Jean-Baptiste Auvray et Sherpa, collaboration 100% locale
Boutique Sherpa à Tignes, Design : Jean-Baptiste Auvray

Jean-Baptiste Auvray et Sherpa, collaboration 100% locale

Jean-Baptiste Auvray vient de livrer à Tignes la première boutique de la chaîne de distribution Sherpa. Ceux qui fréquentent la montagne, qui y vivent ou qui vont y pratiquer les sports d’hiver ne peuvent ignorer les boutiques où l’on passe épuisés en fin de journée pour prendre qui la bière, qui le pain, qui la soupe ou le chocolat. C’est un point de service essentiel et les propriétaires des boutiques sont fiers de faire partie de cette enseigne coopérative créée en 1988.


Jean-Baptiste Auvray a refait le concept de boutique – l’identité visuelle de toute la marque à partir de deux boutiques témoins Sherpa rénovées, sur un ancien concept actualisé qui se développera sur les 120 boutiques en France dans les Alpes, le Jura et les Pyrénées. Première boutique sans plastique, toute en bois de mélèze, en linoleum (Forbo) et acier galvanisé, elle déploie 400 m2 à Tignes et suit les principes énoncés dans les 180 pages du guideline, le bookconcept.

« Je pars des contraintes avant de dessiner et j’utilise mon réseau d’artisans pour concevoir en fonction de leurs savoir-faire. La tête de gondole est toute simple, vert foncé … J’ai besoin d’éléments, de contraintes, pour transformer le projet. La contrainte de Sherpa, c’est l’usure de la boutique et l’humidité. Les gens rentrent en chaussures de ski et les propriétaires doivent gérer avant tout des problèmes d’usure énormes pour une fréquentation de touristes. À Tignes, qui compte 30000 lits, seul le Sherpa Val Claret tient son rôle de coopérative associé avec Casino pour l’approvisionnement. Chaque adhérent est propriétaire de sa boutique. Sherpa existe depuis 1988. L’ancien concept a douze ans. Il fallait le renouveler pour les 10 années à venir. Le siège est à Aix-les-Bains, à côté de Chambéry. »

Boutique Sherpa à Tignes, archi d'intérieur : Jean-Baptiste Auvray

« Le principe de l’aménagement avec des matériaux locaux a été choisi mais chaque propriétaire de boutique a le choix de refaire ou non son espace et le concept doit donner envie. La problématique est différente d’avec un grand groupe où il est imposé. On a joué sur des sols qui sont dans un gris pas trop différent de l’ancien concept, en grès cérame, un peu gravillon, pas tout à fait Terrazzo. L’acier galvanisé, le code de la montagne y est intégré pour rester local. Tous les hauts de coupe sont en corde d’escalade jaune et en bois. Les gondoles sont gris foncé ou vert sapin dans un contraste intéressant. »

Boutique Sherpa à Tignes, archi d'intérieur : Jean-Baptiste Auvray
Boutique Sherpa à Tignes, archi d'intérieur : Jean-Baptiste Auvray

Le défi de la saisonnalité

L’autre défi était la saisonnalité. « Ils font 60% de leur chiffre d’affaire sur deux mois. La boutique est très achalandée durant les fortes périodes d’affluence et peu durant les saisons creuses. Il faut pourtant donner l’impression que la boutique est toujours remplie et offrir la possibilité de changer le présentoir en ajoutant ou en supprimant une étagère. » Un concept de luge présentoir en bois propose quatre paniers destinés aux viennoiseries et aux pains. Tout le plastique a été retiré. Pour le logo, les lettres Sherpa sur fond d’architecture suffisent à signaler l’entrée, les maires des stations revenant aux couleurs d’origine. Les caddies et paniers en plastiques ont été remplacés par des modèles en métal. La luge panier s’inscrit comme objet de communication, véritable objet de design identifiable grâce à son patin. En façade et en boutique, elle exprime le service, la montagne, la disponibilité. La typo est faite sur mesure, c’est du Sang bleu, réinterprétée au cas par cas par Patrick Parquet.

Boutique Sherpa à Tignes, archi d'intérieur : Jean-Baptiste Auvray

Visibilité aux entrants

Le challenge était de mettre une disposition maraîchère pour faire un étal de marché. En montagne, à 16h, il fait nuit, la transparence de la boutique est essentielle. Un aplat leds fait la luminosité. Aux Arcs 1800 ils refont tous les immeubles en bleu roi. « La boutique donne sur une grande place et l’on joue sur l’échelle des légumes pour qu’on les voit plein cadre. Sur les gondoles, des étiquettes électroniques se clipsent grâce au travail d’un menuisier de Chambéry, du local à 100%. On a voulu une boutique assez gigogne avec des gondoles où rien n’est aligné. Mais ça donne un coté bazar, un côté vivant pour ceux qui restent une semaine. » A l’arrière, ils ont des étagères gondoles hautes, classiques et rassurantes pour le client qui se retrouve parfaitement dans l’aménagement d’une enseigne alimentaire. Tous les services sont en partie basse près des caisses en dessous de 1,40m… zone de recharge, cartes, téléphone… juste après la dépose des skis. Une visibilité réservée aux entrants.

Rédigé par 
Bénédicte Duhalde

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15/9/2025
Jean-Baptiste Fastrez signe une collection avec Monoprix

Monoprix dévoile sa collection annuelle réalisée en partenariat avec la villa Noailles et un designer. Cette année, la marque s’est associée à Jean-Baptiste Fastrez pour la réalisation d’une collection chromée aux reflets futuristes.

Lauréat du Grand Prix du jury de la Design Parade Hyères en 2011, le designer Jean-Baptiste Fastrez s’est associé à cette institution et Monoprix. Une collaboration pour laquelle le créateur également scénographe a imaginé un ensemble de quinze petits objets décoratifs allant du bougeoir au tabouret en passant par le miroir. Focus sur l’esprit de cette collection en vente à partir du 16 septembre.

Bougeoirs © Jean-Baptiste Fastrez

Pourquoi avoir accepté cette collaboration avec Monoprix ?

Monoprix est pour moi l’une des dernières entreprises grand public à valoriser le travail des designers indépendants, car la plupart des marques ont aujourd’hui des bureaux de création intégrés. Et puis, travailler avec Monoprix, c’est également concevoir des objets pour tous, pas seulement pour une certaine partie de la population ou un petit nombre d’institutions et ça, c'était très stimulant ! D’autant qu’il y a avec Monoprix un côté très statutaire. On rentre presque dans une dimension patrimoniale, notamment en écho à Prisunic.

Votre travail de designer est souvent basé sur un jeu de contrastes qui interroge l’objet. Est-ce que cela a aussi été le cas dans cette collection ?

Oui, bien sûr, mais davantage sur la phase d’imagination. Je me suis beaucoup inspiré de l’architecture des villes utopiques, que ce soit The line, l’immense projet controversé dans le désert saoudien avec des formes post-modernes, ou le cinéma de science-fiction évidemment. Je pense à des films comme “2001, L’Odyssée de l’espace” de Stanley Kubrick ou encore “Interstellar” de Christopher Nolan et le robot chromé que l’on y voit. De manière générale, ce sont surtout les objets liés au futur. Mais ce qui est amusant, c’est que l’on peut aussi y voir une certaine résonance avec la vieille vaisselle un peu Art déco, à la Puiforcat, que l’on peut retrouver chez nos grands-parents. La notion de confrontation se trouve surtout dans les époques et dans les styles.

Tabouret ©Jean-Baptiste Fastrez

Sans surprise, cette nouvelle collection est encore extrêmement visuelle de par son matériau. Pourtant, elle semble encore très différente de vos autres créations ? 

Souvent, Monoprix demande aux créateurs de refaire ce qu’ils font habituellement, mais sous le branding de la marque. Je n’avais pas du tout envie de refaire les formes très rondes que l’on m’associe, à l’image du miroir mural Zodiac que j’ai fait pour Moustache en 2021. J’ai donc dû travailler un nouveau visuel. Le temps de développement étant trop court pour faire du verre, j’ai travaillé l’acier. Comme nous sommes globalement tous attirés par ce qui brille, j’ai d’abord réalisé des prototypes avec des vernis de couleurs. C’était une manière de donner un côté silverware à mes pièces. Mais rapidement, on m’a proposé d’utiliser des bains de chrome coloré. C’était quelque chose que je n’avais jamais essayé et j’ai beaucoup aimé le résultat. Des pièces ultra réfléchissantes, qu’on n'a pas l’habitude de voir, un peu comme des miroirs violet, jaune, bleu ou simplement argentés.

Le shooting de la collection est lui aussi assez surprenant. Pouvez-vous nous en dire plus ?

D’habitude, les shootings ont souvent lieu dans des maisons idéales, au bord d’une piscine etc… Nous avons réalisé le nôtre dans le désert des Bardenas dans le nord de l’Espagne. Je me suis dit que changer le cadre changeait la place des objets. C’était donc une manière de rendre la collection plus abstraite. Le désert fonctionnait bien car il faisait écho à mes inspirations, à la vie sur Mars et aux robots d’exploration. C’est d’ailleurs dans cette optique là que les photos ont été réalisées au ras du sol, comme pour donner l’impression qu’il s’agit d’édifices extraterrestres. Et puis cette esthétique chromée en plein milieu d’une zone aride, crée un contraste qui renvoie beaucoup à une vision futuriste selon moi. Ça renforce l’aspect organique et à la fois synthétique des formes qui font l’identité de la collection.

Miroir avec découpe ©Jean-Baptiste Fastrez
Temps de lecture
11/9/2025
Riva, la nouvelle famille sportive de Graff

La marque de robinetterie de luxe Graff a lancé en début d’année Riva. Une collection composée de trois modèles librement inspirés des univers du yachting et de l’automobile, comme un écho à l’histoire de la marque.

Et au milieu coule une rivière… ou plutôt le savoir-faire de Graff. Si le parc national de Babia Góra, situé à Jordanów, en Pologne, aurait pu servir de cadre au film sorti en 1992, il abrite depuis 2002 le principal site de production mondiale (hors Etats-Unis) de la marque. Un complexe de 20 000 mètres carrés ou la robinetterie de luxe et la précision des machines côtoient encore aujourd’hui les savoir-faire artisanaux d’autrefois. C’est fort de cet atout que la marque présente cette année la collection Riva inspirée par le yachting et l’automobile de luxe. Un univers avec lequel Graff, née aux Etats-Unis dans le Wisconsin dans les années 70, a quelque temps collaboré en tant que sous-traitant pour la célèbre marque de motos Harley Davidson. Un héritage américain dont elle conserve un goût prononcé pour l’innovation et la recherche, largement assimilé au goût de l’Art décoratif et du design européen.

Riva Chandelier ©Graff

Des inspirations haut de gamme

Si la collection n’a pas nécessairement été imaginée comme un hommage à son passé, la marque - dont le nom tient évidemment au graphite qui compose ses produits - s’inscrit quant à elle dans un certain art de vivre : the Art of bath. Une appellation qui désigne la précision technique et la personnalisation sur mesure des accessoires de bain au service des sens. C’est dans cette lignée esthétique que trois typologies de robinetterie sont nées sous la collection Riva à partir de mars 2025. Destinées tout autant à l'hôtellerie qu’aux réalisations privées haut de gamme, Riva Chandelier, Riva Scala et Riva Wall Mount s’inspirent librement des lignes de l’automobile et l’accastillage des yachts. Un langage commun sophistiqué et technique. S’appropriant notamment les textures propres à ces univers au travers de finitions diamantées, texturées ou obliques, Graff propose également une personnalisation totale grâce aux 26 finitions époxydes, galvaniques ou PVD disponibles.

Riva Scala ©Graff

Des typologies dans l’air du temps

Imaginée pour s’adapter à chaque typologie de salle de bain, Riva se décline aussi sur le plan technique, que ce soit de manière très prégnante, sous forme de suspension rappelant un lustre pour Riva Chandelier ou une motorisation avec Riva Scala, déclinée, avec Riva Wall mount, dans une version murale. Renforcés par l’intégration de LED, les deux modèles suspendus ont été imaginés pour jouer avec les différents modes, qu’il s’agisse d’une fine pluie ou de jets plus puissants. De quoi placer l’objet au centre de l’attention et s’inscrire en parallèle de la tendance des “wet rooms”, ces pièces épurées faisant la part belle au matériel de bain, de sorte à dégager une atmosphère. Un parti-pris largement adopté par la marque et illustré par ce clin d'œil à deux mondes ultra-techniques.

Riva Wall Mount ©Graff
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10/9/2025
Les racines de Giuseppe Arezzi

Projet après projet, le designer sicilien a su remettre au goût du jour un mobilier plein de bon sens, où l’apparente simplicité cache en réalité un véritable credo.

Voici quelques années que Giuseppe Arezzi trace son parcours discrètement mais sûrement, non sans afficher une certaine singularité. Car le garçon est né à Ragusa, en Sicile, où il a choisi de revenir s’installer, après des études au Politecnico de Milan. Un détail qui n’en est pas un, lorsque l’on se penche sur son travail de plus près, axé autour de la question de la ruralité. Rien à voir avec une quelconque acception rustique, mais plutôt avec l’idée que le territoire, ses racines et ses traditions ont beaucoup à apporter au design, aussi industriel soit-il. Pas étonnant que ses pièces dégagent un certain bon sens dans la conception, depuis son premier valet de chambre, Solista, jusqu’au transat dépliable façon accordéon le Brando créé pour Campeggi.

Transat Brando pour Campeggi, 2024 © Vincenzo Caccia

Un design judicieux

Autant d’exemples d’un design dont l’apparente simplicité cache un véritable credo, à l’image du fauteuil produit en 2021 par sa complice Margherita Ratti de It’s Great Design, Manico, le « manche » : effectivement sa structure pourrait n’être que l’assemblage de plusieurs manches auxquels deux coussins colorés ont été ajoutés pour garantir le confort. Cette économie de moyens judicieuse a d’ailleurs tapé dans l’œil du Vitra Design Museum, qui a voulu ce fauteuil pour sa collection permanente, après qu’un autre projet, le Binomio, a fait son entrée au Cnap, à Paris. Pendant la Design Week de Milan 2025, il présentait à Alcova une nouvelle gamme de miroirs.

Fauteuil Manico pour It's Great Design, 2021 © Natale Leontini
Porte manteau Solista pour by Desine, 2018 © Studio Giunta
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8/9/2025
La collection Oasis de Sanycess transforme la salle de bains en havre de paix

Imaginée par le designer espagnol Jorge Herrera, la collection Oasis de Sanycess repense les codes de la salle de bains en la transformant en un espace de bien-être, guidé par une expérience sensorielle complète.

« Nous voulions intégrer l'essence même de la maison, en utilisant des textures et des matériaux naturels qui nous permettent de nous sentir bien dans cet espace », explique Jorge Herrera. Récompensée d’un iF Design Award et d’un Red Dot Award, la collection Oasis, développée par la marque espagnole de robinetterie Sanycess, bouscule l’image traditionnelle de la salle de bains, trop souvent perçue comme un espace froid et purement fonctionnel, pour en faire un refuge dédié à la déconnexion, au confort et au bien-être.

Une collection complète

Composée de baignoires, lavabos, appuie-tête, tables d'appoint, poufs et porte-serviettes, la gamme Oasis a été pensée dans les moindres détails. Chaque élément contribue à créer une cohérence d’ensemble et à offrir aux utilisateurs une expérience à la fois intime, enveloppante et réconfortante.

Un design en harmonie avec la maison

La collection Oasis cherche ainsi à transformer la salle de bains en un lieu chaleureux et accueillant. Les produits se distinguent autant par leur qualité de conception que par leur fabrication, privilégiant des matériaux naturels et durables tels que le noyer, le chêne, les fibres naturelles ou encore en proposant des textiles personnalisables. « Si les autres pièces de la maison sont enrichies de textures et de matériaux, pourquoi ne pas apporter cette même chaleur à la salle de bains ? », souligne Jorge Herrera. Cette approche élève la salle de bains au-delà de sa fonction utilitaire et confère à la collection Oasis une identité forte et affirmée. Plus largement, la vision de Sanycess, alliée à son expertise dans le domaine de la salle de bains, permet à chaque collection de répondre à des standards de qualité exigeants tout en s’adaptant aux besoins de chaque utilisateur.

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