Philippe Malouin : L’efficacité d’un design juste
Philippe Malouin © DR

Philippe Malouin : L’efficacité d’un design juste

À la Stockholm Furniture Fair, Philippe Malouin avait le regard joyeux et fier de celui qui a tenu bon et relevé le challenge. Et pour cause : trois ans ont été nécessaires pour finaliser Chop, la première collection outdoor de Hem. Rencontre avec un designer qui collectionne les prix depuis sa sortie d’école, qui a aujourd’hui trouvé son équilibre entre une activité de création industrielle et un travail plus exploratoire en galeries.


Ce portrait est à retrouver dans le numéro 215 d’Intramuros.

Est-ce votre formation à la fois très académique et atypique en design qui vous a donné l’envie d’explorer différents territoires du design ?

J’ai débuté mes études à l’université de Montréal avec un bachelor en design industriel. J’y ai appris les bases strictes du design. Par la suite, grâce à une bourse obtenue auprès du gouvernement, j’ai intégré l’ENSCI où j’ai travaillé sur différents projets. Et j’ai enchainé à la Design Academy Eindhoven au département « Man and Living ». C’est là que j’ai pris conscience du cursus que je voulais suivre, celui de nouvelles interprétations des objets avec lesquels nous vivons. J’ai aussi été directeur artistique de l’agence Post-Office où je travaillais le design d’espace pour des clients comme Aesop ou Valextra. Mais depuis plus de cinq ans, je me concentre uniquement sur les objets et meubles.

Table de la collection Barrel, SCP, design : Philippe Malouin, 2019

Entre Montréal, Paris et Londres, pourquoi avoir choisi la capitale britannique ?

Avant mon diplôme, j’ai fait un stage chez Tom Dixon qui m’a offert un poste à temps partiel juste après mes études. J’ai ainsi pu développer les projets que j’avais commencé dans son studio de création. J’ai emménagé à Londres en 2008, et ce n’est que quelques mois plus tard que j’ai ouvert mon propre studio afin de me concentrer sur des projets plus personnels.  À cette période, cette capitale était l’épicentre d’un mouvement « DIY » très londonien. Il y avait une véritable effervescence autour d’idées nouvelles de designers tels que Max Lamb, Studio Glithero, Peter Marigold, Study O Portable ou encore Alexandre Taylor. L’ambiance était à l’inspiration ! Et quelques années plus tard, en 2013, le Royal College of Arts m’a offert un poste de tuteur en Master Design Produit. J’ai rejoint tous ces designers qui faisaient alors partie du corps enseignant. Cette expérience a aiguisé mon sens critique et le questionnement que je porte à mon propre travail, qui évoluait vers une production de masse.

Tabouret, Hardie, Kvadrat, design : Philippe Malouin © Angela Moore
Miroir Press, Umbra Shift, design : Philippe Malouin, 2017

Comment envisagez-vous votre travail ?

Je suis un designer industriel de formation, et je me suis spécialisé dans la création de meubles et de luminaires. Les tendances ne font pas partie de mon processus de création. C’est la durée de vie de l’objet qui m’intéresse avant tout. Je suis convaincu qu’il faut se concentrer sur la construction des pièces d’un produit, en utilisant les matériaux appropriés, pour le rendre performant. De cette façon, mobilier et luminaires perdurent et conservent leur valeur dans le temps, le but étant d’éviter une fin de vie dans des sites d’enfouissement.

Chaise Sacha, Resident, design : Philippe Malouin

Chaque projet est toujours différent. Je collabore parallèlement avec des éditeurs sur des projets de production de masse, et avec deux galeries d’art, The Breeders à Athènes et Salon 94 à New York, pour lesquelles je conçois des objets plus conceptuels. Elles m’offrent la possibilité d’explorer formes et matériaux beaucoup plus librement. Et ce type d’expérimentation est souvent un tremplin pour développer des langages destinés aux industriels. Mais il m’arrive aussi de travailler de manière plus classique, en 3D, en dessinant à main levée ou en concevant des maquettes.

Quels sont vos projets les emblématiques ?

Emblématiques, je ne sais pas, mais mon fauteuil Mollo pour Established & Sons m’a fait connaître dans le monde de l’édition. Conçus pour Resident, les tables et tabourets Offset ont été très populaires, et la collection d’assises Group réalisée pour SCP a reçu beaucoup d’attention sur le plan mondial. Si la fonctionnalité est toujours le point de départ, l’élaboration esthétique va de pair.

Sofa Mollo, Established & Sons, design : Philippe Malouin

Quel est votre rapport à la matière ?

Je n’ai pas de matériau de prédilection. Avant tout, j’aime explorer des matières qui me sont inconnues. Pour le milieu de l’art, j’ai la chance de pouvoir expérimenter la matière à la main, chose qui se fait rarement en édition. Pour l’exposition « Steel Works » (The Breeders, Athènes), c’est l’acier que j’ai manipulé. J’ai appris à souder, à couper, à polir pour mettre en forme mes objets. Mon assistant et moi avons réalisé à la main toutes les pièces.

Exposition "Steel Works", Galerie the Breeders, Athènes, 2021
Exposition "Steel Works", Galerie the Breeders Gallery, Athènes, 2021

C’est en travaillant différents matériaux que je les comprends mieux. De cette manière, je suis en mesure de faire de meilleures propositions dans leur utilisation en devenir. Mon rapport à la matière est très instinctif. Quand je la façonne, je crée immédiatement, sans aucune réflexion préalable. Je découvre ainsi des caractéristiques ou une esthétique particulière. Et ces découvertes peuvent rester « on the shelf », avant de refaire parfois surface lorsque l’on me demande de réaliser un produit particulier.

Quelles sont les designers que vous estimez les plus inspirants ?

Impossible de ne pas citer Ray et Charles Eames. Leur bureau de design a littéralement révolutionné la production industrielle du mobilier que l’on connaît aujourd’hui. Des coques d’assises ultralégères au plywood moulé en 3D, leur travail est sans doute le plus influent de tous les temps. Il couvre à la fois le design industriel, mais aussi l’architecture, la scénographie, bref, la liste est sans fin.

Canapé Puffer, SCP, design : Philippe Malouin, 2020

Pour ce qui est d’un designer contemporain, Jasper Morrison est le plus important à mes yeux. Son travail, durant ses années d’étudiant au Royal College of Arts, est aussi percutant aujourd’hui qu’il ne l’était en 1985. Il y a, dans tout ce qu’il dessine, une intemporalité et une fonctionnalité indéniables. Son style traverse les périodes parce qu’il n’a jamais suivi les modes et parce que les matériaux utilisés sont toujours cohérents. Jasper Morrison possède un goût parfait.

Des projets en devenir ?

Hem vient de lancer à la Stockholm Furniture Fair une toute première gamme de mobilier d’extérieur. Cette collection qui s’appelle Chop comprend des assises et des tables pour le momen,  réalisé en acier inoxydable, des produits durables et imaginés pour rester dehors toute l’année dans des conditions extrêmes, résister à des vents violents par exemple, c’est pour cela aussi que j’ai choisi l’acier et pas l’aluminium, la chaise pèse autour 7 kg, elle est extrêmement stable. J’ai notamment travaillé la forme et les piétements pour qu’elle puisse être utilisé aussi bien sur une terrasse, que sur la pelouse ou dans le sable sans un effet d’enfouissement et de bascule.

Collection Chop, Hem, design : Philippe Malouin, 2023 © Erik Lefvander
Collection Chop, Hem, design : Philippe Malouin, 2023 © Erik Lefvander

C’est une collection qui s’adresse aussi bien au secteur du contract qu’au résidentiel. Nous avons mis trois ans à aboutir, et nous en sommes très fiers. Ils nous ont fait confiance.  Sinon, je n’ai jamais travaillé avec des éditeurs français, qui sait ? Peut-être cette collection que l’on va bien présenter à Milan leur montrera notre capacité à « faire » !

Rédigé par 
Cécile Papapietro-Matsuda

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3/5/2024
Le design brésilien à l’assaut de Milan

Pendant la Design Week de Milan du 16 au 21 avril dernier, les pendules étaient réglées à l’heure brésilienne. Avec un espace dédié au Salone del Mobile et une hyper présence au sein du off à travers le Brazilian Furniture Project, le pays transatlantique a su confirmer son positionnement et son envie de s’exporter au-delà du continent américain. Décryptage.

Entre son stand grand de plusieurs centaines de mètres carrés, l’ouverture de showrooms et les diverses expositions dans la ville, il était compliqué de ne pas s’intéresser au design brésilien cette année. Fort de son industrialisation, le Brésil, qui s’avère être le 6e plus grand producteur de mobilier dans le monde, était désireux de confirmer sa position et ainsi s’étendre au niveau mondial.

Une hyper-présence au Salone Del Mobile

Confortablement installé au sein du hall 3 du Salone Del Mobile, le stand « Brazil », était difficile à rater. Erigé avec le soutien d’Abimóvel et d’Apex Brasil, le Brazilian Furniture Project avait pour objectif de faire valoir à la fois le design brésilien et ses savoir-faire. Ce programme d’internationalisation, a été lancé dans le but de faire connaître ses valeurs, ses designers et ses marques. Un stand qui regroupait d'une part le travail de 22 entreprises présentants 41 nouveautés réalisées en collaboration avec des designers prometteurs au Brésil. On peut notamment citer Roberta Rampazzano qui présentait le Sofa Amigos designé pour Modalle, Dimitri Lociks avec son fauteuil Laélia pour Udra Móveis et sa collection Giro pour Multimoveis ou encore le auteuil Musa pensé par Tiago Curioni pour Zeea. .

Sofa Amigos, design : Roberta Rampazzano pour Modalle
De gauche à droite : Fauteuil Musa, design : Tiago Curioni pour Zeea / Chaise Tríade, design : Ibanez Razzera pour Declinear / Chaise Longue Laélia, design : Dimitri Lociks pour Udra Móveis

Un concentré de talents, donc, mis en parallèle avec les 9 autres marques exposées cette année à savoir Century, Sao Marcos, Green House, Modalle, St.James, Zen, Sollos et Jaderalmeida. Et le terme de « sélection » a justement son importance car ces pièces et marques n’ont pas été choisies au hasard. « La durabilité et l’environnement sont les motivations principales et font partie des critères de sélection pour prendre part au programme. Notre design est considéré comme l’un des meilleurs du monde et nous avons conscience de notre diversité et nos savoir-faire » déclarait notamment Floriano Pesaro, représentant d’Apex Brasil durant le salon.

© Abimóvel


Plusieurs happening remarqués au sein du off

Toujours en partenariat avec le Brazilian Furniture Project, l’Université de Milan présentait pendant toute la durée de la Design Week et jusqu’au 28 avril, une exposition de design intitulée « Coccoloba », mettant en perspective le travail de 53 jeunes designers réalisé en collaboration avec des entreprises locales. Prenant part au programme « Cross Vision » du magazine Interni, qui regroupe une sélection d’expositions au sein du Fuorisalone, cette présentation était l’une des plus importantes de l’édition. Sous la curration de Bruno Simões, l’exposition était présentée par ce dernier comme étant un hommage au modernisme brésilien. « L’idée était de mixer l’approche du fait main et du savoir-faire avec l’industrie et l’innovation actuelle, en gardant toujours l’idée d’avoir une approche durable du design » expliquait-il. 

Exposition Coccoloba, sous la curration de Bruno Simoes, © Intramuros

En ville, deux showroom ont retenu l’attention. D’abord, la marque Ornare, créée en 1986, qui se dévoilait pour la première fois durant la Design Week au sein de son nouveau showroom milanais, qui s’avère être le premier espace européen de la marque. Elle y présentait sa nouvelle collection Timeless, qui comme son nom l’indique, semble ne pas avoir d’âge et a été pensé de manière à pouvoir évoluer facilement avec le temps et les années. Dans le quartier de Brebra, le showroom de la galerie Etel Carmona proposait de découvrir le travail du designer Percival Lafer à qui une tribune était accordée. Le travail de plusieurs autres designers notables était également présenté, à l’instar du studio MK27 ou encore Patricia Urquiola qui collaborait une seconde fois avec la marque après la collection Raiz and Cascas en 2020. Une collection décrite par Lissa Carmona, fille d’Etel Carmona et directrice de la galerie, comme « intense et ancré dans la nature. Quelque chose d’ancestral. »

Nouvelle collection designée par Patricia Urquiola pour Etel Carmona © Intramuros

Autre installation intéressante à découvrir dans la ville, l’exposition « Piloto », curatée par le journaliste Ricardo Gaioso et présentée au sein du studio/appartement AINT via Giovanni Mayr,. Une exposition pensée comme une « expérience » présentant le travail de designers, tous brésiliens, à savoir Guilherme Wentz, Juliana Vasconcellos, Leo Lague, Melina Romano, Paolo Vilas, Patricia Anastassiadis et Ronald Sasson. 

In-situ de l'exposition "Piloto" © Filippo Bamberghi

Une semaine riche en propositions et nouveautés ayant permis une belle plongée dans la matérialité et le savoir-faire brésilien en termes de design. Le Brésil a su montrer sa détermination, confirmant que la création brésilienne a de très belles années devant elle ! 

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6/5/2024
“Infraviolet”, l'exposition hétéroclite de Ludovic Roth

Exposé jusqu'au 1er juin dans la galerie Chamagne-Hardy, le designer Ludovic Roth propose de découvrir “Infraviolet”. Une collection inclassable qui s’illustre par sa diversité.

Designer depuis une quinzaine d'années, Ludovic Roth expose jusqu'au 1er juin sa collection Infraviolet à la galerie Chamagne-Hardy située dans le VIIe arrondissement de Paris. Riche de 17 objets parmi lesquels des miroirs, des tables, des lampadaires ou encore des vases, la collection frappe par son éclectisme total. Fruit d'un travail de deux années mené occasionnellement en binôme, Infraviolet invite le visiteur à côtoyer des objets aux apparences souvent inédites.

De la diversité à tous les niveaux

Par l'absence d'unité formelle et plastique, le designer pose les codes d'un travail de conception sensible qui puise comme rare caractéristique commune, la présence de couleurs vives et des lignes épurées. Selon lui, « L’emploi de la couleur peut apporter un souffle de légèreté salutaire. » Une vision qu'il a poussée en diversifiant les médiums dont le PVC, le miroir, mais surtout le bois et le métal. Deux éléments qu'il mêle au travers de compositions très graphiques radicalement contemporaines.

Particulièrement intéressé par la matérialité et la fantaisie, le créateur passionné de sciences et de techniques a mis au point un traitement lui permettant d'obtenir un rendu irisé sur le métal. Un processus qu'il travaille depuis 3 ou 4 ans et qu'il déploie pour la première fois au sein d'une collection. « La couleur m’évoque le plaisir de créer, d’insuffler par l’objet une certaine gaieté à un intérieur. Nombreux sont ceux qui ressentent l’impact de la couleur et apprécient sa capacité à conférer à un objet une autre dimension, au-delà du "sérieux" de sa rigueur formelle » analyse le designer.

Un parcours international

« Deux années de développement ont été nécessaires pour mettre au point Infraviolet. Elles m’ont offert la possibilité de repousser les limites de ma pratique » analyse Ludovic qui cumule les projets internationaux depuis son diplôme obtenu en 2008 auprès de l'Ecole Bleue. Intéressé par la conjugaison des savoir-faire artisanaux aux techniques actuelles pour élaborer de nouveaux design, le créateur est aujourd'hui sollicité dans les domaines de l'architecture, de l'audio et de l'horlogerie. Une renommée sacrée par l'acquisition en 2022 de son luminaire Cosse en cuir et acier par le Mobilier national.

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7/5/2024
Le quartier de Soho accueille sa nouvelle boutique Cartier

La marque française de haute joaillerie Cartier ouvre une nouvelle boutique dans le quartier new-yorkais de Soho.

Déjà présente à New-York et notamment sur la célèbre 5e avenue, la maison de haute joaillerie française ouvre une nouvelle boutique. Situé plus au sud dans le non moins célèbre et gentrifié quartier de Soho, ce nouvel espace de vente fait dialoguer les codes de la marque avec ceux de son environnement urbain.

Au rez-de-chaussée, la bijouterie propose un décor chic ou s'accumule les nombreuses références au quartier ©Cartier

Une boutique pensée comme un trait d'union

Imaginée par Laurène B. Tardrew et Romain Jourdan de l'agence studioparisien, cette nouvelle adresse du luxe mêle passé et présent. Les éléments métalliques patinés ainsi que les briques du décor rappellent l'histoire industrielle du quartier tandis que la neutralité des matériaux constructifs évoque quelque chose de plus contemporain et luxueux. Au cœur de cette alliance de style, des œuvres d'art en hommage aux mouvements artistiques ayant émergés sur la côte Est, parmi lesquels le pop art et le street art, apportent des touches colorées. Des teintes qui font écho à certaines assises, rares éléments dotés de vert ou de violet.

Le bar propose une ambiance chaleureuse et conviviale dans un décor ou s'entremêle les lignes de la pierre, du tissu et du bois ©Cartier

Quatre niveaux, quatre espaces, quatre ambiances

Conçus pour différents usages, chacun des quatre étages de l'édifice entièrement dédié à la marque propose au client une découverte des produits ainsi que des lieux de détente. Au rez-de-chaussée, la longue galerie d'accueil expose les produits dans de petites vitrines et sur les étagères murales métalliques conçues en résonance avec la structure en acier du plafond. Pièce maîtresse et fil conducteur au sein du bâtiment, l'escalier décoré de la panthère fétiche de Cartier conduit à l'étage supérieur où se trouve le bar. Cet espace, le plus coloré et décorativement détaillé d'entre eux, tient à favoriser l'échange et la convivialité. « Nous avons privilégié la douceur et la féminité, en accompagnant nos dessins de lignes courbes et pures, parfois ponctuées de quelques touches d'extravagance et de couleurs exprimées dans un grand mur décoratif panthère » confie le duo d’architectes de Studioparisien.

Au troisième niveau, un appartement baigné de lumière sert à la fois d'espace d'exposition et d'invitation ©Cartier

Relativement sombre par rapport aux autres pièces, le bar s'inscrit en opposition radicale avec le deuxième étage pensé comme un appartement. Lumineux et neutre dans ses teintes, cet espace contemporain imaginé pour servir lors d'événements et de divertissements exclusifs, est le dernier niveau couvert. Au-dessus, la boutique se termine par une terrasse végétalisée. Cerné par deux pignons en briques, ce jardin propose un espace intimiste et verdoyant dominant l’une des artères principales du cœur artistique et branché de la grosse pomme.

Petit luxe de la boutique, le rooftop en plein centre de Soho invite à prendre le soleil dans un cadre particulièrement luxueux ©Cartier
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3/5/2024
À Milan, Pedrali comme à la maison

Au Salone del Mobile, Pedrali a déployé ses nouveaux modèles au gré d'un vaste stand aux allures de showroom coloré.

De la salle à manger à l'espace de détente en passant par le jardin. C'est dans ce qui s'apparente à une vaste habitation en tissu de 900m² que Pedrali  a mis en scène ses nouveaux objets lors du Salone del Mobile de Milan, début avril. Forte de onze collections, pour certaines inédites, la marque italienne a souhaité reconstituer des lieux de vie. En accordant une réelle importance aux couleurs, le studio milanais DWA Design Studio, à qui l'on doit la scénographie d'exposition, proposait aux visiteurs d'accélérer le temps pour passer en l'espace de quelques instants, des pièces baignées d'une lumière matinale bleutée, à celles illuminées d'un crépuscule orangé. Des mises en scène sobres mais évocatrices, grâce auxquelles les objets semblent projetés dans un environnement semi-réel.

L'espace Pedrali mis en place lors du Salone del Mobile ©Ottavio Tomasini

Le temps d'un déjeuner solaire

Midi sonne, le soleil est haut dans le ciel et l'ambiance est particulièrement solaire. Une atmosphère qui résonne avec les couleurs acidulées d'Héra Soft, la dernière chaise de Patrick Jouin pour Pedrali. Avec son dossier suspendu par un piètement haut, l'assise à l'allure aérodynamique entre en résonance avec la table Rizz de Robin Rizzini. Soutenu par quatre pattes métalliques de section triangulaire, l'élément central de la salle à manger dégage une âme très animale en partie due à la linéarité cassée des pieds. Un détail porteur d'un caractère froid, mais rehaussé par l'éclairage des lampes Tamara de Basaglia Rota Nodari.

Chaises Héra Soft de Patrick Jouin et table Rizz de Robin Rizzini ©Ottavio Tomasini

Repas terminé, direction le salon adjacent conçu par CMP design. Ici, les lignes sont moins strictes, les volumes y sont enveloppants et invitent à prendre son temps. Avec son armature en bois de frêne massif tout en courbe, le canapé deux places Lamorisse ainsi que ses fauteuils lounge, invitent à un début d'après-midi convivial. Autour, les tables basses Blume dessinées par Sebastian Herkner finalisent l'ambiance sereine et délicate de la pièce.

Canapé et fauteuils Lamorisse et tables basses Blume de Sebastian Herkner ©Ottavio Tomasini

Prendre le soleil partout et comme on le souhaite

Lorsque certains discutent à l'intérieur, d'autres profitent d'un moment plus reposant sur les poufs Buddy Oasi. Extension d'une collection à succès de la marque, ces modules de Busetti Garuti Redaelli sont la version extérieure du Buddy classique destiné à l'origine pour la maison. Semblables à des galets géants aux courbes polies, ces conceptions qui se multiplient et se déplacent au grès du soleil, s'approprient en fonction des envies. Ledossier mobile, lesté avec une base antidérapante, se déplace librement sur toute la surface. Fabriqués en polyuréthane pour résister aux intempéries, ils se conjuguent avec les tables basses en béton Caementum de Marco Merendi et Diego Vencato.

Poufs Buddy Oasi de Busetti Garuti Redaelli ©Ottavio Tomasini

Une fin d'après-midi, comme un regard en arrière

Le ciel devient rose et le début de soirée s'annonce. Il fait encore bon et l'heure est à la discussion dans ce qui ressemble désormais plus à une cafétéria de plein air. Une ambiance joyeuse et familiale transmise notamment par les chaises Philía d'Odo Fioravanti. La structure en acier dans laquelle vient s'entremêler un tissage en cordon PVC unis ou bicolore rappelle joyeusement la dolce vitae des 60's italiennes. Une époque, symbole de design à laquelle on repense assis autour des tables Ysilon de Jorge Pensi Design Studio, la tête dans les fougères.

Chaises Philía d'Odo Fioravanti ©Ottavio Tomasini

Une fin de journée qui entend bien accorder du temps au prélassement

Étape ultime et inratable d'une journée passée dans le confort du mobilier Pedrali, Ester Lounge signée par Patrick Jouin propose dans une ambiance plus tamisée. Initialement présentée en 2013, l'assise monolithique revient cette fois sur le devant de la scène dans une approche plus douce et harmonieuse. Avec son dossier incurvé surmonté d'un ovale qui signe la collection de sa forme, le fauteuil s'est élargi pour accueillir sans contrainte l'utilisateur. Imposante mais esthétique par ses volumes et ses pieds en aluminium moulé, Ester Lounge répond aux luminaires sans fil Giravolta et ceux suspendus Isotta, tous deux de Basaglia Rota Nodari. Une concordance entre les éléments qui procurent à Pedrali l'atmosphère chaleureuse d'une maison chic et libre d'appropriation.

Fauteuils Ester Lounge par Patrick Jouin et luminaires sans fil Giravolta suspendus Isotta de Basaglia Rota Nodari ©Ottavio Tomasini
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