Rétro 2021 : Retour sur la Design Parade
Johanna Seelemann / Marc-Antoine Biehler et Amaury Graveleine / Edgar Jayet et Victor Fleury © Luc Bertrand

Rétro 2021 : Retour sur la Design Parade

La Villa Noailles organise depuis 2016 la Design Parade de Toulon, petite sœur de celle de Hyères qui fête cette année ses 15 ans. Respectivement centrés sur l’architecture intérieur et le design, ces deux domaines se côtoient dans ce festival qui avait cette année une saveur toute particulière. Après l’annulation de l’édition 2020, il était tant de retrouver les créateurs et partager avec les visiteurs ce qu’est le design d’aujourd’hui et ce que sera peut-être celui de demain. Le jury composé de 10 personnalités, était cette année présidé par Karl Fournier et Olivier Marty, fondateurs du Studio KO.


Henri Frachon : Mention spéciale du jury (Hyères)

Diplômé de l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (ENSCI), Henri Frachon possède aussi un bagage d’ingénieur et de physicien obtenu respectivement aux Arts et Métiers et à l’Université Claude Bernard de Lyon. Le designer, déjà lauréat des Audi Talents 2020, conçoit le design contemporain comme un ensemble de facteurs complémentaires. À la fois inventif, intemporel et pratique, il n’exclut pas une approche sensible offrant rythme, justesse mais aussi dissonance. À travers ses conceptions percées de trous et dépourvues de leurs fonctions classiques, Henri Frachon s’est focalisé sur l’essence même de cette absence de matière. « J’ai interrogé ce que sont formellement les trous, ce qui les caractérise, ce qu’ils apportent, ce qui les rend beaux ». Un projet qui laisse donc voir bien plus loin que la surface en elle-même.

Henri Frachon, Design Parade de Hyères © Henri Frachon

Arthur Donald Bouillé : Prix du public  (Hyères)

Après avoir débuté son cursus avec un Bachelor de Design Industriel à l’Ecole nationale supérieure des arts visuels de Bruxelles, Arthur Donald Bouillé a obtenu un master en création industrielle à l’Ecole nationale supérieure de création industrielle à Paris. Médaillé il y a quelques années au concours annuel organisé par le MIT à Boston pour le développement d’un purificateur d’air intérieur, le designer porte depuis un intérêt plus profond à « l’exploration des mécanismes et des stratégies du Vivant ainsi que les questionnements éthiques ou écologiques qu’elles suggèrent ». C’est ainsi que l’échange avec des chercheurs a pris une place de choix dans son processus créatif pour proposer « de nouvelles manières d’envisager notre relation aux vivants et aux technologies ». Une évidence pour celui qui transforme les frontières en zones de rencontres inter-disciplinaires/environnementales/conceptuelles. Au travers de son projet récompensé par le festival, le designer souhaitait « interroger les manières de prendre soin et d’accompagner les malades du cancer par l’intermédiaire d’objets transitionnels, de supports de projection qui permettent d’extérioriser, de mettre à distance un fragment de la maladie ». Un projet qui, grâce à l’implication de la recherche scientifique et philosophique, peut se qualifier de thérapeutique et transitionnel selon les dires du créateur.

Arthur Donald Bouillé, Expérience de panser, Design Parade Hyères © Anne-Charlotte Moulard

Johanna Seelemann : Mention Spéciale Eyes On Talents X Frame (Hyères)

Née en Allemagne, Johanna Seeleman développe ses « fascinations » durant sa licence en conception de produits à l’Académie des Arts d’Islande puis son master en design contextuel à la Design Academy of Eindhoven au Pays-Bas. Une fascination globale qui a conduit la designer à prendre la parole lors de conférences et d’événements comme la Deutsh Design Week, à s’exposer à Londres, mais aussi de nombreux pays nordiques. Mais celle qui en 2019 a été séléctionnée pour le « ICON Design – 100 Talents to Watch », n’avait jamais remporté de prix avant celui de la Villa Noailles. Particulièrement intéressée par « l’exploration de produits et de matériau qui semble banal en Europe », la designer « aime dénicher des parcours et des contextes cachés et proposer des scénarii alternatifs ou des futurs possibles ». La sensibilité de Johanna Seelemann envers les matériaux et leurs impacts dans une société pourtant sensible à la cause environnementale l’amène à se questionner sur la « possible adaptation de nos systèmes et l’utilisation des ressources au changements constants des goûts. »

Terra Incognita vise ainsi à placer la plasticine (un argile de prototypage) au centre du matériau. « En design on dit que la forme suit la fonction, mais elle suit aussi la mode et les tendances. » Ce nouveau médium offrirait donc la possibilité de remodeler l’objet à l’infini. Un projet esthétique et évolutif en somme !

Johanna Seelemann, Terra Incognita © Luc Bertrand
Johanna Seelemann, Terra Incognita © Luc Bertrand

Cecile Canel & Jacques Averna : Grand prix du jury  (Hyères)

Lauréats de la résidence « sur mesure + » de l’Institut français et résidents aux Ateliers de Paris, Cécile Canel et Jacques Averna ont exposé leur création mêlant dynamisme et mécanisme à la Design Parade de Hyères. Sortis tous deux de l’ENSCI les Ateliers, et préalablement diplômés respectivement aux Beaux-Arts de Toulouse et à l’Ecole Boulle, ces deux designers adhèrent à un design qui « vient se frotter à des réalités techniques, matérielles et sociales, tout en gardant élégance et astuce ! ». C’est ainsi que ce duo s’est intéressé aux enseignes de magasins « responsables de beaucoup de pollution lumineuse et de consommation énergétique». Pour y remédier avec élégance et astuce, les designers ont saisis la force du vent pour animer aux grès de ses courants ces repères du quotidien.

Cécile Canel et Jacques Averna, Design Parade Hyères © Luc Bertrand
Cécile Canel et Jacques Averna, Design Parade Hyères © Luc Bertrand

Anna Talec & Julie Brugier : Mention Spéciale du jury (Toulon)

Anna Talec et Julie Brugier sont toutes les deux diplômées d’un DSAA, spécialisées respectivement en mode et environnement à l’école Duperré de Paris, et en design d’objet à l’école Boulle de Paris. Ancrées dans l’idée que l’approche contextuelle est désormais devenue inévitable, les deux créatrices font des différents facteurs d’un lieu, un ensemble d’éléments à prendre en compte. « Nos projets s’ancrent toujours dans des territoires emplis de savoir-faire », leurs permettant de revendiquer « un design sobre et vivant ». Premier appel à projet réalisé par le binôme, la thématique leur a permis de mettre en avant une plante attachée au territoire méditerranéen : le chanvre. Écologique, les designers l’ont donc transformée en objet domestique au sein de leur espace appelé la Villa du cueilleur. Un appentis qui, avec sa charpente en bois et ses fonctionnalités primaires, offre un résultat « frugal » selon les créatrices.

La ville du ceuilleur, Anna Talec et Julie Brugier, Design Parade de Toulon © Luc Bertrand
La ville du ceuilleur, Anna Talec et Julie Brugier, Design Parade de Toulon © Luc Bertrand

Clemence Plumelet & Geoffrey Pascal : Prix Mobilier national (Toulon)

Pour ces deux diplômés de la Design Academy of Eindhoven au Pays-Bas, ce prix est le premier remporté. Avec leur vision du design contemporain basé sur l’échange des savoirs-faire et des souvenirs générationnels, les deux jeunes designers ont abordé la thématique méditerranéenne selon plusieurs angles au gré de leurs rencontres. « La Méditerranée et son atmosphère chaleureuse et chaloupée […] se décline en un projet que nous avons voulu riche de couleurs saturées et de matières sophistiquées ». Mais de voyage en rencontres, le projet s’est enrichi pour pencher vers « des matériaux plus justes, en accord avec l’atmosphère qui réside sur le littoral ». Au final, le projet s’articule autour d’un espace remplissant la fonction de salon-bar. L’évocation d’un bord de piscine où entrent en discussion le lieu et les objets l’animant. Le résultat d’une collaboration dont les inspirations tant cinématographiques (La piscine de Jacques Derray) que photographiques (les clichés de Slim Aarons) signent un espace à l’allure ludique et au style intemporel selon les créateurs.

Folle Envie, Clémence Plumelet et Geoffrey Pascal, Design Parade de Toulon © Luc Bertrand

Edgar Jayet & Victor Fleury Ponsin : Grand prix Design Parade Van Cleef & Arpels + Mention Speciale Eyes On Talents X Frame (Toulon)

« Dans la pénombre, on sent ce vent, tout dans cette pièce respire, on peut se laisser aller à une sieste », tel est décrit le projet par ses créateurs, tous deux étudiants à l’école Camondo de Paris. Si pour Edgar Jayet, le design doit principalement passer par les sensations et la transdisciplinarité, Victor Fleury Ponsin fait pour sa part place au dialogue inter-créatif et à la compréhension propres à chaque matériaux. Deux approches complémentaires du design contemporain qui ont permis aux jeunes primés de créer « un projet autour de souvenirs et de sensations ». La sieste, institution méditerraéenne, se mue ici en un espace travaillé. « Notre pièce est habitée par l’ombre et traversée par le vent ». C’est ainsi que la pierre humidifiée, le plâtre et un voilage suffisent à créer un lieu hors de l’éblouissement et de la chaleur. La sieste, une habitude de vie matérialisée en un espace où les longs et chauds après-midis s’atténuent dans le calme d’un repos.

A Benidor, Edgar Jayet et Victor Fleury, Design Parade de Toulon © Luc Bertrand
A Benidor, Edgar Jayet et Victor Fleury, Design Parade de Toulon © Luc Bertrand

Marc-Antoine Biehler & Amaury Graveleine : Prix Visual Merchandising (décerné par Chanel) et Prix du public (Toulon)

« Questionner l’existant, écouter l’histoire d’un besoin, s’ancrer et s’adapter dans un lieu de façon la plus naturelle possible ». C’est ainsi que résonne le design d’aujourd’hui pour Marc-Antoine Bielher et Amaury Graveleine. Diplômés d’architecture  d’intérieure et design d’objet à l’école Camondo de Paris pour le premier, et d’architecture d’intérieure et design d’espace à l’Ecole Boulle de Paris pour le second, la localité des savoirs et des matériaux représente pour eux une réponse aux besoins. C’est donc de fait que « la beauté du geste artisanal offre une réponse architecturale plus humaine ». Si la Méditerranée est une évocation du bord de mer, le duo a pour sa part choisi de s’inscrire dans les terres. Souvenirs de vacances qui leur sont propres, issus tantôt de moments partagés ? Entre amis ou en famille, tantôt des lectures de Pagnol ou encore de films, un projet est né mêlant liberté et insouciance des moments vécus enfant. Un projet où parasol et table en marqueterie de noyaux d’olives rappellent cette ambiance provençale avec humour.

Le Mirage, Marc-Antoine Biehler et Amaury Graveleine, Design Parade Toulon © Luc Bertrand
Le Mirage, Marc-Antoine Biehler et Amaury Graveleine, Design Parade Toulon © Luc Bertrand


Rédigé par 
Tom Dufreix

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Temps de lecture
11/9/2024
EquipHotel 2024 : l’édition de l’audace

EquipHotel, salon B2B dédié au secteur de l’hôtellerie-restauration revient du 3 au 7 novembre à Paris Porte de Versailles. Une nouvelle édition sur le thème « Osons ! », qui révèlera son lot de surprises et que la directrice du salon Béatrice Gravier a développé plus en détails.

L’édition 2024 porte le thème « Osons! ». Qu’est-ce qu’il signifie exactement ? Sur quelles bases a-t-il été choisi ?

Depuis mon arrivée à la direction d’EquipHotel début 2020, nous avons souhaité mettre en place une dynamique globale autour d'un thème général qui servirait de fil conducteur. Le salon est toujours organisé avec des réseaux forts, notamment les syndicats hôteliers que sont l’UMIH et GHR ou encore l’Ameublement Français. Avec ces partenaires, nous avons balayés toutes les problématiques auxquelles sont confrontés les professionnels après lesquelles nous avons choisi un dénominateur commun qui permettrait de lier tous ces échanges. En 2024, avec la dynamique olympique qui était très forte et tout ce que cela allait impliquer pour le secteur, on s’est dit que le thème devait porter sur l’audace d’entreprendre, l’envie d’innover, l’esprit d’équipe… Le secteur est en pleine mutation, ce qui implique des changements avec la recherche de nouveaux partenaires, de nouvelles idées et derrière ce thème « Osons » il y a justement cette idée d’encourager les professionnels, de les accompagner, les aider à aller de l’avant en travaillant différemment et en osant sortir des sentiers battus.

Portrait de Béatrice Gravier, directrice du salon EquipHotel depuis janvier 2020

Lors de la conférence de presse de juin vous avez évoqué le terme « d’audace collective » comme fil conducteur, quelle est l’idée derrière cette formulation ? 

On sent que le collectif prend une place de de plus en plus importante, et pas seulement dans le secteur de l’hôtellerie. Personnellement, je l’ai ressenti fortement avec les Jeux Olympiques et Paralympiques qui nous ont bercés tout l’été, et cette audace est un peu ce qui guide notre société actuelle. Le monde change et la jeune génération aussi. Il y a beaucoup de problématiques dans le monde professionnel, particulièrement en hôtellerie-restauration, notamment en recrutement puisque le secteur peut être très difficile au quotidien. On cherche à apporter une réflexion nouvelle, plus d’audace et d’envie d’entreprendre concernant leurs projets à actuels ou à venir. C’est d’ailleurs pour cette raison que le thème s’appelle « Osons » et pas « Osez », afin de renforcer cette dynamique d’esprit d’équipe et de collectif.

Quelles sont les grandes nouveautés de cette édition 2024 ? 

Au fil des différents échanges avec les organisateurs et partenaires, il y avait l’envie commune de réussir à mixer les populations réparties en 3 piliers principaux : hôteliers, architectes et fournisseurs. La plupart du temps, le fournisseur arrive en aval des projets sans pouvoir intervenir et avoir la parole. Cette édition nous permet de prendre un nouveau virage stratégique, en donnant un peu plus la parole aux hôteliers et investisseurs. Cette nouvelle dynamique s’est accompagnée d’actions notables avec d’abord les « Think thank », en collaboration avec le cabinet de conseil MKG. Avec eux, nous avons eu 2 dynamiques de travail. La première, qu’on a appelée les « braintrust », ont été réalisés en amont du salon et ont rassemblé plusieurs fois des investisseurs hôteliers, des architectes et fabricants pour les faire réfléchir sur les nouveaux défis de l’hôtellerie. Il y avait 4 ateliers autour du design, du wellness, du foodservice et de la technologie avec comme questions directrices : quelles sont les pistes pour aider les hôteliers à maintenir la rentabilité, fournir un service de qualité et répondre aux exigences des clients ? Les restitutions de ces échanges seront par ailleurs partagées sur le salon. La 2e dynamique, un peu sur le même axe, se caractérise par l’accueil du réseau La Fabrique du Tourisme, initié par la BPI, Extendam et MKG, qui inviteront les investisseurs, architectes et fabricants sur le salon pour évoquer le sujet de l’Intelligence artificielle en se questionnant sur le rôle qu'elle peut avoir sur l’optimisation et l’usage des ressources au sein de l’hôtel, l’amélioration de l’expérience client et autre problématique. Aussi, un dernier Think Thank, dédié aux femmes à travers le collectif anglais Women in hospitality sera mis en place sur le salon autour d'une table ronde et d'un cocktail de mise en relation.

Espace d'inspiration "Le Jardin Bleu" imaginée par Fanny Perrier © EquipHotel

L’idée de ce nouveau virage stratégique de réflexion est que les participants sortent du salon avec des clés pour repositionner l’hôtel, se développer, recruter ou repenser différemment leur offre, avec des choses concrètes pour pouvoir avancer. 

Qui sont les exposants, sont-ils français, européens, internationaux ? 

Le salon EquipHotel est très développé au niveau international, avec un plus de 40 % d’internationaux. Il y a une offre assez diversifiée de fournisseurs, ce n’est pas franco-français. Quant aux visiteurs, ils sont seulement 15 % à venir de l’étranger pour le moment mais c’est un axe sur lequel on compte travailler dans les années à venir. On a d’ailleurs mis en place une programmation entièrement en anglais le mardi sur le thème du design avec une expertise internationale dans cette logique de développement. Bien évidemment, les échanges seront également traduits en français.

Il va aussi y avoir des changements au sein des espaces inspirations, lesquels ? 

Nous avons essayé d’avoir une dynamique commune au sein des quatre halls. En termes de design cette année, sur le hall food service notamment, nous avons fait appel à des décorateurs et designers, avec Franck Lebrally par exemple qui a fait de grandes fresques ainsi que l'artiste Stéphanie Pioje. On a fait rentrer beaucoup plus d’artistes, et ça va encore une fois dans cette dynamique d’Oser. C’est aussi ce qu’on a mis en place au sein de notre espace inspirations, avec notamment la participation du studio Briand Berthereau ou encore Fanny Perrier. On a voulu faire participer des professionnels qui ne sont pas forcément spécialistes de l’hôtellerie, mais qui peuvent apporter une autre expertise et un regard neuf sur les projets.

Lougne des Chefs imaginé par le studio Briand Berthereau © EquipHotel

EquipHotel 2024 c’est aussi une collaboration inédite entre Okko Hotels et l’Ameublement Français. Quel a été la genèse de ce partenariat et quel est son objectif ? 

Il existe un partenariat de longue date avec l’Ameublement Français qui avait l'habitude de proposer des cycles de conférences jusqu’ici. Après le salon 2022, on a eu cette envie commune de réinventer un peu l’expérience. Nous avions tous fait le même constat qui était que le fabricant arrive trop tard dans la balance. L’idée a donc été de monter un projet avec Okko Hotels qui est ici l’investisseur, les partenaires - Laune Architecture, EROZ - et le réseau des fabricants de l'Ameublement Français, en incluant tous les acteurs dès le début du projet. Le cahier des charges de l’investisseur a été communiqué en amont aux fabricants, à savoir le made in France. Il s’agit d’un projet initié il y a plus d’un an, dont le but était d’imagier 2 chambres témoins « 100% Made in France », en prenant en compte les différentes contraintes que cela peut impliquer. Le retour d’expérience sera exposé sur le salon concernant les difficultés rencontrées et les moyens engagés pour les contourner avec une conférence dédiée par jour.

On parle beaucoup de renouvellement et d’hybridation du secteur de l’hôtellerie, est-ce que vous partagez cette idée ? À quoi est-ce dû d’après vous ?

Le monde de l’hôtellerie est très résilient et se remet en question tous les jours. Mais post-covid, la société a beaucoup changé. Il y a eu de nouveaux courants, de nouvelles inspirations du côté des clients et des collaborateurs. Les codes de l’hôtellerie « standard » ne font plus rêver aujourd’hui, il faut donc se réinventer. J’ai le sentiment que l’on revient beaucoup vers une mode de l’hôtellerie "à l’ancienne", avec ce côté maison commune, qui implique beaucoup plus les travailleurs extérieurs, les locaux… On retourne vers une offre plus généreuse et dans le partage, qui sont deux fondamentaux de l’hôtellerie selon moi. On est moins dans la recherche d’expertise pure et dure, mais plus dans de la créativité que l’on va aller chercher ailleurs. Les clients sont aujourd’hui à la recherche d’établissements multi-fonctionnels qui leur permettent de pouvoir travailler dans leur chambre, au sein des espaces de vie communs, ou de faire une séance de sport… C’est un aspect qui va d’ailleurs se retrouver au sein du salon puisqu’il y a beaucoup d’exposants qui proposent du mobilier modulaire qui s’adaptent à différents usages et types de clientèle. 

Quels sont les enjeux principaux de cette édition 2024 ?

Notre objectif principal est d’apporter de la valeur à tous les professionnels qui visitent ou exposent sur le salon. On veut leur donner envie d’investir et de se lancer dans de nouveaux projets car on le sait, le secteur de l’hôtellerie peut être difficile, surtout avec la multitude d’offres d’hébergements qui existent aujourd’hui. On souhaite vraiment qu’ils sortent du salon avec des pistes, des idées et de nouveaux contacts qu’ils pourront les aider à se développer à l’avenir. 

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9/9/2024
L’Ïtoïsation de la R17

Dans Maison5, l’Expérience Store Renault 5 dédié à l’univers de la Renault 5 E-Tech electric, ouvert du 15 juin au 15 septembre 2024 au 66 rue Saint-Dominique à Paris, était révélé le 4 septembre dernier, le concept car « R17 electric restomod x Ora Ïto ». L’occasion de rencontrer le designer et les équipes Renault embarqués sur ce challenge.

Depuis 2021, Renault collabore avec des designers pour créer des concept cars inédits. En 2021, Mathieu Lehanneur réinventait la 4L en dessinant une suite d’hôtel nomade, Suite N°4. En 2022, Pierre Gonalons faisait de la R5 qui fêtait ses cinquante ans, un boudoir sur roues avec un volant en poussière de marbre. En 2023, Sabine Marcelis redessinait la Twingo. Cette année, c’est Ora Ïto qui est invité à ïtoïser la R17, icône des années 70, au design fulgurant, dont certains ont adoré conduire le modèle Fuego et dont d’autres se souviennent de l’effet cuir des fauteuils en skai. La démarche a été mené par Arnaud Belloni, Chief Marketing Officer Renault Group and Brand.

Concept car R17, design : Ora Ito © Lionel Koretzky

Un concentré d’idéalisme

Lancé en 1971, le coupé 4 places R17 était un concentré de l’explosion idéaliste des années 70, jouant autant de la technique que de l’élégance de ses lignes angulaires, produit à plus de 92000 exemplaires entre 1971 et 1979. « J’ai eu un coup de foudre pour la voiture, explique Ora Ïto, mais elle n’est pas évidente. Elle a beaucoup de caractère et il a été très difficile de se mettre d’accord sur ce que l’on gardait et ce que l’on retirait. Avec Gilles Vidal, Directeur du Design, et Sandeep Bhambra, Chief Designer Concept Car Renault, nous avons travaillé en ping pong. Quand on n’est pas dans l’entreprise, on arrive un peu comme une cerise sur le gâteau. Ce R17 electric restomod x Ora Ïto, je ne l’ai pas vu comme une voiture, mais comme une architecture, comme un objet, comme une sculpture à la fin, parce que c’est une pièce unique. Je me suis amusé à changer mon corps d’échelle. Un exercice que je n’avais jamais fait. Je me suis imaginé en lilliputien de 10cm de hauteur, face à la calandre, parce que je pouvais intervenir sur certaines parties mais pas sur l’ensemble. Si on cligne des yeux, on voit la R17, mais quand on regarde les détails, ce n’est plus la R17. Et soudain, j’ai vu un requin dans cette voiture. Le gimmick du requin nous a mis d’accord avec Sandeep et nous nous sommes retrouvés sur ce projet. Car le requin est souvent source d’inspiration dans l’industrie automobile, mais là, il y avait même les ouïes que l’on retrouve dans les jalousies de la R17 d’origine. Si les rétroviseurs sont filiformes, ils sont là pour faire ‘objet’ sur le concept car dans lequel tout passe par les écrans, la conduite automobile ayant été révolutionné avec la création du GPS. »

Concept car R17, design : Ora Ito © Lionel Koretzky

Pièce unique, cette R17 n’est pas destiné à la production de masse mais doit servir de puit à idées pour l’avenir de l’automobile. Cet objet d’art pourrait être édité à plusieurs exemplaires mais ce n’est pas une voiture de série. Le moteur est à l’arrière, les batteries sont devant, mais le capot n’a pas à être ouvert. Ce ne sont pas les mêmes accessibilités mais les garagistes eux-mêmes ont changé de métier.

Des leçons de design

« J’ai toujours été fan de la Renault 5 et j’ai appris que c’était le même designer, Michel Boué, qui avait dessiné la R18. La R5 était une leçon de design à elle toute seule, il suffit de tourner autour pour apprendre. Dans la R17, j’ai vu un requin, quelque chose de dynamique, sportif et en même temps intemporel, avec des formes qui lui ressemble, donc, j’étais très à l’aise et j’ai essayé de l’amener un petit peu plus loin et de la ramener à notre époque. La marge de manœuvre était très fine, avec énormément de contraintes, mais avec Sandeep, on a réussi à aller au-delà de ces contraintes, à la sublimer et la rendre nouvelle jusque dans les détails. L’avant, l’arrière, les jantes, la calandre, la bouche du requin sous la calandre. C’est la voiture soit de James Bond, soit de Steve Mac Queen, et je pense qu’on a réussi notre projet » ajoute le designer.

Concept car R17, design : Ora Ito © Lionel Koretzky

« Le moteur thermique de l’époque a été remplacé par un moteur électrique et on a dû élargir la voiture de 17 cm, explique Sandeep Bhambra. C’est un travail de sublimation. On a simplifié, enlevé plein de chose, on a distillé la R17 dans son essence propre. On a gardé les phares qui sont assez emblématiques, on a changé les sièges qui étaient sans appui-têtes pour des coques confortables. On a gardé les jalousies, on a « itoïsé » les jalousies dans un brun galactique. »

La mobilité pour tous

Abordables par tous, les dernières Renault électriques nous réconcilient avec la voiture pour deux raisons : quand on appuie sur la pédale de l’accélérateur, il y a une réponse immédiate "qui nous rappelle les auto-tamponneuses de notre enfance" se réjouit Arnaud Belloni. Renault ressuscite des voitures qui ne pouvaient rester sur le marché avec les nouvelles normes des crash tests. Les batteries qui autrefois habitaient l’espace se sont affinées pour laisser plus d’air dans l’habitacle. Révélée pour sa première mondiale, le 4 septembre, la R17 sera présentée au grand public sur le Mondial de l’Automobile, à Paris, du 14 au 20 octobre. Elle sera ensuite présentée au concours Chantilly Arts & Elegance Richard Mille du 12 au 15 septembre. La passion automobile reste intacte.

Concept car R17, design : Ora Ito © Lionel Koretzky
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5/9/2024
L'Anagram sofa réinvente la notion de convertible

Fruit d'une première collaboration entre le studio Panter&Tourron et Vitra, l'Anagram sofa offre une modularité astucieuse en accord avec son époque.

Fondé il y a dix ans, le studio Panter&Tourron marque avec l'Anagram sofa un grand coup dans l'univers créatif de Vitra. Pour leur première collaboration avec la marque suisse, Stefano Panterotto et Alexis Tourron livrent une assise entièrement convertible permettant d'évoluer du canapé classique au confident en passant par des configurations plus originales, le tout par de simples clics. Une offre qui pérennise par son principe fonctionnel cette pièce de mobilier depuis bien longtemps centrale dans nos espaces de vie.

©Vitra Internatonal AG

Un défi et une idée

Lorsque Vitra se présente aux designers il y quatre ans, c'est avec une demande bien spécifique : comment fabriquer un canapé qui fonctionne presque comme un pont entre le moment présent et une situation de vie dans les 30 prochaines années ? « C'est de cette question qu'est née assez rapidement l'idée de modularité autour d'une plateforme flexible » explique le duo diplômé de l'École cantonale d'art de Lausanne (ECAL), jusqu'alors plutôt tourné vers l'univers de la tech et de la mode avec des collaborations pour Airbnb ou Balmain.

©Vitra Internatonal AG

Sensible aux évolutions sociétales et sociales dans l'habitat et le meuble – où il fera ses premiers pas en 2019 avec Stefano Panterotto pour la présentation du luminaire Tense à Milan - Alexis Tourron explique avoir conçu le projet autour d'un îlot qui puisse être appréhendé de tous les côtés. « À l'époque, le point principal du salon était la cheminée, puis ça a été la télé. Elle s'est ensuite mise à être mobile et il n'y a plus réellement d'élément directionnel. Il fallait donc créer un système qui puisse s'adapter très simplement selon les circonstances. » C'est dans cette optique que les deux créateurs ont inventé un dossier/accoudoir - et une tablette - muni de deux pinces pour se greffer à l'assise. Prenant appui sur la base métallique, l'astucieux système pouvant soutenir jusqu’à jusqu'à 300kg, est entièrement dissimulé par la forme du module qui descend légèrement plus bas que le piètement disponible en blanc, noir et bordeaux. S'il a été dessiné « pour performer seul » explique Stephano Penterotto, « il est également en accord avec la notion de coliving qui sera amené à être de plus en plus présente. » En effet, un second système permet à chaque plateforme de s'assembler avec une ou plusieurs autres quelles que soient leurs tailles (165x110cm, 180x90 et 220x90). Une manière de transformer chaque îlot individuel en zone de vie commune. Son système de sangles ajustables sous l'assise permet aussi d'adapter l'objet à son usage. « On ne reçoit plus comme le faisaient nos grands-parents de manière très formelle. Le canapé est aujourd'hui devenu un lieu d'échange y compris avec son patron. » Une analyse dont résulte un ensemble s'apparentant plus à un assortiment de possibilités qu'à un meuble classique.

©Vitra Internatonal AG

Une composition réfléchie

Durable par son fonctionnalisme, l'Anagram l'est autant par sa conception entre le Danemark et l'Italie. Sur une base en aluminium 80% recyclé, les housses sont disponibles dans de nouveaux tissus constitués à 100% de laine vierge de haute qualité ou de polyester intégralement recyclé. « Une volonté de marquer un engagement environnemental avec des modules en matières uniques de sorte à simplifier la filière de recyclage » explique le studio qui précise cependant la présence d'une couche de polyuréthane pour maintenir une bonne assise. « Nous l'avons encapsulé et zippée afin de pouvoir à terme la remplacer par une matière moins polluante ». À l'intérieur des housses, une mousse en PET recyclé et testée sur le long terme, assure à l'assise de ne pas perdre de confort grâce à des fibres étudiées pour ne pas casser. La partie supérieure du sofa repose sur des sangles tissées en PET recyclé. Ni collée ni agrafée, chacune est coincée dans un rail afin de pouvoir les changer en cas de rupture. Un développement qui favorise le changement et l'évolution à l'image de son principe, la modularité, et qui offre à l'Anagram sofa, des possibilités à la hauteur de son nom.

©Vitra Internatonal AG
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5/9/2024
Loup & Cheyenne à l'Intramuros Galerie

Du 5 au 9 septembre, Intramuros ouvre l’Intramuros Galerie pour présenter le numéro 221 #Collector et exposer 6 créateurs, à retrouver à Ellia Galerie, 10 rue de Turenne. 

Le collectif Loup & Cheyenne est composé de personnes issues du monde des arts, du design, de la mode, et plus globalement, de la culture urbaine et suburbaine. Inspiré par la ville dans son ensemble, le collectif imagine des vélos d’occasion, tous conçus dans leur atelier à partir d’un assemblage de pièces détachées, rendant ainsi chaque modèle unique. Une conception sur mesure, qui prend en compte les menstruations bien évidemment, mais pas seulement. L’idée des vélos Loup & Cheyenne est d’intégrer au sein du modèle, les déplacements quotidiens de l’utilisateur, le style de vie à vélo, le quartier ou l'endroit où le vélo va être attaché, ce qui déduit un modèle, un poids et des accessoires fournis propre à chaque client. Au sein de l’Intramuros Galerie, ils exposent deux modèles uniques au prix de 850€.

© Loup & Cheyenne
© Loup & Cheyenne
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