Bureau Lacroix : construction d'une success story
Le bar du restaurant le Dandino ©Gaëlle Le Boulicaut

Bureau Lacroix : construction d'une success story

Fondé en 2021, Bureau Lacroix est aujourd'hui à l'origine de plusieurs projets d'architecture intérieure et de conception de mobilier. Une double casquette pour Sophie Lacroix distinguée dès 2017 comme « Nouveau talent du design ».

En sacrant Sophie Lacroix « Nouveau talent du design » à tout juste 21 ans, le jury de la Paris Design Week ne s'était pas trompé. Sept ans et quelques projets plus tard, la créatrice semble en voie de confirmer son expertise tant dans le domaine de l'architecture intérieure que dans celui du mobilier et de l'objet.

À l'origine de cette récompense, un guéridon nommé Iris. Présentée lors de l'exposition des jeunes créateurs, « Now ! Le Off », en 2017, la pièce décrite comme une réflexion sur la fonctionnalité du mobilier et l’économie de la matière, séduit le jury. Une reconnaissance qui entraîne rapidement plusieurs commandes lui permettant – avec l'aide d'une levée de fonds auprès de différents acteurs du monde de l’art et de la finance - de monter une première structure. Diplômé avec les honneurs peu de temps après, en 2019, la conceptrice entame alors une collaboration avec Gilles & Boissier. Une période de deux ans à la suite de laquelle elle lance son agence éponyme : Bureau Lacroix.

Récompensé lors de la Paris Design Week de 2017, le guéridon Iris a été à l'origine d'une collection reconnaissable par son travail du métal ©Sophie Lacroix

Deux projets comme deux pas de côté

Douée d'une double sensibilité tant spatiale que design, Sophie Lacroix renoue rapidement avec l'objet. Laissé de côté pendant quelque temps, la créatrice se recentre sur le projet Iris et fait éclore dès 2021 une collection auto-éditée forte d'une table basse, d'une lampe de table et d'un lampadaire. Réalisé en dentelle d'acier et noyer massif comme le guéridon, ce projet marque le début d'une collaboration sur le long terme avec l'ébéniste Robin Poupard. C’est effectivement en 2022 que se concrétise un autre projet d'envergure : repenser la table du petit-déjeuner du Cinq, le restaurant de l'hôtel Four Seasons George V. Un défi qui donne lieu à un ensemble de présentoirs et de couverts uniques et numérotés, alliant le marbre, le bois et le laiton.

Première collaboration de taille entre l'hôtellerie et Bureau Lacroix, ce service dédié au Four Seasons George V témoigne de la pluridisciplinarité de la créatrice ©Pierre Hajizadeh & Ilya Kagan

L'architecture intérieure, fil rouge d'un parcours

Désormais riche de deux belles collections, Sophie Lacroix se repositionne rapidement sur des projets d’architecture intérieure. Elle qui avait principalement œuvré sur des chantiers résidentiels internationaux, s'offre une année 2023 gastronomique. Deux établissements parisiens ainsi qu'une brasserie à Toulon voient ainsi le jour.

Siena, Dandino, Muguet : un triptyque d'ambiances

Réunis par un souci du détail et une certaine agilité dans le choix de dominantes colorées, chaque projet témoigne d'une expertise dans le domaine du haut de gamme. Les jeux de textures combinés aux cloisonnements et aux choix colorimétriques renforcent une certaine théâtralisation des espaces. Sobre et élégant, chaque établissement parvient néanmoins à trouver sa propre identité. De la Dolce Vitae du lac de Côme évoquée par le Siena, au Dandino rappelant les rives romantiques de la Méditerranée en passant par les grandes heures de match dont peut désormais témoigner le Muguet.

Premier restaurant d'une telle importance - 900m²- à avoir été livré, le Siena est un voyage temporel entre l'Italie de la Renaissance et le Paris moderne. En piochant dans les codes esthétiques des palais des XV et XVIe siècle, la créatrice à décidé de mener un projet entre orientalisme et romantisme. Conçu autour d'une grande pièce principale dont la lumière zénithale souligne les murs terre de Sienne et un décor floral patiné, le restaurant compte également deux salles confidentielles et un jardin d'hiver. À l'étage, un cadre plus intimiste et parisien se dessine autour d'éléments en bronze, de moulures et d'une moquette Pavot, clin d'œil revisité au domicile de Serge Gainsbourg. Un périple transalpin à travers les époques.

Dans la salle principale, une envolée d'oiseaux en bronze signés Créalum'in apporte une touche de liberté à la sophistication de l'espace ©Gaëlle Le Boulicaut

Non loin de l'Italie, sur la french Riviera des 60's aurait pu se trouver le Dandino. Petit écrin photogénique paré de bois vernis, il aurait certainement figuré sur quelques clichés de Slim Aarons. Situé en plein cœur de Saint-Germain-des-Prés, le restaurant fait la part belle aux détails d'un autre temps : assises revêtues d'un passepoil mauve, luminaires en toiles et franges oranges ou encore chaises en fer forgé avec coussins rouges. Un décor flamboyant dont la fresque d'un paysage toscan signé Clément Arnaud, fait office de passeport.

Le camaïeu rouge donne au Dandino un air de bistrot méditerranéen en plein cœur de Paris ©Gaëlle Le Boulicaut ©Gaëlle Le Boulicaut

Baignée de lumière, la brasserie Le Muguet inscrit la gastronomie comme synonyme d'échange et de partage. Établi dans le prolongement du nouveau campus du Rugby Club de Toulon, cet espace de 600m² rassemble la communauté de l'Ovalie. Imaginé pour retranscrire à la fois le contexte méditerranéen toulonnais et l'identité du club, Sophie Lacroix a collaboré avec RBC pour l'ameublement. Des grandes banquettes en cuir viennent ainsi dialoguer avec le béton ciré du sol et la moquette rouge. Ouverte sur l'extérieur par de larges baies, la brasserie propose aussi plusieurs alcôves intimistes. De quoi discuter des stratégies à l'abri des oreilles indiscrètes.

Imaginé pour compléter les infrastructures du club de rugby toulonnais, ce restaurant conjugue grandes ouvertures et intimité grâce à un ensemble de banquettes et d'alcôves ©Pierre Hajizadeh

L'international, terre d'inspiration et de réalisation :

Fidèle aux projets développés jusqu'alors, Sophie Lacroix poursuit dans l'univers de la restauration en ouvrant sur les six premiers mois de l'année, un beach club tourné vers la gastronomie péruvienne en Grèce, et deux nouveaux restaurants dans la capitale. Hasard des choses ou volonté artistique, Manko et Tio, respectivement situés sur la côte méditerranéenne et dans le 8e arrondissement de Paris, mettent en avant la culture latine.

Tourné vers l'eau et la détente, le premier conjugue la culture des Andes et l'architecture d'inspiration inca. En résulte un ensemble architectural d'une grande sobriété intelligemment texturé pour rappeler visuellement cette civilisation outre-atlantique. Rehaussée d'une végétation luxuriante et de multiples jeux de trames, le beach club dégage une forme de magie.

Au Manko, le tressage en fibres naturelles et la réflexion autour des matériaux et de leurs textures participent au raffinement visuel du lieu ©Sylvaine Sansone, The V Scope & Manko Athens

Pour Tio en revanche, la créatrice a pris le parti de constituer un lieu ultra figuratif qui ne laisse aucune place au doute. Les coussins réalisés au crochet présentent des motifs inspirés de la faune et la flore mexicaine tandis que les cactus qui cernent la salle de réception immergent le client dans les montagnes d'Amérique centrale. À noter également les détails en forme de soleil présents dans le travail du bois.

Dans ce petit restaurant à l'allure sud-américaine, le bois rappelé par la couleur du sol et des passepoils permet d'obtenir un rendu graphique exotique ©Pierre Hajizadeh

Deux projets inscrits en opposition radicale avec le Hollywood Savoy situé le long du Palais Brongniart. Quelque part entre le speakeasy et l'esthétique de l'Orient-Express, le lieu est surtout un hommage à la culture des années 30. Cerné de lourdes tentures en velours couleur tabac, le riche décor ou se fond moquette léopard, bar en bronze et verre martelé, offre un nouveau point du vue sur le travail du studio. Une diversité que celui-ci devrait continuer d'explorer avec la livraison prochaine de deux projets résidentiels en plein cœur du Marais.

Situé juste en face de la Bourse, le Hollywood Savoy est une ode visuelle, toute en reflets, au Paris des années folles ©Gaëlle Le Boulicaut & James McDonald
Rédigé par 
Tom Dufreix

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6/12/2024
TipToe présente sa nouvelle collection ETUDE

Le studio de design parisien TipToe présente ETUDE, une collection de cinq assises imaginées pour durer.

« J'ai créé cette collection comme un écosystème » explique Alexandre Picciotto, designer chez TipToe depuis cinq ans. Largement inspirée des réalisations passées, ETUDE propose une déclinaison en cinq formats de la chaise SSD, particulièrement représentative de l'univers du studio. « Pour cette collection, j'ai tout de suite eu l'envie de décliner ce modèle. C'est-à-dire dans une version lounge, une autre tapissée par la maison danoise Gabriel et enfin une avec ou sans accoudoir. Mais la forme du dossier sur le modèle existant ne permettait pas l'ajout de ces pièces. C'est pour cette raison qu'il a fallu redessiner entièrement le modèle » explique le créateur de cet ensemble développé sur un an et demi.

©TipToe

Une collection dans l'esprit rationnel et durable de la marque

Sans surprise stylistique, TipToe continue cependant sa réflexion sur la question de la réparabilité. Première de la marque à être certifiée écolabel, la collection réalisée en acier recyclé et en PE recyclé pour le tissu se veut « rationnelle ». Pour Alexandre Picciotto, « introduire une variante textile limitée en seulement quatre coloris pour des questions environnementales a imposé de repenser l'ensemble du système d'assemblage pour conserver la réparabilité de chaque pièce. Nous ne pouvions pas directement coller le tissu sur les parties en bois. Nous avons donc rajouté des vis apparentes. C'est un parti-pris qui fait désormais partie de l'esthétique TipToe à l'image des systèmes d'assemblage. » Ceux-ci sont d'ailleurs au centre de la question durable. « Aujourd'hui, une collection TipToe émane principalement de deux facteurs : soit la technique, à l'image de l'étagère en métal Pli ou le procédé par presse a impliqué la forme de l'objet, soit la forme comme pour ETUDE. Sur cette dernière, la question de l'assemblage s'est également posée au-delà de l'aspect formel. « D'habitude, TipToe a toujours privilégié le flat pack simplement pour des questions d'encombrement et par extension, écologique. Mais avec l'arrivée de modèles munis d'accoudoirs et de l'ouverture au marché contract, nous proposons également des modèles pré-assemblés. » Une évolution technique induite par un facteur marketing, mais également financier. « Réaliser un piétement en plusieurs morceaux est plus cher qu'une réalisation d'un seul tenant. En économisant sur cette partie-là de la chaise, nous amortissons le coût de production et pouvons proposer le modèle avec ou sans accoudoirs au même tarif. » Reste seulement à choisir la couleur entre le chêne naturel, le noir et le bleu de roche... en attendant l'arrivée de nouveaux coloris courant 2025.

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4/12/2024
Glass Variations, l’art de parfaire le verre

Fondée en 2019, mais dévoilée pour la première fois en 2022 lors de la Paris Design Week, la maison d’édition Glass Variations se développe dans ses usines basées en région lilloise, avec l’envie de mettre en valeur le verre, aussi complexe soit-il.

Pour comprendre l’histoire de GlassVariations, il faut revenir un peu en arrière. Tout commence en 2011, lorsque Thierry Gautier, désireux de se lancer dans une nouvelle aventure entrepreneuriale, se décide à racheter les miroiteries Dubrulle, spécialisées dans le savoir-faire du verre. Un réel défi pour cet entrepreneur qui avait eu l’occasion d’être en contact avec le secteur lors d’une précédente expérience chez Pernod-Ricard, mais qui n’avait pour autant jamais évolué dans le façonnage de la matière en elle-même. Le groupe Cevino Glass, crée par la suite en 2012, dont le siège et les ateliers sont basés à Villeneuve D’Ascq dans le Nord, comprend aujourd’hui les miroiteries Dubrulle ainsi que Glass Variations, et s’attarde à proposer des pièces de qualité, du verre plat au verre bombé. Parti au départ avec 120 salariés répartis dans différentes sociétés partout en France, le groupe compte aujourd’hui plus de 370 personnes sur 20 sites, qui réalisent tout type de produits en verre, de la coupe au produit façonné. « L’un des grands enjeux de mon métier, c’est de s’aider des technologies tout en gardant un maximum de savoir-faire humain. Nous sommes tous des passionnés de verre, c’est notre métier et ça doit rester essentiel » confiait Thierry Gautier. Si les miroiteries Dubrulle travaillent dans le façonnage de pièces en verre pour des projets intérieurs et extérieurs de toute taille, Glass Variations apporte, depuis 2019, une nouvelle pierre à l’édifice du groupe, avec un nouveau travail de la matière, axée sur le design.

Fauteuil Monolog, Design : Exercice Studio © Glass Variations

Glass Variations, une histoire de rencontres

Si le groupe Cevino Glass est créé en 2012, l’aventure Glass Variations ne commencera que quelques années plus tard en 2019, après une rencontre de Sandrine Gautier, co-fondatrice de la maison d’édition, avec l’agence d’architecture et de design Exercice. Le studio, qui avait eu l’occasion d’expérimenter le travail du verre lors d’une précédente résidence, collaboré pour cette première collection, intitulée Monolog, composée d’une étagère, d’une table basse et d’un fauteuil, dont le sens du détails et la réalisation relève presque de l’art. Bien qu’imaginée en 2019, la promotion sera fortement perturbée par la crise sanitaire en 2020, et il faudra attendre la Paris Design Week en septembre 2022 pour la dévoiler officiellement à la scène design.

Collection Sublime, design : Bina Baitel © Glass Variations

À cette occasion, Glass Variations avait ainsi présenté la collection Monolog d’Exercice Studio, mais également les collections Hélia et Sublime imaginées par Bina Baitel. Une première participation remarquée qui avait fallut à la marque Glass Variations de faire partie de la sélection « What’s New » d’Elisabeth Leriche en janvier 2023 lors du salon Maison & Objet. Suit ensuite la participation à divers salons, tels que le Collectible de Bruxelles ou l’ICFF de New York avant de finalement revenir sur ses pas en septembre 2024, à Paris.

Repousser les limites du verre

Pour son retour parisien, Glass Variations avait choisi de s’exposer à la galerie Bertrand Grimont avec l’exposition « A Burst of Light » durant laquelle étaient présentées deux nouvelles collections aux côtés des collections d’Exercice et Bina Baitel qu’on ne présente plus. La collection Illusion, d’une part, imaginée par le designer belge Alain Gilles, composée d’une console et d’un bureau, joue sur les contrastes, les perceptions et les couleurs. « Avec cette collection, j’ai voulu me questionner sur la stabilité tout en jouant sur la texture et le graphisme dans mes pièces. Cette collaboration m’a permis d’avoir une approche sensuelle du verre » raconte le designer. Pool Studio dévoilait quant à eux Perspicio, une collection composée d’une table basse et d’un bout de canapé, qui là encore joue sur les lignes et les formes du verre.

Console Illusion, design : Alain Gilles © Mathilde Hiley

Des pièces de verre, toutes singulières, dont la technicité apportée leur prodigue un caractère unique. Avec Glass Variations Sandrine Gautier souhaite en effet proposer des pièces de haute qualité, impliquant un savoir-faire unique et en repoussant au maximum les possibilités offertes par ce matériau. Pour l’heure, la marque continue l’édition de ses pièces dans ses ateliers, mais réfléchit à de nouvelles collaborations, pour le moment tenues secrètes, mais qui ne devraient pas manquer de faire parler d’elles…

Collection Perspicio, design : Pool Studio © Mathilde Hiley
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5/12/2024
Un projet contrasté pour REV Mobilities

Imaginé par les architectes Marguerite Cordelle et Maël Esnoux, le siège parisien de REV Mobilities incarne la vision de la société grâce à un parti-pris visuel très fort traduisant un saut entre les époques. Une conception inaugurée en décembre 2022 et récemment récompensée du Paris Shop & Design 2024.

« C'est un projet comme nous n'en avons jamais fait, et qui ne ressemble à aucun autre » annonce Maël Esnoux de Core Architectures qui a collaboré avec Marguerite Cordelle de Studiokokumi sur ce projet très visuel. Derrière une idée somme toute relativement simple, se trouve une réalisation surprenante et très réussie. Sorte d'avant-après figé dans le temps, le projet mené pour l'entreprise REV Mobilities, est une approche globale au sens sémiologique du terme, mais on ne peut plus divisée au sens artistique. Réunissant un bureau d'étude, un garage et deux espaces à destination de jeunes start-up, ce projet est un reflet de la philosophie du duo d'architectes : offrir au travers de moyens simples et suite à un programme ordinaire, un lieu de convergences pour des usages multiples.

©Schnepp Renou



Refléter une vision nouvelle dans un espace préexistant

Derrière l'idée de cette architecture design, se cache une volonté de nouer le passé au présent à l'image du rétro-fit - remplacement de motorisations thermiques par des électriques - exercé par le nouvel occupant. « Nous ne voulions pas faire disparaître le passé de cet ancien garage Saab au profit d'un lieu entièrement neuf. S'implanter ici avait une logique évidemment technique – bons rayons de giration, accès à la rue possible, présence de ponts mécaniques... - mais également historique. Il s’agit d'une typologie d'espace en train de disparaître de nos centres-villes puisque ces édifices sont fréquemment transformés en loft ou en lieux d'exposition, analyse Maël Esnoux. Les restaurer en gardant architecturalement ce qu'ils étaient à l'origine avait donc un sens tout particulier, et notamment dans le cadre de REV Mobilities où le garage devient une unité vertueuse. » Pour Arnaud Pigounides, fondateur de la société qui a découvert le rétro-fit lors d'un road-trip sur la route de San Diego aux États-Unis, « l'architecture devait être une métaphore de l'activité du lieu. Ce chantier devait être à l'image d'une opération, une sorte de remise à neuf de l'endroit mais sans pour autant faire disparaître son identité. »

©Schnepp Renou



Une conception astucieuse

Dessiné en à peine un mois et demi, le projet est apparu comme une sorte d'évidence pour les créateurs qui ont eu carte blanche. Parti-pris central, la conservation d'une partie du garage tel qu'il était au moment de son rachat s'explique par le besoin d'adéquation entre le lieu et la marque, mais également par le budget restreint, reconnaissent les créateurs. « En ne touchant qu'à la moitié de l'espace, nous réalisions de grosses économies » et un gain de temps puisque la restructuration s'est faite en à peine 5 mois. Une rapidité due notamment au « peu de casse et la facilité technique du projet. La structure était saine et l'espace très ouvert donc nous avons pu facilement travailler de part et d'autre de la verrière. » Un élément architectural historique et central que le duo a « transformé en ligne de démarcation entre passé et présent. » précise Marguerite Cordelle.

©Schnepp Renou

La neutralité au service de la matière

« Lorsque nous avons dessiné le projet, nous voulions que le lieu vive et qu'il ne soit plus vraiment un garage au sens propre, mais plus un laboratoire comme l'avait imaginé Arnaud. Pour faire émerger l'ingénierie du lieu sans pour autant effacer sa dimension mécanique, nous avons mis en place des bureaux là où se trouvait auparavant un espace de stationnement. » Séparée du reste de l'atelier, cette partie a été entièrement vitrée par un ensemble de baies amovibles permettant à la lumière zénithale d'y pénétrer. Voulu complètement aseptisé, le traitement de l'espace dans un blanc monochrome appliqué aux murs comme au mobilier s’inscrit dans la continuité de la partie rénovée du garage. Une zone elle-même très artificialisée par la présence rythmée de néons blancs se reflétant dans le sol en résine. Un revêtement comme seul dénominateur commun entre la partie contemporaine et la partie « sale » où une époxy transparente a été appliquée pour limiter la dégradation et faciliter l'entretien du sol. Un traitement de la matière assez différent des habitudes du duo. « Habituellement, nous aimons travailler un ou deux matériaux très spécifiques sur nos projets, mais dans le cadre de celui-ci, la matérialité était déjà omniprésente donc nous voulions au contraire une forme de neutralité. C'est pour cette raison qu'une absence de couleur et des lignes très sobres se sont imposées » explique la fondatrice de Core Architectures. Une vision qui parvient ici à faire mouche et place l'architecture comme élément moteur du changement.

©Schnepp Renou
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2/12/2024
Trottinette T9 : développer la simplicité

La start-up Urban Native dévoile la trottinette T9, son premier projet. Un produit design entièrement repensé pour répondre aux besoins du consommateur dans l'univers urbain.

Une recherche radicale de la simplicité pour réduire l'objet à sa fonction première. Voici l'idée dominante derrière Urban Native, une start-up européenne - entre la France, l'Espagne et le Portugal - à l'origine de la trottinette T9. Spécialisée dans la haute technologie, la société fondée il y a cinq ans, vient de sortir son premier produit. Un moyen de locomotion en apparence classique, mais derrière lequel se cache un savant mélange de sensation et de praticité. Fruit d'une volonté de retrouver la « sensation du ride », et du besoin d'une véritable alliée pour arpenter les villes, la T9 est une invention novatrice. Imaginée frugale mais résistante, elle s'impose comme une petite deux roues sans équivalence sur le marché, et un exemple de design prospectif appliqué à l'univers des mobilités douces. « Nous proposons avec ce produit en titane, un outil permettant d'être en cohérence et en résonance avec les révolutions sociologiques, technologiques et environnementales en cours » explique Julien Vaney, fondateur d'Urban Native.

©Eric Bobrie



Répondre à un besoin urbain

Parti du constat que rien ne lui convenait pour bouger dans Paris avec aisance, vélos électriques trop encombrants et trottinettes trop fragiles ou trop lourdes, Julien Vaney a souhaité révolutionner cet univers. C'est de cette idée première qu'est né le désir de concevoir une nouvelle trottinette faite pour l'environnement urbain. Rapidement, deux lignes directrices se sont dégagées. « D'une part, je voulais remettre du plaisir au cœur du transport en retrouvant des sensations de vitesse et un confort de glisse. D'autre part, j'ai remarqué grâce à mon parcours en maths-physique, que les trottinettes produites sur le marché ne sont pas pensées par des entreprises de deux-roues, mais par des sociétés d'électronique qui intègrent des concepts déjà existants. Or, pour qu'une trottinette fonctionne, elle doit avoir la capacité de rouler comme un vélo, mais le marché actuel ne pense pas vraiment au confort et encore moins à la légèreté, déplore Julien Vaney. Pourtant, c'est une problématique au cœur de son utilisation, car c'est ce qui permet de la rendre portative et amusante à conduire. »

Un cheminement émotionnel et quasi-sociologique qui a guidé quatre années de recherche et de développement,mené par la dizaine de personnes d'Urban Native, mais également par un maillage d'une centaine d'ingénieurs auxquels l'entreprise a fait appel tout au long de cette évolution.

©Riccardo Montanari


Un design pour allier confort et praticité

« Contrairement au développement du vélo étalé sur plus de 150 ans - roues de même taille, puis l'ajout de frein ou encore de vitesses -, celui de la trottinette a été beaucoup plus court. Le drame de cette machine, c'est que si l'on veut en faire un véhicule vraiment performant, il faut tout redessiner. C'est pourquoi nous sommes partis d'une page blanche » relate le fondateur d'Urban Native. Une démarche qui a engagé de nombreux prototypes et la création de nouveaux éléments, comme les roues de douze pouces entièrement dessinées, ou des systèmes novateurs à l’image de la recharge par câble USB type C, une première mondiale pour cette typologie d'objets. Des détails en apparence, mais des atouts en réalité permettant à la T9 d'allier au confort de la pratique, celui de la vie quotidienne. Une double notion due en grande partie au cadre. Fabriquée dans une usine portugaise, cette pièce très résistante en titane absorbe les bosses sans amortisseur grâce aux facultés naturelles de ce matériau. Son architecture ultra-légère de deux kilos, place ce cadre bien en deçà du poids général sur le marché. « C'était une question particulièrement importante également sur le plan de l'autonomie. Avec cette conception efficace, cette batterie et le freinage régénératif, la T9 bénéficie d'une autonomie de 25 kilomètres ! » Mais au-delà de ce facteur, l'aspect formel de la trottinette a également été imaginé pour minimiser son emprise au sol une fois pliée. « Ce n'est pas un facteur anecdotique, car l'encombrement freine souvent les personnes dans l'achat d'un vélo ou dans le fait d'amener sa trottinette sur son lieu de travail » assure Julien Vaney.

©Eric Bobrie

Véritable concentré de design prospectif, la T9, à l'origine de deux brevets, est le reflet d’une philosophie. « Dieter Rams disait “Good design is a minimum design”. Pour nous, il s'agit avant tout de faire valoir un design efficace et environnementalement intéressant en valorisant la pérennité du produit et en remplaçant le superflu par des éléments utiles. » Ainsi, l'appareil n'intègre presque pas de plastique et toutes ses pièces sont facilement remplaçables. « C'est une machine faite pour durer à l'image d'un sac de luxe. Elle doit tenir dans le temps et nous espérons qu'elle deviendra ainsi iconique. C'est pourquoi, après ce projet, nous ne souhaitons pas nous diversifier, mais continuer de sortir d'autres versions de la T9 jusqu'à ce qu'une machine occupe chaque appartement » conclut Julien Vaney.

©Riccardo Montanari
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