Joseph Walsh, designer et fédérateur
Il aurait pu se contenter de fabriquer des pièces d’exception pour quelques collectionneurs fortunés. Mais l’Irlandais Joseph Walsh développe ses projets tout en rassemblant, depuis 2017, une communauté de créateurs lors de son programme de rencontres Making In. Jusqu’au 23 octobre, sa première exposition monographique française « Joseph Walsh, Paris XXIII » va présenter quelques-unes de ses œuvres les plus emblématiques.
On connaît de cet autodidacte virtuose, son mobilier aux formes élégantes ou ses sculptures parfois monumentales, inspirés de la nature du comté de Cork, au Sud-Est de l’Irlande. Mais l’enfant du pays Joseph Walsh nourrit une vision globale du design, en agrégeant, autour de lui, une pépinière de talents. « Même si j’aspire à créer, en premier lieu, des objets de haute-facture, j’aime réunir des experts de toutes disciplines à Cork, au sein de mes ateliers. Dès mes vingt ans, j’ai visité nombre d’artisans, en Angleterre et ailleurs. A Vérone, où j’ai travaillé dans une église, j’ai ressenti un immense respect pour cette filière. Et au fur et à mesure du développement de mon studio, j’ai constaté l’immense bénéfice du savoir-faire et des conseils pluriels insufflés à mes équipes, par l’ébéniste irlandais Robert Ingham. Tout ceci fit me poussa naturellement à mettre en place Making In, journée de rencontres entre créateurs de tous horizons, afin de partager des savoirs, des expériences autour de thèmes comme le temps ou, comme cette année, la collaboration. »
Comment œuvrer ensemble avec un objectif commun ? Quels sont les impacts des nouvelles technologies sur le travail partagé ? En septembre dernier, « Making In Concert/2023 » a réuni plus de dix talents internationaux pour, entre autres, y répondre. Parmi eux, un grand chef, un musicien, une famille de fondeurs de cloches, un luthier, un jeune chef d’orchestre, des artistes, architectes, ou encore une conservatrice de musée. Un moment de partage qualitatif, véritable écosystème d’expertises transversales ayant attiré 400 visiteurs, dans ses ateliers nichés au cœur d’un domaine de plus de cent hectares.
Une première exposition à Paris
Dans le prolongement de cette dynamique, Joseph Walsh expose pour la première fois, et ce durant la semaine de l’art et du design à Paris, un fleuron de son corpus couvrant deux décennies de recherches, dans un hôtel particulier du VIIème arrondissement. Dans cet écrin, des assises de la série Enigmum, dont un banc déjà acquis par le Musée national des Arts Décoratifs de Paris, quelques chaises en bois teinté de sa série la plus récent Gestures , ou encore une table monumentale de la série Lumenoria illustrent son aptitude à transcender le bois de frêne, grâce au lamellé-collé, sa technique-signature. Amélioré par ses soins, ce procédé consiste à superposer jusqu’à cinquante lames de frêne collées les unes sur les autres, sur lesquelles il va exercer quelques points de pression, pour des pièces dont il va ensuite sculpter et polir les volutes élancées. « Le bois dicte la forme », aime-t-il dire…
Avec trois designers-architectes et dix-huit ébénistes dont trois Japonais, le fringant quadragénaire travaille sans relâche les courbes et les lignes, tout en y associant, de temps à autre, du cuir, du marbre ou de la résine. Proactif, rassembleur, sans cesse sur la brèche de nouveaux procédés exaspérant le bois, Joseph Walsh trace sa route jalonnée de rencontres fertiles et de commandes prestigieuses. « À l’avenir, j’aimerais aussi renouveler, chaque année, cette exposition à Paris », confie-t-il. À bon entendeur…