Exposition
Interactions physiques à travers le temps et l’espace, détournement du machine learning célébrant les circuits courts ou orchestration lumineuse de catastrophes climatiques répétées : le design emploie sens critique et lignes formelles pour guider la matérialité de l’exposition centrale du très numérique festival Scopitone.
En s’intéressant aux nouveaux rapports entre voyage et mobilité permis par les outils numériques et leur interprétation artistique nomade, l’exposition centrale du festival nantais Scopitone ouvre un large champ esthétique dans lequel le design trouve une place presque rassurante. Au milieu des paysages abstraits numériques – comme ces impressionnantes impressions digitales de souches d’arbres enchevêtrées, traduisant dans les Artefacts de Paul Duncombe le lointain écho d’une chute météorite gravée dans le sol du grand nord québécois – ou des scénographies art/science ouvertes sur les mises en son d’aurores boréales ou les mutations d’espaces vivantes imaginaires, des objets et installations plus formels témoignent d’une matérialité palpable, du moins en apparence.
Reproduisant les mouvements de la mer à partir des données récupérées en temps réel par une bouée connectée partie à la dérive depuis douze ans, la pièce Tele-Present Water de David Bowen instaure un étrange rapport d’interaction entre les mouvements gracieux et hypnotiques d’une grille métallique articulée et un phénomène d’absence, de disparition auquel la technologie vient en quelque sorte palier en faisant fi des notions de distance. Un design immatériel presque puisque sans contact physique qui fait écho au design intemporel de Stéphanie Roland dans la pièce Science-Fiction Postcards voisine. Ici, un mur-présentoir accueille des dizaines de petites cartes postales monochromes noires. Une fois présentées devant un appareil chauffant, celles-ci laissent apparaître au recto des rémanences de territoires insulaires isolés tandis que le verso en indique la localisation lointaine et la fin programmée du fait du réchauffement climatique. Humour…noir, bien sûr, où l’objet prend vie au fur et à mesure que sa temporalité se dilate.
Mimer l’intelligence artificielle peut faire rayonner le design critique
Dans ce design d’objet curieux, la palme du dispositif revient au cabinet de curiosités inspiré des modes de calcul de l’intelligence artificielle du Of Machines Learning To See Lemon d’Alistair McClymont et John Fass. En mimant les principes de la technologie du machine learning, les deux créateurs s’amusent à interpréter manuellement la façon dont une IA aurait pu classifier et répartir dans un espace physique donné, se présentant ici sous forme de rayonnage à casiers géant, les objets se rapprochant – ou à l’inverse s’éloignant – d’un simple citron. Une démonstration de design plastique, qui se veut surtout éminemment critique puisque venant opposer aux circuits imprimés de la machine les circuits courts des produits ainsi présentés, tous récupérés in-situ.
Bien évidemment, la pièce la plus monumentale de l’exposition, l’installation lumineuse Cymopolée du studio Luminariste qui trône au milieu de l’esplanade extérieure s’avère de facto la plus démonstrative. Sa structure métallique vient subitement s’éveiller de torsades lumineuses spasmodiques, de jeux de fumée et d’ambiances sonores redoutables ou harmonieuses évoquant le passage d’un ouragan, avec ses pics intensifs et ses temps plus suspensifs. Son design évoque là une mobilité voyageuse subie, celle de la tempête qui nous guette, nous surplombe, puis s’éloigne. Un cycle dont la fatalité renvoie ici autant à la force des éléments qu’à nos propres incapacités collectives à lutter contre un monde de plus en plus naturellement déréglé.
L’artiste français Pierre Bonnefille expose sa nouvelle collection au sein de sa galerie à travers l’exposition Rhizome(s). À découvrir du 7 septembre au 22 octobre.
L’exposition « Rhizome(s) » de l’artiste Pierre Bonnefille tourne autour de la forme. Connu pour son travail autour de la couleur et de la matière, il présente ici une série d’oeuvres sculpturales Rhizome imprégnées de l’énergie végétale. Présentée dans le cadre de la Paris Design Week dans sa galerie du 11e arrondissement, l’exposition se compose d’oeuvres créées spécifiquement d’une part mais également d’autres pièces récentes, telles que sa Bibliothèque Rhizome, présenté lors de son exposition au Musée national des arts asiatiques – Guimet (MNAAG) en 2021, et qui est ensuite rentrée dans les collections du Mobilier National (campagne d’acquisition 2022).
En lien avec les oeuvres présentées, Pierre Bonnefille présentera pour l’occasion un corpus d’oeuvres picturales issues de ses séries Bronze Paintings et Furoshiki, qui portent comme caractéristiques communes avec sa série Rhizome la force du geste pictural.
Une exposition à découvrir jusqu’au 22 octobre, à la galerie Pierre Bonnefille, 5 rue Breguet, 75011 Paris.
Depuis 2022, le salon international d’art, design et art de vivre BAD+ tend à se forger une place de choix, à Bordeaux. En mai dernier, la seconde édition s’est avérée prometteuse, malgré le nombre réduit d’enseignes Design. Retour sur une foire à surveiller dans les années à venir, de très près, pour le secteur.
Depuis deux ans, Jean-Daniel Compain, ancien directeur de la FIAC et enfant du pays, célèbre la culture du vin et l’art de vivre, à travers une foire atypique, associant art contemporain, objets design et installations in situ dans les vignobles bordelais. Au-delà des parcours arty au sein de chais ou de domaines tels que, pour ne citer qu’eux, les châteaux Smith Haut Lafitte, Chasse-Spleen, Pape Clément, cet écosystème singulier a aussi proposé, pendant quatre jours, des pièces d’environ 55 galeries internationales, disséminées sur les deux étages du Hangar 14, au bord de la Garonne. « Bordeaux + Art + Design ou BAD+, n’est pas un salon de plus, s’exclame Jean-Daniel Compain, mais une foire qui, avec son positionnement spécifique Art et Art de vivre, a du sens et une vraie valeur ajoutée. » Parmi les exposants, la néerlandaise Mia Karlova, la galerie française Revel ou bien encore, entre autres, la brésilienne Galeria Modernista représentaient le secteur design. « 15 % de nos exposants offrent des pièces design contemporaines, ajoute Adrien de Rochebouët, ancien de chez Piasa et conseiller artistique de la foire. A l’avenir, nous souhaitons consolider ce secteur important de l’art de vivre. »
Mia Karlova a misé sur ses fondamentaux
Habituée des foires de prestige comme le PAD ou encore la très sélect Collectible à Bruxelles, Mia Karlova a joué la carte des valeurs sûres en proposant des œuvres de créateurs qui font sa réputation. « C’est ma seconde participation à la foire bordelaise, explique la directrice. En 2022 comme en 2023, son écosystème particulier dans une région riche de cultures, de châteaux, vignobles et amateurs de beaux objets, ont permis d’agrandir notre famille de collectionneurs. » Sur son stand à la surface généreuse, on a remarqué Dolly Blu, fauteuil fabriqué à partir de couches cartons superposés du designer tchèque Vadim Kibardin, mais aussi la chaise Curved sculptures, du Hollandais Jordan van der Ven. Une pièce fonctionnelle, entre art et design, réalisée à partir d’une armature métallique, sur laquelle des couches de ciment blanc ont été appliquées pour créer volume et douceur. Enfin la Light Box vitrine, en bois de chêne, huile et ampoules ou encore Obi, fauteuil au design enveloppant et modulable, en bois et tissu de la designer russe Olga Engel, sont des pièces à l’esthétique minimaliste typique qui furent très remarquées.
Le design historique brésilien chez Galeria Modernista
Non loin, forte d’une nouvelle enseigne bordelaise, la Galeria Modernista a présentéquelques grands noms du Modernisme brésilien, parmi lesquels Joaquim Teneiro (1906-1992), considéré comme le père du design du pays de la Samba, ou encore Raimundo Cardoso (1930-2006). Figurant parmi les plus grands céramistes brésiliens du XXème siècle, ce dernier s’est, toute sa vie, employé à réaliser des pièces, telle Vase, portant l’empreinte des savoir-faire du peuple précolombien Marajoara. Enfin, du mobilier moderniste du designer Sergio Rodrigues (1927-2014), comme la paire de fauteuils Oscar, créées pour sa galerie Oca, à Rio de Janeiro, en 1955, en bois de Jacaranda et cannage en rotin, étaient également proposés.
Au royaume de la matière engagée, la galerie Revel
Née en 2021, la jeune galerie parisienne qui possède aussi un showroom à Bordeaux, défend des artistes « invisibilisés » en Occident, et fait fi des clivages entre arts visuels, design, design de collection et artisanat. Des designers émergents ou en milieu de carrière, qui mettent en avant le matériau, son processus et son histoire, et dont « le travail interroge l’identité, le genre, l’écologie, les cultures postcoloniales, les appropriations culturelles, la migration », selon les directeurs. Il en va ainsi d’Anton Laborde, lauréat du Prix de la Jeune Création Métiers d’Art (PJCMA) 2022, et son Cube à liqueur, en érable et sycomore massif, revisitant avec modernité l’art de marqueterie. Mais aussi le céramiste Mathieu Froissard et ses pièces qualifiées de « beautés imparfaites » comme Hold it, œuvre unique en faïence, émail et lustre, brillant de mille feux et circonvolutions baroques. Entre autres encore, la Zimbabwéenne Xanthe Somers, repérée à Collectible 2022, était également présente avec Rancid, imposant luminaire en grès émaillé, s’inspirant de la manière dont l’histoire coloniale de son pays « continue de manipuler les valeurs esthétiques. »
Sur quelques stands d’art contemporain, on remarqua aussi un Banc taureau en bronze de Jean-Marie Fiori (Galerie Dumonteil), ou encore un tapis en soie et laine, ainsi que deux Tabourets B.C, en pin mat brossé et cuir, de l’architecte designer Fabrice Ausset, à la galerie Sarto.
Ainsi, la ville de Bordeaux deviendrait-elle une nouvelle capitale française du design ? Les galeries Modernista et Revel qui y ont ouvert une seconde adresse, ne l’ont pas fait par hasard. La région bénéficie d’atouts majeurs – dont la foire BAD+ -, attirant de nombreux collectionneurs, friands de belles pièces à vivre, au royaume des grands crus classés, du patrimoine et de la culture. Très bien représenté au Musée des Arts Décoratifs et de Design de Bordeaux, dirigé par Constance Rubini, partenaire de la foire – comme le Frac Méca et bien d’autres institutions -, le design contemporain international va, à l’avenir et sans nul doute, couler de très beaux jours, au bord de la Garonne…
La nouvelle saison du programme MITICO de la Galleria Continua et le premier solo show de Loris Cecchini à l’adresse parisienne de l’enseigne italienne, présentent des œuvres au design modulaire exprimant une nature transcendée par les technologies. Des pièces poétiques, délicates et vivantes, qui révèlent en grand, l’infiniment petit.
Au Manoir aux Quat’Saisons, A Belmond Hotel, dans le comté d’Oxford, Loris Cecchini a fait pousser Arborexence, une installation monumentale sur la façade du bâtiment patrimonial du XVème siècle, accompagnée par deux sculptures « sylvestres » dans l’allée centrale du jardin du domaine. Un dispositif faisant partie du volet anglais de MITICO, programme proposé depuis 2022 par la Galleria Continua et qui, cette année, interroge des créateurs sur l’identité et la nature.
Nature improvisée
Pour le plasticien-designer italien, les sciences et le design associés aux nouvelles technologies peuvent traduire l’esprit de la nature d’aujourd’hui, et ainsi contribuer à créer un nouveau langage poétique. Dans la verdoyante campagne anglaise, cette pièce qui se compose d’un treillis modulable en acier inoxydable constitué de treize branches, elles-mêmes composées de nombreux modules se répétant, semble croître, tel un organisme vivant, sur deux des façades du manoir. « Ce projet design et architectural est aussi une performance que j’ai « improvisée » en fonction du site, explique Cecchini. L’improvisation qui ici a tenu compte de la végétation changeante au cours des saisons, comporte toujours une part d’inconnu éloignant l’œuvre finale, du projet design initial. » De plus, sa structure moléculaire agissant tel un parasite qui se propage, évoque les sciences et parle d’échelles – celles du micro et du macro -, ainsi que d’espace et de reflets. « Le design répété du module en acier est neutre, il n’a pas de couleur, ajoute-t-il, car l’ensemble a pour but de se fondre et de s’harmoniser avec l’espace environnant. Cependant, son aspect miroitant crée une véritable « nature » de lumière, qui eût été différente, si les modules avaient été colorés. »
Les lignes « minimalistes baroques » selon les mots de l’artiste, jouent également sur le paradoxe des oppositions : à la pierre patrimoniale dense et lourde, qui enracine le bâti dans la terre, s’oppose la légèreté d’une plante grimpante, à la dentelle métallique aérienne. « Arborexence interroge aussi la sculpture qui bannit les angles droits et la géométrie euclidienne. Comment bouger dans un espace hors de ces notions, et qu’est-ce finalement qu’une sculpture ? » Une « seconde peau » qui s’accroche au site, réinvente le patrimoine, et attire l’intérêt sur « ce qui se cache dans la beauté de la nature et de ses formes ».
Design modulaire et moléculaire
Parallèlement, son exposition parisienne intitulée « Les graines de mon jardin s’envolent vers d’autres pays » présente un ensemble de pièces – entre autres des dessins, sculptures, installations murales – partageant cette même philosophie liée aux notions d’agrégation, de désintégration, de contamination naturelle et de dynamique vectorielle. « L’artiste s’empare du lieu grâce à l’infinie possibilité de croissance modulaire de ses œuvres, qui lui offrent l’occasion de danser dans l’espace, improvisant des formes et des structures, comme autant de graines plantées au cœur d’un singulier jardin », explique la galerie dans son communiqué. Entre autres, un télescope, une chaise (ou ce qui semble en rester), semblent colonisés, voire « rongés » par d’étranges particules, conférant à ces derniers un aspect métamorphique et transitoire.
Près d’Oxford ou à Paris, le design rythmé et poétique de Cecchini parle de la nature dans ce qu’elle a de plus invisible, fondamental et infini : la molécule qui, associée à d’autres, créent des organismes à la base de la vie. Une structure qui se faufile, se ramifie, désagrège son support tout en le valorisant, mais aussi prend racine… Convoquant des notions de biologie, physique, chimie, mais aussi de design, d’ingénierie, d’espace et d’échelles, les œuvres de Loris Cecchini composent une nature version XXIème siècle, entre croissance et trouble.
« Notre-Dame de Paris, des bâtisseurs aux restaurateurs » fait désormais partie du parcours permanent de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Cette exposition met en lumière les travaux exceptionnels d’artisans, de restaurateurs ou encore d’archéologues impliqués tant dans la construction que dans la réhabilitation de ce chef-d’œuvre de l’architecture gothique.
À la suite du mémorable incendie qui a dévasté la cathédrale le 15 avril 2019, un chantier d’une envergure rarement vue a été mis en place non seulement in situ, mais aussi dans de nombreux ateliers disséminés sur le territoire.
Une mobilisation nationale
Compagnons, chercheurs, archéologues, ingénieurs et architectes se sont mobilisés pour assurer sa restauration, notamment dans le respect des matériaux. Si des experts se penchent sur le sujet pour proposer des solutions, d’autres en profitent pour comprendre des maîtrises d’œuvre aujourd’hui totalement inconnues.
Construite au XIIe siècle, reconstruite au XIIIe siècle, modifiée au XVIIIe siècle, avant d’être restaurée au XIXe siècle. De nombreux architectes ont collaboré aux modifications de l’édifice aux cours des siècles. De Jean de Chelles à Jean-Baptiste-Antoine Lassus, c’est le nom de Viollet-le-Duc que l’on retient pour sa contribution à la fameuse flèche qui causera tant de dégâts.
La Cité de l’Architecture et du patrimoine propose un voyage dans le temps pour mieux comprendre l’architecture gothique et ses techniques de construction, tout en mettant en lumière le savoir-faire de passionnés qui mettent tout en œuvre pour que ce symbole patrimonial puisse renaître de ses cendres.
La 4ème Biennale internationale du design graphique à Chaumont (52) se poursuit avec quatre expositions majeures. Explorant les facettes d’un graphisme vecteur de propos engagés, elles révèlent un éclectisme réjouissant présenté sous forme (très) pédagogique pour tout public… A découvrir, jusqu’au 15 juillet 2023.
Avec ses contractions les plus diverses, la 4ème Biennale internationale du design a tenu sa promesse. Celle de formuler des matières à réflexion, actuelles et engagées… La partie contemporaine du bâtiment du Signe et l’ancienne école Ste Marie désaffectée, accueillent des expositions qui ont emprunté des chemins de traverse. « Procès d’intention », par Jean-Michel Gueridan donne le ton. Berçant l’ordre établi, elle parcourt un panorama expérimental, renoue avec tous les médias, parfois délaissés, des recherches menées sur des écritures anciennes jusqu’à l’art graphique numérique. De l’autre « Parade » signée Vanina Pinter historienne et féministe, met en lumière un panel de graphistes françaises. Radical et analytique, « la Fabrique des caractères » du duo d’Atelier Baudelaire, décortique le genre dans l’univers des jeux et jouets pour enfants. Quant à « l’As du crayon » mis en scène par Tony Durand, elle concrétise avec joie et bonne humeur l’œuvre méconnue, pourtant populaire de Joseph Le Gallennec.
Parade, conçue par Vanina Pinter
Dans la continuité de l’exposition Variations épicènes qui a eu lieu au MABA (Maison d’Art Bernard Anthonioz), à Nogent-sur-Marne en 2020, « Parade » présentent des projets conçus par 39 femmes graphistes françaises toutes contemporaines. « Un·e graphiste prend des coups, doit défendre vaille que vaille sa composition pour que celle-ci émerge dans une société du spectacle ultra formatée, où une mécanique marketing a tout intérêt à ce qu’une graphiste pense peu, qu’iel dépense moins. » clame Vanina Pinter.
Tous les objets de l’exposition explorent des territoires défrichés, des ambitions et des utopies. Chaque projet contemporain et ponctué d’archives, demande une attention particulière, de prendre le temps (et c’est appréciable) de lire afin comprendre le mécanisme d’une pensée. Les deux entrées de l’exposition, l’une intérieure l’autre extérieure, traduisent bien le propos. Sans pour autant propulser au-devant de la scène une création spécifiquement féminine, « un non-sens », selon la commissaire, ces recherches offrent une belle diversité du graphisme que l’on ne voit pas forcément, imprégné de nouveaux territoires, du livre botanique jusqu’au papier peint panoramique créé pour Arte International.
La fabrique des caractères, par Atelier Baudelaire
L’Atelier Baudelaire décrypte les mécanismes du jeu et du jouet autour de la question des déterminismes du genre. Camille Baudelaire et Olivia Grandperrin, graphistes féministes et mères de famille engagées, ont répertorié de manière scientifique et analytique les formes, les logos, les typographies et les couleurs les plus fréquentes utilisées par la grande distribution et propres aux jeux et tee-shirts pour enfants. Le résultat est un ensemble de data sculptures à la fois graphique et design, qui révèle les dessous de la consommation de masse.
La scénographie très soignée et destinée à être démontable, plonge le spectateur en immersion dans un nuancier de couleurs XXL, une table de jeu modulable et des panneaux textiles comme des kakemono japonais. Le propos dénonce aussi le regard parfois insidieux du marketing, tout en s’appuyant sur de nombreuses études. Le constat des deux graphistes est sans appel ; les jouets de grande consommation contribuent massivement à la stigmatisation des activités et des centres d’intérêts selon le sexe des enfants. Cependant, l’exposition n’est ni sociologique ni scientifique, mais elle porte plutôt un regard tendre et ludique sur cet univers implacable de la grande distribution, et faire peut-être bouger les lignes…
L’as du crayon par Tony Durand
Dans le rétroviseur, l’exposition « l’As du crayon » présente le travail de Joseph Le Callennec. Le paquet de sucre en morceaux Béguin Say, la carte routière Michelin et le fameux jeu des 1000 bornes… Vous les connaissez surement, sans le savoir. Le dessin publicitaire de ces objets du quotidien a été conçu par cet illustrateur méconnu, qui à l’époque ne s’appelait pas encore graphiste. C’est à Tony Durand que l’on doit cette formidable exposition et rétrospective, témoignage du développement de la consommation de l’époque des Trente glorieuses.
Les archives de Joseph Le Callennec, ayant pour la plupart disparues dans l’inondation d’une cave, ce graphiste et scénographe discret s’est attelé à regrouper une quantité phénoménale de boites de jeux, d’illustrations, d’affiches, toutes aussi savoureuses les unes que les autres. Des années de recherche et de trouvailles auprès des particuliers ou dans des brocantes, lui ont permis de créer une vaste collection, assez complète, redonnant toute la valeur à l’œuvre précieuse, un poil nostalgique, de ce dessinateur. La scénographie est à l’image de la collection, modeste, colorée, qui va droit au but… Les vitrines en bois sont posées à bonne hauteur sur de simples tréteaux ce qui permet en un clin d’œil ou presque de démonter l’exposition, en route pour de nouvelles aventures.
Lettres, chiffres, notes et signes sont la matière première des fascinantes œuvres sculptées à visage humain présentées par le sculpteur Jaume Plensa à La Pedrera – Casa Milà de Barcelone.
Quoi de mieux que l’écrin architectural de La Pedrera – Casa Milà de Barcelone pour accueillir un mélange à la fois immersif et spectaculaire des œuvres les plus intimes et monumentales du sculpteur catalan Jaume Plensa ? À l’invitation de la Fondation Catalunya La Pedrera, l’artiste investit les espaces notables du bâtiment d’Antoni Gaudí (l’étage muséal, mais aussi les appartements, le « ventre de la baleine » – le sous-toit aux fameuses 127 arches – et la terrasse) pour concevoir une exposition-rétrospective labyrinthique autour de la fragilité des mots et de la poésie de la forme et du geste.
Un alphabet-design de nos pensées
Lettres et chiffres, notes de musique et signes, s’enlacent ainsi autour ou à l’intérieur des sculptures aux contours humains, aux visages et bustes translucides, pour créer un nouvel alphabet de corps dont le design épuré évoque un éloquent hommage au silence.
Des personnages assis, en bronze ou en métal peints, parfois portés par des sphères ; des faces absorbées par une quiétude méditative ; des humanoïdes ou des poupons délivrant leur chapelet de signes pendulaires ; autant d’interprètes cois qui nous accompagnent dans une déambulation cathartique, que semblent survoler les œuvres les plus massives, comme cette main traversant l’espace de la cour intérieure ou cette sculpture- autoportrait aux mains sur la bouche, qui surplombe les toits depuis sa plate-forme expiatoire.
Des œuvres passerelles
« Une lettre ce n’est pas grand-chose, c’est quelque chose d’humble, mais liée à d’autres, elles forment des mots, et les mots forment des textes, et les textes la pensée », nous explique Jaume Plensa au détour des quelques annotations murales venant donner des clés de lecture éparses à ses œuvres muettes. De la même manière, le design habité de ses objets incarnés forme devant nous le fil narratif de corps empreints de solennité et de recueillement. Un choix esthétique qui nous guide et ameuble à sa façon les lieux, comme pour créer une litanie de passerelles visibles du langage entre l’espace physique et l’espace intérieur de nos esprits.
Déjà plébiscitée depuis sa création par les professionnels, la 4e Biennale internationale du design graphique mise à l’honneur à Chaumont (52) gagne à être d’avantage connue du grand public. Dans ce lieu unique en France, le Signe, on y découvre en autre le 30e concours international d’affiches et des expositions foisonnantes, qui distillent une vision enjouée, colorée et engagée du champ créatif tentaculaire de l’image. Une exposition à découvrir jusqu’au 21 octobre.
Le Signe, Centre national du graphisme, un lieu incontournable
Dès sa création en 1990, le Signe a toujours su démontrer que le design graphique infuse toutes les strates de la société dans notre environnement physique et virtuel, sous forme d’images, de typographie, de signalétique, d’affiches ou de logos… Dans une architecture épurée, il accueille expositions, résidences, formations, mais aussi un festival, un concours international d’affiches, ce dernier prolongeant par un fond d’affiches contemporaines, la collection acquise par la ville en 1906. Porté par la Ville de Chaumont, la Région Grand Est et le ministère de la Culture, constitués en groupement d’intérêt public, le Signe est un bâtiment incontournable dédié au design graphique, dont l’extension conçue par l’agence Moatti&Rivière révèle en toute discrétion, la puissance des images et des œuvres exposées.
Concepteur de l’identité visuelle du Signe depuis 2018, le graphiste Mathias Schweizer, donne le ton joyeusement rock and roll de la 4e Biennale internationale du design graphique, tandis que la thématique du gâteau d’anniversaire « se déguste » dans un propos porté par le directeur Jean-Michel Geridan. Cette signature bouillonnante comme vecteur de communication, entre street art et futurisme, se métamorphose en images ludiques maitrisées, sublimées par le noir et blanc superposé de couches de couleurs fluos, le tout délicieusement régressif et subversif.
Un concours international d’affiches époustouflant
Pour le 30e concours international d’affiches, 1700 créations issues de 50 pays, ont été analysées devant un jury international composé de professionnels : Atelier 25 qui accompagne les institutions culturelles, Harmen Liemburg graphiste et sérigraphe néerlandais, Réjane Dal Bello conceptrice graphique, Clément Valette représentant de la SAIF et Hervé Di Rosa artiste pour l’Académie des Beaux-Arts. Toutes les affiches ont été conçues dans le cadre d’une commande officielle et réalisées ces deux dernières années.
Dans une scénographie astucieuse signée Kévin Cadinot et Romain Petit, qui combine les structures modulables et les cartels au sol, la centaine sélectionnée explose dans un festival de couleurs. « C’est toujours l’exposition phare de la Biennale. Elle est très parlante pour le grand public qui décerne lui aussi son prix, étant donné la diversité d’écritures et de contextes. Il n’y a jamais de thèmatique ; c’est un concours professionnel qui vise à montrer l’état de la commande actuelle, en tant qu’objet de communication. » explique Mariina Bakic, responsable de la création et de la transmission. Si le spectacle vivant, (théâtre, cirque, danse) au travers de la commande publique est bien présent, les centres d’art et l’auto commande (pour une manifestation) ont aussi leur place.
Sans format imposé, la sélection du jury reflète également la qualité des supports digitales ou imprimées, chaque affiche ayant été observée dans son media de création. « Le savoir-faire et la collaboration des graphistes avec les imprimeurs (sérigraphie, impression offset ou jet d’encre) est aussi primordiale que la conception de l’affiche. » Le travail de la typographie par la recherche grâce aux outils numériques est l’une des grandes révélations de cette 4e Biennale internationale du design graphique qui marque aussi via le digital, un retour à la lettre manuscrite.
Jusqu’au 10 juin, l’espace en transition des bureaux de H.I.S accueillent rue du Renard la première exposition parisienne de The Big Assembly. Un projet fondé par Goliath Dyèvre en 2022, qui rassemble un écosystème de « créateurs-assembleurs » au sein d’une maison d’édition collaborative. Explications.
The Big Assembly est née d’un constat de Goliath Dyèvre, pendant le confinement : « Le monde déborde de choses déjà existantes. Toutes ces « choses », issues de l’artisanat ou de l’industrie, nous donnent matière à penser, matière à créer, matière à innover. Matériaux bruts ou transformés, reliquats de prototypes, objets usuels ou non utilisés, obsolètes, récupérés ou oubliés, tous sont synonymes de matière première prête à être assemblée pour s’ouvrir à une seconde vie. »
Il se pose un défi de repenser le concept même d’assemblage, à partir ce qu’il a strictement à portée de main, pour concevoir de nouveaux objets. Très vite il définit un manifeste et un protocole créatif, qu’il propose à d’autres designers : The Big Assembly est formellement constituée, et verra sa première exposition lors de la Milan Design Week 2022.
Des designers qui expérimentent
Depuis, de nombreux designers ont rejoint l’aventure, comme en témoigne cette première exposition parisienne. On y retrouve des profils aussi variés que ceux de Jean-Charles de Castelbajac, Mathilde Bretillot, François Azambourg, Ambroise Maggiar, Élise Fouin, Gregory Lacoua, Jean-Sébastien Lagrange, Pierre Murot, Goliath Dyèvre, Lucas Galeazzi, Lucie Dauphin, et pour les derniers « arrivants » José Levy, Sarah Valente, Marie-Aurore Striker-Metral, Antoine Bécognée, François Gustin et Brice Bouffort. Tous se sont pris au jeu du protocole, pour des propositions extrêmement diverses, allant des clubs de golf revisité en portemanteaux (Marie-Aurore Striker-Metral) à une table d’offrande dont le plateau repose sur des flaconnets de parfum (Gregory Lacoua).
Avant de lancer rue du Renard le chantier d’aménagement des bureaux parisiens de l’enseigne japonaise H.I.S, Goliath Dyèvre a ainsi choisi de réunir dans ces lieux ces propositions expérimentales, entre objets fonctionnels, design collectible, et art contemporain. Une occasion de « voir en vrai » ces objets que l’on peut trouver en ligne sur le site dédié.
The Big Assembly, une maison d’édition collaborative
Ce qui rassemble ces designers si différents, c’est avant tout un manifeste et un protocole de création, basé sur un principe d’assemblage, dont les ressources utilisées – éléments et matériaux – s’inscrivent dans une démarche de récupération positive. The Big Assembly s’appuie par ailleurs sur une structure de maison d’édition collaborative – association loi 1901 – pour proposer à la vente en ligne les pièces réalisées.
The Big Assembly à l’étranger
En 2022, l’Institut français organisait sur le territoire français une semaine de rencontres de professionnels étrangers du secteur culturel avec des acteurs du design français. Les représentants du Costa Rica ont à cette occasion rencontré Goliath Dyèvre, et séduits par The Big Assembly, ont proposé une intervention, concrétisée en mars dernier lors de la semaine du design. Cette manifestation a notamment accueilli quatre designers français pour des tables rondes et workshops, en partenariat avec plusieurs écoles de design françaises, l’Alliance Française, l’Ambassade de France, l’Université Veritas, et en collaboration avec la production de la Semaine du Design, de l’Université du Costa Rica et de l’Universidad Creativa. Une semaine riche en échanges qui avait pour thèmes prédominants l’économie circulaire et la réutilisation d’objets. « Notre objectif est de collaborer avec les idées innovantes qui se développent en France afin de partager des perspectives différentes », soulignait Emmanuelle Gines, directrice de l’Alliance française.
Un workshop The Big Assembly suivi d’une exposition
Au cours de cette semaine du design au Costa Rica, Goliath Dyèvre a ainsi supervisé un workshop à destination des étudiants avancés et des professionnels du design sur place, à partir du protocole de création proposé par The Big Assembly. Cet atelier avait pour objectif de travailler avec des matériaux bruts, quotidiens, obsolètes et prêts à être assemblés et leur donner une seconde vie : 20 objets ont ensuite été exposés. Une vidéo diffusée lors de cette exposition parisienne témoigne de cette expérience.
À Saint-Paul-de-Vence, la fondation CAB célèbre celle que l’on surnommait « la Grande Dame du Design », à travers une exposition marquant le centenaire de la Villa Noailles.
Première exposition du genre au sein de la fondation, « Andrée Putman et le Mouvement Moderne » est le fruit d’un partenariat de trois ans avec la Villa Noailles. « En créant cette manifestation design, nous souhaitions nous ouvrir à d’autres médiums, attirer un public plus large, tout en conservant notre ligne minimaliste », explique Annabelle Audren, coordinatrice de projets à la fondation. Sous le commissariat d’Elea Legangneux, spécialiste des Arts Décoratifs français du XXème siècle, l’exposition scénographiée par Olivia Putman, fille d’Andrée et de Jacques Putman, mais aussi directrice artistique du studio éponyme, fait la lumière sur une facette plus intimiste de sa mère, mais aussi son audace à avoir remis au goût du jour certains grands créateurs oubliés des années 1920-1930.
Narratif, le parcours débute par des photographies très variées, dont de très beaux portraits de la créatrice par les artistes Pierre et Gilles en 1982, Andy Warhol en 1985, ou encore Annie Leibovitz, en 1989. Posés sur un présentoir en céramique blanche, dont les carreaux rappellent le design de sa table Jean-Paul Goude de 1992, et exposée au centre d‘une des salles, certains tirages la présentent avec son équipe chez Prisunic dans les années 1960 ou, parmi d‘autres, dans son loft à Saint Germain des Prés, en 1996. Plus loin, on découvre un petit mot qui lui est adressé sur un papier à entête de l’hôtel Morgans, à New York, écrit de la main de Keith Haring, mais aussi un extrait de journal du Palace des années 1980, évoquant cette grande icône de la nuit… En d’autres termes, de nombreux objets, lettres, carnets à lignes, bracelets, agendas provenant de ses archives personnelles – collection Olivia Putman – rendant vivant ce personnage atypique, disparu il y a dix ans, et qui n’a eu de cesse de rapprocher de nombreuses disciplines telles que la mode, la décoration et le design.
Renaissance des « Modernes »
Une salle est consacrée à la présentation de quelques pièces de créateurs modernistes des années 1920-1930, provenant de la Villa Noailles qui fête, cette année, son centenaire. Soutenus et collectionnés, à leur époque, par quelques mécènes, dont le vicomte et la vicomtesse de Noailles, ces partisans de l’adage « Less is More » sont tombés dans l’oubli, jusqu’au moment où, en 1978, Andrée Putman créé sa société de réédition Ecart international.
Dans les années 1980, grâce à son défi de « réaliser le rêve de diffusion » des pères du design que sont Eileen Gray, Robert Mallet Stevens, Pierre Chareau, Jean-Michel Frank et d’autres, leurs pièces font alors fureur et deviennent des best-sellers. Fascinée par leur vision avant-gardiste, la créatrice française déniche, réédite leurs ouvrages et, selon ses propres termes, « les aide à renaître », en créant « un catalogue d’une inestimable cohérence », selon le site du Studio Putman. Elle se servira de leurs créations pour la majeure partie de ses commandes.
Citons, à la fondation, la présence de la Table Eventail de 1929, en acier laqué noir de Pierre Chareau, du Fauteuil Transat ou encore du Miroir Satellite de 1927, d’Eileen Gray, dont Ecart réédite en premier les œuvres, dès la fin des années 1970. A ce propos, plusieurs pièces de la designer historique irlandaise, qui ont servi, pour beaucoup, à l’aménagement de sa Villa E-1027 à Roquebrune-Cap-Martin, ont été utilisés pour celui des appartements du couturier Karl Lagerfeld, à Paris et à Rome. Il en va ainsi du Miroir Satellite, que l’on retrouvait dans sa salle de bain romaine, en 1982.
Hôtel Morgans, Concorde : brève revue de ses grandes créations
À côté de photographies des années 1930 qui évoquent également le Clos St Bernard (ou Villa Noailles), l’exposition se poursuit par l’évocation de certaines de ses plus grandes réalisations. La salle de bain au carrelage iconique en damier noir et blanc de l’hôtel Morgans, premier boutique-hôtel aménagé par ses soins, en 1984, à New York, a été reconstituée à la fondation, grâce notamment au concours de Sophie Industries, l’éditeur historique d’Andrée Putman. Prêt d’Air France, un set de vaisselle réalisé pour le Concorde, en 1993, accompagné de menus peints par Christian Lacroix, montre sa vison épurée des arts de la table. Celle qui modernisa l’intérieur du supersonique fut, en effet, également en charge de revoir l’art de sa table. Elle imagina donc un service de porcelaine blanche, au lignes pures, soulignées d’un liseré bleu, révélateur de sa philosophie minimaliste. Enfin le Banc Eléphant, créé en 2001, et des œuvres d’art provenant de sa collection privée achèvent également le parcours.
Si l’exposition fait surtout un focus sur quelques œuvres choisies, elle réussit toutefois à souligner la pensée presque totale d’Andrée Putman. De ces architectes-designers, un temps dans l’ombre, cette dernière a su capter le caractère innovant et révéler au grand public leur manière de vivre. De même, par la présence de ses nombreux effets personnels et correspondances avec des couturiers et artistes d’autres disciplines, la fondation CAB met en lumière le caractère transversal de sa philosophie. On aurait juste aimé en voir un peu plus.
Du 1er au 4 juin, la 7e édition de la Biennale Émergences, évènement organisé en faveur des métiers des arts, est de retour au Centre National de la Danse (CND) de Pantin.
Créée en 2010, La Biennale Émergences compte parmi les actions menées par l’Établissement public territorial Est Ensemble pour soutenir le rayonnement du patrimoine industriel et manufacturier de l’Est de Paris et le faire connaître au plus grand nombre. Un évènement totalement gratuit organisé au Centre National de la Danse à Pantin, du 1er au 4 juin. « La Biennale est plus qu’une simple vitrine du savoir-faire et de l’excellence des métiers d’art présents sur le territoire d’Est Ensemble. Elle est un moment d’ouverture, de découvertes et de partage à destination du plus grand nombre avec, pour cette édition, une attention nouvelle et privilégiée portée aux publics scolaires du territoire » expliquait Patrice Bessac, président d’Est Ensemble. Entre expositions et ateliers d’initiations, voici à quoi il faut s’attendre.
Un nouveau format d’exposition
Les designers, artistes et artisans d’art participants à cette édition seront invités à exposer leurs créations au sein de l’exposition In-Situ, un nouveau format proposé par les commissaires Helena Ichbiah et Véronique Maire qui ont engagé ensemble une discussion autour de la transmission et du lien. L’objectif étant de rendre visible des processus de création qui illustrent la porosité des pratiques et la fertilité du dialogue entre les disciplines.
L’exposition dévoilera ainsi l’univers d’une trentaine de créateurs affiliés au territoire et qui s’inscrivent dans sa tradition de faubourg industriel et artisanal. Au fil des six studios du CND, le parcours propose de découvrir six tableaux immersifs où les créateurs partagent leur processus de travail au travers de dessins, de maquettes, de prototypes, d’échantillons, de vidéos et de réalisations, que sont :
- Studio Couleur qui présente le travaol d’Atelier Sauvage et Marie de Lignerolles, de Marta Bakowski, Céline Wright et Émilie Yoko Hirayama,
- Studio Ornement avec les réalisations d’Atelier Alba Marqueterie, Éric Charles Donatien, Manon Beriot, Eudes Menichetti et SB26 – Samuel Accoceberry + Atelier Bruce Cecere.
- Studio Matière avec Materra-Matang, Baptiste & Jaïna, Liv Mathilde Mechin, Studio Foam et Normal Studio
- Studio Epure qui expose le travail de Pierre Lapeyronnie, Perron et frères, Guillaume Delvigne et Dan Yeffet
- Studio Radical-futur qui présentera Charles Kalpakian, Noue, Goliath Dyèvre & Grégory Chatonsky, Julia Trofimova et Hugo Drubay
- Studio Manifeste avec Anaïs Beaulieu, Hall.Haus, Vincent Loiret et Laurent Godart & Chinh Nguyen
« Les quatre chemins du textile responsable »
Toujours dans le cadre de la Biennale Émergences, Est Ensemble et Made in Town présentent l’exposition « Les quatre chemins du textile responsable ». Son parcours à dimension pédagogique met en lumière tout un écosystème d’acteurs locaux qui s’engagent ensemble dans la construction de filières plus créatives et plus vertueuses du point de vue social et environnemental. Une exposition qui évoque les chemins de la responsabilité textile à travers le travail d’expérimentation et de recherche des designers textiles lauréats de l’appel à projets lancé à l’automne 2022 : Lily Alcaraz et Léa Berlier, Angéline Bouc Boucher, Aurélia Leblanc et Vincent Richard de Latour.
Organisation d’ateliers pour sensibiliser aux métiers d’art
Pendant toute la durée de l’évènement, quatre ateliers seront organisés au CND pour petits et grands : un atelier broderie contemporaine, un atelier tufting à la main, atelier assemblage de pierres et un atelier initiation à la taille de pierre. Les horaires et réservations sont à consulter sur le site de la Biennale.
Une association avec la fondation d’entreprise Hermès
La Fondation d’entreprise Hermès s’associe à la Biennale Émergences pour présenter la sculpture Perform Puppet signée Julie Villard et Simon Brossard. Une œuvre produite dans le cadre des Résidences d’Artistes de la Fondation d’entreprise Hermès et créée au sein de l’atelier de la manufacture Puiforcat, maison d’orfèvrerie datant de 1820, spécialisée dans la création d’objets d’usage et d’art de style classique, Art Déco et contemporain.
Pour l’exposition « Design x Durable x Désirable- l’art de vivre responsable » sur la thématique de l’art de vivre responsable, les deux commissaires, Carolina Tinoco et Nathalie Tinland, se sont basées sur les cinq thématiques des cahiers d’inspiration élaborés par le French Design. C’est à Jakob et Macfarlane que la scénographie a été confiée. Mis en scène sur cinq archipels, les trente projets sont présentés selon le thème dédié. À découvrir jusqu’au 13 juillet 2023.
Les « nouveaux modèles » proposés répondent à un cercle vertueux. Sont inclus dans le cahier des charges la fabrication durable, le recyclage, le détournement ou encore l’économie sociale et solidaire, avec un coup de cœur pour Marbre d’Ici, un matériau imaginé à partir de gravats de chantier. Dans la famille « process innovants », le tabouret Instead de Franck Grossel, réalisé en drêche de brasserie, vient agrandir cette lignée avec brio. La Conquête des territoires valorise la production et l’artisanat locaux, avec un bel exemple : un plateau de table en volants de badminton recyclés imaginé par Thomas Merlin pour Dizy Design.
En véritable hymne à la nature, « Visions créatives » met en lumière les recherches du biodesign, une thématique vaste et illustrée ici avec huit créations étonnantes. Le dernier volet de l’exposition, « Usages d’avenir » met en avant la polyvalence de l’objet. Deux produits à double usage illustrent bien le propos : le tapis chauffant Tracés de Natacha Sacha et la table Climatique de Jean-Sébastien Lagrange et Raphaël Ménard qui stocke l’énergie thermique.
Cécile Papapietro-Mastuda
Lors de la Milan Design Week, Elisa Ossino et Josephine Akvama Hoffmeye présentaient l’exposition « Butterfly Effect ». Un appartement-galerie dont l’aménagement intérieur a été réalisé par Elisa Ossino Studio et le design de surface par File Under Pop.
À Milan, le projet d’exposition « Butterfly Effect » mené par Elisa Ossino et Josephine Akvama Hoffmeye explorait les couches du design de surface et s’appuyant sur des années d’expérience dans le travail avec les couleurs et la tactilité. L’objectif était d’établir un lien avec les objets et les meubles Muuto, les appareils de cuisine V-ZUG et les radiateurs TUBES, des marques qui habitent cet appartement du 18e siècle dans le quartier de Brera à Milan.
Pour l’installation, File Under Pop a créé un intermezzo de couleurs, en utilisant des nuances puissantes comme Lime Juice, Roots et Lollipop de la collection de 96 couleurs de peinture. À travers cette exposition, l’idée était d’attirer l’attention sur la sensibilité de la tactilité de la surface, en remettant en question les conventions sur l’intégration des carreaux dans un espace de vie.
Au musée Carnavalet-Histoire de Paris, l’exposition « Paris est pataphysique » propose de déambuler dans une capitale nourrie de l’imaginaire du designer français. Voyage en deux temps, au pays de l’incongru, sous le prisme de la Pataphysique, la « science des solutions imaginaires ».
Affirmons-le de suite, cette exposition est en tout point paradoxale et singulière. Paradoxale, parce qu’elle est orchestrée par un designer-directeur artistique qui n’aime généralement pas voir ses œuvres exposées, et singulière, car elle propose d’embarquer au cœur d’un parcours fantasmagorique évoquant un Paname déstabilisant, tout en étant drôle, inquiétant et bizarre. « C’est la première fois que le musée Carnavalet-Histoire de Paris invite un artiste contemporain à parler de la Ville, explique Valérie Guillaume, directrice du musée. Ici, Philippe Starck présente sa vision personnelle de la capitale et celle de ses propres créations parisiennes, via la ‘Pataphysique. » Mais qu’est-ce donc que la Pataphysique ? « En 1898, Alfred Jarry a écrit un ouvrage intitulé « Gestes et opinions du Docteur Faustroll », définissant cette science comme celle « des solutions imaginaires », rappelle-t-elle. Le 14 juin 2021, Philippe Starck a été coopté Régent du Collège de Pataphysique, titulaire de la Chaire d’Abstraction Pratique & Concrétion Spéculative. C’est à ce titre qu’on a fait appel à lui, pour réaliser cette exposition. »
Dans une première partie consacrée à son Paris « intérieur », dépourvue de cartels, mais nourrie d’explications à télécharger via une application, le spectateur prend vite la mesure de ce qui l’attend. Dès l’entrée, il est accueilli par l’avatar en cire du designer, comme échappé du Musée Grévin – « le musée des vrais » selon ses mots, qui l’interpelle de sa voix reconnaissable : « venez voir cette exposition où tout est à ressentir, […] où, vous l’aurez compris, il n’y a rien à comprendre… Il faudra simplement vous humecter de l’air, écouter la vibration, la musique de l’air … »
Entre autres objets, vidéos, photos et maquettes, un dessin de la tour Eiffel, appréhende « la Grande Osseuse » comme une sculpture faite de vent et d’air, un modèle de l’écluse du canal Saint-Martin ouvre sur « l’ether-nité », une carte de Paris de l’artiste Jack Vanarsky, en 1997, voit le boulevard périphérique devenir droit et horizontal… Entre air et eau, cette vision « pataphysique » et mystérieuse de Paname laisse quelque peu perplexe, malgré les éclairages de l’application. Heureusement, la plupart des objets de la seconde salle et des suivantes parlent pour eux-mêmes. En 1972, le pataphysicien Jacques Carelman (1929-2012) avait créé une exposition d’« objets introuvables », au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Fasciné par la vision de ce personnage également peintre, sculpteur et illustrateur, Philippe Starck en présente ici quelques-uns, dans une ambiance très feutrée. Trois chaises « dansent le French cancan », un surprenant piano est tranché par octaves, tandis qu’une bicyclette possède des raquettes à neige, à place des roues… Autrement dit, des artefacts en dehors de leurs conventions d’usage, à l’esthétique dada et surréaliste, illustrant cette science des « solutions imaginaires ».
Un design décalé, à messages, au service du pouvoir et du plaisir
Plus loin, dans l’enfilade des différents espaces, le propos prend racine au cœur de lieux réels parisiens que le designer avait revisités de manière fantasmagorique. Dans l’un d’eux, il nous replonge dans l’ambiance des fameux Bains-Douches (1978-1984), à l’emblématique design aux carreaux de céramique blanche. A l’époque, Philippe Starck avait pris à rebours la définition des « bains-douches » où l’on pouvait se laver, en proposant un « institut de bain de sueur ». Ces anciens bains publics furent métamorphosés, par ses soins, en boîte de nuit très prisée du Tout-Paris qui transpirait, au son des meilleures musique d’alors.
En 1983, Starck a également imaginé, pour Danielle Mitterrand, une chambre à l’Elysée qui va littéralement effrayer la première dame. En effet, sur la demande du designer, le plafond peint par Gérard Garouste mettait en scène un personnage mexicain enivré au mezcal, dans le plus pur style de l’artiste, à savoir inquiétant et expressionniste. Reproduite ici sur un dispositif circulaire, accroché au plafond, qui s’active grâce à une manette, la fresque accompagne les meubles de la pièce révélant le caractère éphémère du pouvoir : les piètements de la table imaginée par le designer sont pliables, les sièges évoquent du mobilier de plein-air, et le fauteuil Richard III est opulent à l’avant, mais nu à l’arrière…
Autant d’objets irrévérencieux et inattendus dans un tel espace. Idem dans la salle suivante, où Starck présente, entre autres, le mobilier du bureau du Ministre de la Culture Jack Lang (1985), dans lequel le créateur jugea bon de reproduire, dans un des placards, le tableau « David tranchant la tête de Goliath » du Caravage. Sa vision quelque peu dramatisée de la fonction ministérielle ne retiendra pas les faveurs de l’intéressé… Enfin, parmi d’autres encore, l’horloge du Café Costes (1984-1994), place des Innocents, ne donne pas l’heure, son escalier a de « l’esprit » et ses chaises ont trois pieds, « afin de ne pas faire trébucher les garçons de café ». Tandis qu‘au Caffè-restaurant Stern (2014), passage des Panoramas, deux coyotes bijoutés habitent les lieux, en compagnie d’autres animaux chimériques …
Immersive, cette exposition conçue comme une poésie dada, peut décevoir quiconque n’ose sortir des codes. Il faut accepter de se laisser porter, avec peu de balises, au cœur de récits tantôt effrayants, tantôt merveilleux, accepter d’oublier la réalité extérieure, pour pénétrer un monde pataphysique où les objets semblent issus d’univers parallèles. Où flottent des artefacts, porteurs poétiques et mystérieux de messages subliminaux, grâce à une scénographie durable, imaginée par l’Atelier Maciej Fiszer, privilégiant les contrastes de lumière.
« Paris est pataphysique, Philippe Starck », Musée Carnavalet-Histoire de Paris, 23 Rue de Sévigné, 75003 Paris – jusqu’au 27 août 2023.
Au musée Van Abbe à Eindhoven, l’exposition « Delinking and Relinking » met en parallèle le potentiel des œuvres d’art et les sens de l’être humain pour une expérience inédite. Une manière d’appréhender le champ muséal en offrant une lecture singulière liées aux problématiques sociétales.
Présentant 120 œuvres d’art de la collection du musée Van Abbe qui en compte 3000, l’exposition « Delinking and Relinking » invite à une visite immersive originale. C’est le premier accrochage d’une collection entièrement multisensorielle aux Pays-Bas.
Le fond et la forme indissociables
D’emblée le propos et l’intention scénographique abordent l’art de manière plus directe, en faisant appel aux sens de l’être humain : l’ouïe, la vue, l’odorat, le toucher. « Les musées sont des lieux qui rassemblent le patrimoine et le passé afin de montrer le présent et de connecter les visiteurs aux collections par le biais de récits, dans la société du XXIe siècle devenue plus participative », explique Charles Esche, directeur du musée. Car une fois n’est pas coutume on peut toucher certaines œuvres, écouter l’expression de voix différentes, moins connues.
L’exposition couvre plus d’un siècle d’histoire de l’art. Dans un parcours chronologique, elle révèle comment les grands artistes de 1900 à nos jours, abordent les grandes questions de notre époque, et comment leurs œuvres sont directement liées à ce qu’ils voient, ressentent et vivent autour d’eux.
Des problématiques liées au contexte
Depuis 1936 le musée Van Abbe, multiplie les expériences muséales innovantes, explorant les liens entre art et société. Les grandes thématiques du parcours sont divisées en trois périodes sur les 5 étages du musée. Au sous-sol en préambule, l’histoire du musée. Au premier étage, les perspectives européennes de la première moitié du XXe siècle, avec des artistes tels que Wilfredo, Pablo Picasso, Ossip Zadkine, Marc Chagall, Joan Miro, El Lissitzky.
Au second étage, les utopies des années 60 à 80 résonnent notamment avec la vidéo d’un projet de logement communautaire à Eindhoven en 1970, érigé sans murs intérieurs, de l’architecte Frans van Klingeren. Au troisième étage, les problématiques environnementales, les inégalités raciales, le genre, sont mis en exergue par la galerie Proud Rebels qui a prôné l’émancipation des femmes, les artistes tels que Sanja Ivekovic, Gülsün Karamustafa, Marlene Dumas, Iris Kensmil et Laure Prouvost.
Un parcours multisensoriel et accessible
Au-delà de l’aspect multisensoriel, l’exposition « Delinking and Relinking » propose 5 parcours multimédias différents qui associent plus de 25 outils numériques pour que le spectateur communique réciproquement avec les œuvres. Sont inclus des textes en braille, des interprétations de parfums, des dessins tactiles et paysages sonores… Les parents et enfants choisiront un « Family Tour », tandis que d’autres s’orienteront vers un « Love Lettres Tour » afin de comprendre le lien affectif entre visiteurs et œuvres d’art.
Tout en enrichissant l’expérience muséale ouverte à un public de tous âges, l’accent est mis sur un parcours destiné aux visiteurs malvoyants ou malentendants et aux personnes à mobilité réduite. C’est pourquoi, l’exposition a été conçue en collaboration avec des experts dans le domaine de l’accessibilité physique, une relation de travail de longue date avec le musée.
Jusqu’au 4 juin, les diplômés 2022 de l’Ecole supérieure d’art et de design de Saint-Etienne (ESADSE) exposent leur projet de dernière année… Une vue d’ensemble proposée par des commissaires extérieurs, loin des présentations classiques, qui peut dérouter certains, mais qui, en décontextualisant de la démarche de diplôme les pièces présentées, les inscrivent dans un « après » commun. « Total Recall », en référence à la nouvelle de Philippe K. Dick, prend ainsi le parti d’offrir au visiteur un instantané général embrassant l’ensemble des préoccupations portées par les jeunes artistes et designers.
Depuis 2022, l’Ecole supérieure d’art et de design de Saint-Etienne challenge la mise en lumière les travaux des dernières promotions diplômées : le commissariat est confié à des personnalités extérieures , qui portent sur les projets un autre regard que celui de l’équipe pédagogique. Ce sont Julie Portier et le collectif It’s Our Playground qui ont eu la mission de scénographie les propositions de l’ensemble des étudiants diplômés en 2022.
Dans un dialogue avec les étudiants ils ont choisi des pièces de leur projet de fin d’études, voire des éléments créés dans la continuité. Et ont pris le parti de les dispatcher au travers de l’exposition, dans une volonté de faire émerger des thèmes d’ensemble et d’interpeler le spectateur.
Au premier abord donc, difficile de concevoir que l’on se trouve face à différents projets qui ont été menés avec un protocole particulier, un mémoire de recherche et des itérations documentées. Il faut effectivement s’appuyer sur les programmes et plans distribués à l’entrée pour souvent recomposer les puzzles d’un même projet, voire consulter le site internet de l’école pour celui qui veut aller plus loin dans la compréhension de la démarche du jeune diplômé.
Le titre « total Recall » a été choisi en référence à la nouvelle de Philippe K Dick, adaptée au cinéma par Paul Verhoeven, qui imagine la possibilité de se faire implanter de faux souvenirs, de voyages ou d’actes héroïques. C’est cette omniprésence de la relation au temps dans les différents projets de diplômes, qui a d’abord frappé les commissaires et qui explique ce choix. Et c’est aussi une autre relation au temps des œuvres, au départ terminées pour un examen, qui est en jeu ici , dans un contraste scénographique pensé aussi dans les strates d’une relation au temps, depuis une mise en « façade » à l’entrée de l’exposition jusqu’à la dernière partie dans l’obscurité relative.
Des réminiscences de l’enfance à la recherche autour du deuil, expressions autour de points de passage comme les portes ou d’objets transitionnels, d’objets « passerelles », les restitution d’expériences urbaines à travers le regard de skatteurs, d’artiste graffeurs, ou de restitutions virtuelles; la réappropriation d’outils relationnels comme les boîtes aux lettres ou la mise à nu de la violence codifiée dans les dialogues de gamers en immersion… les sujets d’interrogations et d’engagements sont nombreux. Voire assez déroutants : quand certains requestionnent un rapport à la vie sauvage, dans une étude de terrain où l’on retrouve une inspiration de B. Morizot, d’autres recréent un rituel autour du rapport au feu.
Chaque année, un jury décerne un prix à deux projets, en art et en design. Cette année, avec l’appui du mécène AXA, le prix design a récompensé la recherche de Kunhong Du, qui s’est intéressé à la création de compagnons réconfortants pour les malades dans une observation fine des besoins du malade. Un travail qu’il compte poursuivre avec la bourse reçue. Le prix Art sera décerné avec ArtPres le 25 avril.