Prix pour l'Intelligence de la main : les lauréats 2023 !
© Julie Limont pour la Fondation Bettencourt Schueller

Prix pour l'Intelligence de la main : les lauréats 2023 !

Le 3 octobre, au sein d’une salle Wagram une nouvelle fois comble, le prix pour l’Intelligence de la main annonçait les lauréats de sa 24e édition. En présence de la Ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, la Fondation Bettencourt-Schueller dévoilait les 4 lauréats des prix Talents d’Exception, Dialogues et Parcours 2023.

Depuis sa création en 1999 par la Fondation Bettencourt-Schueller, le prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la main récompense des créateurs avec un savoir-faire, innovant dans le domaine des métiers d’art. Devenu à la fois une référence et un label d’excellence, le prix offre, en plus du titre honorifique, un accompagnement financier et une stratégie pour les lauréats primés afin qu’ils puissent approfondir un projet.

Cette année encore, l’excellence et la minutie des projets présentés étaient à la hauteur des prix décernés. Sous la présidence de Laurence Des Cars, les lauréats de cette promotion 2023 sont : Pascal Oudet, le duo composé par Aurélia Leblanc & Lucile Viaud ainsi que l’association Lainamac. Lors de son discours, Rima Abdul-Malak a rappelé l’importance de « célébrer la richesse et la diversité des métiers d’art ». Elle n’a pas manqué de souligner son engagement en faveur des métiers d’art, dont elle a fait une priorité de mandat, en mettant l’accent sur la stratégie en faveur des métiers d’art, mise en place en collaboration avec Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme. Elle soulignait également que l’année 2024 célèbrera les 25 ans du prix, dont les candidatures sont d’ores et déjà ouvertes aux candidats, jusqu’au 11 mars 2024, via ce lien.

Pascal Oudet, lauréat prix « Talents d’exception »

Avec « Laissez entrer le soleil », le tourneur sur bois Pascal Oudet signe une de ses œuvres des plus abouties, mêlant la démarche artistique à un savoir-faire d’exception. Après huit tentatives et trois finales sans prix, le travail minutieux et sans relâche du tourneur sur bois basé en Bourgogne a fini par payer. Son œuvre a nécessité 12h de travail non-stop pour arriver à un tel résultat « si je m’arrête, le bois continue de travailler sans moi, c’est pourquoi je dois l’accompagner jusqu’au bout » expliquait-il au moment de recevoir son prix. Avec cette œuvre, Paul Oudet souhaitait dévoiler l’histoire intime de ce chêne vieux de 70 ans, en mettant en lumière ses cernes qui révèlent les étapes de sa croissance et ses accidents de vie, la qualité de son environnement et les conditions climatiques qui lui ont permis de s’épanouir.

Laissez entrer le soleil © Julie Limont pour la Fondation Bettencourt Schueller
Pascal Oudet, tourneur du bois, lauréat Talents d'Exception du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main 2022 © Julie Limont pour la Fondation Bettencourt Schueller

Avec l’accompagnement apporté par la Fondation, Pascal Oudet aspire à travailler sur un arbre en entier, et non plus seulement des troncs coupés. Pour ce prix, Pascal Oudet obtient une dotation de 50 000 € et bénéficie d’un accompagnement allant jusqu’à 100 000 € pour réaliser un projet de développement.

Aurélia Leblanc & Lucile Viaud, lauréats prix « Dialogues »

Respectivement tisserande et designer, Aurélia Leblanc et Lucile Viaud ont été récompensées par le prix Dialogues pour leur œuvre aussi technique que poétique, « Pêche cristalline ». Destinée à décorer la salle de restaurant du chef Nicolas Conraux, cette pièce témoigne du projet artistique et durable du duo qui a choisi de mettre son savoir-faire en commun, en unissant la recherche et l’artisanat pour créer un tissage inédit, composé à 50 % de verre et 50 % de fibres locales. Avec le verre marin Glaz, fabriqué à partir de coquilles d’ormeaux et de micro-algues, les matériaux sont ensuite mis en fusion, puis travaillés à chaud pour former des baguettes de verre. Une à une, chaque baguette est réchauffée jusqu’à obtenir une « goutte », qui sera étirée à la main puis enroulée sur un tambour mécanique. « Ce n’est pas tant le geste qui est compliqué, c’est l’équilibre entre le verre et le tissu » expliquait notamment Aurélia Leblanc. Aussi inédite que spectaculaire, cette œuvre porte une réelle puissance esthétique mais constitue aussi une prouesse technique qui ouvre de nouveaux champs dans la fabrication et l’application du verre.

Aurélia Leblanc & Lucile Viaud, lauréates Dialogues du du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main 2023 © Julie Limont pour la Fondation Bettencourt Schueller

Avec ce prix, Aurélia Leblanc et Lucile Viaud souhaitent développer des outils de production plus adaptés, notamment un métier dédié exclusivement au tissage de verre. Elles espèrent également pouvoir arriver à un tissage composé à 100 % de verre et se développer sur tout le territoire. Elles obtiennent une dotation de 50 000 € à partager, en plus de l’accompagnement pouvant aller jusqu’à 150 000 € pour le déploiement d’un prototype ou de l’objet afin d’en approfondir l’expérimentation, la recherche et l’innovation.

Association fillière laine française Lainamac, prix « Parcours »

C’est en prenant conscience de la richesse de la laine et de la qualité des sociétés textiles limousines, qu’un groupement d’entreprises et acteurs du territoire décide de fonder l’association Lainamac en 2009. Sa mission : revitaliser la filière, alors en déclin, et lui permettre de retrouver son rayonnement créatif. Aujourd’hui, l’association fédère un réseau de 80 entreprises et dispose, depuis 2012, d’un organisme de formation pour pérenniser et transmettre les savoir-faire de la laine à travers le déploiment d’un cursus très complet (transformation de la laine, teinture naturelle, feutre, maille, filage, tissage, ameublement…), destiné aux entreprises souhaitant développer leur production mais aussi à des personnes en reconversion professionnelle. La structure propose également des ateliers partagés, des moments d’échanges avec des designers et étudiants d’écoles d’art ainsi que des temps de sensibilisation à travers l’organisation de stages pour les jeunes générations et un accueil du grand public.

Association Lainamac, lauréat Parcours du Prix Liliane Bettencourt pour l'Intelligence de la Main 2023 © Julie Limont pour la Fondation Bettencourt Schueller

L’accompagnement de la Fondation permettra à l’association de passer un nouveau cap pour l’ensemble de ses projets, en recrutant notamment un designer pour aider à structurer des offres de services personnalisées à destination des entreprises adhérentes à l’association, en créant une offre de résidence d’artistes au sein de ses ateliers partagés et en continuant de développer le projet « Oh my Laine », lancé lors de la Paris Design Week en 2019, par la multiplication d’événements destinés aux prescripteurs et acteurs clés du marché. Avec ce prix, Lainamac bénéficie de 50 000 € ainsi qu’un accompagnement jusqu’à 100 000 € pour réaliser un projet destiné à faire rayonner l’univers des métiers d’art.

Rédigé par 
Maïa Pois

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18/7/2025
Concours Technogym x Intramuros : les Candidatures sont ouvertes !

En partenariat avec Intramuros, Technogym lance un concours pour imaginer l’avenir du fitness à domicile. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 29 août.

Sous le titre évocateur « La Home Gym du Futur », Technogym — marque reconnue pour ses équipements de fitness haut de gamme - lance un concours inédit. Cette initiative vise à mettre en valeur les talents émergents tout en encourageant des idées novatrices, durables et inclusives. En s’appuyant sur les besoins actuels en matière de pratique sportive et en anticipant les évolutions à venir, les participants sont invités à imaginer leur vision de l’entraînement à domicile de demain.

Un jury XXL pour cette première édition

Pour juger les différentes propositions des candidats au concours, les équipes d’Intramuros et de Technogym pourront compter sur l’expertise de 4 professionnels du secteur :

  • Le designer Patrick Jouin (studio Patrick Jouin iD)
  • Natacha Froger (agence atome associés)
  • L’architecte d’intérieur Ana Moussinet (Ana Moussinet Interiors)
  • L’architecte et designer Jean-Philippe Nuel (studio Jean-Philippe Nuel)

Après une délibération des membres du jury le 2 septembre prochain pour sélectionner les finalistes, les projets retenus seront mis en avant sur les réseaux sociaux et présentés au sein de la boutique Technogym pendant  Paris Design Week du 4 au 13 septembre.


Ce concours est l’opportunité pour les jeunes créateurs de faire valoir leur créativité et de gagner en visibilité. En effet, en plus de voir leur projet exposer pendant Paris Design Week, les finalistes pourront profiter de la communication via les canaux de Technogym, Intramuros, NDA et BED et pourront enrichir leur réseau lors de la remise des prix qui aura lieu le 17 septembre prochain. Le lauréat remportera 4 500 € de produits Technogym et vivra une expérience exclusive au Technogym Village à Cesena, en Émilie-Romagne (Italie), aux côtés du jury.

Une démarche d’inscription simple

Pour participer, les candidats devront proposer un brief complet avec un concept design, des planches graphiques et une note descriptive détaillée. Les dossiers devront être envoyés par email à l’adresse suivante : concourstechnogym@intramuros.fr

Tous les documents essentiels relatifs au concours sont disponible vie CE LIEN.

En cas de besoin et demandes spécifique, les candidats peuvent contacter le Technogym Interior Design Service, via Daniela D’Errico à l’adresse : dderrico@technogym.com ainsi que Yanis Aimetti, yaimetti@technogym.com pour le Technogym Marketing support & infos produit.

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9/7/2025
Spinning Around, la collection en mouvement de Sophia Taillet

Présentée en exclusivité dans la nouvelle boutique du Grand Palais, la collection Spinning Around de Sophia Taillet allie une approche artistique à un savoir-faire industriel méconnu : la technique du repoussage. Une série colorée et dynamique, à l’image de la designer qui aime mêler les disciplines.

À l’occasion de la réouverture du Grand Palais et de l’inauguration de sa boutique, Sophia Taillet a imaginé une collection exclusive, intitulée Spinning Around. Un projet qui s’inscrit dans la continuité de son travail amorcé avec le Spinning Mirror présenté lors de la Paris Design Week en 2024 et le travail de recherche Time Erosion, mené suite à l’obtention de la bourse « Monde Nouveau » en 2023. Un projet pour lequel elle a exploré duré un an les liens entre design et danse, en collaboration avec des artisans, un danseur et un ingénieur du son. « J’ai voulu interroger le rapport au corps à travers la manipulation d’objets encore en phase de réflexion. Une fois façonnés par l’artisan, ces objets passaient entre les mains du danseur, qui leur donnait une fonction. Je trouvais intéressant d’intégrer d’autres regards que celui du designer dans le processus et de les présenter par le biais d’une performance. » Une représentation s’était tenue à la Fondation Pernod Ricard, où danse et objets cohabitaient en parfaite synergie.

Collection Spinning Around

Associer matière et mouvement dans l’espace

Partie de ce projet symbolique et du Spining Mirror — remarqué lors de la Paris Design Week 2024 et de la Collective Fair de Bruxelles —, cette collection offre différentes déclinaisons qui mêlent à la fois la matière et mouvement. Les pièces sont faites en verre et en métal, les deux matériaux de prédilection de la créatrice, et réalisés à la commande, dans une dizaine de d’exemplaires pour le moment. Entre jeux de matière, de lumière et de formes évolutives en fonction de la disposition et l’espace dans lequel se trouve l’objet, Spinning Around est une collection qui n’est finalement jamais figée. « J’ai voulu créer une sorte de liberté visuelle au sein de laquelle le mouvement donne vie à l’objet. Le fait que les objets bougent permet de créer des effets visuels qu’on n’aurait pas s'ils étaient immobiles » Et pour cette collection, Sophia Taillet a choisit de se pencher sur la technique du repoussage, un savoir faire dont on parle peu mais qui n’en est pas moins intéressante à explorer. « C’est une technique qui n’est pas forcement médiatisée et je trouvais intéressant de la travailler, d’autant qu’avec mon expérience du verre, je ressens un devoir de transmission des savoir et des techniques. »

Collection Spinning Around

Un rendez-vous donné à la rentrée

En septembre, à l’occasion de la Paris Design Week du 4 au 13 septembre et des Journées du Patrimoine les 20 et 21 septembre, Sophia Taillet investira la cour du musée de la Chasse avec une installation cinétique en plein air, pensée comme une « danse silencieuse ». Neuf pièces de Spinning Mirror seront présentées en dialogue avec l’architecture du lieu. Une performance dansée viendra également accompagner l’installation.

Spinning Mirror
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10/7/2025
Drift chair ou la justesse des lignes

Le studio BrichetZiegler et Théorème Éditions se sont associés pour créer la Drift chair. Une chaise très graphique portée par des lignes fines au service de l'équilibre.

Comme pour chacune de leurs collaborations, David et Jérôme, les fondateurs de Théorème Éditions, dont la galerie eponyme est située sous les arcades du Palais Royal, se sont tournés vers un studio avec une demande : créer un objet sculptural, architectural et monolithique. Un triptyque dans l'air du temps que le studio BrichetZiegler, convié pour l'occasion, a naturellement retranscrit sur une chaise. Une pièce que le duo de créateurs affectionne particulièrement en raison de son échelle. « Une chaise est une surface parfaite car sa dimension permet de s’exprimer de façon sculpturale et plastique tout en abordant les aspects techniques d’un objet qui soutient le corps. » Un terrain de jeu idéal donc, autour duquel les designers ont imaginé une pièce « fonctionnelle et confortable pour dîner, portée par un dessin et une présence visuelle forte. »

Drift chair by Brichet Ziegler for Theoreme Éditions @Stéphane Ruchaud

Un jeu d'équilibre

Développée en à peine un an et demi avec le savoir-faire d'un menuisier installé à Pantin, la Drift chair – que nous pourrions interpréter par « chaise qui plane » - tire son nom de son assise en porte-à-faux. Supportée par deux planches latérales en guise de pieds, l'assise joue sur l'alternance des pleins et des vides pour offrir, de côté, tout le poids visuel de sa structure, et de face une certaine frugalité structurelle. Deux sensations renforcées par l'utilisation de courbes au niveau des zones de contact pour des questions de confort, mais aussi dans les angles. Une manière d'apporter de la fluidité à cet assemblage égayé par une galette aimantée en cuir lisse ou en tissu Kvadrat choisi par la galerie. En dessous, la surface à bois a été ajourée de manière à diminuer le poids de la chaise – déjà de 7,5kg – et solidifier la structure pour éviter qu'elle ne vrille.

Drift chair by Brichet Ziegler for Theoreme Éditions @Stéphane Ruchaud

Proposée en chêne et en noyer, la Drift chair est disponible dans une version cérusée où le veinage naturel du bois devient porteur d'un monochrome très graphique. Une alternative utilisée par Joseph Hoffmann dès les années 30 et désormais réinterprétée avec goût par le studio BrichetZiegler.

Drift chair by Brichet Ziegler for Theoreme Éditions @Stéphane Ruchaud
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9/7/2025
À la CFOC, six décennies d'exploration

Créée par François Dautresme en 1965, la Compagnie Française de l'Orient et de la Chine (CFOC) fête ses 60 ans. À cette occasion, Valérie Mayéko Le Héno, architecte DPLG et directrice artistique depuis 2016, évoque les évolutions de cette société indissociable des savoir-faire asiatiques.

Voyageur passionné et aventurier en quête de nouveautés, François Dautresme a fondé la CFOC en 1965. Quelle place occupe aujourd'hui son héritage dans l'identité de la marque ?

En tant que directrice artistique de la marque depuis 2016, je crois pouvoir dire que la manière dont nous travaillons est assez proche du concept de départ puisque nous continuons de voyager beaucoup à travers l'Asie. C'est important de garder un pied dans cette zone, où se trouve une douzaine de pays avec lesquels nous collaborons, mais aussi au-delà – en Italie pour l'édition textile, au Maroc pour les éponges et la broderie, au Portugal pour le travail de l'acier et des couverts, et au Mexique pour la fibre de palme -, car ce que nous cherchons, c'est avant tout un savoir-faire particulier ou de nouvelles techniques. Nous partageons de fait la passion de l'artisanat, mais aussi le plaisir de trouver des ateliers familiaux, des petites structures. Cette notion est très importante pour nous, car depuis 1965, l'idée est de valoriser des produits manufacturés. À travers ça, l'héritage principal est sans doute celui d'être du contact.

Tapis Ombrelle Sépia ©CFOC

La place du geste est donc véritablement importante au sein de la CFOC, mais comment concilier les savoir-faire anciens et asiatiques avec les besoins des consommateurs européens ?

Il y a longtemps eu un gap entre nos deux régions. Il y a encore une quinzaine d'années, les arts de la table en Chine se limitaient majoritairement à des bols et à des baguettes tandis qu'il était coutume de s'asseoir proche du sol en Asie alors nous avions tendance à nous asseoir de plus en plus haut en Europe. Il a donc fallu adapter tout cela à nos usages. Dès les années 90, à l'époque où la CFOC proposait principalement du mobilier chiné, souvent aux Puces de Pékin, François Dautresme a commencé à dessiner des éléments destinés au marché français. Un premier pas que nous avons complètement généralisé en 2011-2012, en insufflant à la compagnie alors en perte de vitesse, une nouvelle vision davantage adaptée à nos modes de vie, aux usages.

Collection Lotus ©CFOC

Et comment cela se traduit-il en termes de création ?

Nous avons voulu faciliter l'échange de regard entre l'Europe et l'Asie. Un bureau de style est ainsi né à Paris. Nous y travaillons à deux pour ce qui est de la conception design, plus une troisième personne chargée de la production. Celle-ci est principalement basée en Asie, car nous n'avons pas d'intermédiaire, et c'est elle qui nous permet de développer des produits sur le long terme – généralement entre 4 et 10 mois – et d'entretenir des relations pérennes avec les ateliers pour ne pas être sur du one-shot. Pour la majorité d'entre eux, notre collaboration oscille entre 8 et 10 ans, et c'est ce qui nous permet de pousser les savoir-faire et développer de nouveaux produits.

Table basse ultra noir en chêne teinté ©CFOC

L'une des richesses de la CFOC, c'est également l'étendue des matériaux travaillés. Comment les réinvente-t-on pour ne pas tourner en rond au bout de 60 ans ?

En fait, la question est surtout technique. Ce sont généralement des déclinaisons. Par exemple pour la laque, dans les années 50 à 70, on ne trouvait que des couleurs naturelles. Progressivement, on a évolué vers des colorants alimentaires pour diversifier les teintes, sans pour autant perdre le savoir-faire ancestral à base de sève de laquier. Cette année, nous proposons par exemple deux nouvelles couleurs, le bleu jun et l'ambre jun que nous avons travaillé avec notre coloriste basé dans un village près de Hanoï, au Vietnam. Pour ce qui est du tissu, la CFOC évolue notamment en passant de fibres naturelles à des fibres textiles pour répondre à des besoins spécifiques. C'est le cas de notre tapis tressé Kilim (une technique indienne) où le jute est remplacé par de la laine.

Lampe de chevet Naméko en porcelaine et laiton et courtepointe Samarcande en velours de soie et lin ©CFOC

De manière plus précise, comment avez-vous pensé la collection anniversaire ?

Elle a été guidée par une démarche en quelque sorte historique. J'ai réuni les origines de la CFOC en me replongeant dans de vieux articles de presse, des archives photographiques des anciennes boutiques et leurs vitrines aux scénographies imaginées par François Dautresme, mais aussi des produits dans les catalogues de vente. Bref, je me suis immergé dans la riche histoire de la société et j'ai confronté le passé et le présent. C'est ça qui m'a amené à développer la forme des ombrelles pour nos tapis, le concept de naturalité, le travail du pojagi – une méthode de couture que l'on peut rapprocher du patchwork -, le velours de soie que l'on retrouve sur les contrepointes Samarcande travaillées avec du lin par des artisanes brodeuses, sans oublier la réédition d'objets dans le rouge CFOC. Tous ces axes nous ont permis de créer des pièces en série limitées ou numérotées.

Tabourets signature en coloris bleu jun, verveine et blanc ©CFOC

Sur le plan commercial, la CFOC s'est progressivement ouverte au B2B. Qu'est-ce que cela a changé dans votre approche et quels sont les prochains défis à venir ?

Effectivement ! Depuis plusieurs années, nous développons le B2B pour proposer nos services des chefs ou des établissements hôteliers. C'est une autre manière de voir les choses. L'un de nos projets significatif est certainement la réalisation de pièces sur mesure pour l'hôtel SO/ Paris réalisé par le cabinet RDAI et livré en 2022. Parallèlement à ces nouveaux marchés, nous souhaitons également développer notre notoriété et étendre notre réseau aujourd’hui composé de trois boutiques sur Paris et de revendeurs en région. Nous réfléchissons donc à ouvrir un nouveau showroom ou des pop-ups store dans des zones balnéaires.

Plateau haut Étamine ©CFOC
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