Savoir-faire

Pour sa dernière collection de tapis, Lady Deirdre Dyson rend hommage à deux matériaux qu’elle affectionne, la pierre et le papier. Après celle de 2020, Looking Glass, Paper & Stone réinterprète ces nouvelles matières tout en subtilité et douceur.
« Le tapis est pour moi un travail artistique qui apporte de l’âme à un lieu » : voilà plus de vingt ans que l’artiste Deirdre Dyson dessine des tapis tissés ou noués main. À l’époque, il lui est difficile de mettre la main sur le tapis qui lui convenait. En le cherchant, la créatrice tombe à pieds joints dans ce monde qu’elle ne connaît pas, celui du tapis. Un tapissier lui propose alors d’en réaliser un d’après une de ses œuvres, et de fil en aiguille, les collections s’enchaînent. Depuis, elle a repris le flambeau de cette fabrique dans laquelle elle travaille sur les collections avec son équipe.

Aujourd’hui, c’est entourée de plus de 5000 pompons de laine et de soie qui composent sa palette de couleur que Deirdre Dyson choisit les tonalités de ses créations : « Je n’ai pas besoin de les mixer comme en peinture, j’essaie de choisir les couleurs avec des contrastes et des intensités différentes pour créer des reliefs et du mouvement. »
C’est à la commande que la composition d’un tapis est définie, soit en laine pure tibétaine, en soie de Chine ou en associant les deux. Tous tissés ou tuftés à la main (certifiés Goodweave) au Népal par des tisserands d’exception, les dessins de ces tapis sont généralement suggérés par la nature laquelle est déjà source d’inspiration des peintures de Deirdre Dyson. On y retrouve toujours beaucoup d’harmonie et de subtilité dans le choix des coloris.

Chaque tapis est une pièce unique puisque créé à la demande et choisi en fonction des couleurs, des matières ou encore des dimensions.
Certains des sept tapis de Paper & Stone font écho au trompe-l’œil avec les jeux d’ombre du papier plié dont la forme est reprise dans la découpe du tapis même, ou à la feuille de papier déchirée sur un tapis rectangulaire. Ces tapis peuvent être posés au sol, mais parfois suspendus. Ainsi, la tenture murale Dry Stone donne cette impression d’un mur en pierre.
Après avoir exposé sur le salon Maison & Objet, Deirdre Dyson a pris conscience que son travail était non seulement reconnu mais aimé du public français. C’est pour cette raison qu’elle a ouvert en 2020 une galerie parisienne, à Saint-Germain-des-Prés, où il fait bon admirer son travail à sensations, celles du regard et du toucher.


Lady Dyson dessine chaque année une nouvelle collection avec beaucoup d’enthousiasme : « Selon moi, le plus important et ce qui me tient le plus à cœur est de créer des choses qui sont en cohérence avec mes expériences et mes valeurs. » On attend celle de 2022 avec impatience !


Galerie Deirdre Dyson, 12, rue des Saints-Pères, 75007 Paris

Les artisans de l’atelier Kann Design réunissent leurs savoir-faire afin de produire des meubles et modules sur mesure. Des réalisations dont les matériaux nobles ont pour mission d’embellir ou de redonner vie aux intérieurs.
Une partie de l’activité du collectif Kann Design consiste à produire des meubles sur-mesure, depuis le Liban, pour des projets d’aménagement d’intérieur. Fondé en 1958 à Beit Chabab au nord de Beyrouth, par le père de Houssam Kanaan (fondateur de Kann Design), l’atelier rassemble des artisans indépendants : ébénistes, soudeurs, tapissiers, peintres et canneurs travaillent de concert avec les architectes d’intérieur pour mener à bien des projets comme le restaurant Clover Gordes ou le Chess Hotel.
Le Clover Gordes
Pour réaliser ce restaurant du chef étoilé Jean-François Piège, Kann Design s’associe à l’agence Notoire et offre un mariage entre inspiration parisienne et maison de campagne du Luberon.

À la demande du chef drômois, le restaurant reprend l’essence simple et authentique du Clover, situé dans le 7e arrondissement de Paris : Kann Design reprend les banquettes en cuir, les tables en marbre, les chaises bistrot et y ajoute un vaisselier, pièce unique et centrale du restaurant.
Ces pièces se lient aux murs teintés d’un vert tendre et rappellent les champs d’oliviers, le romarin ou encore la sarriette, apportant une note de douceur à la pièce. À l’ombre de la pergola, au coeur de la Bastide de Gordes, des fauteuils en rotin sont rehaussés de motifs dépareillés, entre les pots d’oliviers et de lavande, comme si l’on venait tout juste de dresser une table dans le jardin. Les couverts et la vaisselle ont été chinés pièce par pièce pour renforcer l’authenticité du lieu.
Clover Gordes
Rue de la Combe, 84220 Gordes


The Chess Hotel
L’hôtel 4 étoiles The Chess prend vie grâce à la collaboration de Kann Design avec l’architecte Pauline D’Hoop. L’atelier libanais réalise un ensemble de meubles et de modules sur-mesure qui amènent chaleur et personnalité à l’hôtel du quartier de l’Opéra, à Paris.

La cannage domine encore ces réalisations : on le retrouve sur les têtes de lits des 50 chambres, les banquettes, certains murs et les miroirs du lobby.
Les tables de marbre viennent compléter le bar dominé par le cuir et le laiton, tandis que le rotin et le velours côtelé apportent élégance et originalité.
The Chess Hotel
6 Rue du Helder, 75009 Paris



Chanel Kapitanj fonde son studio éponyme de design et de ferronnerie en 2017, avec pour mot d’ordre le minimalisme. Une approche de travail qu’elle se réjouissait de présenter au SaloneSatellite – Salone del Mobile Milano 2020, finalement annulé en raison de la crise sanitaire du Covid-19.

Chanel Kapitanj est aujourd’hui métallier soudeur, un métier dont elle est “tombée amoureuse”. Après un master en design industriel, la jeune Belge se lance dans une formation à l’IEPSCF Blegny-Visé de Liège. Elle touche à tous les procédés de la soudure, dont le TIG qui permet “un résultat fin et esthétique”.
La designeuse fonde son studio en 2017 avec la volonté de travailler les matériaux froids et le métal uniquement, car “il permet des combinaisons de possibilités infinies”. Elle concède aussi être attirée par cette matière depuis son enfance. Fille d’un ouvrier fraiseur, elle passait son temps dans l’atelier de celui qui est aujourd’hui son conseiller technique.
La résistance du métal plaît à la jeune femme : “cela me permet d’imaginer des projets fins et moins massifs qu’avec un autre matériau.” Comme en témoigne son étagère Moon qui associe des plateaux de 2 mm d’épaisseur et des montants en tubes de 20 mm de diamètre, “ce qui reste très fin pour une étagère avec une finition zingué bichromaté.”

Les projets de la jeune femme ont un point commun : le minimalisme. Partisane du “less is more”, Chanel Kapitanj s’attache à mettre en évidence les matières métalliques sans surcharger les structures de ses projets. C’est cette vision de l’économie de matière qu’elle souhaitait montrer au SaloneSatellite – Salone del Mobile Milano 2020. Malheureusement elle n’en aura pas l’opportunité. La 11e édition de cet évènement consacré aux designers de moins de 35 ans a dû être annulée à cause de la crise sanitaire qui touche en ce moment l’Europe.
La designer belge comptait présenter trois projets lors du salon milanais. L’étagère Blow joue sur le contraste des matières : la structure est en acier inoxydable soufflé et réfléchissant tandis que les étagères sont en acier inoxydable brut. L’étagère Doll est constituée de deux formes simple en laiton, un cercle et un cône, qui donnent l’illusion de flottement une fois accrochée au mur. Le dernier projet est la Coiffeuse. Définition même du minimalisme elle associe un plateau et un cylindre percé pour y ranger ses accessoires beauté.
Cette opportunité manquée n’arrête pas Chanel Kapitanj, qui travaille actuellement sur son mobilier Pierre d’acier. La gravure confèrera à l’acier de la structure un rendu proche de celui de la pierre.



La Maison Duvivier Canapé diversifie son activité depuis le début du mois d’avril, afin de répondre aux besoins des hôpitaux de la Vienne. Les équipes s’attellent à la fabrication de de matériel de protection pour le personnel soignant.

Réputée depuis 1840 pour ses canapés, fauteuils et son mobilier, la maison française prolonge la chaîne de solidarité qui se met en place afin d’épauler les services hospitaliers de l’Hexagone.
À l’instar des Ateliers Vanderschooten, qui concentrent leur activité sur la fabrication de masques, la Maison Duvivier Canapés met son savoir-faire de couture au service de ces femmes et de ces hommes qui luttent en première ligne contre le Covid-19, en produisant des sur-blouses de protection.
Les équipes de la maison parisienne, sous les directives des fournisseurs et des services sanitaires, s’adonnent à obtenir les matières nécessaires, réaliser les traçages et les tests afin d’automatiser la production le plus rapidement possible.
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Eugénie Crétinon répare les céramiques brisées selon les codes du Kintsugi. Cette technique japonaise qui vise à redonner vie aux objets brisés, met l’accent sur les cassures de l’objet en céramique à l’aide de poudre d’or. La céramiste française présente son travail dans le design lab du magasin Habitat République, jusqu’au 31 décembre prochain.
La créatrice a le Japon dans la peau. Inspirée par son folklore comme en témoigne son tatouage de Totoro, la créature du film d’animation japonais éponyme, la céramiste lance son atelier Tsukumogami en 2017. Dans un premier temps, elle se forme au Kitsungi en autodidacte. Les vidéos et tutoriels disponibles sur internet lui apprennent les rudiments du métier. Puis elle suit un stage d’un mois auprès d’une maître Kitsungi venue de Kyoto, avec l’ambition de maîtriser toutes les facettes de cet art.
La technique de réparation japonaise reste la même, que la création soit d’Eugénie Crétinon ou que l’objet qu’elle répare provient d’un particulier. Les morceaux sont recollés les uns aux autres à l’aide de laque, qui est ensuite saupoudrée d’or.
Au-delà de la céramique, le Kitsungi peut aussi s’appliquer au bois. La céramiste française travaille aujourd’hui sur la restauration de poupées traditionnelles japonaises.
Eugénie Crétinon transmet aussi ses compétences à ceux qui désirent apprendre. Dans les locaux de son atelier de Montreuil, les apprentis découvrent, au-delà de l’artistique, une forme de résilience qui leur permet de dompter leur passé en recollant les morceaux brisés ou de transmettre une histoire personnelle à travers un objet.
Le travail de Kitsungi d’Eugénie Crétinon côtoie ses collections céramiques traditionnelles, en grès moucheté modelé et/ou tourné puis émaillé à la main, au sein de la boutique Habitat République jusqu’au 31 décembre 2019.
Habitat République – 10 place de la République, 75011 Paris
Boutique en ligne – https://www.etsy.com/shop/tsukumogami/

Sylvain Marcoux lançait Maison Marcoux Mexico en octobre 2018. La maison d’édition est le fruit d’une passion profonde de son fondateur pour le Mexique et ses créations. En témoigne la ville de Mexico, qui est un « paradoxe où l’on se croirait parfois au XXIIIe siècle, parfois au Moyen-Âge » confie l’éditeur québécois.
La mission de la Maison Marcoux Mexico est d’amener l’Europe au Mexique en alliant « la créativité européenne et le savoir-faire traditionnel mexicain » explique Sylvain Marcoux.
Pendant une semaine, l’Europe s’immerge dans l’atelier mexicain. Une démarche nécessaire pour l’ancien chargé de relation presse qui souhaite emmener « les designers au-delà de leur savoir-faire industriel ».
Une identité à déterminer
De cette synergie est née la collection « mezcalienne » de Constance Guisset. Révélée lors de la Paris Design Week 2019, la 1re collection de la Maison Marcoux Mexico est un mélange de création contemporaine et d’héritage ancestral.
Bien que la designer française ait fait le choix de « travailler la barro negro, l’argile noire », caractéristique de l’État d’Oaxaca, Sylvain Marcoux prône la diversité des matériaux. Il désire que sa maison d’édition soit perçu autrement qu’ « une simple maison de céramique ».
C’est pourquoi il souhaiterait que la prochaine collection « travaille l’argent ou l’obsidienne ». Malgré tout, il laisse « carte blanche au designer qui accepte le challenge », à condition que le matériau choisi soit façonné par les artisans mexicains.
Une 1re collection en terre noire

Constance Guisset propose 9 pièces en terre noire, fabriquées en collaboration avec les artisans de l’atelier mexicain Coatlicue Artesanias.La collection est composée de 7 vases, tournés à la main, ainsi que d’une table « sombrero » qui rappelle des formes symboliques du pays et d’une carafe « penacho », inspirée des danses locales.Un ensemble de créations utiles pour le particulier qui illustre la vocation de la Maison Marcoux Mexique de « faire des objets, pas du mobilier » insiste son fondateur.Après les vitrines de l’Institut culturel du Mexique, les 7 vases et la carafe « penacho » sont désormais visibles dans la boutique du Musée Quai Branly – Jacques Chirac, à Paris.