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Si la crise du Covid a définitivement mis en lumière le besoin de nouvelles proximités, le milieu rural, longtemps délaissé, était déjà devenu un territoire d’expérimentation pour beaucoup de créateurs qui s’emploient à retisser des liens avec la nature et le vivant. L’histoire d’Entreautre, pour ce qu’elle illustre d’un mouvement fait pour durer, affirme sa vocation d’agence de design transversal et récuse fortement la formulation primaire et réductrice de design rural ! Un témoignage à retrouver lors des talks de la Paris Design Week, vendredi 8 septembre.
Ingénieur-designer à Paris chez Parrot, Bertrand Vignau-Lous a créé l’agence de design Entreautre aux côtés de Christophe Tincelin en 2011, avec l’ambition de monter une maison d’édition autour de mobilier et d’objets écoconçus. Avec le temps, l’agence se consacre uniquement à une pratique transversale du design. L’envie d’être plus proche de la nature, d’avoir un cadre de vie plus agréable que celui de la ville, pousse Bertrand à s’installer dans la Drôme, territoire familier des deux cofondateurs depuis l’enfance : « J’ai toujours eu l’envie de connecter des mondes qui ne se parlent pas ; ici dans la Drôme, les gens que je fréquente ont bien souvent des modes de vie alternatifs, mais je côtoie également d’autres mondes qui sont ceux de la technologie. L’état d’esprit de l’agence est de chercher à faire des passerelles entre des sphères qui ne communiquent pas.»
Décloisonnement stratégique
Ce choix de territoire est aussi stratégique. Il s’agit de rester en lien avec la ville – ce que permet Crest où l’agence est implantée. La gare de Valence TGV est à 3h de Paris et 1h30 de Lyon. Cela permet conserver et d’agrandir son réseau, avec, surtout la possibilité de décloisonner. Parce qu’il ne s’agit pas de s’isoler ! L’agence est d’ailleurs multi-sites : la moitié de ses collaborateurs sont installés à Montpellier, à la Halle Tropisme. Équipe curieuse, collaborative et toujours prête à expérimenter, elle trouve sa place dans des espaces partagés où une rencontre inattendue peut amener l’agence vers une nouvelle collaboration, expertise ou projet. Cette double implantation – à la fois rurale et urbaine – permet à l’équipe de l’agence d’avoir une vision large et agile : « Mon envie, c’est d’avoir une boîte qui tient dans un ordinateur parce que le métier de designer peut s’exercer partout. C’est une des raisons pour lesquelles bon nombre de designers se disent : moi aussi je veux un cadre de vie plus agréable. Cette mobilité souvent présente dans les métiers de la création, ce besoin de rester en mouvement fait qu’il n’y a plus de frontière ».
Ce lien avec les autres designers, Entreautre va même jusqu’à le provoquer. Dès ses débuts l’agence ouvre un espace de coworking à Crest. Concept naissant dans la région il y a dix ans, il a permis aux créatifs voisins de s’y retrouver naturellement et de collaborer en plaçant le design au cœur des projets. Aujourd’hui les designers et autres métiers de la création qui arrivent dans la région, pour la qualité de vie et pour son développement économique, poussent régulièrement la porte de l’agence. La région Auvergne-Rhône-Alpes est bien située au niveau de la Recherche et de l’Industrie, et la Drôme est particulièrement reconnue pour ses capacités d’innovations.

Pour l’agence, la réception de bon nombre de candidatures pour des stages, laisse d’ailleurs à penser que le design est aussi une activité économique qui donne envie aux jeunes de se projeter. Cet indicateur permet également d’envisager que, plus tard, l’on ne parle dorénavant plus de « néo » [pour néo-ruraux – ndlr], mais que le design devienne un métier comme un autre dans la région, et non plus un métier « importé ».
Oser de nouvelles façons de produire
En 2014, Bertrand Vignau-Lous participe à la création du 8 Fablab. Vecteur de rencontres, ce fablab fut dès le départ l’un des plus performant à l’échelle européenne avec un équipement en machines important (son imprimante 3D Céramique grand format fut la première en France). Ce projet fou et ambitieux n’a été possible que grâce à l’écosystème mis en place. Parce qu’il y avait de la place, de l’énergie, de l’envie, et une concurrence presque inexistante : « La Drôme est un territoire historique de céramique. Ça a été une grande question quand on a souhaité équiper le 8Fablab de l’imprimante 3D de céramique. C’était tout autant un défi technologique que culturel. Être sur un territoire de potiers et apporter l’outil diabolique qui va couper des mains ! Il y a eu tout un travail à faire auprès de la communauté des potiers pour assurer que notre volonté n’était pas de remplacer les céramistes. La machine permet de prolonger le geste, de faire ce qu’on ne peut absolument pas réaliser à la main. Patience et dialogue font que la machine est acceptée par les artisans d’art. Aujourd’hui c’est assez plaisant de voir des céramistes « traditionnels » venir se servir de l’imprimante 3D. »

Fab Unit et micro-usine de fabrication
Dans cette dynamique d’innovation du territoire, l’agence et le 8 Fablab ont porté le projet de la Fab Unit – unité locale de fabrication d’objets en petites et moyennes séries. L’objectif : relocaliser la production sur les principes de l’économie circulaire. De l’espace de recherche en impression 3D céramique à la création d’une micro usine de fabrication de mobilier conçus à partir de déchets plastiques, l’événement a été l’occasion de partager les pratiques collaboratives, les process de production et l’utilisation de nouveaux matériaux.
Pour Entreautre, le constat est le même que pour beaucoup d’autres : on importe beaucoup trop de produits. « Si l’on prend l’exemple du mobilier, 92% de celui qu’on utilise est importé ; les 8% restant sont issus de l’artisanat. Dans ces 92%, plus de 70% viennent de l’étranger. Quand on parle de mobilier, on se dit qu’il y a tellement de choses qu’on pourrait faire localement, il n’y a aucun verrou ethnique, technologique, alors pourquoi ne pas s’organiser pour le faire ? (…) On a des ressources locales, on va les utiliser pour répondre aux besoins qu’on a sur le territoire à l’échelle d’un bassin de vie défini par sa géographie, la Drôme.» Avec le Fablab, les outils numériques qui servent aux prototypages et expérimentations étant déjà présents, il ne restait plus qu’à s’en servir comme outils de production et trouver le mi-chemin entre le travail de l’artisan et le travail de l’industrie avec des produits pensés pour ces outils-là, avec aussi la volonté d’offrir des prix accessibles.

Les industriels de la plasturgie du bassin industriel local, les recycleries ou autre ressourceries, fournissent les matériaux choisis pour leur qualité et facilité de réemploi des petites et moyennes séries produites à la Fab Unit. À ce jour, la FabUnit est un lieu de transformation où les broyats de plastiques permettent d’obtenir des plaques avec lesquelles sont produits des objets ; mais pour Bertrand Vignau-Lous, il manque encore un lieu de collecte, de tri et de broyage, afin de créer une plateforme complète pour la mise en œuvre du plastique.
La plus-value du design
C’est la vision globale du designer qui permet d’imaginer les différentes briques de l’écosystème, de faire les liens entre les personnes et de fédérer : « C’est cette vison-là qui sert vraiment les projets de territoires. Ce n’est pas que nous, bien sûr, mais il y a des points de départ qui, à chaque fois, sont des points d’impulsion des designers. Et c’est aussi grâce à ces outils qui ont été pensés que nous pouvons mener nos propres sujets de recherches. » Depuis ses débuts l’agence revendique un design du Futur simple. Designer le Futur simple, c’est adopter une grille de lecture et d’analyse à 4 marqueurs : son impact positif (un futur responsable d’un point de vue environnemental et social), son potentiel révolutionnaire (un futur avec une vision ambitieuse de l’avenir, dont le modèle économique est en adéquation avec sa réalité), sa simplicité (un futur régi par le bon sens et adapté aux besoins réels et aux nouveaux usages, dans une logique de sobriété) et enfin, sa désirabilité (pour un futur inspirant, vecteur d’émotion et d’une belle qualité d’expérience).


La pandémie n’a fait qu’ajouter des arguments pour défendre l’ambition de l’agence Entreautre. « Aujourd’hui, on a d’autres sujets de recherches où l’on travaille sur des objets qu’on pourrait fabriquer avec ces composants de réemploi. Comme par exemple une cafetière conçue à partir de déchets électriques et électroniques. (…) C’est déjà une réalité pour les entreprises du secteur, et qui ne trouvent pas ou difficilement des composants. Cette tension est déjà palpable et le projet de design de recherche va se transformer en projet de design tout court. Et il y a une véritable opportunité à ce que cela se fasse maintenant. » La question de savoir comment parvenir à une esthétique désirable du recyclé pour le plus grand nombre n’est pas négligée.

Pour l’agence Entreautre, si l’industrie doit continuer d’exister, son contenu, lui, est amené à être différent : sur le plan social, environnemental et économique. Il y a des liens qui mettent longtemps à se construire, mais une fois qu’ils sont établis, c’est pour durer. « Dans certaines régions où c’est la culture du dossier, de la carte de visite, peut-être qu’en ruralité, si la ruralité doit exister, c’est peut-être plus la culture du « faire », », la culture de l’intelligence de la main qui prime. La paysannerie, quand tu débarques, tu es souvent perçu comme un « néo », ils vont te regarder un peu bizarrement, mais quand tu vas donner la main, entrer le bois ou quand tu vas faire quelque chose – quand tu es dans le faire, eh bien, le lendemain tu es accueilli à l’apéro ! C’est peut-être ça que ça apprend aussi, ces territoires-là, c’est le respect humain, c’est le temps de faire les choses mais de FAIRE… d’être dans le faire. »

Surfeuse et designeuse, Marion Albo dite « Surfista » propose des planches customisées tant sur la forme que sur les couleurs à destination d’un public féminin de plus en plus adepte de cette pratique sportive.
Le surf, c’est aussi une histoire de filles. Si les femmes représentent 35 % des licenciés de la FFS (Fédération Française de Surf), leur nombre a augmenté de 10 % au cours de ces 10 dernières années. C’est ce qu’a parfaitement compris Marion Albo dite « Surfista », qui a mis ses compétences de designer/coloriste au service de sa passion pour les sports de glisse et la fabrication de planches de surf. Même si sa marque Surfista Surfboards s’adresse à tous les publics, elle combine la curiosité des formes à des couleurs pop et acidulées venant donner une touche très féminine à ses créations. « Je me tourne vers les femmes car pendant longtemps nous n’avions pas forcément de shape/design adapté ou tourné vers un public féminin », précise-t-elle ainsi.

Diplômée de l’Institut d’Arts Appliqués de Montauban en 2015, Marion s’attelle à personnaliser l’esthétique de ses planches, guidée par son attrait pour l’étude des couleurs, et à l’aide d’une grande inspiration de matières et de techniques : résine teintée translucide ou opaque, patch coloré, effets paillettes ou caméléon, techniques de customisation de planches via l’incrustation de matériaux, tissus, pyrogravure et gravure, peinture, teinture, etc. « J’aime ajouter des effets de résine, une finition brillante, quelques détails de feuilles doré », s’amuse-t-elle. « Avec ça, vous reconnaitrez forcément une planche Surfista Surfboards ! »
Des formes shapées pour elles
Outre l’aspect visuel, les formes ne sont pas éludées, puisque ses planches sont « shapées » sur mesure pour s’adapter au niveau de ses clientes et clients. « L’important pour moi est avant tout de proposer un produit réellement adapté à la personne », souligne Marion. « Je n’ai pas de modèles précis, puisque tout est fait sur commande et adapté, mais j’ai des formes et types de planches dont je me suis spécialisé au fur et à mesure des années. Il y a le Fish, qui est une petite planche compacte et passe-partout grâce à son volume, avec un tail en forme de queue de poisson ; le Mid-length et le Single qui sont l’une de mes signatures ; et le Longboard, qui est le style de planches que je surfe donc que je maîtrise plus particulièrement. »


Pour l’avenir, Marion souhaite encore parfaire sa conception de produits. « J’aimerais approfondir mes techniques actuelles d’effets de résine, qui sont loin d’être simple à maîtriser », note-t-elle. « Mais aussi travailler de nouvelles matières, comme le lin. J’ai déjà réalisé des planches grâce à des matériaux bios/recyclés et recyclables, mais j’attends d’avoir plus de retours sur le long terme, pour le proposer à mes clients. » À ses clientes surtout d’ailleurs, puisque Marion envisage de « continuer de toucher de plus en plus un public féminin », afin de « réunir une communauté de surfeuse autour de Surfista, et d’encourager plus de femmes à se mettre à ce sport ». Pas de vague à l’âme chez Surfista Surfboards.

Créée en 1990, Silvera distribue plus de 500 marques pour des projets d’aménagements d’intérieur portant aussi bien sur du résidentiel que du contract. Un véritable écosystème, organisé autour de showrooms, d’un centre logistique, d’une flotte de véhicule et bien entendu d’un e-shop. Assumant un rôle de pivot dans le marché du mobilier, l’entreprise familiale a forgé son assise par une sélection très ciblée de mobilier contemporain, voire des exclusivités, et suit de près les parcours des créateurs. Conversation libre avec Brigitte Silvera, directrice commerciale, qui pose un regard empreint de respect sur le design français.
Comment définiriez-vous votre rôle de distributeur ?
Les demandes varient en fonction de la localisation des showrooms. Les particuliers viennent chercher chez nous des éléments de mobilier cossues, qui durent longtemps. Les prescripteurs, les architectes nous sollicitent, car nous avons évidemment des marques importantes, et nous sommes au courant des nouveautés. Mais notre savoir-faire est aussi de proposer des pièces que l’on ne voit pas partout, qui soient aussi des pièces de marques connues mais que l’on ne voit pas souvent, que nous allons dénicher, car nous les connaissons bien.
Quelles évolutions majeures avez-vous vues sur le marché ces dernières décennies ?
Je pense spontanément à l’ouverture des marques italiennes. Elles ont une identité très forte, un savoir-faire et une qualité exceptionnels. Ce qui est intéressant, c’est que Les Italiens, qui étaient très fermés sur leurs propres studios de style ou leurs propres designers , se sont ouverts aux designers français, vraiment. Si l’on prend l’exemple de Christophe Delcourt, il a dessiné pour Minotti un canapé, une table de salle à manger, un fauteuil. Baxter aussi a fait appel à lui pour un lit incroyable, et une table basse Fany, qui cartonne car elle est très originale.
D’ailleurs, si on parle des anciens, tous les grands designers français font quand même partie de leurs fonds de commerce d : les grandes marques comme Cassina, Vitra… capitalisent sur les pièces de Le Corbusier, Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Jacques Adnet, Mathieu Matégot… Mais ces éditeurs bougent aujourd’hui et on a vu convier des designers comme les frères Bouroullec, Patrick Jouin, Christophe Pillet, Matali Crasset, Ora Ïtao…
Pour quelles raisons selon vous ? Cette génération est déjà bien établie à l’international, qu’est-ce qui fait leur force ?
Je pense que ce sont nos écoles de design, en France. À mon avis, les designers français ont un vrai talent aussi pour traiter l’espace, pour prendre en compte l’aspect architectural d’un projet. Ils ont souvent une double casquette. C’est aussi leur côté « touche-à-tout » : regardez le parcours de Philippe Starck, Jean-Marie Massaud a dessiné des valises… La patte des Italiens est différente, la ligne est belle, entre la classe et une forme de « cool attitude ». Chez les Français, les lignes sont différentes, il y a une culture de l’architecture. Par exemple, Poliform est positionné à l’origine sur les cuisines et le dressing : quand ils ont voulu développer le mobilier, ils ont appelé Emmanuel Gallina qui a fait des produits incroyables, comme la table Concorde qui est un succès en vente. Et regardez leur canapé Saint Germain : Jean Marie-Massaud les a vraiment aidés à être dans le qualitatif sur les produits qu’ils ne savaient pas faire, car ce n’était pas leur métier. À Milan, ils viennent de présenter une collection outdoor avec les mêmes designers.
Régulièrement, vous mettez en avant les designers français dans vos espaces. Je pense notamment à une très belle présentation du travail de Victoria Wilmotte, il y a deux ans.
Oui , son travail est assez étonnant, il a une véritable identité ! Parfois des architectes nous demandent l’espace pour exposer leurs produits, comme Laurent Maugoust. Philippe Cosson et Virginie Mo ont proposé aussi une collection capsule Géronimo, d’inspiration amérindienne très délicate. Avoir une telle pièce, dans un intérieur, c’est très intéressant. À côté du showroom de la Rue du Bac, on va promouvoir Youth Editions fondée récemment par Joris Poggioli, notamment une bibliothèque, des lampes originales. Les petits objets seront sur le site mais les pièces seront ici. Nous travaillons aussi avec Uchronia , pour des projets d’architectes mais aussi des pièces d’exception.
Où « sourcez-vous » ces pièces et talents ?
Nous avons souvent repéré des nouvelles marques et talents au Salon de Milan, notamment au salon Satellite. Pour les jeunes créateurs, c’est compliqué quand ils ne sont pas édités pour nous. On est positionné sur une garantie et une qualité, avec un suivi, et un SAV efficace. On ne fait pas vraiment d’édition, ou à la marge. Beaucoup de gens nous ont demandé de le faire, mùais il faudrait dédier quelqu’un. Nous ne sommes pas fabricants, c’est un vrai métier qui demande une présence. Et c’est difficile de nous positionner en cohérence avec les marques que l’on vend, leur qualité de détails, de tissus, de structures… Mais on a eu des projets, avec Patrick Norguet par exemple.
Après, dans le sourcing, il y a des nouvelles marques très intéressantes, avec des prises de risques sur un secteur particulier. Je pense par exemple à Noma. Je trouve aussi que des éditeurs comme La Chance ont un regard très pointu, remarquable. Et Petite Friture ! on connaît le succès de la Vertigo de Constance Guisset . On essaie aussi de mettre en avant des pièces qui nous paraissent intéressantes, comme la collection Greenkiss d’ Hubert de Malherbes avec Paolo Castelli, et sa chaise incroyablement réalisée. Cette collection s’appuie sur une sélection pointue de matériaux recyclés.
Des pièces spécifiques, c’est aussi pour séduire les prescripteurs ?
Nous travaillons de façon fidèle avec les prescripteurs, et dans notre équipe, qui est aussi prescriptrice. Il faut avoir un vrai amour du design pour pouvoir être prescripteur. Nous ne perdons pas de vue que nous parlons d’aménagement d’espaces de vie. Nous aidons à trouver des pièces, parfois spécifiques. On peut avoir des pièces atypiques qui rejoignent la démarche de la galerie, pour des pièces d’exception. Dans tous les cas, il s’agit d’aider le client à s’approprier l’espace. En ce qui concerne le contract, notre showroom de l’avenue Kléber est spécialisé, et assure une veille.
Et Silvera a une rentrée bien chargée ?
Oui, nous venons d’achever une extension du showroom rue du Bac. Nous ouvrons un store Cassina à Lyon. Nous allons ouvrir un concept multi-marques à Marseille, sur une très grande surface, et à Bordeaux, sous une nouvelle forme, proche d’une « maison témoin », accessible par rendez-vous.

L’artiste français Pierre Bonnefille expose sa nouvelle collection au sein de sa galerie à travers l’exposition Rhizome(s). À découvrir du 7 septembre au 22 octobre.
L’exposition « Rhizome(s) » de l’artiste Pierre Bonnefille tourne autour de la forme. Connu pour son travail autour de la couleur et de la matière, il présente ici une série d’oeuvres sculpturales Rhizome imprégnées de l’énergie végétale. Présentée dans le cadre de la Paris Design Week dans sa galerie du 11e arrondissement, l’exposition se compose d’oeuvres créées spécifiquement d’une part mais également d’autres pièces récentes, telles que sa Bibliothèque Rhizome, présenté lors de son exposition au Musée national des arts asiatiques – Guimet (MNAAG) en 2021, et qui est ensuite rentrée dans les collections du Mobilier National (campagne d’acquisition 2022).

En lien avec les oeuvres présentées, Pierre Bonnefille présentera pour l’occasion un corpus d’oeuvres picturales issues de ses séries Bronze Paintings et Furoshiki, qui portent comme caractéristiques communes avec sa série Rhizome la force du geste pictural.
Une exposition à découvrir jusqu’au 22 octobre, à la galerie Pierre Bonnefille, 5 rue Breguet, 75011 Paris.

« Design des mondes ruraux » est le programme mis en œuvre par l’Ensad depuis 2021. Délocalisé en Dordogne, à Nontron, il est consacré au développement des territoires ruraux par le biais du design. La formation accueille de six à huit étudiants et propose des solutions aux problématiques rencontrées par les acteurs du terrain. Emmanuel Tibloux, directeur de l’Ensad, est convaincu que l’École nationale supérieure des arts décoratifs a vocation à préparer un monde meilleur. Depuis sa création, le programme s’enrichit en se nourrissant de l’intelligence collective de l’équipe qui le porte. Explications.
Que signifie intervenir en milieu rural ?
Les zones rurales sont aujourd’hui des territoires soumis à une forte contradiction. D’un côté, elles catalysent un certain nombre de tensions – sociales, politiques, économiques – qui sont liées au sentiment partagé d’un retrait ou d’un affaiblissement des services publics et plus largement de la vie économique et sociale, accompagné d’un déficit de prise en compte de modes de vie spécifiques par la puissance publique : l’Agenda rural ne date que de quelques années quand la politique de la Ville a au moins 50 ans.
D’un autre côté, les territoires ruraux bénéficient d’un regain d’attractivité, en particulier de la part d’une population soucieuse d’écologie et d’un mode de vie plus harmonieux. Cette tendance s’est fortement accentuée sous l’effet de la crise sanitaire. Dans la mesure où la société est en train de s’y recomposer, que les services y sont à réinventer et que de nouveaux usages du monde s’y cherchent et s’y projettent, les zones rurales peuvent être appréhendées comme de véritables laboratoires d’innovation sociale, ou plus simplement de l’art de vivre, articulé à la grande question des temps présents, à savoir celle de l’habitabilité. De ce point de vue, les zones rurales fonctionnent comme des révélateurs de la nouvelle donne écologique. A la campagne plus qu’à la ville, vous éprouvez quotidiennement que la nature et la culture sont inséparables, qu’il vous faut composer un monde commun et habitable avec les non-humains, que la terre où l’on vit est la terre dont on vit, que le lieu est la ressource.
Intervenir en milieu rural, c’est se confronter à cette ambivalence : tenter de résoudre les tensions, de répondre aux problématiques de déprise, et fonder un nouveau rapport au vivant, à la terre et à la ressource, expérimenter et imaginer de nouvelles façons d’habiter.
Pourquoi avoir fait le choix délibéré de monter des formations en pleine campagne ?
Parce que vous ne pouvez pas traiter des questions spécifiques à la campagne depuis la ville. La campagne a précisément longtemps souffert de cela : d’être pensée et dirigée depuis la ville. Là, au contraire, nous travaillons sur place, en immersion, avec les acteurs, dans une logique de co-construction et de collaboration étroite et permanente, sur le temps long. Sans quoi, vous ne pouvez pas faire du bon travail, vous versez dans l’anecdotique ou dans une forme d’illusion ou de condescendance.
Quels sont les enjeux à Nontron ?
Il y a plusieurs spécificités propres au territoire rural sur lequel nous sommes situés. La première est la déprise, à la fois économique, publique, démographique, agricole. La deuxième, corrélative de la première, est un certain isolement : Nontron se situe en Dordogne, dans le Périgord vert, au centre d’un triangle qui relierait Limoges, Angoulême et Périgueux, à environ une heure de route de chacune des trois villes, sans réseau de transport public digne de ce nom.
La troisième est l’existence d’une tradition artisanale et manufacturière, de coutellerie notamment, mais avec aussi de nombreux autres savoir-faire, qui font que vous y trouvez à la fois des usines Hermès et un Pôle expérimental des métiers d’art à rayonnement régional. Les enjeux sont liés à ces trois caractéristiques : il s’agit de répondre aux problématiques de déprise et d’isolement et de tirer le meilleur parti des savoir-faire et des ressources locales. Parce qu’il met au premier plan la question de l’usage et qu’il est à la fois un art de la conception et un art du faire, le design est le bon outil pour cela.
Comment avez- vous mis en place le programme ?
J’ai élaboré le concept en amont, en 2018, durant mes premiers mois de direction de l’École des Arts Décoratifs, en pleine crise des Gilets jaunes. Je me disais alors qu’il n’était pas possible que l’École des Arts Décoratifs, qui a vocation à être en prise sur la société et à préparer un monde meilleur, ne se saisisse pas des questions qui étaient en jeu dans la crise, à savoir la fracture territoriale et l’articulation étroite des enjeux écologiques et sociaux. Le programme a été lancé en 2021 et, avec deux ans de recul et alors que nous venons de recruter la prochaine promotion, je constate qu’il s’enrichit et se précise en se nourrissant de l’intelligence collective de l’équipe qui le porte, des étudiants de chaque promotion et de nos différents partenaires. Nous intégrons par ailleurs au sein même du programme une étude d’impact, qui est confiée chaque année à un étudiant stagiaire de Sciences Po ou d’une université de la région.
Comment le programme fonctionne-t-il ?
Il s’agit d’un programme de niveau post-Master, qui fonctionne à la fois comme une résidence, une école de terrain, un laboratoire et un bureau d’études. Nous recrutons chaque année une promotion de 6 à 8 jeunes designers, mais aussi artistes, architectes, paysagistes, ingénieurs ou chercheurs en sciences humaines sur la base d’un appel à candidature international. Ils vont ensuite travailler pendant une année scolaire sur trois commandes, en bénéficiant d’un logement dans une grande maison mise à notre disposition par la Communauté de communes, d’un véhicule partagé et d’une bourse de 8.000 euros. La réponse aux commandes prend la forme d’enquêtes, de réunions de concertation avec les usagers et de différents types de livrables selon la nature de la commande et la relation avec le commanditaire : carnets, cahiers, cartes sensibles, préconisations, prototype, objet ou service.
Y a-t-il des actions menées spécifiquement ?
A raison de trois commandes par an, ce sont à ce jour six questions qui ont retenu notre attention : comment vivre son adolescence en milieu rural (avec la Communauté de communes), comment vieillir en milieu rural (avec l’EHPAD), que peut l’économie sociale et solidaire pour les métiers d’art (avec le Pôle expérimental des métiers d’art), comment réduire l’autosolisme en milieu rural (avec la SNCF), les usages de l’eau (avec le Contrat de relance et de transition écologique), l’identité des territoire ruraux (avec la Commune). Le travail sur la mobilité avec la SNCF va se poursuivre cette année, pour aller jusqu’à un niveau de finalisation et de déploiement régional d’un service de transport qui permette de transporter à la fois des scolaires, des salariés et des denrées alimentaire. Les commandes de l’année prochaine vont porter sur la question du mobilier rural, dans la poursuite du travail engagé sur l’identité des territoires, du genre et des déterminismes sociaux dans les trajectoires scolaires, avec la Cité scolaire implantée sur la commune, et de l’alimentation, dans une logique de filière qui considérera les enjeux de production autant que ceux de consommation.
Comment entrez-vous en résonance avec le territoire ?
En intégrant les acteurs du territoire à tous les niveaux du processus, depuis la conception de la résidence jusqu’aux instances de gouvernance, en passant évidemment par l’élaboration et le traitement des commandes.
De quelle manière menez-vous des partenariats via le design sur votre territoire ?
Les partenariats prennent la forme de commandes que nous co-construisons avec des acteurs publics ou privés. Elles portent sur des sujets d’intérêt général propres à la ruralité, que nous traitons de façon située sur le territoire nontronnais, en envisageant leur application ou leur duplication possible sur d’autres territoires. Tout en prenant conscience à mesure que nous travaillons sur le sujet que la ruralité en général n’existe pas, c’est pourquoi nous ne parlons pas de la ruralité mais des mondes ruraux.
Cela joue-t-il sur le recrutement, sur les projets, sur les diplômes ?
Indépendamment de ce programme, je constate depuis quelques années que les questions que nous posons, celles des ressources, de la sobriété, de nouvelles formes de service et de vie, plus proches de la terre et de la nature, en un mot celle de l’urgence écologique, sont des questions qui sont de plus en plus centrales dans le travail des étudiants en design, mais aussi en architecture et en paysagisme. Notre programme répond à cette urgence et à ces volontés de bifurquer qui sont de plus en plus fréquentes au sein de la jeunesse. Sa force à mon sens est d’accueillir ces énergies et ces volontés de bifurcation existentielle, pour les mettre au service d’un projet de transformation sociale dont nous sommes un certain nombre à penser qu’il passe par les campagnes.

Pour la Paris Design Week, la DS Galerie présente le projet “Machann Pannié” du duo de designers dach&zephir.
Du 7 au 16 septembre, la DS Galerie accueille le projet de recherche et de création “Machann Pannié” mené par le duo de designers dach&zephir autour de l’art de la vannerie qui s’écrit entre les Antilles-Françaises (Guadeloupe et Martinique) et la France hexagonale. Lauréat 2021 du Fonds Régional pour les talents émergents (FoRTE), le projet est financé par la Région Île-de-France et constitue le troisième volet d’une recherche polysémique et protéiforme autour de l’histoire des Antilles intitulée “Eloj Kréyol”, lancée en 2015. Un travail poussé, qui propose de réconcilier et de réactiver les lignes de vie artisanales et culturelles qui ont pu être négligées ou minorées dans l’archipel des Antilles françaises.
Célébrer l’art du vannier
Après de premières pistes de recherche axées sur l’émergence d’une pensée de design aux Antilles, à travers la création d’objets-témoins valorisant des tactiques et des pratiques créatives, ce nouveau chapitre s’intéresse à la possibilité d’une pensée créative et de narrations partagées entre les Antilles françaises et la France hexagonale, à travers une figure unique : l’artisan – fabricant de paniers. A travers des processus de création ouverts et hybrides qui s’écrivent entre ces territoires éloignés, les pièces proposent d’envisager une créolisation de l’art du vannier, célébrant ainsi la richesse et la diversité des histoires culturelles créatives qui la constituent.


Le projet « Machann Pannié » donnera lieu à une exposition itinérante entre les Antilles Françaises et la France hexagonale courant 2023-2024. En tant que structure partenaire du projet, la DS galerie, signe pour la Paris Design Week la première présentation de l’avancée de la recherche.

Le Festival France Design Week est de retour pour une 4e édition organisée du 7 au 28 septembre prochain. Petit tour d’horizon des évènements repérés par la rédaction.
Depuis son lancement en 2020, France Design Week s’illustre comme une manifestation d’envergure nationale pour offrir de la visibilité au design français. À travers expositions, tables rondes, conférences et autres évènements, le label France Design Week offre la possibilité de découvrir de nouvelles facettes du secteur. Avec un nombre de visiteurs toujours plus important chaque année – 205 000 en 2021 et 260 000 en 2022 -, France Design Week entend continuer sur sa lancée pour proposer le meilleur du design partout en France.
Une journée de lancement le 5 septembre
Pour cette nouvelle édition, France Design Week a choisi ARCADE Design à la campagne®, lieu de création et de diffusion en design et en métiers d’art situé au Château de Sainte-Colombe-en-Auxois (Bourgogne-Franche-Comté) pour le lancement national. Une journée riche qui prévoit notamment visite des expositions, performance culinaire et conférences autour de la thématique « Vivants,vivants ». Le programme complet de la journée ici.
5 évènements à ne pas manquer
À Cognac, une exposition à la Fondation Martell
À Cognac, la fondation d’entreprise Martell présente jusqu’au 31 décembre l’exposition « L’Almanach » qui lie design et territoire. Elle est le résultat du projet de recherche inaugural de la Fondation d’entreprise Martell, devenue une plateforme de recherche et d’expérimentation en art et en design, mais également un espace de sensibilisation et d’apprentissage tourné vers le Vivant. Une équipe de designers pilotée par Olivier Peyricot avec Lola Carrel, Valentin Patis et Mathilde Pellé, a été missionnée pour mener un travail d’enquête afin de proposer aux visiteurs un aperçu des richesses matérielles et immatérielles de la région, par le biais d’une sélection de prélèvements aux expressions multiples.
Retour de la Biennale Européenne de la créativité à Strasbourg
La 2e édition de la Biennale Européenne de la créativité, les 22 et 23 septembre, prend ses espaces au Shadok et propose d’interroger des sujets liés aux enjeux écologiques, technologiques, sociaux et sociétaux. La low tech, réinvention, intelligences numériques et exploration la société seront ainsi au cœur des échanges, tables-rondes, expérimentations, et ateliers organisés dans ce cadre. Et pour cette seconde représentation, trois domaines seront déclinés en parcours : le design, la musique et l’audiovisuel.
Le design se mets au vert à Clères
Pour la première fois, le Parc de Clères, parc zoologique et botanique situé en Normandie, participe à France Design Week. L’occasion de découvrir ou redécouvrir ce conservatoire de la biodiversité. Durant deux journées, les 16 et 17 septembre, le parc ouvre ses portes gratuitement et propose un programme riche autour d’une série d’ateliers, de conférences et autres surprises afin de découvrir le Design en lien avec le Vivant.
Un design à Portée de Main à Nantes
Du 14 au 28 septembre, le showroom IDM Home à Nantes met à disposition sa vitrine pour présenter le mobilier VIADUCS « design à portée de main ». La marque d’auto-édition de At-once, studio de design produit situé entre Bordeaux et Nantes, s’est donné comme objectif de mettre en valeur les savoir-faire régionaux, peu importe qu’ils soient issus de l’artisanat ou du monde industriel.
Voyages, Voyages à Sainte-Colombe
Jusqu’au 15 octobre, l’exposition de design et métiers d’art « Voyages, Voyages », conçue et présentée par ARCADE Design à la campagne® se tiendra au Château de Sainte-Colombe-en-Auxois, en Bourgogne Franche-Comté. Une invitation à l’évasion qui propose de découvrir des pratiques et engagements pris par designers, qui intègrent au sein de leur processus créatif, l’idée de voyage et offre ainsi un regard amusé sur des pratiques estivales et des façons éthiques de voyager.

Formée à l’ECAL (Ecole Cantonale de Lausanne), ancienne assistante de Pierre Charpin, la Franco-Suisse Julie Richoz a créé son propre studio en 2012. Si elle porte une attention toute particulière à la couleur dans son travail de designer, elle ouvre le champ des possibles à Campus MaNa en collaborant avec la coloriste et créatrice de Peregreen Virginie Lagerbe. Elle vient de remporter le Grand Prix de la Création de la Ville de Paris dans la catégorie Design.
Douze jours seront consacrés à « la Naissance de la couleur Eigengrau » au sein du Campus, une désignation très symbolique. L’Eigengrau ou Eigenlicht (« gris » ou « couleur intrinsèque » en allemand) représente la couleur vue par l’œil humain dans l’obscurité totale, un gris sombre mais uniforme. Cet atelier propose d’observer les végétaux du parc du campus, avant de les transformer en coloris naturel. Spécialisée dans la révélation des couleurs « clandestines », comme elle en parle si bien, Virginie Lagerbe accompagnera les apprenants dans ce parcours sensoriel. Les participants pourront découvrir les richesses de la nature avec un regard nouveau, créer leur propre déclinaison de couleurs végétales après avoir récolté leurs outils de fabrication dans le but de colorer différents textiles.


Préparations, extraction, nuances, motifs, applications potentielles de ces techniques dans d’autres domaines seront aussi abordés durant ces deux semaines d’études. Une fois de plus, Campus MaNa propose de développer l’alchimie la plus naturelle possible, celle de couleurs végétales, utilisée autrefois.
Durée et modalité d’organisation :
Public visé : Autodidacte ou diplômé de la discipline, justifiant d’une expérience qui est évaluée lors du processus d’admission
Prérequis : Justifier d’une expérience qui est évaluée lors du processus d’admission
Étape 1 : envoi d’un portfolio et d’un cv
Étape 2 : validation de la candidature par le jury d’admission qui s’assure de l’adéquation entre le profil et les exigences de la formation.
Dates : Du 20/11/2023 au 01/12/2023
Durée : 12 jours
Horaires : 10h-13h — 14h-18h mardi au jeudi : 9h -13h — 14h-18h
Taille du groupe : 15 participants maximum

- A noter : Campus MaNa était présent sur Maison & Objet avec une conférence donnée par Thomas Dariel et Erwan Bouroullec. « From Campus MaNa to la Grange », le 10 septembre 2023, Hall 7 sur « the talks by Maison & Objet Academy »

Du 6 au 10 septembre, le collectif Meet Met Met invite 20 designers sur l’exposition « Feu » autour d’un seul et même objet : le cendrier.
Le collectif à but non lucratif MEET MET MET, fondé en 2022 par les designers Helder Barbosa, Thibault Huguet et Jean-Baptiste Anotin du studio Waiting For Ideas, présente à l’occasion de la Paris Design Week «FEU!». Une première exposition pour laquelle 20 designers sont invités à explorer l’objet cendrier sous toutes ses formes. À travers cette exposition, le collectif souhaite réunir et promouvoir une nouvelle vague créative indépendante et souvent en auto-édition. « MEET MET MET est une prise de parole de notre génération dans la scène actuelle du design, un espace créatif où l’on se rassemble pour unir nos forces, tout en restant indépendant» expliquent notamment les trois fondateurs.

Un seul et même objet : le cendrier
En tant qu’objet d’art et de design caractéristique, le choix du cendrier était idéal car celui-ci offre une grande liberté créative dans ses formes et dans les matériaux sollicités pour le réaliser. Une exposition qui réunira les créations de Nice Workshop, Arnaud Eubelen, Quentin Vuong, Axel Chay, Sabourin Costes, Bram Vanderbeke Samy Rio, Carsten in der Elst, Sho Ota, Hall Haus, Supertoys Supertoys, Heim Viladrich, Thibault Huguet, Helder Barbosa, Waiting For Ideas, Laurids Gallée, Ward Wijnant, Lea Mestres, Wendy Andreu, Marie & Alexandre.
Exposition « Feu », du 6 au 10 septembre, 7 rue des Gravilliers, Paris 3e.

Intitulé L’essentiel du droit d’auteur en 20 conseils, Profession designer, ce guide clair et synthétique très concret de par les nombres d’exemples mentionnés est à la fois essentiel en plus d’être gratuit !
Il est le fruit d’une initiative conjointe de l’ ADAGP et à l’AFD qui ont uni leurs forces et leur savoir pour dresser en 20 conseils un état des lieux du droit d’auteur à l’intention des designers. Comment protéger son travail dès l’étape de la création jusqu’à l’exploitation de l’œuvre ? Comment aborder la question des créations collectives ? Comment formuler un accord de confidentialité ? Comment intégrer le droit d’auteur dans un devis ? Comment intervenir lors d’une exploitation non autorisée ?… Rémunération, propriété intellectuelles, organisme de gestion… Les réponses apportées sont claires, précises, donnent une bonne première approche aux designers arrivant sur le marché et remettent les pendules à l’heure des plus aguerris. Et au passage rappelle l’importance des structures d’accompagnement comme l’ADAGP et l’AFD.
Les co-auteurs seront réunies sur un talk à la Paris Design Week le jeudi 7 septembre à 18h à l’espace Commines.
Guide disponible en pdf sur www.adagp.fr

En déployant une réflexion autour des recherches de l’impact écologique, Paul Emilieu conçoit des espaces qui mêlent l’architecture, la scénographie et les usages.
Son diplôme de l’École Camondo en poche, Paul Emilieu a pour ambition de diffuser auprès d’un large public ses connaissances et ses convictions acquises. Avec plusieurs cordes à son arc, il est à la fois enseignant, designer, scénographe et architecte d’intérieur… En 2011, il crée la plateforme Matières Premières, un groupe de recherche qui analyse et anticipe l’impact de l’architecture et du design dans notre société. « Au travers de publications print digital ou de missions de conseil ciblées, ce champ d’exploration est la colonne vertébrale de notre réflexion au sein même du studio » …
Favoriser l’habiter
Fort de cette méthodologie, Emilieu Studio analyse les programmes pour le tertiaire en mission de consulting ou de mises en espace des projets avec une conscience aiguë des enjeux environnementaux. L’aménagement des bureaux Vinci Facilities à Villeurbanne conçu avec l’architecte Héloïse Gaudin, en est la démonstration. L’enjeu du projet ? Transformer 550m2 d’open space en alternance avec des panneaux 3 plis chêne sans perturber l’organisation de l’entreprise. L’utilisation de rideaux acoustiques en coton permet de créer des espaces d’isolement temporaires. 90% des usagers ont été satisfaits de cet usage singulier qui résout en partie la difficile équation du travail entre temps de partage et productivité.


Pour le résidentiel, la démarche est claire. « Nous acceptons uniquement ce type de projet dans une démarche d’écoconception. Nous faisons l’analyse de l’existant et de la manière dont le propriétaire investit son espace, afin d’aller vers le réemploi. » L’équipe, composée de différents corps de métier, fait un état des lieux précis pour harmoniser des ensembles hétérogènes. Dans une rénovation d’appartement à Pantin, la cuisine des années 70 est réemployée tandis que ses surfaces sont retraitées avec des peintures ou des gainages. Conserver certains éléments, (re) travailler la couleur et la matière, tels sont les objectifs d’une réhabilitation où l’imprévisible fait partie du projet qui n’a pas d’image définitive.
Des enjeux écologiques
Avec quatre salariés interdisciplinaires, les activités au sein de l’agence sont multiples : écriture, scénographie, architecture, design, communication, photo, vidéo, et travaux de couture ! Paul Emilieu glisse avec une aisance déconcertante et une tête bien faite, de l’un l’autre. Un projet bar pour la marque Absolut vodka côtoie du mobilier open source destiné à la médiation numérique. Pour ce dernier, l’appel à projet lancé par l’Agence National de la Cohésion des Territoires (ANCT) Emilieu Studio a fait partie des trois lauréats. Le résultat ? La création d’un outil de transport pour les médiateurs numériques, un chariot fabriqué en réemploie (contreplaqué marin, chutes de bâches).


Le studio s’est vu confier également le réaménagement intérieur de l’École Camondo Méditerranée, devenu un espace inspirant pour les étudiants, tandis qu’ils sont incités à créer des textures, à toucher, à explorer. Les deux plateaux de 1000 m², une grille technique au plafond pour composer une plate-forme ouverte modulable, fonctionnent telle une boîte à outil pédagogique. Avec des éléments de mobilier en textile récupéré montés sur roulettes, l’expérimentation innovante et écologique est un terrain de jeu.

Du 7 au 11 septembre, la rentrée du salon Maison & Objet sera axée autour thème « Enjoy ! ». Nouvel espace d’exposition, designer de l’année, ouverture d’un nouveau service digital… Aperçu de ce qui vous attend.
Une thématique : Enjoy !
Centrée sur la notion de bonheur comme quelque chose de simple et de spontanée, la thématique de cette rentrée sera orientée autour de trois dynamiques : l’expressivité séductrice, la créativité libératrice et la sensibilité augmentée.
Ouverture de l’espace Well-being & Beauty
Pensé comme un « espace qui nous veut du bien », Well-being & beauty s’inscrit dans une forte tendance de fond et offre une résonnance au thème de la rentrée : Enjoy. Un endroit dédié aux produits de bien-être pour l’esprit, le corps et la maison, avec une centaine de marques attendues.
Inauguration de l’Hospitality Lab et de The Designer’s Studio
Pour cette édition Maison & Objet inaugure deux espaces d’inspiration. D’une part, l’Hospitality Lab, qui prendra place au sein du hall 6. Un lieu hybride pensé par Friedmann & Versace, Roque Intérieurs et The Socialite Family. Dans le hall 7, les visiteurs seront invités à découvrir The Designer’s Studio, un espace qui présentera le travail de quatre designers devenus éditeurs : Faye Toogood, Dirk van der Kooij, Masquespacio et Sebastian Cox, qui présenteront en exclusivité leurs nouvelles collections autoéditées.
Muller Van Severen, designer de l’année
Après Raphaël Navot en janvier, c’est le studio Muller Van Severen, composé par Fien Muller et Hannes Van Severen qui a été désigné comme designer de l’année pour cette nouvelle édition. Basé à Gand, le duo belge s’est affranchi de ses deux champs créatifs d’origine – la photographie et de la sculpture – pour investir le vaste territoire du design, avec l’envie de bousculer les codes et les usages du mobilier d’intérieur. Une exposition leur sera dédiée dans le hall 7.
Nouvelles fonctionnalités sur la plateforme MOM
Grâce à sa nouvelle fonction marketplace installée début 2023, la plateforme digitale MOM évolue. En septembre, les marques et les visiteurs pourront ainsi bénéficier d’un nouvel outil permettant de digitaliser la prise de commande sur le salon à la fois pour les marques, mais aussi pour les visiteurs. Une nouveauté qui permettra aux marques de pouvoir lancer de nouveaux produits, rencontrer et interagir avec près de 480 000 acheteurs et prescripteurs internationaux tout au long de l’année.

À la Paris Design Week, du 7 au 11 septembre, Intramuros prend ses quartiers au cœur de la section Factory, pour un nouveau programme de talks à suivre depuis la mezzanine de l’Espace Commines.
Rendez-vous cette année pour un partage de points de vue et d’expériences, lors des échanges proposés par la rédaction, sur la mezzanine de l’Espace Commines (au 17 de la rue Commines).
Voici le programme de cette édition 2023 :
Jeudi 7 septembre
17h-18h
Réseaux et collectifs de designers : des communautés proactives
Workshops, mutualisations des moyens, rencontres en résidence, incubateurs… Comment les communautés de designers organisent-elles de façon formelle ou informelle des réseaux d’entraide pour partager leurs expériences, développer des pratiques transversales, voire des projets communs.
Intervenants
- Marc Aurel, designer, président de l’association des lauréats de la Fondation Bettencourt
- Johanna Rowe Calvi, designeuse, fondatrice du collectif Women in Design
- Pierre Charrié et Marta Bakowski, designers
18h-19h
La question du droit d’auteur
À quoi correspond le droit d’auteur pour le designer ? À quels moments du processus créatif s’applique-t-il ? Comment protéger son travail ? Quels structures ou dispositifs existent-ils pour accompagner le designer ? Quels recours contre la copie ? Retours d’expériences et conseils autour de la publication du guide réalisé par l’ADAGP en partenariat avec l’AFD ; rencontre modérée par Sandra Biaggi.
Intervenantes
- Delphine Brun-Champy, juriste à l’ADAGP
- Marie-Noëlle Bayard, designeuse textile, AFD
- Laureline Galliot, designeuse
Vendredi 8 septembre
16h –17h
Les designers digital native dans ce monde connecté
Par l’expertise du digital native designer permet de créer des designs esthétiques, fonctionnels, répondant aux besoins de cette société connectée. Ils s’adaptent aux nouvelles tendances afin d’être compétitifs. Aujourd’hui notre interconnectivité crée un écosystème intelligent et impacte la façon dont nous interagissons avec le monde qui nous entoure.
Intervenants
- Frédéric Lintz, designer associé et cofondateur Eliumstudio
- Jaël Petit-Fournier, directeur artistique et enseignant, ESDAC
17h-18h
Le sport, vers un nouveau mode de vie ?
Par la force des valeurs partagées et le transfert d’innovations techniques, le sport a pris une place grandissante dans notre vie quotidienne, influençant nos modèles de mobilité, notre façon de se vêtir… Et il se révèle un puissant levier de nos imaginaires collectifs. Fabrication, innovation, stratégie prospective : quel rôle le design doit-il jouer, de l’accompagnement d’une pratique vers l’émergence de nouveaux usages ?
Intervenants
- Kerensa Neale, directrice artistique de Decathlon
- Jean-Louis Fréchin, designer, fondateur de NoDesign
- Desolina Suter, directrice artistique de Première Vision, le textile au service du sport
18h-19h
Le design, vecteur de développement des territoires
En résumé : quelles plus-values économiques et culturelles le design peut-il apporter sur un territoire, en termes de dynamisme, de nouveaux marchés, de mise en valeur de savoir-faire, de fédération d’acteurs ?
Intervenants
- Emmanuel Thouan, directeur de DiCI et de l’APCI/France Design Week
- Anne Racine, directrice de la Villa Carmignac, cofondatrice du réseau Plein Sud
- Caroline Naphegyi, fondatrice de Design for Change, membre de Mondes Nouveaux, directrice des études à l’École Camondo
- Thomas Merlin, designer, et Bertrand Vignau-Lous, cofondateur de l’agence Entreautre
Samedi 9 septembre
15h-16h
Design culinaire, un secteur d’avenir ?
Qu’est-ce que le design culinaire ? Entre nouveau champ créatif et territoire d’expérimentation, comment les écoles se sont-elles emparées de ce secteur ? Que traduit le design de notre rapport à l’alimentation, de nos usages, de notre culture ? Comment le design intervient-il dans une gestion plus responsable de nos déchets alimentaires ?
Intervenants
- Julia Kunkel, directrice de Food Design Lab, École de design Nantes Atlantique
- Marc Brétillot, designer culinaire, IDE (en visio)
- Germain Bourré, fondateur de Germ-Studio
16h-17h
Le design par nature
Si la question de la préservation de l’environnement est aujourd’hui cruciale, le monde vivant dans son ensemble, à toutes ses échelles, est un terrain d’inspiration et de solution pour les designers.
Intervenants
- Gavin Munro, biodesigner
- Guillian Graves, designer, fondateur de Big Bang Project
- Benjamin Graindorge, designer, enseignant à l’Esadse
17h-18h
Transdisciplinarités : nouveaux lieux, nouveaux modèles ?
Pop-up stores, résidences, expositions, formations et incubateurs… De nouveaux lieux multiprogrammes se développent. Une façon de redynamiser des quartiers par un ancrage de créateurs tout en favorisant la mutualisation de moyens et le développement de réseaux.
Intervenants
- Maeva Bessis, directrice générale de La Caserne
- Nicolas Bard, cofondateur du réseau Make Ici
- Claire Hazart, directrice du Jardin des arts et du design
18h-19h
Le rôle des designers dans l’élaboration de l’avenir d’ALULA
Cette table ronde met en lumière les différentes initiatives d’Alula, du domaine public aux résidences. Les intervenants partageront leurs expériences avec Alula Design Award, les projets de la Design Gallery, et la résidence design à venir. Rencontre modérée par Cyril Zammit, conseiller en design et consultant, membre du Jury Alula Design Award.
Intervenants
- Ahmed Al Mannai, associé, Shepherd Studio/Partner, Shepherd Studio
- AlJoharah Al Rasheed, associé et directeur de la Création, Teeb/ partner and Head of Design tech
- Hamad Homiedan, responsable de l’Académie et de l’enrichissement artistique, The Royal Commission for Alula
- Samer Yamani, fondateur & créateur, creative Dialogue
Table ronde en anglais / Panel discussion in english
Dimanche 10 septembre
15h-16h
Les nouveaux territoires du graphisme
Outil de lien social, pour une reconnexion à l’espace public comme à une histoire commune, et de partage de langages, le design graphique intervient dans des projets très variés et des champs de recherche très larges.
Intervenants
- Eddy Terki, designer graphique, Espace public
- Vanina Pinter, historienne et commissaire de l’exposition « Parade » au Signe, à Chaumont
- Silvia Dore, designeuse graphiste à Stéreo Buro et présidente de l’AFD
16h-17h
Design et mondes immersifs
Web 3, NFT : dans la foulée des artistes, les designers investissent l’espace virtuel pour des installations, des performances, des prototypages de projets, des extensions de l’univers de marques, voire des produits augmentés… Quand les artistes n’hésitent pas à faire le chemin inverse. Décryptage prospectif d’acteurs du domaine.
Intervenants
- Alessio Scalabrini et Ariel Claudet, designers à Deverse Studio
- Anthony Authié, designer à Studio Zyva
- Gilles Alvarez, directeur artistique de la Biennale internationale d’arts numériques Nemo
Lundi 11 septembre
17h-18h
Production et écoresponsabilité : mutualiser les compétences
Si la recherche autour de la mise au point des matériaux à partir de matières locales ou d’éléments recyclés avance, le passage de l’expérimentation à une production en grand volume en industrie n’est pas sans difficulté. Partage d’expériences pour accompagner ces phases de transition, avec des acteurs qui s’engagent, quitte à mutualiser leurs outils et leurs compétences.
Intervenants
- Julien Diard, directeur général de Moore Design
- Stéphane Joyeux, designer, directeur artistique de Roger Pradier

Pendant la Paris Design Week, du 7 au 11 septembre, Intramuros prend ses quartiers au cœur de la section Factory, avec un lieu de restauration inédit à la Galerie Joseph et un espace consacrée à la jeune création.
Intramuros x Extreme Miaaam à la Galerie Joseph
Cette année, le Café Intramuros propose un partenariat avec Miaaam et l’Atelier des chefs pour assurer une offre de restauration unique : un rendez-vous autour d’un café, d’un petit déjeuner, d’un lunch et un salon de thé. L’originalité ? Un menu différent proposé chaque jour, orchestré par la cheffe Cathleen Clarity et Laurent Denize d’Estrées.

Intramuros x Camondo, 2023 © Colombe Faber

Intramuros x Camondo © Grégoire Genin
L’espace sera meublé en partenariat avec Fermob et exposera les lauréats de la dernière édition du concours Camondo x Intramuros. Une occasion de découvrir les prototypes des luminaires imaginés par Grégoire Genin et Colombe Faber avec Flos, et la concrétisation de la collection de mobilier conçue par Thomas Delagarde pour Adagio en partenariat avec Ligne Roset. Rendez-vous à la Galerie Joseph, 116, rue de Turenne 75003 Paris.

Raphaël Le Berre et Thomas Vevaud se consacrent à des projets résidentiels privés haut de gamme. Ils revendiquent leur appartenance à une filiation, celle des grands décorateurs et ensembliers français du XXème siècle.
Depuis leur rencontre à l’École Camondo, renforcée par la création de l’agence d’architecture d’intérieur en 2008, ils ne font qu’un. Leur style et leur mode de fonctionnement perdure depuis plus de 30 ans. Leur secret ? Des solutions rigoureuses, exigeantes, proches des métiers d’art et des savoir-faire d’excellence. Unis dans la première phase de questionnement et de recherche, chacun dans ses compétences prend en main une partie du projet, dans la phase de réalisation autour d’une même synergie. « Apprendre à connaitre le client, échanger sur les grandes lignes, tels sont les étapes qui guident notre cheminement créatif ».
De l’appréhension de l’espace au design de mobilier
En tant que décorateurs, ils placent le mobilier au cœur de leur réflexion. Comme une extension de l’architecture intérieure, il est intégré dès la première phase du projet parce qu’il donne l’échelle, définit les cloisonnements, les circulations entre les sous espaces et la volumétrie de la pièce. « On aime créer des formes naturelles rondes et confortables tout en matières pour des fauteuils ou des canapés dessinés sur mesure. » Souvent issues de collections personnelles du client, les œuvres d’art elles-aussi, sont absorbées dans la conception d’un appartement haussmannien ou d’une maison de vacances. « Les peintures grands formats ou les paravents sont positionnés, éclairés en fonction de la vision du propriétaire des lieux, sans privilégier le contexte muséal »…


Quant au choix de matériaux, il est en perpétuelle mouvance mais proche du cahier des charges du client. Et si les goûts affutés et éclectiques des décorateurs ont évolué avec le temps, il y a cependant une échelle minimale constante, que concrétisent les belles palettes claires des peintures Ressource, ou Argile. Les matériaux nobles tels que le bois, la pierre ou le marbre, ajoutent sans surenchère, une qualité sublimée par les réalisations sur mesure des artisans. « Ce qui crée le socle de notre travail, c’est cet écrin de teintes naturelles, les murs écrus ou le parquet en chêne clair brossé mat ». Résultat, on reconnait parfaitement une écriture personnelle qui intègre les besoins du client.


Le mobilier et les objets de design
Dans un futur proche, les projets résidentiels ne manquent pas : la réhabilitation d’appartements de style victorien à Londres dans le quartier de Kingston garden, une extension d’appartement à Neuilly sur deux niveaux, une maison sur toit terrasse face au Bois de Boulogne… Pendant la Paris design Week, l’agence présente ses collections de mobilier de haute facture dans leur galerie rue de Verneuil à Paris. Les jeux de matières et de textures chics et audacieuses de Nomade, et le développement de Terra et Empreinte sont convaincants pour le visiteur, et soulignent la modernité des collections faciles à adopter chez soi. Le plateau Tortuga, le banc Goa ou la table Giulia, les luminaires et chandeliers, le tabouret Barth expriment ce langage créatif qui s’inscrit dans la lignée des nouveaux classiques de la décoration. Les collaborations du tandem avec de grands éditeurs de tissus d’ameublement, tels que Misia ou Metaphores, viennent clore la richesse de leurs créations d’un art de vivre à la française, entre le classique style Art déco et la gaieté du mouvement Memphis.

Du 7 au 11 septembre, Fien Muller et Hannes Van Severen sont les Designer(s) Of The Year 2023 au prochain Maison&Objet. En une douzaine d’années, ils ont su développer un langage stylistique unique qui bouscule les codes du mobilier. Une exposition-cocon sur le hall 7 à Paris Nord Villepinte offre une plongée dans leur culture flamande et leur imaginaire.
Quand on les voit en photo, leur nonchalance et leur aisance appelle immédiatement l’image du couple Bogart-Bergman dans Casablanca. C’est pourtant de Evergem, petite bourgade oubliée en lisière de Gand, dans un studio ouvert sur la nature, qu’ils dessinent leurs projets. Ils se sont rencontrés à l’Académie des Beaux-Arts de Gand où Hannes se forme à la sculpture et Fien à la photographie. En 2011, ils débutent leur collaboration dans un réel partage d’une culture nourrie d’arts visuels, de photographie et de design. Dans leur stand ils ont souhaité recréer le paysage figurant les éléments principaux de leur quotidien : l’atelier, la maison, le jardin. « Trois îlots recomposent au milieu des allées du salon, notre petite oasis dans le désert d’Evergem, explique Fien Muller. L’exposition agit comme une installation globale et immersive où nos pièces existent comme autant de petites entités autonomes. Elle est un miroir de notre intérieur mais aussi de notre esprit. »

Et leur esprit est fait de lignes droites et d’angles droits à l’image du Poème de l’angle droit. «C’est à l’intérieur des limites imposées par l’objet que notre créativité s’exprime le mieux explique le couple. Le champ des arts peut sembler effrayant tant il est vaste et riche de possibilités.»
Des meubles-sculptures
Comme dans une bulle suspendue, leurs meubles-sculptures, comme autant de micro-architectures indépendantes, se répondent et invitent à une expérience sensorielle de l’objet. Avec les bleus, rouges, verts et jaunes vifs ils font directement référence à Piet Mondrian et au groupe De Stijl. Dans la collection Future Primitive, ces couleurs se répètent imposant le style Muller Van Severen. On ne parle pas design mais style, à la française. Les étagères de différentes hauteurs et configurations incorporent des transats ou des luminaires sur pied, pour faire lampes de lecture. Les lignes ne sont pas simplistes mais simples, les couleurs vives, ludiques, joyeuses. « Grande source d’amusement ». Les armoires murales en acier de la série Wire ou les bancs et cabinets Alltube réconcilient le tout-venant avec l’aluminium, matière exceptionnelle.


De Bitossi à Hay
Leurs actualités témoignent d’une vive création. 2023 verra une série de vases pour Bitossi présenté à Milan au Salone Del Mobile ; ainsi qu’une lampe de lecture pour valerie_objects. Les tapis March et July qui ont fait fureur à Milan, sont en exclusivité française sur Maison & Objet. Leur surface s’inspire des différents stades de tonte naturelle des moutons et dévoile une méthode de production unique où le berger doit faire preuve d’une maîtrise exceptionnelle pour dégager les 80 kg de laine qui peuvent habiller la bête. « Couleur, goût, odeur, peuvent déclencher des émotions puissantes », explique le duo. Une nouvelle production pour la marque danoise Hay vient enrichir une coopération remarquée.


Réminiscences
Leurs objets s’exposent autant qu’ils s’éprouvent et trouvent leur juste place dans des décors de rêve comme à la Villa Cavrois à Roubaix en 2020 pour l’exposition « Design ! » dans le cadre de Lille Métropole 2020, Capitale du design. Chez valerie_objects, leur mobilier ressemble au mobilier d’école que l’on trouvait dans les années 90 dans les réfectoires. Simples, en bois – bouleau, chêne, cerisier et noyer massif peint – et métal avec des tables rondes, ovales ou en rectangle passant de 150 cm à 240 cm. Les tables se complètent de l’Alu chair en aluminium qui convient aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur grâce à un traitement à la cire d’abeille et une laque de protection contre les UV mais pas d’anodisation. La structure en aluminium brille de mille feux et les assises et dossiers en couleur confèrent à la chaise son esthétique si particulière.

Une certaine maîtrise de l’aluminium
L’aluminium est naturel comme il l’était dans le travail de Maarten, figure tutélaire du père décédé trop jeune, laissant ses dessins à explorer et fignoler. A l’instar de Maarten Van Severen, leurs objets ont une portée de silence, en résonnance avec l’espace. Ils sont installés dans des lieux parfaitement vides, plus comme un signe que comme une écriture. Ils se confrontent à la ligne de partage d’un sol et d’un mur mais aussi à la fenêtre et à la possibilité d’horizon, sont l’expression la plus simple de leur fonction. Adapté aux nouvelles contraintes de la construction, leur aluminium est simplement ciré. Si Maarten Van Severen était réfractaire à l’idée d’un style, Muller Van Severen a fait de ses lignes droites une esthétique qui s’inscrit dans la durée.


Leur chaise Allu se cogne aux couleurs de leurs rangements, tables et chaises. C’est une percussion symphonique. Le Pillow Sofa rallie tous les fans de coussins ceinturés comme le Duo Seat, un siège de conversation. Peut-être ont-ils vécu ce moment pour si bien le retranscrire ou peut-être ont-ils trop traîné dans les musées viennois pour lui donner la contemporanéité du 21e siècle… Une mise en abîme à la Wes Anderson, brodée à quatre mains qui donne le vertige. La finitude des choses n’en finit pas de planer sur les collections de Muller Van Severen.