Découvrez les lauréats de la Design Parade 2023
Lou Cabanoun par Marisol Santana et Emily Chakhtakhtinsky, prix du Mobilier National / Chambre tapissée pour cigale en hiver, Clément Rosenberg, Grand Prix du jury Van Cleef & Arpels / Les heures chaudes, Théophile Chatelais et Hadrien Kriepalmarès, prix du public de la ville de Toulon

Découvrez les lauréats de la Design Parade 2023

La Design Parade vient de dévoiler son palmarès 2023 , en design à Hyères et en architecture d’intérieur à Toulon, pour sa 17e et 7e édition respectives. Un des concours les plus dotés du secteur, véritable promoteur de talents.

À Hyères, la Villa Noailles accueille la Design Parade depuis 2006. Fondé et dirigé par Jean-Pierre Blanc et présidé par Pascale Mussard, le festival est composé de deux parties depuis 2016, avec une partie design à Hyères et une partie architecture d’intérieur à Toulon. L’objectif reste le même depuis le début : offrir à 20 jeunes créateurs une vitrine et un accompagnement complet pour la réalisation de leur projet. Les lauréats sont annoncés dans les premiers jours de festival, mais les expositions sont ouvertes au public tout l’été jusqu’au 3 septembre pour celles de Hyères et jusqu’au 5 novembre pour celles organisées à Toulon.

Cette année, le jury  était présidé d’une part par Aline Asmar d’Amman pour les prix d’architecture d’intérieur à Toulon, accompagnée de Victoire de Taillac, Gay Gassmann, Pierre Hermé, Judith Housez Aubry, Oliver Jahn, Rabih Kayrouz, Agnès Liely, Harry Nuriev et Tyler Billinger, Lindsey Tramuta, Madeleine Oltra et Angelo de Taisne (cf Intramuros 214). Pour la section design à Hyères, c’est Noé Duchaufour-Lawrance qui a été choisi pour présider le jury composé de Guillaume Bardet, Clara Le Fort, Marion Mailaender, Jean-Marie Massaud, Luca Nichetto, Astrid Rovisco Suzano, Bas Smets et du duo Claire Pondard et Léa Pereyre. Chaque président a également sa propre exposition.

Lauréats en design

Le Grand Prix du jury et du public à Hyères décernés à Yassine Ben Abdallah

Le parcours de Yassine Ben Abdallah n’est pas des plus communs, et c’est ce qui forme la richesse de son approche du design. Formé à Science-Po puis à l’Académie d’Eindhoven, le designer est aujourd’hui basé entre la Réunion et les Pays-Bas. Pour la Design Parade, le designer présentait le projet « Mémoires de plantation », qui se penche sur la disparition des objets appartenant aux esclaves et aux engagés des plantations sucrières de La Réunion. En effet, l’identité culturelle de l’ancienne colonie française a été façonnée par la monoculture de la canne à sucre, mais peu d’objets subsistent à cette histoire, si ce n’est ceux des maîtres. De fait, le sucre, matière première de la plantation, devient ici narrateur de cette absence : Yassine Ben Abdallah subvertit la scénographie habituelle de la muséographie en installant des machettes éphémères en sucre, artefacts disparus des esclaves, face aux objets permanents du maître. Un projet qui touche aux frontières du design et de l’art contemporain, d’une justesse sensible dans la transcription du propos  : un dialogue qui convoque en silence le passé, pour mieux évoquer les interrogations du présent.

Projet Mémoires de plantation, Yassine Ben Abdallah, Grand Prix du jury et du public

Projet Mémoires de plantation, Yassine Ben Abdallah, Grand Prix du jury et du public © Luc Bertrand

En tant que lauréat du Prix du Jury, Yassine Ben Abdallah se voit récompenser d’une résidence de recherche d’un an à Sèvres – Manufacture et Musée nationaux ainsi que d’une résidence de recherche d’un an au Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques de Marseille (Cirva) pour la réalisation d’un vase en trois exemplaires. Il est également invité à participer concours en tant que membre du jury et bénéficiera d’une exposition personnelle à Hyères lors de la prochaine édition de la Design Parade, en 2024.

Lucien Dumas & Lou-Poko Savadogo, lauréats du prix Tectona et de la Dotation de la Fondation Carmignac

Le duo composé de Lucien Dumas & Lou-Poko Savadogo présentait la collection Au dixième. « En tant qu’architectes et artisans, nous considérons qu’il n’y a pas de frontière d’échelle, d’usage ou de forme entre un bâtiment et un mobilier. » Dans leur pratique, la fabrication n’est plus séparée de la conception et un détail constructif peut devenir le point de départ d’un projet plus global. Ils envisagent ainsi les pièces de mobilier comme des éléments d’architecture. La collection est le résultat d’une recherche sur l’assemblage du bois par le tissage : les meubles sont composés de petites pièces de bois maintenues entre elles grâce à une corde en papier, qui met en avant la jonction, pour souligner les fondamentaux d’une structure. Une écriture très personnelle, autour d’un « entre-deux » entre architecture et design, très prometteuse pour des résidences annoncées.

Fauteuil Materra-Mantang par Lucien Dumas & Lou-Poko Savadogo, prix Tectona © ArthurCrestani
Collection Au dixième, Lucien Dumas & Lou-Poko Savadogo, prix Dotation de la Fondation Carmignac

Respectivement lauréats de deux prix, Lucien Dumas & Lou-Poko Savadogo se voient donc doublement récompensés. Lauréats du prix Tectona, mis en place pour la première fois cette année, les dix finalistes devaient imaginer un fauteuil de repas empilable sur le thème « Une pause sous le soleil », avec une seule contrainte technique : utiliser le métal ou un matériau naturel imputrescible. Pour ce prix, le duo lauréat avec leur fauteuil Materra-Mantang recevra un prix de 5.000 euros. En parallèle, le prix de la dotation Carmignac leur permet d’être invités lors d’une résidence à créer un objet en lien avec la philosophie du lieu.

Lauréats en architecture d’intérieur

Le Grand Prix du jury Van Cleef & Arpels décerné à Clément Rosenberg

Designer textile, Clément Rosenberg s’est inspiré de la tradition médiévale de l’art héraldique pour son projet Chambre tapissée pour cigale en hiver, en créant des blasons pour signifier la Méditerranée, qui n’existaient pas jusqu’ici. Il propose ainsi différentes versions afin de rassembler sous un même emblème le littoral hétérogène qui s’étend de Nice à Perpignan. Influencé d’une part par les ressources du territoire, il y ajoute une figure majeure : la cigale qui unit par son chant la Provence à l’Occitanie. Clément Rosenberg choisit de lui rendre hommage en déployant les formes et les couleurs de son blason à l’échelle architecturale grâce à l’emploi de matériaux locaux et de matières nobles. À l’image du cocon sous la terre et des chambres médiévales remplies de tapisseries, il conçoit une pièce entièrement souple, faite de drapés et de tentures.

Chambre tapissée pour cigale en hiver, Clément Rosenberg, Grand Prix du jury Van Cleef & Arpels © Luc Bertrand
Chambre tapissée pour cigale en hiver, Clément Rosenberg, Grand Prix du jury Van Cleef & Arpels

La dotation Van Cleef & Arpels comprend une bourse de 5 000 euros, un projet de collaboration avec Delisle pour la création d’une pièce d’exception d’une valeur de 10.000 euros, le développement d’un projet créatif avec Codimat, d’un accompagnement en conseil en image et relations presse d’une durée d’un an de la part de l’agence Perrier / Giroire Communication, une résidence de deux semaines dans l’atelier parisien de L’Atelier Mériguet, la création d’une pièce d’une valeur de 10.000 euros avec l’Atelier François Pouenat, d’une résidence de recherche, développement et création d’un prototype au sein de l’atelier Relax Factory ainsi que la participation au concours en tant que membre du jury et d’une exposition personnelle à Toulon en 2024, dans le cadre du festival.

Mention spéciale du Jury de Toulon : Mathieu Tran Nguyen

Le projet l’Oseraie de Mathieu Tran Nguyen met en avant une tradition immémoriale qu’est la vannerie, l’art de tresser les fibres végétales. Rencontre entre esprit méditerranéen et esprit japonais, L’Oseraie rend hommage à ces innombrables objets, utilisés par une large population paysanne, pour ranger, transporter, nettoyer, cuisiner, s’asseoir et dormir. Un art de l’ordinaire, typique d’une Provence rêvée. Cette collection se compose des assises d’osier taillé Botte, d’une marqueterie murale d’osier Écailles, du tapis Canisse, ou encore des luminaires Barigoule en osier tressé. Une mise en espace extrêmement originale, qui par une composition extrêmement structurée, propose un discours très contemporain, évitant habilement les écueils des clichés « d’authenticité » trop souvent liés à la notion de « tradition ».

L'Oseraie, Mathieu Tran Nguyen, Mention spéciale du Jury de Toulon

Prix Visual Merchandinsing décerné par Chanel pour Arthur Ristor et Anaïs Hervé

Le projet Le palais de Sable d’Arthur Ristor et Anaïs Hervé est un paysage, une carte postale d’un bord de mer, où les souvenirs d’un après-midi à la plage se fondent dans l’architecture fragile d’un décor fantasmé. Des coussins en forme de coquillages viennent se loger dans des architectures rocheuses incrustées d’éclats de mosaïque. Sur de petits guéridons de verre, des perles s’amassent en tas comme des algues rescapées de la marée. Un petit salon en vitrail illumine la pièce de mille couleurs. Les deux univers de la plage et du château ne font qu’un, comme un palais imaginaire sculpté dans le sable.

Le palais de Sable, Arthur Ristor et Anaïs Hervé, Prix Visual Merchandinsing décerné par Chanel © Luc Bertrand
Le palais de Sable, Arthur Ristor et Anaïs Hervé, Prix Visual Merchandinsing décerné par Chanel

Pour ce prix, Chanel offre la possibilité de réaliser un projet de création à hauteur de 20 000 euros, en collaboration avec une ou plusieurs Maisons d’art, qui sera exposé lors de l’édition 2024.

Marisol Santana et Emily Chakhtakhtinsky récompensées par le prix du Mobilier National

Le projet Lou Cabanoun de Marisol Santana et Emily Chakhtakhtinsky réunit abeilles et humains dans un espace refuge. Le duo a dessiné une pièce éco-système qui questionne la façon dont le territoire méditerranéen est vivable en étant confronté à l’épreuve climatique actuelle. Lou Cabanoun est inspirée formellement des apiés provençaux et rend hommage à l’abeille noire provençale en empruntant des éléments au monde apicole. Un sanctuaire qui, par sa matérialité, est une interprétation des cabanes de pierres sèches, constructions vernaculaires provençales. Au sein de Lou Cabanoun, les éléments de l’écosystème méditerranéen sont sublimés et sacralisés.

Lou Cabanoun, Marisol Santana et Emily Chakhtakhtinsky, prix du Mobilier National
Lou Cabanoun, Marisol Santana et Emily Chakhtakhtinsky, prix du Mobilier National

La récompense offre au duo l’occasionde développer un projet créatif avec l’ARC (Atelier de Recherche et de Création) de l’institution. Le prototype sera présenté l’année suivante au sein d’une exposition scénographiée par les lauréats avec l’aide et le soutien du Mobilier national.

Le prix du public de la ville de Toulon décerné à Théophile Chatelais et Hadrien Kriepalmarès

Le projet de Théophile Chatelais et Hadrien Kriepalmarès est une réflexion sur la chaleur et sa gestion par les humains. De fait, pendant les heures chaudes, le soleil est haut dans le ciel et la mer silencieuse. L’air paraît plus épais, les ombres plus courtes et le temps plus long, ce qui impose de rentrer se protéger à l’intérieur de la maison. Le duo a ainsi créer une salle rectangulaire, accolée à la cour, où coule une fontaine intérieure qui permet de rafraîchir l’espace. Le temps d’un été, celle-ci devient le théâtre de nouveaux désirs, de nouvelles manières d’habiter et d’être ensemble. Une question se pose : Comment vivrons-nous lorsque les températures seront trop élevées ? Peut-être faudra-t-il renouer avec d’anciens rituels, en inventer de nouveaux ?

Les heures chaudes, Théophile Chatelais et Hadrien Kriepalmarès, Prix du public de la ville de Toulon
Les heures chaudes, Théophile Chatelais et Hadrien Kriepalmarès, Prix du public de la ville de Toulon

Rédigé par 
Nathalie Degardin

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3/7/2025
Intramuros #224 : Sun

Plein Soleil

Quand le soleil dicte les formes, les usages et les idées, le design s’adapte, invente, rayonne. Ce nouveau numéro d’« Intramuros » s’ancre dans le Sud, là où l’extérieur devient une pièce à vivre, un terrain d’expérimentation pour les designers, un laboratoire de matière, de lumière et d’énergie. À Marseille, ville-monde, une scène créative s’affirme. Axel Chay, Emmanuelle Roule, Juliette Rougier, Aurel design urbain : tous dessinent un design solaire, sensoriel, entre artisanat, architecture et innovation. Une approche libre, ambitieuse, toujours connectée à la matière, au contexte et même à la mode, à l’image de Marianne Cat qui chine les talents depuis quatre décennies. Ora-ïto, designer touche-à-tout et enfant du pays, nous livre ses adresses marseillaises, entre lieux cultes et concepts audacieux.

Dans ces pages baignées de lumière, le mobilier d’extérieur ne se contente plus d’habiller une terrasse. Il devient mobile, intelligent, durable – parfois même autonome. Comme un miroir de nos modes de vie en mutation, il s’inscrit dans un écosystème plus large, où design, écologie et technologie avancent main dans la main, à l’image des innovations techniques permises par la préhension d’une énergie omniprésente. SUN, c’est donc plus qu’un thème estival. C’est une invitation à penser un design conscient, ancré dans les usages et ouvert sur le monde. Un design qui compose avec le climat pour mieux en révéler la beauté.

Sommaire

Design 360

Design Story

Atelier Baptiste & Jaïna : Entre matière, temps et imaginaire

Julien Renault, aventurier du design

Fumie Shibata : L’art du design silencieux

Studio 5.5, Designer à dessein

Teun Zwets : Éloge de la matière trouvée

Morrama design, objets intuitifs

Maria Jeglinska : Entre dessin, espace et usage

Gaspard Fleury-Dugy : Nouvelle pensée textile

R100, ou la révolution circulaire d’Hydro

13Desserts, design gourmand

Coperni : Esprit visionnaire

Tristan Auer Car Tailoring : Automobile (très) particulière

Sun

Sélection outdoor, à ciel ouvert

Marseille

Ïto trip

Axel Chay, designer pop’ulaire

Marianne Cat : Éternelle pionnière

Aurel design urbain : Marseille-Paris, transferts à succès

Juliette Rougier : Guidée par l’émotion

Emmanuelle Roule, la terre comme manifeste

L’Ingénieur Chevallier : Une oeuvre d’art sur le bout du nez

Soleil vertueux

Experimenta

Laboratoire des pratiques durables : de sources sûres

Roger Pradier : l’éclairage haut de gamme au service de la transition écologique

In the Air

Who’s Next Home : Cinq questions à Frédéric Maus, et Matthieu Pinet

Biennale de Saint-Étienne, une édition tournée vers demain

News

Demain, les designers : entre pouvoir et influence ?

Osaka 2025, l’hymne à l’amour de la France au Japon

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Retrouvez ce numéro en kiosque mais aussi directement sur notre boutique en ligne.

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2/7/2025
Les six projets de Muller van Severen dévoilés à 3daysofdesign

À l'occasion des 3daysofdesign à Copenhague, le duo belge Muller van Severen a présenté six nouvelles collections. Retour sur ces projets en résonance avec l'esthétique du studio.

Fondé au printemps 2011 par les Belges Fien Muller et Hannes van Severen, le studio éponyme était cette année présent dans la capitale danoise à l'occasion des 3daysofdesign. Fort de quatre collaborations avec les marques BD Barcelona, valerie_objects, Hay et Blēo, les deux créateurs ont dévoilé six collections. Un corpus de projets diversifiés destinés majoritairement à l'intérieur, mais unis par le goût du studio pour la couleur et la simplicité des lignes.

BD Barcelona x OFFICE KGDVS : une première collection en bois

Imaginée pour BD Barcelona et réalisée en collaboration avec OFFICE Kersten Geers David Van Severe, Rasters est une collection d'armoires et de paravents modulaires. Initialement imaginé en métal, sur une grille industrielle pouvant servir de base structurelle, le rangement a été décliné par le studio dans une version plus naturelle. Conservant la trame centrale dans l'esthétique du projet, les designers ont travaillé des panneaux de MDF plaqués en hêtre. Une première dans l'histoire du studio qui n'avait jusqu'alors jamais laissé l'aspect naturel du bois sur ses objets. Assortis de panneaux colorés en acier thermolaqué. Les meubles peuvent être assemblés entre eux grâce à la présence de connecteurs en polyamide noir moulés par injection. De quoi créer de vastes ensembles et exploiter la diversité chromatique des étagères et des portes.

Collection Rasters de Muller van Severen et chaises de Sabine Marcelis ©Nacho Alegre

HAY : une énième aventure

Avec déjà douze collaborations à leur actif, le studio belge et la marque danoise se réunissent une nouvelle fois et dévoilent The Perforated Cabinet. Jouant sur la linéarité des modules et la trame resserrée en acier thermolaquée perforé, cette collection joue sur la transparence du rangement. Également semie-transparente sur le dessus, chaque pièce évoque une boite secrète suscitant la curiosité. Disponible en version murale ou sur pied et en plusieurs tailles et coloris, le meuble convoque l'esprit industriel avec l'approche contemporaine et colorée de la marque.

The Perforated Cabinet par Muller van Severen ©HAY

valerie_objects : réinventer l'existant

C'est une sorte de retour aux sources que le duo de designers opère en collaborant avec valerie_objects. Alors que les designers belges ont été parmi les premiers à travailler avec la marque, les voici de retour pour le dixième anniversaire de celle-ci. L'occasion pour eux de rééditer et de réinventer quelques-unes de leurs créations les plus connues. Parmi elles, la réédition des Hanging lamp sorties il y a une quinzaine d'années, et l'arrivée de la Standing lamp marble, un nouveau modèle au design tout aussi filaire posé sur un socle en marbre. Côté assises, le studio réédite également deux modèles existants, Rocking chair et Solo seat, dans deux versions extérieures. Quant à la Alu chair sortie en 2015 pour le pavillon du Bahreïn d’Anne Holtrop à l’Expo mondiale de Milan, elle est cette fois-ci déclinée dans une version tabouret sous le nom d'Alu stool. Un nouveau modèle inscrit dans la lignée de sa grande sœur, et développé en collaboration avec le Bjarke Ingels Group (BIG) pour le lounge bar du siège du studio.

Deux modèles alu chair complétés d'un nouveau alu stool par Muller van Severen ©Elias Derboven

Blēo : une mosaïque de couleurs

Comme un petit pas de côté par rapport à l'univers du meuble, Fien Muller et Hannes Van Severen  ont collaboré avec la marque Blēo, pour l'élaboration d'une gamme de carreaux. Une première approche de la céramique pour la marque habituellement spécialisée dans la peinture. Connus pour leur usage expressif de la couleur, les créateurs belges ont imaginé une palette de 12 couleurs. Réalisé à la main à Fès au Maroc, chaque élément est recouvert d’un émail brillant attirant le regard à l'image des pièces du studio constamment ponctué de couleurs.

Les carreaux couleurs pastels de Muller van Severen ©Blēo
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30/6/2025
Avec TA.TAMU, Patrick Jouin fait plier les contraintes

Le studio de design Patrick Jouin iD présente TA.TAMU, une chaise pliable imprimée en un seul bloc. Un défi rendu possible grâce à la collaboration de Dassault Systèmes.

Monobloc et pliable. Radicalement opposées sur le plan structurel, ces deux notions ont pourtant été réunies par le Studio Patrick Jouin iD. Avec son allure squelettique inspirée du corps humain, et ses 3,9 kg, la chaise TA.TAMU a été développée conjointement avec les équipes design de Dassault Systèmes, dirigées par Anne Asensio. Fruit d'un dialogue prospectif entre la créativité humaine et la technologie, l'assise s'inscrit dans la lignée de la famille de meubles Solid, dévoilée en 2004. Une période au cours de laquelle le designer s'intéresse aux logiciels de CAO permettant de concevoir des pièces nouvelles, en rupture avec les techniques industrielles traditionnelles. Une aventure poursuivie en 2010 avec la création du banc Monolithique pour le Palais de Tokyo et imaginé avec le professeur Jacques Marescaux (spécialiste de la chirurgie mini-invasive). Cette période marque les premiers pas du designer dans l'univers du biomimétisme, rapidement assorti du mouvement avec la création de la lampe Bloom et du tabouret One Shot, deux nouveaux paradigmes marquant une nouvelle piste de réflexion pour le designer. Mais c'est véritablement en 2018 et avec l'aide d'Anne Asensio rencontrée au début des années 2000, que le projet se concrétise. Réunis par la passion commune du design et la quête d'optimisation, les deux concepteurs exposent TAMU - qui signifie pliage en japonais - en 2019 à l'occasion du salon de Milan. Une réalisation alors davantage manifeste que réellement fonctionnelle en raison d'un maillage imprimé trop fin et de fait trop fragile. C'est donc après six nouvelles années d'exploration menées sans trahir l'idée de départ, que la version TA.TAMU, comprenez l'art du pliage, a vu le jour.

La chaise TAMU présentée à Milan en 2019 et son tissage numérique extrèmement fin ©Thomas Duval

Une impression laser au cœur de l'énigme

Forte de sa genèse, TA.TAMU demeure avant tout un meuble guidé par deux grands enjeux. D'une part, le besoin d'une assise légère et mobile mais fonctionnelle et d'autre part, le défi d'une pièce imprimable en une fois, sans assemblage. Pour ce faire, le studio a réalisé la chaise en polyamide selon un procédé de frittage de poudre. Une technologie qui consiste à solidifier uniquement certaines parties d'un bloc de poudre grâce à des lasers, permettant l'assemblage d'articulations en une seule pièce. Un choix qui a imposé au studio la réalisation de nombreux prototypes afin de concevoir 33 articulations à la fois facilement pliables mais également résistantes sous le poids d'un corps.

À la fin du processus d'impression, la pièce est extraite du reste de la poudre non solidifiée, puis nettoyée ©Patrick Jouin iD

C'est donc en 2020 que l'aspect définitif de l'armature monobloc composée de 23 pièces a été définie, permettant aux ingénieurs et aux designers de réaliser les surfaces de contact. D'abord imaginée en tension grâce à des câbles, puis en textile technique, l'assise se rapproche finalement de l’armature biomimétique du banc Monolithique développé une quinzaine d'années auparavant. Un positionnement qui donne naissance à une première chaise en mars 2025. Toujours trop fragile, elle est de nouveau analysée par de nombreux logiciels qui repèrent les manques du module et donnent naissance à une seconde version trois semaines plus tard. Le squelette est alors épaissi et certains segments sont ajoutés offrant une version optimisée (photos ci-dessous) et aujourd’hui disponible, comme un clin d'œil ultra-contemporain aux pliages japonais si connus. Si le modèle n'existe qu'en blanc, le studio explore désormais la piste d'une version entièrement réalisée en métal.

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30/6/2025
Polène Champs-Élysées : un écrin entre mode et design

Officiellement inauguré en mars dernier, le nouveau flagship de la pépite française Polène a pris place au pied de la plus belle avenue du monde, rond-point des Champs-Élysées. Une boutique sur deux niveaux aux lignes minimalistes et graphiques, qui a également bénéficié de la contribution de plusieurs designers pour imaginer ses pièces de mobilier.

On pouvait difficilement rêver meilleur emplacement. Non loin des luxueuses boutiques Gucci et Jacquemus, cet espace de 450 m² est la seconde adresse parisienne de la marque, après celle située rue de Richelieu. Fondée en 2016, la maison spécialisée dans le travail du cuir développe depuis près de dix ans des modèles de maroquinerie devenus iconiques, à l’image du Numéro Dix ou du Cyme. Pour ce nouvel écrin, l’agencement intérieur a été confié au cabinet coréen WGNB, déjà à l’origine des boutiques de Londres et de Séoul. L’objectif : créer une singularité propre à chaque espace tout en conservant une ligne directrice cohérente avec l’image de Polène.

Boutique Polène Champs-Elysées

Mêler artisanat et design

Avec une hauteur sous plafond de plus de cinq mètres, la boutique impressionne dès l’entrée grâce à son escalier en colimaçon en noyer américain. Au rez-de-chaussée, les sacs sont exposés sur des murs ou des étagères en travertin sourcé en Italie, ainsi que sur des présentoirs conçus à partir de chutes de cuir. Deux tables rondes en bois, confectionnées par l’ébéniste français Robin Poupard, sont recouvertes d’un plateau également réalisé à partir de cuir recyclé. Les comptoirs d’accueil, qui servent aussi d’espace de caisse, ont été conçus par le studio Hors-Studio. Pensé spécifiquement pour Polène, le duo formé par Élodie Michaud et Rebecca Fezard y déploie tout son savoir-faire à travers un nouveau matériau innovant, le Leatherstone©, qui transforme le cuir en une sorte de pierre. Polis et lissés à partir de granulats de cuir, ces déchets deviennent matière noble, pour un résultat aussi intriguant qu’impressionnant.

Boutique Polène Champs-Elysées

À l’étage, l’espace s’ouvre sur un canapé circulaire réalisé par Marianna Ladreyt — plus habituée à travailler la bouée — qui a ici transformé des chutes de cuir en une pièce singulière. Si la marque s’est d’abord imposée dans la maroquinerie, elle a également lancé une ligne de bijoux en 2023, confectionnés en Italie dans la région de Florence. Pour cette boutique parisienne, la collection est présentée sur une table imaginée par la céramiste Clémentine Debaere-Lewandowski. Composée de 500 pièces en grès blanc, elle résulte d’empreintes de roches réalisées près des ateliers de confection à Ubrique, en Espagne. « Dans chaque boutique, nous cherchons des artistes avec une identité propre, mais avec lesquels on peut créer des synergies », explique Émilie Massé, responsable de la communication et de l’influence.

Boutique Polène Champs-Elysées

L’importance de l’upcycling

Fabriqués par quelque 2 200 artisans dans les ateliers espagnols de la marque, les modèles Polène ne sont pas de simples sacs en cuir. Pour valoriser pleinement la matière, les équipes s’efforcent de réutiliser au maximum les chutes de cuir. Plusieurs modèles sont ainsi réalisés à partir de cuir 100 % upcyclé, comme les sacs Solé et Wilo. Côté accessoires, Polène a également développé une gamme de fleurs, de miroirs et de petite maroquinerie (étuis AirPods, porte-clés, porte-cartes, portefeuilles), tous conçus à partir de cuir recyclé.

Boutique Polène Champs-Elysées

Une boutique éphémère inaugurée à Paris

Jusqu’au 26 juillet, la marque investit le 67 rue Montmartre avec un pop-up inédit pour promouvoir son savoir-faire artisanal. Intitulé « Le Fleuriste Maroquinier », cet espace réinvente l’expérience du fleuriste en la mêlant au travail du cuir, avec la possibilité pour les clients de composer des bouquets mêlant fleurs en cuir et végétaux séchés. Pour cette installation, Polène a fait appel au designer floral Rym Boughatene. Un espace qui célèbre à la fois l’artisanat et la poésie, pour des compositions aussi jolies que durables.

Pop-up store Le Fleuriste Maroquinier, Paris © Benoit Florencon
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