Elica : l’innovation et le design dans l’air
Plaque de cuisson avec hotte aspirante intégrée modèle NikolaTesla Fit ©Elica

Elica : l’innovation et le design dans l’air

La marque italienne fondée en 1970 est désormais leader mondial des hottes d’aspiration. Un succès qui s’explique entre autres par la place qu’Elica accorde à l’innovation et au design.

Présente sur le marché depuis plus de cinquante ans, Elica est devenue un incontournable des systèmes d’extraction dans la cuisine. Ses usines implantées dans sept pays lui confèrent aujourd’hui une solide assise sur le marché mondial. Réputée pour la qualité de ses équipements, Elica se divise en catégories. D’un côté la société propose ses produits sous son propre nom ou sous celui de ses partenaires, et de l’autre, elle conçoit, fabrique et commercialise des moteurs pour ses conceptions. Un savoir-faire gage de qualité mais également d’innovation. Ainsi, ce sont des hottes multifonctionnelles, dynamiques, tactiles… mais avant tout design qu’Elica propose à ses clients.

Un design inspiré du quotidien

À son arrivée dans l'entreprise en 2005, Fabrizio Crisà, designer chez Elica, s'est demandé : « pourquoi toutes les hottes ont une forme de cheminée ? Je voulais quelque chose de différent, donc je suis reparti de zéro. Les personnes achetaient des frigidaires ou des fours pour leurs designs, mais pas les systèmes d'aspiration. C'est ce que je voulais changer. » Au cours des 18 ans passées dans l'entreprise, le designer n'a jamais rien imposé si ce n'est l'intemporalité et la diversité. Ainsi se côtoient style scandinave et inspiration futuristes dans un showroom de 600m² situé dans la région mère d'Elica, celle des Marches en Italie. Un territoire propice à l'imagination de Fabrizio Crisà. « C'est très difficile de savoir d'où elle vient, mais je pense qu'elle est liée à mon quotidien. Quand je passe du temps avec ma famille ou que je vais au restaurant, mon cerveau se met en route. Les visites d'usines ou de showroom me donnent aussi un aperçu des tendances et de ce qui plaît ou non dans chaque pays. Finalement, ce qui me conduit au produit, ce ne sont pas les études que je mène, mais ce que je vis ! »

Le modèle Fit de la série NikolaTesla avec son système d'aspiration central en position ouverte ©Elica

C'est par ce cheminement qu'il  a eu l'idée en 2016 de créer une nouvelle gamme de plaques aspirantes, situées directement sur la table de cuisson. « Lorsque j'ai créé le système NikolaTesla, je me suis retrouvé face à un problème d'ordre esthétique. Je n'arrivais pas à cacher le système d'aspiration dans la plaque de cuisson donc je l'ai placé au centre de la table pour, non plus le dissimuler, mais le mettre en valeur. » Un raisonnement et un système novateur récompensés par le Compasso d’oro. Aujourd'hui, le système NikolaTesla en est à sa troisième génération et propose désormais un design plus épuré dû au camouflage du système de ventilation. « Notre modèle a évolué car les personnes souhaitent désormais des lignes plus simples. Pourtant, sur notre dernier modèle Unplugged, j'ai souhaité remettre des boutons de commandes en complément de l'écran tactile. J'ai remarqué que les personnes aiment toucher des modules pour commander. C'est évidemment le cas dans la musique où nous réglons les volumes à notre convenance et où les DJ manipulent presque le son. » Une allusion qui a donné son nom au modèle : Unplugged. « Mais la cuisine est aussi un univers très sensoriel, donc permettre de toucher les choses est presque redevenu un besoin » conclut-il.

Le modèle Libra, plus ancien, fait également de la série NikolaTesla, a la particularité d'intégrer une balance dissimulée par la grille d'aspiration ©Elica

L'innovation, centre névralgique d'Elica

Afin de conjuguer l'innovation au design, l’entreprise s'appuie sur son propre laboratoire technologique. « Conçu pour favoriser l'essai et la recherche de solutions », il accueille régulièrement des étudiants par le biais de partenariats universitaires ou des marques venant tester leurs produits. Réparti en plusieurs pôles, il vise notamment à la vérification des normes de sécurité, au niveau sonore des équipements, au contrôle des volumes d'aspiration ou encore à la résistance des colis. Des contrôles favorisant l'innovation, nécessaire aux yeux du directeur d'Elica, Giulio Cocci. « Lorsque je suis arrivé en 2018, j'utilisais quotidiennement de l'électroménager sur lequel on ne voyait pas l'innovation. Mais quand je suis arrivé dans le showroom d'Elica, j'ai vu des dispositifs avec des design et des styles qui changeaient radicalement les produits. Le laboratoire est donc une étape importante car, même si le concept d'une hotte reste plus ou moins le même, les performances, le design ou l'utilisation changent. C'est qui permet de donner de nouvelles opportunités aux consommateurs. Notre capacité à innover au niveau des performances vient donc entre autres de la présence de notre laboratoire. » Si l'innovation technologique reste l'une des spécificités d’Elica, l'approche plus humaine est aussi complémentaire à la notion d'innovation selon Fabrizio Crisà. « Ces 5 dernières années, l'approche que les personnes ont de la cuisine  a beaucoup changé. Il faut se demander comment elles occupent cet espace, le temps qu'elles y restent, l'importance que cela a dans leurs vies... Les regards sont aussi davantage tournés vers la qualité de l'air ou encore l'utilisation réelle (et plus seulement décorative) des produits. Donc pour nos futures inventions, l'innovation ne sera pas forcément technologique, mais plus fonctionnelle et plus simple. »

Au sein de son laboratoire, l'entreprise possède une salle insonorisée dans laquelle elle réalise tous les tests acoustiques de ses nouveaux modèles ©Elica

Un positionnement conscient des enjeux

Aborder la question de l'innovation et celle de la recherche sans parler de l'environnement n'est plus vraiment concevable pour une entreprise telle qu'Elica. Une vision exprimée par Giulio Cocci pour qui « la durabilité d'une entreprise ne s'exprime pas simplement économiquement. C'est un système global qui commence par le management de l'entreprise et se termine par l'utilisation du produit et son futur. » Mais pour le directeur de la marque, cela implique également des choix induits par des facteurs extérieurs. « Toutes nos plaques fonctionnent à l'induction car l'électricité va prendre très rapidement la place du gaz à l'échelle mondiale. En nous situant dans ce segment, nous contribuons d'une certaine manière à l'avenir. » Une vision entrepreneuriale et sociétale à laquelle le designer apporte une vision plus matérielle. « Le plus écologique, c'est le produit que vous n'aurez pas envie de changer. Si vous créez un objet qui suit la mode, ce ne sera pas bon car les consommateurs ne le garderont pas à vie. Je pense qu'un produit qui utilise du plastique recyclé, de la peinture à faible impact environnemental, c'est bien, mais un produit avec un bon design et de bonne qualité sera meilleur. C'est simple, un t-shirt que vous gardez 50 ans sera plus favorable que 100 tee-shirts avec des fibres écologiques, et si vous voulez changer votre voiture pour une autre qui vous plaît plus, c'est que le design de la première est raté. » C'est dans cette optique que le designer qui a appris dans sa scolarité à « rester loin des codes de la mode », a proposé dès 2009 un modèle de hotte tactile toujours dans l'air du temps. « Cette création a 14 ans et pourtant on dirait la dernière sortie avec ses modules d'aspiration qui sortent de la paroi. C'est donc un bon design qui s'explique par des lignes n'appartenant pas à une époque et une absence de couleurs. » Une conception du design visuellement sobre mais très technologique qui permet à ce modèle comme aux autres, de s'inscrire dans tous les intérieurs et dans toutes les époques.

Le modèle Haiku island, est l'un des systèmes d'aspiration les plus grands proposé par la marque ©Elica

Une perspective d'innovation malgré le contexte

« Aujourd'hui, l'entreprise réalise 25 % de son chiffre d'affaires grâce aux moteurs et autres composants stratégiques que nous produisons en interne puis vendons à des marques comme Electrolux » détaille Giulio Cocci. « Le reste ce sont des hottes d'aspiration ou des tables de cuisson comme les NikolaTesla. » Une part majoritaire au sein de laquelle 40% est vendu en B2B et 60% en B2C. Une part cependant en souffrance du fait de l'inflation. « Les clients n'ont pas vraiment la tête à dépenser en ne sachant pas de quoi demain sera fait. Or, notre challenge est bien de conserver nos marges pour investir dans l'innovation. » Un champ qui, par-delà les collines de l'Est italien, fait la réputation de cette marque qui brasse de l'air dans bien des cuisines !

Avec Illusion ambiente, Elica propose une hotte qui se dissimule dans l'architecture intérieure ©Elica
Rédigé par 
Tom Dufreix

Vous aimerez aussi

Temps de lecture
9/7/2025
À la CFOC, six décennies d'exploration

Créée par François Dautresme en 1965, la Compagnie Française de l'Orient et de la Chine (CFOC) fête ses 60 ans. À cette occasion, Valérie Mayéko Le Héno, architecte DPLG et directrice artistique depuis 2016, évoque les évolutions de cette société indissociable des savoir-faire asiatiques.

Voyageur passionné et aventurier en quête de nouveautés, François Dautresme a fondé la CFOC en 1965. Quelle place occupe aujourd'hui son héritage dans l'identité de la marque ?

En tant que directrice artistique de la marque depuis 2016, je crois pouvoir dire que la manière dont nous travaillons est assez proche du concept de départ puisque nous continuons de voyager beaucoup à travers l'Asie. C'est important de garder un pied dans cette zone, où se trouve une douzaine de pays avec lesquels nous collaborons, mais aussi au-delà – en Italie pour l'édition textile, au Maroc pour les éponges et la broderie, au Portugal pour le travail de l'acier et des couverts, et au Mexique pour la fibre de palme -, car ce que nous cherchons, c'est avant tout un savoir-faire particulier ou de nouvelles techniques. Nous partageons de fait la passion de l'artisanat, mais aussi le plaisir de trouver des ateliers familiaux, des petites structures. Cette notion est très importante pour nous, car depuis 1965, l'idée est de valoriser des produits manufacturés. À travers ça, l'héritage principal est sans doute celui d'être du contact.

Tapis Ombrelle Sépia ©CFOC

La place du geste est donc véritablement importante au sein de la CFOC, mais comment concilier les savoir-faire anciens et asiatiques avec les besoins des consommateurs européens ?

Il y a longtemps eu un gap entre nos deux régions. Il y a encore une quinzaine d'années, les arts de la table en Chine se limitaient majoritairement à des bols et à des baguettes tandis qu'il était coutume de s'asseoir proche du sol en Asie alors nous avions tendance à nous asseoir de plus en plus haut en Europe. Il a donc fallu adapter tout cela à nos usages. Dès les années 90, à l'époque où la CFOC proposait principalement du mobilier chiné, souvent aux Puces de Pékin, François Dautresme a commencé à dessiner des éléments destinés au marché français. Un premier pas que nous avons complètement généralisé en 2011-2012, en insufflant à la compagnie alors en perte de vitesse, une nouvelle vision davantage adaptée à nos modes de vie, aux usages.

Collection Lotus ©CFOC

Et comment cela se traduit-il en termes de création ?

Nous avons voulu faciliter l'échange de regard entre l'Europe et l'Asie. Un bureau de style est ainsi né à Paris. Nous y travaillons à deux pour ce qui est de la conception design, plus une troisième personne chargée de la production. Celle-ci est principalement basée en Asie, car nous n'avons pas d'intermédiaire, et c'est elle qui nous permet de développer des produits sur le long terme – généralement entre 4 et 10 mois – et d'entretenir des relations pérennes avec les ateliers pour ne pas être sur du one-shot. Pour la majorité d'entre eux, notre collaboration oscille entre 8 et 10 ans, et c'est ce qui nous permet de pousser les savoir-faire et développer de nouveaux produits.

Table basse ultra noir en chêne teinté ©CFOC

L'une des richesses de la CFOC, c'est également l'étendue des matériaux travaillés. Comment les réinvente-t-on pour ne pas tourner en rond au bout de 60 ans ?

En fait, la question est surtout technique. Ce sont généralement des déclinaisons. Par exemple pour la laque, dans les années 50 à 70, on ne trouvait que des couleurs naturelles. Progressivement, on a évolué vers des colorants alimentaires pour diversifier les teintes, sans pour autant perdre le savoir-faire ancestral à base de sève de laquier. Cette année, nous proposons par exemple deux nouvelles couleurs, le bleu ??? et le jaune ??? que nous avons travaillé avec notre coloriste basé dans un village près de Hanoï, au Vietnam. Pour ce qui est du tissu, la CFOC évolue notamment en passant de fibres naturelles à des fibres textiles pour répondre à des besoins spécifiques. C'est le cas de notre tapis tressé Kilim (une technique indienne) où le jute est remplacé par de la laine.

Lampe de chevet Naméko en porcelaine et laiton et courtepointe Samarcande en velours de soie et lin ©CFOC

De manière plus précise, comment avez-vous pensé la collection anniversaire ?

Elle a été guidée par une démarche en quelque sorte historique. J'ai réuni les origines de la CFOC en me replongeant dans de vieux articles de presse, des archives photographiques des anciennes boutiques et leurs vitrines aux scénographies imaginées par François Dautresme, mais aussi des produits dans les catalogues de vente. Bref, je me suis immergé dans la riche histoire de la société et j'ai confronté le passé et le présent. C'est ça qui m'a amené à développer la forme des ombrelles pour nos tapis, le concept de naturalité, le travail du pojagi – une méthode de couture que l'on peut rapprocher du patchwork -, le velours de soie que l'on retrouve sur les contrepointes Samarcande travaillées avec du lin par des artisanes brodeuses, sans oublier la réédition d'objets dans le rouge CFOC. Tous ces axes nous ont permis de créer des pièces en série limitées ou numérotées.

Tabourets signature en coloris bleu jun, verveine et blanc ©CFOC

Sur le plan commercial, la CFOC s'est progressivement ouverte au B2B. Qu'est-ce que cela a changé dans votre approche et quels sont les prochains défis à venir ?

Effectivement ! Depuis plusieurs années, nous développons le B2B pour proposer nos services des chefs ou des établissements hôteliers. C'est une autre manière de voir les choses. L'un de nos projets significatif est certainement la réalisation de pièces sur mesure pour l'hôtel SO/ Paris réalisé par le cabinet RDAI et livré en 2022. Parallèlement à ces nouveaux marchés, nous souhaitons également développer notre notoriété et étendre notre réseau aujourd’hui composé de trois boutiques sur Paris et de revendeurs en région. Nous réfléchissons donc à ouvrir un nouveau showroom ou des pop-ups store dans des zones balnéaires.

Plateau haut Étamine ©CFOC
Temps de lecture
3/7/2025
Intramuros #224 : Sun

Plein Soleil

Quand le soleil dicte les formes, les usages et les idées, le design s’adapte, invente, rayonne. Ce nouveau numéro d’« Intramuros » s’ancre dans le Sud, là où l’extérieur devient une pièce à vivre, un terrain d’expérimentation pour les designers, un laboratoire de matière, de lumière et d’énergie. À Marseille, ville-monde, une scène créative s’affirme. Axel Chay, Emmanuelle Roule, Juliette Rougier, Aurel design urbain : tous dessinent un design solaire, sensoriel, entre artisanat, architecture et innovation. Une approche libre, ambitieuse, toujours connectée à la matière, au contexte et même à la mode, à l’image de Marianne Cat qui chine les talents depuis quatre décennies. Ora-ïto, designer touche-à-tout et enfant du pays, nous livre ses adresses marseillaises, entre lieux cultes et concepts audacieux.

Dans ces pages baignées de lumière, le mobilier d’extérieur ne se contente plus d’habiller une terrasse. Il devient mobile, intelligent, durable – parfois même autonome. Comme un miroir de nos modes de vie en mutation, il s’inscrit dans un écosystème plus large, où design, écologie et technologie avancent main dans la main, à l’image des innovations techniques permises par la préhension d’une énergie omniprésente. SUN, c’est donc plus qu’un thème estival. C’est une invitation à penser un design conscient, ancré dans les usages et ouvert sur le monde. Un design qui compose avec le climat pour mieux en révéler la beauté.

Sommaire

Design 360

Design Story

Atelier Baptiste & Jaïna : Entre matière, temps et imaginaire

Julien Renault, aventurier du design

Fumie Shibata : L’art du design silencieux

Studio 5.5, Designer à dessein

Teun Zwets : Éloge de la matière trouvée

Morrama design, objets intuitifs

Maria Jeglinska : Entre dessin, espace et usage

Gaspard Fleury-Dugy : Nouvelle pensée textile

R100, ou la révolution circulaire d’Hydro

13Desserts, design gourmand

Coperni : Esprit visionnaire

Tristan Auer Car Tailoring : Automobile (très) particulière

Sun

Sélection outdoor, à ciel ouvert

Marseille

Ïto trip

Axel Chay, designer pop’ulaire

Marianne Cat : Éternelle pionnière

Aurel design urbain : Marseille-Paris, transferts à succès

Juliette Rougier : Guidée par l’émotion

Emmanuelle Roule, la terre comme manifeste

L’Ingénieur Chevallier : Une oeuvre d’art sur le bout du nez

Soleil vertueux

Experimenta

Laboratoire des pratiques durables : de sources sûres

Roger Pradier : l’éclairage haut de gamme au service de la transition écologique

In the Air

Who’s Next Home : Cinq questions à Frédéric Maus, et Matthieu Pinet

Biennale de Saint-Étienne, une édition tournée vers demain

News

Demain, les designers : entre pouvoir et influence ?

Osaka 2025, l’hymne à l’amour de la France au Japon

Agenda

Retrouvez ce numéro en kiosque mais aussi directement sur notre boutique en ligne.

Temps de lecture
2/7/2025
Les six projets de Muller van Severen dévoilés à 3daysofdesign

À l'occasion des 3daysofdesign à Copenhague, le duo belge Muller van Severen a présenté six nouvelles collections. Retour sur ces projets en résonance avec l'esthétique du studio.

Fondé au printemps 2011 par les Belges Fien Muller et Hannes van Severen, le studio éponyme était cette année présent dans la capitale danoise à l'occasion des 3daysofdesign. Fort de quatre collaborations avec les marques BD Barcelona, valerie_objects, Hay et Blēo, les deux créateurs ont dévoilé six collections. Un corpus de projets diversifiés destinés majoritairement à l'intérieur, mais unis par le goût du studio pour la couleur et la simplicité des lignes.

BD Barcelona x OFFICE KGDVS : une première collection en bois

Imaginée pour BD Barcelona et réalisée en collaboration avec OFFICE Kersten Geers David Van Severe, Rasters est une collection d'armoires et de paravents modulaires. Initialement imaginé en métal, sur une grille industrielle pouvant servir de base structurelle, le rangement a été décliné par le studio dans une version plus naturelle. Conservant la trame centrale dans l'esthétique du projet, les designers ont travaillé des panneaux de MDF plaqués en hêtre. Une première dans l'histoire du studio qui n'avait jusqu'alors jamais laissé l'aspect naturel du bois sur ses objets. Assortis de panneaux colorés en acier thermolaqué. Les meubles peuvent être assemblés entre eux grâce à la présence de connecteurs en polyamide noir moulés par injection. De quoi créer de vastes ensembles et exploiter la diversité chromatique des étagères et des portes.

Collection Rasters de Muller van Severen et chaises de Sabine Marcelis ©Nacho Alegre

HAY : une énième aventure

Avec déjà douze collaborations à leur actif, le studio belge et la marque danoise se réunissent une nouvelle fois et dévoilent The Perforated Cabinet. Jouant sur la linéarité des modules et la trame resserrée en acier thermolaquée perforé, cette collection joue sur la transparence du rangement. Également semie-transparente sur le dessus, chaque pièce évoque une boite secrète suscitant la curiosité. Disponible en version murale ou sur pied et en plusieurs tailles et coloris, le meuble convoque l'esprit industriel avec l'approche contemporaine et colorée de la marque.

The Perforated Cabinet par Muller van Severen ©HAY

valerie_objects : réinventer l'existant

C'est une sorte de retour aux sources que le duo de designers opère en collaborant avec valerie_objects. Alors que les designers belges ont été parmi les premiers à travailler avec la marque, les voici de retour pour le dixième anniversaire de celle-ci. L'occasion pour eux de rééditer et de réinventer quelques-unes de leurs créations les plus connues. Parmi elles, la réédition des Hanging lamp sorties il y a une quinzaine d'années, et l'arrivée de la Standing lamp marble, un nouveau modèle au design tout aussi filaire posé sur un socle en marbre. Côté assises, le studio réédite également deux modèles existants, Rocking chair et Solo seat, dans deux versions extérieures. Quant à la Alu chair sortie en 2015 pour le pavillon du Bahreïn d’Anne Holtrop à l’Expo mondiale de Milan, elle est cette fois-ci déclinée dans une version tabouret sous le nom d'Alu stool. Un nouveau modèle inscrit dans la lignée de sa grande sœur, et développé en collaboration avec le Bjarke Ingels Group (BIG) pour le lounge bar du siège du studio.

Deux modèles alu chair complétés d'un nouveau alu stool par Muller van Severen ©Elias Derboven

Blēo : une mosaïque de couleurs

Comme un petit pas de côté par rapport à l'univers du meuble, Fien Muller et Hannes Van Severen  ont collaboré avec la marque Blēo, pour l'élaboration d'une gamme de carreaux. Une première approche de la céramique pour la marque habituellement spécialisée dans la peinture. Connus pour leur usage expressif de la couleur, les créateurs belges ont imaginé une palette de 12 couleurs. Réalisé à la main à Fès au Maroc, chaque élément est recouvert d’un émail brillant attirant le regard à l'image des pièces du studio constamment ponctué de couleurs.

Les carreaux couleurs pastels de Muller van Severen ©Blēo
Temps de lecture
30/6/2025
Avec TA.TAMU, Patrick Jouin fait plier les contraintes

Le studio de design Patrick Jouin iD présente TA.TAMU, une chaise pliable imprimée en un seul bloc. Un défi rendu possible grâce à la collaboration de Dassault Systèmes.

Monobloc et pliable. Radicalement opposées sur le plan structurel, ces deux notions ont pourtant été réunies par le Studio Patrick Jouin iD. Avec son allure squelettique inspirée du corps humain, et ses 3,9 kg, la chaise TA.TAMU a été développée conjointement avec les équipes design de Dassault Systèmes, dirigées par Anne Asensio. Fruit d'un dialogue prospectif entre la créativité humaine et la technologie, l'assise s'inscrit dans la lignée de la famille de meubles Solid, dévoilée en 2004. Une période au cours de laquelle le designer s'intéresse aux logiciels de CAO permettant de concevoir des pièces nouvelles, en rupture avec les techniques industrielles traditionnelles. Une aventure poursuivie en 2010 avec la création du banc Monolithique pour le Palais de Tokyo et imaginé avec le professeur Jacques Marescaux (spécialiste de la chirurgie mini-invasive). Cette période marque les premiers pas du designer dans l'univers du biomimétisme, rapidement assorti du mouvement avec la création de la lampe Bloom et du tabouret One Shot, deux nouveaux paradigmes marquant une nouvelle piste de réflexion pour le designer. Mais c'est véritablement en 2018 et avec l'aide d'Anne Asensio rencontrée au début des années 2000, que le projet se concrétise. Réunis par la passion commune du design et la quête d'optimisation, les deux concepteurs exposent TAMU - qui signifie pliage en japonais - en 2019 à l'occasion du salon de Milan. Une réalisation alors davantage manifeste que réellement fonctionnelle en raison d'un maillage imprimé trop fin et de fait trop fragile. C'est donc après six nouvelles années d'exploration menées sans trahir l'idée de départ, que la version TA.TAMU, comprenez l'art du pliage, a vu le jour.

La chaise TAMU présentée à Milan en 2019 et son tissage numérique extrèmement fin ©Thomas Duval

Une impression laser au cœur de l'énigme

Forte de sa genèse, TA.TAMU demeure avant tout un meuble guidé par deux grands enjeux. D'une part, le besoin d'une assise légère et mobile mais fonctionnelle et d'autre part, le défi d'une pièce imprimable en une fois, sans assemblage. Pour ce faire, le studio a réalisé la chaise en polyamide selon un procédé de frittage de poudre. Une technologie qui consiste à solidifier uniquement certaines parties d'un bloc de poudre grâce à des lasers, permettant l'assemblage d'articulations en une seule pièce. Un choix qui a imposé au studio la réalisation de nombreux prototypes afin de concevoir 33 articulations à la fois facilement pliables mais également résistantes sous le poids d'un corps.

À la fin du processus d'impression, la pièce est extraite du reste de la poudre non solidifiée, puis nettoyée ©Patrick Jouin iD

C'est donc en 2020 que l'aspect définitif de l'armature monobloc composée de 23 pièces a été définie, permettant aux ingénieurs et aux designers de réaliser les surfaces de contact. D'abord imaginée en tension grâce à des câbles, puis en textile technique, l'assise se rapproche finalement de l’armature biomimétique du banc Monolithique développé une quinzaine d'années auparavant. Un positionnement qui donne naissance à une première chaise en mars 2025. Toujours trop fragile, elle est de nouveau analysée par de nombreux logiciels qui repèrent les manques du module et donnent naissance à une seconde version trois semaines plus tard. Le squelette est alors épaissi et certains segments sont ajoutés offrant une version optimisée (photos ci-dessous) et aujourd’hui disponible, comme un clin d'œil ultra-contemporain aux pliages japonais si connus. Si le modèle n'existe qu'en blanc, le studio explore désormais la piste d'une version entièrement réalisée en métal.

Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir chaque semaine l’actualité du design.