Bureau Lacroix : construction d'une success story
Le bar du restaurant le Dandino ©Gaëlle Le Boulicaut

Bureau Lacroix : construction d'une success story

Fondé en 2021, Bureau Lacroix est aujourd'hui à l'origine de plusieurs projets d'architecture intérieure et de conception de mobilier. Une double casquette pour Sophie Lacroix distinguée dès 2017 comme « Nouveau talent du design ».

En sacrant Sophie Lacroix « Nouveau talent du design » à tout juste 21 ans, le jury de la Paris Design Week ne s'était pas trompé. Sept ans et quelques projets plus tard, la créatrice semble en voie de confirmer son expertise tant dans le domaine de l'architecture intérieure que dans celui du mobilier et de l'objet.

À l'origine de cette récompense, un guéridon nommé Iris. Présentée lors de l'exposition des jeunes créateurs, « Now ! Le Off », en 2017, la pièce décrite comme une réflexion sur la fonctionnalité du mobilier et l’économie de la matière, séduit le jury. Une reconnaissance qui entraîne rapidement plusieurs commandes lui permettant – avec l'aide d'une levée de fonds auprès de différents acteurs du monde de l’art et de la finance - de monter une première structure. Diplômé avec les honneurs peu de temps après, en 2019, la conceptrice entame alors une collaboration avec Gilles & Boissier. Une période de deux ans à la suite de laquelle elle lance son agence éponyme : Bureau Lacroix.

Récompensé lors de la Paris Design Week de 2017, le guéridon Iris a été à l'origine d'une collection reconnaissable par son travail du métal ©Sophie Lacroix

Deux projets comme deux pas de côté

Douée d'une double sensibilité tant spatiale que design, Sophie Lacroix renoue rapidement avec l'objet. Laissé de côté pendant quelque temps, la créatrice se recentre sur le projet Iris et fait éclore dès 2021 une collection auto-éditée forte d'une table basse, d'une lampe de table et d'un lampadaire. Réalisé en dentelle d'acier et noyer massif comme le guéridon, ce projet marque le début d'une collaboration sur le long terme avec l'ébéniste Robin Poupard. C’est effectivement en 2022 que se concrétise un autre projet d'envergure : repenser la table du petit-déjeuner du Cinq, le restaurant de l'hôtel Four Seasons George V. Un défi qui donne lieu à un ensemble de présentoirs et de couverts uniques et numérotés, alliant le marbre, le bois et le laiton.

Première collaboration de taille entre l'hôtellerie et Bureau Lacroix, ce service dédié au Four Seasons George V témoigne de la pluridisciplinarité de la créatrice ©Pierre Hajizadeh & Ilya Kagan

L'architecture intérieure, fil rouge d'un parcours

Désormais riche de deux belles collections, Sophie Lacroix se repositionne rapidement sur des projets d’architecture intérieure. Elle qui avait principalement œuvré sur des chantiers résidentiels internationaux, s'offre une année 2023 gastronomique. Deux établissements parisiens ainsi qu'une brasserie à Toulon voient ainsi le jour.

Siena, Dandino, Muguet : un triptyque d'ambiances

Réunis par un souci du détail et une certaine agilité dans le choix de dominantes colorées, chaque projet témoigne d'une expertise dans le domaine du haut de gamme. Les jeux de textures combinés aux cloisonnements et aux choix colorimétriques renforcent une certaine théâtralisation des espaces. Sobre et élégant, chaque établissement parvient néanmoins à trouver sa propre identité. De la Dolce Vitae du lac de Côme évoquée par le Siena, au Dandino rappelant les rives romantiques de la Méditerranée en passant par les grandes heures de match dont peut désormais témoigner le Muguet.

Premier restaurant d'une telle importance - 900m²- à avoir été livré, le Siena est un voyage temporel entre l'Italie de la Renaissance et le Paris moderne. En piochant dans les codes esthétiques des palais des XV et XVIe siècle, la créatrice à décidé de mener un projet entre orientalisme et romantisme. Conçu autour d'une grande pièce principale dont la lumière zénithale souligne les murs terre de Sienne et un décor floral patiné, le restaurant compte également deux salles confidentielles et un jardin d'hiver. À l'étage, un cadre plus intimiste et parisien se dessine autour d'éléments en bronze, de moulures et d'une moquette Pavot, clin d'œil revisité au domicile de Serge Gainsbourg. Un périple transalpin à travers les époques.

Dans la salle principale, une envolée d'oiseaux en bronze signés Créalum'in apporte une touche de liberté à la sophistication de l'espace ©Gaëlle Le Boulicaut

Non loin de l'Italie, sur la french Riviera des 60's aurait pu se trouver le Dandino. Petit écrin photogénique paré de bois vernis, il aurait certainement figuré sur quelques clichés de Slim Aarons. Situé en plein cœur de Saint-Germain-des-Prés, le restaurant fait la part belle aux détails d'un autre temps : assises revêtues d'un passepoil mauve, luminaires en toiles et franges oranges ou encore chaises en fer forgé avec coussins rouges. Un décor flamboyant dont la fresque d'un paysage toscan signé Clément Arnaud, fait office de passeport.

Le camaïeu rouge donne au Dandino un air de bistrot méditerranéen en plein cœur de Paris ©Gaëlle Le Boulicaut ©Gaëlle Le Boulicaut

Baignée de lumière, la brasserie Le Muguet inscrit la gastronomie comme synonyme d'échange et de partage. Établi dans le prolongement du nouveau campus du Rugby Club de Toulon, cet espace de 600m² rassemble la communauté de l'Ovalie. Imaginé pour retranscrire à la fois le contexte méditerranéen toulonnais et l'identité du club, Sophie Lacroix a collaboré avec RBC pour l'ameublement. Des grandes banquettes en cuir viennent ainsi dialoguer avec le béton ciré du sol et la moquette rouge. Ouverte sur l'extérieur par de larges baies, la brasserie propose aussi plusieurs alcôves intimistes. De quoi discuter des stratégies à l'abri des oreilles indiscrètes.

Imaginé pour compléter les infrastructures du club de rugby toulonnais, ce restaurant conjugue grandes ouvertures et intimité grâce à un ensemble de banquettes et d'alcôves ©Pierre Hajizadeh

L'international, terre d'inspiration et de réalisation :

Fidèle aux projets développés jusqu'alors, Sophie Lacroix poursuit dans l'univers de la restauration en ouvrant sur les six premiers mois de l'année, un beach club tourné vers la gastronomie péruvienne en Grèce, et deux nouveaux restaurants dans la capitale. Hasard des choses ou volonté artistique, Manko et Tio, respectivement situés sur la côte méditerranéenne et dans le 8e arrondissement de Paris, mettent en avant la culture latine.

Tourné vers l'eau et la détente, le premier conjugue la culture des Andes et l'architecture d'inspiration inca. En résulte un ensemble architectural d'une grande sobriété intelligemment texturé pour rappeler visuellement cette civilisation outre-atlantique. Rehaussée d'une végétation luxuriante et de multiples jeux de trames, le beach club dégage une forme de magie.

Au Manko, le tressage en fibres naturelles et la réflexion autour des matériaux et de leurs textures participent au raffinement visuel du lieu ©Sylvaine Sansone, The V Scope & Manko Athens

Pour Tio en revanche, la créatrice a pris le parti de constituer un lieu ultra figuratif qui ne laisse aucune place au doute. Les coussins réalisés au crochet présentent des motifs inspirés de la faune et la flore mexicaine tandis que les cactus qui cernent la salle de réception immergent le client dans les montagnes d'Amérique centrale. À noter également les détails en forme de soleil présents dans le travail du bois.

Dans ce petit restaurant à l'allure sud-américaine, le bois rappelé par la couleur du sol et des passepoils permet d'obtenir un rendu graphique exotique ©Pierre Hajizadeh

Deux projets inscrits en opposition radicale avec le Hollywood Savoy situé le long du Palais Brongniart. Quelque part entre le speakeasy et l'esthétique de l'Orient-Express, le lieu est surtout un hommage à la culture des années 30. Cerné de lourdes tentures en velours couleur tabac, le riche décor ou se fond moquette léopard, bar en bronze et verre martelé, offre un nouveau point du vue sur le travail du studio. Une diversité que celui-ci devrait continuer d'explorer avec la livraison prochaine de deux projets résidentiels en plein cœur du Marais.

Situé juste en face de la Bourse, le Hollywood Savoy est une ode visuelle, toute en reflets, au Paris des années folles ©Gaëlle Le Boulicaut & James McDonald
Rédigé par 
Tom Dufreix

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12/6/2025
L’ombrière photovoltaïque : quand l’architecture produit de l’énergie

À l’heure de la transition énergétique, l’architecture ne peut plus se contenter d’être esthétique ou fonctionnelle : elle doit devenir active. Produire de l’énergie renouvelable, optimiser chaque surface, réduire l’empreinte carbone… autant d’objectifs qui redessinent les contours de la construction contemporaine. Dans ce contexte, l’ombrière photovoltaïque s’impose comme une solution aussi ingénieuse que polyvalente, à la croisée du design, de la performance et de l’engagement environnemental.

Longtemps cantonnée au confort et à la forme, l’architecture est désormais un levier stratégique de la décarbonation. Les bâtiments ne sont plus de simples consommateurs d’énergie : ils deviennent producteurs. Toitures solaires, façades intelligentes, géothermie intégrée… Parmi ces dispositifs, l’ombrière photovoltaïque s’illustre par sa capacité à conjuguer fonction, efficacité et intégration paysagère.

L’ombrière photovoltaïque : de l’ombre… à l’énergie

Derrière sa silhouette discrète, l’ombrière solaire remplit deux fonctions essentielles. Dans un premier temps, elle permets de protéger les espaces publics ou privés des intempéries, du soleil, de la chaleur puis dans un second temps elle aide à produire localement de l’électricité verte, grâce à des panneaux photovoltaïques installés en toiture. Installée au-dessus de parkings, zones piétonnes, aires logistiques ou campus d’entreprises, cette structure transforme des surfaces déjà artificialisées en producteurs d’énergie renouvelable — sans emprise supplémentaire au sol.

Pourquoi intégrer une ombrière solaire dans un projet ?

En zone urbaine dense, chaque mètre carré compte. Les ombrières permettent de rentabiliser les parkings et autres espaces ouverts en leur ajoutant une fonction énergétique. Produire sur site, c’est consommer moins d’énergie fossile. Ces structures participent ainsi à l’atteinte des objectifs des bâtiments BEPOS (bâtiment à énergie positive) et aux certifications environnementales (HQE, BREEAM, LEED…). Aussi, les bénéfices d’usage sont réels : réduction de l’effet d’îlot de chaleur, protection contre la pluie ou les fortes chaleurs, meilleur confort pour les usagers et les véhicules stationnés. Et pour les collectivités comme pour les entreprises, une ombrière photovoltaïque affiche un engagement environnemental clair, en phase avec les attentes des citoyens, collaborateurs ou clients.

Entre contraintes et opportunités : une solution flexible

Les ombrières s’adaptent à une grande variété de sites : parkings de supermarchés, plateformes logistiques, zones industrielles, aires de covoiturage, équipements publics… Mais attention, certains sites classés (ICPE, Seveso) peuvent nécessiter une analyse réglementaire approfondie. D’où l’importance de s’entourer d’experts capables d’intégrer ces structures dans des environnements complexes, sans fausse note.

L’ombrière devient un objet d’architecture

Longtemps perçues comme purement techniques, les ombrières solaires deviennent aujourd’hui des éléments architecturaux à part entière. Les architectes s’approprient ce nouvel outil et le déclinent en structures courbes, linéaires ou modulaires, en matériaux durables ou nobles, e, hauteurs et inclinaisons étudiées pour maximiser l’ensoleillement et en éclairages intégrés, pour transformer l’espace même de nuit pour un résultat qui offre une esthétique contemporaine, parfois spectaculaire et qui valorise autant le site que son usage.

Une dynamique soutenue par la loi

Depuis 2023, la loi française impose l’installation de panneaux photovoltaïques sur les parkings extérieurs de plus de 1500 m². Cette réglementation accélère l’implantation de ces structures et crée de nouvelles opportunités pour les architectes et maîtres d’ouvrage. De nombreuses aides, incitations et appels à projets viennent ainsi soutenir cette transition.

De fait, l’ombrière photovoltaïque est bien plus qu’un accessoire : elle est le symbole d’une architecture en mouvement, engagée, performante, et prête à relever les défis climatiques. Elle produit, protège, structure l’espace… et incarne cette nouvelle approche où chaque surface compte, où chaque projet devient l’occasion d’innover au service d’un avenir plus durable.

Plus d'informations : https://www.cimaise.fr/contraintes-site-icpe-seveso-ombriere-photovoltaique/

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12/6/2025
Tube solaires : une solution contemporaine, durable et bénéfique pour une lumière naturelle

À l’heure où le confort de vie se conjugue avec sobriété énergétique, les solutions d’éclairage naturel ont le vent en poupe. Parmi elles, les tubes solaires – aussi appelés puits de lumière – s’imposent comme une alternative ingénieuse, écologique et accessible pour illuminer les zones sombres de nos intérieurs. Bien plus qu’un dispositif technique, ils participent activement à notre bien-être physique et mental. Zoom sur un système discret qui transforme les pièces… et le quotidien.

Le fonctionnement du tube solaire est aussi malin qu’efficace : il capte la lumière extérieure et la redirige à l’intérieur via un conduit ultra-réflecteur. Il se compose de trois éléments clés pour permettre même aux pièces sans fenêtres de profiter d’un éclairage naturel généreux, à toute heure du jour.

  • Un dôme extérieur, posé sur le toit, capte les rayons du soleil.
  • Un tube réfléchissant, souvent en aluminium poli, guide la lumière à travers les combles ou les plafonds.
  • Un diffuseur intérieur, fixé au plafond, restitue une lumière douce et homogène, sans éblouissement.

Les bienfaits de la lumière naturelle

Une meilleure humeur au quotidien

Exposés à la lumière du jour, notre cerveau libère plus de sérotonine, l’hormone de la bonne humeur. Les espaces baignés de lumière naturelle favorisent la détente, diminuent le stress, et créent une atmosphère apaisante.

Un rythme de vie plus sain

La lumière joue un rôle clé dans la régulation de notre horloge biologique. Installer un puits de lumière dans un couloir ou une cage d’escalier permet de respecter davantage les cycles naturels du jour et de la nuit — avec à la clé, un meilleur sommeil.

Un coup de boost pour la concentration

Moins de fatigue visuelle, plus de clarté : la lumière naturelle améliore la concentration, la productivité, et limite le recours à l’éclairage artificiel dans la journée. Un vrai plus pour le télétravail ou les espaces de travail.

Une solution durable et économique

Zéro énergie consommée

Les tubes solaires fonctionnent sans électricité. Une fois installés, ils éclairent gratuitement, à la seule force du soleil.

Des économies sur la facture d’électricité

En réduisant l’usage des lampes, notamment en journée, les tubes solaires participent à la baisse de la consommation énergétique. Une démarche à la fois responsable… et rentable.

Une durabilité à toute épreuve

Leur conception robuste garantit des performances durables, sans perte d’efficacité. C’est un investissement à long terme, sans mauvaises surprises.

Un confort thermique préservé

Contrairement à une fenêtre classique, le tube solaire laisse entrer la lumière… sans la chaleur. Ainsi, aucune surchauffe n’a lieu puisque la lumière est transportée par réflexion et non pas par conduction thermique. L’isolation est optimale, puisque le système est parfaitement étanche, sans fuite d’air ni pont thermique. Enfin, les tubes solaires sont compatibles avec les maisons passives : il respecte les normes des bâtiments basse consommation.

Sans entretien, sans contraintes

En plus de ses qualités thermiques, l’un des autres atouts majeurs du tube solaire réside dans sa simplicité puisqu’il n’a aucun moteur, volet ou pièce mécanique à entretenir. Il n’y a également pas de vitre à nettoyer puisque le dôme extérieur est autonettoyant grâce à la pluie et le conduit fermé empêche poussières et insectes d’entrer.

Une installation rapide, un rendu discret

Compact et adaptable, le puits de lumière s’intègre à presque toutes les configurations de toiture – tuiles, ardoises, ou toit plat. Il se pose très facilement en seulement quelques heures, sans avoir besoin de modifier la structure du toit et son esthétique soignée permet au diffuseur de se fondre naturellement dans tout type d’intérieur. Le puit de lumière peut être installée dans toutes les espaces qui manquent d’ouverture vers l’extérieur, tels que les couloirs, escaliers, salle de bain sans fenêtre, dressings, entrées ou halls, cuisines centrales ou bureaux.

Finalement, les tubes solaires apportent bien plus qu’un éclairage d’appoint : ils reconnectent les espaces à la lumière naturelle, améliorent la qualité de vie, tout en réduisant la consommation énergétique. Un petit geste pour la planète, un grand pas pour votre confort.

Plus d'informations : https://www.doinglight.fr/

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13/6/2025
IM MEN d’Issey Miyake présente “DANCING TEXTURE” à Paris

La marque de mode masculine IM MEN, lancée en 2021, présente une nouvelle exposition intitulée “DANCING TEXTURE”, du 28 juin au 1er juillet 2025 à Paris.

Déjà mise en lumière lors d’une première exposition en janvier dernier, IM MEN poursuit son exploration créative avec ce nouveau rendez-vous, organisé à l’occasion de la Paris Fashion Week et de la présentation de sa deuxième collection.

La marque s’inspire du concept « a piece of cloth », avec une approche conceptuelle et un sens de l’innovation textile. La collection Printemps-Été 2026, intitulée “DANCING TEXTURE”, illustre cette vision en associant design, ingénierie et mouvement, dans une approche à la fois poétique et technique du vêtement.

Un hommage vibrant à l’héritage du créateur et à la liberté des corps en mouvement — à découvrir au 38 rue du Mont Thabor, Paris 1er, du 28 juin au 1er juillet 2025.

Entrée libre sur réservation, dans un lieu en plein cœur de Paris, pensé comme une parenthèse inspirante entre deux défilés.

Rendez-vous ici pour réserver votre créneau.

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6/6/2025
Laurids Gallée, la passion du faire

Designer autrichien installé aux Pays-Bas, Laurids Gallée mêle à la fois l’art et le design dans sa pratique. Une double facette qu’il ne souhaite pas différencier, car elle est partie prenante de sa réflexion.

Il est de ces designers qui n’avaient pas prévu d’en devenir un. Élevé dans une famille d’artistes, de ses parents à ses grands-parents jusqu’à ses oncles et ses tantes, Laurids Gallée avait toujours renié toute forme d’expression artistique jusqu’à son entrée dans l’âge adulte. Le déclic a lieu au début de ses études d’anthropologie à Vienne, moment durant lequel il s’est rendu compte qu’il lui manquait quelque chose. « Je n’avais jamais pratiqué d’art auparavant, mais le design était celui qui me semblait être le plus élégant et évident, car il y avait des questionnements autour de la façon dont sont faites les choses et des pensées qui amènent à rendre un objet réel. » Refusé par les écoles d’art viennoises, il est contacté par son oncle, alors résident aux Pays-Bas et dont le voisin n’était autre que Joris Laarman, qui le convainc de faire la demande pour entrer à la Design Academy d’Eindhoven, dont il est finalement diplômé en 2015.

Studio de Laurids Gallée © Titia Hahne

Un studio à la croisée de l’art et du design

À sa sortie d’école, il travaille quelques années en conception de produits dans différents studios, tout en commençant à élaborer son propre univers artistique en parallèle, avant de se lancer à plein temps, en 2020. Un studio dont la pratique oscille entre procédés artistiques et prouesses techniques. « Bien qu’il puisse exister une frontière entre l’art et le design, j’aime croiser les deux. Dans mon travail, il y a différentes formes de langage avec la peinture et l’art d’un côté et un aspect beaucoup plus technique de l’autre, basé sur le savoir-faire des matériaux. C’est un peu contradictoire, mais j’aime voir comment ces deux mondes se lient entre eux. » Ainsi, son catalogue comprend à la fois des pièces en bois aux détails très artistiques comme le banc Fireworks à l’allure très esthétique ou encore le fauteuil Fever Dreams, et des pièces beaucoup plus techniques retrouvées dans ses objets en résine, comme le montrent le luminaire Empyrean et la table basse Metropolis.

Luminaire Empyrean © Mathijs Labadie

La recherche de l’objet parfait

Quand on lui demande s’il a un projet favori, la réponse de Laurids Gallée reflète en fin de compte sa pensée globale. Quelque peu perfectionniste, il confie que son objet préféré est celui qu’il n’a pas encore créé. « Chaque projet est une nouvelle façon d’essayer, de changer ou de faire mieux par rapport à la fois précédente. Je ne me dis jamais qu’un produit est parfait, je trouve toujours des défauts que je pourrai rectifier la prochaine fois. Mon prochain projet est donc toujours celui qui me plaira le plus. » Un processus de création fortement basé sur l’expérimentation, donc, qu’il voit plus comme une réponse à différents questionnements, résolus à travers la création de tel ou tel objet, comme il peut notamment le faire avec la résine, qu’il prend plaisir à voir évoluer. « J’aime penser des choses qui n’ont pas encore été faites et être complètement indépendant du reste des personnes qui travaillent ce matériau. Je suis souvent en territoire inconnu, mais c’est ce qui m’anime. »

Fauteuil Fever Dreams © Mathijs Labadie

Créer avec pertinence

Qu’il s’agisse d’une table, d’un luminaire, du bois ou de la résine, le processus de création de Laurids Gallée passe avant tout par sa volonté de faire des choses pertinentes. Quant à son inspiration, elle vient au gré de ce qu’il vit au jour le jour, mais également de techniques artistiques provenant du passé, dont il s’inspire dans beaucoup de cas, notamment pour son travail du bois. « Je n’ai jamais vraiment eu à chercher d’idées, car elles viennent à moi selon ce que je vais voir d’intéressant. C’est une bénédiction dans un sens, car je ne suis jamais en manque d’idées, mais ça peut aussi être une malédiction, dans le sens où je ne peux pas toutes les réaliser. »

Table d'appoint Metropolis © Mathijs Labadie

Adepte du faire, et se considérant comme un fabricant, il a pendant longtemps tout fabriqué lui-même. Aujourd’hui, à l’exception des pièces en résine pour lesquelles il s’accompagne d’une entreprise extérieure, tous les objets sont toujours conçus au sein de son studio, avec une équipe qui lui prête mainforte. Et si beaucoup de ses objets sont en bois ou en résine, il ne veut pour autant pas se restreindre à un type de matériau en particulier, considérant que l’important réside dans l’objet plus que dans la matière avec laquelle il est fabriqué. « Selon moi, c’est l’idée qui prime plus que le matériau lui-même. On peut concevoir un bon produit à partir de déchets, si c’est bien pensé et bien réalisé, ça peut donner un super résultat. Je pense que ce qui compte vraiment, c’est ce que tu fais et non avec quoi tu le fais. »

Banc Tralucid © Mathijs Labadie

Updates 2025

En février dernier, il présentait, dans le cadre de la Biennale de design de Rotterdam et en collaboration avec la galerie Collectional, la série Cairn. Une collection composée de six pièces, inspirées de la pratique ancienne de l'empilage de pierres et de galets d'empiler des pierres et des cailloux, et dont chacune d’entre elle se révèle comme une étude de sa propre matérialité. Lors de la Design Week de Milan, le designer a participé à l’exposition « Bamboo Encounters »de Gucci. Il dévoilait également avec JOV une collection de tapis en laine et soie, inspirées des nuages et fabriquées à la main. En parallèle, il a également pris part à l’exposition collective « The Theatre of Things » avec la galerie Delvis (Un)limited, devenue le théâtre d’une performance spontanée de designers. En juin, lors des 3daysofdesign, il présentera le résultat de son projet de résidence Materia, exposé à la galerie Tableau à Copenhague.

Série Cairn, exposée à la galerie Collectional à Rotterdam © Mathijs Labadie
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