Bleu Gris Agence signe la décoration du restaurant niçois Fine Gueule

Bleu Gris Agence signe la décoration du restaurant niçois Fine Gueule

À Nice, Bleu Gris Agence signe la décoration du restaurant Fine Gueule. La convivialité, la confidentialité et l’intimité qui s’en dégagent donnent à ce restaurant de cuisine française un air de table d’hôte.

Dans la vieille-ville niçoise, France Bittel et Olivier Chanard habillent Fine Gueule, un restaurant de cuisine française, au décor résolument méditerranéen.
Le restaurant s’ouvre sur un premier espace, articulé autour d’une cuisine centrale et ouverte sur la salle. Il est délimité par son comptoir en marbre, et ses tabourets hauts Fest Amsterdam en tissu gris.

Le sol en terre mêlée et le carrelage terracotta résonnent avec le plafond en chaux blanche. Sur le côté, la banquette Nobilis en velours jaune moutarde invite les clients à s’installer confortablement , et guide le regard vers la deuxième salle.

Cet espace, qui s’adresse aux groupes, joue la carte de la confidentialité. La table sur-mesure, aux pieds en travertin et au plateau en noyer, est associée aux chaises minimalistes Fest Amsterdam en velours côtelé.

Un troisième espace, creusé au milieu d’une bibliothèque, se dévoile de l’autre côté de la cuisine. Cet écrin secret, en carrelage terracotta et en laque couleur inox invite à partager un moment intimiste sur les banquettes en velours.

Restaurant Fine Gueule
2 Rue de l’Hôtel de ville, 06300 Nice

Rédigé par 
Rémi de Marassé

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Temps de lecture
6/6/2025
Laurids Gallée, la passion du faire

Designer autrichien installé aux Pays-Bas, Laurids Gallée mêle à la fois l’art et le design dans sa pratique. Une double facette qu’il ne souhaite pas différencier, car elle est partie prenante de sa réflexion.

Il est de ces designers qui n’avaient pas prévu d’en devenir un. Élevé dans une famille d’artistes, de ses parents à ses grands-parents jusqu’à ses oncles et ses tantes, Laurids Gallée avait toujours renié toute forme d’expression artistique jusqu’à son entrée dans l’âge adulte. Le déclic a lieu au début de ses études d’anthropologie à Vienne, moment durant lequel il s’est rendu compte qu’il lui manquait quelque chose. « Je n’avais jamais pratiqué d’art auparavant, mais le design était celui qui me semblait être le plus élégant et évident, car il y avait des questionnements autour de la façon dont sont faites les choses et des pensées qui amènent à rendre un objet réel. » Refusé par les écoles d’art viennoises, il est contacté par son oncle, alors résident aux Pays-Bas et dont le voisin n’était autre que Joris Laarman, qui le convainc de faire la demande pour entrer à la Design Academy d’Eindhoven, dont il est finalement diplômé en 2015.

Studio de Laurids Gallée © Titia Hahne

Un studio à la croisée de l’art et du design

À sa sortie d’école, il travaille quelques années en conception de produits dans différents studios, tout en commençant à élaborer son propre univers artistique en parallèle, avant de se lancer à plein temps, en 2020. Un studio dont la pratique oscille entre procédés artistiques et prouesses techniques. « Bien qu’il puisse exister une frontière entre l’art et le design, j’aime croiser les deux. Dans mon travail, il y a différentes formes de langage avec la peinture et l’art d’un côté et un aspect beaucoup plus technique de l’autre, basé sur le savoir-faire des matériaux. C’est un peu contradictoire, mais j’aime voir comment ces deux mondes se lient entre eux. » Ainsi, son catalogue comprend à la fois des pièces en bois aux détails très artistiques comme le banc Fireworks à l’allure très esthétique ou encore le fauteuil Fever Dreams, et des pièces beaucoup plus techniques retrouvées dans ses objets en résine, comme le montrent le luminaire Empyrean et la table basse Metropolis.

Luminaire Empyrean © Mathijs Labadie

La recherche de l’objet parfait

Quand on lui demande s’il a un projet favori, la réponse de Laurids Gallée reflète en fin de compte sa pensée globale. Quelque peu perfectionniste, il confie que son objet préféré est celui qu’il n’a pas encore créé. « Chaque projet est une nouvelle façon d’essayer, de changer ou de faire mieux par rapport à la fois précédente. Je ne me dis jamais qu’un produit est parfait, je trouve toujours des défauts que je pourrai rectifier la prochaine fois. Mon prochain projet est donc toujours celui qui me plaira le plus. » Un processus de création fortement basé sur l’expérimentation, donc, qu’il voit plus comme une réponse à différents questionnements, résolus à travers la création de tel ou tel objet, comme il peut notamment le faire avec la résine, qu’il prend plaisir à voir évoluer. « J’aime penser des choses qui n’ont pas encore été faites et être complètement indépendant du reste des personnes qui travaillent ce matériau. Je suis souvent en territoire inconnu, mais c’est ce qui m’anime. »

Fauteuil Fever Dreams © Mathijs Labadie

Créer avec pertinence

Qu’il s’agisse d’une table, d’un luminaire, du bois ou de la résine, le processus de création de Laurids Gallée passe avant tout par sa volonté de faire des choses pertinentes. Quant à son inspiration, elle vient au gré de ce qu’il vit au jour le jour, mais également de techniques artistiques provenant du passé, dont il s’inspire dans beaucoup de cas, notamment pour son travail du bois. « Je n’ai jamais vraiment eu à chercher d’idées, car elles viennent à moi selon ce que je vais voir d’intéressant. C’est une bénédiction dans un sens, car je ne suis jamais en manque d’idées, mais ça peut aussi être une malédiction, dans le sens où je ne peux pas toutes les réaliser. »

Table d'appoint Metropolis © Mathijs Labadie

Adepte du faire, et se considérant comme un fabricant, il a pendant longtemps tout fabriqué lui-même. Aujourd’hui, à l’exception des pièces en résine pour lesquelles il s’accompagne d’une entreprise extérieure, tous les objets sont toujours conçus au sein de son studio, avec une équipe qui lui prête mainforte. Et si beaucoup de ses objets sont en bois ou en résine, il ne veut pour autant pas se restreindre à un type de matériau en particulier, considérant que l’important réside dans l’objet plus que dans la matière avec laquelle il est fabriqué. « Selon moi, c’est l’idée qui prime plus que le matériau lui-même. On peut concevoir un bon produit à partir de déchets, si c’est bien pensé et bien réalisé, ça peut donner un super résultat. Je pense que ce qui compte vraiment, c’est ce que tu fais et non avec quoi tu le fais. »

Banc Tralucid © Mathijs Labadie

Updates 2025

En février dernier, il présentait, dans le cadre de la Biennale de design de Rotterdam et en collaboration avec la galerie Collectional, la série Cairn. Une collection composée de six pièces, inspirées de la pratique ancienne de l'empilage de pierres et de galets d'empiler des pierres et des cailloux, et dont chacune d’entre elle se révèle comme une étude de sa propre matérialité. Lors de la Design Week de Milan, le designer a participé à l’exposition « Bamboo Encounters »de Gucci. Il dévoilait également avec JOV une collection de tapis en laine et soie, inspirées des nuages et fabriquées à la main. En parallèle, il a également pris part à l’exposition collective « The Theatre of Things » avec la galerie Delvis (Un)limited, devenue le théâtre d’une performance spontanée de designers. En juin, lors des 3daysofdesign, il présentera le résultat de son projet de résidence Materia, exposé à la galerie Tableau à Copenhague.

Série Cairn, exposée à la galerie Collectional à Rotterdam © Mathijs Labadie
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23/5/2025
Studio Shoo : le design au cœur de l’aménagement

Créé à Yerevan, en Arménie, Studio Shoo développe depuis quelques années une branche de mobilier design. Un nouvel axe lié aux projets architecturaux de l'agence.

« Je n'aime pas les projets résidentiels. Ce sont trop de contraintes et pas assez de liberté de création » explique Shushana Khachatrian, à l'origine de Studio Shoo. Créée en 2017 à Yerevan, l'agence spécialisée dans l’hôtellerie et la restauration est aujourd'hui implantée dans bon nombre de capitales européennes. Motivée par la création d'espaces avant tout fonctionnels et vecteur de bien-être grâce à ses palettes douces rehaussées çà et là de touches pop, l'architecte signe des projets d'une ordinaire simplicité, empreints de son Arménie natale. « Il y a quelque chose de minimaliste dans beaucoup de nos créations, mais l'essentiel est ailleurs. Il y a, dans les formes et les schémas, des éléments constamment inspirés de ma culture » explique l'architecte. Outre la question d'individualité et de matérialisation de son identité, elle « souhaite surtout que les visiteurs puissent se rattacher à quelque chose. » A l'image du projet hôtelier Mövenpick Yerevan, Shushana Khachatrian détourne les arts et les matériaux de son pays, pour livrer des atmosphères contemporaines et typées, mais loin des stéréotypes.

CourtYard by Marriott à Yerevan ©Studio Shoo

Le design dans chaque projet

Imaginée selon les codes de l'agence et les influences de l'architecte, chaque architecture intérieure trouve son individualité dans le choix du mobilier qui la compose. « Chez Studio Shoo, nous avons toujours mêlé des produits du marché à nos propres créations. » Une manière de solutionner des problématiques, mais également d'apporter une identité particulière aux espaces. Une double approche qui pousse l'agence à créer un nouveau secteur entièrement dédié à la création de mobilier design. « Régulièrement, nous avions des personnes qui nous demandaient où elles pouvaient acheter nos objets. Mais ce n'était pas possible. Et comme j'ai horreur de refaire deux fois la même chose, nous avons décidé de créer une branche spécifique en interne, pour concevoir des objets disponibles à la vente, que ce soit à des particuliers, ou dans nos projets. » Une diversification du travail de l'agence, mais complémentaire à son activité architecturale poursuit Shushana Khachatrian. « Je pense que ce sont deux domaines très perméables où l'échelle est différente. Les architectes pensent davantage l'expérience client et les formes globales, les plus grosses, tandis que les designers réfléchissent surtout aux détails, aux formes plus petites. » Réunissant une petite dizaine d'objets, principalement des luminaires, Studio Shoo explore également des thématiques connexes telles que le développement durable, avec la réinterprétation de « déchets » pour fabriquer de nouveaux objets, ou l’intelligence artificielle régulièrement utilisée pour donner vie à des esquisses. « A mes yeux, l'essentiel, c'est que les personnes retiennent les espaces qu'elles visitent. Et c'est souvent grâce à un objet inattendu, une nouvelle expérience, d’où l'importance du design » admet l'architecte dont l'agence travaille en ce moment sur un prototype de chaise.

Ibis budget Tbilisi ©Studio Shoo

TUFF Pencil cabinet, premier ambassadeur du Studio Shoo à Milan

Présent pour la première fois à ISOLA dans le cadre de la Milano Design Week 2025, Studio Shoo présentait le TUFF pencil cabinet. Imaginé en deux formats, l'un jaune pâle avec une ouverture sur le haut, et le second rose bonbon agrémenté d'un tiroir coulissant sur la partie basse, ce petit meuble est un véritable condensé de la vision de l'agence. Inspiré de la pierre volcanique rose caractéristique de Yerevan, il rend hommage à l'écriture grâce, outre son utilisation première, au petit tableau à craie intégré à l'intérieur. « En me baladant dans les rues de Yerevan, j'ai remarqué les notes qui ponctuent chaque mur. Les habitants écrivent et dessinent partout. C'est ce qui m'a inspiré pour cette pièce qui reflète l'intersection entre l'héritage matériel et l'expression artistique » résume la créatrice qui explique d'ailleurs avoir vu des gens se mettre à dessiner sur sa pièce lors du salon italien. Fabriqué à partir de feuilles de MDF et de métal recyclé, ce meuble, créé à l'origine pour l'usage personnel de Shushana Khachatrian, est un premier pas pour l'agence dans le secteur du meuble international, où le design arménien est encore trop peu représenté.

TUFF pencil cabinet ©Katie Kutuzova
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5/5/2025
Hella Jongerius, l’attention à l’imperfection

Hella Jongerius expose à la Galerie kreo jusqu’au 26 juillet 2025. Ses tissages, ses tressages, ses filets de perles de céramique et ses voilages de cordes, dévorent des icônes du design. Sa collection de céramiques Angry Animals hurle au monde un mal-être planétaire.

Son exposition peut être interprétée sous de multiples thématiques. Certains y verront une démarche en friction avec l’industrie dominée par la rapidité et les relations à court terme ; d’autres un éloge du geste de la main et des relations durables dans le temps ; et d’autres encore un appel en vue de sauver une planète noyée dans une overdose de consommation. Diplômée de la Design Academy Eindhoven, Hella Jongerius a su tisser depuis l’ouverture de son studio en 1993, le Jongeriuslab, à Rotterdam puis à Berlin puis à Arnhem, des relations profondes et respectueuses avec des marques comme Vitra, les porcelaines de Nymphenburg, les textiles Maharam, ou le géant Ikea. Au centre de ses recherches sur les matières, les couleurs et les textures se déroule un rapport au temps qui prend en compte l’usure des matériaux et intègre le passage du temps dans ses créations autant que la transmission d’un savoir et d’un savoir-faire.

Exposition "150", Galerie kreo à Paris © Alexandra de Cossette Courtesy Galerie kreo


Abuser de l’IA

Pour son travail, elle n’hésite pas à se faire aider de l’Intelligence Artificielle : « tout outil utilisé par une machine capable de reproduire des comportements liés aux humains tels que le raisonnement, la planification et la créativité » ; ici, le processus d’imitation de l’intelligence humaine peut se voir comme une véritable aide à la conception. Son exposition « Interlace », recherche textile en progression mécanique et informatique selon un tissage 3D, dans l’espace somptueux du Lafayette Anticipations, un espace industriel de 2200 m2 réhabilité par Rem Koolhaas et son agence OMA, en faisait la démonstration en 2019. Pendant trois mois, les machines ont tissé une œuvre programmée sur ordinateur, sous la surveillance de ses étudiants en résidence à Paris. Comme si les métiers à tisser industriels étaient devenus trop efficaces, ne laissant aucune place à l’interaction humaine ou seulement dans l’exploration tridimensionnelle que l’on retrouve dans son rideau de perles, comme tissées et glissées au hasard dans la trame.

Exposition "150", Galerie kreo à Paris © Alexandra de Cossette Courtesy Galerie kreo

Brouiller les lignes

Brouillant les lignes entre l’artisanat et le commerce, elle se dit désintéressée par les objets et aborde le design sous son angle sociologique. « Les objets et les matériaux dont nous nous entourons définissent notre monde, notre futur et notre humanité : ils reflètent ce que nous sommes et ce que nous voulons devenir. » Comme du lichen, les filets de cordes eux-mêmes rongés par des boules de porcelaine dévorent les tables, perturbent leur perception tout en améliorant leur forme et même leur confort. La Chair One de Konstantin Grcic, livré à ce supplice gagne des coussins de rembourrage faits mains, tout comme la chaise Wire de Charles et Ray Eames (Vitra) ou la chaise Diamond d’Harry Bertoia (Knoll). Ce tissage sans fin qui grignote comme un lierre peut se percevoir comme la revanche de la nature sur la civilisation ou la reprise de son espace vital par le végétal. Son canapé Polder manque à cette invasion.

Canapé Polder pour Vitra

Infléchir les habitudes

Hella Jongerius s’est donné la mission d’inviter le public à réfléchir sur l’état de la planète Terre. Elle fait partie d’une génération de designers qui bien avant les générations X , Y ou Z se soucie de la portée de sa production et « souhaite infléchir les habitudes frénétiques des producteurs comme des consommateurs, pour repenser entièrement le design, un secteur parmi les plus nocifs pour l’environnement (…) Le design comme médium entre les humains et le monde devrait être vertueux et non pas dicté par les exigences d’un marché illusoire ou les illusions de la nouveauté » expliquait-elle à Anna Colin, curatrice et chercheuse.

East River Chair range pour Vitra © Marc Eggimann

Mais comme elle avait su inclure des animaux dans ses porcelaines pour la Manufacture de Nymphenburg, presque noyés au fond de ses assiettes, une grenouille en céramique s’invite librement en grimpant sur une des tables, exposées au Salon 94 à New York en décembre 2024. Ses Angry Animals en céramique, aux couleurs baconiennes, façonnés à la main pendant le confinement, durant la pandémie de Covid 19, semblent hurler au public une prise de conscience sur l’état du monde et le dérèglement climatique.

UN Lounge Chair © Frank Oudeman


Une parole militante

Elle prend alors la parole, une parole militante pour expliquer que ces monstres hurlants – le requin, l’hippopotame, le gorille, le morse, la poule…- portent tous des noms de femmes – Erica, Bonnie, Monica, Natacha, Laura… Partenaires silencieux vivant aux côtés des hommes, ils ou elles veulent participer à égalité à la refonte d’une civilisation qui épuise la terre, l’argile, les oxydes, la silice, le fer… Toutes les ressources naturelles. Sans voix, ils ou elles sont une métaphore qui sert les challenges éthiques de notre époque, offrant à ces bêtes une présence angoissante, insupportable.

Angry Animals, Exposition "150", Galerie kreo à Paris © Alexandra de Cossette Courtesy Galerie kreo

Avec les Angry Animals, elle veut dire stop aux pollueurs des mers, des océans, des rivières, des sols… Stop à ceux qui emprisonnent les animaux dans un mal-être dont les visages torturés expriment l’angoisse et la souffrance. Cette exposition aurait-elle une portée politique ? Le Vitra Design Museum qui a racheté ses archives prépare d’ailleurs une rétrospective pour 2026.

Temps de lecture
2/4/2025
Louis Aspar, l'architecte inspiré par tout, partout

Fondé par Louis Aspar, le Studio Louis Morgan compte de nombreux projets contrastés. Alternant entre l’excentricité colorée d'établissements gastronomiques ou nocturnes, et la sobriété de rénovations privées, l'architecte évoque ses inspirations diverses.

Difficile d'établir une ligne directrice dans les projets du Studio Louis Morgan, fondé en 2012. Et pour cause, l'architecte à sa tête n'aime pas la régularité et les ressemblances. « Au Studio, nous essayons de ne pas avoir de style. Nous estimons que c'est le client qui l'amène avec parfois une idée, une envie ou une passion. C'est à nous de décortiquer son univers pour y amener de la surprise. » Variant d'un projet à l'autre, l'architecte et ses quatre collaborateurs travaillent majoritairement pour des établissements gastronomiques ou hôteliers, auxquels ils confèrent des ambiances tantôt maximalistes, tantôt minimalistes. Une dualité traduite dès les matériaux comme la pierre, minérale, ou le bois, organique, qui, s'ils sont récurrents, s'accordent aux autres médiums de sorte à traduire les inspirations de l’agence.

Dans cet appartement Edgar Suites, le Studio Louis Morgan a fait la part belle au bois et aux teintes naturelles ©Yohann Fontaine



Construire un monde à part

« Aujourd'hui, on voit passer beaucoup d'images mais tout semble trop automatisé, directif, explique Louis Aspar. Je pense qu'il faut constamment se réinventer en repartant de la base dans chaque projet. Pour nous, la seule chose qui ne change pas, c'est le processus de création. » Travaillant en parallèle des planches d'inspiration et des plans « toujours en noir et blanc pour que la couleur n'influence pas le style », le Studio construit l'espace en simultané. « Avant de faire un beau restaurant, il faut faire un bon outil de travail. Si vous ne pensez qu'en termes de chaises et de tables, vous avez une cantine. Mais il est important d'inclure le visuel dès le début pour ne pas simplement décorer. »

Une vision à la fois architecturale et visuelle que le designer pense avoir hérité de ses années passées dans les ateliers de Jean Nouvel puis auprès d'Ora Ito. « Je pense avoir d'une certaine manière été influencé par la rigueur du premier, et le ligne plus féminine et organiques du second » relève cet ancien élève de l’ENSCI, également inspiré par les proportions du Corbusier et les rapports de contrastes d'Andrée Putman.

Grâce à la profusion d'étoffes colorées et au travail des miroirs, le restaurant se transforme en un petit décor maximaliste ©Red Katz x The Travel Buds



« L'architecture doit permettre de s'évader »

Au-delà des grands maîtres français de l'architecture, Louis Aspar conçoit surtout ses projets autour d'inspirations plus personnelles. Du cinéma à la musique, en passant par la Californie et les sports de glisse ou la photographie dont il vendait des clichés aux galeries d'art, à ses yeux, « l'architecture doit surtout permettre de s'évader ».

Parmi les projets les plus significatifs du Studio Louis Morgan, le Giulia, un club parisien inauguré début 2024. Inspiré notamment par le film 2001, L'odyssée de l'espace, ce lieu, dédié aux noctambules, joue avec la lumière grâce à un ensemble de miroirs et aux murs laqués. « Tout peut s'éteindre ou s'allumer à volonté pour venir surprendre avec douceur les utilisateurs. Il y a quelque chose du vaisseau vintage. » Un parti-pris très fort et unique dans les travaux de l’agence qui dévoilait en septembre dernier, le Red Katz, un restaurant chinois situé dans le deuxième arrondissement de la capitale. Maximaliste par ses motifs et la diversité des matériaux qui le compose, l'établissement demeure, dans un tout autre style, l'un des plus flagrants exemples de l'extravagance colorée du studio qui doit livrer, fin avril, Le Palacio. Une nouvelle adresse feutrée, aux détails art déco, inspirée par la filmographie de Martin Scorsese.

Avec son infrastructure lumineuse novatrice et ses effets datière, le Giulia mele rétro et contemporain ©Angela di Paolo
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