’esprit d’un appartement habité à celui d’un showroom, la présentation s’accompagne d’une sélection d’œuvres issues de l’univers de Charles Zana. Parmi elles, des polaroïds de Carlo Mollino, des céramiques d’Ettore Sottsass et des antiquités de la Galerie Chenel. Amateur d’art pictural et collectionneur, le designer s’est également entouré du galeriste Paul Calligaro pour la  curation dont résulte une sélection d'œuvres d’Eugène Carrière. Une mise en valeur du XIXe siècle dans laquelle architecture et peinture servent le design contemporain et permettent à l’événement de s’inscrire en tout point dans la dynamique d’Art Basel Paris.

L’exposition est à voir au 242 rue de Rivoli, de 11 h à 19 h jusqu'au dimanche 26 octobre.

Exposition In Situ de Charles Zana © Gaspard Hermach
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